263
ÉTUDES
DANS LES ÉCRITURES
VOLUME
III - QUE
TON RÈGNE VIENNE
ÉTUDE
VIII
LE RÉTABLISSEMENT D'ISRAËL
LE MYSTÈRE
D'ISRAËL
* * *
Le rétablissement d’Israël en
Palestine est un événement attendu au cours de cette période de la moisson.
— Comment, dans quelle mesure et pour quelle classe devrons-nous attendre
ce rétablissement ? — Date à laquelle commença ce rétablissement et preuves
de son développement actuel. — Pourquoi les bénédictions millénaires
destinées à toute l'humanité atteindront-elles et régénéreront-elles d'abord
les Juifs ? — Le réveil des espérances judaïques. — Appréciations
d'écrivains éminents juifs et gentils. — Leur harmonie avec la prophétie. —
L’aveuglement d’Israël à l'égard de Christ commence déjà à disparaître. —
Diffusion et importance de ce mouvement. — Dieu les secourra.
* * *
“En ce jour-là je relèverai le
tabernacle de David qui est tombé, et je fermerai ses brèches et je
relèverai ses ruines et je bâtirai comme aux jours d'autrefois... Et je
rétablirai les captifs de mon peuple d’Israël et ils bâtiront les villes
dévastées et y habiteront et ils planteront des vignes et en boiront le vin
et ils feront des jardins et en mangeront le fruit. Et je les planterai sur
leur terre et ils ne seront plus arrachée de dessus leur terre que je leur
ai donnée, dit l'Eternel ton Dieu”
(Amos 9 : 11, 14, 15).
Parmi les reliques que l'Antiquité
nous a léguées aucune autre que le peuple juif ne présente un objet d'aussi
grand intérêt. Les savants spécialisés dans les recherches de l'Antiquité
ont inlassablement interrogé chaque objet inanimé afin de découvrir un
indice d'information historique ou scientifique. Les monuments, les autels,
les tombes, les vestiges d’édifices publics et privés, les peintures, les
sculptures, les hiéroglyphes et les langues mortes ont tous été mis à
contribution ; certains se sont efforcés patiemment de découvrir la somme de
pure vérité qui inspira probablement les nombreuses traditions, légendes
fantastiques, chants, etc., qui nous sont parvenus des siècles passés, afin
d'apprendre tout ce qu'il est possible de savoir sur l'origine, l'histoire
et la destinée de l'humanité. Mais, le peuple juif est la plus intéressante
relique et la seule dont l'histoire peut être le plus fidèlement déchiffrée
et comprise. Il est un monument antique dont la valeur est incomparable et
sur lequel nous pouvons lire, en caractères très lisibles, l'origine, le
développement et la destinée finale de toute la race humaine, un témoignage
vivant et intelligent de l'accomplissement graduel d'un plan merveilleux
relatif aux affaires de l'humanité, en exacte conformité avec les
prédictions des prophètes et des voyants divinement inspirés.
264
Comme peuple, il reste marqué et à
part par les événements de leur histoire nationale, leur foi religieuse
commune, aussi bien que par chaque élément de leur caractère national, leur
mentalité et leurs coutumes. Les traits distinctifs nationaux sont les mêmes
aujourd'hui qu'il y a plusieurs siècles, ils aiment toujours les poireaux,
les oignons et l'ail d'Egypte et sont toujours des gens obstinés au col
roide. Comme peuple, ils eurent certainement beaucoup d'avantages de toutes
manières. Les oracles de Dieu développèrent chez eux des poètes, des
juristes, des hommes d'état et des philosophes, et les amenèrent
graduellement de la condition de peuple esclave à celle - comme au temps de
leur plus grande gloire sous le règne de Salomon et suscitant l'étonnement
et l'admiration du monde ? d'une nation honorée et élevée parmi toutes les
autres. (Rom. 3 : 1, 2 ; 1 Rois 4 : 30-34 ; 10 : 1-29).
265
La prophétie qui figure en tête de
ce chapitre nous annonce formellement que le rétablissement d'Israël dans la
terre de Palestine est un des événements qui doivent s'accomplir dans le
Jour du Seigneur, au temps actuel. On remarque de suite que cette prophétie
ne peut pas être interprétée dans un sans symbolique quelconque. Il ne leur
est pas destiné un pays de Canaan céleste, mais bien un pays de Canaan
terrestre. Ils doivent être plantés sur “leur terre”, le pays que Dieu
déclare leur avoir donné, le pays qu'Il avait promis à Abraham en lui disant
: “Lève les yeux et regarde du lieu où tu es vers le nord, vers le midi,
vers l'orient et vers l’occident ; car tout le pays QUE TU VOIS, je te le
donnerai et à ta semence pour toujours, et je ferai que ta semence sera
comme la poussière de la terre, en sorte que si quelqu'un peut compter la
poussière de la terre, ta semence sera aussi comptée.” [Une indication
d'un temps futur alors très éloigné permettant dans l'intervalle la
multiplication suffisante de sa semence]. “Lève-toi et promène toi dans
le pays, en long et en large, car je te le donnerai”. “Et je te donne, et à
ta semence après toi, Ie pays de ton séjournement - tout le pays de Canaan,
en POSSESSION PERPETUELLE”. (Gen. 13 : 14-17 ; 17 : 8). C'est un pays
dans lequel les Juifs eurent le privilège d'entrer autrefois et qu'ils
habitèrent pendant des siècles. Mais pendant ce temps, ils furent souvent
dépouillés, emmenés en captivité, dans d'autres pays, pendant que des
étrangers dévastaient leurs villes, buvaient le vin de leurs vignes et
mangeaient le fruit de leurs jardins. Finalement, ils furent complètement
arrachés de leur pays, leurs villes furent détruites et ravagées, et ils
furent chassés comme des vagabonds errants et exilés de pays en pays, dans
le monde entier. Lorsqu'ils seront rétablis dans leurs pays, selon la
promesse, “Ils ne seront plus arrachés de dessus leur terre”, du pays
que Dieu leur a donné et “ils bâtiront les villes dévastées [celles
où ils avaient vécu autrefois] et les habiteront”. Quoique dispersés,
sans patrie, affligés et persécutés, les Juifs sont toujours un peuple
distinct et homogène. Ils sont unis entre eux par les liens solides de la
parenté et d'un même sang, par des espérances communes, inspirés par une
même foi dans les merveilleuses promesses de Dieu qu'ils ont cependant bien
peu comprises. Ils sont en outre liés entre eux par une sympathie réciproque
provenant de leurs souffrances et privations communes dans l'exil.
Aujourd'hui encore, comme peuple, ils s'attachent fortement à l'espérance
d'Israël. Comme peuple, ils ont toujours foi en Dieu bien que dans leur
aveuglement et leur orgueil de cœur, ils aient trébuché et soient tombés sur
la pierre d'achoppement qu'était l'humilité du Messager choisi par Dieu pour
le salut du monde ; de sorte qu'au lieu de recevoir le Sauveur, le Seigneur
de gloire, ils le crucifièrent. Et cependant, les apôtres et les prophètes
nous montrent que ce crime odieux, dû à leur orgueil et à leur opiniâtreté,
leur sera pardonné. A cause de ce crime, ils ont été punis et sévèrement
punis. Lorsqu'ils condamnèrent le Seul Juste et dirent : “Que son sang
soit sur nous et sur nos enfants”, ils ne s'attendaient pas à la
terrible rétribution qui allait suivre.
266
La terrible détresse et la perte de
vies, la destruction, de leur sainte cité et de leur temple, la fin complète
de leur existence nationale, la dispersion des survivants comme exilés parmi
toutes les nations achevèrent l’œuvre de leur période de moisson. Elle
débuta par l'émeute et la lutte civiles, puis une armée romaine envahit le
pays. Le feu, l'épée et la famine accomplirent sur eux un terrible
châtiment.
Depuis cette époque, Israël a
toujours été une nation dispersée et dépouillée. chassés de Pays en pays
comme des exilés, les Israélites furent privés de presque tous les droits et
privilèges dont jouissaient les autres hommes. Rejetant la chrétienté, aussi
bien sous sa forme corrompue que sous sa forme pure, ils devinrent l'objet
du mépris et des persécutions inexorables de l'Eglise de Rome. L’historien
déclare :
267
“En Allemagne, en France, en
Angleterre et en Italie, leurs droits furent limités par des décrets et par
des lois des autorités ecclésiastiques aussi bien que des autorités civiles.
Ils furent exclus de toutes les positions honorables, chassés de lieu en
lieu, réduits à subsister presque entièrement par des occupations
mercantiles, par l'usure ; on les imposait durement dans les villes, on les
maintenait dans une véritable abjection, on les reléguait dans des quartiers
étroits ; leurs vêtements portaient des insignes de leur condition
dégradante, ils étaient dépouillés par des barons pillards et par des
princes sans argent, ils étaient une proie facile, à la merci de tous,
pendant les guerres civiles ; on les volait, on s'emparait d'eux et on les
vendait comme des esclaves, la populace en émeute et les paysans révoltés
les massacraient, les moines les pourchassaient et finalement on les brûlait
par milliers dans des croisades spéciales ; les croisés, d'ailleurs,
brûlèrent aussi leurs frères à Jérusalem dans leurs synagogues, les
tourmentèrent par le mépris, par des sermons injurieux, par des accusations
et des épreuves monstrueuses. Ils furent menacés, on voulut les convertir de
force... Ils ne pouvaient posséder aucune propriété foncière, ils ne
pouvaient s'occuper d'aucun métier d'artisan, d'aucune profession
artistique. Ils en étaient réduits presque exclusivement au commerce. Voyant
que toute l'humanité se dressait contre eux, leur orgueil national et leur
fierté ne furent certes pas adoucis ; aussi, le fossé s'élargit-il
grandement entre Juifs et Gentils vivant ensemble en tout lieu”.
Ainsi, étrangers vis-à-vis de Dieu
et vis-à-vis des autres humains de toutes les nations, leur condition a été
en vérité misérable, leur sort triste et pitoyable. Au cours d'implacables
persécutions papales, ils ont souffert en commun avec les saints et les
martyrs de Jésus, le Chrétien pour avoir rejeté l’Antichrist, le Juif pour
avoir rejeté Christ et l'Antichrist. Si Dieu a permis que ces afflictions et
ces persécutions fussent le châtiment des Juifs pour leur crime national de
rejet de l'Evangile et la crucifixion du Rédempteur, néanmoins au temps
marqué, il récompensera la constance de leur foi dans ses promesses,
auxquelles ils sont attachés depuis si longtemps, avec une telle
persévérance. Dieu connut d'avance l'orgueil et la dureté de leur cœur. Il
l'annonça d'avance ainsi que les malheurs qui allaient s'abattre sur eux. Il
a aussi indiqué d'avance que leur aveuglement prendrait fin et qu'alors
s'accompliraient toutes les promesses terrestres faites depuis longtemps à
Abraham et répétées successivement par tous les saints prophètes.
268
Aujourd'hui que nous approchons du
moment où, selon la promesse, la faveur de Dieu retournera à Israël, nous
voyons les préparatifs faits dans ce but. Au cours du siècle passé, il s'est
manifesté parmi eux un criblage et une séparation les partageant en deux
classes : les Juifs orthodoxes et les non-orthodoxes. Les premiers
s'attachant toujours aux promesses de Dieu, ils espèrent toujours que le
temps marqué de la rentrée en faveur de Sion viendra bientôt. Les seconds
ont perdu la foi en un Dieu personnel, aussi bien que dans les promesses
abrahamiques et sont entraînés vers la libre-pensée, le rationalisme et
l'incrédulité. Chez les orthodoxes, nous trouvons la plupart des Juifs
pauvres et opprimés, ainsi que quelques-uns des riches et des gens cultivés
; ils sont beaucoup plus nombreux que les non-orthodoxes, bien que ces
derniers soient beaucoup plus influents et respectés, car ils sont souvent
des commerçants, des financiers, des éditeurs, etc.
Voici un bref résumé de la foi des
Juifs orthodoxes :
269
“Je crois avec une foi parfaite et
véritable
(1) que Dieu est le Créateur, le
Souverain et l'Auteur de toutes les créatures et que toutes choses ont été
créées par Lui ;
(2) que le Créateur est un et que,
seul, Il a été notre Dieu, qu’Il l'est, le sera à toujours ;
(3) que le Créateur ne possède pas
de Corps, ne contient en lui aucune des propriétés corporelles et qu'aucune
essence corporelle ne peut lui être comparée ;
(4) que rien n'existait avant Lui
et qu'Il demeurera à toujours ;
(5) qu’on doit l'adorer et personne
d'autre ;
(6) que toutes les paroles des
prophètes sont vraies ;
(7) que les prophéties de Moïse
étaient vraies, qu'il fut le plus grand de tous les sages qui vécurent avant
lui ou qui vivront après lui. [Nous pouvons considérer que les Juifs sont
quelque peu excusables d'avoir Pareillement surfait un aussi noble et aussi
admirable caractère].
(8) que toute la loi que nous
possédons à ce jour fut donnée par Dieu Lui-même à notre maître Moïse ;
(9) que cette même loi ne sera
jamais changée et que Dieu ne nous en donnera jamais une autre ;
(10) que Dieu comprend toutes les
pensées et toutes les œuvres des hommes, selon qu'il est écrit dans les
prophètes : “C’est lui qui forme leur cœur à tous, qui prend connaissance
de toutes les œuvres” (*) Ps. 33 : 15 - Trad. ; (11) que Dieu
récompensera ceux qui gardent ses commandements et qu'il punira ceux qui les
transgressent ;
(12) que le Messie doit toujours
venir et quoique sa venue tarde, “j'attendrai Jusqu'à ce qu'il vienne” ;
(13) que les morts reviendront à la
vie quand Dieu le Créateur le jugera bon. Que son nom soit béni et sanctifié
et sa mémoire célébrée à toujours. Amen”.
Depuis la destruction de leur
temple et leur dispersion, les sacrifices ont été interrompus. Mais, à
beaucoup d'autres égards, les prescriptions de la loi de Moïse sont toujours
observées chez les Juifs orthodoxes. Comme autrefois, leur culte comprend la
lecture des Ecritures, la prière et la louange. Le second jour de leur fête
des trompettes, ils lisent le récit de l'offrande par Abraham de son fils
Isaac et de la bénédiction par Dieu d'Abraham et de sa postérité. Puis ils
font retentir la trompette et prient Dieu de les ramener à Jérusalem.
270
Les Juifs non-orthodoxes ou
réformés, les “radicaux” diffèrent grandement des orthodoxes. Beaucoup
d'entre eux sont des athées reniant un Dieu personnel ; ils nient que le
Messie doive venir et s'ils ne nient pas entièrement la prophétie, ils
expliquent que la nation juive est elle-même le Messie dont la tâche est de
réformer graduellement le monde, et que les souffrances prédites du Messie
sont accomplies par leurs persécutions et leurs souffrances comme peuple.
D'autres déclarent que la civilisation est le seul Sauveur du monde qu'ils
attendent.
Ce sera sans aucun doute les
orthodoxes qui seront rassemblés et bénis quand le Messie viendra une
seconde fois, en gloire et en puissance, et qui diront : “Voici c'est ici
notre Dieu ; nous l’avons attendu et il nous sauvera ; c'est ici l'ETERNEL,
nous avons attendu ; égayons-nous, et réjouissons-nous dans sa, délivrance”
(Esaïe 25 : 9). A la lumière plus claire de l'enseignement du Messie, toute
foi dans les vaines traditions qu'ils tiennent toujours comme étant des
adjonctions de grande valeur à la Loi de Dieu disparaîtra. Le temps est très
proche où Dieu parlera de paix à Israël, le consolera et enlèvera son
aveuglement. Nous ne voulons pas laisser entendre par là que ceux qui se
sont égarés dans l'incrédulité n'auront jamais les yeux ouverts, Dieu nous
en garde. Les yeux de tous en toutes les nationalités, seront ouverts et
toutes les oreilles des sourds seront débouchées. Mais aucune faveur
spéciale ne viendra pour ces Juifs incrédules au moment du retour de la
faveur, “car celui-là n’est pas Juif qui l'est au dehors” simplement par sa
parenté de famille et son expression faciale. Les Juifs que Dieu reconnaît
comme les enfants d'Abraham sont ceux qui s'attachent à la foi d'Abraham et
ont confiance dans les promesses divines.
