ÉTUDES
DANS LES ÉCRITURES
VOLUME
III - QUE
TON RÈGNE VIENNE
ÉTUDE
II
“LE TEMPS DE LA FIN” OU
“LE JOUR DE SA PREPARATION”
Daniel XI
Le temps de la fin. — Il commence
en 1799. — Il finit en 1914. — Que sont les préparatifs, quel est leur
objet, leur but ? — L'histoire du monde a été décrite prophétiquement dans
la personne de ses principaux souverains. — La période allant de l'an 405
avant J. C. jusqu'au jour de préparation. — Le commencement du temps de la
fin est bien délimité, quoique sans noms ni dates.
* * *
Le Temps de la Fin est une période
de cent quinze (115) ans comprise entre les années 1799 et 1914 de notre ère
; cette période est spécialement marquée dans les Ecritures ; elle est
aussi appelée le “Jour de sa préparation” car pendant ce laps de temps, une
augmentation générale des connaissances amenant des découvertes et des
inventions, etc., aplanit les difficultés en vue du prochain Millénium de
faveur, préparant les inventions mécaniques qui économiseront la
main-d’œuvre et le temps des humains en général, leur procureront nombre de
facilités, ce qui sera, pendant le règne de justice de Christ, une
bénédiction pour tous, et contribueront à remplir la terre de la
connaissance de l'Eternel. C'est un jour ou une période de préparation, dans
un autre sens également ; car par l'augmentation du savoir au sein des
masses populaires, donnant à tous le goût de la liberté et du luxe, avant
que le gouvernement de Christ soit bien établi pour diriger le monde, ces
bénédictions deviendront des moyens de puissance de classe et auront pour
résultat le soulèvement des masses et la destruction des trusts, etc., avec
lesquels s'effondreront également les pouvoirs actuels civils et religieux
de la terre. Le jour actuel est donc un jour de préparation (par le moyen
d'un tel bouleversement) pour l'établissement du règne universel du Royaume
de Dieu pour la venue duquel on a prié depuis si longtemps.
8
Les quarante dernières années du
Temps de la Fin sont appelées la “fin” ou “moisson” de l'Age de l'Evangile ;
nous lisons en effet : “La MOISSON est la FIN de l'âge”, (Matth. 13 : 39).
Nous attirerons bientôt spécialement l'attention sur le caractère général et
les événements prédits de cette période réservant toutefois les traits
spéciaux de la moisson pour un chapitre suivant.
Bien que ce soit la prophétie de
Daniel qui nous fournisse le renseignement indiquant la date de cette
période, nous savons que Daniel ne comprit rien du tout à cette prophétie,
ainsi qu'il le dit : “J'entendis, mais je ne compris pas” (Dan. 12 : 8). En
réponse à ses demandes inquiètes, il lui fut répondu que ces paroles étaient
tenues secrètes et scellées jusqu'au Temps de la Fin. Il s'ensuit donc que
personne ne pouvait comprendre la prophétie avant 1799 ; et avant de quitter
ce sujet nous montrerons qu'elle ne commencerait pas à être comprise avant
1829 et qu'elle ne serait pas clairement révélée avant 1875 [1874].
Le chapitre XI de la prophétie de
Daniel a trait aux événements principaux qui se succédèrent jusqu'au Temps
de la Fin, tandis que le chapitre XII nous conduit depuis ce moment-là
jusqu'à la fin de l'âge ou Moisson. Ceux qui étudient la prophétie
remarquent de quelle manière particulière est donnée la date du commencement
du Temps de la Fin, manière remarquable à la fois par son exactitude dans la
fixation de la date, et aussi par sa tenue secrète jusqu'au temps marqué
pour la comprendre. Et après que ce moment est ainsi particulièrement marqué
dans le chapitre XI, quoique sans indication de noms ou de dates, le
chapitre XII mentionne trois périodes, 1260, 1290 et 1335 jours prophétiques
qui viennent confirmer et établir les enseignements du chapitre XI et
montrer que le commencement du Temps de la Fin était l'année 1799.
9
Bien que le chapitre XI touche à
quelques-uns des personnages et faits les plus remarquables de l'histoire
comme nous le montrerons, son témoignage cependant reste scellé pour
beaucoup de ceux qui étudient la prophétie, parce que le trait central de
cette prophétie, duquel dépendent beaucoup de choses, a déjà eu un semblant
d'accomplissement. Cette manière de couvrir ou de cacher une prophétie
jusqu'au temps où elle doit être révélée n'est pas rare. Et dans le passé,
certains de ceux qui étudient les prophéties ont été si persuadés que ce
trait central a déjà été accompli, que la Bible anglaise (version commune)
indique même en marge : “ Accomplie de 171 à 168 av. J.-C. ”. Nous lisons
dans Daniel 11 : 31 : “Les troupes envoyées par lui seront victorieuses, et
profaneront le sanctuaire, la forteresse, et ôteront le sacrifice [litt. le
continuel] et introduiront [ou établiront] l'abomination qui cause la
désolation [ou l'abomination de la désolation]”.
On prétend que cette prophétie fut
accomplie par le roi de Syrie, Antiochus Epiphane, lorsqu'il entra de force
à Jérusalem et interdit d'offrir à Dieu des sacrifices dans le temple où il
érigea même l'idole de Jupiter.
Cet accomplissement prophétique
apparent peut satisfaire le chercheur superficiel qui accepte tout ce qu'on
lui dit, et l'amène à perdre l'intérêt dans la prophétie comme étant
accomplie dans le passé, et n'ayant pour lui aucun intérêt spécial. Mais
l'étudiant sérieux remarquera (verset 14), que les hommes violents du peuple
de Daniel tenteraient vraiment, d'accomplir la vision ou sembleraient
l'accomplir, mais qu'ils échoueraient ; en outre il constate que le Temps de
la Fin était une période nettement marquée (verset 35), et qu'une
interprétation complète et correcte ne pouvait être obtenue avant ce
moment-là. Il s'ensuit que ceux-là ne s'attendront à aucune interprétation
exacte venant du passé. Le chercheur sincère constate aussi que notre
Seigneur attira l'attention sur cette prophétie même et cela deux cents ans
après son prétendu accomplissement et nous montra que celui-ci est encore
futur, disant : “Quand donc vous verrez l'abomination de la désolation
établie dans le lieu saint” (Matth. 24 : 3, 15). Notre Seigneur nous
recommanda de la prudence à l'égard de cette prophétie pour bien discerner
la véritable abomination, il ajoute “Que celui qui lit, comprenne !”.
10
Les preuves présentées dans le
volume précédent auront, nous l'espérons, clairement démontré que le grand
système papal n'est autre que l'abomination de la désolation qui, pendant
des siècles, a dépouillé à la fois le monde et l'Eglise, au nom du Royaume
de Christ. Voici longtemps, en effet, qu'elle a été “établie dans le lieu
saint”, dans de temple de Dieu, l'Eglise chrétienne. Remercions Dieu de
nous avoir permis de voir ses traits caractéristiques abominables toujours
plus clairement afin de pouvoir ainsi échapper à toutes ses erreurs. Grâce à
Dieu ses jours sont comptés et le sanctuaire purifié (Dan. 8 : 14) sera
bientôt grandement élevé et rempli de la gloire de Dieu.
Examinons maintenant le chapitre
XI de Daniel dans l'ordre où il est écrit.
Le verset 2 commence par l'empire
Médo-Perse, dont le quatrième et dernier roi fut Darius III Codoman.
11
Le puissant roi dont parle le
verset 3 est Alexandre le Grand de Grèce, dont on lira avec intérêt un
fragment d'histoire d'après Willard.
“Alexandre le Grand, ayant envahi
la Judée, ordonna que Jérusalem approvisionnât son armée et lui fournît des
troupes. Jaddus, le souverain sacrificateur, répondit qu'ayant déjà juré
fidélité au roi de Perse, il ne pouvait pas abandonner sa cause tant qu'il
vivrait. Dès qu'Alexandre eut terminé le siège de Tyr, il marcha sur
Jérusalem pour se venger de son refus. Ayant appris cela, le souverain
sacrificateur dans sa détresse, implora le ciel pour obtenir protection ;
pendant la nuit, il eut une vision lui indiquant qu'il devait ouvrir les
portes de la ville et répandre des fleurs sur le chemin. Revêtu du splendide
costume sacerdotal, le souverain sacrificateur alla au-devant du conquérant
suivi de tous les sacrificateurs vêtus de robes blanches. Alexandre alla à
sa rencontre, fléchit le genou et l'adora. A son ami étonné, lui demandant
pourquoi, lui, qui était adoré par les autres, adorait le souverain
sacrificateur, Alexandre répondit : “Ce n'est pas lui que j'adore, mais le
Dieu dont il est le ministre ; je l'ai reconnu aussitôt que j'ai vu ses
vêtements, c'était le même que j'avais vu en vision en Macédoine quand je
songeais à conquérir la Perse et il m'assura alors que son Dieu irait devant
moi et me donnerait le succès”. Alexandre embrassa ensuite les
sacrificateurs et marchant au milieu d'eux entra à Jérusalem où il offrit
des sacrifices solennels dans le temple. Le souverain, sacrificateurs lui
montra alors la prophétie de Daniel et l'interpréta comme annonçant la
destruction de l'empire perse par son armée.”
Quoique Alexandre conquit le monde
en le court espace de treize ans, le royaume ne subsista pas comme une seule
nation dans sa famille après sa mort, mais il fut partagé entre ses quatre
généraux et, d'une manière générale, fut subdivisé comme l'indique le verset
4.
12
Remarquons ici que cette prophétie
correspond avec celle de Daniel 8 : 3-9, 20-25. Nous voyons ici que d'une
des parties de l'empire d'Alexandre (voir versets 8, 9 et 21) surgit une
“petite corne” ou puissance qui devait devenir excessivement grande. Il
s'agit assurément de Rome qui s'éleva en puissance sur les ruines de la
Grèce. Après avoir été un pays assujetti insignifiant dont les ambassadeurs
se hâtèrent de reconnaître la suprématie des Grecs et de devenir une partie
de l'empire aux pieds d'Alexandre le Grand, Rome s'éleva d'une manière
graduelle jusqu'à la suprématie.
