ÉTUDES
DANS LES ÉCRITURES
VOLUME
II - LE
TEMPS EST PROCHE
ÉTUDE
V
MANIÈRE DU RETOUR ET DE L'APPARITION
DE NOTRE SEIGNEUR
L'harmonie entre la manière dont s'effectue le second avènement de notre
Seigneur et d'autres traits du plan divin. — Comment et quand l'Eglise
le verra. — Comment et quand la gloire du Seigneur sera révélée de telle
manière que toute chair la voie. — Accord parfait entre des déclarations
en apparence contradictoires. — Il vient “comme un voleur” ; non pas
avec des signes extérieurs visibles. — Cependant avec un cri de
commandement, à la voix d'un archange et au son de la grande trompette.
— “Il sera révélé au milieu de flammes de feu exerçant la vengeance”. —
Et pourtant il viendra de la même manière qu'il s'en est allé. — Preuve
de l'importance des temps prophétiques à cet égard. — Harmonie des
indices actuels.
CE
QUE nous venons de voir au sujet de la clôture proche des Temps des
Nations et l'assurance que la consommation de l'espérance de l'Eglise
doit précéder cette clôture, ne peut qu'aiguiser l'appétit de ceux qui
attendent la consolation d'Israël. Ils auront faim de connaître la
moindre information que le Père a pu fournir par les prophètes
concernant la moisson, la fin ou dernière période de cet âge, la
séparation du froment d'avec l'ivraie parmi les membres vivants de
l'Eglise nominale et le moment du changement des vainqueurs, pour être
avec leur Seigneur et Chef et lui être semblables.
Pour
apprécier la nature raisonnable des enseignements prophétiques sur ces
sujets profondément intéressants, il est absolument nécessaire que nous
ayons une vue claire tant du but ou objet de la seconde venue de notre
Seigneur que de la manière dont il sera révélé.
[[104]]
Nous
espérons que tous nos lecteurs actuels ont été Convaincus par a lecture du
Volume 1 que le but de sa venue est de réconcilier avec Dieu quiconque veut,
lorsqu'il les gouvernera, les enseignera et les disciplinera; ce que
l'Ecriture appelle juger et bénir le monde. Considérer la manière de la
venue et de l'apparition du Seigneur est, par conséquent, d'une importance
capitale, avant d'aller plus en avant dans notre étude du temps de la
moisson, etc. Il faut que le lecteur ait clairement présent à l'esprit le
but du retour du Seigneur pendant qu'il en étudie la manière; et tous les
deux, lorsqu'il se met à étudier le temps. Cela est nécessaire pour
contrebalancer les vues erronées qui préoccupent déjà de nombreux esprits,
vues basées sur de fausses idées du but et de la manière de la venue du
Seigneur.
Saisissez et retenez le plus fermement possible le fait déjà démontré que le
plan de Dieu, exécuté par Christ, est un tout harmonieux et que l'œuvre du
second avènement est unie à l'œuvre du premier comme l'effet à la cause :
c'est-à-dire que le grand travail de rétablissement lors du second avènement
suit l'œuvre de la rédemption accomplie au premier avènement, comme une
conséquence logique du plan divin. C'est pourquoi le retour du Seigneur est
l'aurore de l'espérance pour le monde, le temps de dispensation des faveurs
assurées par la rédemption, — l'Age de l'Evangile étant simplement une
parenthèse durant laquelle l'épouse de Christ est choisie pour être associée
avec son Seigneur dans le grand travail de rétablissement qu'il vient
accomplir.
Et
comme l'Eglise de Christ, qui s'est développée durant l'Age de l'Evangile,
doit être associée à son Seigneur durant le grand travail de rétablissement
de l'Age Millénaire, le premier travail de Christ à son second avènement
doit être le rassemblement de l'Eglise élue. C'est à cela que le prophète
fait allusion quand il dit (Psaume
50 : 5): “Assemblez-moi mes saints, qui ont [[105]] fait
alliance avec moi par le sacrifice.” Ce temps de rassemblement ou de moisson
se trouve dans la période de chevauchement des deux âges. Comme nous le
démontrerons, c'est une période de quarante ans, qui, à la fois, termine
l'âge de l'Evangile et introduit l'âge Millénaire (Vol I, p. 242—244;
260—264 et la Carte des Ages). Cette période de la moisson n'a pas seulement
pour but d'accomplir la séparation du froment d'avec l'ivraie dans l'église
nominale, la récolte et la glorification de la classe du froment; mais elle
doit aussi servir à brûler (détruire) l'ivraie, (comme ivraie ou imitation
du froment, non comme individus: le feu est symbolique aussi bien que
l'ivraie), la récolte et la destruction des fruits gâtés de “la vigne de la
terre” (ambitions humaines, avidité et égoïsme), lesquels ont crû et mûri
pendant des siècles dans les royaumes de ce monde et dans les diverses
organisations humaines, civiles et sociales.
Lorsque nous avons traité plus spécialement le but du retour de notre
Seigneur, nous avons démontré qu'il viendra en personne; permettez-nous
encore de mettre le lecteur studieux en garde contre une confusion de
pensées en considérant les deux expressions de notre Seigneur,
contradictoires en apparence : “Voici, je suis avec vous tous les jours,
jusqu'à la fin du monde” (dionos, âge) et “Je vais vous préparer une
place... et je reviendrai, et vous prendrai avec moi” (Matthieu
28 : 20;
Jean 14 : 2, 3) L'exemple suivant servira à illustrer l'harmonie
de ces deux promesses: Un homme dit à son ami au moment de se séparer :
N'oublie pas que je serai avec toi durant tout ton voyage! Comment ? Ce
n'est certainement pas en personne, puisqu'ils prenaient le train pour aller
dans des directions opposées à des endroits différents. Son idée était que
par l'affection, la pensée et l'intérêt qu'ils avaient l'un pour l'autre,
ils ne seraient pas séparés. C'est ainsi, mais dans un sens plus élevé,
[[106]] que le Seigneur a toujours été avec son Eglise; sa divine puissance
le mettant à même de la surveiller, d'en diriger et d'en aider chaque
membre, du premier au dernier. Mais nous ne considérons pas maintenant la
présence du Seigneur avec nous dans ce sens figuré, nous considérons la
manière dont se fera sa seconde présence et son apparition en personne
“lorsqu'il viendra pour être, dans ce jour-là, glorifié dans ses saints et
admiré dans tous ceux qui croient”.
Les
Ecritures enseignent que Christ revient pour régner; qu'il doit régner
jusqu'à ce qu'il ait mis tous les ennemis sous ses pieds, c'est-à-dire tout
adversaire, toutes choses qui entraveraient le grand rétablissement qu'il
vient accomplir — le dernier ennemi qui doit être détruit étant la mort (1
Corinthiens 15 : 25, 26) — et qu'il régnera mille ans. Nous
trouvons par conséquent, comme nous devions nous y attendre, qu'une place
beaucoup plus grande a été réservée, dans la prophétie, au second avènement,
à ses mille ans de règne glorieux et au renversement du mal qu'aux
trente-quatre années de sa première venue en vue de la rédemption. Et comme
nous avons trouvé que la prophétie précise les différents points importants
de ces trente-quatre ans, de Bethléhem et Nazareth jusqu'au fiel, au
vinaigre, au partage des vêtements, à la croix, au tombeau et à la
résurrection, de même, nous trouvons qu'elle indique également différents
points des mille ans de la seconde présence, particulièrement leur
commencement et leur fin.
La
seconde présence de notre Seigneur couvrira une période de temps beaucoup
plus longue que la première. La mission de son premier avènement se termina
en moins de trente-quatre ans; tandis qu'il lui faudra mille ans pour
accomplir l'œuvre déterminée de sa seconde présence. On peut d'ailleurs
facilement voir que si l'œuvre du premier avènement était tout aussi
importante que celle du second — [[107]] voire si importante que sans elle
l'œuvre du second avènement n'aurait jamais été possible — elle n'était
cependant pas si variée que celle de celui-ci, et dès lors exigea moins de
description.
En
étudiant ce qui a trait au second avènement, nous ne devons pas plus que
pour le premier nous attendre à ce que toutes les prophéties désignent un
moment de l'arrivée de notre Seigneur plus particulièrement rempli de faits
remarquables, et qu'elles attirent l'attention de tous les hommes sur le
fait de sa présence. Telle n'est pas la méthode habituelle de Dieu et tel ne
fut pas le cas lors du premier avènement. La première venue du Messie ne fut
marquée par aucune démonstration soudaine ou étonnante en dehors de l'ordre
habituel des choses; mais elle fut manifestée et prouvée par
l'accomplissement graduel de la prophétie montrant à l'observateur attentif
que les événements qui devaient être attendus s'accomplissaient en leur
temps. Ainsi en sera-t-il à son second avènement. Il est moins important de
découvrir le moment de son arrivée que de discerner le fait de sa présence
lorsqu'il est arrivé, tout comme au premier avènement il fut beaucoup plus
important d'être capable de discerner sa présence (et plus vite on le fit
mieux cela valut), que de connaître la date de sa naissance. Lorsque l'on
considère le second avènement, c'est l'acte de la venue et le moment de
l'arrivée qui trop fréquemment préoccupent le plus tandis que c'est une
période de présence, comme fut le premier avènement, qu'il faudrait
constamment avoir devant l'esprit. Le moment précis où cette présence
commence perdrait alors de son importance; son but, par contre, et l'œuvre
qui doit s'accomplir durant cette période de sa présence recevrait une plus
grande considération.
Il
est également nécessaire de bien nous souvenir que notre Seigneur n'est plus
un être humain ; qu'en [[108]] tant qu'homme il se donna lui-même en rançon
pour l'homme et qu'il ne devint homme que dans ce but même (1
Timothée 2 : 6 ;
Hébreux 10: 4, 5 ;
1 Corinthiens 15:21, 22). Il est maintenant souverainement élevé
à la nature divine. C'est pourquoi Paul dit : “Si même nous avons connu
Christ selon la chair, toutefois maintenant nous ne le connaissons plus
[ainsi, Laus.] (2
Corinthiens 5 : 16). Il ressuscita des morts, en esprit
vivifiant (1
Corinthiens 15 : 45) et non pas en homme, de la terre et
terrestre. Il n'est plus en aucun sens ou à aucun degré un être humain; car
il ne faut pas oublier ce que nous avons appris (Vol. I, chap. X), que les
différentes natures sont séparées et distinctes. Du moment qu'il n'est plus
en aucun sens ou à aucun degré un être humain, nous ne devons pas nous
attendre à le voir revenir comme un être humain, semblable à ce qu'il était
à son premier avènement. Sa seconde venue se fera d'une manière différente
aussi bien que pour un but différent.
Remarquons le fait que le changement de notre Seigneur de la nature humaine
à la nature divine après sa résurrection, fut un changement encore plus
grand que celui qui eut lieu environ trente-quatre ans auparavant, lorsqu'il
déposa la gloire de l'être céleste, et “fut fait chair”. Nous pouvons, avec
grand profit, considérer très minutieusement chacune de ses actions durant
les quarante jours qui s'écoulèrent après sa résurrection, avant qu'il s'en
aille “auprès du Père”, parce que durant ces quarante jours il est le Jésus
ressuscité qui doit venir de nouveau, et non l'homme Christ Jésus qui s est
donné lui-même en rançon pour nous, dans la mort. Celui qui fut mis à mort,
être humain dans la chair, fut aussi, dans sa résurrection, rendu vivant,
être spirituel. —
1 Pierre 3 : 18.*
* Dans ce passage les mots
“quant à” ou “selon” et “par” ont été ajoutés par les traducteurs et
induisent en erreur. Le texte grec se lit simplement : “Mis à mort
chair, rendu vivant esprit”. Notre Seigneur mis à mort dans sa chair
comme être humain, fut ressuscité de la mort être spirituel. Et puisque
l'Eglise doit être “changée” pour être semblable à Christ, il est
évident que le changement qui se produisit dans le Chef était semblable
à celui qui est décrit comme étant réservé aux vainqueurs qui seront
changés de la nature humaine à la nature divine et seront fait
semblables à leur Seigneur, — “participants de la nature divine”. La
description suivante du changement des saints est dès lors applicable
aussi à leur Seigneur, savoir “Il est semé en déshonneur, il ressuscite
en gloire ; il est semé en faiblesse, il ressuscite en puissance : il
est semé corps animal, il ressuscite corps spirituel”.
[[109]]
A son
second avènement il ne vient pas pour être assujetti aux autorités qui
existent, pour payer le tribut à César et pour souffrir l'humiliation,
l'injustice et la violence, mais il vient pour régner, pour exercer tout
pouvoir dans le ciel et sur la terre. Il ne vient pas dans le corps de son
humiliation, un corps humain qu'il prit pour souffrir la mort et qui était
inférieur au corps glorieux qu'il avait auparavant (Hébreux
2 : 9) ; mais il vient dans son corps spirituel qui est
“l'empreinte de la personne du Père” (Hébreux
1 : 3); car, à cause de son obéissance même jusqu'à la
mort, il est maintenant souverainement élevé à la ressemblance et à la
nature divines, et il a reçu un nom qui est au-dessus de tout nom, — celui
du Père excepté (Philippiens
2 : 9 ;
1 Corinthiens 15 : 27). L'apôtre montre “qu'il n'a pas encore
été manifesté” à notre compréhension humaine ce qu'il est maintenant; nous
ne savons par conséquent pas ce que nous serons, quand nous lui serons faits
semblables ; mais nous (l'Eglise), nous pouvons nous réjouir dans
l'assurance d'être un jour avec lui, et semblables à lui, le voyant tel
qu'il est (1
Jean 3 : 2), non dans l'humiliation comme il était à sa première
venue, lorsqu'il avait déposé sa gloire première, étant devenu pauvre pour
nous, afin que par sa pauvreté nous fussions enrichis.
[[110]]
Si
nous considérons la sagesse et la prudence des méthodes de notre Seigneur
lorsqu'il manifesta sa présence à ses disciples après comme avant sa
résurrection, cela peut nous aider à nous souvenir que la même sagesse sera
déployée dans ses méthodes de révélation de lui-même à l'Eglise et au monde
lors de son second avènement. Ces méthodes ne sont pas nécessairement
similaires, mais dans chaque cas elles répondent très bien à son but ou
objet qui n'est jamais d'alarmer et d'exciter les hommes, mais de les
convaincre par une persuasion calme et raisonnée des grandes vérités qu'il
veut leur faire saisir. - Le premier avènement de notre Seigneur n'eut pas
lieu pour effrayer, exciter ou alarmer personne. Considérez comme il vint
tranquillement et sans en imposer ! Il vint si modestement que seuls ceux
qui avaient la foi et l'humilité furent capables de reconnaître dans
l'enfant d'humble naissance, dans l'homme de douleurs, dans l'ami des petits
et des pauvres et finalement dans le crucifié, le Messie si longtemps
attendu.
Il
est vrai que la manifestation de sa présence après sa résurrection a dû,
conformément à la nature dès choses, avoir été un fait plus stupéfiant,
surtout si le fait de la transformation de sa nature est pris en
considération. Mais il fallait que le fait de sa résurrection et de son
changement de nature fût pleinement manifesté, non pas alors à tout le
monde, mais à des témoins choisis qui rendraient aux générations futures un
témoignage digne de foi des faits qu'ils avaient vus eux-mêmes. Si tout le
monde alors avait été informé de ces choses, le témoignage parvenu jusqu'à
nos jours aurait été probablement beaucoup moins digne de confiance, étant
tellement coloré et déformé par les idées des hommes et mélangé avec leurs
traditions, que la vérité aurait paru presque ou tout à fait incroyable.
Mais Dieu ne confia la vérité qu'à des témoins choisis, fidèles et dignes de
foi. Remarquez, en lisant le récit de la résurrection et Manière du Second
Avènement [[111]] de la transformation de Christ, comme le but fut
parfaitement atteint; et combien la preuve qui leur en fut donnée fut
claire, positive et convaincante. Remarquez aussi avec quelles précautions
il manifesta et démontra ces grandes vérités à ses disciples, afin de ne pas
les alarmer ou trop les exciter. Aussi pouvons-nous être certains que les
mêmes sagesse, prudence et habileté seront déployées dans ses méthodes pour
faire connaître le fait de sa glorieuse présence à son second avènement.
Dans tous les cas, celui qui a le jugement calme et sain sera vite
convaincu, alors qu'il sera nécessaire, pour le monde en général, qu'il soit
amené par une sévère discipline à accepter le témoignage, tandis que ceux
dont le cœur est accessible à la vérité en auront l'intelligence bénie plus
tôt. Les preuves de la résurrection et de son changement à la nature
spirituelle ne furent pas données à Ses disciples toutes à la fois, mais peu
à peu selon qu'ils étaient capables de les supporter, et d'une manière
calculée pour leur faire la plus profonde impression.
Durant les trois ans et demi du ministère de notre Seigneur, ses disciples
avaient sacrifié amis, réputation, affaires, etc., pour vouer leur temps et
leur énergie à proclamer la présence du Messie et l'établissement de son
royaume. Mais ils avaient nécessairement des idées confuses sur la manière
et le temps de l'exaltation de leur Maître, ainsi que sur la promesse qu'il
leur avait faite de leur exaltation avec lui. Une pleine connaissance
n'était pas non plus nécessaire à ce moment-là; il était tout à fait
suffisant qu'ils suivissent fidèlement et pas à pas chaque nouvelle lumière;
c'est pourquoi le Maître les enseignait petit à petit, selon qu'ils étaient
capables de le comprendre. Lorsque la fin de son ministère fut proche, il
leur dit : “J'ai encore beaucoup de choses à vous dire; mais vous ne pouvez
les supporter maintenant. Mais quand celui-là, l'Esprit de vérité, [[112]]
sera venu, il vous conduira dans toute la vérité... il vous annoncera les
choses à venir et vous rappellera toutes les choses que je vous ai dites”. —
Jean 16 : 12, 13 ;
14 : 26.
Qui
peut décrire leur grand désappointement bien que dans la mesure du possible
ils eussent été armés et préparés à cet effet, lorsqu'ils virent tout à coup
saisi du milieu d'eux et ignominieusement crucifié comme un malfaiteur celui
dont ils attendaient et annonçaient le royaume et la gloire, choses qui leur
avaient semblé si près de se réaliser cinq jours seulement avant sa
crucifixion (Jean
12 : 1, 12-19). Quoiqu'ils le sussent faussement accusé et
injustement crucifié, cela ne changeait rien au fait que leurs espérances
nationales, si longtemps caressées, d'un roi juif venant restaurer leur
nation en prestige et en influence et réaliser leurs propres espérances,
ambitions et rêves, relativement à des charges importantes et à de grands
honneurs dans ce royaume, étaient toutes soudainement ruinées par la
tournure défavorable qu'avaient prise les choses dans la crucifixion de leur
roi.
Le
Maître savait cependant fort bien combien ils seraient désolés, désemparés
et perplexes, car c'est ainsi qu'il fut écrit par le Prophète : “Je
frapperai le berger, et les brebis seront dispersées” (Zacharie
13 : 7 ;
Marc 14 : 27). Durant les quarante jours entre sa résurrection
et son ascension, son principal souci fut, par conséquent, de les rassembler
de nouveau et de rétablir leur foi en lui comme le Messie si longtemps
attendu, en leur prouvant la réalité de sa résurrection et en leur révélant
que depuis sa résurrection, bien qu'il conservât toujours la même
personnalité, il n'était plus un être humain, mais un être spirituel,
souverainement élevé, ayant “toute puissance dans le ciel et sur la terre.”
— Matthieu 28 : 18.