271
LES ANGLO — ISRAÉLITES
Nous devons exprimer ici notre
divergence de vues d’avec ceux qui prétendent que les Anglo-Saxons sont
l'Israël de la promesse des Ecritures. Ils prétendent, en somme, que les
Anglo-Saxons, la population des Etats-Unis, etc. sont les descendants des
dix tribus d'Israël qui se séparèrent des tribus de Juda et de Benjamin,
après la mort de Salomon, et qu'on appelle souvent “les dix tribus perdues”,
parce qu'après la captivité (des douze tribus au complet) en Babylone, les
dix tribus ne rentrèrent jamais dans le pays de Canaan comme “Israël”, mais
demeurèrent disséminées comme tribus et individuellement parmi les diverses
nations. Ceux dont nous critiquons la théorie prétendent qu'ils peuvent
retracer leur voyage jusqu'en Grande-Bretagne et que la grandeur et
l'influence des peuples de langue anglaise du monde sont imputables au fait
qu'ils appartiennent à Israël et héritent des promesses faites à Israël.
A ceci nous répondons : Certaines
des preuves avancées pour soutenir qu'ils font partie des “tribus perdues”
semblent loin d'être fortes ; mais si nous les admettions, cela ne
prouverait, nullement leur position, savoir que la grandeur de la race
anglo-saxonne provient du fait qu'elle appartient à la race juive par voie
de génération naturelle, pas plus qu'elle n'est “perdue”. Leur grandeur est
due à leur liberté et à leur intelligence qui proviennent, non du fait
qu'ils ont été perdus, ni de ce qu’ils sont nés Israélites selon la chair,
mais des doctrines de Christ - à la lumière que certains membres de la
postérité spirituelle d'Abraham font briller parmi eux.
272
Le fait que les dix tribus se
dispersèrent loin des deux autres n'est pas un témoignage en leur faveur,
tout au contraire. Il prouve qu'elles étaient disposées à rejeter les
promesses de Dieu : c'est un signe d'infidélité, d'incrédulité ; car elles
savaient bien que le Législateur, le Sauveur, le Libérateur, le Roi en qui
et par qui les promesses devaient être accomplies devait sortir de Juda. La
tribu de Benjamin fut donc la seule, outre celle de Juda, qui eut foi dans
les promesses de Dieu au temps de la révolte. Mais lors du retour de la
captivité de Babylone, ceux qui montrèrent leur foi persévérante en Dieu et
ses promesses, en retournant au pays de Canaan, appartenaient surtout aux
tribus de Juda et de Benjamin ; cependant, tous ceux qui revinrent
n'appartenaient pas uniquement à ces deux tribus. Il y avait parmi eux des
personnes des autres tribus, qui aimaient l'Eternel, le recherchaient avec
des sentiments de repentance, se confiant toujours dans ses promesses.
Cependant, la grande majorité des dix tribus, comme celle des membres des
deux autres tribus, ne se soucièrent pas de rentrer au pays de la promesse,
préférant Babylone et d'autres pays. Beaucoup d’entre eux étaient même
tombés dans l'idolâtrie et avaient perdu leur respect pour les promesses de
Dieu.
Nous devons nous souvenir qu'un
petit nombre de ceux qui rentrèrent dans leur pays sous la conduite de
Zorobabel et aucun de ceux qui revinrent sous Esdras étaient de ceux qui
avaient été emmenés captifs autrefois, car presque tous ceux qui avaient été
emmenés captifs à Babylone y étaient morts. Ceux-ci étaient leurs enfants,
dont le cœur brûlait toujours de la foi de leurs pères et qui espéraient
toujours dans les bénédictions et les honneurs promis à la semence
d'Abraham. Ainsi les petites troupes de moins de cinquante mille hommes qui
s'en retournèrent étaient tous les Israélites restant alors de toutes les
tribus, dont l'acte de retour dans la terre promise montrait qu'ils tenaient
toujours à la foi d'Abraham. Ce fut aux descendants de cette élite triée de
toutes les tribus d'Israël (quoique principalement des deux tribus) et tous
appelés Juifs, selon la tribu royale et prédominante, que notre Seigneur se
présenta lui-même et offrit le Royaume au premier avènement, comme les
représentants de la sainte nation, de tout Israël.
273
Jésus parlant du peuple juif,
l'appela Israël, le considéra comme Israël tout entier et non comme Juda
seulement. Il parle de ceux qui, de son temps, étaient toujours attachés aux
promesses et étaient restés unis entre eux, comme de “brebis perdues de la
maison d'Israël”, parce qu'ils s'étaient égarés loin de la vérité, en
suivant les traditions de faux bergers qui les avaient conduits dans leur
propre chemin et non dans les voies de Dieu. Jésus dit : “Je n'ai été envoyé
qu'aux brebis perdues de la maison d’Israël”. Son ministère fut en effet
consacré à la maison d'Israël uniquement, conformément à sa propre
déclaration, il montra ainsi que les Juifs de son temps étaient les seuls
représentants reconnus de la “maison d'Israël”, comme l'indiquent les termes
: “tout Israël”, “nos douze tribus qui servent Dieu continuellement”, ainsi
que d'autres expressions analogues de notre Seigneur et des apôtres.
Rappelons aussi que notre Seigneur, voulant marquer que son ministère était
destiné Israël seul, interdit à ses disciples d'aller vers quiconque en
dehors des Juifs de la Palestine. (Matth. 10 : 5, 6 ; 15 : 24).
Notez également que les apôtres
employèrent aussi le terme “Israël” et non “Juda” lorsqu'ils parlèrent de
ceux qui vivaient à cette époque en Palestine (Actes 2 : 22 ; 3 : 12 ; 5 :
35 ; 13 : 16 ; 21 : 28) ; et parlant aussi de la prophétie d'Esaïe, ils
reprirent l’expression un reste d'Israël, pour désigner le nombre
comparativement petit des Juifs qui reçurent l'Evangile (Rom. 9 : 4, 27, 29,
31-33 ; 10 : 1-4 ; 11 : 1, 7-14, 25, 26-31), et parlant de tout le reste,
ils les considéraient comme des aveugles, trébuchants. Si donc il pouvait
même être démontré que les Anglo-Saxons étaient une partie des “dix tribus
perdues”, nous voyons clairement qu'aucune faveur n'aurait pu leur être
accordée à ce titre, car ils avaient abandonné l'alliance d’Israël et
étaient devenus idolâtres, incrédules et pratiquement des Gentils. Du reste,
comme on l'a déjà vu (*), tous ceux reconnus comme la postérité naturelle
d'Abraham, qui continuèrent à rejeter Christ, furent privés de toute faveur
depuis la mort de Christ jusqu'en 1878, date à laquelle la faveur de Dieu
devait commencer à leur revenir et leur aveuglement commencer à disparaître.
En conséquence, la grandeur des Anglo-Saxons au cours des siècles passés ne
saurait être en aucune manière assimilée au retour de la faveur à ceux à qui
la faveur fut enlevée, parce qu'ils avaient rejeté et crucifié le Seigneur
et qui sont ceux auxquels la faveur doit retourner maintenant. A ce moment,
et jusqu'à nos jours, Israël a toujours été représenté par le “Juif” (Rom. 2
: 9, 10), et c'est maintenant au Juif que la faveur sera rendue parce qu'il
est la “semence naturelle d'Abraham”. Cette postérité ainsi que la “semence”
spirituelle (choisie pendant l'Age de l'Evangile, un reste d'Israël, des
Juifs et un complément tiré des Gentils) deviendront les agents de Dieu pour
bénir toutes les familles de la terre.
(*) Vol. Il, Chapitre 7
275
La faveur venant sur Israël ne sera
pas non plus exclusive. Tous les croyants dans les promesses de l’alliance
pourront participer à la faveur qui revient à la postérité naturelle
d'Abraham comme tout Juif qui acceptait Christ pouvait avoir part aux
bénédictions et avantages spirituels offerts pendant l'Age de l'Evangile. De
même qu'un petit reste seulement crut à l’Evangile et accepta les faveurs au
début, ainsi à part des Juifs, un petit nombre seulement d'humains sera prêt
à accepter les nouvelles lois et le nouvel état de choses de l’Age
millénaire, sous la juste administration de notre Seigneur glorifié et de
son Eglise glorifiée ; c'est pourquoi, au début, peu de gens en dehors des
Juifs seront bénis par elle.
Autrefois, le Juif accoutumé
depuis longtemps à l'effort pour accomplir la Loi et se confiant dans ses
oeuvres d'obéissance, à la loi pour obtenir la bénédiction divine, vint
trébucher sur le premier trait de la dispensation évangélique - la rémission
des péchés, sans les œuvres, pour tous ceux qui croient à l’œuvre parfaite
de Jésus et dans son sacrifice suffisant pour le péché. Mais le respect du
Juif pour la Loi tournera à son avantage à l'aurore de l'Âge millénaire ; et
personne ne sera plus prêt que lui pour le faire lorsqu'il faudra accepter
et pratiquer strictement les lois et dispositions de cet âge futur, son
aveuglement quant au Christ et à son sacrifice pour les péchés ayant disparu
; car des œuvres seront exigées après la foi en Christ, bien qu’elles, ne
fussent pas acceptées avant. En acceptant l'amour et les faveurs de Dieu en
Christ, le Juif ne perdra pas de vue la justice de Dieu, comme le font
beaucoup d'autres aujourd'hui d'autres, au contraire, seront aveuglés
pendant un certain temps et ne seront guère bien disposés à reconnaître les
règles du Royaume dans lequel la droiture sera posée comme règle et la
justice comme niveau.
276
Comme le Juif fut aveuglé par sa
fausse conception de la Loi rendue vaine par de faux enseignements, ainsi
beaucoup de Gentils auront de grandes difficultés à se rendre compte des
nouvelles conditions millénaires de faveur, parce qu'actuellement, ils ont
des fausses notions sur la doctrine de la grâce dans le pardon des péchés,
des faux prédicateurs et instructeurs du temps présent, lesquels rendent
vains l'Evangile de la grâce de Dieu, par divers sophismes, “reniant même
le Maître qui les a rachetés” (2 Pi. : 2 : 1), niant même qu'un prix
d'une rançon fut payé ou était nécessaire pour le salut de l'homme. Ils
prétendent que l'erreur est humaine, et le pardon, divin ; en déduisant de
là que le péché occasionnel est parfaitement excusable et qu'un châtiment
strict n'a pas plus de raison d'être qu'une rançon, ils disent que s'il n'y
avait pas de péchés à pardonner, cela priverait Dieu de la joie et du
ministère du pardon. Perdant la notion de la justice de Dieu, ils ne
comprennent pas la philosophie de son plan de réconciliation avec Dieu par
le sang de la croix qui garantit la rémission des péchés par un sacrifice de
rançon, à ceux qui acceptent Christ et luttent contre le péché. Aveuglés par
leurs conceptions relâchées sur la justice et la rigueur de Dieu, bien peu
seront prêts comme les Juifs à accepter l'obéissance stricte qui sera exigée
de tous dans l'âge prochain.
Pour illustrer la préparation du
Juif à reconnaître la mort de Christ comme sa rançon - le prix correspondant
- la satisfaction légale du péché de l'homme, nous citerons ces lignes d'un
jeune Hébreu converti à Christ, à l'occasion de la commémoration annuelle du
“Grand Jour de Réconciliation”, tel qu'il est observé actuellement par les
Juifs orthodoxes ; cet article parut dans le journal “Le Chrétien Hébreu”
277
“Le Yom Kippur, ou le Grand Jour
de Réconciliation, était un jour solennel chez mon père, car non seulement
il jeûnait, priait, mortifiait sa chair en ce saint jour d'expiation, mais
il passait réellement en dévotions la nuit entière à la synagogue. Ce grand
jour-là, j'ai souvent vu mes parents pieux pleurer lorsqu'ils répétaient la
confession émouvante qui suivait l'énumération des sacrifices exigés par
Dieu pour les péchés d'omission et de commission. Souvent je versais des
larmes de sympathie lorsque je me joignais à mon père quand il se lamentait
que nous n'avions plus aujourd'hui ni temple, ni souverain sacrificateur, ni
autel, ni sacrifices. La veille de ce jour solennel, mon père, en compagnie
des autres Juifs de la communauté, prenait un coq, et pendant qu'on répétait
certains genres de prières, il tournait l'oiseau vivant trois fois au-dessus
de sa tête en répétant les paroles suivantes : “Que cet animal me soit
substitut, qu'il soit mon remplaçant, qu'il soit mon expiation; que cet
oiseau meure et que j'obtienne une vie bénie”. Il posait ensuite ses mains
sur l'oiseau, comme on le faisait dans les acrifices-types et immédiatement
après le coq était mis à mort, C'est là, aujourd'hui, le seul sang répandu
en Israël. Le sang des taureaux et des boucs ne ruisselle plus aux côtés de
l'autel d'airain.
“Mon père faisait tous ses efforts
pour se procurer un coq blanc, il évitait d'en prendre un rouge, et lorsque
je lui en demandai la raison, il me dit qu'un coq rouge est déjà couvert de
péché, car le péché est rouge selon qu'il est écrit : “Si vos péchés sont
comme le cramoisi, ils deviendront blancs comme la neige ; s'ils sont rouges
comme l'écarlate, ils seront comme la laine”(Es. 1 : 18). Mon père
continuait : Vous trouverez que les Rabbins l'ont déposé dans le Talmud ; si
le coq est blanc, il n'est pas infecté de péché et peut par conséquent
porter les péchés des Juifs ; mais s'il est rouge, il est alors couvert de
péchés et impropre pour porter nos iniquités”.
“Pourquoi les Juifs se servent-ils
d'un coq, plutôt que d'une autre créature ? C’est parce que l'homme, en
langue hébraïque, est appelé gever. Les Juifs disent alors : Si gever
(l’homme) a péché, gever doit aussi subir le châtiment du péché. Or, comme
le châtiment (la mort) est plus lourd que ce que les Juifs peuvent porter,
les rabbins leur ont substitué un coq, qui dans le dialecte chaldéen est
appelé gever et ainsi la justice divine est présumée satisfaite, car gever
ayant péché, gever (un coq) est sacrifié.
278
“Cette vaine parodie est cependant
une preuve remarquable du fait plus frappant qu'aujourd'hui parmi les Juifs
(dont beaucoup nient tout à fait la propitiation), la masse de la nation
conserve toujours la notion de la nécessité absolue d'un sacrifice pour le
péché et sait que sans une propitiation, la repentance ne sert de rien pour
le salut. Si au lieu de lire les fables des rabbins, les Juifs voulaient
étudier la Bible, ils trouveraient que notre Seigneur Jésus, le véritable
Messie, a accompli dans sa propre personne sanctifiée la propitiation même
pour le péché, laquelle certains Juifs, dans leur ignorance, s'imaginent
avoir accomplie par le sacrifice d'un coq. “Gever (l'homme) ayant péché,
gever (l’homme), Jésus-Christ homme livra son âme en sacrifice pour le
péché” (Es. 53 : 10).
AU JUIF PREMIÈREMENT
Nous voyons donc que la prédiction
divine, à savoir qu'Israël (à l'exception de quelques fidèles) serait
aveuglé par sa Loi (Rom. 11 : 9), s'est accomplie d'une manière naturelle,
et aussi que selon sa prédiction ultérieure que les faveurs et conditions de
l'âge millénaire béniront beaucoup d'entre eux plus rapidement que les
autres, doit également s'accomplir d'une manière parfaitement naturelle et
produire des résultats de causes raisonnables.
Ainsi, les faveurs millénaires
iront aux Juifs premièrement, de même qu'en raison des alliances, etc. les
faveurs de l'Evangile leur furent offertes premièrement. Et ainsi en
sera-t-il comme Siméon l'avait prophétisé : “Cet enfant est destiné à
amener la chute et le relèvement de plusieurs en Israël”. Aujourd'hui,
le temps du relèvement de cette nation, si longtemps déchue de la faveur,
est proche.
279
Cependant, ne partageons pas
l'erreur trop commune faite par beaucoup de personnes qui voient quelque
chose de ces promesses, de supposer qu'il faut prendre à la lettre les
paroles suivantes : “Après ces choses, je retournerai et je réédifierai
le tabernacle [maison] de David qui est tombé, et je réédifierai ses
ruines et je le relèverai”. Et : “Le Seigneur Dieu, lui donnera le
trône de David, son père”. “Et mon serviteur David sera roi sur eux”.