Les événements historiques
brièvement relatés dans Dan. 8 : 9, 10, sont développés avec plus d'ampleur
dans le chapitre 11 : 5-19. Dans ce récit détaillé il est parlé de l'Egypte
comme du Roi du Midi, tandis que le Roi du Nord représente les Grecs, et
après eux les Romains qui leur succédèrent en puissance, c'est-à-dire la
nouvelle corne surgissant de la Grèce. Dans ce récit, l'histoire du peuple
de Dieu, le peuple de Daniel est mélangée avec celle des autres peuples et
Daniel avait une foi absolue dans les bénédictions finales qui, un jour,
seraient déversées sur son peuple, selon la promesse faite par Dieu. Il
serait fastidieux et inutile de retracer en détails toute cette période
historique, les luttes entre les généraux d'Alexandre et leurs successeurs,
jusqu'au verset 17 qui se rapporte à Cléopâtre, reine d'Egypte. Et puisque
tous sont d'accord jusque là, il est inutile d'aller plus loin dans le
passé,
Ceux qui prétendent que le verset
31 se rapporte à Antiochus Epiphane, veulent aussi que les versets à partir
du 18 e jusqu'à la fin du chapitre aient trait aux conflits et luttes qui
eurent lieu entre Séleucus Philopater, Antiochus Epiphane et Ptolémée
Philométor ; c'est d'ailleurs ainsi que les Juifs avaient évidemment coutume
de l'appliquer. Ces derniers en poursuivant cette interprétation en Dan. 12,
auraient donc eu d'excellentes bases pour attendre une délivrance très
prochaine par le Messie ; nous lisons, en effet, qu'au temps de la naissance
de notre Seigneur tout le peuple était dans l'attente du Messie, espérant
être délivré par lui du joug romain. Quant à nous, qui comprenons ce qu'est
la véritable “abomination”, nous divergeons de leur interprétation à partir
du verset 18 jusqu'à la fin du chapitre ; pour nous cette fin de chapitre
décrit les principaux personnages historiques qui se sont succédé jusqu'à la
papauté, l'identifie et passe à la fin de son pouvoir persécuteur et marque
avec force détails un des plus remarquables personnages de l'histoire,
Napoléon Bonaparte.
13
On se demandera peut-être pourquoi
le mode de présentation de la prophétie change à partir du verset 18 et se
borne à effleurer simplement les grands faits de l'histoire. Nous répondons
que cela rentre dans la méthode de Dieu de sceller et de cacher la
prophétie. De plus, tout dans la prophétie était arrangé de manière à ne pas
être une pierre d'achoppement pour Israël au premier avènement. Si la
minutie et le détail de vingt siècles avaient été développés comme l'est
cette prophétie contenue dans les versets 3 à 17 de ce chapitre, cela eût
été long, ennuyeux, incompréhensible et aurait permis aux Juifs et l'Eglise
primitive de se rendre compte de la longueur de la période qui devait encore
s'écouler jusqu'à l'établissement du Royaume, et cela, Dieu ne voulait pas
le permettre.
Reprenons la prophétie. Nous
comprenons que les versets 17 à 19 ont trait à l'époque et aux incidents
dans lesquels figuraient Marc Antoine et Cléopâtre, lorsque Antoine tomba et
que l'Egypte, le Roi du Midi, fut absorbée par l'Empire romain. Nous
appliquons le verset 20 à César Auguste, réputé pour les lourds impôts qu'il
préleva systématiquement sur les nations tributaires, et dont les exactions
des impôts en Judée sont signalées dans l'Ecriture en rapport avec la
naissance de notre Seigneur (Luc 2 : 1). Il est dit : “Un édit parut de
César Auguste ordonnant le recensement de tous les habitants de la terre”.
Cette déclaration s'harmonise parfaitement avec la description de Daniel :
“il s'en élèvera un à sa place qui fera passer l'exacteur par la gloire du
royaume”. La dernière partie de la description est vraiment bien adaptée,
car le règne de César Auguste est noté dans l'histoire comme la plus
glorieuse période du grand empire romain ; il est appelé l'âge d'or de Rome.
14
Voici une autre traduction du
verset 20 “Il s'en élèvera un à sa place qui fera passer l'exacteur de taxes
dans le glorieux pays du royaume”. Cette désignation semble se rapporter à
la Palestine spécialement, et est en parfait accord avec la description de
Luc. Ces deux variantes sont correctes, car ce fut bien la glorieuse époque
de l'empire romain, et les percepteurs d'impôts passaient par la Palestine,
le pays glorieux du royaume. Remarquons en outre que César Auguste fut le
premier souverain qui établit dans le monde un système d'impôts.
La prophétie dit encore de ce
souverain “en quelques jours il sera brisé, non par colère, ni par guerre”.
Or, on dit que César Auguste mourut d'une mort paisible, alors que son
prédécesseur et ses sept successeurs sur le trône impérial périrent de mort
violente. Il mourut peu d'années après être arrivé à l'apogée de sa
puissance et après avoir ordonné à “l'exacteur d'impôts de passer dans le
glorieux pays du royaume”.
15
Le verset 21 décrit de façon
exacte Tibère César, le successeur d’Auguste. “Un homme méprisé s'élèvera à
sa place, auquel on ne donnera pas l'honneur du royaume ; mais il entrera
paisiblement et prendra possession du royaume par des flatteries”.
Remarquons ici comment l'histoire de Tibère confirme la prophétie ci-dessus
:
L'historien White dit : “Tibère
monta sur le trône à 56 ans, manifestant une grande répugnance à assumer de
tels devoirs... Dès que tout obstacle fut écarté de son chemin ce tyran
donna libre cours à ses passions cruelles et sensuelles”.
L'historien Willard dit : “Au
début, Tibère dissimula et parut gouverner avec modération, mais il ne tarda
pas à jeter le masque... Le sénat auquel il transféra tous les droits
politiques du peuple était tombé dans l'avilissement et sanctionnait
servilement tous ses actes, lui offrant l'encens de ses flatteries
continuelles pendant qu'il remplissait les rues de sang. Ce fut sous le
règne de cet homme profondément perverti, que notre Seigneur Jésus-Christ
fut crucifié en Judée”.
Ces descriptions correspondent
exactement à celle de la prophétie, et sont en outre confirmées par le
verset 22 qui dit : “Les troupes [de ses adversaires] venues comme un
torrent, seront submergées devant lui et seront brisées, aussi bien que le
Prince de l'Alliance”. Cette dernière déclaration semble se rapporter sans
équivoque à notre Seigneur Jésus qui, selon l'histoire, fut crucifié sous
Tibère par son représentant Pilate, gouverneur romain de la Judée, et par
des soldats romains.
“Dès qu'il se sera associé à lui
[le Sénat le reconnaissant comme empereur] il agira avec fraude ; il montera
et sera fort avec peu de gens”. [Tibère organisa la garde prétorienne forte
de 10.000 hommes au début, puis doublée plus tard. Ce petit noyau de troupes
formant la garde impériale, était continuellement Rome et sous son autorité.
Il terrorisa le peuple et le sénat, abolit les élections populaires, les
assemblées, etc.]. “En pleine paix, il entrera dans les lieux les plus
riches de la province, et il fera ce que ses pères et les pères de ses pères
n'ont pas fait ; il leur distribuera du butin, des dépouilles et des
richesses et il tramera ses desseins contre les places fortes, et cela pour
un temps”. Versets 23, 24-D.
16
Auguste et ses successeurs
cherchèrent à maintenir pacifiquement leur domination sur les pays conquis,
plutôt que de poursuivre de nouvelles conquêtes. Dans ce dessein, ils
partageaient ces pays conquis et désignaient des gouverneurs locaux ayant
dignité et autorité ; ces derniers conservaient leur position honorée aussi
longtemps qu'ils maintenaient l'ordre dans leur province, restaient fidèles
aux Césars et levaient les impôts avec diligence. On ne cherchait plus,
comme au début, à piller et à dépouiller le monde pour emmener ses
dépouilles à Rome. Par cette politique habile et prudente, en tramant ainsi
ses desseins. Rome domina alors le monde plus complètement et avec un plus
grand prestige qu'au temps où ses armées parcouraient incessamment les
provinces.
Si la prophétie est entrée dans
certains détails précis, spécialement à l'égard d'Auguste et de Tibère ce
fut dans un but déterminé, pour bien marquer la période pendant laquelle
l'empire universel passa de la Grèce à Rome des quatre généraux d'Alexandre
le Grand (représentés par les quatre cornes du “bouc” grec mentionné dans
Daniel 8 : 8) à l'empire romain lequel à cette époque et antérieurement,
était une partie de la Grèce. La prophétie (*), [La division entre ces
quatre est nettement indiquée en Daniel 8 : 8 et 11 : 4,5.] comme
l'histoire, a nettement marqué les quatre généraux d'Alexandre qui lui
succédèrent.
L'historien dit : (**) [Willard's
Universal History, page 100] “ L'empire [grec] était maintenant divisé en
quatre royaumes, répartis entre les quatre généraux qui formaient la ligue.
Ptolémée devint roi d'Egypte, Séleucus obtint la Syrie et la Haute Asie,
Lysimaque reçut la Thrace et l'Asie Mineure jusqu'au Taurus ; Cassandre
enfin prit la Macédoine”.
17
Dans ce partage l'Italie était
placée sous l'administration de Cassandre, laquelle était la division
septentrionale, désignée par l'expression “Roi du Nord” tandis que l'Egypte
était la division méridionale désignée par l'expression “Roi du Midi”.
L'influence de Rome s'éleva graduellement et, province par province, les
territoires autrefois occupés par Séleucus, Lysimaque et Cassandre passèrent
aux mains de Rome qui était une partie de la division septentrionale.