[[113]]
Il
leur fit parvenir graduellement la nouvelle de sa résurrection, premièrement
par les femmes (Marie de Magdala, et Jeanne, Marie la mère de Jacques, et
Salomé, et d'autres avec elles —
Marc 16 : 1;
Luc 24 : 1, 10) qui étaient venues de grand matin au sépulcre
pour embaumer son corps avec des aromates et des parfums. Pendant qu'elles
se demandaient qui leur rouleraient la pierre de l'entrée du sépulcre, il se
fit un tremblement de terre ; et lorsqu'elles y arrivèrent, elles virent la
pierre déjà roulée et un ange du Seigneur assis dessus qui leur dit :
“Pour vous ne craignez pas; car je sais que vous cherchez Jésus qui a été
crucifié. Il n'est point ici; il est ressuscité comme il l'avait dit. Venez,
voyez le lieu où il était couché, et allez promptement dire à ses disciples
qu'il est ressuscité des morts. Et voici il vous précède en Galilée : c'est
là que vous le verrez.” —
Matthieu 28 : 5-7.
IL
semble que Marie de Magdala quitta ses compagnes et courut le dire à Pierre
et Jean (Jean
20 : 1, 2), tandis que les autres femmes allaient le raconter au
reste des disciples. Après que Marie de Magdala les eût quittées et pendant
qu'elles étaient en chemin, Jésus vint au-devant d'elles et leur dit (Matthieu
28 : 9, 10): “Salut !” Elles s'approchèrent pour saisir ses
pieds et l'adorèrent. Alors Jésus leur dit : “Ne craignez pas; allez dire à
mes frères de se rendre en Galilée (leur demeure): c'est là qu'ils me
verront.” Avec crainte et joie, elles coururent le raconter aux autres
disciples. Dans le tumulte de leurs sentiments, qui étaient un mélange de
surprise, de perplexité, de joie, de crainte et de bouleversement général,
elles avaient grande peine à trouver des mots pour raconter leur nouvelle
étrange et merveilleuse. Lorsque Marie rencontra Pierre et Jean, elle leur
dit tristement : “Ils ont enlevé du sépulcre le Seigneur et nous ne savons
où ils l'ont mis” (Jean
20 : 2). Les autres femmes racontèrent alors comment, au
Sépulcre, elles avaient eu une vision d'anges, leur annonçant qu'il [[114]]
était vivant (Luc
24 : 22,23), et comment plus tard elles avaient rencontré le
Seigneur sur le chemin.
Matthieu 22 : 8,10
La
plupart des disciples accueillirent leur histoire simplement comme le
produit d'une excitation superstitieuse; mais Pierre et Jean dirent :
Allons-y et voyons par nous-mêmes. Marie retourna au sépulcre avec eux.
Pierre et Jean virent que le corps n'y était plus et que le suaire était
soigneusement plié et mis à part, tandis que la pierre avait été roulée loin
de l'entrée. Ils s'en retournèrent consternés, tandis que Marie restait là
en pleurant. Comme elle pleurait, elle se baissa pour regarder dans le
sépulcre et elle vit deux anges qui lui dirent :
“Femme, pourquoi pleures-tu ?” Elle leur répondit : “Par-ce qu'ils ont
enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l'ont mis.” Comme elle se
retournait, elle vit Jésus debout, mais elle ne le reconnut pas. Il lui
demanda “Femme, pourquoi pleures-tu ? Qui cherches-tu ?” Elle, pensant que
c'était le jardinier, lui dit : “Seigneur, si c'est toi qui l'as remporté,
dis-moi où tu l'as mis, et je le prendrai”. Alors, avec le ton qui lui était
si familier et qu'elle reconnut de suite, le Seigneur dit : “Marie !”
Cela
suffit pour fortifier sa foi dans ce que les anges lui avaient dit, savoir
qu'il était ressuscité, ce qui jusque là lui avait 'semblé être un songe ou
une histoire oiseuse; et dans sa joie elle s'exclama : “Maître !” Sa
première impulsion fut de l'entourer de ses bras et de rester en sa
présence. Mais Jésus l'informa doucement qu'elle avait maintenant une
mission importante à accomplir: celle d'aller porter incessamment ce
témoignage du fait de sa résurrection aux autres disciples qui étaient
toujours dans la consternation et l'incertitude, afin de rétablir leur foi.
Jésus lui dit : “Ne me touche [en grec haptomai, ne m'entoure] pas [ne
t'attarde pas à me manifester davantage ton affection], car je ne [[115]]
suis pas encore monté vers mon Père [je serai encore avec vous pour un peu
de temps]. Mais va trouver mes frères et dis-leur que je monte vers mon Père
et votre Père ; vers mon Dieu et votre Dieu ” (Jean
20 : 17). Par les autres femmes aussi il avait envoyé le message
qu'il les reverrait en Galilée.
Là-dessus il rejoignit deux des disciples tristes et troublés qui allaient
de Jérusalem à Emmaùs, et il s'enquit de la cause de leur tristesse et de
leur abattement (Luc
24 : 13-35). L'un d'eux répondit : “Es-tu le seul qui,
séjournant à Jérusalem, ne sache pas ce qui y est arrivé ces jours-ci ? —
Quoi ? leur dit-il. — Et ils lui répondirent : Ce qui est arrivé au sujet de
Jésus de Nazareth, qui était un prophète puissant en œuvres et en paroles
devant Dieu et devant tout le peuple, et comment les chefs des prêtres et
nos magistrats l'ont livré pour le faire condamner à mort et l'ont crucifié.
Nous espérions que ce serait lui qui délivrerait Israël; mais avec tout
cela, voici le troisième jour que ces choses se sont passées [Ici ils se
souvenaient probablement de ce qu'il leur avait dit :
Jean 2 : 19, 21, 22]. Il est vrai que quelques femmes d'entre
nous nous ont fort étonnés: s'étant rendues de grand matin au sépulcre et
n'ayant pas trouvé son corps, elles sont venues dire que des anges leur sont
apparus et ont annoncé qu'il est vivant. Quelques-uns de ceux qui étaient
avec nous sont allés au sépulcre, et ils ont trouvé les choses comme les
femmes l'avaient dit; mais lui, ils ne l'ont point vu.” Quoi d'étonnant à ce
qu'ils fussent tous troublés; et comme tout leur paraissait étrange! Combien
les événements des quelques derniers jours avaient été singuliers et
saisissants !
Alors, par de pénétrantes paroles, l'étranger leur démontra
l'accomplissement des prophéties précisément par les choses qui les avaient
tant abattus et que les prophètes avaient enseignées concernant le vrai
Messie, [[116]] lequel, avant de pouvoir gouverner, bénir et élever Israël
et le monde tout entier, devait premièrement “avec sa propre vie” le
racheter de la malédiction de la mort qui était venue sur tous les hommes
par Adam; et qu'après sa résurrection et son élévation à la gloire par
Jéhovah, leur Maître devait accomplir tout ce qui avait été prédit par les
prophètes concernant sa gloire et son honneur futurs, aussi sûrement qu'il
avait accompli les prophéties qui prédirent ses souffrances, son humiliation
et sa mort. C'étaient là étonnant prédicateur et merveilleux sermon ! Ces
paroles suggéraient de nouvelles idées et ouvraient de nouvelles espérances.
Comme ils arrivaient au village, ils le contraignirent de demeurer avec eux,
parce que le soir approchait et que le jour était sur son déclin. Il entra
donc pour rester avec eux. Pendant qu'ils étaient à table, il prit le pain,
et après avoir rendu grâces, il le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux
s'ouvrirent, mais il disparut de devant eux.
Ils
ne l'avaient donc pas reconnu Jusqu'à ce moment-là, et pourtant ils avaient
marché, causé et s'étaient mis à table ensemble. Ce n'est pas à son visage
qu'ils le reconnurent, mais par le simple acte de bénir et de rompre le pain
selon sa manière habituelle d'autrefois, rassurant ainsi leur foi dans ce
qu'ils avaient déjà entendu — qu'il était ressuscité et les reverrait.
Alors
les deux disciples surpris et remplis de joie se levèrent à l'heure même et
retournèrent à Jérusalem, se disant l'un à l'autre : “Notre cœur ne
brûlait-il pas au dedans de nous, lorsqu'il nous parlait en chemin et nous
expliquait les Ecritures ?” Arrivés à Jérusalem, ils trouvèrent les autres
disciples qui se réjouissaient également en disant : Le Seigneur est
réellement ressuscité et il est apparu à Simon. Eux racontèrent ce qui leur
était arrivé en chemin et comment ils l'avaient reconnu lorsqu'il avait
rompu le pain. Probablement qu'ils étaient à peu près tous réunis ce
soir-là, oubliant maisons, [[117]] affaires et toutes les autres choses.
Marie de Magdala, avec des larmes de joie, disait : Je l'ai reconnu au
moment où il prononça mon nom; jusque-là je ne pouvais pas croire ce que
m'assuraient les anges à propos de sa résurrection ; puis les autres femmes
racontaient aussi leur merveilleuse expérience du matin et comment elles
l'avaient rencontré en chemin. Simon avait, lui aussi, son histoire à
raconter; et voici encore deux autres témoins arrivant d'Emmaüs. Quelle
journée pleine d'événements ! Quoi d'étonnant à ce qu'ils aient désiré,
après cela, se rencontrer le premier jour de chaque semaine, pour
s'entretenir de ces choses et rappeler à leur mémoire toutes les
circonstances se rapportant à ce prodigieux événement de la résurrection du
Seigneur, pour que leur cœur “brûle” toujours à nouveau!
Pendant que la petite société excitée et débordante de joie était ainsi
assemblée, se racontant les uns aux autres leurs différentes expériences, le
Seigneur Jésus lui-même parut soudain au milieu d'eux (Luc
24 : 36-49) et leur dit : “La paix "soit avec vous !” D'où
était-il venu ? Toutes les portes de la maison où ils étaient assemblés
étaient fermées à cause de la crainte qu'ils avaient des Juifs (Jean
20 : 19, 26), mais il était apparu soudainement, sans que rien
n'eût révélé son approche ; ils en furent terrifiés au point qu'ils crurent
voir un esprit. Mais il les rassura et leur dit de calmer leurs craintes ;
il leur montra ses mains et ses pieds en leur disant : “C'est bien moi;
touchez-moi et voyez : un esprit n'a ni chair ni os, comme vous voyez, que
j'ai”. Et tandis qu'ils ne croyaient pas encore tant leur joie et leur
étonnement étaient grands, il leur dit : “Avez-vous quelque chose à manger
?” Ils lui présentèrent du poisson rôti, il en prit et en mangea devant eux.
Alors il leur ouvrit l'entendement (“understanding” — Trad.) les yeux de la
pensée, et leur expliqua les Ecritures, leur montrant par la loi et les
prophètes que ces choses étaient arrivées exactement [[118]] comme elles
avaient été prédites. Mais Thomas était alors absent (Jean
20 : 24) ; aussi, lorsque les autres disciples lui dirent qu'ils
avaient vu le Seigneur, il ne voulut pas croire, mais dit : “Si je ne vois
dans ses mains la marque des clous, et si je ne mets ma main dans son côté,
je ne croirai point.”
Huit
jours s'étaient passés sans aucune manifestation nouvelle; ils avaient eu le
temps de penser calmement et de s'entretenir ensemble des expériences de ce
jour merveilleux, lorsque, étant de nouveau assemblés comme auparavant,
Jésus se présenta au milieu d'eux absolument comme le premier soir en disant
: “La paix soit avec vous !” (Jean
20 : 26). Cette fois, Thomas était présent, et le Seigneur
s'adressant à lui, lui dit : “Avance ici ton doigt, et regarde mes mains;
avance aussi ta main et mets-là dans mon côté ; et ne sois pas incrédule,
mais crois !” Il montrait ainsi qu'il savait ce que Thomas avait dit, sans
que cela lui eût été raconté; et il donnait cette preuve de sa résurrection
à Thomas qui l'avait demandée pour pouvoir croire. Thomas répondit avec joie
: “Mon Seigneur et mon Dieu !”
Il
dut se passer après cela un assez long intervalle avant qu'il y eût une
nouvelle manifestation de la présence du Seigneur, et les disciples, qui
étaient Galiléens commencèrent à penser à leur maison et à leur avenir; se
souvenant en plus du message que le Seigneur leur avait adressé par les
femmes, qu'il irait devant eux en Galilée, ils s'y rendirent. Probablement
que le Seigneur les rencontra en chemin, sur une montagne, comme Matthieu le
relate. Ils étaient extrêmement troublés; ils ne ressentaient plus à son
égard la même familiarité qu'ils avaient autrefois; il leur semblait être
tellement différent depuis sa crucifixion de ce qu'il était auparavant; il
apparaissait et disparaissait en temps et lieux si particuliers et il ne
ressemblait plus à “l'homme Christ Jésus”. C'est pour cela que Matthieu dit
:
[[119]]
“Ils
se prosternèrent devant lui, mais quelques-uns eurent des doutes”. Après
leur avoir dit quelques paroles, le Seigneur “disparut” de leur présence et
les laissa dans l'étonnement, se demandant ce qui allait encore arriver.
Durant les premiers temps de leur retour en Galilée, rien d'extraordinaire
ne se passa et il n'y eut aucune nouvelle indication de la présence du
Seigneur. Sans doute ils s'assemblèrent maintes fois et s'entretinrent de la
situation, s'étonnant de ce qu'il ne leur apparût pas plus fréquemment.
Comme
ils attendaient, les jours et les semaines leur semblaient longs. Ils
avaient depuis longtemps laissé de côté les travaux ordinaires de la vie
pour suivre le Seigneur de lieu en lieu, recevant ses instructions et
prêchant aux autres: “Le Royaume des cieux est proche” (Matthieu
10 : 5-7). Ils ne désiraient pas retourner à leurs anciens
travaux; cependant, comment devaient-ils procéder avec l'œuvre du Seigneur ?
Ils comprenaient assez clairement la situation pour voir qu'ils ne pouvaient
prêcher plus longtemps que le royaume était arrivé, parce que tout le peuple
savait que leur Maître et Roi avait été crucifié ; cependant personne
d'autre qu'eux ne connaissait le fait de sa résurrection.
Tandis que les onze étaient perplexes et inquiets, attendant quelque chose,
sans trop comprendre quoi, Pierre leur dit : Nous ne pouvons pourtant pas
rester oisifs; je vais retourner à mon ancien métier de pêcheur; et six des
autres dirent : Nous ferons de même ; nous irons avec toi (Jean
21 : 3). Il est fort probable que le reste des disciples
retournèrent également à leurs anciennes occupations.
Qui
pourrait douter que le Seigneur n'assistât souvent, quoique invisible, aux
divers entretiens qu'ils eurent ensemble gouvernant et dirigeant le cours
des circonstances, etc..., pour leur plus grand bien. S'ils avaient eu un
grand succès et qu'ils se soient trouvés [[120]] absorbés par leurs
affaires, ils auraient bientôt été impropres au plus élevé service de même
que s'ils n'avaient pas de succès, cela aurait pu paraître vouloir les
forcer. Aussi le Seigneur adopta un plan par lequel il leur enseigna une
leçon, comme il le fait souvent avec ses disciples, savoir: Qu'il peut
diriger le succès ou l'insuccès de leurs efforts dans quelque direction que
ce soit selon son bon plaisir.
L'ancienne raison Sociale de pêcheurs réorganisée, ils prirent ensemble
leurs bateaux, filets, etc., et sortirent pour faire leur première prise.
Mais ils travaillèrent toute la nuit sans prendre de poisson et commencèrent
à se sentir découragés. Le matin, un étranger les appelait du rivage pour
connaître leur succès. Pauvre succès ! Nous n'avons rien pris,
répondirent-ils. Essayez encore, dit l'étranger. Lancez maintenant vos
filets de l'autre côté du bateau. C'est inutile, ami, nous avons essayé des
deux côtés toute la nuit, et s'il y avait du poisson d'un côté, il y en
aurait de l'autre. Toutefois pour vous le montrer, nous essayerons encore
une fois. Ils firent ainsi et obtinrent une immense capture. Que c'est
curieux ! dirent quelques-uns; mais le vif et impressionnable Jean eut tout
de suite la pensée exacte et dit : Frères, c'est le Seigneur ; lui seul
pouvait faire cela ! Ne vous souvenez-vous pas la manière dont il a rassasié
les foules, etc. ? Ce ne peut être que le Seigneur qui est sur le rivage, ce
n'est qu'un moyen choisi par lui pour se manifester à nous. Ne vous
rappelez-vous pas qu'il fit exactement la même chose lorsqu'il nous appela
pour la première fois ? Alors aussi nous avions travaillé toute la nuit sans
rien prendre, quand il vint à nous en disant : “Jetez vos filets pour
pêcher” (Luc
5 : 4-11). Oui, certainement c'est le Seigneur, bien que depuis
sa résurrection nous ne puissions le reconnaître à son apparence, car
maintenant il apparaît sous différentes formes.
[[121]]
Mais
nous le reconnaissons chaque fois par quelque circonstance particulière,
semblable à celle-ci, qui nous rappelle un incident notoire de notre vie
passée avec lui.
Et,
abordant au rivage, ils y trouvèrent Jésus avec du pain et du poisson; ils
apprirent la leçon que sous sa direction, ses soins et à son service ils ne
connaîtraient jamais le dénuement (Luc
12 : 29, 30). Ils ne lui demandèrent pas s'il était le Seigneur;
car en cette occasion comme en d'autres, les yeux de leur entendement étant
ouverts, ils le reconnurent, non pas à son apparence physique, mais à son
miracle. Alors suivirent les enseignements de cette heure délicieuse pendant
laquelle il rassura Pierre, lui montrant qu'il était toujours accepté, bien
qu'il l'eût renié, lui, le Seigneur, vu sa repentance et ses pleurs. Pierre
ressentait maintenant à nouveau l'amour de son Maître et le privilège qui
lui était maintenu de paître ses brebis et ses agneaux. Il nous semble
entendre le Seigneur lui dire : Tu n'as pas besoin de reprendre ton métier
de pêcheur, Pierre ; je t'avais jadis appelé à être pêcheur d'hommes, et
comme je sais que ton cœur est toujours loyal et zélé, je renouvelle ta
mission de pêcheur d'hommes.
Puis,
en mangeant avec eux, “il leur commanda de ne pas s'éloigner de Jérusalem,
mais d'attendre la promesse du Père, laquelle, dit-il, vous avez entendue de
moi, c'est que si Jean a baptisé d'eau, vous, vous serez baptisés dans
l'Esprit saint peu après ces jours-ci” (Actes
1 : 4, 5, Laus.). Ainsi, vinrent-ils à Jérusalem, comme il le
leur avait dit, et ce fut là, quarante jours après sa résurrection, qu'il se
rencontra et conversa avec eux pour la dernière fois. C'est à ce moment-là
qu'ils prirent courage pour lui poser la question au sujet du royaume qu'il
leur avait promis, et ils lui dirent : “Seigneur, est-ce en ce temps que tu
rétabliras le royaume d'Israël?”
Cette
pensée du royaume prédominait sur toutes les autres dans l'esprit de tout
Juif. Israël, comprenaient-ils, [[122]] devait être la principale des
nations sous le Messie ; ils ne connaissaient rien des longs Temps des
Nations ; ils ne voyaient pas encore que la bénédiction principale avait été
enlevée à l'Israël selon la chair (Matthieu
21 : 43 ;
Romains 1 : 7), et qu'eux-mêmes devaient être les membres
d'Israël spirituel, la sacrificature * royale, la nation sainte par le moyen
de laquelle, comme corps de Christ, les bénédictions parviendraient au
monde. Ils ne comprenaient encore rien de ces choses. Comment l'auraient-ils
pu? Ils n'avaient pas encore reçu le saint Esprit d'adoption comme fils,
mais étaient toujours sous la condamnation; car bien que le sacrifice de la
rançon eût été accompli par le Rédempteur, il n'avait pas encore été
formellement présenté en notre faveur dans le Très-Saint, dans le Ciel même
(Jean
7 : 39). Par conséquent, notre Seigneur n'entreprit aucune
explication en réponse à leur question, mais il dit simplement : “Ce n'est
pas à vous [maintenant] de connaître les temps et les saisons que le Père a
réservés à sa propre autorité; mais vous recevrez la puissance* lorsque le
saint Esprit viendra sur vous; et vous serez mes témoins à Jérusalem et dans
toute la Judée et la Samarie, et jusqu'au bout de la terre.” —
Actes 1 : 7, 8.