(Actes 15 : 16 ; Luc 1 : 32 ; Ez. 37 : 24). S'il est parfaitement certain
que le retour effectif d'Israël dans son propre pays s'accomplira, selon la
promesse, ainsi que la reconstruction de Jérusalem sur ses ruines, nous
pouvons être également persuadés que par les expressions maison ou trône de
David, il n'est pas question de pierres, de bois, etc... au sens littéral.
Le relèvement de la maison de David, dont il est parlé, a trait au
rétablissement de la royauté et de la domination entre les mains d'un membre
de la postérité de David. Christ-Jésus est le rejeton promis de la maison de
David, l'héritier de son trône ; lorsque son autorité commencera à
s'établir, alors commencera le relèvement (l'établissement permanent) de la
maison temporaire ou tabernacle de David qui fut renversée, demeurant dans
la poussière pendant de nombreux siècles. D'une manière analogue, “le trône
de David” sur lequel le Messie doit s'asseoir n'est pas le trône littéral de
bois, d'or et d'ivoire sur lequel David s'asseyait, mais la dignité, le
pouvoir et l'autorité de la charge qu'il exerça. Cette autorité - charge ou
titre - que David assuma pendant quelques années, doit l'être dans des
proportions bien plus grandes par l'Oint de Jéhovah, notre Seigneur Jésus.
280
Mais quelle autorité possédait et
exerçait David ? Nous répondons : C'était l'autorité de Jéhovah, car David
était “assis sur le trône de Jéhovah” (1 Chron. 29 : 23) ; et c'est la même
autorité qui soutiendra Christ dans son Règne millénaire. Lorsque l'on voit
la chose correctement, il est évident que David et son trône ou autorité
divine établie au sein de la nation- type d'Israël, n'étaient que des
figures-types de Christ et de son Royaume. L'honneur principal de David,
s'il est jugé digne, consistera à être l'un des “princes”auxquels Emmanuel
confiera la phase terrestre de son Royaume. - Ps. 45 : 16.
Le nom de David aussi bien que son
Royaume étaient des types. Le nom David signifie Bien-aimé, et c'est le Fils
bien-aimé de Dieu qui sera roi sur toute la terre en ce jour-là, et non pas
le bien-aimé David-type d'autrefois. Il est bon également de distinguer
nettement la Nouvelle Jérusalem, qui est céleste ou spirituelle de laquelle
les apôtres sont les douze fondements, d'avec la Jérusalem de jadis qui sera
reconstruite sur ses ruines terrestres. Le rétablissement promis de la
Jérusalem d'autrefois comporte non seulement la reconstruction matérielle de
la ville, mais surtout la réorganisation du gouvernement d'Israël ; car,
dans la prophétie, une ville est toujours un symbole représentatif d'un
gouvernement. C'est pourquoi la reconstruction promise de Jérusalem sur ses
anciens fondements implique une réorganisation nationale d'Israël sur une
base analogue à celle qu'elle possédait autrefois comme peuple sur lequel
l'oint de Jéhovah exerçait son autorité. La Nouvelle Jérusalem représente
l'Eglise de l'Evangile glorifiée et la puissance du Royaume spirituel,
invisible aux humains et néanmoins tout-puissant. Sa descente sur la terre (Apoc.
21 : 2) accomplit la prière du Seigneur “Que ton règne vienne” ; sa “venue”
sera graduelle et non soudaine ; elle “descend” déjà maintenant ; le Royaume
s'établit et comme résultat nous voyons les premières étapes du relèvement
de la Jérusalem d'autrefois. Plus tard aura lieu l'accomplissement intégral
de la prière de notre Seigneur : Que la volonté de Dieu soit faite sur la
terre comme au ciel. La Nouvelle Jérusalem et les Nouveaux Cieux sont des
expressions synonymes, qui désignent le nouveau pouvoir spirituel régnant.
281
Selon les prophéties déjà
examinées, l'année 1878 est la date à laquelle le “double” temps d'attente
du Roi s'est accompli et à partir de laquelle leur retour à la faveur et
l'éloignement de leur aveuglement devaient commencer : le temps après lequel
il serait propre de “parler au cœur de Jérusalem” et lui “crier que son
temps marqué [son temps d'attente son “double”] est accompli,
que son iniquité est acquittée, qu'elle a reçu de la main de l'Eternel le
[son] double pour tous ses péchés ” (Es. 40 : 1, 2).
Depuis ce temps, en effet, nous
constatons selon notre attente des indications caractéristiques du retour
graduel de la faveur à Israël ; il se crée un mouvement pour les “replanter”
dans leur pays, pour les rétablir comme une grande nation, selon les
nombreuses promesses de Dieu : “Ainsi, dit l’Eternel, le Dieu d'Israël :
Comme tu vois ces bonnes figues, ainsi je me souviendrai, en bien, des
transportés de Juda, que j'ai envoyés hors de ce lieu au pays des Chaldéens
[Babylone, la Babylone mystique, la Chrétienté, comme cela est montré au
verset 9 ; car, depuis leur renversement, ils ont été dispersés parmi toutes
les nations de la soi-disant Chrétienté] pour leur bien [pour leur
discipline et leur châtiment: une bonne chose sous une forme déguisée].
“Car je mettrai mes yeux pour leur bien, et je les ferai retourner dans ce
pays ! Et je les bâtirai et je ne les renverserai pas, et je les planterai
et ne les arracherai pas. [Ceci ne peut se rapporter au retour de la
captivité en Babylone selon la lettre, puisque après leur retour, ils furent
à nouveau abattus et déracinés]. Et je leur donnerai un cœur pour me
connaître, car moi je suis l'Eternel, et ils seront mon peuple, et moi je
serai leur Dieu, car ils reviendront à moi de tout leur cœur”. (Jér. 24
: 5-7).
282
“Ainsi, dit l'Eternel : Voici,
je rétablirai les captifs des tentes de Jacob, et j'aurai compassion de ses
demeures, et la ville [Jérusalem] sera rebâtie sur le monceau de ses
ruines, et le palais [le temple] sera habité selon sa coutume... Et
ses fils seront comme jadis, et son assemblée sera affermie devant moi, et
je punirai tous ses oppresseurs. Voici, je les fais venir des pays du Nord
[la Russie où près des deux tiers des Juifs actuellement vivants
demeurent] et je les rassemble des extrémités de la terre... tous
ensemble, une grande congrégation : ils retourneront ici. Ils viendront avec
des larmes, et je les conduirai... Nations, écoutez la parole de l'Eternel,
et annoncez-la aux îles, éloignées, et dites : Celui qui a dispersé Israël
le rassemblera et le gardera comme un berger son troupeau. Car l'Eternel a
délivré Jacob et l'a racheté de la main d'un plus fort que lui. Et ils
viendront et exulteront avec chant de triomphe sur les hauteurs de Sion, et
ils afflueront vers les biens de l'Eternel, au blé et au moût et à l'huile
et au fruit du menu et du gros bétail ; et leur âme sera comme un jardin
arrosé et ils ne seront plus languissants” (Jér. 30 : 18, 20, 21 ; 31 :
8-12).
Non seulement le grand Rédempteur,
autrefois rejeté par eux, rétablira et régénérera les générations vivantes
d'Israël, mais les morts aussi seront rétablis car, “ainsi parle le
Seigneur, l’Eternel : Voici, j'ouvrirai vos sépulcres, je vous ferai monter
hors de vos sépulcres, mon peuple, et Je vous ramènerai dans la terre
d'Israël. Et vous saurez que je suis l'Eternel lorsque j'aurai ouvert vos
sépulcres... Et je mettrai mon esprit en vous et vous vivrez ; je vous
placerai dans votre terre, et vous saurez que c'est moi l'Eternel qui
ai parlé et qui l'ai fait, dit l'Eternel”. (Ez. 37 : 12-14).
283
Ces merveilleuses promesses ne
s'accompliront pas dans un jour de vingt-quatre heures, mais pendant le jour
millénaire. Elles commencèrent à se réaliser en 1878 comme résultat du
Congrès international de Berlin. Aujourd'hui les Juifs jouissent dans le
pays de leurs ancêtres de plus grands privilèges que pendant les siècles
précédents. Ils ne sont plus considérés comme des “chiens” par les Turcs
insolents.
On ne sait pas en général,
pensons-nous, que l'Angleterre a déjà exercé un protectorat sur la
Palestine, et aussi sur toutes les provinces de la Turquie d'Asie, dont elle
est l'une d'elles. L'Angleterre a, depuis longtemps, senti la nécessité de
protéger la Turquie pour trois raisons : Premièrement, parce que les
financiers anglais détiennent une quantité considérable des obligations et
des titres de rente de la Turquie ; deuxièmement, si la Turquie devait être
annexée aux nations voisines ou si elle était partagée entre elles,
l'Angleterre ne retirerait que peu de choses ou rien de ce butin, et ainsi
les autres nations rivales s'accroîtraient plus que l’Angleterre en
puissance et en influence dans la direction des affaires européennes ;
troisièmement et principalement, l'Angleterre sait très bien que le jour où
le gouvernement turc serait mis à l'écart, l'influence de la Russie serait
grandement accrue en Asie méridionale et dans un temps assez court
absorberait l'empire des Indes duquel la reine d'Angleterre est
l'impératrice, et duquel l'Angleterre tire des revenus énormes dans le
commerce, etc... Telles sont les raisons pour lesquelles le parti royal ou
parti Tory d'Angleterre appuyait chaudement les Turcs. Aussi lorsqu'en 1878,
la Russie était sur le point d'entrer à Constantinople, l'Angleterre
s'interposa et envoya une flotte de guerre dans le port de cette ville. Le
résultat fut la Conférence de Berlin le 13 juin 1878, dans laquelle la
personnalité la plus marquante de ce congrès était un Juif, lord
Beaconsfield, Premier ministre d'Angleterre. Les affaires de la Turquie
furent réglés de façon à préserver son existence nationale pour le présent,
mais on désigna cependant les provinces turques qui, en cas d'un
démembrement futur, reviendraient aux grandes puissances. C'est à ce
moment-là que la Turquie accorda une plus grande liberté religieuse à toutes
ses provinces et que, par un traité secret avec la Turquie, l'Angleterre
devint la protectrice des provinces asiatiques. Voici ce que dit l'historien
Justin Mc Carthy :
284
“Le gouvernement britannique
entreprit de garantir à la Turquie ses possessions d'Asie contre toute
invasion... L’Angleterre s'engagea formellement à défendre la Turquie contre
toute attaque ou invasion et occupa Chypre afin d'avoir un avantage du
terrain plus effectif à partir duquel elle pourrait mettre ses projets à
exécution”.
On voit donc que la Palestine,
comme l'une de ces provinces asiatiques, est déjà sous la protection
britannique et ceci, à cause du plus grand relâchement de la part du
gouvernement turc à exiger l'application de ses lois défavorables aux
intérêts des Juifs. Cette ouverture providentielle de la Palestine aux Juifs
fut suivie par de nouvelles persécutions dans “le pays du septentrion” - en
Russie et en Roumanie - dans le dessein de provoquer l'émigration juive vers
la Palestine. Le résultat de ce concours de circonstances est la rentrée
rapide et croissante en Palestine, et spécialement à Jérusalem, de nombreux
Juifs du type “orthodoxes”. Maintenant déjà, à Jérusalem, les Juifs
l'emportent par le nombre sur toutes les autres nationalités réunies, alors
que, pendant des siècles, ils n’étaient qu'une petite minorité.
285
Voici un extrait du New York
Herald qui commentait, il y a quelque temps, l'acquisition par l'Angleterre,
de l’île de Crète, son occupation de l'Egypte et la condition de la Turquie
et de ses provinces en général :
“Nous vivons dans l'âge de la
rapidité, et même l’histoire se forge à une plus grande vitesse. Autrefois,
les guerres duraient des dizaines d'années, la civilisation avançait
lentement, les communications entre nations étaient lentes, le commerce peu
actif. Aujourd'hui, les inventions réalisées dans un Pays sont rapidement
connues à des milliers de kilomètres au loin, et le monde entier peut en
profiter en même temps. La politique en particulier révèle à l’évidence un
esprit de rapidité. Autrefois, les plans des hommes d'état exigeaient des
générations pour être menés à bonne fin ; maintenant, les plans les plus
audacieux sont exécutés par ceux qui les ont conçus, et on change la carte
d'un continent en une semaine. Les événements marchent et l'histoire se
forge, rapidement. On le constate à l'évidence dans cette fameuse question
d'orient si passionnante... Au milieu même du théâtre du conflit de tant
d'intérêts divers, il y a la Palestine, chère aux Juifs, aux Chrétiens et
aux Mahométans. L'homme d'Etat déclare que ce pays est la clef de toute la
situation internationale, car il connaît les avantages matériels que ses
compatriotes pourraient retirer de la possession de ce pays dont la
fertilité est prodigieuse et a nourri autrefois des millions d'habitants,
dont le commerce a un grand avenir. C'est lui, en effet, qui autrefois fit
de ses ports maritimes des centres d'activité et de richesse et a rendu Tyr
et Sidon des cités proverbiales jusqu'à ce jour. La Palestine est aussi le
véritable trait d'union de l’Europe et de l’Asie ; sa situation est donc des
plus privilégiée ; c'est pourquoi pour l’homme d'Etat la possession de la
Palestine est, à son cœur de patriote, des plus désirable. L'historien
déclare : Le premier épisode relaté de l'histoire internationale fut
l'invasion de la Palestine et, depuis ce jour-là jusqu'à nos jours, la
Palestine est restée un centre d'intérêt ; c'est pourquoi l’historien
s'intéresse à l'avenir de la Palestine. L'homme religieux ne peut trouver
les mots pour exprimer tout l'intérêt que, de son point de vue, IL prend à
ce qu'il appelle la Terre Sainte : pour lui, chaque pierre est une épopée,
chaque arbre un poème Le commerçant habile comprend toute l'importance
commerciale de ce pays, le jour où le réseau des chemins de fer asiatiques
aura été établi, ce qui arrivera dès qu'un gouvernement stable aura été
installé ; car la situation géographique de la Palestine fera de cet état le
point de convergence des grandes lignes de chemins de fer amenant les
produits de l'Asie sur les marchés européens et américains et vice-versa. En
effet, de même que le commerce de trois continents aboutissait dans ce pays
au temps de Salomon, ainsi le futur commerce des mêmes continents
déferlera-t-il de nouveau sur cette terre favorisée. Rien ne saurait abattre
les espérances du commerçant bien que la réalisation de ce programme
paraisse lointaine. Se souvenant, en effet, de la croissance rapide de
Chicago ou de San-Francisco, se rappelant comment les déserts de l'ouest
américain furent rapidement convertis en états populeux, il remarque
simplement : “Les événements vont vite de nos jours” et il attend.
286
“Cependant, au moment où les
grandes puissances chrétiennes avancent une main rapace et armée pour saisir
ce pays convoité et tentant, au moment où la Turquie agonisante laisse
échapper son pouvoir, une figure historique s'avance au premier plan et
déclare : Ce pays m'appartient ! Et lorsque les puissances, se retournent
pour dévisager l'interlocuteur, ils reconnaissent le Juif - l'enfant du
patriarche qui vécut en Palestine, lorsque ce pays fut envahi pour la
première fois, et qui serait bien aise lui aussi d’être présent pour
recevoir ce pays qui lui appartient, au moment où beaucoup s'en disputent la
possession trente-six siècles [trente-neuf] après la première invasion !
287
“Quelle merveilleuse coïncidence !
Non pas, dit le Juif ; “ce n'est pas une coïncidence, c'est là ma destinée”.
Examinons maintenant rapidement la situation du Juif dans cette question de
l'avenir de la Palestine. Les nations sont nées des idées. De l'idée de
l'unité germanique sortit dans les faits l'empire allemand proclamé au monde
à Versailles au son du canon français répondant amen à la prière allemande
pour sa prospérité. Du cri de “Italia irredenta.” naquit la nouvelle Italie
d'aujourd'hui, dont le tonnerre ébranlera de nouveau les rives
méditerranéennes. La Grèce moderne fut créée par la tradition de l'ancienne
Grèce. Ainsi les chrétiens comprennent comment les aspirations longtemps
chéries des Juifs pourront être réalisées. Ils admettent pleinement que la
Palestine appartient avant tout au Juif qui d’ailleurs, possède toutes les
aptitudes nécessaires pour développer l'avenir de cette contrée fertile.