L'Egypte seule, la division méridionale, restait en dehors. Au temps de
Cléopâtre, d’Antoine et de César Auguste l'Egypte (le Roi du Midi) tomba
sous le pouvoir romain (le Roi du Nord). Cette conquête fut due en partie au
fait que le père de Cléopâtre à sa mort, ses enfants étant en bas-âge,
laissa le royaume sous la protection du Sénat romain et en parti, à la
défaite de Marc-Antoine par Auguste. Il est vrai que, pendant un certain
temps, Ie “Roi du Midi” (l'Egypte) fut presque aussi puissant que le “Roi du
Nord” (Rome). Les historiens disent, que l'Egypte était la plus grande
nation commerciale d'alors, qu'elle comptait “33.000 villes”, et ses revenus
annuels se montaient à 14.800 talents d'argent soit environ 7 milliards de
francs.
Lorsque nous saisissons le sens et
le but de la prophétie, nous ne devrions pas espérer obtenir des rapports
détaillés sur les monarques de ces royaumes, mais par “Roi du Nord” nous
devrions comprendre le représentant de l'empire romain, et par “Roi du
Midi”, un représentant du royaume égyptien. Après cette explication,
reprenons la prophétie au verset 25 : “A la tête d'une grande armée il
[Rome] emploiera sa force et son ardeur contre le Roi du Midi [Egypte]. Et
le Roi du Midi s'engagera dans la guerre avec une armée nombreuse et très
puissante ; mais il ne résistera pas, car on méditera contre lui de mauvais
desseins”.
18
Depuis la conquête de l'Egypte par
César Auguste, en l'an 30 av. J. C., il n'y eut aucune hostilité entre les
deux pays jusqu'à ce que vers 269 après J.-C. la reine Zénobie, une
descendante de Cléopâtre, reprit le pouvoir et l’exerçât. Son règne fut
bref, Aurélien l'empereur romain l'ayant vaincue en l'année 272. L'historien
déclare : “La Syrie, l'Egypte et l'Asie Mineure reconnurent la souveraineté
de Zénobie, reine de Palmyre. Mais cette dernière eut à faire face aux
forces supérieures de l'empire et à l'habileté consommée du premier
capitaine de l'époque”. Aurélien écrivit d'elle : “Le peuple romain parle
avec dédain de la guerre que je fais à une femme. Il ignore à la fois le
caractère et la renommée de Zénobie. Il est impossible de dépeindre toute la
puissance de ses préparatifs de guerre et son courage désespéré”. Firmus,
l'allié de Zénobie en Egypte, fut rapidement vaincu et mis à mort, et
Aurélien revint à Rome couvert d'honneurs et de richesses, selon la
description du verset 28 de la prophétie : “Il retournera dans son pays avec
de grandes richesses; il sera, dans son cœur, hostile à l'alliance sainte,
il agira par ses exploits [variés], puis retournera dans son pays.
Comme preuves des richesses qu'il
accumula, notons un extrait du récit de Gibbon sur sa marche triomphale à
travers les rues de Rome :
19
La richesse de l'Asie, les armes
et les enseignes des nations conquises, la vaisselle magnifique et la
garde-robe somptueuse de la reine de Syrie étaient disposées dans une
symétrie parfaite ou bien dans un désordre artistique... La belle Zénobie
était chargée de chaînes d'or, un esclave portait la chaîne d'or qui
entourait son cou et elle défaillait sous le poids accablant des joyaux.
Elle marchait à pied devant le char superbe dans lequel elle avait espéré
autrefois franchir victorieuse les portes de Rome”.
Au sujet de la déclaration du
prophète, à savoir qu'à son retour Aurélien serait dans son cœur hostile à
l'alliance sainte [le christianisme], l'historien Mosheim déclara :
“Pendant quatre ans, Aurélien, qui
était très idolâtre et détestait cordialement les chrétiens, ne les
persécuta cependant pas. Mais dans la cinquième année de son règne, sous
l'influence soit de sa propre superstition, soit de celle des autres, il se
prépara à les persécuter. L'influence exercée sur Aurélien par les prêtres
païens et les admirateurs des dieux était telle que ses persécutions
auraient été pires que les précédentes, s'il avait vécu, surtout avec les
dispositions cruelles et féroces qu'étaient les siennes. Mais avant que ses
nouveaux édits eussent atteint toutes les provinces, il fut assassiné ; et
il n'y eut donc que peu de chrétiens qui souffrirent pour leur piété sous
son règne.” (*) [History of Christianity, Vol. 11, Page 101].
Comme la prophétie l'indique,
c'est après son retour de son expédition victorieuse qu'Aurélien fut animé
de l'esprit de persécution contre les chrétiens. Il était un adorateur du
soleil, et il attribua à cet astre sa victoire sur Zénobie. Immédiatement
après la bataille, il se rendit au temple magnifique dédié au soleil pour le
remercier de ses faveurs. Comme les chrétiens jugeaient le soleil indigne
d'être adoré, il est à présumer que leur refus de participer à cette
adoration provoqua chez lui cette soudaine, et violente opposition.
20
Verset 26 : “Ceux qui
mangeaient des mets délicats le briseront et son armée débordera, et
beaucoup de gens seront tués.” Aurélien fut assassiné par ses propres
généraux ; son armée fut victorieuse, bien qu'il y eût beaucoup de soldats
tués.
Le verset 27 ne s'applique pas à
Rome et à l'Egypte, mais aux deux rois ou pouvoirs existant dans l'empire
romain, — le pouvoir impérial qui mourait graduellement, et le pouvoir
clérical qui se formait peu à peu et manifestait son ambition. Chacun de
ces pouvoirs se servait de l'autre pour satisfaire son ambition égoïste
tout, en niant de semblables desseins. Nous lisons : “Ces deux rois auront à
cœur de faire du mal, et diront des mensonges à une même table. Mais il ne
viendra pas, [alors], car la fin sera encore pour le temps déterminé”. Ou,
pour exprimer la pensée plus clairement, une certaine période de 1.260
années avait été fixée par Dieu comme étant la durée de la puissance
persécutrice de la papauté ; c'est pourquoi ou alliance du clergé avec le
pouvoir civil “ne” pouvait “pas prospérer” alors, parce que si les 1.260
années avaient commencé à cette date, la fin serait survenue trop tôt ; la
chose fut donc différée, retardée et réalisée graduellement par
l'effondrement progressif de l'empire en Italie. L'histoire ecclésiastique
nous montre les intrigues des évêques chrétiens pour s'emparer du pouvoir
dans l'empire romain ; il est évident que les empereurs discutèrent beaucoup
la question de savoir s'il serait avantageux pour eux de reconnaître la
nouvelle religion. Ce que Constantin fit, à un moment donné plus favorable,
avait déjà été longuement étudié par d'autres. Cependant même Constantin fut
empêché par le peuple de réaliser de suite et aussi rapidement que désiré,
l'union des pouvoirs de l'Eglise et de l'Etat.
21
Nous considérons les versets 29 et
30 comme une parenthèse, disposée pour cacher le sens de la prophétie
pendant un certain temps, en rompant l'ordre de la narration ; nous croyons
qu'ils ont trait à un conflit bien postérieur entre les pouvoirs
représentant l'empire romain et l'Egypte. Aucun conflit postérieur entre eux
ne surgirait, excepté un, et ce serait jute au “temps marqué”, le temps de
la fin, 1799. Pour cette raison, nous ne reprendrons l'examen de ces versets
qu'après avoir considéré cette dernière lutte entre eux, telle qu'elle est
détaillée aux versets 40 à 45.
Le verset 31 se rattache à la
pensée du verset 27, et nous reconnaissons qu'il a trait à celui des deux
pouvoirs de l'empire romain qui l'emporta, la Papauté. Après avoir marqué
l'histoire au moyen de dirigeants individuels remarquables jusqu'à Aurélien,
et nous avoir présentés aux deux pouvoirs rivaux — le pouvoir civil et le
pouvoir ecclésiastique — qui surgirent peu après le précédent, il nous est
montré ensuite la prédominance de la papauté, son caractère et son oeuvre
dans ses rapports avec la vérité divine et l'Eglise, — ce système étant
représenté sous la figure d'un roi ou pouvoir, sans tenir compte de ses
papes ou chefs divers et changeants. Nous savons que, dans le conflit entre
les pouvoirs civil et religieux, la papauté l'emporta ; la prophétie dit “
des forces se tiendront là de sa part [“des puissants sortiront de son sein”
— traduction de Young] et profaneront le sanctuaire, la forteresse et
ôteront le [sacrifice] continuel, et elles PLACERONT l'abomination qui cause
la désolation.”
Nous interprétons ceci dans le
sens que des “puissants” surgirent à un moment donné, qu'ils souillèrent les
principes fondamentaux du pouvoir civil et aussi ceux de la vraie religion,
bien que ni l'Eglise ni le pouvoir civil ne réussirent à être complètement
absorbés l'un par l'autre, comme cela parut probable une fois. “Le
sanctuaire, la forteresse”, les droits sacrés de l'autorité civile que pour
le moment Dieu avait confiés aux nations, aux royaumes de ce monde furent
sapés par ceux qui, dans l'Eglise, avaient soif de domination présente et
cherchaient, par tous les moyens, à accaparer le pouvoir civil afin de
favoriser leurs intrigues cléricales. Le sanctuaire de Dieu (son habitation
sacrée, l’Eglise) fut souillé et avili par les efforts persistants de ces “
puissants qui cherchaient à partager le pouvoir avec les autorités civiles,
à croître en nombre et à dominer sur le peuple. Tels furent les débuts de la
Papauté qui cherchait à arriver au pouvoir comme empire sacerdotal.