* Cette puissance promise de
connaître et de comprendre les temps et les saisons, comme toutes les choses
appartenant à un véritable témoignage, s'applique à l'Eglise entière, du
premier au dernier de ses membres ; et sous la conduite et la puissance du
saint Esprit, il est pourvu à une nourriture au temps convenable pour chaque
trait du plan, afin qu'en tout temps nous puissions être ses témoins jusqu'à
la fin de cet âge.
Jean 16 : 12, 13.
Le
Seigneur marchait avec eux, lorsqu'ils furent arrivés au mont des
Oliviers, il éleva les mains et les bénit; puis il fut séparé d'eux et
élevé en leur présence, et une nuée le déroba à leurs yeux (Luc
24 : 48-52 ;
Actes 1 : 6-15). Ils commençaient maintenant à voir un peu
plus du plan de Dieu. Le Seigneur, qui était descendu [[123]] du ciel,
était retourné au Père, comme il le leur avait dit avant sa mort. Il
était allé leur préparer une place et il reviendrait pour les prendre
avec lui. Il s'en était allé au loin pour recevoir le royaume promis et
revenir ensuite (Luc
19 : 12); en attendant, ils devaient être ses témoins sur
toute la terre afin d'appeler et de préparer un peuple pour le recevoir
lorsqu'il viendrait pour être glorifié dans ses saints et pour régner
comme Roi des rois et Seigneur des seigneurs. Ils comprenaient que leur
nouvelle mission de proclamer à toute créature un roi venant du ciel,
avec toute puissance dans le ciel et sur la terre, était une œuvre
beaucoup plus importante que celle des années précédentes où ils
annonçaient l'homme Christ Jésus et où ils le suivaient, lui, le méprisé
et le rejeté des hommes. Leur Seigneur ressuscité était en effet changé,
non seulement dans son apparence personnelle, apparaissant une fois dans
tel lieu et de telle manière et une autre fois dans un autre lieu et
d'une autre manière pour manifester sa toute-puissance, mais il était
aussi changé dans sa nature. Il ne s'adressait plus aux Juifs et ne se
montrait plus lui-même a eux; car depuis sa résurrection personne ne
l'avait vu en aucun sens, excepté ses amis et ses disciples. Sa parole :
“Encore un peu de temps et le monde ne me verra plus” s'était accomplie
à la lettre.
C'est
de cette manière que la foi des apôtres et de l'église primitive fut établie
sur le fait de la résurrection du Seigneur. Leurs doutes étaient écartés et
leurs cœurs réjouis; ils retournèrent à Jérusalem el persévéraient dans la
prière, les supplications et l'étude des Ecritures, attendant la filiation
promise par le Père, le don de la compréhension spirituelle et les dons
spéciaux de puissance pour opérer des miracles, ce qui devait les rendre
capables de convaincre les vrais Israélites et d'établir l'Eglise de
l'Evangile au jour de la Pentecôte. —
Actes 1 : 14 ;
2 : 1.
[[124]]
Il
est vrai que notre Seigneur à son second avènement ne manifestera pas sa
présence de la même manière qu'il l'a fait durant les quarante jours après
sa résurrection ; mais nous avons cependant sa promesse que les “frères ne
seront pas dans les ténèbres” (1
Thessaloniciens 1 : 4). Et qui plus est, nous aurons une
assistance qu'ils n'ont pas eue et ne pouvaient avoir pendant ces quarante
jours, savoir “la puissance d'en haut” pour nous montrer les choses à venir.
C'est pourquoi nous: aurons, au temps voulu, l'entière compréhension de la
manière, du temps et des différentes circonstances qui accompagnent son
apparition, choses qui, si nous les attendons et les observons
Soigneusement, ne seront pas moins convaincantes que ne le furent les
preuves de la résurrection de notre Seigneur fournies : à l'Eglise
primitive, quoique de façon toute différente.
Que
notre Seigneur, à son second avènement, puisse prendre la forme humaine et
apparaître ainsi aux hommes, comme il le fit à ses disciples après sa
résurrection, cela ne laisse aucun doute ; non seulement parce qu'il est
apparu ainsi sous une forme humaine pendant ces quarante jours, mais aussi
parce que des êtres spirituels ont autrefois manifesté leur pouvoir
d'apparaître aux hommes en chair et sous des formes variées. Mais une
manifestation semblable serait hors d'harmonie avec le caractère général du
plan de Dieu, aussi bien qu'avec les indications scripturales qu'il nous a
données concernant la manière dont il doit se manifester, comme nous le
verrons. Par contre, le plan du Seigneur est que son royaume spirituel
communiquera, réalisera et manifestera sa présence et sa puissance par le
moyen d'agents terrestres humains. Tout comme Satan, le prince ; de ce
monde, bien qu'invisible à l'homme, n'exerce pas moins une grande influence
dans ce monde par ceux qui lui sont soumis, qui sont possédés de son [[125]]
Esprit et gouvernés par lui, ainsi le nouveau Prince de la paix, le
Seigneur, opérera principalement en des êtres humains et manifestera sa
présence et son pouvoir au moyen d'agents humains, ses sujets, possédés et
dirigés par son esprit.
Voir
avec l'œil naturel et entendre avec l'oreille naturelle n'est pas tout ce
que l'on comprend sous ces termes voir, entendre. “Personne ne vit jamais
Dieu” et pourtant tout enfant de Dieu l'a vu, l'a connu et a eu communion
avec lui (Jean
1 : 18 ;
5 : 37 ;
14 : 7). Nous entendons l'appel de Dieu, notre haut appel
céleste et nous entendons la voix de notre Berger; nous regardons
constamment à Jésus et voyons le prix, la couronne de vie qui nous est
promise, non par notre vue et par notre ouïe naturelles, mais par notre
compréhension. Il est beaucoup plus précieux pour nous de voir par les yeux
de notre compréhension et de notre foi notre Seigneur glorifié, comme étant
le Roi de gloire spirituel, hautement élevé, notre Rédempteur aussi bien que
notre Roi, que de le voir avec les yeux naturels comme le virent les
disciples avant la Pentecôte.
Il y
avait une nécessité pour que le Seigneur apparût à ses disciples comme il le
fit après sa résurrection, nécessité qui n'existera pas à son second
avènement, son but alors sera mieux servi d'une manière différente. En fait,
s'il était apparu ainsi à son second avènement, cela eût été au détriment du
dessein qui doit s'accomplir alors. Son but, en apparaissant à ses
disciples, après sa résurrection, était de les convaincre que celui qui
était mort est vivant pour toujours, afin qu'eux pussent aller comme témoins
proclamer sa résurrection (Luc
24 : 48), et que leur témoignage pût être un sûr fondement pour
la foi des générations à venir.
Puisque nul homme ne peut être agréable à Dieu, ni recevoir le saint Esprit
d'adoption sans la foi en Christ, il était nécessaire non seulement pour les
disciples [[126]] d'alors, mais pour tous depuis ce moment-là, que les
preuves de sa résurrection et de son changement fussent telles que l'homme
naturel pût les saisir et les apprécier. Après qu'ils eurent été faits
participants du saint Esprit et qu'ils purent comprendre les choses
spirituelles (voyez
1 Corinthiens 2 : 12-16), ils auraient pu croire les anges au
sépulcre par rapport à la résurrection du Seigneur, même s'ils avaient vu le
corps de chair de l'homme Christ Jésus demeurant encore dans la tombe; mais
avant, cela n'était pas possible; il fallait que le corps fût enlevé pour
qu'ils pussent croire à la possibilité de sa résurrection. Après que le
saint Esprit les eut rendus capables de discerner les choses spirituelles,
ils auraient pu croire au témoignage des prophètes que Jésus devait mourir,
ressusciter d'entre les morts et être souverainement élevé comme Roi de
gloire, sans qu'il eût besoin d'apparaître comme homme et de revêtir
diverses formes humaines, afin qu'ils pussent le toucher et le voir monter
au ciel. Il fallait tout cela pour les disciples, comme il le faut pour tous
les hommes naturels. Par la foi nous venons à Dieu par Christ, et recevons
la rémission de nos péchés et l'Esprit de filiation pour comprendre les
choses spirituelles.
Même
lorsqu'il éloignait d'eux ou de leur foi les obstacles naturels, en prenant
une forme humaine, etc., ce n'était pas par une vue naturelle ou parce
qu'ils pouvaient le toucher de leurs mains que notre Seigneur persuadait ses
disciples et les rendait propres à être des témoins pour d'autres, mais en
raisonnant avec eux, en s'appuyant sur les Ecritures : “Il leur ouvrit
l'entendement, pour qu'ils comprissent les Ecritures. Et il leur dit : C'est
ainsi qu'il est écrit et c'est ainsi qu'il fallait que le Christ souffrît et
qu'il se relevât d'entre les morts le troisième jour et qu'on prêchât en son
nom la conversion et le pardon des péchés parmi toutes [[127]] les nations
en commençant par Jérusalem. “Or, vous êtes témoins de ces choses” (Luc
24 : 45-48 Laus.). Pierre, lui aussi, parle clairement de cela
lorsqu'il dit : a Dieu l'a réveillé le troisième jour, et il l'a donné pour
être manifesté, NON A TOUT LE PEUPLE, mais aux témoins auparavant désignés
de Dieu, à nous qui mangeâmes et bûmes avec lui, après qu'il se fut relevé
d'entre les morts; et il nous a commandé de prêcher au peuple, et d'attester
que c'est lui [le Jésus ressuscité] qui a été déterminé de Dieu, comme juge
des vivants et des morts.” —
Actes 10 : 40-42, Laus.
Pour
notre Seigneur, après sa résurrection, ce n'était simplement qu'une question
d'utilité sur la manière dans laquelle son apparition accomplirait le mieux
son intention de leur faire connaître sa résurrection et son changement de
nature. S'il était apparu dans une flamme de feu, comme l'ange apparut à
Moïse dans le buisson ardent (Exode
3 : 2), il aurait bien pu converser avec eux; mais la preuve
donnée de cette manière aurait été loin d'être aussi convaincante que la
méthode qu'il avait adoptée pour les apôtres et pour le monde en général,
pour lequel ils devaient en être les témoins.
S'il
était apparu dans la gloire de sa nature spirituelle, comme l'ange le fit
pour Daniel (Daniel
10 : 5-8), cette gloire aurait été telle que les témoins
n'auraient pu la supporter. Il est probable qu'ils en auraient été trop
épouvantés pour pouvoir recevoir ses instructions. A aucun d'eux, excepté à
Paul, le Seigneur ne se révéla de cette manière; et Paul fut tellement
éprouvé par l'éclat de sa gloire, qu'il fut jeté par terre et aveuglé par
cet éclat qui surpassait celui du soleil en plein midi.
Dans
l'examen que nous avons fait de la méthode de manifestation adoptée par le
Seigneur durant ces quarante jours, nous avons vu qu'il jugea bon de ne
[[128]] se montrer sous une forme visible que très rarement, même aux
témoins choisis, et encore dans un espace de temps très court. Si le temps
entier pendant lequel ils le virent, avait été rassemblé en un jour au lieu
de s'être passé par intervalles pendant les quarante jours, ses
manifestations auraient à peine rempli douze heures en tout ou 1/80 de ce
temps entier. Cela étant, il est évident qu'il fut présent avec eux, bien
qu'invisible, environ les 79/80 de cette période de quarante jours. Et même
lorsqu'il se manifesta, il ne prit jamais (excepté une fois pour Saint
Thomas) une forme semblable à celle qu'ils avaient intimement connue pendant
trois ans et qu'ils avaient encore vue peu de jours auparavant. Il n'est pas
suggéré une seule fois qu'ils le reconnurent aux traits familiers de son
visage, ou qu'il eut une seule fois la même apparence dans ses diverses
manifestations.
Marie
supposa qu'il était le “jardinier” ; pour les deux disciples qui allaient à
Emmaüs il fut “un étranger”, ainsi que pour les pêcheurs sur la mer de
Galilée et pour les onze dans la chambre haute. Chaque fois il fut reconnu à
ses actes, ses paroles ou aux intonations familières de sa voix.
Lorsque Thomas déclara que la seule preuve acceptable pour lui serait de le
voir et de le toucher, le Seigneur, bien qu'il ait fait droit à cette
demande, le réprouva doucement en disant : “Parce que tu m'as vu, tu as cru
: bienheureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru !” (Jean
20 : 27-29). La preuve ta plus forte était celle qui ne
s'adressait pas à la vue naturelle; et ceux qui sont ainsi dans l'attitude
de recevoir la vérité par n'importe quels témoignages il plaît à Dieu de la
fournir sont plus particulièrement bénis.
Il
leur montrait ainsi non seulement qu'il avait désormais le pouvoir
d'apparaître de diverses manières et sous diverses formes, mais encore que
pas un de [[129]] ces corps, sous lesquels ils le voyaient, n'était son
corps glorieux et spirituel, bien que par ce moyen le fait de sa
résurrection et de sa présence leur fût manifesté. Les différentes formes
qu'il prit et les longs intervalles de sa présence invisible pendant
lesquels il ne se manifestait pas, prouvèrent bien le fait que si leur
Seigneur et Maître était vivant et n'était pas encore monté vers le Père, il
était alors un être spirituel, réellement invisible à toute vue humaine,
mais ayant la faculté de manifester sa présence et son pouvoir sous une
variété de formes, selon qu'il lui plaisait. *
La
création du corps et du vêtement avec lequel il leur apparut dans la chambre
même où ils étalent assemblés est une preuve indiscutable que Christ n'était
plus en aucun sens un être humain, quoiqu'il ait assuré à ses disciples que
le corps qu'ils voyaient et que Thomas toucha, était un véritable corps de
chair et d'os et non une simple vision ou apparition. **
* L'événement rapporté par
Luc (4 : 30) ne doit pas être regardé comme un cas parallèle à
ses apparitions et disparitions après sa résurrection. Ce ne fut pas une
disparition dans le sens de devenir invisible au peuple, il fit
seulement un mouvement prompt et adroit, par lequel il évita les
intentions meurtrières de ses ennemis. Avant qu'ils eussent pu exécuter
leur plan de le mettre a mort, il se détourna et passa au milieu d'eux,
nul homme n'ayant le courage ou le pouvoir de le molester, parce que son
heure n'était pas encore venue.
** Nous ne voulons pas laisser supposer un instant que nous faisons
cause commune avec le spiritisme, le sweden- borgianisme ou aucun autre
isme ; nous suivons simplement et logiquement ce que nous connaissons
des récits apostoliques Nous discernons clairement l’extrême différence
entre l'enseignement de la Bible et ses contrefaçons promulguées par
Satan sous le nom de spiritisme, ce que nous examinerons dans un volume
suivant. Qu’il suffise ici de montrer que le spiritisme affecte de
mettre en communication les hommes morts avec les hommes vivants, tandis
que la Bible condamne cela (Esaïe
8 : 19) et enseigne que de semblables communications, quand
elles étaient véritables, n'eurent lieu que par des êtres spirituels,
comme les anges ou par notre Seigneur ; non pas par notre Seigneur
pendant qu'il était l'homme Christ Jésus, ni pendant qu'il était mort,
mais seulement après son changement de la résurrection, lorsqu'il fut
devenu un “esprit vivifiant”
[[130]]
Comme
être humain, il n'aurait pu venir dans la chambre sans ouvrir la porte; mais
comme être spirituel il le pouvait et cela à l'instant, se créant et prenant
le corps de chair et le vêtement qu'il fallait pour le but qu'il s'était
proposé.
Nous
ne pouvons admettre un instant ce qui est suggéré par quelques-uns, que
notre Seigneur ouvrit la porte sans être vu ; par tout ce qui est dit sur ce
sujet, il est clair qu'il est venu et qu'il s'est présenté au milieu d'eux
pendant que les portes étaient fermées: — probablement très soigneusement
barrées et verrouillées “par la crainte qu'ils avaient des Juifs”. —
Jean 20 : 19, 26.
La
leçon de son changement de nature fut encore plus accentuée par Sa manière
de les quitter; “il disparut de devant eux”. Le corps humain de chair et
d'os,etc., et le vêtement qui apparaissaient subitement, tandis que les
portes étaient fermées, ne sortaient pas par la porte, mais disparaissaient
simplement ou se dissolvaient dans les mêmes éléments desquels il les avait
créés un moment auparavant. Il disparaissait de leur présence et n'était
plus vu par eux lorsque la chair, les os et les vêtements dans lesquels il
s'était manifesté avaient été dissous, bien qu'on ne puisse douter qu'il
continuât à être présent avec eux invisiblement. C'est de cette manière
qu'il fut avec eux la plus grande partie du temps pendant ces quarante
jours.
En
des occasions spéciales, pour des instructions particulières, Dieu accorda
un pouvoir semblable à d'autres êtres spirituels, à des anges, les rendant
capables [[131]] d'apparaître comme hommes dans des corps de chair et d'os,
de manger et de s'entretenir avec ceux qu'ils instruisaient, de la même
manière que le fit notre Seigneur (Genèse
18 ;
Juges 6 : 11-22;
13 : 3-20 et
l'explication qui en est donnée dans le Volume I, pages 213 à 216).
Le
pouvoir, manifesté par notre Seigneur et par les anges de créer et de
dissoudre les vêtements dans lesquels ils apparaissaient, était tout aussi
surhumain que celui de créer et de dissoudre les corps humains qu'ils
avaient pris: et ces corps n'étaient pas plus leurs glorieux corps
spirituels que les vêtements qu'ils portaient. Nous rappelons que la robe
sans couture et les autres vêtements que notre Rédempteur portait avant sa
crucifixion avaient été partagés entre les soldats romains, et que le
linceul, les bandes et le linge du tombeau avaient été laissés, plies à
part, dans le sépulcre (Jean
19 : 23, 24 ;
20 : 5-7). Il fallait donc que les vêtements avec lesquels il
apparut dans les occasions mentionnées plus haut fussent créés spécialement
et probablement appropriés à chaque occasion. Par exemple, lorsqu'il apparut
à Marie comme un jardinier, il est probable qu'il portait des habits
ressemblant à ceux d'un jardinier.
Les
différents corps avec lesquels notre Seigneur apparut furent réellement des
corps humains et non de simples illusions; il le fit comprendre à ses
disciples lorsqu'il mangea avec eux et les invita à le toucher et à voir que
son corps était réellement de chair et d'os, en disant : Pourquoi êtes-vous
troublés ?... Voyez mes mains et mes pieds; touchez-moi et voyez: un esprit
n'a ni chair ni os comme vous voyez que j'ai.
Certains chrétiens tirent d'absurdes conclusions de ces paroles de notre
Seigneur ayant rapport à la réalité du corps de chair et d'os qu'il avait
pris. Ils prennent ce corps pour son corps spirituel, et déclarent...
[[132]] qu'un corps spirituel est de chair et d'os, exactement semblable à
un corps humain, en exceptant toutefois quelque chose d'indéfinissable
qu'ils appellent esprit et qui coulerait à travers les veines à la place du
sang. Ils semblent mépriser la déclaration de Jésus qu'un esprit n'a ni
chair ni os, et que par conséquent ce corps-là n'était pas un corps
spirituel. Oublient-ils jusqu'aux paroles de Jean: que ce qu'un corps
Spirituel est n'a pas encore été manifesté, et que nous ne pouvons savoir
comment il est avant que nous soyons changés et faits semblables à Jésus et
qu'alors nous le verrons, non tel qu'il était, mais tel qu'il est ? (1
Jean 3 : 2) Oublient-ils aussi les paroles catégoriques de
l'apôtre Paul, que “la chair et le sang ne peuvent hériter le royaume de
Dieu” ; et son assurance que, par conséquent, tous les héritiers avec Christ
doivent également être changés” ? —
1 Corinthiens 15 : 50, 51.
Beaucoup de chrétiens croient que le glorieux corps spirituel de notre
Seigneur est le même corps qui fut crucifié et déposé dans le sépulcre de
Joseph; ils espèrent, lorsqu'ils verront le Seigneur dans la gloire, pouvoir
l'identifier, le reconnaître par les cicatrices qui lui furent faites au
Calvaire. Ceci est une grande erreur qu'un peu de réflexion seulement suffit
à démontrer. Premièrement cela prouverait que son corps ressuscité n'est pas
glorieux ou parfait, mais défiguré par des cicatrices. Deuxièmement, cela
prouverait que nous savons ce qu'est un corps spirituel, malgré la
déclaration contraire de l'apôtre. Troisièmement, cela prouverait que le
prix de notre rédemption fut repris, car Jésus dit : Je donne ma chair pour
la vie du monde. Ce fut sa chair, sa vie comme homme, son humanité, qu'il
sacrifia pour notre rédemption. Et lorsqu'il fut de nouveau ressuscité à la
vie, par le pouvoir du Père, ce ne fut pas à une existence humaine, parce
qu'il l'avait sacrifiée pour payer notre rançon. Si donc ce prix de la
rançon avait été repris, nous serions encore sous la condamnation de la mort
et sans espérance.