D'autre part, la possession de ce pays par lui mettrait fin aux craintes des
puissances jalouses ; ce serait d'ailleurs là un acte de justice et une
expiation bien justifiée par les terribles injustices commises à l'égard du
Juif, le martyr de l'histoire.
288
“Quant aux Juifs eux-mêmes, il est
bien inutile de dire combien ils désirent ardemment leur rétablissement.
Chaque année, le neuvième jour de leur mois d'Ab, ils jeûnent en souvenir de
la destruction de leurs temples et des calamités nationales qui s'abattirent
sur eux à cette occasion. Il n'y a pas un matin et pas un soir qu'ils ne
prient : “Rassemble-nous des quatre extrémités de la terre”, “Rétablis notre
peuple comme autrefois”, “Demeure au sein de Jérusalem”. Toutes ces paroles
sont exprimées dans chaque ville où il y a des Juifs, c'est-à-dire dans le
monde entier. Une telle constance est absolument merveilleuse ; aujourd'hui
encore les Juifs espagnole dispersés dans tous les pays (même aux
Etats-Unis), répandent un peu de poussière de la Palestine ou “tierra santa”
comme ils l'appellent, sur les yeux de leurs morts, ce qui est une marque
poétique et touchante de leur amour pour le soi sacré.
“Quand le chemin de fer atteindra
Jérusalem, le Messie viendra”, disent-ils, faisant allusion à Es. 66 : 20,
où le prophète dans sa vision assiste au retour des exilés qui rentrent au
pays par tous les modes de locomotion possibles, y compris celui qu'il a
désigné par le terme hébreu kirkaroth. Ce mot a été rendu parfois par
animaux rapides, ce qui est trop vague, ou dromadaires, ce qui est
certainement inexact. Les philologues dérivent le terme kirkaroth de kar qui
veut dire fournaise et de kakar qui veut dire se mouvoir. Ils prétendent que
le prophète chercha à exprimer par un mot qu’il créa ce qu'il avait vu dans
sa vision, c'est-à-dire un train se mouvant avec rapidité. “Quand Nicolas
règnera, la rédemption viendra” est une allusion à Es. 63 : 4, texte sur
lequel les hébraïsants s'appuient pour interpréter le terme hébreu rashe-teboth
par la sentence : Tout Juda entendra et contemplera la chute de Nicolas,
empereur de Moscovie (Russie), parce que les enfants de Juda ont été
opprimés. Après notre chute, notre véritable rédemption viendra et les
enfants de Juda recevront bientôt la bonne nouvelle par le prophète
Tischbite [Elie]”. Toutes ces indications, ainsi que d'autres analogues,
sont importantes, car elles montrent la pensée d'Israël”.
Nous sommes surpris parfois de
voir comment des hommes du monde s'approchent de la vérité, sans la
connaître, par l'expression déjà citée que le patriarche Abraham “serait
bien aise lui aussi d'être présent pour recevoir” le pays de la promesse qui
lui appartient ainsi qu'à sa postérité trente-six siècles [trente-neuf]
après sa mort. Ce que certains pensent peut-être être une envolée poétique
n'en est pas, car les Ecritures déclarent que ce seront des faits réels.
Nous avons déjà vu (*) qu'Abraham, Isaac, Jacob, Daniel et tous les saints
prophètes seront “rendus parfaits”, réveillés de la mort à la perfection
humaine, après la glorification de l'Eglise de l'Evangile (Hébr. 11 : 40),
et qu'ils seront les “princes sur toute la terre” (Ps. 45 : 16) ; ils seront
les représentants visibles et terrestres du Christ, le Souverain spirituel,
invisible. Le pays de la promesse fut donné en possession éternelle à
Abraham et à sa postérité, il doit donc recevoir ce pays dans l'avenir, car,
jusqu'à présent, il n'en a jamais possédé une seule parcelle (Actes. 7 : 5).
289
Voici une lettre publiée dans un
journal de Chicago qui nous apporte un témoignage remarquable sur les
progrès graduels du rétablissement en Palestine et sur la préparation en vue
de la bénédiction divine future pour ce pays et son peuple :
Jérusalem, le 23 novembre 1887.
“Je suis très content de vous
parler des choses glorieuses que nous avons contemplées depuis six ans que
nous vivons ici. Lorsque nous arrivâmes, il y a six ans, nous étions
quatorze adultes et cinq enfants. En montant de Jaffa à Jérusalem, nous
fûmes profondément impressionnées par la désolation du pays. On ne pouvait
voir nulle part un brin d'herbe verte. Les oliviers et les vignes étaient
tellement couverts de poussière grise pendant un été chaud et sec, qu'on ne
pouvait s'imaginer qu'il pût y avoir encore quelque chose de vert sous cette
poussière. Toute la terre semblait desséchée dans toute sa profondeur.
Depuis lors, nous ne l’avons plus vue dans cet état. Chaque année, elle
apparaît plus verte, et maintenant, beaucoup de ces coteaux stériles sont
couverts de vignes et d'oliviers qui en changent complètement l'aspect.”
290
“Quelle est la cause de ce grand
changement, demanderez-vous ? Dieu a promis que de même qu'il a apporté tout
ce mal dans ce pays, ainsi il y apportera plus tard de grandes bénédictions.
Ces bénédictions ont manifestement commencé en envoyant plus de pluie que
pendant de nombreux siècles passés. Dieu envoie de belles averses et de
lourdes rosées dans un pays qui n'en recevait pas. Il envoie des nuages en
été, fait totalement inconnu il y a vingt ans. Cela tempère la chaleur qui
ne dessèche pas autant le sol. Il y a cinq ans, en juillet et août (mois
dans lesquels il ne pleuvait jamais) il plut pendant trois heures à Jaffa et
pendant seize heures à Damas, ainsi que dans toute la contrée avoisinante.
Les journaux américains commentèrent la chose et virent là la preuve d'un
changement de climat en Palestine. Lorsque nous vînmes ici, il y avait très
peu de Juifs qui rentraient dans ce pays, mais les persécutions de Russie,
d'Allemagne et d'autres pays commencèrent à les chasser, et malgré les édits
du Sultan, ils commencèrent à rentrer en Palestine. Ils achetèrent du
terrain, plantèrent, construisirent et accaparèrent le commerce de la ville
; c'est pourquoi, aujourd'hui, il y a des milliers de Juifs de plus qu'à
notre arrivée.
“Aujourd'hui, Jérusalem est entre
les mains des Juifs au point de vue commercial. Le Juif n'est plus foulé aux
pieds par le Musulman comme autrefois. Aujourd'hui, ils bâtissent rapidement
une nouvelle ville, conformément à la description contenue dans Jér. 31 :
38-40 ; 32 : 43-44. Même les Turcs qui sont encore au pouvoir remarquent ces
choses et ils se disent les uns aux autres : “C'est Dieu ; Que pouvons-nous
faire ?” Nous-mêmes, que pouvons-nous dire de tout cela, sinon que Dieu
accomplit rapidement sa parole de nos jours, ainsi que l'alliance qu'Il fit
avec Abraham. Nous sommes témoins de toutes ces choses”.
291
Ainsi, malgré l'oppression et la
tyrannie qui ont écrasé les Juifs dans la poussière même, nous trouvons que
beaucoup d'entre eux, pendant ces dernières années, se sont enrichis et
élevés aux honneurs bien au-dessus de leurs voisins, les Gentils. Disposant
dès lors de tels moyens et de telles influences, ils ont pu fréquemment les
mettre au service de la race juive pour la relever ; des efforts sages et
bien dirigés ont accompli de grandes choses dans ce domaine. L'attention des
hommes réfléchis, tant parmi les Juifs que parmi les Gentils, se porte sur
ce tournant dans les affaires du peuple juif.
Il est certain, d'après les
principaux journaux juifs, et d'après les divers mouvements actuellement en
cours pour la colonisation de la Palestine, et pour le progrès des choses
déjà réalisées, que des milliers d'entre eux tournent des yeux avides vers
le pays de la promesse. C'est depuis 1878 que ce renouveau a pris naissance
dans les affaires juives. La tournure des événements, depuis ce moment-là, a
provoqué, et provoque encore un réveil remarquable sur cette question ; ce
fait en lui-même est un signe des temps important. Voici, par exemple, un
extrait du journal Jewish World (Le Monde Juif), du 20 août 1886) :
“Il y a des éclaircies dans les
nuages qui ont assombri si longtemps la Terre Sainte. L'avenir de cette
contrée malheureuse, si longtemps enveloppé de ténèbres impénétrables,
commence à luire faiblement et les rayons lumineux d'un état de choses
meilleur sont nettement visibles à chacun. Il existe deux institutions qui
doivent jouer un rôle essentiel dans l'amélioration des conditions des Juifs
de la Palestine : ce sont l'Ecole d'Agriculture de Jaffa et l'Institut
Lionel de Rothschild, près de Jérusalem. Nous pourrions encore citer une
troisième institution utile, le Fonds Testimonial de Montefiore, qui par son
assistance apportée à des sociétés de construction d'immeubles et par son
édification d'habitations à bon marché, a fait beaucoup pour encourager
l'économie et pour réduire considérablement les misères et les difficultés
de la vie domestique dans la Cité Sainte... Nous sommes heureux de constater
aujourd'hui que les perspectives des Juifs en Palestine ne sont plus
désormais attristantes. D'un côté, il y a des forces considérables à
l’œuvre, qui cherchent à améliorer les conditions de nos frères selon un
plan très sage et ingénieusement organisé, maintenant mis à exécution avec
persévérance ; d'un autre côté, les habitants de ce pays sont fatigués de
leur misère et de leur inactivité et manifestent un désir croissant de tirer
parti de tous les efforts accomplis pour leur venir en aide. Un tel état de
choses aura des conséquences heureuses et tout Juif en éprouvera du
plaisir”.
292
Dans un autre numéro du même
journal, l'éditorial, portant sur “L’Avenir de la Palestine”, se terminait
ainsi :
“La dernière arrivée en Palestine
d'éléments cultivateurs et ruraux, implantés dans les colonies organisées
grâce aux fonds Montefiore, Hirsch et Rothschild, permettra d'obtenir une
main-d’œuvre bien disposée pour travailler à la transformation du pays, afin
que, selon la promesse, le désert fleurisse comme la rose, des mains actives
et des cœurs bien disposés qui devront faire sortir la Terre Sainte de sa
longue nuit de mort et rendre à la vie et à la lumière la demeure nationale
des Juifs”.
Un autre journal, The Jewieh
Messenger (Le Messager Juif) s'exprime comme suit :
“Tandis que les hommes sont
absorbés par leurs petites difficultés, alternativement poussés par des
espérances et par des craintes, la grande et majestueuse marche des
événements humains progresse irrésistiblement jusqu'à l'achèvement complet,
dans l'accomplissement d'une loi inexorable qui contrôle toutes les actions
humaines. Ici et là, les hommes élèvent leurs faibles voix pour tenter
d'arrêter cette marée de progrès et s'opposer au décret de l'Eternel. Ils
pourraient tout aussi bien essayer de s'opposer aux lois qui gouvernent
l'univers. Les races ont une destinée fixée d'avance, qu'elles doivent
suivre comme les étoiles qui scintillent dans la voûte des cieux, et la race
d'Israël est parmi elles la brillante étoile fixe. Dans toutes ses
pérégrinations, elle est restée fidèle à sa course. Sa mission a été prévue
et annoncée. Son rétablissement final dans la Terre Sainte a été prophétisé.
Cette prophétie est en train de s'accomplir, les signes des temps
l'indiquent son accomplissement se fait d'une manière si calme et si
graduelle, que seuls ceux qui ont prêté attention à la chose, comprennent
l'importance de l’œuvre accomplie.
293
“Pour la race juive, la Palestine
est une nécessité politique. La fondation d'une nation dans la Terre Sainte
signifie une fois de plus l'exaltation de tout Israël ; il redevient une
nation parmi les nations de la terre. Le Juif obtient de nouveau, par sa
nation reconstituée, ce pouvoir politique et ce droit souverain qui lui
assurent la protection. Il redevient un citoyen de son pays, ce qui lui
donne un passeport parmi toutes les nations de la terre... Ces idées peuvent
paraître impraticables à l'homme absorbé dans ses livres, dans son cabinet
de travail ; au marchand dans son magasin occupé à calculer ses profits et
ses pertes ; à l'homme occupé de ses plaisirs sociaux ; mais elles sont
aussi claires que le soleil en plein midi à celui qui étudie l'horoscope
politique.
“Lorsque leur autonomie politique
sera un fait accompli, les Juifs dispersés dans le monde entier ne se
rendront pas en foule en Palestine ; il y en a 300.000 en Asie, 400.000 en
Afrique et 5.000.000 en Europe. C’est de ces derniers que la Palestine
tirera la sève vitale de son rétablissement. Le Juif né en Amérique restera
très probablement un Américain, et si jamais il se rend en Terre Sainte, ce
sera, pour son plaisir, pour voyager en touriste et contempler un pays si
célèbre, principal berceau de sa race héroïque.
294
“Géographiquement parlant, la
Palestine peut paraître trop petite pour exercer une grande influence parmi
les nations de la terre. A cela nous répondons qu'autrefois la Grèce était
une puissance, et qu'aujourd'hui la petite île de la Grande-bretagne est une
puissance. Au point de vue géographique, que sont-elles ? C’est la puissance
intellectuelle et morale, ainsi que l'orgueil national qui font la grandeur
d'une nation et non l'étendue de son territoire. C'est la puissance
intellectuelle et morale qui feront le prestige d'Israël parmi les nations”.
Le journal Jéwish Chronicle (La
Chronique Juive) s'exprime comme suit :
“Le mouvement est irrésistible.
Nous ne saurions rester les bras croisés devant ce nouvel exode. Pendant
près de deux mille ans, nous, les Juifs, avons cru que la consommation des
âges de souffrance serait atteinte le jour où nous serions de nouveau en
possession du pays de nos pères. Est-ce que cette espérance va s'éteindre au
moment même où elle semble devoir s'accomplir ? Ou, pensons-nous que le
retour sera réalisé par des moyens mystérieux sans la collaboration d'êtres
humains ? Dieu accomplit sa volonté par la volonté des hommes ; et si
l'accomplissement des prophéties doit avoir lieu, ce sera par des volontés
et des énergies humaines. Ces considérations peuvent paraître trop élevées
pour avoir une relation quelconque avec un plan d'exécution pratique en vue
de la colonisation juive en Palestine. Mais c'est par de petits
commencements comme ceux-ci que de grands événements se sont souvent
produits. Le retour d'un petit groupe de Juifs en Terre Sainte ne saurait
manquer de démontrer la possibilité et la réalisation pratique d'un retour
plus massif pleinement justifié par toute l'histoire et les aspirations
juives concentrées sur cet objet”.
Outre les Juifs, d'autres
personnalités éminentes dans le monde voient la future élévation d'Israël et
ils en parlent ; voici par exemple comment s'exprime le journal The Central
Presbyterian :
295
“Au lieu de mourir, le peuple juif
fait preuve d'une vitalité croissante. Les Juifs ne peuvent être écrasés, ni
absorbés. Ils vont de pays en pays et, partout où ils vont, ils y deviennent
pratiquement les maîtres. Ils accaparent la terre en Allemagne et en Hongrie
; ils deviennent riches en Russie, ils sont les plus grands banquiers de
Londres et de Paris, ils centralisent entre leurs mains le commerce
européen. Dans les dix années récentes, les Rothschild ont prêté 100.000.000
de livres sterling [au cours de l'époque -Trad.] à l'Angleterre, à
l'Autriche, à la Prusse, à la France, à la Russie et au Brésil”.
Voici ce que disait récemment un
Anglais, lord Shaftesbury :
“On est très jaloux des Juifs, de
ce peuple étonnant qui, aujourd'hui, vient au premier plan. Un signe
indiscutable des temps, c'est que partout où il y a des Juifs, ou bien ils
sont les plus persécutés des hommes ou bien les personnalités les plus
éminentes dans les diverses branches de l'activité humaine ! On demandait à
une haute personnalité de Berlin :“Pourquoi, à Berlin et dans toute
l'Allemagne, y a-t-il un mouvement antisémite aussi accentué ? “Elle
répondit : “Je vais vous le dire : dans le commerce, les Juifs sont les
premiers marchands ; dans la finance, ils sont les premiers banquiers ; dans
le corps des juristes, ils sont les premiers avocats et dans tous les divers
genres littéraires, ils sont plus forts que nous tous ; quelle que soit la
carrière qu'ils entreprennent, ils supplantent les gentils et je puis vous
assurer, Monsieur, que nous ne voulons pas supporter un tel état de choses”.