22
Nous ne pouvons nous étonner que
ces “puissants” entêtés, n'ayant tenu aucun compte du plan de Dieu qui
prévoit notre soumission présente aux “autorités existantes” (lesquelles
sont ordonnées de Dieu pour notre épreuve actuelle et notre préparation à
l'exaltation future au pouvoir, à la gloire et à la domination du monde), et
ayant décidé de régner, si possible avant le temps de Dieu, se trouvèrent
tellement en désaccord avec le plan de Dieu qu'ils perdirent l'essence même,
la valeur intrinsèque de la vérité, et n'en retinrent que la forme,
l'apparence extérieure. Un pas des plus décisifs de l'apostasie consista à
“ôter le sacrifice continuel”. Ce fut là le point culminant de la
dégénérescence doctrinale sous la forme des doctrines romaines de la
transsubstantiation et du sacrifice de la messe que nous ne faisons que
nommer ici, nous réservant de les examiner dans un autre chapitre, à propos
d'une autre prophétie. A cause de l'introduction de cette erreur fatale et
blasphématoire, Dieu appelle le système une abomination ; et son élévation
au pouvoir qui allait suivre est désignée dans la prophétie par l'expression
“placer l'abomination qui cause la désolation”. La papauté a véritablement
mérité ce nom, son influence a été dégradante et destructive au plus haut
degré, comme l'atteste l'histoire de l'“âge des ténèbres” dont nous avons
donné quelques aperçus dans le Volume précédent.
23
Verset 32 : “Et par de douces
paroles il entraînera à l'impiété ceux qui agissent méchamment à égard de
l'alliance”. Les membres de l'Eglise qui ne vécurent pas selon leur
alliance avec le Seigneur, succombèrent facilement aux flatteries, aux
honneurs, aux titres que leur offrit la hiérarchie papale lorsqu'elle
commença à s'élever en influence. Mais quoique beaucoup eussent succombé aux
erreurs, tous ne tombèrent point, car nous lisons encore dans ce verset 32 :
“Mais le peuple qui connaît son Dieu sera fort et agira, et les sages du
peuple enseigneront la multitude”. Nous voyons ici l'Eglise séparée en
deux classes désignées dans Daniel 8 : 11-14 par les noms le sanctuaire et
l'armée ; ceux qui formaient cette dernière classe avaient été séduits par
les distinctions honorifiques du monde, ils avaient violé leur alliance avec
Dieu ; ceux qui formaient l'autre classe, furent fortifiés par les
persécutions auxquelles leur fidélité à Dieu les exposa. Dans cette dernière
classe, quelques-uns comprirent la situation et enseignèrent aux fidèles
que, selon les Ecritures, l'Antichrist ou l'homme du péché se développerait
par une grande apostasie dans l'Eglise.
Ceux qui abandonnèrent l'alliance
acquirent le nombre et la puissance, et s'associèrent à l'empire quant aux
quelques fidèles, ils furent persécutés pourchassés, emprisonnés, torturés
et mis à mort sous des centaines de formes odieuses. L'histoire atteste
toutes ces choses que le prophète avait déjà prédites au verset 33 “et
ils tomberont par l'épée, par la flamme, par la captivité et par le pillage,
plusieurs jours”, [Le verset 34 et une partie au verset 35 sont une
autre parenthèse] “jusqu'au Temps de la Fin ; car elle n'arrivera qu'au
temps [futur] marqué”. La durée de cette période de persécutions n'est pas
indiquée ici ; il était dit qu'elle serait terminée au Temps de la Fin.
D'autres passages des Ecritures nous apprennent que cette période devait
durer 1.260 ans qui prirent fin en 1799, date signalée d'une manière
frappante par Daniel, par l'auteur de l’Apocalypse aussi bien que dans
l'histoire.
24
Versets 34 et 35 : “Et quand ils
tomberont, ils seront secourus avec un peu de secours”. La période
complète de la puissance persécutrice (la Papauté), 1.260 années, ne devait
prendre fin qu'en 1799. Avant sa fin, Dieu accorda un peu de secours ; par
le mouvement de la Réformation qui, bien qu'amenant au début une
recrudescence de persécution, finit par procurer quelque soutien et quelque
protection à ceux qui tombèrent victimes de leur fidélité à la Parole de
Dieu. La Réformation empêcha la vérité d'être complètement extirpée du
monde. Mais hélas ! avec le “petit secours” les “flatteurs” réapparurent.
Aussitôt que la persécution diminua, l'adversaire Satan, eut recours aux
mêmes stratagèmes par lesquels il avait réussi auparavant à corrompre et à
dégrader l'Eglise, pour maîtriser maintenant les mouvements de réforme. Des
rois et des princes distribuèrent des honneurs et des titres aux
protestants, et s’unirent au protestantisme. Cet état de choses conduisit à
de tristes résultats, et à l'abandon de l'alliance comme nous le lisons :
“Plusieurs se joindront à eux par des flatteries. Et d'entre les sages [les
conducteurs, réformateurs, instructeurs, etc., qui avaient été capables d'en
instruire beaucoup sur les erreurs de la Papauté] il en tombera pour les
éprouver [les rares fidèles], et pour les purifier et pour les blanchir”.
25
En suivant plus loin la prophétie,
nous trouvons que de même que les versets précédents décrivent expressément
les personnalités en vue qui prirent part au transfert du pouvoir à la
Grèce, puis à Rome, ensuite la formation, la croissance graduelle, habile et
dissimulée de la Papauté qui devint une puissance, naissant au sein de la
Rome civile, ainsi est-il logique qu'en arrivant au point où la domination
papale fut brisée (*) [Il est exact de dire que la domination papale
disparut au commencement du XIXè siècle ; car, après la Révolution
française, l'autorité de Rome sur les souverains, les royaumes (et même son
propre territoire en Italie), ne fut plus que nominale. On doit rappeler
aussi que jusque là, la France avait été parmi toutes les nations, la plus
fidèle et la plus obéissante à l'autorité papale : ses rois, ses princes,
ses nobles et son peuple avaient organisé des croisades, soutenu des
guerres, etc., afin d'obéir à l’ordre du pape, et ils avaient été si loyaux
qu'ils ne permirent à aucun protestant de vivre sur le sol français après le
massacre de la nuit de la Saint-Barthélemy, Aucune autre nation, par
conséquent, n'aurait pu frapper la Papauté d'un coup aussi terrible et aussi
destructeur que celui de la France.], la prophétie mets en relief Napoléon,
le personnage principal associé à ce changement, et cela non par une
description de sa personnalité, mais de ses caractéristiques particulières,
exactement de la même manière qu'Auguste et Tibère César avaient été
indiqués.
C'est cette description que nous
trouvons et la carrière de Napoléon Bonaparte y correspond exactement. Les
versets 31 à 35 décrivent la Papauté, ses erreurs et ses abominations, et la
Réformation et son “petit secours” qu'elle apporta, son échec partiel par le
fait des flatteries, et ces versets amènent au “Temps de la Fin”, et nous
montrent que, malgré le petit secours qu'elle apporta, plusieurs
succomberaient encore sous les persécutions jusqu'au Temps de la Fin. Tel
fut bien le cas ; la terrible Inquisition ravagea tous les pays soumis à la
Papauté, l'Espagne, la France, etc., jusqu'à ce qu'elle fût effectivement
brisée par Napoléon.
26
Les versets suivants dépeignent
Napoléon, l'instrument employé par la Providence pour briser la puissance de
la Papauté, pour commencer la série de tourments qui ne finira plus qu'à sa
destruction, laquelle aura lieu lorsque “le Seigneur l'anéantira par le
brillant éclat de sa présence” 2 Thess. 2 : 8.
La description prophétique de la
carrière publique de Napoléon, reconnu de son propre jour comme “l'homme du
destin”, est si nette que nous pouvons, d'après elle, déterminer avec
assurance le “temps marqué”. Cette méthode de fixation d'une date est
correcte ; et si nous montrons que les événements mentionnés ici dans la
prophétie, cadrent avec la carrière de Napoléon dans l'histoire, nous
pouvons déterminer la date aussi certainement que nous pourrions le faire
avec le commencement du règne de César Auguste, ou de Tibère, ou de
Cléopâtre, décrit dans les versets 17, 20 et 21. Dans la carrière de
Napoléon, la prophétie marque l'année 1799 comme la fin des 1.260 ans de la
domination papale et le commencement de la période appelée le “Temps de la
Fin”.
Verset 36 : “Le roi agira selon
son bon plaisir et s'exaltera et s'élèvera contre tout Dieu et proférera
choses impies contre le dieu des dieux ; et il prospérera jusqu'à ce que
l'indignation soit accomplie ; car ce qui est déterminé sera fait”.
Napoléon n'était pas un roi, mais ce titre indique simplement un chef d'Etat
puissant. Plus qu'aucun autre homme, peut-être, Napoléon agit selon son bon
plaisir ; sa volonté et sa détermination remarquables lui firent vaincre des
difficultés presque insurmontables. Dans le passage cité, rappelons-nous que
le terme “dieu” signifie “un puissant” ; et dans les Ecritures ce terme
désigne fréquemment des rois et des chefs d'Etat tel est le cas de
l'expression “dieu des dieux” contenue dans ce verset. (*) [Voir Etudes dans
les Ecritures Vol. 2, chap. 9.] Ici le mot “dieux” désigne des dirigeants
des rois et des princes, et l'expression “dieu des dieux”, ou chef des
chefs, désigne le pape. La plupart des hommes ont reconnu quelque chef
religieux, Napoléon n’en reconnut aucun. Sa volonté, son plan seuls
existaient et ce plan était de s'élever au-dessus de tout autre monarque
même à l'égard du “dieu des dieux”, (c'est-à-dire le chef des chefs, le
pape) Napoléon se comporta d'une manière étonnante, exigeant de lui
l'obéissance comme d'un serviteur et il choqua le monde superstitieux
d'alors, aussi bien que la dignité de la hiérarchie papale elle-même. Selon
la prophétie, il prospéra jusqu'au moment où il eut accompli sa mission
consistant à flageller la papauté et à briser son influence sur les esprits
des gens. L'histoire (*) [Campaigns of Napoléon, pp. 89, 95, 96.] dit comme
preuve à l'appui :
27
“Les princes laïques, qui avaient
conclu des traités avec les Français, les respectèrent de bonne foi et
payèrent les contributions qui avaient été stipulées ; le souverain pontife,
lui, se rendit coupable des plus déraisonnables violations de ses
engagements. Entouré de prêtres qui étaient ses seuls conseillers, le pape
recourut à ses anciens artifices et à ses fraudes pieuses ; il fit de grands
efforts pour enflammer les esprits des gens contre les Français... Les
prêtres prétendirent que le ciel était intervenu, et on affirma positivement
que divers miracles avaient été accomplis dans les différentes églises pour
défendre la sainte foi catholique de la suprématie papale et montrer la
désapprobation céleste à l'égard des Français. Comprenant que la Cour de
Rome était aveuglée par son orgueil, et voyant que ses efforts pour la paix
seraient inutiles, Bonaparte prit des mesures immédiates pour ramener “Sa
Sainteté” à ses sens.