Nous
n'avons pas plus raison de supposer que le corps spirituel de notre Seigneur
est depuis sa résurrection un corps humain, que de supposer que son corps
spirituel avant sa première venue fut humain ou que d'autres êtres
spirituels ont des corps humains; car un esprit n'a ni chair ni os, et
l'apôtre Pierre dit que Jésus “a été mis à mort chair, mais rendu vivant
esprit.”
Le
corps humain de notre Seigneur fut cependant enlevé d'une manière
surnaturelle de la tombe parce que, s'il y était resté, il aurait été un
obstacle insurmontable à la foi des disciples qui n'étaient pas encore
instruits dans les choses spirituelles, car l'Esprit n'était pas encore
donné (Jean
7 : 39). Nous ne savons rien de ce qu'il advint, si ce n'est que
Son corps ne sentit pas la corruption (Actes
2 : 27, 31). S'il fut dissous en gaz, ou s'il est encore
préservé quelque part comme un grand mémorial de l'amour de Dieu, de
l'obéissance de Christ et de notre rédemption, personne ne le sait; et
d'ailleurs il n'est pas nécessaire de le savoir. Nous avons l'assurance que
Dieu cacha miraculeusement le corps de Moïse (Deutéronome
34 : 6 ;
Jude 9) ; nous savons de plus qu'il préserva miraculeusement de
la corruption, comme un mémorial, un vase plein de manne qui fut placé dans
l'arche du tabernacle sous le propitiatoire et que cette manne symbolisait
la chair de notre Seigneur, le pain du ciel (Exode
16 : 20, 33 ;
Hébreux 9 : 4 ;
Jean 6 : 51-58). Nous ne serions, par conséquent, point du tout
surpris si dans le Royaume Dieu montrait au ; monde le corps de chair
crucifié pour tous comme rançon en leur faveur, ce corps dont il ne permit
pas la corruption mais qu'il préserva comme un témoignage éternel de l'amour
infini et de l'obéissance parfaite. Il est du moins possible que
Jean 19 : 37 et
Zacharie 12 : 10 puissent s'accomplir dans ce sens et que ceux
qui criaient :
[[134]]
Crucifie-le puissent encore, comme témoins, identifier le corps même percé
par la lance et meurtri par les clous et les épines.
Considérer le corps glorieux de notre Seigneur comme un corps de chair
n'expliquerait en rien ses apparitions particulières et soudaines durant les
quarante jours qui précédèrent son ascension. Comment pouvait-il apparaître
et disparaître si subitement ? Comment se fit-il qu'il ne se montra presque
jamais durant ces quarante jours ? Et pourquoi ses apparitions étaient-elles
chaque fois si différentes qu'il ne fut jamais reconnu comme étant le même
qui était apparu précédemment, ou comme celui qui était si bien connu et
tant aimé avant sa crucifixion peu de jours seulement auparavant ?
Il ne
sert à rien de dire que ses apparitions étaient des miracles, car il
faudrait alors en démontrer la nécessité ou l'utilité. Si après sa
résurrection, son corps avait été de chair et d'os, le même qui fut
crucifié, avec tous ses traits et ses cicatrices, pourquoi aurait-il opéré
des miracles qui non seulement n'établissaient pas ce fait, mais
enseignaient bien plutôt le contraire, savoir, que lui-même n'était plus un
être humain de chair et d'os, mais un être spirituel qui pouvait aller et
venir comme le vent, de sorte que personne ne pouvait dire d'où il venait,
ni où il allait, et qui, pour les instruire, apparaissait comme homme, dans
différents corps de chair et d'os qu'il créait et dissolvait selon
l'occasion du moment ?
Avant
Sa crucifixion, notre Seigneur avait vécu en termes d'intimité avec ses
disciples, mais après sa résurrection, bien qu'il ne les aimât pas moins, il
se comportait avec eux d'une manière plus réservée. Son but était sans doute
de les impressionner plus fortement par la dignité et l'honneur de sa haute
exaltation, de leur inspirer la révérence due à sa personne et à son [[135]]
autorité. Bien que, comme homme, Jésus n'ait jamais manqué au maintien de la
dignité qui commande le respect, une plus grande réserve était nécessaire et
appropriée après son changement à la nature divine. Une telle réserve a
toujours été maintenue par Jéhovah vis-à-vis de ses créatures et elle est
appropriée vu les circonstances. Cette réserve se remarqua dans toutes les
entrevues de notre Seigneur avec ses disciples, après sa résurrection.
Celles-ci furent très courtes, ainsi qu'il leur avait dit : Je ne vous
parlerai plus guère. —
Jean 14 : 30.
Ceux
qui croient que notre Père céleste est un esprit et non un homme ne
devraient éprouver aucune difficulté à comprendre que notre Seigneur Jésus,
qui est maintenant élevé à la nature divine et qui n'est pas seulement à la
ressemblance morale de Dieu, mais qui est réellement l'empreinte de la
personne du Père, n'est plus un homme, mais un être spirituel que nul homme
n'a vu ni ne peut voir sans un miracle. Il est aussi impossible pour les
hommes de voir la gloire découverte de notre Seigneur qu'il leur serait
impossible de contempler Jéhovah. Pensons un moment comment le simple reflet
de la gloire spirituelle affectèrent Moïse et Israël au Sinaï (Hébreux
12 : 21 ;
Exode 19 ;
20 : 19-21 ;
33 : 20-23 ;
34 : 29-35) - Ce spectacle était si terrible, si accablant et
effrayant, que Moïse dit : je suis épouvanté et tout tremblant ! De plus,
quoique Moïse eût été surnaturellement fortifié pour recevoir et écrire la
loi divine (Exode
34 : 28) et pour contempler la gloire du Seigneur, de manière
qu'il put rester sans nourriture et boisson quarante jours et quarante
nuits, seul avec Dieu, couvert par sa gloire, cependant lorsqu'il désira
voir l'Eternel face à face, il lui fut dit : “Tu ne peux pas voir ma face,
car l'homme ne peut me voir et vivre” (Exode
33 : 20). Par conséquent, tout ce que Moïse vit était une
apparence représentant Dieu ; rien de plus n'était possible. Ceci s'accorde
également avec les paroles... [[136]] de l'apôtre : Personne n'a jamais vu
Dieu : il est le Roi immortel, invisible, que nul homme n'a vu, ni ne peut
voir, (1
Timothée 6 : 15, 16); mais que les êtres spirituels puissent
voir et effectivement voient Dieu, qui est Lui-même un être spirituel, cela
est clairement dit dans
Matthieu 18 : 10.
Si
notre Seigneur est toujours l'homme Christ Jésus qui s'est donné lui-même en
rançon pour tous (1
Timothée 2 : 5, 6), si après avoir subi la mort dans la chair,
il est ressuscité de nouveau dans la chair et non pas comme l'apôtre le
déclare, un esprit vivifiant, alors au lieu d'être élevé au-dessus des anges
et au-dessus de tout nom qui se peut nommer dans les cieux et sur la terre,
il est encore un homme. S'il a conservé la forme de serviteur qu'il avait
prise afin de pouvoir souffrir la mort pour tous, et s'il est toujours un
peu moindre que les anges, il ne peut jamais voir Dieu. Combien une telle
manière de voir est déraisonnable lorsque nous l'examinons soigneusement à
la lumière du témoignage apostolique. Pensez de même que si la chair de
notre Seigneur, qui fut percée par les clous et la lance, blessée par la
couronne d'épines et marquée par l'affliction, est son corps Spirituel
glorieux, si les cicatrices et les traits humains défigurés sont des parties
intégrantes du Seigneur souverainement élevé, il serait loin d'être beau,
lors même que nous aimerions les blessures endurées pour nous. S'il possède
un corps ainsi cicatrisé et imparfait, et si, nous devons lui être faits
semblables, cela n'impliquerait-il pas que les apôtres et les saints qui ont
été crucifiés, décapités, lapidés, brûlés, coupés en morceaux et déchirés
par les bêtes féroces, ainsi que ceux qui sont morts par accident,
porteraient chacun leurs cicatrices et les marques de leurs blessures ? Et
avec cette manière de voir y aurait-il un spectacle plus horrible que celui
que présenterait le ciel pendant toute l'éternité ? Mais il n'en est pas
ainsi, et personne ne [[137]] pourrait conserver longtemps une manière de
voir si déraisonnable et antibiblique. Les êtres spirituels sont des êtres
parfaits en tous points ; l'apôtre, du reste, rappelle à l'Eglise, qui est
l'héritière de la gloire et des honneurs, spirituels ou célestes, que,
quoique semé en faiblesse (avec des marques et blessures, etc.], il [l'être]
ressuscite en puissance ; quoique 'semé en déshonneur [avec des traits de
soucis et d'affliction, etc.], il ressuscite en gloire ; quoique semé corps
naturel [litt. “corps animal”], il ressuscite corps spirituel ; et que de la
même manière que nous avons porté l'image du père terrestre nous porterons
l'image du Seigneur céleste (1
Corinthiens 15 : 42-51). Notre Seigneur Jésus prit et porta
aussi pour un moment l'image du terrestre, en notre faveur, afin de pouvoir
nous racheter. Mais par sa résurrection il devint le Seigneur céleste (Romains
14 : 8), et nous, si nous sommes fidèles, nous porterons bientôt
l'image du Seigneur céleste (des corps spirituels), comme nous portons
encore l'image du seigneur terrestre, Adam (des corps humains).
Rappelez-vous le cas de Paul: pour qu'il pût être un des apôtres, il dut
être un témoin, il dut voir le Seigneur après sa résurrection. N'ayant pas
été un de ceux qui virent les manifestations de sa résurrection et de sa
présence pendant les quarante jours, il lui fut donné une vue spéciale et
rapide du Seigneur. Mais il ne le vit pas comme le virent les autres, voilé
par la chair et sous des vêtements de formes diverses. Le simple regard de
la personne glorieuse, découverte de notre Seigneur fit qu'il fut jeté par
terre, aveuglé par une gloire dont l'éclat surpassait de beaucoup celui du
soleil en plein midi. Pour le guérir de cet aveuglement, ne fût-ce même
qu'en partie, il fallait un miracle (Actes
9 : 17, 18). Paul ne vit-il pas le Seigneur tel qu'il est — un
être spirituel ? Et notre Seigneur n'apparut-il pas durant les quarante
jours tel qu'il était, c'est-à-dire tel qu'il avait [[138]] été
précédemment, pour les desseins et les raisons spéciales déjà indiquées ? Il
ne peut y avoir là aucun doute. Mais le Seigneur avait un but en
apparaissant ainsi à Paul comme il avait son but en apparaissant
différemment aux autres. Ce but, Paul le montre en disant : “Après eux tous,
il m'est aussi apparu — comme à quelqu'un né avant le propre temps” (1
Corinthiens 15 : 8, trad. litt.). Comme la résurrection de Jésus
fut sa naissance de la mort à la pleine perfection de l'être spirituel (Col.
1 : 18 ;
Romains 8 : 29), ainsi la résurrection de l'Eglise, le corps de
Christ, est indiquée ici et ailleurs comme une naissance. Dans notre
naissance comme êtres spirituels, nous verrons le Seigneur tel qu'il est,
juste comme Paul l'a vu, mais alors étant nés ou changés en êtres
spirituels, nous ne serons pas jetés par terre ni aveuglés par l'éclat de la
glorieuse personne de notre Seigneur. Les paroles de Paul veulent dire qu'il
l'a vu comme nous le verrons, tel qu'il est ; il l'a vu comme tout le corps
de Christ doit le voir, mais AVANT LE PROPRE TEMPS, avant d'être né de la
mort et par conséquent avant d'être capable de le supporter, et cependant
“comme” chacun de ceux qui seront nés ainsi le verra au propre temps.
Moïse, descendant de la montagne pour communiquer au peuple l'alliance de la
loi, fut un type du plus grand législateur et médiateur de la Nouvelle
Alliance, qui, à son second avènement, viendra pour gouverner et bénir le
monde. Moïse, par conséquent, typifiait l'Eglise tout entière de laquelle
notre Seigneur est le Chef. La face de Moïse était tellement éclatante que
le peuple ne pouvait pas le regarder et qu'il dut à partir de là porter un
voile comme un type de la gloire spirituelle de Christ, ce qui illustre le
point que nous examinons. Christ à la gloire et la splendeur réelle, Il est
l'empreinte de la personne du Père, et nous lui serons semblables ; personne
ne peut contempler cette gloire.
[[139]]
C'est
pourquoi, quelles que puissent être alors les manifestations du grand
législateur ou monde, quand la gloire du Seigneur sera révélée, la gloire
des personnes spirituelles ne pourra être vue. Celles-ci parleront à travers
le voile, couvertes. Le voile de Moïse signifie cela et plus encore. —
Exode 34 : 30-33.
Plus
nous étudions soigneusement la chose, plus nous reconnaissons la sagesse
divine déployée dans la manière dont la résurrection de notre Seigneur fut
révélée aux apôtres, pour qu'ils soient entièrement satisfaits et soient en
même temps des témoins dignes de confiance, afin que les humbles du monde
puissent être à même de recevoir leur témoignage et croire que Dieu a
ressuscité notre Seigneur d'entre les morts, qu'ils puissent le reconnaître
comme celui qui a été mort, mais qui maintenant est vivant aux siècles des
siècles, et qu'en croyant ils puissent venir à Dieu par Lui. Et lorsque nous
le considérons sous la direction du saint Esprit de vérité, nos idées
s'élargissent et nous ne le voyons plus comme l'homme Christ Jésus, mais
comme le Seigneur de gloire et de puissance, participant de la nature
divine. Et ainsi nous le reconnaissons pour celui dont la venue et le
royaume ont été si longtemps l'objet des prières de l'Eglise. Il n'y a
personne qui, reconnaissant comme il faut sa haute exaltation, puisse
l'attendre à sa seconde venue comme l'homme Christ Jésus, avec un corps de
chair préparé pour le sacrifice, meurtri et donné dans la mort comme notre
rançon. Nous ne devons pas nous attendre non plus à ce qu'à sa seconde venue
il apparaisse ou monde ou se manifeste, lui-même sous des formes variées de
chair et d'os, ce qui avait été nécessaire pour les premiers témoins, mais
qui ne l'est plus maintenant. Il manifestera sa seconde présence d'une
manière bien différente, comme nous le verrons.
[[140]]
D'après ce que nous avons vu concernant des êtres spirituels et leurs
manifestations d'autrefois, il est évident que si notre Seigneur devait se
manifester à son second avènement, soit en préparant les yeux des hommes
pour contempler sa gloire, comme; il l'a fait pour Paul et Daniel, soit en
prenant un corps humain, ce serait au détriment du plan révélé dans sa
Parole. L'effet de son apparition, en gloire, aux humains, leurs yeux étant
miraculeusement traités pour les rendre capables de le voir, serait pour
ainsi dire de les paralyser par sa clarté éblouissante; tandis que son
apparition comme un homme rabaisserait le standard de sa dignité et
donnerait une trop faible idée de la nature et de la forme divine. Comme ni
l'une ni l'autre de ces méthodes ne semblent être nécessaires ou à propos
maintenant, nous croyons qu'aucune d'elles ne sera adoptée.
Au
contraire, nous devrions nous attendre à ce que le Christ soit manifesté en
chair à l'humanité de la même manière que Dieu a été manifesté en chair
lorsque le Seigneur fut fait chair et habita parmi les hommes. Une nature
humaine, parfaite et en harmonie avec Dieu, est une ressemblance de Dieu
dans la chair; ainsi, Adam dans sa perfection originelle fut une image de
Dieu, et l'homme Christ Jésus le fut également. Aussi Jésus pouvait-il dire
à Philippe qui désirait voir le Père : Celui qui m'a vu a vu le Père; il a
vu l'image de Dieu dans la chair, Dieu manifesté dans la chair. —
1 Timothée 3 : 16, Laus.
IL en
sera de même pour l'humanité en général quand ses membres reviendront peu à
peu à l'image de Dieu, perdue depuis si longtemps, ils seront des images et
des ressemblances du Père et du Christ. Tout au commencement du Millénium,
comme nous l'avons vu, le monde aura devant lui des modèles de l'humanité
parfaite (Vol. I, pages 344 à 352) ; Abraham, [[141]] Isaac, Jacob et les
Maints prophètes déjà jugés et approuvés, seront les “princes” parmi les
hommes, les illustrations et les représentants du royaume spirituel et
invisible. En ceux-ci, Christ sera manifesté — dans leur chair de la même
manière que le Père fut manifesté dans la chair de Christ. Et dans la mesure
où chacun le voulant, parviendra à la perfection et se trouvera en parfaite
harmonie avec la volonté de Christ, il sera une image de Dieu et de Christ,
et dans chacun de ceux-là Christ sera manifesté.
L'homme parfait, entièrement consacré, sera capable de saisir parfaitement
le saint Esprit et la Parole de Dieu, parce qu'il sera créé à l'image morale
de Dieu; l'Eglise glorifiée le dirigera. De même, il n'y a aucun doute que
des visions et des révélations directes, ainsi que des communications
générales entre le royaume spirituel et Ses représentants terrestres seront
beaucoup plus faciles et plus générales que ne le furent jamais Auparavant
des communications semblables ; elles se feront plutôt de la même manière
que celles qui eurent lieu en Eden avant que le péché eut amené la
condamnation et le retrait de la faveur et de la communion de Dieu.
Au
point de vue de la raison et des Ecritures, rien n'exige que notre Seigneur
apparaisse à son second avènement dans divers corps de chair et d'os. Une
telle manière de faire n'est pas essentielle; cela est rendu évident par le
succès du royaume de Satan qui opère au moyen d'êtres humains, ses agents.
Ceux qui participent à l'esprit du mal et de l'erreur représentent très tien
le grand prince invisible; c'est de cette manière qu'il est manifesté dans
leur chair, bien que lui-même soit un être spirituel, invisible à l'homme.
Christ et son Eglise, [Le Christ], “changés” et faits participants de la
nature divine, seront des êtres spirituels aussi vrai que Satan en est un,
et seront [[142]] également invisibles aux hommes. Leurs façons d'opérer
seront semblables aux siennes bien que directement opposées quant à leur
caractère et à leurs résultats ; leurs agents honorés, non liés et asservis
par l'ignorance et la faiblesse, comme le sont la plupart des serviteurs de
Satan, mais rendus parfaits et véritablement libres, agiront de façon
intelligente et harmonieuse, volontairement et par amour ; leurs nominations
seront des récompenses de la justice.
La
présence de notre Seigneur sera manifestée au monde par des démonstrations
de “puissance et de grande gloire”, non, toutefois, simplement pour la vue
naturelle, mais pour les yeux de leur intelligence qui seront ouverts pour
pouvoir reconnaître les grands changements qu'effectuera le nouveau
Gouverneur. Sa présence et sa juste autorité auront reconnues tant par les
châtiments que par les bénédictions qui Seront déversés sur l'humanité par
le moyen de son règne.
On a
cru généralement, depuis longtemps, que la détresse et les troubles viennent
sur les méchants comme des châtiments pour les mauvaises actions. Cela
paraissant être une loi naturelle et logique, le peuple en général l'a
accepté pensant qu'il devrait en être ainsi, même si cela n'est pas.