“Les persécutions contre les Juifs en Russie et en Pologne ne sont nullement
causées par la question de religion ou de nationalité. Les Russes
persécuteraient tous ceux qui occuperaient une situation analogue à celle
des Juifs ; ces derniers possèdent, en effet, des hypothèques considérables
sur une grande partie des terres de la Russie ; ils sont les créanciers
d'une grande partie des paysans russes et même des négociants de ce pays.
C'est pourquoi, en toute occasion, le peuple russe maltraite les Juifs et
les dépouilles. En mettant à mort les Juifs et en détruisant leurs titres,
les Russes se débarrassent ainsi de documents par lesquels ils sont liés et
qui les enchaînent devant la loi. Aussi longtemps que les Juifs mettront la
main sur les terres des Russes, on peut être sûr que ces derniers se
soulèveront contre les Juifs”.
296
Voici un extrait d'une lettre d'un
journal anglais signée par Charles Reade, le romancier bien connu dans les
cercles littéraires, qui se convertit à Christ et aux doctrines de la Bible
il y a quelques années :
“La nation juive, aujourd'hui si
déshéritée, rentrera finalement en possession de son ancien territoire qui,
visiblement, semble avoir été tenu en réserve pour elle. Les prophéties
démontrent clairement deux choses : d'abord que les Juifs doivent posséder
de nouveau la Palestine et régner du Liban à l'Euphrate, et ensuite, que cet
événement sera le début d'une série de grands changements qui amèneront de
grandes améliorations dans les conditions d'existence de la pauvre humanité
souffrante et de toute la création même. Aujourd'hui, nous avons la
perspective prochaine d'un glorieux événement, cela est aussi certain que le
lever du soleil demain. La seule différence est que le soleil ne lèvera à
une heure déterminée, tandis que les Juifs occuperont la Syrie et
retrouveront leur ancienne gloire nationale à une date indéterminée. Le
faible des humains est de croire qu’une date indéterminée est forcément
lointaine, ce qui est peu raisonnable. L'homme sage et prudent doit veiller
et reconnaître les indices précurseurs de ces événements et y apporter son
humble collaboration si ce grand privilège lui est offert.
“Cette persécution soudaine des
Juifs dans la nation même où ils sont les plus nombreux n'est-elle pas un
indice et un avertissement de la Providence qui rappelle aux Juifs que leur
patrie véritable n'est pas la Tartarie d'Europe (Russie) ? Aujourd'hui,
c'est de la Russie seulement que la Palestine peut être effectivement
colonisée ; car, dans ce pays, il y a trois millions de Juifs qui tremblent
pour leur vie et pour leurs biens ; quand ceux-là auront commencé le
mouvement, les autres suivront. L'histoire est un miroir derrière nous. Elle
nous apprend que tout ce que les Juifs ont fait, ils peuvent le faire ; ils
possèdent du génie, et le génie n'est pas limité par la nature, mais bien
par la volonté, par l'habitude ou par l'accident. Ces gens ont-ils jamais
échoué dans leurs entreprises ? Leurs hommes de guerre, leurs écrivains,
leurs constructeurs, leurs marchands, leurs législateurs, leurs agriculteurs
ont toujours été les premiers en toutes choses ! Dans ce domaine, l'histoire
se répète.
297
“Ils occuperont le premier rang
dans les arts de la paix et de la guerre, et leurs ennemis fondront devant
eux comme la neige d'un fossé. Si au début, ils ont besoin du secours d'une
autre nation, bénie sait celle qui leur offrira l’aide nécessaire ; par
contre, la nation qui les persécutera recevra un châtiment exemplaire d'une
manière ou d'une autre. Si donc les dernières persécutions décident les
conducteurs des Juifs de Russie à venir coloniser la Palestine, offrons leur
gratuitement des bateaux, des marins, de l'argent et tout ce qui sera
demandé ; ce placement sera infiniment meilleur que, les obligations ou
titres de rente d'Egypte, du Brésil ou du Pérou”.
Un proverbe juif, de date récente,
déclare : “Lorsque le chemin de fer atteint Jérusalem, le Messie vient” ; ce
dicton est en parfaite harmonie avec la représentation symbolique du chemin
de fer décrite par les prophètes Nahum et Esaïe (Nah. 2 : 3-5 ; Es. 66 :
20). Le proverbe n'a certainement pas manqué son but de beaucoup, car le
chemin de fer atteindra Jérusalem “au jour de sa préparation”, au temps de
la présence du Messie. Or, voici ce que publiait récemment un journal
quotidien :
“Galilée avait raison : le monde
se meut. On doit construire un chemin de fer, sur une distance de 31 miles
[50 km. environ - Trad.] de Jérusalem à Jaffa, l'ancien port de la capitale
juive sur la Méditerranée et le lieu où l'on débarquait les cèdres qui
servirent à la construction du temple. Un Juif de Jérusalem, nommé Joseph
Nabon, sujet turc, a obtenu du Sultan une concession dans ce but. Cette
concession a une durée de 71 ans. Le coût de cette ligne est estimé à
250.000 dollars [au cours d'alors Trad.]. La civilisation pénètre donc en
Palestine. Le dix-neuvième siècle paraîtra dans ce pays lorsque la première
locomotive lancera des jets de fumée à Jérusalem”.
298
Voici une lettre d'un correspondant
de la Pittsburgh Dispatch (La Dépêche de Pittsburgh) qui nous confirme les
progrès actuels réalisés en Palestine et à Jérusalem :
Jérusalem, le 12 juillet 1889.
“A Jérusalem, sur quarante mille
habitants, trente mille sont des Juifs. Le gouvernement turc qui, pendant si
longtemps, les empêcha de séjourner plus de trois semaines à la fois en
Terre Sainte, a levé cette interdiction, et maintenant les Juifs viennent
par centaines. Ils se livrent au commerce et ont accaparé presque tout celui
de Jérusalem Certains d'entre eux croient que le jour où, selon la Bible,
ils doivent habiter de nouveau leur pays est très prochain. Une curieuse
tribu du sud de l'Arabie prétend avoir reçu une révélation l'engageant à
quitter son pays désert pour rentrer en Palestine. Ces Juifs vivaient en
Arabie, dans le Yémen depuis 2.500 ans; ils appartiennent à la tribu de Gad
et ils quittèrent la Palestine 700 ans avant la naissance de Christ. Ils ont
apporté avec eux beaucoup de documents de valeur démontrant leur origine.
Ils sont maintenant engagés dans des occupations agricoles près de
Jérusalem. Les persécutions subies par les Juifs en Russie et en Autriche en
font rentrer beaucoup en Palestine, ainsi que nombre de Juifs polonais et
espagnols. Les Juifs peuvent maintenant rester plus longtemps en Palestine ;
on ne les empêche pour ainsi dire plus du tout de résider à Jérusalem. Il y
a cinquante ans, il y avait seulement 32 familles juives dans cette ville et
3.000 Juifs au total dans toute la Palestine. Maintenant ils sont près de
50.000 en Terre Sainte et les trois-quarts de la population de Jérusalem
sont des Juifs.
299
“C'est un peuple curieux ; ces gens
ne ressemblent pas aux autres Juifs de la terre, ils se rapprochent
davantage de l'ancien type juif ; le grand nombre de ceux qui ont été amenés
ici par les persécutions sont presque entièrement entretenus par les
diverses églises juives du monde entier.
“Une des plus grandes curiosités
de Jérusalem est le mur des lamentations, à l'extérieur de la mosquée
d'Omar, sur l'emplacement du temple de Salomon; tous les vendredis,
certaines sectes judaïques s'y rendent et, la tête appuyée contre la
muraille, ces gens se lamentent sur la ruine de Jérusalem et prient Dieu de
rendre le pays à son peuple élu. Cette coutume existe depuis le moyen-âge et
c'est un spectacle des plus émouvants. Je l'ai visité la semaine dernière :
on voit une étroite allée entourée de demeures misérables, recouverte de
dalles de pierres usées parle frottement des pieds nus de milliers de Juifs
; cette allée longe le pied d'une ancienne muraille faite de grands blocs de
marbre. Ce mur a une hauteur d'environ 15 mètres. Une longue file d'hommes
en robes longues et de femmes à la tête recouverte d'un châle, sont
inclinés, prient et pleurent. Beaucoup sont des hommes à barbe blanche et
ils portent de longs cheveux blancs bouclés. Il y a aussi des jeunes gens ;
il est difficile de ne pas être surpris en voyant le visage de ces gens,
parfois convulsé d'émotion, Chacun d'eux a une Bible hébraïque usagée à la
main. De temps à autre, tous ensemble entonnent une sorte de chant que
dirige un vieillard à cheveux blancs ; ce dernier chante seul, puis les
autres répondent par un refrain. En voici les paroles :
Le
vieillard.- Pour le palais en ruines –
Réponse - Nous sommes dans la
solitude et le deuil.
Le
vieillard. - Pour les murailles détruites –
Réponse - Nous sommes dans la
solitude et le deuil.
Le
vieillard. - Pour notre majesté disparue -
Réponse - Nous sommes dans la
solitude et le deuil.
Le
vieillard. - Pour nos grands hommes morts -
Réponse - Nous sommes dans la
solitude et le deuil.
Le vieillard. - Pour nos
sacrificateurs qui ont trébuché
Réponse - Nous sommes dans la
solitude et le deuil.
Le
vieillard. - Pour nos rois qui l'ont méprisé –
Réponse - Nous sommes dans la
solitude et le deuil.
300
“On ne peut se rendre compte de
l'effet produit par ce chant si on ne l'a pas entendu. Les vieillards et les
femmes en larmes baisent les pierres de la muraille qui les sépare de
l'emplacement où se trouvait autrefois le temple de Salomon, et qui
aujourd'hui encore est, pour les Juifs, la partie la plus sainte de la
terre. Les sentiments sincères et profonds exprimés par tous ces gens, la
foi dont ils font preuve en venant dans cet endroit, semaine après semaine,
année après année, toutes ces choses sont impressionnantes au suprême degré.
C'est vraiment l'un des étranges spectacles de la plus étrange des villes.”
“Il y a huit colonies agricoles
dans les différentes parties de la Palestine. Une de ces écoles
d'agriculture, près de Jaffa, a plus de 700 élèves, et le domaine d'une
étendue de 11.200 hectares environ est situé dans les plaines du Saron où
vécurent les Philistins ; il renferme maintenant des milliers de plants de
vignes et d'oliviers. Les Turcs n'aiment pas vendre les terres aux Juifs,
mais ces derniers sont aussi bons fermiers qu'hommes d'affaires ; un simple
coup d’œil sur l'état actuel des coteaux qui entourent Jérusalem montre que
la Terre Sainte est beaucoup mieux cultivée par les Juifs que par les
Musulmans. Une grande partie du terrain avoisinant Jérusalem appartient
maintenant à des Juifs ou à leurs institutions philanthropiques. M. Béhar,
le directeur des écoles Rothschild me déclara que, dernièrement, leur
institution avait acheté l'Hôtel de Jérusalem pour l'annexer à leur école.
Sir Moïse de Montefiore, qui administrait les fonds laissés par un riche
israélite de la Nouvelle-Orléans, a bâti un grand nombre de maisons, bien
conditionnées pour des Juifs, le long de la route, entre Bethléem. et
Jérusalem, ainsi qu'un certain nombre d'hôpitaux juifs.
301
“Au nombre de ceux qui croient
fermement que les Juifs posséderont bientôt la Palestine de nouveau, il y a
une colonie comprenant une quinzaine de personnes qui vivent dans une maison
très confortable, sur les murailles mêmes de Jérusalem, et qui sont connues
sous l'expression “les Américains”. Ces gens ne sont pas des Juifs ; ce sont
des Chrétiens venus de différentes parties des Etats-Unis et spécialement de
Chicago pour attendre l'accomplissement de la prophétie annonçant que Dieu
commencerait la régénération du monde à Jérusalem. [Ces personnes ne
comprennent pas qu'auparavant l'élection de l'Eglise doit être achevée].
“Il est certain que de très
grandes améliorations se réalisent à Jérusalem ; la plupart des rues sont
maintenant bien pavées et les conditions sanitaires de la ville ont été
grandement améliorées. La ville, qui s'étend au dehors des murailles, est
bientôt aussi considérable que la ville intérieure proprement dite, et l'on
me dit que le terrain a prodigieusement augmenté de valeur ainsi que tous
les immeubles. J'apprends que le long de la route de Jaffa, en dehors de la
porte de la ville, les propriétés foncières ont triplé, quadruplé ou décuplé
de valeur dans l'espace d'une seule année. Un morceau de terrain appartenant
à une institution charitable fut acheté quelque temps auparavant pour 500
dollars [de cette époque - Trad.]. Il vaut maintenant 8.000 dollars et ne
serait pas cédé pour ce prix. Une ligne télégraphique relie maintenant la
ville au littoral ; une compagnie de chemin de fer a été fondée pour
construire une ligne de Jaffa à Jérusalem. Pour la première fois dans son
histoire, Jérusalem a une véritable police organisée qui assure un service
aussi effectif que celui de New-York.”
Voici encore, extrait du journal
The Hebrew Christian (Le Chrétien Hébreu) de juillet 1889, le récit d'un
Juif américain qui a visité le mur des lamentations à Jérusalem :
302
“J'avais passé plusieurs jours à
visiter des Juifs avec mon ami, un vieux rabbin de Kovno (Russie), lorsque
ce dernier me demanda si je voulais l'accompagner au mur des lamentations
pour pleurer la désolation de Jérusalem et prier pour obtenir le retour
d'Israël à sa gloire d'antan. “ J'irai avec vous”, lui dis-je, “ et je
prierai Dieu de tout mon cœur pour qu'il hâte le jour où Juda reviendra à
l'Eternel”. C'était un vendredi après-midi, à l'heure où de nombreux Juifs
se réunissent pour prier devant la muraille de l'ancien temple et je me
joignis à eux C'était en vérité un spectacle mémorable. Il y avait des Juifs
de toutes nations, dans leurs costumes orientaux particuliers, quelques-uns
même avec leur Talith (vêtements de prière), Ils lurent le Psaume 22 à très
haute voix. Des femmes criaient ardemment et du fond du cœur, s'adressant à
Dieu et disant: Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m'as-tu, abandonné, te tenant
loin de mon salut, des paroles de mon rugissement ? ô mon Dieu, je crie le
jour mais tu ne l'entends point, et de nuit, et il n'y a point de repos pour
moi”. Les hommes pleuraient aussi et répétaient des psaumes, des litanies et
des prières. La plupart d'entre eux pressaient leurs lèvres contre les
pierres de la muraille et les baisaient. En entendant leurs prières
émouvantes, je me souvins de ce que les rabbins disaient dans le Talmud :
“Depuis la destruction du temple, les portes de la prière ont été fermées et
seules les portes des pleurs sont ouvertes”. Le rabbin répétait d'une voix
triste :
“Pour le palais en ruines... etc.
”
“C'est dans les demeures des Juifs
pieux que l’on entend les complaintes les plus touchantes sur Jérusalem. A
minuit, ils s'enveloppent dans leurs vêtements de prières, ils répandent des
cendres sur leur tête et s'agenouillent sur le sol. Alors ils répètent
mélancoliquement les paroles suivantes :
“Un cri de malédiction retentit du
haut de la tour antique de Rama, une voix de lamentation retentit du haut de
la colline sainte de Sion; hélas ! - je me souviens toujours de mon diadème,
de ma dot de reine et des honneurs de ma jeunesse. Combien sombre est la
demeure solitaire pour moi qui autrefois étais assise sur un trône de
splendeur”.
303
“J'étais appelée la plus belle
fiancée de Jéhovah ; mais aujourd'hui je suis opprimée, désertée et désolée
; je dois subir la colère et la vengeance de Dieu ; ma joie s'est envolée,
mon cœur est désolé. Venez et pleurez â mes côtés, vous mes filles, car
personne ne s'approche de moi pour consoler mes chagrins”.
“Je suis déchue d’une situation
sans égale, je suis victime de mon orgueil et de ma vanité volontaire; mon
cœur agité bat violemment d'une misère sans espoir. Juda se lamente dans ses
pénitences pleines de larmes je suis une veuve en deuil dans la captivité”.