28
“Il ordonna au général Victor
d'envahir les Etats pontificaux ; les armées du pape furent dispersées comme
de la paille par le vent, et ce fut une panique générale dans tous les Etats
ecclésiastiques... Constatant que saint Pierre ne lui avait pas fourni
l'aide espérée, Sa “Sainteté” envoya à la hâte des plénipotentiaires à
Bonaparte pour implorer la paix. La paix fut obtenue mais à des conditions
très humiliantes. Outre les obligations du traité provisoire conclu
antérieurement et violé par le Pape, ce dernier fut contraint de céder une
partie de son territoire et de payer une somme de 30 millions de livres
françaises comme indemnité de rupture”.
— Cette dernière indemnité,
ajoutée à celle due antérieurement porta à cent cinquante millions la somme
que le Pape paya en or et en argent à la France ; il dut en outre livrer des
trésors artistiques de grande valeur, des statues, des tableaux, etc. Un
écrivain catholique romain déclare que “l'exécution de ces conditions amena
le Pape au bord de la ruine”. Ce traité fut conclu le 19 février 1797.
On pourrait penser que ce
renversement sommaire et complet du pouvoir papal suffirait à prouver au
monde que les prétendus droits divins du Pape à régner sur les rois, etc.,
n'étaient que de simples suppositions ; sinon, les événements de l'année
suivante confirmèrent la chose. Le général français Berthier entra à Rome, y
organisa une République le 15 février 1798, et cinq jours plus tard emmena
le Pape prisonnier en France, où il mourut l'année suivante. Depuis ce
moment jusqu'à ce jour, la domination exercée par la papauté sur les
royaumes de la terre n'a plus été que l'ombre de ce qu'elle était autrefois.
Depuis lors, la papauté n'a que rarement fait allusion à son prétendu droit
d'introniser ou de détrôner les rois. En fait, le Pape qui monta en 1800 sur
le trône pontifical, Pie VII, publia une encyclique dans laquelle il déclara
que, selon la doctrine de l'Evangile, tous devaient obéir aux gouvernements
établis, ce qui, naturellement, s'appliquait aussi à lui-même.
29
Verset 37 : “Et il n'aura point
égard au dieu [souverain] de ses pères, et il n'aura point égard à
l'objet du désir des femmes, ni à aucun dieu [souverain] ; car il
s'agrandira au-dessus de tout” (*).[Comme la véritable Eglise est
appelée symboliquement l'Epouse de Christ, et comme l'Eglise de Rome, par le
fait de son alliance infidèle avec l'empire terrestre est appelée une
prostituée, de même les diverses sectes protestantes sont des “femmes”]
Non seulement Napoléon ne respecta
pas le dieu de ses pères, la Papauté, mais il ne favorisa pas davantage les
sectes protestantes, représentées ici sous la figure de femmes. En fait
Napoléon ne se laissa jamais diriger que par son ambition personnelle
Verset 38 : “Et à sa place
[au lieu d'aucun de ces dieux], il honorera le dieu des forteresses
[la puissance ou force militaire] avec de l'or, et avec de l'argent, et
avec des pierres précieuses, et avec des choses désirables, il honorera un
dieu que n'ont pas connu ses pères”.
D'autres grands capitaines
attribuèrent à certains pouvoirs surnaturels les victoires qu'ils avaient
remportées. Alexandre le Grand se rendit dans des temples païens pour y
célébrer ses victoires ; les Césars firent de même ; dans la suite, sous la
Papauté, les belligérants en présence en appelèrent à Dieu, aux saints, à la
Vierge et, aux papes pour obtenir des bénédictions et la victoire ; tout au
moins prétendirent-ils accepter la victoire comme un don de Dieu. Napoléon,
lui, ne fit rien de pareil ; il attribua tous ses succès à lui-même et à son
propre génie. Il se confia dans ses généraux armés, dans ses vaillants
soldats, dans ses généraux capables et habiles manœuvriers c'est à eux qu'il
adressa ses proclamations. La forme du serment qu'il prêta au “Conseil des
Anciens” de France, à son retour d'Egypte, lorsqu'il prit le commandement
des armées françaises, montre qu'il se confiait en lui-même et en ses
armées. Il ne jura, ni par Dieu, ni par la Bible, ni par le Pape, ni par la
France, il dit simplement. “Je le jure - Je le jure en mon propre nom et au
nom de mes braves camarades !” Tout en servant son ambition, il prétendait
servir le peuple ; les trésors de Rome et des autres pays qu'il dépouilla
furent livrés au peuple français dont lui-même, et ses soldats faisaient
partie.
30
Verset 39 : “Et il agira dans
les lieux forts des forteresses, avec un dieu étranger : à qui la
reconnaîtra, il multipliera la gloire, et il les fera dominer sur la
multitude et leur partagera le pays en récompense”.
Napoléon plaça ses amis et ses
fidèles généraux à des positions très élevées dans toutes nations d'Europe
qu'il avait conquises. Ces positions étaient ses dons ; toutefois elles
n'étaient occupées que sous la condition de lui rester fidèle. Elles étaient
accordées gratuitement, et cependant elles étaient le prix de la fidélité
que Napoléon exigeait en retour. L'Histoire (*) [Willard's Universal History,
p. 452.] dit à ce sujet :
“Les projets ambitieux de Napoléon
devinrent plus apparents encore. La Hollande érigée en royaume l'année
précédente avait été donnée à son frère Louis Bonaparte ; Naples était
maintenant donnée à son frère aîné Joseph Bonaparte, qui reçut le titre de
Roi des Deux-Siciles. Plusieurs provinces furent érigées en duchés ou grands
fiefs de l'empire et accordées, aux parents de l'empereur et à ses favoris ;
sa sœur Pauline devint princesse de Guastalla ; son beau-frère Murat devint
grand-duc de Berg et de Clèves, tandis qu'Eugène de Beauharnais, le fils de
l’impératrice Joséphine par un premier mariage, fut envoyé comme vice-roi en
Italie. Quatorze provinces du sud et de l'ouest de l'Allemagne furent
réunies sous le nom de Confédération du Rhin. Elles furent séparées de
l'empire germanique, et reconnurent Napoléon comme leur chef, avec le titre
de Protecteur... La Suisse tomba aussi sous la domination française,
Napoléon s'étant constitué son Médiateur”.
31
La politique de Napoléon l'amena
également à créer différents ordres de distinctions honorifiques pour ses
officiers et ses soldats : par exemple “la Légion d' Honneur”, “l'Ordre de
la Couronne de Fer”, etc., etc.
La prophétie nous ayant fourni les
données nécessaires pour reconnaître la personnalité de Napoléon dont les
actes marquèrent le commencement du “Temps de la Fin”, nous montre
maintenant l'événement particulier de cette époque qui marqua la date exacte
du commencement du “Temps de la Fin”. Cet événement se révèle être
l'invasion de l'Egypte par Napoléon, laquelle dura un an et presque cinq
mois. Napoléon s'embarqua en mai 1798 et rentra en France le 9 octobre 1799
; cette campagne est décrite brièvement dans les versets 40 à 44.
Verset 40 : “Et au Temps [fixé] de
la Fin, la roi du midi [l'Egypte] heurtera contre lui, et le roi du nord
[l'Angleterre] fondra sur lui comme une tempête, avec des chars et des
cavaliers, [les Mamelucks égyptiens, etc.] et avec beaucoup de navires [les
forces anglaises étaient constituées par une flotte sous le commandement de
l'Amiral Nelson] et il [Napoléon] entrera dans les pays et inondera et
passera [victorieusement]”.
L'histoire nous apprend que
l'armée égyptienne de Mourad Bey “fut repoussée après une lutte acharnée...
les succès des Français portèrent la terreur au loin en Asie et en Afrique
et les tribus indigènes du pays firent leur soumission au conquérant...
Cependant le destin lui préparait un terrible revers ; sa flotte composée de
treize vaisseaux de ligne et quelques frégates, fut attaquée par Nelson,
l'amiral anglais, dans la rade d'Aboukir ; cette attaque eut lieu le 1er
août 1798 et fut conduite avec une furie, une ardeur [“comme une tempête”],
qui ne fut jamais dépassée dans une guerre navale”.
32
Versets 41 à 43 “il viendra dans
le pays de beauté [la Palestine], et plusieurs [pays]
tomberont ; mais ceux-ci échapperont de sa main, Edom et Moab, et les
principaux des fils d'Ammon. [Il longea la côte mais n'entra pas dans
ces pays et passa au-delà]. Et il étendra sa main sur les pays et le pays
d'Egypte n’échappera pas. Et il aura sous sa puissance les trésors d'or et
d'argent et toutes les choses désirables de l'Egypte, et les Lybiens et les
Ethiopiens suivront Ires pas”.
Versets 44 à 45 “Il plantera
les tentes de son palais entre la mer et la montagne de sainte beauté”.
Cette description se rapporte soit au mont Tabor soit au mont Sinaï qui tous
deux peuvent être appelés beaux et saints. Le mont Tabor vit la
transfiguration de notre Seigneur, il est certainement glorieux et saint,
Pierre l'appelle la “sainte montagne”. Napoléon y fit dresser ses tentes et
y livra une de ses plus importantes batailles. Le mont Sinaï est aussi
glorieux et saint, car c'est là que fut ratifiée l'Alliance de la Loi entre
Dieu et Israël. Napoléon visita aussi cette montagne avec sa garde et en
compagnie de son corps scientifique.