Cependant les faits de l'expérience s'accordent avec la Bible et montrent
que dans le passé ce sont les hommes pieux qui ont le plus souffert les
afflictions et les persécutions (2 Timothée 3 : 12). Mais dans le Jour de la
détresse, la période des quarante années qui introduit le règne du Messie,
c'est l'inverse qui commence à se produire. Et comme dans ce jour les
puissances du mal doivent être renversées, la justice, établie par un
processus graduel, fera promptement un travail de rétribution pour les
méchants et de bénédictions pour ceux qui font le bien. “Tribulation et
angoisse sur toute âme d'homme qui fait le mal !... mais gloire, honneur et
paix pour quiconque fait le [[143]] bien, dans ce jour de la colère et de la
manifestation du juste jugement de Dieu, qui rendra à chacun selon ses
œuvres (Romains
2 : 9, 10, 6, 5)... Et comme il y a maintenant tant de mal et
tant de mauvaises choses, la rétribution sera d'abord très douloureuse
produisant un temps de détresse tel qu'il n'y en a point eu depuis qu'il
existe une nation. C'est dans la vengeance, la détresse et, la colère sur
les nations que le Seigneur révélera au monde le fait du changement de
dispensations et de gouvernants. Ainsi, lorsque les jugements de l'Eternel
s'exerceront sur la terre, les habitants du monde apprendront la justice (Esaïe
26 : 5-11. Ils apprendront que sous le nouvel ordre de choses
ceux qui feront le bien seront élevés et ceux qui feront le mal réprimés et
punis. Pour avoir un clair témoignage prophétique concernant ce royaume, son
œuvre en faveur des humbles, des intègres, des pauvres, des nécessiteux et
des opprimés, son renversement des monopoles et de tout système d'injustice
et d'oppression, aussi bien que son nivellement général des affaires
humaines, lisez soigneusement les
Psaumes 72 : 1-19 et
37 : 1-14.
Notre
Roi se révélera ainsi graduellement : les uns discerneront plus tôt que les
autres le nouveau Gouverneur, mais finalement tout œil le verra [horao
— discernera, reconnaîtra] (Apocalypse
1 : 7). Mais il vient avec les nuées et tandis que les nuées de
la détresse sont épaisses, noires et pesantes, que les montagnes (royaumes
de ce monde) tremblent et chancellent, que la terre (la société) est
ébranlée, se dissout et se fond, quelques-uns commenceront à reconnaître ce
que nous proclamons maintenant comme étant déjà là; savoir, que le grand
jour de Jéhovah est venu; que le jour prédit de la détresse et de la colère
sur les nations est commencé; que l'Oint de Jéhovah prend à lui son grand
pouvoir et commence son œuvre, faisant de la droiture [[144]] une règle et
de la justice un niveau (Esaïe
28 : 17). Il faut qu'il règne jusqu'à ce qu'il ait renversé
toute autorité et toutes les lois de la terre contraires à celles qui
règnent au ciel.
A
mesure que la détresse augmentera, les hommes chercheront, mais en vain, une
protection dans les “fentes” et les “cavernes”, les grands rochers et les
forteresses de la société (franc-maçonnerie, Bons Templiers, syndicats,
corporations et toutes les sociétés séculières et religieuses) et dans les
montagnes (gouvernements) de la terre, en disant : “Tombez sur nous*
[couvrez-nous, protégez-nous] et cachez-nous devant la face de celui qui est
assis sur le trône; et devant la colère de l'Agneau car le grand jour de sa
colère est venu.” —
Apocalypse 6 : 15-17.
* Le mot grec épi, employé ici, est généralement traduit par sur, mais
il signifie aussi autour et par dessus il est souvent rendu ainsi dans
nos traductions françaises .La pensée est celle de protection et non de
destruction L’interprétation générale de ce passage, comme s'il
enseignait que les hommes méchants auront assez de foi pour prier que
des montagnes tombent littéralement sur eux est absurde.
L'accomplissement réel commence déjà les grands, les riches, ainsi que
les pauvres mêmes cherchent un refuge auprès des montagnes, des rochers
et des cavernes pour les abriter contre l'orage menaçant de la détresse
que tous voient se préparer à fondre sur eux.
L'idolâtrie de l'argent, dans laquelle le monde entier s'est lancé avec
folie, et qui aura une place si importante dans la détresse, en causant,
non seulement de l'anxiété pour son accumulation, mais aussi pour sa
préservation, doit être complètement renversée, comme cela est montré
dans
Esaïe 2 : 8-21 et
Ezéchiel 7 : 17-19.
Le
jour de détresse sera reconnu, et tous chercheront à être protégés de sa
tempête, mais peu reconnaîtront les jugements du Seigneur, alors dans le
monde, comme le résultat de sa présence, l'établissement de [[145]] son
autorité et la mise en vigueur de ses lois. A la fin cependant tous devront
reconnaître [voir] le Roi de gloire; et alors tous ceux qui aiment la
justice seront heureux de lui obéir et de se conformer entièrement à ses
justes exigences.
Ce
sera un temps de rétribution pour tous ceux qui, par fraude ou par force,
souvent au nom de la loi et sous sa Sanction, auront injustement accaparé
les droits ou la propriété des autres. La rétribution, comme nous l'avons
vu, viendra du Seigneur par le soulèvement des masses du peuple. Dans leur
détresse, ne se séparant qu'à regret d'un dollar ou d'un arpent de terre,
d'un droit ou d'un honneur incontestés qu'ils se sont attribués et dont ils
ont longtemps joui, mais voyant la rétribution approcher, plusieurs
chercheront la protection des organisations civiles, sociales et
religieuses, jadis puissantes, pour favoriser et protéger leurs intérêts,
sentant bien qu'ils tomberaient s'ils en étaient réduits à leurs propres
forces. Mais celles-ci ne seront pas capables de les délivrer au jour de la
colère de l'Eternel. Le conflit et la rétribution qui approchent feront que
ce sera un temps de détresse tel qu'il n'y en a point eu depuis qu'il existe
une nation, et qu'il n'y en aura jamais. Ce sera à cause de lui qu'elles se
lamenteront; à cause de ses jugements qui produiront cette grande détresse
d'une façon naturelle, et à cause de l'Eternel qui se lèvera pour ébranler
terriblement la terre et détruire ses corruptions (Esaïe
2 : 31). La détresse et les jugements seront si étendus que
personne n'échappera. A la fin, tous les yeux discerneront le changement et
reconnaîtront que l'Eternel règne. La détresse pourrait être atténuée si les
hommes pouvaient voir et agir promptement selon les principes d'équité, en
renonçant aux injustes privilèges du passé et en les abandonnant, quand bien
même ils seraient autorisés par la loi; mais l'égoïsme ne le permettra pas,
jusqu'à ce [[146]] que le temps de détresse ait fait tomber les orgueilleux
et les ait brisés, qu'il ait humilié; les puissants et élevé les humbles.
La
grande masse de l'humanité cependant n'arrivera à comprendre le véritable
état des choses que lorsque le grand jour de détresse sera près de finir,
lorsque les royaumes des nations seront réduits en poussière et auront :
complètement disparu, aucun lieu ne se trouvant pour eux, après 1914, comme
nous l'avons montré dans le chapitre précédent; et aussi lorsque Babylone la
Grande aura été renversée de fond en comble et son influence sur le monde
entièrement brisée. Alors l'humanité verra que la grande détresse qu'elle
aura traversée était ce que
Apocalypse 16 : 14 appelle symboliquement la bataille du grand
jour du Dieu tout-puissant ; que dans la proportion où les gens ont soutenu
l'erreur et le mal, ils ont combattu contre la loi et les forces du nouvel
empire et du nouveau gouverneur de la terre; que dans la proportion où leurs
langues, leurs plumes, leurs mains, leur influence et leurs moyens ont été
employés pour aider le droit et la vérité, dans n'importe quelle affaire,
ils ont combattu du côté du Seigneur.
Quelques-uns apprendront la signification de la détresse plus vite que
d'autres, parce qu'ils seront plus dociles. Et durant toute la détresse il y
aura dans le monde ceux qui témoigneront pour la cause de Dieu en déclarant
la présence du Seigneur et l'établissement de son royaume, qui est en
opposition avec les puissances des ténèbres, sont les vraies causes de la
détresse, de l'ébranlement et du renversement de la société; ils
démontreront que tous ceux qui s'opposent à la vérité et à la justice sont
les ennemis du nouveau royaume, et que s'ils ne se rendent pas promptement,
ils souffriront bientôt une défaite ignominieuse. Cependant, comme toujours,
les masses ne tiendront pas compte de ces sages conseils jusqu'à ce qu'elles
soient tout à fait [[147]] humiliées sous la règle de fer du nouveau
royaume, et ce sera seulement à la fin qu'elles réaliseront la folie de leur
conduite. !
Le
véritable instructeur, le porteur de la lumière (Matthieu
5 : 14), la vraie Eglise, le corps de Christ, ne sera pas laissé
dans les ténèbres pour reconnaître la présence de son Seigneur par les
manifestations de sa colère et de la puissance comme le monde devra
l'apprendre. Des dispositions spéciales ont été prises pour qu'il soit
éclairé là-dessus. Par la sûre parole prophétique, qui brille comme une
lampe dans un lieu obscur (2
Pierre 1 : 19), l'Eglise sera clairement et avec précision
renseignée sur ce qu'elle a à attendre. Par la parole prophétique, elle sera
non seulement gardée du découragement, et mise à même de surmonter les
attaques, les pièges et les pierres d'achoppement qui abondent dans le
mauvais jour et, par ce fait, de rester debout, approuvée de Dieu, mais elle
deviendra le porteur de la lumière et l'instructeur du monde. Elle sera
ainsi rendue capable de lui indiquer les causes de la détresse, d'annoncer
la présence du nouveau Gouverneur, de faire connaître la politique, le plan
et le but de la nouvelle dispensation et d'instruire le monde sur la marche
la plus sage qu'il puisse suivre en vue de ces choses. Si même les hommes ne
font aucune attention à ces instructions jusqu'à ce que par la détresse ils
aient été forcés d'apprendre la leçon de la soumission, cela néanmoins les y
aidera grandement. C'est à cette mission des pieds, des derniers membres de
l'Eglise, qui déclareront sur les montagnes [royaumes] que le règne de
Christ est commencé,
qu'Esaïe 52 : 7 fait allusion.
PASSAGES DES ÉCRITURES APPAREMMENT
CONTRADICTOIRES
IL
y a certaines déclarations des Ecritures au sujet de la manière dont
notre Seigneur reviendra et apparaîtra qui, jusqu'à ce qu'on en ait fait
un examen très [[148]] soigneux, semblent se contredire les unes les
autres. Il n'y a pas de doute qu'elles aient servi pendant des siècles
le dessein de Dieu de sceller la vérité jusqu'au temps où elle serait
propre à être comprise; et même alors, cette vérité doit rester scellée
pour tous, excepté pour la classe spéciale de consacrés à laquelle seule
elles étaient destinées,
Notre
Seigneur dit par exemple : Voici, je viens comme un voleur, et comme il
arriva aux jours de Noé, il en sera aussi de même aux jours du Fils de
l'homme [aux jours de sa présence]: On mangeait, on buvait, on se mariait,
on donnait en mariage et ils ne connurent rien, jusqu'à ce que le déluge
vint. Lorsque les pharisiens demandèrent à Jésus quand viendrait le Royaume
de Dieu, il répondit et leur dit : Le Royaume de Dieu ne vient pas de
manière à frapper les regards [ou Laus: à se faire remarquer et Stapfer:
avec des marques extérieures. —
Apocalypse 16 : 15 ;
Luc 17 : 26, 27, 20,
Matthieu 24 : 38, 39.
Ces
passages déclarent et illustrent la manière dont le Seigneur viendra. Elles
montrent qu'il sera invisiblement présent et fera une œuvre dont le monde
sera complètement ignorant, ne s'apercevra pas pour un temps. Son arrivée
doit par conséquent se faire d'une façon tranquille, inaperçue et
entièrement ignorée du monde, exactement comme le ferait un larron qui vient
sans bruits ou sans aucune démonstration qui puisse attirer l'attention.
Comme dans les jours de Noé chacun vaquait à ses affaires d'une manière
habituelle, sans être en aucune façon déconcerté et sans ajouter la moindre
foi à ce que Noé leur disait de la venue d'un déluge, de même, dans la
première partie du Jour du Seigneur, le monde n'ayant aucune foi dans
l'annonce de sa présence et de la détresse imminente, fait selon ses
habitudes, ne prêtant aucune attention à ce qui lui est annoncé à ce sujet,
jusqu'à ce que dans le grand [[149]] déluge de la détresse, le vieux monde,
le vieil ordre de choses, s'écroule et passe pour préparer la voie au plein
établissement du nouvel ordre de choses, le Royaume de Dieu sous tous les
cieux. “Comme il arriva aux jours de Noé, il en sera aussi de même aux jours
[de la présence] du Fils de l'homme”.
D'autre part, il y a des passages bibliques qui, à première vue, semblent
être en contradiction directe avec ceux-ci ; comme par exemple : Le Seigneur
lui-même, avec un cri de rassemblement, avec la voix de l'Archange et avec
la trompette de Dieu, descendra du ciel (Darby)— Le Seigneur Jésus sera
révélé du ciel avec les anges de sa puissance, en flammes de feu, exerçant
la vengeance sur ceux qui ne connaissent point Dieu et sur ceux qui
n'obéissent pas à l'évangile de notre Seigneur Jésus-Christ — Toutes les
tribus de la terre verront le Fils de l'homme venant sur les nuées du ciel
avec puissance et une grande gloire. Voici, il vient avec les nuées; et tout
œil le verra. —
1 Thessaloniciens 4 : 16 ;
2 Thessaloniciens 1 : 7, 8 ;
Matthieu 24 : 30,
Apocalypse 1 : 7.
Comme
chercheurs de la vérité, il ne nous convient pas de dire, par rapport à ces
passages, que la plupart d'entre eux semblent appuyer justement les vues qui
nous sont chères et d'ignorer les autres. Non, jusqu'à ce que nous ayons une
vue claire de la chose dans laquelle chaque déclaration de la Bible trouve
sa place raisonnable, nous ne devons pas nous croire certains d'avoir la
vérité à ce sujet. Une Seule déclaration de Dieu est aussi véritable et
constitue un aussi ferme fondement pour la foi qu'une centaine. Il serait
plus sage de rechercher une compréhension harmonieuse que d'arriver à une
conclusion ou d'adopter une théorie basée sur une interprétation partielle,
propre à induire soi-même et d'autres en erreur.
[[150]]
Les
chrétiens ne font généralement aucun effort pour harmoniser ces déclarations
de l'Ecriture; c'est pourquoi leurs idées sont unilatérales et incorrectes.
Le second groupement de ces passages bibliques est tout aussi positif que le
premier et semble enseigner tout le contraire d'une venue et d'une présence
du Seigneur, calmes, inaperçues et sans bruit, à la manière d'un voleur. En
plus de ces déclarations, nous connaissons deux autres illustrations de la
manière dont il doit venir, savoir : Ce Jésus qui a été enlevé au ciel du
milieu de vous, viendra de la même manière que vous l'avez vu allant au
ciel. Puis : Comme l'éclair sort de l'orient et apparaît jusqu'à l'occident,
il en sera aussi de même de la présence du Fils de l'homme (Actes
1 : 11 ;
Matthieu 24 : 27). Pour arriver à une conclusion correcte, il
faut aussi donner à ces passages le poids qui leur convient.
En
examinant le sujet, il nous faut bien remarquer que tandis que notre
Seigneur donnait comme un fait positif que son royaume s'établirait sans
apparence extérieure et que sa venue, sa présence, se ferait à la manière
d'un voleur, exigeant une surveillance attentive et suivie pour la
pressentir et la discerner, tous les textes cités plus haut comme preuves
d'une manifestation visible et extérieure, sont écrits dans un langage
hautement figuré, excepté celui où il est dit : Il viendra de la même
manière qu'il s'est en allé. De tels passages symboliques doivent toujours
être interprétés en accord avec ceux qui sont plus clairs et plus littéraux,
aussitôt que leur caractère symbolique est reconnu. Toutes les fois qu'une
interprétation littérale ferait violence à la raison et mettrait le passage
en antagonisme direct avec de claires déclarations des Ecritures, un tel
passage devrait être considéré comme figuré, et il faudrait chercher à
interpréter son symbolisme en harmonie avec ces déclarations claires et
littérales, et avec le caractère et le but du plan révélé. Dans le cas qui
nous occupe, si nous reconnaissons et interprétons ces passages d'après
cette règle, la belle harmonie de tous ceux-ci est manifeste.
[[151]]
Examinons-les maintenant et voyons avec quelle perfection ils concordent
avec les passages qui ne sont pas symboliques.
(a)
Le Seigneur lui-même, avec un cri de rassemblement, avec la voix de
l'Archange et avec la trompette de Dieu descendra du ciel (1
Thessaloniciens 4 : 16). La voix et la trompette mentionnées ici
correspondent en tous points avec les mêmes figures employées dans
Apocalypse 11 : 15-19. Le septième ange sonna de la trompette,
et il y eut de grande voix dans le ciel qui disaient : Le royaume de ce
monde est devenu le royaume de notre Seigneur, et de son Oint; et il régnera
aux siècles des siècles... Les nations se sont émues de colère; et ta colère
est venue, et le temps de juger les vivants et les morts, etc. (Laus.). Les
mêmes événements sont relatés dans la prophétie de Daniel : Et en ce
temps-là se lèvera [prendra le commandement] Micaël [Christ], le grand
chef... et ce sera un temps de détresse tel qu'il n'y en a point eu depuis
qu'il existe une nation... Beaucoup de ceux qui dorment dans la poussière de
la terre se réveilleront. Paul ajoute à sa mention de la voix et de la
trompette la déclaration que les morts en Christ ressusciteront
premièrement. En
2 Timothée 4 : 1 il dit encore que Christ jugera les vivants et
les morts dans ce temps de son apparition et de son royaume : et le
commencement de ce jugement des nations vivantes est partout décrit comme le
plus grand temps de détresse que le monde ait jamais connu. —
Daniel 12 : 1.
Ainsi
Paul, Jean et Daniel parlent évidemment du même temps, le temps de
l'apparition de notre Seigneur et de Rétablissement de son royaume, au
milieu d'un grand temps de détresse ainsi que des événements qui le
précèdent et l'introduisent. Le même résultat est [[152]] montré par chaque
écrivain comme suivant immédiatement Micaël qui se lève, les voix et la
trompette, c'est-à-dire la détresse et la colère sur les nations et la
résurrection des morts. Remarquez ensuite la figure employée : “AVEC UN
CRI”. Le mot grec qui est traduit ici par cri est keleusma et
signifie un cri d'encouragement. Un cri implique l'idée d'un message public
destiné à être entendu, non par quelques-uns, mais par une grande multitude
composé de divers éléments. Il est destiné généralement soit à jeter
l'alarme ou la terreur ou bien il sert à aider et à encourager. Il peut
aussi produire l'un de ces effets sur une classe et l'effet contraire sur
une autre classe, selon les circonstances et les conditions.
L'aspect des affaires dans le monde pendant les quinze dernières années
correspond d'une manière vraiment frappante avec ce symbole, par les
explosions de cris d'encouragement qui font appel aux hommes à se réveiller
au sentiment de leurs droits et de leurs privilèges comme hommes, à
considérer leurs relations mutuelles, les principes sur lesquels elles sont
basées et les fins qu'elles doivent accomplir. Quelle est, sur la face de la
terre, la nation civilisée qui n'a pas entendu ce cri et qui n'en a pas été
influencée ? Le monde civilisé, tout entier, a étudié dans ces dernières
années l'économie politique, les droits civils et les libertés sociales,
comme jamais auparavant dans les annales de l'histoire ; les hommes
s'encouragent les uns les autres et sont encouragés comme ils ne l'avaient
jamais été à examiner ces sujets à fond jusque dans leur base. Le cri
d'encouragement qui a commencé par l'accroissement de connaissances parmi
les hommes a déjà enveloppé la terre, et sous son influence les hommes
s'unissent entre eux, encouragés et aidés par des hommes d'esprit et de
génie en vue de s'efforcer d'obtenir, en luttant, des droits et des libertés
réels ou imaginaires. Comme leurs organisations [[153]] s'accroissent et se
multiplient, le cri s'accentue et devient toujours plus grand pour aboutir
peu à peu, comme il est prédit, au grand temps de détresse et de tumulte de
nations en colère. Ce résultat est décrit d'une manière pittoresque par le
prophète : “Sur les montagnes [royaumes], le bruit d'une multitude semblable
à un grand peuple. Un bruit, un tumulte de royaumes, de nations rassemblées
: l'Eternel des armées passe en revue l'armée pour le combat”. —
Esaïe 13 : 4.