“J'étais une reine brillante dans
Solyma, j'étais un nuage d'or, la montagne de Dieu : mais maintenant
dépouillée par les infidèles, je pense qu'aucun pèlerin plus pauvre que moi
ne s'achemine dans le désert. Tous mes petits enfants ont été arrachés de
mon sein, les plus âgés ont été tués, le sol a été trempé de leur sang”.
“Personne dans son cœur ne
prendra-t-il pitié, de ma misère ? Personne n'essuiera-t-il les pleurs qui
coulent de mes yeux ? Personne n'adoucira-t-il la douleur aiguë qui me
transperce l'âme ? Personne ne dira-t-il que les païens n'osent plus appeler
Dieu mon Epoux ? Oh ! quels traits empoisonnés ! Quelles cruelles moqueries
je dois supporter”.
“Père des miséricordes, viens,
rentre avec grâce dans la demeure de Sion de nouveau magnifique. Que les
yeux d'Israël contemplent ta demeure restaurée ; écoute ensuite le chœur des
alléluias et les cantiques d'actions de grâces d'une race rachetée,
souhaitant la bienvenue aux murailles de ce temple éternel qui s'élève de
nouveau.”
“Après cela, plusieurs psaumes
sont lus et l'on prie. En se relevant, tous s'écrient : “Secoue ta
poussière, lève-toi, mets-toi sur ton séant, ô Jérusalem ! Détache les liens
de ton cou, ô captive, fille de Sion”.
“A cette occasion, ils offrent une
prière remarquable en rapport, sans doute, avec Esaïe 7 : 14 :
“Seigneur, dans ta miséricorde,
exauce la prière de ton peuple, accorde à Israël dans le deuil ses désirs. O
bouclier d'Abraham ! - Envoie-nous notre Rédempteur et appelle son nom
glorieux, Emmanuel”.
304
Plus tard, lorsque d'autres
persécutions auront chassé un plus grand nombre de Juifs plus pauvres vers
la Palestine, lorsque la civilisation moderne y sera encore plus avancée,
les classes plus riches de Juifs y seront attirées ; ce sera alors pour des
motifs essentiellement égoïstes, lorsqu'au temps de grande détresse générale
les richesses ne seront plus en sécurité dans d'autres pays. Alors, la
Palestine, éloignée du socialisme et de l'anarchisme, apparaîtra comme un
port de refuge aux Juifs fortunés. Mais à la vitesse actuelle du progrès
dans ces différents domaines, les prochaines quinze années seront témoins de
beaucoup de choses en Palestine.
L’AVEUGLEMENT DISPARAÎT
Nous verrons bientôt s'accomplir
une autre partie de la prophétie relative à Israël selon la chair. L'apôtre
Paul avait dit : “Un endurcissement partiel est arrivé à Israël jusqu'à
ce que la plénitude des nations soit entrée”, c'est-à-dire jusqu'à ce
que le nombre complet des élus, choisis d'entre les Gentils, qui, ensemble
avec le reste d'Israël, constitueront la phase spirituelle du Royaume, soit
arrivé à cette faveur suprême dont Israël fut éliminé en tant que nation et
sur les avantages de laquelle en tant que nation, il a continué à être
aveuglé. Dans le sens complet du terme, par conséquent, l'aveuglement
d'Israël charnel, parfois appelé Jacob, ne pourra pas cesser avant que la
sélection d'Israël spirituel ait été achevée. Paul nous dit expressément
(Rom. 11 : 26) que le salut d'Israël charnel, la délivrance de son
aveuglement et de ses préjugés, viendra de (la Montagne de) Sion, l'Eglise
glorifiée ou le Royaume. Mais comme le Royaume de Sion commença, dans une
certaine mesure, en 1878, lorsque notre Roi prit possession de son grand
pouvoir pour régner, bien que les membres formant la classe des “pieds” ne
fussent pas encore entièrement développés et glorifiés, ainsi la faveur de
Dieu envers “Jacob” manifestée par Sion commença là, mais n'atteindra pas
son développement complet avant que les membres “pieds” du corps de Christ
soient également glorifiés. De même que 1881 fut la date parallèle à celle
où la lumière de l'Evangile se tourna de Jacob vers les Gentils, ainsi elle
marque également le début du retour de la lumière spéciale aux Juifs depuis
longtemps aveuglés. Conforme à son modèle juif, aujourd'hui l'Eglise
chrétienne nominale trébuche dans son aveuglement tandis que seul un petit
reste de chrétiens sont bénis. Combien sont actuelles les paroles de
l'apôtre : “Ne t'enorgueillis pas, mais crains car si Dieu n'épargna pas
les branches naturelles, il ne t'épargnera pas non plus...” (v. 21- S.).
305
Mais Israël en général reconnaîtra
sans doute le véritable Messie et son Royaume par le ministère des
patriarches et des prophètes rétablis, dont le rétablissement parfait sera
le premier travail du Christ après que tout le “corps” aura été glorifié.
Cependant l'aveuglement d'Israël commencera à disparaître avant cela. Déjà
un grand mouvement a commencé vers Christ, au sein des Juifs russes en
particulier.
Si nous examinons ce qui se passe
sous cet angle, les signes des temps sont très avancés et même surprenants.
Il y a un remarquable mouvement religieux parmi les Juifs de la Russie
méridionale qui, par milliers, reconnaissent Jésus-Christ comme le Messie
depuis longtemps promis ; ils reconnaissent aussi leur péché national commis
en le rejetant et en le crucifiant. Ce mouvement ne provient en aucune
manière de l'activité missionnaire chrétienne ; il est indépendant et a
jailli spontanément du milieu même des Juifs. Le chef de ce mouvement est un
Juif, M. Joseph Rabinowitch, autrefois négociant, plus tard avocat, et
jouissant d'une haute réputation parmi ses coreligionnaires. M. Rabinowitch
n'était pas un rabbin juif, et ni lui ni aucune des autres personnes
éminentes associées avec lui n'étaient des ecclésiastiques d'une secte ou
confession de foi quelconque. Relativement à ce mouvement, nous citerons ce
qui suit tiré d'un article du Harper's Weekly (Hebdomadaire du Harpiste) et
d'autres rapports :
306
“Ce mouvement s'est développé avec
une telle extension que l'on peut avec certitude déclarer qu'il ne s'agit
pas là d'une simple expérience dont les conditions d'existence sont
problématiques. On a constaté sa vitalité remarquable ; sa croissance a été
constante et saine, d'un caractère positif, sans aucune hâte irraisonnée,
sans exaltation dangereuse. Les autorités russes l'ont reconnu comme une
religio licita (religion autorisée). Il a donc maintenant une existence et
des droits légaux. Son caractère le marque comme l'un des phénomènes des
plus uniques dans le kaléidoscope bigarré des intérêts nationaux, sociaux et
religieux qui divisent les cœurs et les esprits des cent seize millions de
sujets du Czar.”
“La foi de cette nouvelle
communauté est d'une forme particulière en ce sens que ses membres ne
veulent s'associer à aucune confession chrétienne existante. Leur but bien
déterminé est d'ignorer le développement des doctrines depuis le temps des
apôtres jusqu'à nos jours et de tirer leurs enseignements directement à la
source du Nouveau Testament, sans s'inquiéter autrement des formules et des
doctrines des églises orthodoxes de notre époque. Ils prétendent que leur
organisation s'inspire de celle des assemblées judéo-chrétiennes du temps
des apôtres.”
307
“M. Rabinowitch est énergique et
son ambition est d'améliorer et de faire progresser son peuple dans le
domaine politique, social et moral. Il y a quelques années, cet homme se fit
connaître comme l'ami zélé de diverses réformes au sein des Juifs orientaux.
Possédant une instruction et un esprit d'initiative bien supérieurs à ceux
de ses frères, il chercha le moyen et les instruments nécessaires pour
réaliser son idéal et ses desseins. Il fit tous ses, efforts pour faire
obtenir de meilleurs droits politiques aux Juifs, mais il ne put les
protéger contre les persécutions cruelles qui s'abattirent sur les pauvres
Israélites en Russie, en Roumanie et dans les pays voisins. Il étudia les
conceptions philosophiques de l'Europe occidentale, espérant par elles
élever le niveau moral de son peuple, lui donner un idéal et un but plus
nobles. Cependant, il ne tarda pas à comprendre que l'efficacité de ces
moyens était plus que douteuse dans leur application à un peuple que des
siècles de persécution et d'ultra-conservatisme avaient endurci sur les
principes se présentant comme si différents de leurs idées traditionnelles.
Il s'efforça encore de détourner les Juifs de leur rapacité pour le gain
laquelle, avec leur formalisme religieux, dirige et dégrade le cœur et la
mentalité du Juif oriental. Mais ses efforts pour fonder des colonies
agricoles pour les Juifs, soit en Russie, soit dans la Terre Sainte, furent
stériles. Pendant son séjour en Palestine, M. Rabinowitch étudia d'une
manière absolument indépendante) le Nouveau Testament, en le mettant en
parallèle avec l'Ancien Testament, et il arriva à la conviction qu'Israël
avait commis une erreur nationale, qu'il avait été infidèle à sa mission
historique, en rejetant Jésus-Christ.”
“Cette conviction que la
personnalité de Christ est l'accomplissement des anciennes prophéties et la
réalisation des aspirations et des ambitions nationales d'Israël constitue
la base essentielle sur laquelle repose ce mouvement tout entier. Les
principes enseignés par l'humble Nazaréen sont reconnus comme les seuls qui
puissent permettre à ce peuple de réaliser ses destinées et d'arriver au but
pour lequel il avait été mis à part comme peuple choisi. Ils sont persuadés
qu’il y eut une véritable rupture dans le développement normal et historique
d'Israël lorsqu'il y a dix-neuf siècles, ce peuple refusa d'accepter les
doctrines et les principes qui, pour tous les chrétiens et aussi pour M.
Rabinowitch et ses adeptes, sont l'aboutissement légitime et véritable du
développement historique antérieur du peuple juif. C'est pour réparer cette
brèche d'Israël que le réformateur de Kischinew veut poser une nouvelle
base, celle qui fut rejetée par son peuple lorsque ce dernier s'engagea sur
une fausse voie de développement national. En 1880, M. Rabinowitch publia un
programme qui préconisait une réformation complète de l'organisation
rabbinique. Il s'occupa ensuite activement de l’œuvre d'une société de
développement agricole pour les Juifs de la Russie méridionale. Pendant les
persécutions de 1882, il conseilla chaudement le retour de son peuple en
Palestine. C'est alors que ses convictions religieuses changèrent ; mais
cela ne vint pas par le moyen d'une mission chrétienne ; il n'est pas non
plus un converti selon le sens ordinaire de ce terme. Le changement se
produisit graduellement, et c'est après mûre réflexion qu'il songea à
organiser véritablement des congrégations chrétiennes au sein de l'élément
juif. Lorsqu'il revint de Palestine, M. Rabinowitch avait acquis la
conviction que “la clef de la Terre Sainte se trouve dans la main de notre
frère Jésus”. Dans l'expression “Jésus notre frère” est contenu le noyau de
ses conceptions religieuses. Son oeuvre a eu beaucoup de succès et nombre de
Juifs acceptent ses enseignements.”
308
Lorsque M. Rabinowitch commença à
penser qu'il devrait devenir un croyant en Christ véritable et avoué, il fut
très perplexe devant le grand nombre de sectes parmi les Chrétiens et il
hésita à se joindre à l'une quelconque d'entre elles. Il déclare : “De
même qu'il faut traverser le Jourdain pour entrer au pays de Canaan, ainsi
faut-il passer par Jésus pour entrer dans l'héritage et le repos
spirituels.” Quant au souper du Seigneur, M. Rabinowitch déclare que les
membres de son mouvement le célèbrent comme un souper de la Pâque. Ces Juifs
(comme nous-mêmes) ne célèbrent ce repas qu'à sa date régulière. M.
Rabinowitch déclare que le Seigneur Jésus demanda à ses disciples de
rappeler sa mémoire et non sa résurrection. Ni lui, ni ses adeptes
n'observent le dimanche comme jour de sabbat, ils continuent à observer le
sabbat juif et la circoncision, mais ils ne les considèrent plus comme
nécessaires pour le salut.
309
On dit qu'un pasteur luthérien
proposa à un comité de Londres d'employer pour leur société M.Rabinowitch
comme missionnaire parmi les Juifs. Le comité refusa, simplement parce qu'il
n'était pas baptisé. Depuis lors, il a été baptisé à Berlin, non dans
l'église luthérienne, ni dans l'église anglicane, mais simplement dans
l'Eglise de Christ. Il reçoit des lettres de Juifs de toutes les parties de
la Russie et de la Roumanie, lui demandant ce qu'est ce mouvement, quelles
sont ses règles et ses doctrines dans le but de s'y associer ou d'en fonder
un nouveau similaire.
“M Rabinowitch est animé d'un
esprit très doux, humble, plein d'amour, et il répond même avec des larmes
aux témoignages d'affection chrétienne. Il ne désire faire partie d'aucune
secte mais désire simplement puiser sa vie chrétienne dans le Nouveau
Testament et se débarrasser de ses vieilles habitudes et doctrines et en
recevoir de nouvelles au fur et à mesure que le Saint-Esprit l'enseignera
dans son étude continuelle et révérencielle de toute la Parole de Dieu.”
Le professeur Franz Delitzsch, de
Leipzig, le chef des missions juives en Allemagne et l'éditeur du journal
“Saat auf Hofftnung” (Les semailles dans L’Espérance), a publié une brochure
de 75 pages environ au sujet de ce nouveau développement religieux ; il y
reproduit en grande partie des documents originaux sur ce mouvement
religieux ; ces pièces sont écrites en hébreu avec la traduction allemande.
Ces documents comportent treize thèses : une confession de foi de l'église
nationale juive du Nouveau Testament ; un exposé de la foi dans le Messie,
Jésus de Nazareth, selon l'interprétation de cette congrégation ; un Haggada
pour les Israélites qui croient dans le Messie, Jésus de Nazareth, et enfin
une ordonnance du Souper du Seigneur. Il a été ajouté en annexe une
déclaration de l'instructeur, Friedmann, pour les Juifs croyant en Christ,
et une déclaration adoptée par les Juifs croyant en Christ dans une
conférence qui eut lieu à Kichinev. Cette petite brochure contient tous les
éléments nécessaires à l'étude de ce nouveau mouvement.
310
Ces thèses que l'on doit considérer
comme la base de la nouvelle foi, commencent par un récit de la condition
déplorable des Juifs en Russie, montrent que tous les efforts des Juifs
eux-mêmes pour améliorer cette situation sont restés stériles, et continuent
en déclarant :
“Nous avons besoin d'un
renouvellement moral profond, d'une régénération spirituelle. Nous devons
mettre de côté notre faux dieu — l'amour de l'argent — et à la place, nous
mettrons dans nos cœurs l'amour de la vérité et la crainte du mal”. Pour
accomplir cela, il nous faut un chef. Qui sera donc ce chef ? On n'en peut
trouver aucun en Israël : “L'homme possédant toutes les qualifications d’un
conducteur, doit avoir l'amour d'Israël, l'esprit du sacrifice de soi-même,
la pureté, la connaissance profonde de la nature humaine, la sincérité pour
démasquer les péchés et les méfaits de son peuple ; or, après des recherches
approfondies dans tous les livres historiques de notre peuple, nous avons
trouvé un seul homme possédant de telles qualifications, “Jésus de
Nazareth”. Les sages Israélites de son époque ne purent le comprendre ;
“cependant nous pouvons dire avec certitude que lui, Jésus, lui seul
rechercha véritablement le bien de ses frères ; c'est pourquoi nous devrions
sanctifier le nom de notre Frère Jésus”. “Dans toutes nos demeures, nous
devrions recevoir les livres de l'Evangile comme une grande bénédiction, et
les unir à toutes les Saintes Ecritures qui nous furent transmises par nos
sages.”