“Mais des nouvelles de l'orient et
du nord l'effrayeront et il sortira en grande fureur pour exterminer et
détruire entièrement beaucoup de gens [des nations]”. “Et il arrivera à sa
fin et il n'y aura personne pour le secourir”.
33
Pendant qu'il était en Egypte
Bonaparte apprit qu'une nouvelle alliance avait été formée contre la France,
c'est pourquoi il rentra aussitôt en France. A ce sujet, l'histoire nous dit
: “Des nouvelles d'Europe le poussèrent à abandonner l'Egypte” (*).[Willard
- Universal History, p. 446.] Il laissa le commandement de ses armés à
Kléber ; il retourna en France hâtivement et en grand secret... Des revers
s'étaient abattus sur la France et une seconde coalition s'était formée
contre elle : il y avait l'Angleterre, la Russie, Naples, l'Empire ottoman
et l'Autriche. La prophétie ne dit-elle pas en effet, que “des nouvelles de
l'orient et du nord l'effrayeront et il sortira en grande fureur pour
exterminer et détruire entièrement beaucoup de gens [des nations]”. “Et il
arrivera à sa fin et il n'y aura personne pour le secourir”. Chacun connaît
également la fureur et l'acharnement que déploya Napoléon pour détruire les
nations de l'Europe ; il sembla même avoir réussi dans ses desseins
ambitieux ! Néanmoins, comme le prophète l'avait annoncé, au bout de peu
d'années, cet homme, le plus remarquable de son époque, mourut en exil,
abandonné par tous.
Comme le verset 40 déclare que
cette invasion de l'Egypte se produirait au Temps de la Fin ou, ainsi que le
rend la version de Douay, au temps fixé d'avance, ainsi le font les versets
29 et 30 qui se rapportent au même événement et ont été préalablement
présentés sous forme de parenthèse. On se souvient que les versets 25 à 28
parlaient d'une première invasion de l'Egypte ; les versets 29 et 30
laissent entendre que la grande invasion suivante de l'Egypte aurait lieu au
temps marqué, c'est-à-dire “au Temps de la Fin” dont parlent les versets 40
à 45.
34
Le verset 29 dit : “Au temps
déterminé, il retournera et viendra dans le midi ; mais il n'en sera pas la
dernière fois comme la première.” L'invasion de l'Egypte par Napoléon
n'aboutit pas aux mêmes résultats que celle des jours de Cléopâtre ou comme
celle des jours de sa descendante, la reine Zénobie. Napoléon fut, il est
vrai, victorieux en Egypte comme général, mais le résultat de ses victoires,
à l'inverse de ses prédécesseurs, fut nul, “car” nous dit le verset 30, “les
navires de Kittim [“des Romains” version Douay (voir Notes Syn. - Cr. - Gl.
et V.)] viendront contre lui”. La flotte anglaise bloqua Napoléon et empêcha
sa conquête. Le qualificatif de romains peut parfaitement être appliqué aux
navires anglais, car l'Angleterre comme la France avait fait partie de
l'ancien empire romain et, en somme, au moment da la campagne d'Egypte, la
France faisait la guerre à tous les autres états qui formaient cet empire.
“Et il sera découragé et retournera et sera courroucé contre la sainte
alliance, et il agira” [v. anglaise : réussira - trad.].
A son retour de l'Egypte, Napoléon
cessa de s'opposer violemment à la Papauté et signa même un Concordat avec
le pape ; par cet acte, la religion catholique était rétablie en France. Un
tel acte était une manifestation dirigée contre la vérité mais il lui
semblait voir que, par cette politique, il pourrait plus aisément renverser
la République et se faire proclamer empereur ; et c'est en cela qu'il
réussit en effet. Cependant cette ligne de conduite ne dura pas ; bientôt
après, l'établissement de l'empire, Napoléon s'opposa de nouveau à ce
système appelé l'Homme de Péché ; c'est ce que la prophétie indique par les
paroles suivantes : “Et il retournera, et portera son attention contre ceux
qui abandonnent la sainte “alliance”, c'est-à-dire : il commença à élaborer
de nouveaux desseins contre l'église apostate de Rome ; il les exécuta et en
cela il réussit également.
35
Le chapitre XI de Daniel retrace
donc l'histoire du monde en mettant en relief les principaux caractères (ou
personnages - trad.), depuis le royaume de Perse jusqu'à la chute de la
puissance dominatrice de la Papauté. Cette relation qui s'étend sur une
longue période de 24 siècles accomplit un dessein déterminé, celui de
marquer l'année du commencement du Temps de la fin, l'an 1799. C'est en
cette année-là que prit fin la puissance oppressive de la Papauté qui a duré
1.260 années et le Temps de la Fin commença. Cette même année fut aussi la
fin du millénium papal qui commença en l'an 799 lors du couronnement de
Charlemagne. L'année 1799 ne fut que le commencement du Temps de la Fin dans
les limites duquel tout vestige de ce système disparaîtra.
Nous avons vu en quelques mots aux
versets 34 et 35, le déclin de la Réformation et ses causes. L'amour du
monde, le désir de posséder le pouvoir, l'influence et l'aisance furent les
pièges qui séduisirent d'abord l'église et amenèrent la formation de la
Papauté ; et les mêmes causes, les mêmes aspirations empêchèrent la
Réformation de continuer sa marche. Luther et ses compagnons dénoncèrent
d'abord hardiment, entre autres erreurs de la Papauté, l'union de l'Eglise
et de l'Etat ; mais après quelques années de vaillante lutte contre
l'opposition toute puissante, la Réformation acquit une certaine influence
par le nombre de ses adeptes, quand les rois et les princes commencèrent à
flatter les réformateurs et les chemins conduisant aux honneurs politiques
et sociaux s'ouvrirent à eux et ces derniers ne reconnurent plus du tout les
méfaits de l'union de l'église et de l'état qu'ils avaient vus et combattus
dans la Papauté. Les églises réformées d'Allemagne, de Suisse et d'ailleurs
marchèrent sur les traces de Rome et se montrèrent disposées à favoriser un
parti politique, un prince ou un gouvernement et à s'unir même avec lui si
ce dernier voulait les reconnaître et les accepter. Dès ce moment-là,
quelques conducteurs de marque de la Réformation sortirent du chemin, et au
lieu d'être des conducteurs de réforme ils conduisirent leurs troupeaux dans
les tentations. C'est ainsi que le mouvement de la Réformation bien
commencé, fut grandement mis en échec.
36
Ceci ne pouvait cependant entraver
le plan de Dieu, qui, dans sa sagesse, fit concourir toutes ces choses au
bien. Ces événements, tout comme l'erreur de la Papauté, servirent à
éprouver à fond les véritables saints afin de faire voir s'ils étaient
disciples des hommes ou de Dieu. Tel a été le dessein de ces événements et
de ces épreuves pour les fidèles, tout au long des siècles jusqu'à
aujourd'hui, “pour les éprouver, les purifier et les blanchir”.
Si nous sommes dans le vrai en
plaçant le commencement du Temps de la Fin en 1799, nous devrions nous
attendre à ce que la chute dans l'erreur de l'union de l'Eglise et de l'Etat
cesserait dans une certaine mesure, bien qu'il pourrait se passer de longues
années avant la délivrance complète de ce piège du diable. En jetant un coup
d’œil en arrière, nous voyons que les faits confirment pleinement notre
attente. Depuis cette date, en effet, il y eut des séparations entre des
gouvernements et des églises, mais pas de nouvelles unions. Cette date
marque en réalité une nouvelle réformation sur une base plus solide.
L'influence de la Papauté sur les royaumes de l'Europe avait été si grande
auparavant, que les nations craignaient prodigieusement les anathèmes
prononcés par le pape et recherchaient au contraire ses bénédictions pour
leur prospérité nationale. Lorsque les Protestants se séparèrent de la
Papauté, le monde les considéra simplement comme un système moins corrompu
substitué à la Papauté, et on rechercha fréquemment, d'une manière analogue,
leurs faveurs, leur appui et leurs conseils. Napoléon dédaigna
souverainement les bénédictions, comme les anathèmes du pape, et prospéra
néanmoins considérablement ; ce fait affaiblit grandement l'autorité de la
Papauté sur les gouvernements civils par contre-coup, l'influence des
diverses sectes protestantes dans les domaines civil et politique fut
amoindrie, et certes elle était devenue forte au cours des deux siècles et
demi qui précédèrent.
37
La nouvelle réformation qui
commença au jour de Napoléon, ne fut pas moins décisive que celle inaugurée
par Luther et ses collègues, quoique ce ne fût pas un mouvement religieux,
ni dû au zèle religieux ; ses auteurs ignoraient d'ailleurs qu'ils
accomplissaient une œuvre, dont le programme avait été marqué dans la
prophétie bien des siècles auparavant. Napoléon et ses associés étaient des
hommes impies guidés uniquement par leurs propres ambitions égoïstes pour le
pouvoir. Mais Dieu, à leur insu, dirigeait leurs actions, les faisant
concourir à l'accomplissement de ses propres desseins. Si la réformation que
Dieu avait fait naître au début au sein de l'église avait continué son
oeuvre si les réformateurs et leurs descendants étaient restés fidèles à la
vérité, les grands desseins de Dieu auraient pu être accomplis par leur
ministère. Mais lorsqu'ils eurent succombé aux flatteries du monde, Dieu
montra qu'il avait d'autres moyens et d'autres voies pour accomplir ses
desseins.
L’œuvre de Napoléon et celle de la
Révolution française brisèrent l'influence de la superstition religieux
humilièrent l'orgueil des aristocraties religieuses hautaines, réveillèrent
les peuples à une notion plus nette des pouvoirs et prérogatives de l'homme.
La puissance papale, qui avait antérieurement déjà reçu un coup fatal lors
de la Réformation et s'en était guérie (Apoc. 13 : 3), fut brisée et perdit
sa puissance dominatrice. La période achevée en 1799 et marquée par la
campagne d'Egypte de Napoléon, désagrégea la domination papale sur les
nations et y mit un terme. A ce moment-là, au temps marqué, au terme des
1260 années de domination, le jugement qui avait été prononcé contre ce
système commença et il se poursuivra “pour la détruire et la faire périr
jusqu'à la fin”. — Dan. 7 : 26.