“LA VOIX DE L'ARCHANGE” est un autre symbole remarquable d'une importance
analogue. Le nom “archange” signifie principal messager ; et notre Seigneur
oint lui-même est le Messager en chef de Jéhovah — le Messager de l'alliance
(Malachie
3 : 1). Daniel parle du même personnage, l'appelant * Micaël,
dont le nom signifie qui est comme Dieu nom approprié pour celui qui est
l'empreinte de la personne du Père et le représentant de son autorité et de
sa puissance. La voix de l'Archange représente l'autorité et le commandement
de Christ. Ce symbole représente donc Christ qui prend son pouvoir, ou qui
commence son règne en publiant ses commandements, ses ordres officiels,
annonçant le changement de dispensation par la mise en vigueur des lois de
son royaume.
* [Littéralement Qui (interrogatif)
est comme Dieu ?].
La
même pensée est exprimée d'une autre manière par Daniel lorsqu'il dit :
Dans ce temps-là, Micaël, le grand Chef (Prince) se lèvera. — Se lever
signifie prendre l'autorité, donner des ordres (voyez “se lèvera” dans
Esaïe 2 : 19-21). David, en prophétisant de Christ, donne
une autre illustration de ce symbole : Il fait entendre sa voix, la
terre se fond d'épouvanté (Psaume
46 : 7). La terre, la société se fondra ou se désagrégera et
le grand temps de détresse arrivera précipitamment sous le changement
d'administration qui s'effectuera [[154]] lorsque le nouveau Roi fera
entendre sa voix de commandement. A son commandement, les systèmes
d'erreur civils, sociaux et religieux doivent tomber, quelle que soit
leur ancienneté et quelque fermement enracinés et fortifiés qu'ils
puissent être. L'épée qui sort de sa bouche causera ce ravage : la
vérité sur tous les sujets et sous tous les aspects jugera les hommes,
et son pouvoir et sa domination renverseront le mal et les erreurs sous
leurs milliers de formes.
“LA
TROMPETTE DE DIEU”. Beaucoup semblent entretenir sans réfléchir l'idée que
cette trompette doit émettre un véritable son dans l'air. Mais nous verrons
bien vite que c'est là une attente déraisonnable, si nous reconnaissons que
Paul parle ici de ce que Jean appelle la septième trompette, la dernière
trompette d'une série de trompettes symboliques (Apocalypse
11 : 15 ;
1 Corinthiens 15 : 52). La preuve qu'il s'agit toujours de la
même trompette est établie par le récit des événements en rapport avec
chacune d'elles. Saint Paul mentionne la résurrection et l'établissement du
Royaume de Dieu comme étant en rapport avec la trompette de Dieu ; et saint
Jean mentionne pour ainsi dire les mêmes événements avec une exactitude plus
grande encore. Si nous nous rappelons que les événements mentionnés pendant
le son des six trompettes précédentes de l'Apocalypse ont trait aux actions
des hommes, tandis que la septième se rapporte spécialement à l'œuvre de
l'Eternel et comprend le Jour de l'Eternel, nous conviendrons qu'il est
juste d'appeler la septième ou dernière trompette, la trompette de Dieu.
Puisque les six trompettes précédentes ont été des symboles et cela est
généralement admis par les commentateurs et les chercheurs qui d'une façon
ou d'une autre prétendent interpréter l'Apocalypse, ce serait faire violence
à la raison et au sens commun que de représenter la septième trompette la
dernière de la série, comme donnant un son littéral et [[155]] distinct dans
l'air. Cela ne serait pas non plus en harmonie avec la méthode générale du
Seigneur, pas plus qu'avec ces passages de l'Ecriture indiquant la manière
secrète de sa venue, car jamais aucun larron ne sonne de la trompette pour
annoncer son arrivée.
Les
sept trompettes de l'Apocalypse sont toutes symboliques et représentent sept
grandes périodes de temps et leurs événements. Nous en réservons l'examen
pour un volume suivant ; il suffit ici de dire que nous nous trouvons
aujourd'hui au milieu même des événements qui marquent le son de la septième
trompette. Les grandes voix, l'augmentation de la connaissance, l'irritation
des nations, etc., sont en rapport avec ces prophéties de temps et les
établissent comme un fait. De nombreux événements se passeront encore avant
que cette septième ou dernière trompette cesse de sonner, comme par exemple,
la récompense des saints et des prophètes, la résurrection de tout, les
morts, etc. En réalité, elle couvre la période entière du règne millénaire
de Christ, comme cela est indiqué par les événements qui doivent se passer
sous ce règne. —
Apocalypse 10 : 7 ;
11 : 15, 18.
Ainsi
nous trouvons que le cri, la voix de l'Archange et la trompette de Dieu sont
tous des symboles qui sont maintenant en voie d'accomplissement. Notons de
même avec soin le fait que chacune des trois prophéties ci-dessus
mentionnées (Daniel
12 : 1 ;
Apocalypse 11 : 15 ; et
1 Thessaloniciens 4 : 16) déclare qu'au moment où ces événements
également mentionnés se passent, le Seigneur est présent. Ils ont été
prédits dans le but même d'indiquer la manière dont sa présence invisible
serait manifestée à ceux qui ont foi dans la parole de la prophétie. Paul
dit : Le Seigneur descendra avec [litt. dans ou durant] un cri, une voix,
une trompette, etc. ; Jean dit que les royaumes de ce monde deviennent siens
durant le temps de ces événements ; Daniel dit :
[[156]]
En ce
temps-là se lèvera (sera présent) Micaël [Christ] le grand chef et il
prendra possession de son grand pouvoir. Si donc nous pouvons reconnaître le
cri, les voix et le son de la grande trompette, nous devrions les accepter
comme des indications, non de ce que le Seigneur viendra bientôt, mais
plutôt de ce qu'il est venu, qu'il est présent, et que le travail de la
moisson pour rassembler le blé et brûler l'ivraie est déjà en voie
d'exécution. Cela, comme nous le verrons plus loin, est abondamment prouvé
par les prophéties de temps. Cependant, ce n'est pas par la vue naturelle,
mais seulement par les yeux de la foi, par la ferme parole prophétique, que
sa présence et son travail peuvent être discernés.
Ici,
un autre fait ne doit pas être passé sous silence, savoir, que le cri, la
voix de l'Archange et la trompette de Dieu, sont tous, comme nous venons de
l'expliquer, des moyens pour l'accomplissement de l'œuvre de la moisson de
l'âge de l'Evangile. Si donc nous voyons que non seulement le sens de ces
symboles, mais aussi les résultats prédits ont lieu effectivement, nous
avons une preuve supplémentaire que nous avons interprété les symboles comme
il faut et que nous sommes maintenant dans cette période appelée la moisson,
pendant laquelle l'âge dé l'Evangile et l'âge du Millénium se superposent —
l'un se terminant, l'autre commençant. Beaucoup n'auront pas besoin d'être
aidés pour constater qu'il se fait maintenant une œuvre séparatoire entre
ceux qui sont vraiment consacrés et ceux qui sont simplement chrétiens de
nom. Beaucoup peuvent voir le feu symbolique déjà à l'œuvre, peuvent
discerner le cri du peuple, le commandement du nouveau Roi Emmanuel et les
événements appelés la septième trompette et les nuées de troubles dans
lesquelles le Seigneur vient, dans lesquelles et par lesquelles son pouvoir
doit être manifesté, soumettant toutes choses à lui-même.
[[157]]
Nous
avons (Vol. I, pages 283 et suiv.) attiré l'attention sur le fait que la
reconnaissance de l'œuvre de la moisson dans son développement effectif est
la preuve de la présence du Seigneur, puisqu'il déclarait qu'il serait le
Chef moissonneur, le directeur de l’œuvre, et que ce serait là son premier
travail. —.“Voici, une nuée blanche et sur la nuée quelqu'un d'assis,
semblable au fils d'homme, ayant sur sa tête une couronne d'or et dans sa
main une faucille tranchante... Et celui qui était assis sur la nuée jeta sa
faucille sur la terre ; et la terre fut moissonnée”. — “Dans le temps de la
moisson, je dirai aux moissonneurs...” (Apocalypse
14 : 14, 16 ;
Matthieu 13 : 30). L'œuvre de la moisson exigera quarante ans
pour son entier accomplissement, et finira avec l'an 1914. Ses différents
traits s'accompliront graduellement, mais tous ces jours sont des jours du
Fils de l'homme, les jours de la présence et du pouvoir de notre Seigneur
qui sera reconnu à la fin par tous, mais d'abord seulement par la classe
spécifiée par l'apôtre : Vous, frères, vous n'êtes pas dans les ténèbres.
“EN
FLAMMES DE FEU”. Ce symbole peut être compris de suite, si on se rappelle la
signification du mot feu, etc., déjà expliquée (Vol. I, page 379-380). Nous
lisons : “Le Seigneur Jésus sera révélé du ciel avec les anges de sa
puissance en flammes de feu, exerçant la vengeance sur ceux qui ne
connaissent point Dieu, et sur ceux qui n'obéissent point à l'évangile de
notre Seigneur Jésus-Christ” (2
Thessaloniciens 1 : 8).
Tel
qu'il est ainsi exprimé littéralement, nous comprenons que cela veut dire
que dans son jour, l'âge millénaire, la présence de notre Seigneur sera
révélée ou manifestée au monde de sa position d'autorité spirituelle (des
cieux), par la colère et les châtiments qui viendront alors sur le mal et
sur les méchants. Ce sera une colère consumante, comme cela est indiqué par
le symbole feu, qui ne laissera ni racines, ni branches aux systèmes du
[[158]] mal, de l'erreur et de l'oppression, ou aux pécheurs volontaires ;
et tous les orgueilleux, tous les méchants seront consumés comme du chaume,
dans ce jour millénaire. Dès son commencement, dans cette période de
moisson, le feu brûlera d'une manière intense, consumant l'orgueil et le mal
qui vont toujours en augmentant. Heureux ceux qui pourront renoncer à leur
orgueil et au mal pour les laisser détruire, afin de n'être pas détruits
eux-mêmes dans la seconde mort, comme le seront évidemment quelques-uns qui
résisteront durant l'âge millénaire. C'est de ce temps-là que nous parle le
prophète : “Car voici, le Jour vient, ardent comme une fournaise. Tous les
hautains et tous les méchants seront comme du chaume ; le jour qui vient les
embrasera, dit l'Eternel des armées ; il ne leur laissera ni racine ni
rameau”. —
Malachie 4 : 1.
Les
anges (messagers ou agents) de sa puissance sont de différentes sortes. Par
ce mot nous pouvons à juste titre comprendre tous les divers agents animés
ou inanimés desquels notre Seigneur se servira pour le renversement des
systèmes actuels du mal et pour le châtiment des méchants.
Tandis que la colère ou vengeance du Seigneur s'exercera ainsi en flammes de
feu, par des troubles consumants, tels qu'on n'en a jamais vu auparavant,
aussi généraux, d'une si vaste étendue et si destructifs du mal, la justice
et les justes commenceront à être favorisés. Comme ces choses deviendront de
plus en plus apparentes, les hommes en arriveront à cette conclusion qu'un
nouveau pouvoir a pris le gouvernement des affaires humaines, et ainsi, la
présence de notre Seigneur comme Roi des rois sera révélée au monde.
“Il
(le Seigneur) sera révélé en flammes de feu, exerçant la vengeance [à la
fois] sur ceux qui ne connaissent point Dieu [qui ne connaissent pas
vraiment Dieu, mais qui néanmoins n'obéissent pas à la lumière de [[159]]
leur conscience, que tous possèdent jusqu'à un certain degré] ; et
[également sur ceux qui tout en connaissant Dieu], n'obéissent [cependant]
point à l'Evangile de notre Seigneur Jésus-Christ.
Sous
les châtiments, la lumière croissante et les occasions favorables du jour
millénaire, tous seront amenés à une telle pleine connaissance de la vérité
et du chemin de la justice qu'ils seront sans excuse pour leur ignorance ou
leur incapacité à obéir à la vérité ; et ceux qui persisteront à demeurer
ennemis de Dieu et de la justice seront punis par une destruction éternelle
[une destruction de laquelle il n'y aura pas de résurrection] de devant la
présence du Seigneur et de devant la gloire de sa puissance.
“EN
PUISSANCE ET EN GRANDE GLOIRE”. Cette déclaration veut dire que le monde
verra le Fils de l'homme venir, avant que son royaume soit pleinement établi
et avant que ses cohéritiers soient tous réunis et élevés avec lui. Et,
voyant sa venue, toutes les tribus de la terre se lamenteront, parce
qu’elles verront le Fils de l'homme venant avec puissance et grande gloire.
Le
monde voit déjà les nuées de trouble s'amonceler et s'obscurcir ; il
reconnaît qu'une puissance avec laquelle il ne peut lutter est maintenant à
l'œuvre dans les affaires des hommes ; d'après l'aspect actuel, l'avenir
prochain est sombre et de mauvais augure pour tous ceux qui ont suffisamment
d'intelligence pour remarquer la tournure que prennent les événements. Les
hommes réfléchis observent la persistance avec laquelle les questions du
bien et du mal, de la justice et de l'injustice s'imposent à leur examen,
exigeant l’expression de leurs principes personnels. Beaucoup reconnaissent
la gloire et la puissance du nouveau Gouverneur de la terre, mais à cause
des nuées et des ténèbres qui l'entourent, ils ne reconnaissent pas le Roi
[[160]] lui-même. Les hommes voient les nuées et, en conséquence, le voient
venir dans les nuées avec puissance et grande gloire [la gloire de la
puissance et de la justice], mais ils ne le reconnaissent pas lui-même. Les
nuées ne disparaîtront pas pour révéler la pleine majesté et la gloire de la
présence de Christ avant qu'elles n'aient laissé tomber leur grêle de
pierres et leurs charbons de feu (Psaume
18 : 12, 13), pour abattre l'orgueil des hommes, leur égoïsme et
leurs préjugés. Si les hommes voulaient prendre en considération et écouter
la voix du Seigneur, lequel dirige maintenant le cours de la justice et les
avertit de la rétribution imminente, le grand désastre qui est sur le point
d'arriver pourrait être écarté, mais “Dieu parle cependant une fois, même
deux fois, et l'on n'y prend pas garde !... Alors [par le retentissement du
tonnerre du jour de la détresse], il ouvre l'oreille aux hommes et scelle
l'instruction qu'il leur donne, afin de détourner l'homme de sa mauvaise
conduite et d'éloigner de lui l'orgueil.” —
Job 33 : 14-18, D. et Syn.
Voici, il vient avec les nuées et au temps voulu tout œil le verra
[discernera], reconnaîtra Sa présence, son pouvoir et son autorité; et tous
devront, volontairement ou non, se soumettre à lui — jusqu'à la clôture du
Millénium, ou Satan sera délié pour un peu de temps— jusqu'à ce qu'une
pleine expérience ait démontré la bonne ou la mauvaise volonté de chacun et
que les désobéissants soient détruits dans la seconde mort, appelée l'étang
de feu. —
Apocalypse 21 : 8.
Nous
voyons ainsi que toutes ces explications symboliques sur la manière dont
aura lieu la seconde venue de notre Seigneur, s'accordent parfaitement avec
les passages précis qui déclarent que sa présence sera tenue secrète pour un
temps et connue seulement de ceux qui veillent.
[[161]]
DE LA MÊME MANIÈRE
Quel enseignement retirons-nous maintenant des paroles de l'ange lors du
départ de notre Seigneur (Actes
1 : 11 : “Ce Jésus qui a été élevé d'avec vous dans le ciel,
viendra de la même manière que vous l'avez vu s'en allant au ciel”?
Un
examen attentif de ce texte démontrera son harmonie avec ce qui précède.
Beaucoup semblent penser que ce passage, veut dire : Comme vous voyez le
Seigneur monter au ciel, ainsi, de la même manière, vous le verrez revenir.
Ces personnes devraient le lire et le relire, jusqu'à ce qu'elles aient pu
remarquer le fait que ce passage ne veut pas dire que ceux qui l'ont vu s'en
aller, le verront revenir, ni que quelqu'un d'autre le verra, venir. Ce
qu'il veut dire, c'est ceci : que la manière dont se fera son retour sera
semblable à la manière, dont s'est fait son départ. De quelle manière s'est
donc fait Son départ ? Eut-il lieu avec de puissantes démonstrations et avec
splendeur ? Fut-ce au son de la trompette, avec des voix et un grand cri
fendant l'air et la personne du Seigneur, brillant d'une gloire et d'un
éclat surnaturels ? S'il en avait été ainsi, il nous faudrait attendre son
retour de la même manière. Au contraire, son ascension n'eut-elle pas lieu
dans le calme et aussi secrètement que possible, conformément à ses desseins
de n'avoir que des témoins pleinement convaincus de ce fait ? Nul ne le vit
et nul ne connut ce fait que ses fidèles disciples. Sa déclaration (Jean
14 : 19) : Encore un peu de temps et le monde ne me verra plus,
n'a jamais encore été réfutée; les frères seuls virent ses manifestations
après sa résurrection et personne d'autre n'assista à son ascension. De la
même manière qu'il les quitta (tranquillement, secrètement, en ce qui
concerne le monde, à l'insu de tous excepté de ses disciples) ainsi, de
cette manière, il revient. Et comme alors, lorsqu'il les quitta, il éleva
ses mains et [[162]] les bénit, ainsi de même, quand il revient, c'est afin
que leur joie soit parfaite, comme il le dit : Je reviendrai et je vous
prendrai avec moi”; je vous reverrai, et nul ne vous ravira votre joie. —
Luc 24 : 50,51 ;
Jean 14 : 3 ;
16 : 22.
Il
Semble aussi que l'ange appuie spécialement sur le fait que la seconde venue
sera la venue de ce “même Jésus” — le même qui avait quitté la gloire qu'il
avait auprès du Père avant que le monde fût et qui était devenu homme, — qui
était devenu pauvre, afin que nous fussions enrichis; le même Jésus qui
mourut au Calvaire, le même Jésus qui ressuscita esprit vivifiant le
troisième jour; le même Jésus qui manifesta son changement pendant quarante
jours. — Ce même Jésus qui est, maintenant “monté au ciel”. C'est ce même
Jésus, qui subit deux changements de nature : — d'abord de la nature
spirituelle à la nature humaine, puis de la nature humaine à la nature
divine. Ces changements de nature n'ont pas détruit son individualité. Son
identité fut préservée, comme l'ange nous l'assure ; ainsi, peu importe que
la philosophie de ce fait soit comprise ou non; et si nous-mêmes ne le
connaissons plus selon la chair, comme homme, mais plutôt nous souvenons de
son élévation, qu'il participe maintenant de la nature divine et
spirituelle, nous devrions attendre sa venue comme étant en harmonie avec Sa
nature changée et son exaltation ; nous pouvons cependant nous rappeler
qu'il est toujours le même Jésus aimant, et qu'il n'a pas changé à cet
égard. Il est ce même Jésus qui, quoique présent pendant quarante jours
après sa résurrection, ne fut vu cependant que par ses disciples seuls et
cela dans des espaces de temps très courts, et qui sera aussi invisible au
monde, lors de sa seconde présence, qu'il le fut pendant les quarante jours
qui précédèrent son ascension. Nous devons nous rappeler également qu'il ne
vient pas cette fois pour s'offrir… [[163]] en sacrifice, et que par
conséquent, il n'a pas besoin de prendre un corps humain préparé pour cela (Hébreux
10 : 5). Tout cela est passé maintenant; il ne meurt plus, mais
il vient pour gouverner, bénir et relever la race rachetée.