311
Voici un article de foi, un des
plus remarquables qu'ils aient adopté :
“Selon le jugement de la sagesse
insondable de Dieu, nos pères furent remplis de dureté dans leur cœur et
l'Eternel les châtia par un esprit de profond sommeil ; c'est pourquoi ils
se sont opposés à Jésus Christ et ont péché contre lui jusqu'à ce jour. Mais
l'incrédulité des Juifs a provoqué chez d'autres nations un plus grand zèle,
et c'est ainsi qu'Israël a contribué à la propitiation de ceux qui ont cru
en Jésus-Christ, le Fils de David, notre Roi, lorsqu'ils entendirent la
bonne nouvelle apportée par les messagers des promesses de paix (Es. 52 : 7)
lesquels avaient été honteusement privés de toute communion avec Israël.
Cependant, c'est à cause de notre péché contre le Christ de Dieu, que le
monde s'est enrichi par sa foi en Christ et que la plénitude des nations est
entrée dans le Royaume de Dieu. [Sur ce point, ils ne sont pas au clair,
car, en Rom. 11 : 25, Paul parle du nombre complet des membres du “petit
troupeau” choisi du milieu des nations et non pas de la totalité de la
population des nations faussement appelée la chrétienté]. Maintenant, le
temps de notre plénitude est aussi venu et nous, la semence d'Abraham,
devons être bénis par notre foi dans le Seigneur Jésus-Christ. Le Dieu de
nos pères, Abraham, Isaac et Jacob, aura pitié de nous et il entera de
nouveau les sarments arrachés, dans notre sainte Racine, Jésus. C'est ainsi
que tout Israël aura part au salut éternel, que Jérusalem, notre sainte
cité, sera rebâtie et le trône de David établi à toujours”.
Voici un extrait d'une lettre de
M. Rabinowitch. à une personnalité de Londres, en date du 2 janvier 1885 :
“J'ai reçu votre précieuse lettre,
etc. Mon cœur a été réjoui en constatant votre grand et puissant amour
envers les frères de notre Seigneur Jésus, le Messie selon la chair ; j'ai
été heureux de voir combien le salut de la nation juive vous tient à cœur.
312
“Je me prosterne devant Jéhovah,
le Dieu de notre Seigneur Jésus, et je chante de tout mon cœur les paroles
du doux chantre d'Israël (Ps. 35) “Que ceux qui se réjouissent de mon
malheur soient tous ensemble honteux et confus. Qu'ils exultent et qu'ils se
réjouissent ceux qui sont affectionnés à ma justice ; et qu'ils disent
continuellement : Magnifié soit l'Eternel qui prend plaisir à la paix de son
serviteur.” Amen !
“Je vous envoie ci-inclus mes
pensées et mes déclarations à l'égard des enfants d'Israël et de la Russie
méridionale qui croient en Jésus, comme le Messie. Vous apprendrez à
connaître par elles l'origine de notre foi en Jésus (notre frère selon la
chair), le Messie. C'est lui qui est le désir le plus profond, l'aspiration
suprême de nos cœurs. Nos amis anglais et frères en Jésus notre Sauveur,
peuvent être convaincus par la brochure ci-jointe qu'après que l’Eternel a
révélé son saint Bras aux yeux de toutes les nations, et que toutes les
extrémités de la terre ont vu le salut de notre Dieu, que maintenant le
temps est venu où toute personne impure sortira du milieu d'Israël et que
ceux qui portent les vases de l’Eternel seront purifiés.
“Il est certain que le salut de
l’Eternel ne peut sortir et se répandre dans le monde à la hâte (Josué 6 :
1) ; et il ne peut marcher avec rapidité. Cependant, comme Jéhovah,
l'Avant-garde et le Roi de l'Univers, a marché devant le peuple d'Israël, de
même le Dieu d'Israël viendra aussi comme Arrière-garde pour rassembler les
rejetés d'Israël. Tout mon temps et ma personne sont consacrés au service et
au bien de ma nation obstinée et malheureuse, pour annoncer à mes frères
juifs avec fermeté, dans la puissance de Dieu, l'Evangile de la promesse que
nos pères avaient reçue et, selon laquelle, Dieu a suscité Jésus de Nazareth
de la postérité de David pour être le Sauveur d'Israël.
313
“Selon les profondeurs des
richesses et de la sagesse du Dieu très-haut, nos pères, qui possédaient la
promesse, se révoltèrent contre Jésus, afin que la grâce pût être accordée
aux nations païennes, non en vertu d'une promesse quelconque, mais
simplement par la grâce de l'Evangile du Messie. Aujourd'hui, la plénitude
des Gentils est entrée, c'est pourquoi le temps est venu, pour nous les
enfants d'Israël, de retourner au Dieu d'Israël, et son Roi et d'être ses
enfants bien-aimés. Nous devrions accepter notre héritage de Jacob qui est
illimité, car nous sommes les héritiers légitimes, les enfants d'Abraham,
les disciples de Moïse et les serviteurs de la maison de David pour
l'éternité. Ainsi, notre plénitude, (c'est-à-dire la venue de nombreux
Israélites à Christ) sera notre richesse et la richesse des nations, selon
les paroles de Jéhovah transmises par saint Paul, un premier-né d'Israël et
en même temps le premier parmi les païens de retour.”
“Dans de grandes assemblées, et au
milieu de mes frères, je ne cesse de répéter : “Secoue de toi la poussière,
réveille-toi, revêts tes habits de parure, mon peuple ; le Seigneur a fait
de grandes choses pour toi, ô Israël, par le fils de Jessé, Jésus de
Nazareth, afin qu'Il puisse aussi accomplir de grandes choses parmi les
nations de la terre qui furent bénies en nos pères”.
“Je remercie profondément Dieu de
ce que je vois des milliers d’Israélites écouter avec enthousiasme. Beaucoup
des dignes enfants d'Israël sont dans l'attente et désirent ardemment voir
paraître l'heure de la grâce de notre Dieu. Je vous adjure, au nom de nos
frères de Russie qui recherchent le salut, ne restez pas silencieux, vous
les amis de notre Seigneur Jésus-Christ en tout lieu ! Annoncez le conseil
de Dieu, parlez hardiment jusqu'au moment où Emmanuel sera avec nous,
jusqu'au moment où Jéhovah nous le montrera ainsi que sa demeure.
“Ces humbles paroles sont écrites
de bien loin”.
Joseph Rabinowitch.
Outre ce remarquable réveil, il
s'est produit aussi un mouvement analogue en Sibérie ; en voici une
indication dans le journal Presbyterian Witness (Le Témoin presbytérien) :
314
“Des nouvelles nous arrivent de la
Sibérie glacée où s'est formé un mouvement, essentiellement de même nature
que celui de M Rabinowitch. L'initiateur en est Jacob Scheinmann, un Juif
polonais qui, il y a vingt ans, arriva par ses méditations à la conclusion
que Jésus de Nazareth, Fils de David, était le véritable Sauveur. Les Juifs
rigoristes, partisans du Talmud, le firent déporter en Sibérie où il
travailla, pendant quinze ans, presque sans succès, à réveiller la foi chez
ses compagnons d'exil. Un jour, à Tomsk, où il se livrait à son commerce, il
trouva parmi de la correspondance non réclamée, une brochure de Rabinowitch.
De suite, il entra en relation avec ce dernier et il s'occupa de répandre
ses idées par des brochures intitulées, “La Voix de Celui qui Crie dans le
Désert”. La traduction en hébreu par Delitzsch du Nouveau Testament est lue
avidement et est étudiée par les Juifs de Sibérie. On dit que près de
trente-six mille exemplaires ont été utilisés de cette manière”.
Nous voyons ainsi des indications
remarquables du retour de la faveur de Dieu à Israël qui les chasse des
autres pays par de grandes persécutions et ouvre la Palestine pour les
recevoir, les invitant ainsi par des moyens providentiels, sous la forme
d'entreprises de bienfaisance pour améliorer leur sort. Tout cela vient de
Dieu ainsi que le mouvement significatif dont nous venons de parler et qui
est le commencement de l'enlèvement de l'aveuglement d'Israël. Et combien
dans tout cela, voyons-nous la main de Dieu ! Dans cette oeuvre du
rétablissement d'Israël selon la chair, comme aussi dans la grande oeuvre de
moisson qui rassemble Israël spirituel, le ministère et l'appui de l'Eglise
nominale, actuellement rejetée, sont totalement mis de côté, ignorés. Dans
ces deux grandes œuvres qui, maintenant, progressent, les diverses
organisations de la “chrétienté” nominale n'ont aucune part. C'est ainsi
qu'au temps marqué par Lui selon ses propres voies, Dieu fait prospérer et
progresser sa grande oeuvre par de nouveaux instruments humbles, sans titre,
comme au temps de la moisson juive.
315
Et maintenant, que signifie tout
cela, demandons-nous ? Quel sera le résultat de cette oeuvre étrange et
merveilleuse, dont on remarque si nettement, au temps de la moisson
actuelle, les remarquables débuts et les rapides progrès ? L'apôtre Paul
montre distinctement que le rassemblement d’Israël signifie un rassemblement
ou rétablissement de toute l'humanité “Si leur chute est la richesse du
monde et leur diminution la richesse des nations [comme ce fut le cas au
moment où la faveur divine se détourna d'eux], combien plus le sera leur
plénitude” ! Par le rejet d'Israël selon la chair, les Gentils reçurent la
faveur du haut appel, et le “peu” de personnes qui l'apprécièrent et
vainquirent les obstacles sur la route qui y mène seront exaltées au
cohéritage avec Christ. Elles constitueront le corps de Christ, le Grand
Libérateur. Tels furent l'intention et le résultat du rejet d’Israël selon
la chair ; mais son rassemblement et son rétablissement dans le pays de la
promesse, marquent une autre étape dans le grand Plan de Dieu : ils
déclarent que le rétablissement de toutes choses, selon les Ecritures, “au
Juif premièrement” mais en définitive à “toutes les familles de la terre” va
bientôt commencer. Le grand jubilé de la terre va être inauguré et selon
l'ordre déterminé par Dieu, il commencera par le Juif. Ainsi nos frères,
Rabinowitch, Scheinmann et leurs collaborateurs sont des instruments de Dieu
qui préparent son ancien peuple pour le rétablissement comme nous-mêmes
avons le privilège d'être les collaborateurs du Seigneur dans le moissonnage
associé à la période de la moisson de l'Age de l'Evangile et à sa classe
choisie, spirituelle. Le retour complet d'Israël dans le pays de la promesse
et dans la faveur de Dieu signifiera sûrement que le grand Libérateur, Tête
et Corps, par lequel le rétablissement doit être accompli, a été exalté au
pouvoir, que le Royaume est venu et que l’œuvre de rétablissement, duquel
Israël selon la chair sera les prémices, a déjà commencé. C'est pourquoi,
“si leur rejet est la réconciliation du monde, quelle sera leur réception,
sinon la vie d'entre les morts”. Ce sera le rétablissement non seulement
pour les vivants, mais aussi pour les morts, selon la promesse ; et non
seulement pour Israël, mais pour toute l'humanité, dont Israël était un type
et dont il doit être les prémices. Ces commencements actuels de la faveur à
Israël ne sont que les premières gouttelettes d'une pluie abondante qui
rafraîchira non seulement Israël, mais aussi toute l'humanité. Bien que des
querelles surgiront et pèseront encore lourdement contre Israël, et pendant
un temps, amèneront de toujours plus grandes tribulations de détresses, Dieu
sera au milieu d'eux, et au moment convenable, les aidera et les élèvera.
316
A ce propos, l'article suivant tiré
des dépêches de la presse publique est certainement très significatif. Tous
ceux qui marchent à la lumière de la vérité présente suivront avec attention
et vigilance les phases du mouvement ; ils comprendront, grâce à la Parole
de Dieu, que le temps est venu où Dieu nous dit par le prophète Esaïe :
“Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au cœur de Jérusalem
et criez-lui que Son temps marqué est accompli, qu'elle a reçu de la main de
l'Eternel le double (*) pour tous ses péchés” (Es. 40: 1, 2 - Ost.).
Voici le texte de la dépêche en question :
ON PROPOSE UN ROYAUME JUIF
Washington, D.C., le 5 mars 1891.
317
“William Blackstone, de Chicago, a
rendu visite aujourd'hui au président des Etats-Unis, assisté du secrétaire
d'Etat Blaine ; il a présenté un mémoire en faveur des Juifs de Russie.”
“Il a expliqué que le mémoire
était le résultat d'une Conférence entre Juifs et Chrétiens qui eut lieu
récemment à Chicago ; M. Blackstone démontra qu'il n'avait rien d'hostile à
la Russie, le seul but étant de rechercher les moyens d'accorder
pacifiquement aux Juifs, le gouvernement de leur ancienne demeure, la
Palestine.”
“M Blackstone démontra par de
nombreuses preuves la possibilité d'un grand développement commercial et
agricole dans ce pays, sous un gouvernement énergique ; il déclara que le
chemin de fer, de Jaffa à Jérusalem, en pleine construction, ne peut manquer
de devenir une grande ligne de communication internationale s'il est
prolongé jusqu'à Damas, Tadmor et le long de l'Euphrate.”
“Il montra que la pauvreté du
“gouvernement turc justifiait pleinement l'indemnité, qui lui était offerte
en reprenant une partie de la dette nationale turque par l'entremise des
capitalistes juifs. Il déclara que toute la chose devait être traitée
pacifiquement, par voie diplomatique, à seule fin que toute propriété
privée, foncière ou autre, soit soigneusement respectée et protégée. En
terminant, M. Blackstone déclara que les Etats-Unis, étant en bons termes
avec la Russie et n'ayant en outre aucun intérêt dans la question d'Orient,
il était tout naturel de leur demander de prendre l'initiative d'un tel
mouvement amical afin de donner un asile et une demeure définitifs aux
millions de Juifs qui errent encore.
“Le Président prêta toute son
attention à cette question et promit de l'étudier sérieusement.”
318
LE MÉMOIRE
Voici le texte du mémoire :
“Que doit-on faire en faveur des
Juifs russes ? Il serait peu sage et inutile de vouloir dicter à la Russie
sa ligne de conduite dans ses affaires intérieures. Les Juifs ont vécu dans
ce pays comme des étrangers depuis des siècles, et la Russie croit
pleinement que les Juifs sont pour elle un fardeau qui absorbe ses
ressources, qu'ils sont une entrave au bien-être de la population des
campagnes, et elle ne leur permettra pas de demeurer. Elle a pris la
détermination de les en faire partir. Dès lors, comme les Séphardim
d'Espagne, ces Ashkénazim doivent émigrer. Mais où donc iront deux millions
de ces pauvres gens ? L'Europe est surpeuplée et ne peut contenir davantage
de population agricole. Enverra-t-on ces Juifs en Amérique ? Cela engagerait
d'énormes dépenses et durerait des années.
“Pourquoi ne rendrait-on pas la
Palestine aux Juifs ? Selon la distribution divine des nations, ce pays est
leur demeure ; c'est une possession inaliénable dont ils furent chassés par
la force. Lorsqu'ils cultivaient ce pays, il était remarquablement fertile,
nourrissant des millions d'Israélites qui cultivaient avec soin ses coteaux
et ses vallées ; c'était alors un peuple d'agriculteurs, de producteurs,
aussi bien qu'une nation de grande importance commerciale, le centre de la
civilisation et de la religion. On dit aussi que les pluies augmentent et on
voit partout que ce pays recouvre son ancienne fertilité.”
“Eh 1878, lors du traité de
Berlin, les puissances donnèrent la Bulgarie aux Bulgares et la Serbie aux
Serbes ; pourquoi ne pas rendre la Palestine aux Juifs ? La Roumanie, le
Monténégro, la Grèce furent arrachés aux Turcs et rendus à leurs possesseurs
naturels. La Palestine n'appartient-elle pas légalement aux Juifs ?”
“S'ils pouvaient obtenir un
gouvernement autonome, les Juifs du monde s'associeraient et
transporteraient leurs frères persécutés dans leur demeure séculaire. Voilà
plus de dix-sept siècles que ces gens ont attendu patiemment une occasion
favorable pour rentrer dans leur pays. Ils ne sont pas devenus des
agriculteurs ailleurs parce qu'ils croyaient être des étrangers en séjour
dans les diverses nations et pensaient retourner encore en Palestine et y
cultiver leur propre sol. Les droits de possession que la Turquie peut avoir
acquis seront compensés aisément par le fait que les Juifs reprendraient une
partie équitable de la dette nationale turque.”
319
“Nous croyons que le moment
favorable est venu pour toutes les nations, spécialement les nations
chrétiennes de l'Europe, de manifester leur bienveillance envers Israël. Un
million d’exilés, qui souffrent atrocement, font appel à notre sympathie, à
notre justice et à notre humanité. Rendons leur maintenant le pays dont ils
furent si cruellement dépouillés par nos ancêtres romains.”