38
Cette date (1799), marque le début
d'une nouvelle ère dans laquelle la liberté de la pensée, la reconnaissance
des droits et des privilèges de l'homme, etc., ont amené de rapides et
visibles progrès dans l’œuvre qui devait s'accomplir au Temps de la Fin.
Nous constatons, par exemple, l'apparition et le travail des diverses
Sociétés Bibliques, appelées par Rome des Sociétés Bibliques pestiférées.
Rome ne peut entraver leur oeuvre et le livre sacré qu'elle avait autrefois
enchaîné, maintenu caché sous le manteau des langues mortes, le livre, dont
elle avait interdit la lecture à ses adeptes trompés, est maintenant répandu
par millions dans toutes les nations et en toute langue. La Société biblique
britannique et étrangère fut fondée en 1804, la Société biblique prussienne
de Berlin en 1806, la Société biblique de Philadelphie en 1808, la Société
biblique de New-York en 1809, et la Société biblique d'Amérique en 1817.
L’œuvre accomplie par ces diverses Sociétés pendant le siècle écoulé est
merveilleuse. Chaque année on publie des millions dé Bibles qui sont vendues
à bas prix et données aux pauvres par milliers. Il est difficile d'apprécier
l'influence mondiale de cette œuvre. Si beaucoup de ce travail est perdu, le
résultat général a pourtant, été obtenu, les liens de l'esclavage et de la
superstitions dans les domaines politique et ecclésiastique ont été brisés.
Son enseignement calme et serein que papes, ecclésiastiques et laïques,
rois, généraux et mendiants doivent tous rendre compte de leurs actes à un
seul Seigneur, est le plus grand des niveleurs et des égalisateurs.
39
Quoique le mouvement de
réformation religieuse en Europe eût gravement ébranlé l'influence de la
Papauté, les églises réformées avaient cependant si bien imité sa politique
d'administration de l'état, d'affiliation aux empires terrestres, et ses
prétentions à l'autorité cléricale sur le peuple (à savoir que le “clergé”
constitue un gouvernement spécial et divinement désigné dans le monde), que
le premier effet de cette réformation se modifia considérablement et laissa
le peuple et les gouvernants civils sous la crainte superstitieuse et la
subordination à tout ce qui s'appelle autorité religieuse. Beaucoup des
superstitions et de la vénération malsaine du papisme passèrent, lors de la
réforme, au sein de plusieurs sectes protestantes. Mais la réforme politique
accomplie pendant le dix-neuvième siècle, à partir de 1799, le “Temps de la
Fin”, est bien une véritable réformation, quoique différant beaucoup de la
première. La révolution et l'indépendance des colonies d'Amérique, la
fondation heureuse d'une République prospère avec un gouvernement par le
peuple et pour le peuple, sans intervention d'une royauté ou d'une politique
temporelle cléricale, tout cela était une nouvelle leçon pour les peuples
qui se réveillaient après avoir dormi des siècles durant dans l'ignorance de
leurs droits accordés par Dieu, ayant supposé qu'Il avait établi l’église
pour exercer l'autorité suprême sur la terre et qu'ils étaient tenus d'obéir
aux rois et aux empereurs investis dans leurs fonctions par l'église, malgré
toutes leurs injustices, et cela parce que l'église, avait déclaré qu'ils
étaient choisis par Dieu, par son intermédiaire.
40
L'Amérique devint un sujet pour
les peuples depuis longtemps opprimés et asservis par le clergé. Elle était
véritablement la “Liberté éclairant le monde”. Finalement, exaspéré par
l'oppression cléricale et par les turpitudes insensées de la royauté, etc.
auxquelles vinrent s'ajouter à plusieurs reprises de mauvaises récoltes qui
l'appauvrissaient et l'acculaient presque à la famine, le peuple de France
se souleva de désespoir et accomplit la plus terrible des révolutions, qui
dura quinze ans, de 1789 à 1804.
Les scènes d'anarchie et de
violence furent terribles ; elles n'étaient cependant que la conséquence
logique, la réaction inévitable, dues au réveil d'un peuple depuis longtemps
opprimé qui comprenait enfin son état d'abjection et de dégradation. Les
pouvoirs civils et religieux récoltaient la tempête parce que, au nom de
Dieu et de la vérité, ils avaient aveuglé et enchaîné des gens pour lesquels
Christ était mort, et cela pour satisfaire leur propre ambition.
Dans ces conditions, une telle
réaction, provenant d'une telle cause, conduisit directement à l'incrédulité
; subitement, la France devint tout à fait incrédule sous l'influence de
Voltaire et de ses associés qui inondèrent le pays de leurs ouvrages dans
lesquels ils couvraient de mépris et de ridicule le seul Christianisme que
le peuple français connaissait, l'Eglise apostate de Rome ; ils en firent
ressortir les erreurs, les hypocrisies, les immoralités, les cruautés et
tous les méfaits, si bien que le peuple français devint aussi enflammé dans
son zèle à détruire le catholicisme et toute religion, qu'il avait mis de
zèle autrefois à défendre cette religion. Après avoir subi pendant mille ans
l'influence déprimante de la papauté, la pauvre France induite en erreur et
croyant que son exécrable oppresseur avait été le vrai Christ et non l'Antichrist,
répéta les mots de Voltaire :
“A bas l’infâme !” Tous les
efforts déployés pour détruire l'exécrable Antichrist amenèrent les
terribles excès de la Révolution française. Ce fut un merveilleux exemple de
justice rétributive, lorsqu'on considère en comparaison les effrayants
massacres de la Saint-Barthélemy et autres atrocités dont la papauté s'était
réjouie.
41
La France incrédule se souleva avec
puissance, elle démolit la Bastille proclama la déclaration des droits de
l'homme, exécuta le roi et la reine, puis déclara la guerre à tous les rois
et sa sympathie pour tous les révolutionnaires en tout pays. Pendant ces
événements, les souverains de l'Europe, remplis de terreur, craignant de
voir le mouvement révolutionnaire se propager dans leurs propres états,
redoutant une anarchie universelle, formèrent des alliances entre eux et
contre, leurs propres sujets qu'ils eurent de la peine à contenir. La France
ayant répudié le christianisme, confisqua toutes les immenses propriétés et
les énormes revenus de l'Eglise catholique romaine ainsi que ceux du roi et
de la noblesse. Les rues de Paris furent de nouveau inondées de sang, mais
c'était celui des prêtres, des nobles et de leurs partisans, au lieu d'être
celui des protestants. On évalue à environ 1.022.000 le nombre de ceux qui
furent exécutés par toutes sortes de procédés inventés pour la circonstance.
Pendant les poursuites et les exécutions, les prêtres furent insultés, en
leur rappelant l'attitude des papistes à l'égard des Protestants et leur
propre doctrine que “la fin justifie les moyens”. Les révolutionnaires
proclamaient que la fin, le but poursuivi, était la liberté humaine,
politique et religieuse, et que l'unique et sûr moyen d'y parvenir, était de
mettre à mort ceux qui s'y opposaient.
42
Comme tous les événements
analogues la Révolution française fut une grande calamité qui causa beaucoup
de détresse à des millions d'individus ; cependant, comme d'autres malheurs,
elle vint partiellement redresser de grandes injustices et comme certains
autres événements, elle fut contrôlée par Dieu qui la fit concourir au bien,
à l'augmentation de la connaissance et à l'avancement de ses plans, selon
les indications de la prophétie. Nous remarquerons en passant que la
Révolution française est nettement mentionnée dans l'Apocalypse qui montre
clairement que ce règne de la terreur est une image de ce que sera la
détresse finale qui vient sur toutes les nations de la “Chrétienté”.
L'incrédulité et l'anarchie, ces pestilences qui, de France, se répandirent
dans le monde entier, furent grandement favorisées et aidées par les fausses
doctrines antiscripturales et les pratiques de la “Chrétienté”, représentée,
non seulement par la Papauté, mais par l' “Orthodoxie” en général. La
Chrétienté nominale a été incapable de guérir cette maladie et ne peut pas
davantage détourner sa prochaine crise annoncée par les Ecritures comme
étant la plus grande détresse qui ait jamais eu lieu sur la terre.
L'influence des incrédules
français fut propagée en Europe par les armées de Napoléon, et elle
affaiblit considérablement le pouvoir des rois et des prêtres. Mais, lorsque
Napoléon, le chef et le représentant de la France incrédule, malmena
rudement la Papauté, ce fut le comble, et ce fait contribua plus que tout
autre à briser les chaînes de la vénération superstitieuse par laquelle le
“clergé” avait pendant si longtemps asservi le “commun peuple”.
43
Mais lorsque l'audacieux Napoléon,
non content de mépriser les anathèmes du pape Pie VI, lui infligea des
amendes pour avoir violé ses ordres (ceux de Napoléon), et finalement le
contraignit même à rendre à la France les territoires pontificaux accordés
mille ans auparavant par Charlemagne (dont Napoléon se prétendait le
successeur), tout cela ouvrit les yeux des peuples aussi bien que des
monarques de l'Europe, en leur faisant comprendre la fausseté des
prétentions papales à l'autorité. Un autre fait amena aussi un changement
considérable dans l'opinion publique à l’égard de l'autorité papale, lorsque
Napoléon s'arrogeant le titre et se proclamant Empereur romain et successeur
de Charlemagne (*), [Les grandes guerres de Napoléon eurent pour but de
reconstituer cet empire tel qu'il existait, sous Charlemagne.] n'alla pas à
Rome pour se faire couronner par le pape, comme le firent Charlemagne et
d'autres, mais il ordonna au pape de venir en France pour assister au
couronnement. Même alors, le chef victorieux, qui avait plus d'une fois
pillé, ruiné, et humilié la papauté, ne voulut pas être couronné par le pape
et ainsi recevoir de lui sa dignité impériale et reconnaître par là
l'autorité papale, mais il voulut simplement que le pape (Pie VII) fût
présent pour sanctionner et reconnaître la cérémonie, et pour bénir la
couronne que Napoléon prit alors sur l'autel et plaça lui-même sur sa tête.