Notre
Seigneur nous fournit une très belle illustration de la manière dont sa
présence sera révélée quand il dit : “Comme la brillante lumière part de
l'orient et éclaire même jusqu'à l'occident, ainsi sera la présence du Fils
de l'homme” (Matthieu
24 : 27). La plupart des traducteurs de ce verset se sont
trompés en se servant du mot éclair là où il faut entendre la lumière du
soleil; cela est évident, car les éclairs ne partent pas de l'orient pour
luire jusqu'à l'occident. Ils partent tout aussi fréquemment des autres
points cardinaux, et rarement, sinon jamais ils resplendissent et brillent
clairement à travers les cieux. L'illustration donnée par le Seigneur, et la
seule qui concorde avec ses paroles, se rapporte à la clarté du soleil, qui
vient invariablement de l'orient et resplendit jusqu'en occident. Cela
démontre que le mot grec astrape employé ici, a été mal traduit dans
ce passage, ainsi que dans la traduction des mêmes paroles de
Luc (17 : 24). Un autre exemple de l'emploi, par notre Seigneur,
de ce mot astrape se trouve dans
Luc 11 : 36 où il l'applique à la lumière d'une lampe, et il est
rendu dans les Bibles françaises par clarté, éclat ou vive lumière. Les
idées inexactes sur la manière dont notre Seigneur doit revenir et se
manifester étaient si fortement fixées dans l'esprit des traducteurs
qu'elles les conduisirent dans cette erreur de traduire astrape par
le mot éclair. Ils supposèrent qu'il serait révélé soudainement, semblable à
un éclair, et non graduellement, de la même manière que le lever du soleil.
Combien est magnifique cette image du lever du soleil pour illustrer
l'aurore graduelle de la vérité et des bénédictions dans le jour de [[164]]
sa présence. Le Seigneur associe les vainqueurs avec lui-même dans cette
image, disant : Alors les justes resplendiront comme le Soleil dans le
Royaume de leur Père ; le prophète employant la même figure, dit : Le Soleil
de la justice se lèvera et la guérison sera dans ses rayons (Matthieu
13 : 43 ;
Malachie 4 : 2). L'aurore est graduelle, mais finalement la
claire, pleine et entière lumière bannira pour toujours les ténèbres du mal,
l'ignorance, la superstition et le péché.
La
traduction inexacte du mot parousia a servi à voiler un peu plus le sens du
passage. L'Emphatic Diaglott (trad. américaine littérale du Nouveau
Testament) et la trad. du Prof. Young (Bible anglaise) rendent ce mot par
présence. La version de Rotherham donne arrivée, tandis que dans la version
commune on trouve venue. Toute nos traductions françaises le rendent par
avènement, venue ou arrivée; il n'y a que la version de Lausanne et la
version anglaise révisée qui font remarquer par des notes marginales que la
vraie traduction de ce mot grec parousia est présence (voyez aussi
2 Corinthiens 10 : 10 et
Philippiens 2 : 12 où ce
même mot est exactement traduit dans toutes nos Bibles françaises). Le mot
grec parousia signifie partout une présence personnelle de quelqu'un qui est
venu, qui est là mais jamais de quelqu'un qui est en route pour venir, ce
qu'on entend généralement sous le mot venue ou avènement. Le passage que
nous examinons enseigne par conséquent que, comme la lumière du soleil
apparaît graduellement, ainsi la présence du Fils de l'homme sera révélée ou
manifestée graduellement.
A
cette déclaration, notre Seigneur joint des paroles d'avertissement pour
nous mettre en garde contre certaines erreurs qui seraient émises concernant
l'approche de son second avènement dans le but d'égarer “son Eglise” :
Voici, je vous l'ai annoncé d'avance. Si donc on vous dit : Voici, il est
dans le désert, n'y allez.
[[165]]
pas ;
voici, il est dans les chambres, ne le croyez pas. Car, comme la brillante
lumière [le soleil] part de l'orient et se montre [graduellement] jusqu'à
l'occident, ainsi sera la présence du Fils de l'homme. Le Seigneur nous met
de cette manière en garde contre deux erreurs croissant rapidement de nos
jours. L'une, qui consiste à prétendre que notre Seigneur viendra en chair,
dans le désert ou la solitude de la Palestine, a fait que beaucoup sont
allés là-bas et y attendent pour voir Jésus dans la chair, avec ses
cicatrices, comme lorsqu'il fut crucifié. L'attendant tel qu'il était, et
non tel qu'il est, ils se trompent sérieusement, et la vérité est obscurcie
pour eux comme elle l'était pour les Juifs au premier avènement. Ces
attentes conduisent cette classe de croyants à interpréter littéralement la
parole du prophète (Zacharie
14 : 4): Ses pieds se poseront en ce jour sur la montagne des
Oliviers... * Aveuglés par ces fausses attentes ils ne voient pas que les
“pieds” sont au figuré dans ce passage, aussi bien que dans ceux de
Psaume 91 : 12 ;
Esaïe 52 : 7 ;
Psaume 7 : 6 ;
110 : 1 ;
Ephésiens 6 : 15 ;
Deutéronome 33 : 3, et dans beaucoup d'autres. S'ils avaient su
ce qu'il faut attendre, ils sauraient qu'il ne faut pas aller à Jérusalem
pour attendre l'homme Christ Jésus, car le Roi souverainement élevé vient
comme la lumière du soleil, faisant sentir sa présence et son influence dans
le monde entier. C'est pourquoi “n'y allez pas”.
* Voy. le Volume IV, chapitre XIII
et la brochure “Avant-coureur de la présence de Christ”, pages 85 à 87.
S'ils disent, voici, il est dans les chambres, ne le croyez pas. Le
spiritisme, toujours habile à tromper par des imitations et toujours
prêt à employer des vérités avancées comme une robe de lumière (2
Corinthiens 11 : 13,14) n'a pas hésité à prétendre que nous
sommes dans une période de changement de dispensation, à l'aurore d'un
âge glorieux. Entre autres choses, quelques-uns [[166]] d'entre eux
enseignent même que Christ est présent, et nous ne doutons pas qu'avant
longtemps ils donneront des séances dans lesquelles ils prétendront le
montrer dans les chambres secrètes. Que l'erreur soit présentée sous
cette forme ou sous une autre, rappelons-nous les paroles du Seigneur et
répudions toutes les prétentions semblables comme étant fausses, sachant
que ce n'est pas ainsi qu'il révélera sa présence, mais comme la lumière
du soleil, émergeant graduellement; aie Soleil de justice se lèvera avec
la santé dans ses rayons”.
LA PAROUSIE DE NOTRE SEIGNEUR
PENDANT LA MOISSON
La
langue grecque est très précise. C'est un fait qui rehausse beaucoup sa
valeur, car elle donne une expression exacte de la vérité. Ainsi, par
exemple, le mot venir est employé dans nos Bibles pour traduire 32 mots
grecs dont chacun a une légère nuance de différence. Exemples (prenons
les Bibles Segond et Ostervald) : Ephistemi signifie surprendre,
comme dans
Luc 21 : 34, et il est traduit par ne vienne sur vous [ne
vous surprenne] à l'improviste; sunerchomai veut dire :
s'assembler ou se réunir, comme en
1 Corinthiens 11 : 18 ; proserchomai signifie
s'approcher, aller auprès de et est traduit par Approchons-nous donc
dans
Hébreux 4 : 16 ; heko signifie arriver, ou être venu
ou vint, comme si l'action de venir était chose faite, comme dans
Jean 2 : 4 : “Mon heure n'est pas encore venue” ;
enistemi signifie être présent et est généralement traduit ainsi (Romains
8 : 38 ;
1 Corinthiens 3 : 22 ;
7 : 26 ;
Galates 1 : 4 ;
Hébreux 9 : 9, par exemple), excepté en deux endroits (2
Timothée 3 : 1 et
2 Thessaloniciens 2 : 2) où ce mot grec aurait dû également
être traduit par présent ; les traducteurs français l'ont traduit plus
ou moins bien: IL y aura des temps fâcheux (Segond, Stapfer et OStervald)
; Darby et Lausanne traduisent sur [[167]] viendra. Comme si le jour de
Christ était proche; les nouvelles traductions disent très bien: Comme
si le jour du Seigneur était déjà là [présent]. Le mot parousia aussi
signifie présence et ne devrait jamais être traduit par venue ou
avènement, comme cela a lieu dans nos Bibles ordinaires, où il n'est
rendu que deux fois par présence (2
Corinthiens 10 : 10 ;
Philippiens 2 : 12). Seules les exégèses bibliques et la
version de Lausanne donnent la vraie signification de ce mot.
C'est l'emploi de ces deux derniers mots grecs heko et parousia
dans le Nouveau Testament que nous désirons étudier maintenant,
particulièrement le dernier, vu qu'une compréhension exacte de sa
signification jette de la lumière sur la manière dont se fera le retour de
notre Seigneur par les passages dans lesquels on rencontre ce mot, tandis
que la traduction commune, mais erronée, obscurcit le point même qu'elle
devrait illuminer.*
* Le mot parousia se présente 24
fois dans le Nouveau Testament grec ; deux fois seulement il est exactement
traduit par présence dans nos traductions ordinaires (2
Corinthiens 10 : 10 et
Philippiens 2 : 12). Les autres endroits où il est mal traduit par
avènement, venue et arrivée sont les suivants :
Matthieu 24 : 3, 27, 37, 39 ;
1 Corinthiens 15 : 23 ;
16 : 17 ;
2 Corinthiens 7 : 6, 7 ;
Philippiens 1 : 26 ;
1 Thessaloniciens 2 : 19 ;
3 : 13 ;
4 : 15 ;
5 : 23;
2 Thessaloniciens 2 : 1, 8, 9 ;
Jacques 5 : 7, 8 ;
2 Pierre 1 : 16 ;
3 : 4, 12 ;
1 Jean 2 : 28.
La
pensée exacte de la signification du mot parousia — non celle
d'une venue, comme étant sur le point d'arriver, mais d'une présence
après l'arrivée — bien saisie, examinons quelques passages dans lesquels
ce mot est employé. Par ceux-ci, nous apprendrons que présence
n'implique pas nécessairement une vue, mais qu'il est applicable
également à des choses présentes bien qu'invisibles. Ainsi des anges,
des êtres spirituels, par exemple, peuvent être présents près de nous,
quoique invisibles, comme notre Seigneur fut présent dans [[168]] le
monde et fut souvent avec ses disciples durant les quarante jours après
sa résurrection, sans être vu du monde ni de ses disciples, excepté dans
les occasions très courtes dont nous avons déjà parlé. Ces jours furent
les jours de sa parousie (présence), aussi bien que l'avaient été les 33
ans et demi précédents.
Dans
l'entretien qui précéda la question de
Matthieu 24 : 3, notre Seigneur avait prédit la destruction du
temple et le rejet d'Israël selon la chair, jusqu'au jour où ce dernier le
reconnaîtrait avec joie comme Messie et dirait : “Bénit soit-il!” Il avait
dit à ses disciples qu'il s'en irait, qu'il reviendrait et les prendrait
avec lui. Il avait appelé leur jour la moisson, ou fin de cet âge, et il
leur avait parlé d'une moisson future au temps de sa seconde venue (Matthieu
9 : 37, 38 ;
13 : 39, 40). Les disciples se souvenant sans doute que peu
l'avaient reconnu comme étant le Christ à son premier avènement, désiraient
connaître comment il pourrait être sûrement reconnu à son second avènement,
s'attendant probablement à ce que ce second avènement aurait lieu dans leur
jour. C'est pour cela qu'ils lui posèrent cette question: Quel sera le signe
[l'indication] de ta parousie [présence] et de la fin de l'âge ?
A
cause de leur disposition à mélanger les événements clôturant l'âge, ou la
moisson judaïque, dans laquelle ils étaient déjà, avec la “moisson” encore
future ou fin de l'âge de l'Evangile, notre Seigneur donna un rapport bien
détaillé des événements qui devaient intervenir, indiquant une période
considérable entre ces deux époques, mais ne donnant cependant aucune idée
claire de sa longueur, parce que lui-même ne la connaissait pas encore
alors. —
Marc 13 : 32.
La
réponse de notre Seigneur dans les
versets 1 à 14 comprend l'âge de l'Evangile tout entier; et ses
paroles dans les
versets 15 à 22 ont une double application concernant
littéralement la clôture de l'âge [[169]] Judaïque et au figuré celle de
l'âge de l'Evangile, dont l'âge Judaïque était une ombre. Les
versets 23 à 26 contiennent des paroles d'avertissement au sujet
de faux Christs, et au
verset 27 il en arrive à leur question concernant la parousie et
déclare [traduit comme il faut]: Comme la lumière brillante [la lumière du
soleil] sort à l'orient et brille jusqu'à l'occident, ainsi sera la parousie
[la PRESENCE] du Fils de l'homme. La clarté du soleil se montre
Instantanément, mais sans faire de bruit; et elle est discernée tout d'abord
par ceux qui sont réveillés les premiers.
Laissant de côté les autres traits particuliers du discours de notre
Seigneur, pour les examiner à leur place appropriée, nous considérerons sa
seconde réponse à leur question concernant sa parousie, clans les
verset 37 et 39. Il dit : “Tels les jours de Noé, telle la
parousie [présence] du Fils de l'homme” (St.) Remarquons que la comparaison
n'est pas faite entre la venue de Noé et la venue de notre Seigneur, ni
entre la venue du déluge et la venue de Jésus. Il n'est pas du tout question
ici de la venue de Noé, pas plus que de la venue de Jésus; car, comme nous
l'avons déjà dit, parousia ne veut pas dire venue, mais présence. Le
contraste est entre le temps de la présence de Noé parmi le peuple avant le
déluge et le temps de la présence de Christ dans le monde, à son avènement,
avant le feu— avant le trouble extrême (*) du Jour de l'Eternel par lequel
cet âge se termine.
(*)
Souvent traduit par “détresse” — Trad.
Quoique le peuple ait été pervers aux jours de Noé avant le déluge et
qu'il le sera au temps de la présence de notre Seigneur avant que le feu
ardent de trouble vienne sur lui, ce n'est pas là le point de
comparaison ou de ressemblance dont parle notre Seigneur ; car la
perversité a abondé dans chaque âge. Le point de comparaison est
clairement établi et peut être vu facilement si nous analysons ce
passage : [[170]] le monde excepté les membres de la famille de Noé,
était ignorant de la venue de l'ouragan et incrédule quant au témoignage
de Noé et de Sa famille, et de ce fait ils ne connurent pas. C'est ici
le point de comparaison. Ainsi en sera-t-il de la présence du Fils de
l'Homme. Ceux-là seuls qui sont de la famille de Dieu y croiront ;
d'autres ne sauront rien jusqu'à ce que la société, telle qu'elle est
organisée actuellement, commence à se fondre sous l'ardente chaleur du
temps de détresse imminent. Cela est illustré par ces paroles : Car,
comme dans les jours avant le déluge, les hommes mangeaient et buvaient,
se mariaient et donnaient en mariage, [Luc
(17 : 28) ajoute : “plantaient et bâtissaient”] jusqu'au
jour où Noé entra dans l'arche et ne connurent rien... Ainsi aussi sera
la parousie [la présence] du Fils de l'homme. Par conséquent, au temps
de la présence du Fils de l'Homme, le monde ira son train habituel,
mangeant et buvant, plantant, bâtissant et se mariant. Cela n'est pas
mentionné comme étant des péchés, mais c'est pour indiquer leur
ignorance de la présence du Seigneur et de la détresse qui prévaudra
dans le monde. C'est donc là la réponse de notre Seigneur à la question
de ses disciples : Quel sera le signe [l'indication] de ta [parousie]
présence et de la fin ou moisson de l'âge ? En substance il dit : Il n'y
aura pas de signe pour la masse du monde, elle ne saura rien de ma
présence et des nouveaux changements de dispensation. Un petit nombre
seulement le saura et sera enseigné de Dieu (d'une manière qui n'est pas
expliquée ici) avant qu'il y ait aucun signe [indication] qui puisse
être discerné par le monde.
Ce
que Luc rapporte de ce même discours (Luc
17 : 26-29), quoique n'étant pas exprimé dans les mêmes termes,
est en parfait accord avec ceci. Luc ne se sert pas du mot parousia, mais il
exprime la même [[171]] pensée en disant : “Comme il en était dans les jours
de Noé, il en sera ainsi dans les jours du Fils de l'homme” — dans les jours
de sa présence. Non avant, ni après ses jours, mais pendant ses jours, le
monde Sera en train de manger, de boire, de se marier, d'acheter, de vendre,
de planter et de bâtir. Ces passages enseignent donc clairement que notre
Seigneur sera présent à la fin de cet âge, entièrement inconnu des gens du
monde et invisible pour eux.
Bien
qu'il ne doive plus y avoir de déluge pour détruire la terre (Genèse
9 : 11), il est écrit que toute la terre sera consumée par le
feu de la jalousie de Dieu (Sophonie
3 : 8); non pas la terre physique au sens littéral dans l'un ou
l'autre cas, mais dans les deux cas l'ordre de choses existant. Dans le
premier cas tous les hommes furent engloutis, excepté Noé et sa famille; et
dans le dernier, tous, excepté la famille de Dieu, seront consumés dans le
feu symbolique, dans la grande détresse du Jour de l'Eternel. Les fidèles
enfants de Dieu seront jugés dignes d'échapper à toutes ces choses qui
viendront sur la terre (Luc
21 : 36); non pas nécessairement parce qu'ils seront enlevés de
la terre, mais parce qu'ils auront été faits à l'épreuve du feu, comme dans
l'illustration-type des trois Hébreux qui marchèrent au milieu de la
fournaise ardente, chauffée sept fois plus que d'habitude, et dont les
vêtements mêmes ne sentirent pas l'odeur du feu, parce que quelqu'un de
semblable au Fils de Dieu était présent avec eux (Daniel
3 : 19-25).
Nous
considérerons maintenant les passages enseignant qu'il y en aura beaucoup
dans l'Eglise qui ignoreront pour un temps la présence de Jésus, la moisson
ou fin de cet âge, alors qu'il sera effectivement présent et l'œuvre de la
moisson progressante.
Les
derniers versets de
Matthieu 24, à partir du
verset 42 sont très significatifs. Dans le
verset 37, notre Seigneur avait montré que le monde ne
connaîtrait pas la parousie du Fils de l'homme ; [[172]] et maintenant il
avertit ceux qui professaient être ses disciples que s'ils ne sont pas sur
leur garde, ils seront pareillement dans les ténèbres concernant Sa
parousie. Il dit : Veillez donc, parce que vous ne savez pas à quelle heure
votre Seigneur vient [erchomai, arrive]. Si des gens attendaient un
voleur à un moment déterminé, ils se tiendraient en éveil, de manière à ne
pas être surpris. Ainsi, vous devriez être debout et prêts, toujours
veillant pour voir la première évidence de ma parousie. En réponse à votre
question : Quand est-ce que ces choses arriveront ? je vous dis tout
simplement de veiller et d'être prêts, et lorsque J'arriverai, lorsque je
serai présent, je communiquerai le fait à tous ceux qui seront veillants et
fidèles, et ceux-là seulement auront le droit de le connaître. Tous les
autres devront être et seront dans les ténèbres du dehors; ils devront
apprendre avec le monde, et comme lui, en passant par la détresse.
Qui
donc [dans le temps de la “moisson”] est le serviteur fidèle et prudent que
son maître établira * sur les domestiques de sa maison pour donner à chacun
la nourriture au temps voulu ? Bienheureux est ce serviteur que le maître à
son arrivée [erchomai] ** trouvera faisant ainsi. En vérité, je vous le dis,
le maître l'établira sur tous ses biens ; tous les immenses trésors de
précieuse vérité seront ouverts et accessibles à de tels fidèles serviteurs
pour armer et approvisionner toute la famille de la foi.
* Le M S.
du Sinaï rend ce verbe au futur [Voir Vol. 4, 2" éd., p. 327] — voir aussi
DiaglOtt.
** Ici elthon (voir Diaglott) : après son arrivée.
Mais si le cœur du serviteur n'est pas droit et qu'il dise : Mon maître
tarde [n'est pas arrivé], qu'il se mette à battre [s'opposer à, et à
contredire] ses compagnons de service [dont les opinions diffèrent de la
sienne et par conséquent, disent tout le contraire, c'est-à-dire :
[[173]] Mon maître ne tarde pas, mais il est venu, il est présent], un
tel serviteur peut se mettre à manger et à boire avec les ivrognes [être
intoxiqué par l'esprit du monde], mais son Maître surviendra [grec, heko
— sera arrivé] en un jour où ce serviteur ne s'attend pas et à une heure
qu'il ignore, et il le retranchera [il lui ôtera le privilège d'être un
des serviteurs qui donnent à la maison de la foi la nourriture au temps
convenable] et lui donnera le même lot qu'aux hypocrites {bien que
n'étant pas un hypocrite, mais étant un vrai serviteur, il a été
infidèle et surchargé et il faut qu'il prenne sa part avec les
hypocrites dans la perplexité et la détresse venant sur Babylone]. Là
seront les pleurs et les grincements de dents. — Stapfer.
Un
examen attentif de ce qui précède enseigne clairement qu'à la fin de cet âge
il y aura une classe de personnes niant que le Seigneur soit présent (non
pas qu'elles nient qu'il doive venir un jour, mais qu'il est venu) et qui
frappent leurs compagnons de service en s'opposant à eux avec intolérance,
ce qui est une preuve que ceux-ci enseignent le contraire, savoir que le
Seigneur est venu. Le Seigneur indique clairement quel est le fidèle et vrai
serviteur et quel est celui qui est dans l'erreur. Le fidèle, celui qu'il
trouve donnant la nourriture à chacun en sa saison, sera élevé et il lui
sera donné l'intendance sur le dépôt de la vérité et la capacité accrue pour
distribuer la nourriture à la maison de la foi, tandis que le serviteur
infidèle sera écarté graduellement et ressentira une sympathie toujours plus
grande pour ceux qui professent être croyants ou hypocrites. Remarquons
aussi le fait que celui qui n'est pas fidèle est ainsi retranché ou séparé
au jour où il ne s'y attend pas, dans le temps de la moisson, pendant que
son Seigneur est réellement présent, inconnu de lui, recherchant et
rassemblant ses joyaux. —
Matthieu 13 : 30 ;
Psaume 50 : 5 ;
Malachie 3 : 17 ;
Matthieu 24 : 31.
[[174]]
Nous
spécifions ceci, simplement pour montrer que dans la réponse à la question
des disciples, sur les signes et les preuves de sa seconde présence, notre
Seigneur enseigna que ni le monde, ni les serviteurs infidèles ne
s'attendraient à ces choses, au moins pas avant que l'intensité du feu de la
détresse ait commencé. Les fidèles, évidemment, ne le verront présent que
par les yeux de la foi — par les Ecritures écrites d'avance pour leur
instruction, pour être crues en leur temps. Les vérités présentes sur chaque
sujet sont des portions de ses biens, des trésors nouveaux et anciens que
notre Seigneur avait mis en réserve pour nous et qu'il nous donne maintenant
généreusement. —
Matthieu 24 : 45-47.
Pendant que par les indications prédites, le Seigneur prépara amplement
l'Eglise, la rendant capable de reconnaître sa présence lorsque le moment
serait venu, bien qu'elle ne pourrait le voir avec les yeux naturels, il
nous mit aussi soigneusement en garde contre les fraudes qui se
présenteraient — fraudes qui apparaîtraient plausibles au point de séduire,
S'il était possible, les élus mêmes. Mais cela n'est pas possible, parce que
tous les élus prêtent une grande attention à l'avertissement, et, par une
étude continue, se familiarisent avec les indications prédites de sa
présence et attendent leur accomplissement. Ceux qui sont disposés autrement
ne sont pas de la classe des élus; les vainqueurs seuls doivent régner avec
le Seigneur. Ces fraudes, comme nous le montrerons dans un des chapitres
suivants, existent déjà et en trompent beaucoup. Mais, grâce à Dieu, les
élus sont prévenus et prémunis, et ne seront ni trompés ni découragés.
Quoique les nuées et les ténèbres l'entourent, ils reconnaissent la présence
et se réjouissent de ce que leur délivrance approche. Si quelqu'un vous dit
: Voici, le Christ est ici, ou il est là [dans quelque lieu particulier] ne
le croyez pas [[175]] Si donc on vous dit : Voici, il est dans le désert,
n'y allez pas; voici il est dans les chambres secrètes, ne le croyez pas.
Car comme la brillante lumière du soleil se lève graduellement sur la terre
et la remplit ensuite, ainsi sera, sa présence (Matthieu
24 : 23, 26, 27). Cette présence sera manifestée, comme cela est
prédit, par l'aurore lumineuse de la vérité; vérité qui se développe et se
déploie comme nous le voyons maintenant sur tous les sujets d'une manière si
rapide et si glorieuse. Encore quelques années et le Soleil de justice, qui
porte la santé dans ses rayons, sera pleinement levé pour bénir et relever
le monde frappé à mort.
En
raison des preuves présentées dans ce chapitre, ainsi que dans les
précédents et dans ceux qui suivront, nous n'hésitons pas à annoncer la
nouvelle si réjouissante que la moisson de l'Age de l'Evangile est commencée
et que le Maître est de nouveau présent, comme Chef Moissonneur, non pas
dans la chair, comme dans la moisson judaïque, mais en puissance et grande
gloire, comme celui qui est “souverainement élevé”, le divin Christ, dont le
corps glorieux est maintenant “l'empreinte de la personne du Père”, bien que
sa glorieuse personne soit, par grâce voilée à la vue humaine. Il inaugure
son règne de justice, sa faucille de la vérité faisant la séparation; il
rassemble dans l'unité de cœur et d'esprit les prémices mûres d'Israël selon
l'esprit et bientôt ce “corps” élu, complet, gouvernera et bénira le monde.
Cette
annonce est faite ici afin qu'au fur et à mesure que nous continuerons, le
lecteur puisse se rendre compte clairement de ce que les prophéties de temps
indiquent particulièrement, lorsqu'il sera démontré que c'est maintenant le
temps chronologiquement propre pour la moisson comme pour tous les
événements qui en dépendent; et qu'ils arrivent comme il fut prédit.
[[176]]
Ainsi
nous voyons, par toutes les particularités de renseignement avec leurs
références sur la manière et les circonstances qui entourent l'apparition de
notre Seigneur, que les prophéties de temps n'ont pas été données pour
alarmer le monde ni pour satisfaire une vaine curiosité, ni même éveiller
une église nominale endormie. Elles furent données afin que ceux qui ne sont
pas endormis et qui ne sont pas du monde, mais qui sont éveillés, consacrés
et fidèles, des étudiants zélés du plan de leur Père, soient informés de la
signification des événements qui se passent et ne soient pas dans les
ténèbres sur un sujet et quant aux événements qu'on ne peut discerner avec
certitude, par aucune autre voie : — savoir, ce qui a trait à la moisson, à
la présence du grand Moissonneur, à l'œuvre de battage et de criblage du
vrai blé, le rassemblement de l'ivraie “en gerbes pour la brûler dans le
temps de détresse”, etc.
MOQUERIES
PRÉDITES
L'apôtre Pierre dépeint comment les serviteurs infidèles et les
hypocrites se moqueront durant la présence du Seigneur, comme ils se
moquèrent aux jours de Noé (2
Pierre 3 : 3, 4, 10, 12). Remarquons que l’apôtre écrivit
pour l'Eglise, et que les moqueurs dont il parle sont dans l'église
nominale et ouvertement intéressés dans l'œuvre du Seigneur et dans son
plan, et que par conséquent, ils croient qu'il viendra un jour.
La
moquerie dépeinte a justement pour sujet ce que nous traitons ici. C'est ce
que nous entendons actuellement, et ce que nous entendrons encore de la part
de ceux qui font profession d'être des chrétiens, chaque fois que le sujet
de la présence du Seigneur, de l'œuvre de la moisson, etc., sera présenté.
Les chrétiens ont généralement, jusqu'à ce qu'ils approfondissent le sujet,
des idées de manifestations, au sens littéral, du feu, des trompettes, des
voix, etc., et d'apparitions du Seigneur descendant à travers les airs, dans
un corps de [[177]] chair resplendissant, de sorte que lorsqu'on leur parle
de sa présence invisible, ils rejettent promptement la chose comme étant
indigne d'être approfondie, sans prendre le temps d'étudier un sujet duquel
ils se croient sûrs, occupés qu'ils sont des plans mondains et intoxiqués
par l'esprit du monde.
C'est
dans cette classe de soi-disant chrétiens que l'apôtre parle quand il dit :
“Dans les derniers jours [dans les dernières années de l'âge de l'Evangile,
pendant la moisson], il viendra des moqueurs avec leurs railleries marchant
selon leurs propres convoitises [théories, etc.], et disant : Où est la
promesse de sa présence [parousie] ? Car depuis que les pères se sont
endormis, tout demeure comme dès le commencement de la création”. Quand on
les renvoie aux paroles de notre Seigneur (Matthieu
24 : 37-39 ;
Luc 17 : 26), que dans ses jours, dans les jours de sa présence,
toutes choses continueront à être comme par le passé; que, comme dans les
jours de Noé, les hommes mangeront, boiront, se marieront, planteront et
bâtiront; et que, comme alors, le monde ne connaîtra rien de sa présence et
ne comprendra pat, les signes des prompts et grands changements qui sont à
la veille de se réaliser; ils sont par trop occupés pour en considérer
soigneusement les témoignages, ils continuent seulement à se moquer.
Hélas
! dit Pierre, ils oublient le grand changement qui s'est accompli dans les
jours de Noé. il décrit, ensuite, sous le symbole du feu, les flots
submergeants de troubles qui doivent sous peu surprendre le monde entier,
renverser entièrement tous les gouvernements civils et ecclésiastiques [les
cieux] et fondre complètement l'édifice social [la terre], produisant
l'anarchie et le chaos social, jusqu'à ce que les nouveaux cieux [le
gouvernement et pouvoir du Royaume de Dieu] soient entièrement établis, de
même que la nouvelle [[178]] terre [la société organisée sur de nouvelles et
meilleures bases d'amour, d'égalité et de justice]. Puis l'apôtre nous
rappelle (verset 8) que ce jour de la présence du Seigneur, lequel l'Eglise
a si longtemps espéré et attendu, est un jour de mille ans — le règne
millénaire de Christ.
Au
verset 10, il nous assure que “le jour du Seigneur viendra [grec
heko] comme un voleur* [inaperçu, calmement, il sera présent tandis que
quelques-uns se moqueront et battront les compagnons de service qui
déclarent la vérité].” L'apôtre, alors, exhorte les saints à se séparer du
monde, pour qu'ils ne soient pas entraînés par la politique, par l'amour de
l'argent, etc., mais qu'ils mettent leurs affections dans des choses plus
élevées. Il dit : Puis donc que, dans le plan de Dieu, les conditions
terrestres présentes ne sont que temporaires et doivent bientôt se dissoudre
pour céder la place à un meilleur ordre de choses, quels ne devez-vous pas
être en sainte conduite et en piété? Attendant la présence [parousia] du
jour de Dieu” — veillant aux témoignages [aux signes] qui prouvent qu'il
estvenu.
* Les anciens MSS. omettent ici
les mots “dans la nuit” ; de même Darby, Segond, Stapfer et Crampon.
Grâces soient rendues à Dieu, ses moyens providentiels sont si abondants
que tous les hommes pieux qui attendent ce jour en auront connaissance
avant que le feu du courroux éclate pleinement. Le Seigneur nous assure
par l'apôtre Paul que pas un des enfants de la lumière ne sera laissé
dans les ténèbres pour que ce jour le surprenne (1
Thessaloniciens 5 : 4). Aussi, bien que nous soyons déjà
dans ce jour de la présence du Seigneur et au commencement du grand feu
de la détresse, nous voyons justement les choses comme elles nous sont
montrées en symbole (Apocalypse
7 : 1, 2) : la tempête est tenue en échec jusqu'à ce que les
fidèles [[179]] enfants de Dieu soient “scellés au front” ; c'est-à-dire
jusqu'à ce qu'ils aient reçu une appréciation intelligente du temps, de
la présence, etc. Cette intelligence ne servira pas seulement à les
réconforter et à les protéger, mais sera aussi une marque, un sceau ou
une preuve de leur filiation, comme cela est déjà indiqué par notre
Seigneur, lorsqu'il promit que l'Esprit saint ferait connaître aux
fidèles les “choses à venir.” —
Jean 16 : 13.
Quelques-uns prennent au sens littéral les paroles de Pierre quand il dit :
“Les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront”,
ainsi que la description qui est faite en
Apocalypse 6 : 14 des mêmes événements par un symbole d'une
ressemblance frappante : “Le ciel se retira comme un livre qui s'enroule”.
Il semble cependant qu'un seul regard en l'air vers les myriades d'étoiles
qui brillent à travers un espace de millions de kilomètres, n'ayant rien
entre elles qui puisse être roulé ou prendre feu, devrait être un argument
assez fort pour les convaincre de suite qu'ils ont eu tort de supposer que
ces paroles de Pierre et de l'Apocalypse étaient littérales; cela devrait
aussi les convaincre que leur attente d'un accomplissement au sens propre de
ces paroles est tout à fait absurde.
Ainsi
donc, Dieu a voilé pour le genre humain, sous des figures de trompettes, de
voix, de feu, ses instructions (qui ne devaient pas être connues du monde,
mais seulement des saints consacrés du petit troupeau) concernant la
moisson, la présence du Seigneur, son royaume spirituel, etc.; il les
arrangea toutefois de manière qu'au temps convenable elles en disent assez,
et clairement, à la classe à laquelle l'instruction était destinée. Ces
paroles : “C'est à vous qu'il a été donné de connaître les mystères du
Royaume de Dieu; mais pour ceux qui sont dehors, tout se passe en paraboles
[en figures et discours obscurs]”, s'adressent à la [[180]] même classe de
consacrés, lors du premier comme lors du second avènement. Voilà pourquoi
ceux-là mêmes qui ont la Bible devant eux, mais qui ne sont pas consacrés,
ne peuvent réellement voir et comprendre. —
Marc 4 : 11, 12.
Le monde n'ignore pas les événements et les circonstances sans précédent des
temps actuels, ni l'importance croissante qu'ils prennent chaque année; mais
n'en voyant pas le grand résultat, ces choses ne font que remplir leur
esprit de sombres présages de maux. Ainsi qu'il est prédit, ils sont dans la
terreur en attendant les choses qui viennent sur la terre; car les
puissances des cieux (les puissances qui gouvernent maintenant) sont déjà
fortement ébranlées.
ENCHAÎNEMENT
DES PROPHÉTIES
Dans le chapitre précédent, nous avons présenté la preuve claire et
convaincante, montrant que les Temps des Nations ou leur bail de
domination, expireront avec l'année 1914 ; qu'à ce moment-là, les
nations seront toutes renversées* et le royaume de Christ pleinement
établi. Il faut que le Seigneur soit présent, qu'il ait établi son
Royaume et qu'il exerce son grand pouvoir afin de briser les nations
comme le vase d'un potier; cela est clair, car c'est “dans le temps de
ces rois”, avant leur renversement, c'est-à-dire avant 1914 — que le
Dieu des cieux établira son Royaume (voir la préface à ce sujet) LEQUEL
doit détruire et consumer tous les autres (Daniel
2 : 44). Aussi, en harmonie avec cela, nous voyons tout
autour de nous des preuves d'un commencement de ce travail qui frappe,
ébranle et renverse les pouvoirs actuels et prépare l'établissement du
royaume “qui ne sera jamais détruit ”, du solide gouvernement, qui
“subsistera éternellement”.
* Nous ne sommes pas informés
combien de temps exigera l'exécution de ce renversement, mais nous avons
des raisons de croire que cette période sera courte.
[[181]]
Le chapitre suivant présentera les preuves bibliques que 1874 fut la
date exacte du commencement des Temps de Rétablissement et, partant,
celle du retour de notre Seigneur. Depuis cette date il a réalisé sa
promesse envers ceux qui étaient dans la bonne attitude de vigilance,
savoir : “Bienheureux ces serviteurs que le maître, à son arrivée,
trouvera veillant ! Je vous le dis en vérité, il se ceindra, les fera
mettre à table, et s'approchera pour les servir” (Luc 12 : 37). Oui,
c'est bien ainsi : il nous a ouvert les Ecritures, nous montrant la
vérité concernant sa nature actuelle glorieuse, l'objet la manière, le
temps de sa venue et le caractère de ses manifestations envers la
famille de la foi et le monde. Il a attiré notre attention sur les
prophéties qui nous situent d'une manière définie dans le cours des
temps, nous faisant connaître l'ordre de son plan d'opérations pendant
ce temps de la moisson. Il nous a montré tout d'abord que c'est une
moisson des saints, un temps pour leur arrivée à entière maturité et
pour leur séparation d'avec l'ivraie ; et, ensuite, que c'est aussi
l'époque où le monde récoltera sa moisson de tourbillon, comme aussi le
temps de vendange des grappes de la vigne de la terre et de foulage de
la vendange clans la grande cuve de la colère du Dieu Tout-Puissant. Il
nous a montré que ces deux récoltes (Apocalypse
14 : 1-4, 18-20), se feront dans un espace de quarante ans,
se terminant avec l'année 1914.
Le lecteur ainsi informé de ce que nous voulons prouver dans les
chapitres qui suivront, ne doit pas cependant s'attendre à nous voir
indiquer des passages de l'Ecriture dans lesquels ces matières et ces
dates sont clairement écrites. Au contraire, il doit se souvenir que
toutes ces choses ont été cachées par le Seigneur, de telle sorte
qu'elles ne pouvaient être comprises ou appréciées avant que le temps
convenable fût arrivé, et alors seulement par ses enfants fidèles et
zélés qui estiment la Vérité comme étant plus précieuse que [[182]] les
perles et qui la recherchent comme l'homme recherche l'argent. De même
que pour l'argent, non seulement il faut creuser, pour trouver la
Vérité, mais il faut de plus qu'on la raffine, qu'on la sépare des
scories avant que sa valeur puisse être appréciée. Les choses exposées
ici en peu de mots seront prouvées point par point ; tandis que beaucoup
peuvent préférer accepter un récit sans prendre la peine de le vérifier
par les Ecritures, cela ne doit pas être le cas pour le vrai chercheur
de Vérité. Il doit autant que possible s'approprier chaque point, chaque
argument et chaque preuve en puisant directement ses renseignements dans
la Parole de Dieu, en relevant tous les rapports qui existent et en
s'assurant ainsi lui-même de la vérité du compte rendu présenté.
S'il est vrai que le Seigneur pourvoit à la nourriture au temps
convenable pour ses gens et que les serviteurs l'apportent aux croyants,
il n'est pas moins vrai que pour être fortifié par ce moyen, chacun doit
manger pour soi-même.
Mon œil peut voir l'éclat de la présence du Seigneur ;
Le voici foulant “la cuve du vin de la fureur” ;
Je vois l'effet de sa prompte épée aiguë en lueur :
Notre Roi est en marche.
Je puis voir ses jugements venant par tout l'univers,
De gémissements et de signes sont remplis les airs ;
Je lis sa sentence dans les trônes branlants pervers ;
Notre Roi est en marche.
“Les temps des nations” cessent ; leurs rois ont eu leurs jours
;
Et quant aux pleurs, comme aux douleurs, ils s'en vont pour
toujours,
Les saints du Lion de Juda vont régner sans détours :
Notre Roi est en marche.
Au son de la trompette, le Roi marche le premier.
Il va sonder tout cœur à son grand jugement dernier
Réjouis-toi, mon âme ! Sois prompte à le saluer :
Notre Roi est en marche. |