L'historien déclare “il plaça ensuite le diadème sur la tête de son
impératrice, comme pour bien montrer que son autorité provenait de ses
propres actions” et mérites, de ses propres succès civils et militaires.
Depuis cette date le pape n'a jamais été sollicité par personne pour
couronner un empereur romain. Parlant du couronnement de Napoléon, un
écrivain catholique romain dit : (**) Chair of St Peter, p. 433.
44
“A l'inverse de Charlemagne et
d'autres monarques qui étaient allés à Rome dans de semblables circonstances
Napoléon, dans son arrogance exigea que le saint père vînt à Paris pour le
couronnement. Le pape éprouva une répugnance extrême à déroger aux anciens
usages. Il considéra même cela comme incompatible avec sa dignité et ses
fonctions élevées”.
L'histoire relatant les nombreuses
humiliations infligées à la Papauté par Napoléon dit : (*) [Campaigns of
Napoléon pp 89, 90]
Un armistice fut conclu [le 23
juin, 1796] avec le Pape [Pie VI] ; les conditions imposées au chef de
l'Eglise, jadis le plus puissant souverain de l'Europe, furent suffisamment
humiliantes. La pape qui, jadis, foulait aux pieds les rois, intronisait les
souverains et les détrônait disposait à son gré des Etats et des royaumes et
qui, en qualité de souverain pontife, de vicaire du Tout-Puissant sur la
terre, s'arrogeait une autorité extraordinaire et régnait sur les autres
souverains, dut boire la coupe de l'humiliation jusqu'à la lie. Si le
contenu en était amer, c'était pourtant celui-là même que ses prédécesseurs
aient si libéralement distribué aux autres. Le pape dut ouvrir ses ports aux
vaisseaux français et les fermer à toutes les marines des Etats en guerre
avec la République française ; il dut permettre l'occupation de Bologne et
de Ferrare par les troupes françaises, il dut leur livrer la citadelle
d'Ancône et donner à la France 100 tableaux, statues, bustes et vases qui
devaient être choisis par des commissaires français ainsi que 500 manuscrits
(anciens et de grande valeur). Pour combler la mesure, sa sainteté dut payer
à la République 21.000.000 de livres françaises, la majeure partie en
espèces, ou lingots d'or et d'argent”.
Les conditions de ce traité
n'ayant pas été remplies, l'amende infligée fut portée à 50.000.000 de
livres et le pape dut céder certains de ses Etats à la France ; il fut
finalement fait prisonnier et emmené en France où il mourut.
45
Même Pie VII qui avait été rétabli
aux honneurs pontificaux, et qui en 1804 avait assisté au couronnement de
Napoléon fut plus tard, par décret de Napoléon (1808-1809), dépouillé de
tout pouvoir temporel ; les monuments et les trésors artistiques de Rome
furent mis sous la protection française. Napoléon déclara : “La donation de
territoires consentie au Saint Siège par notre illustre prédécesseur,
Charlemagne, sera transféré... Urbino, Ancône, Macerata, seront réunis pour
toujours au royaume d'Italie”.
Un écrivain catholique (*) [Chair
of St Peter pp. 439, 440.] fait ressortir l'importance de ces faits :
“Aux conditions précédentes, on
ajouta que le pape continuerait d'être l'évêque de Rome, d'exercer ses
fonctions spirituelles, comme ses prédécesseurs l'avaient fait autrefois,
jusqu'au règne de Charlemagne. L'année suivante, enhardi par ses succès
militaires, l'empereur résolut d'enlever au pape sa souveraineté maintenant
nominale, qui n'était plus que l'ombre même du pouvoir temporel qu'il avait
encore conservé dans sa capitale et dans les districts avoisinants. [La
Papauté avait exercé cette souveraineté depuis l'an 539 de notre ère,
longtemps avant le don de Charlemagne]. En conséquence, Napoléon promulgua
un nouveau décret, signé dans le palais des Césars d'Autriche, qui faisait
de Rome une ville libre et impériale, dont l'administration civile serait
confiée à un conseil nommé alors par l'Empereur ; les monuments et trésors
artistiques de la ville seraient, placés sous la protection de la France. En
outre, le pape ayant cessé de régner, une pension serait accordée, à sa
sainteté”.
A la suite de ces événements, Pie
VII lança une bulle d'excommunication contre Napoléon ; ce dernier le fit
prisonnier, le fit emmener en France où le pape dut finalement signer le
Concordat de Fontainebleau, le 25 janvier 1813 ; cet acte accordait à
Napoléon le droit de nommer les évêques et les archevêques sans que le pape
pût s'y opposer. De ce fait, Napoléon avait acquis l'autorité d'un pape, ce
qu'il désirait depuis longtemps.
46
Les catholiques romains ont
parfaitement remarqué l'importance des événements qui inaugurèrent le
dix-neuvième siècle. Ils admettent non seulement toutes les pertes et
humiliations subies, mais ils déclarent que le règne millénaire de la
papauté (depuis que Charlemagne donna au pape les Etats pontificaux en l'an
800) fut aboli par Napoléon ; car, depuis ce dernier, la Papauté ne conserve
plus que l'ombre du pouvoir. La Papauté prétend que, comme le Royaume de
Christ, elle a accompli le règne prédit sur les nations, mentionné en Apoc.
20 : 1-4 ; elle déclare que le temps actuel de tribulations qui est descendu
sur elle n'est autre que le “peu de temps” pendant lequel Satan est délié
(versets 7 et 9). Seuls ceux qui voient dans la papauté la contrefaçon du
véritable Christ édifiée par Satan, et reconnaissent la véritable Eglise et
le véritable règne de Christ, peuvent pleinement comprendre cela.
Le lecteur aura pu se convaincre,
par ce qui précède, que la période de la Révolution française et de la
puissance de Napoléon fut une période remarquable dans l'histoire de la
Papauté ; et l'influence papale qui fut alors brisée n'a jamais été
reconquise. Malgré quelques faveurs accordées de temps en temps, ce ne fut
que pour peu de temps et elles furent suivies de nouveaux outrages jusqu'à
ce qu'en 1870, tout pouvoir temporel des papes cessa de nouveau. Nous
croyons qu'elle ne reverra plus jamais sa splendeur passée. Rappelons-nous
aussi que ce furent les soldats de Napoléon qui mirent fin aux Inquisitions,
aux tortures et exécutions publiques pour cause de convictions religieuses.
47
La destruction partielle de la
domination cléricale et de la superstition a conduit à l'incrédulité ouverte
; par contre, la disparition de la vénération superstitieuse envers des
hommes a amené chez les véritables enfants consacrés de Dieu des pensées
plus nobles, plus intelligentes ; beaucoup d’hommes n'osaient pas autrefois
penser par eux-mêmes, ou étudier par eux-mêmes les Ecritures. Cette
révolution favorisa donc le développement de la vérité et de la véritable
chrétienté en provoquant du zèle pour l'étude de la Bible. Elle fit
réellement progresser la bonne oeuvre commencée par la Réformation au temps
de Luther car cette dernière avait été grandement entravée par l'ignorance
et la servilité des masses ainsi que par l'amour du pouvoir, des situations
honorifiques et du bien-être de la part du “clergé”.
Nous avons ainsi montré que 1799
commença la période appelée le Temps de la Fin, pendant laquelle la Papauté
doit être détruite pièce par pièce, et que Napoléon lui enleva non seulement
les dons de territoires de Charlemagne mille ans après qu'ils eurent été
faits mais aussi plus tard la juridiction civile de la Papauté sur Rome ;
juridiction qui avait été instituée nominalement par la promulgation du
décret de Justinien en l’an 533 de notre ère et, d'une manière effective
lors du renversement de la monarchie des Ostrogoths en l'an 539, exactement
1.260 années avant 1799. Cette dernière date fut la limite exacte du temps,
des temps et de la moitié d'un temps de sa puissance, comme la prophétie
l'indiqua à plusieurs reprises. Quoique, dans une certaine mesure, elle
l'ait encore prétendu depuis, la Papauté a perdu tout vestige d'autorité
temporelle ou civile ; elle a été entièrement “consumée”. L'Homme du Péché,
privé de son pouvoir temporel, maintient ses affirmations et affiche
toujours de grandes prétentions, mais, privé de toute puissance civile, il
va au-devant d'une destruction absolue dans un temps très rapproché par les
coups des masses populaires déchaînées (agents inconscients et involontaires
de Dieu) selon les claires indications de l'Apocalypse.
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Le Temps de la Fin, ou jour de la
préparation de Jéhovah, commence, en 1799 et se en 1914 ; il est caractérisé
par une grande augmentation de la connaissance si on le compare aux âges
passés et doit se terminer par un temps de détresse tel que le monde n'en a
jamais connu ; il est néanmoins la préparation conduisant à l'âge béni
depuis si longtemps promis, lorsque le véritable Royaume de Dieu, sous la
direction du véritable Christ, établira pleinement un ordre gouvernement à
l'opposé même de celui de l’Antichrist. Puisque cette période prépare et
conduit l'humanité au Royaume, elle mène aussi au grand conflit entre le
vieil ordre de choses et le nouvel ordre de choses par lequel ce dernier
sera introduit, et quoique le vieil ordre de choses doive disparaître et
être remplacé par le nouveau, le changement rencontrera l'opposition
violente de toutes les classes sociales privilégiées actuellement. Une
révolution universelle en résultera amenant la destruction complète de
l'ancien ordre et l'établissement du nouveau.
Toutes les découvertes, inventions
et avantages qui établissent la supériorité de notre époque sur les
précédentes, ne sont que des éléments concourant en ce jour à la préparation
de l’âge millénaire qui commence et dans lequel la véritable, et saine
réforme et de rapides et positifs progrès seront la règle générale dans tous
les domaines, en tout et pour tous.