“A cette fin, nous présentons avec
respect notre pétition à son Excellence, Benjamin Harrison, président des
Etats-Unis, et à l'honorable J. G. Blaine, secrétaire d’Etat ; nous les
prions d’user de leurs bons offices et de leur influence auprès des
gouvernements de leurs majestés impériales, Alexandre III, Czar de Russie ;
Victoria, Reine de la Grande-Bretagne et Impératrice des Indes; Guillaume
II, Empereur d'Allemagne ; François-Joseph, Empereur d’Autriche-Hongrie ;
Abdul Hamed II, Sultan de Turquie ; Sa Majesté Royale, Marie-Christine,
Reine régente d'Espagne ; avec le gouvernement de la République française et
les gouvernements de Belgique, Hollande, Danemark, Suède, Portugal,
Roumanie, Serbie, Bulgarie et Grèce.... pour obtenir la convocation, aussi
rapide que possible, d'une conférence internationale chargée d'étudier la
condition actuelle des Israélites, ainsi que leurs revendications relatives
à la Palestine, leur ancienne patrie, et aussi d'examiner comment on
pourrait améliorer les conditions lamentables de ce peuple,”
[le mémoire est signé par de
hautes personnalités de toutes professions, de toutes religions résidant à
Chicago, Boston, New- York, Philadelphie, Baltimore et Washington].
LA QUESTION ANGLO-ISRAÉLITE
Depuis la première édition du
présent volume [en anglais - 1891 - Trad.], un journal anglais The Banner of
Israël (La Bannière d'Israël) critiqua cet ouvrage et spécialement ce
chapitre-ci ; car ce journal défend la théorie selon laquelle les peuples
Anglo-saxons sont des descendants des “ dix tribus perdues ” d'Israël. Voici
notre réponse à ce sujet dans le N° de décembre 1891 de notre journal Zion’s
Watch Tower : Nous la publions ici, croyant qu'elle sera d'un certain
intérêt étant donné qu'elle porte sur des points supplémentaires :
320
Au rédacteur de “La Bannière d’
Israël”.
Cher Monsieur : Mon attention a
été attirée par un récent article de votre journal portant sur le Vol. III
des Etudes dans les Ecritures, et spécialement sur la partie traitant de la
question Anglo-Israélite, dans ses rapports avec le retour des Juifs en
Palestine. Votre article paraissant appeler une réponse, je me hâte de la
donner brièvement.
La discussion porte sur le fait
suivant : Les dix tribus séparées des deux tribus d'Israël sous Roboam se
réunirent-elles de nouveau dans la suite aux deux autres tribus soit
effectivement, soit implicitement ? Votre correspondant affirme qu'il n'y
eut plus de réunion par la suite et que le nom d'Israël appartint dès lors
exclusivement aux dix tribus et non aux deux tribus de Juda et de Benjamin
connues comme juives. Cette erreur parait être nécessaire à la théorie qu'il
soutient, savoir que les Anglo-saxons sont ces dix tribus et que leur
prospérité est due à ce fait. Nous soutenons qu'à partir de la période des
soixante-dix ans de désolation et spécialement depuis le retour de la
captivité en Babylone, la nation d'Israël a été reconnue par Dieu comme
étant un seul peuple comprenant tous les membres de chaque tribu qui
respectèrent les promesses divines et rentrèrent en Palestine lorsque Cyrus
proclama la libération d’Israël. Nous soutenons aussi que tous ceux qui ne
rentrèrent pas n'étaient pas de la communauté d'Israël, n'étaient pas de
véritables Israélites et que désormais ils furent considérés par Dieu comme
des Gentils. Nous affirmons encore que ces membres “perdus” qui n’étaient
pas des Israélites en vérité demanderont la reconnaissance et la
bénédiction, sous la Nouvelle Alliance, pendant l'Age millénaire prochain et
non pendant l'Age de l’Evangile. Sur certains points, il semble que l'on ne
comprenne pas bien notre manière de voir. Nous ne nions pas que les dix
tribus se séparèrent des deux autres, ni que les dix tribus, formant la
majorité, conservèrent comme telle le nom original de tout le peuple
(Israël), ni que les deux tribus furent ensemble appelées Juda, ni qu'il y
eut des motifs sérieux pour amener la séparation, ni que celle-ci fut
d'accord avec le plan de Dieu pour leur châtiment, ni que les dix tribus
allèrent en captivité près de 70 ans avant les deux tribus, ni que Dieu ait
en réserve des bénédictions possibles pour les descendants des dix tribus,
ainsi que pour ceux des deux tribus et pour toutes les familles de la terre
pendant les “temps de rétablissement de toutes choses dont Dieu a parlé par
la bouche de tous les saints prophètes depuis le commencement du monde”
(Actes 3 : 19-21).
321
Ce que nous affirmons, c'est que le
Grand Instructeur avait raison quand il déclara que : “Le salut vient des
Juifs”, et que le grand Apôtre avait raison quand il déclare que le
commandement de Dieu est : “Gloire, honneur et paix à tout homme qui fait
le bien, et au Juif premièrement, et au Grec ! Car il n'y a pas d'acception
de personnes auprès de Dieu” (Rom. 2 : :10, 11).
Nous pensons qu'après la captivité
en Babylone, le nom de Juif devint synonyme de celui d’Israélite et désigna
tous ceux qui s'attachaient à la Loi et espéraient dans l'accomplissement
des promesses abrahamiques, y compris quelques-uns venant des dix tribus, et
même des prosélytes d'entre les Gentils tous ceux qui étaient circoncis. Au
surplus, même au temps de la révolte des dix tribus, tous les membres
individuels de ces tribus ne se joignirent pas au mouvement. Quelques-uns
d'entre eux demeurèrent fidèles au royaume de Juda et continuèrent à vivre
parmi les Juifs (1 Rois 12 : 17).
322
Nous avons trouvé, et souligné le
fait significatif, que notre Seigneur et les apôtres s'adressèrent aux
“douze tribus” en se servant du seul nom “la maison d'Israël”. Ils se
servirent également de cette expression en parlant directement à la
population de Jérusalem composée essentiellement, comme tous l’admettent, de
membres de la tribu de Juda, mais aussi avec quelques représentants des
douze tribus. Le fait que notre Seigneur et les apôtres s'adressèrent aux
douze tribus comme une seule nation et leur appliquèrent des prophéties dans
cet esprit nous paraît être une raison tout à fait suffisante pour faire
comme eux.
Il nous faudrait beaucoup de place
pour citer les textes des Ecritures qui ont trait aux différents points de
ce sujet. Ceux qui veulent prendre une Concordance de Young et se reporter à
la page 528 verront tous les passages où le terme Israël est employé dans le
Nouveau Testament ; ils auront alors la certitude absolue que la maison
d'Israël, dans la bouche du Seigneur et des apôtres, ne comprenait pas les
“dix tribus” seulement, mais “tout Israël”. Veuillez voir spécialement les
textes suivants : Matth. 8 : 10 ; 10 : 6 ; 15 : 24, 31 ; 27 : 9, 42 ; Marc
12 : 29 ; 15 : 32 ; Luc 1 : 54, 68 et spécialement le verset 80 ; Luc 2 :
25, 32, 34 ; 24 : 21. Notez également avec soin Jean 1 : 31, 49 ; 3 : 10 ;
12 : 13 ; également Actes. 2 : 22, 36 ; 3 : 12 ; 4 : 10, 27 ; 5 : 21, 30,
31, 35 ; 13 : 16, 24 ; 21 : 28 ; Rom. 9 : 6, 31 ; 10 : 19 ; 11 : 25, 26 ; 1
Cor. 10 : 18 ; Gal. 6 : 16 ; Eph. 2 : 12 ; Phil. 3 : 5 ; Hébreux. 8 : 8.
323
“Le salut vient des Juifs”,
c'est-à-dire des Israélites qui observent leur alliance, dans ce sens
(1) que notre Seigneur Jésus, le
Sauveur, vint de cette lignée et
(2) en ce qu'un reste de ces Juifs,
(les apôtres et la plupart des membres de l'Eglise primitive), appelé un
reste d'Israël (Rom 9 : 27 ; 11 : 1, 5, 7), devinrent des ministres de la
réconciliation pour porter le message aux Gentils ; et
(3) en ce que le Seigneur a prévu
qu'au temps du rétablissement futur, Israël selon la chair, délivré de son
aveuglement, sera employé pour être le canal, l'instrument par lequel le
salut venant d'Israël spirituel glorifié sera déversé et répandu sur toutes
les familles de la terre, selon qu'il est écrit : “ De Sion [l'Eglise de
l'Evangile, ou Israël spirituel glorifié] sortira la loi, et de Jérusalem
[Israël charnel rétabli] sortira la parole de l’Eternel ” (Es. 2 : 3).
De toutes manières, les dix tribus
sont en dehors de cette promesse et d'autres semblables, car, ni Sion, ni
Jérusalem, (réelles ou typiques) ne leur appartenaient. Pour avoir une part
quelconque à l'alliance faite avec Abraham, il faut faire partie ou bien de
l'Israël spirituel dont le Lion de la tribu de Juda est la Tête, ou bien il
faut faire partie de Juda littéral à Jérusalem, afin d'avoir part à ce qui
lui est réservé, aux temps proches du rétablissement, car “ l'Eternel
sauvera d'abord les tentes de Juda ” (Zach. 12 : 7).
Les arguments de votre
correspondant paraissent être résumés dans l'extrait suivant de votre
journal :
“Relativement aux dix tribus
d’Israël qui ne rentrèrent pas, une comparaison entre Jér. 29 : 1, 4, 10 et
Esdras 1 : 1 montre que l'édit de Cyrus était l'accomplissement d'une
prophétie ayant trait uniquement aux Juifs, et dans Ezéch. 4 : 3-8, il est
clair que la captivité d'Israël devait durer bien plus longtemps que celle
de Juda. Rien ne prouve d'ailleurs, que les dix tribus étaient comprises
dans l'offre de Cyrus.”
324
Nous devons faire des objections à
ces déclarations et prier nos lecteurs d'examiner soigneusement les textes
cités. (Jérémie (29 : 1-10) ne recommande pas au peuple de s'établir dans le
pays en toute satisfaction, sans jamais espérer un retour futur à Jérusalem,
mais de s'installer confortablement en Babylone, parce que la captivité
allait durer soixante-dix ans, ce qui était une période beaucoup plus longue
que celles qu'ils avaient connues autrefois.
Esdras 1 : 1 ne limite pas le
privilège ou la liberté de rentrer aux membres des tribus de Juda et de
Benjamin. Au contraire, le verset 3 déclare que Cyrus étendit l'offre à
toute la nation : “ Qui d'entre vous, quel qu'il soit, est de tout son
peuple ; au verset 4, il répète le “quiconque” (Qui, d'entre vous - Darby,
Trad.-) et lance l'invitation mondiale, s'étendant à toute la domination de
Cyrus, par ces mots “dans tous les, lieux” et le verset 5 déclare que, non
seulement les chefs de Juda et de Benjamin répondirent à l'appel, mais aussi
“les sacrificateurs et les Lévites avec tous ceux dont Dieu avait réveillé
l'esprit”, c'est-à-dire tous ceux dont le cœur, comme celui de Siméon
“attendait la consolation d’Israël”. Parmi eux, il y en avait quelques-uns
venant des dix tribus, bien qu'en petit nombre. Par exemple, parmi ceux qui,
dans le temple, attendaient avec Siméon la consolation d'Israël, il y avait
Anne, la prophétesse, la fille de Phanuel, de la tribu d’Aser (Luc 2 : 36).
Quant à la citation d'(Ezéchiel 4
: 3-8), elle n'indique pas la date à laquelle les 40 années de Juda ou les
390 années du reste d'Israël furent accomplies. Votre correspondant oublie
le fait que si cette désolation est divisée en deux parties, elle est toute
entière présentée comme frappant un seul peuple, figuré par la seule
capitale, Jérusalem, dont le prophète se sert pour désigner toute la nation.
Certains pensent, d’après la leçon enseignée, que la colère de Dieu s'éleva
contre les dix tribus depuis le moment de leur révolte lorsqu'elles, se
plongèrent dans l'idolâtrie, environ 390 ans avant la désolation de
Jérusalem, et que la colère s'éleva contre les deux tribus 40 ans environ
avant la désolation, quand Josias les punit pour être devenus idolâtres, et
que la colère de Dieu cessa, ou fut apaisée, par l'expiation de leurs péchés
dans la destruction complète de Jérusalem et du pays. Si cela est exact, sa
faveur retourna à tout le peuple pendant qu'il était dans Babylone, à tous
ceux qui aimaient ses promesses et attendaient la fin des 70 ans de
désolation pour retourner adorer Dieu dans sa sainte cité et dans son
temple.
325
Nous répondons alors : Rien ne
s'opposait à ce que les fidèles des dix tribus pussent retourner dans les
pays au terme des 70 ans de désolation. Nous voyons au contraire, qu'ils
pouvaient rentrer et que plusieurs d'entre eux profitèrent de ce privilège.
Après avoir cité du Volume III des
Etudes des Ecritures : “Ils [les dix tribus] abandonnèrent l'alliance
d'Israël et devinrent idolâtres, incrédules et, en fait, des Gentils”, votre
correspondant ajoute alors :
“Cela est parfaitement exact, les
dix tribus devinrent apostates, divorcèrent d'avec l'alliance mosaïque (Jér.
3: 8) ; mais il oublie la précieuse compagne, savoir qu'elles devaient se
remarier dans une nouvelle et meilleure alliance (Es. 54 : 4-8 ; Osée 2 : 7,
19 ; Jér. 31 : 31-33). Il est certain que les Israélites étaient devenus, en
fait, des Gentils et, jusqu'à ce jour, ils sont considérés comme tels, ce
qui est conforme à la prophétie ; car la “multitude des nations” d'Ephraïm
sont des goyim ou Gentils de nom (Gen. 48 : 19) ; les enfants d'Ephraïm
Israël dont le nombre “ne peut ni se mesurer, ni se compter”, sont les
rejetons de Loammi ou Gentils nominaux. - (Osée 1 : 9, 10)” (*).
327
Nous demandons de n'être pas
d'accord avec la conclusion ci-dessus. L'Eternel ne s'est pas remarié et ne
se remariera jamais avec les dix tribus. Les citations indiquées ne prouvent
rien de semblable. Osée donne quelques sévères descriptions d'un mauvais
peuple. Le chapitre 1 : 4, 6, 7 semble mentionner les dix tribus à part des
deux autres, mais il ne leur est pas promis une plus grande miséricorde ; il
est montré, au contraire, un rejet complet des dix tribus et la miséricorde
pour Juda. Les versets 9 et 10 montrent le rejet (temporaire) de tout
Israël, les branches naturelles de l'olivier et le greffage d'Israël
spirituel sur la racine ou promesse originelle, ceux des Gentils qui
autrefois n'avaient pas été reconnus par l'Eternel comme son peuple, qui
avaient été des étrangers, n'ayant rien de commun avec le peuple d’Israël,
mais qui maintenant ont été réconciliés et faits participants en Christ.
L'apôtre Paul commente dans ce sens les versets ci-dessus dans Rom. 9 :
23-26. Le verset 11 déclare qu' “alors” (après cela - Sacy - Trad.), au
temps de leur rejet et de la reconnaissance d'Israël selon l'esprit, Juda et
Israël seraient réunis sous un seul chef.
Osée (2 : 1-7 - Darby) renferme
une des affirmations de votre correspondant, mais l'étude plus approfondie
de ces versets ne montre aucune promesse faite par l'Eternel de se remarier
avec les dix tribus. Si on lit jusqu'au verset 13, on voit plutôt le
contraire. Ensuite, les versets 14-18 montrent la “porte de l'espérance”
pour ce peuple rebelle qu'ouvrira le règne millénaire de la véritable
postérité spirituelle d'Abraham (Gal. 3 : 16, 29). Le verset 18 montre le
moment où s'ouvrira cette “porte d'espérance” en déclarant que ce sera après
le temps de détresse, quand il n'y aura plus de guerres.
(*) Certaines versions françaises
n'ont que 9 versets en Osée 1; les versets 10 et 11 font partie du Ch. 2.
327
Si l’on admettait que les versets
19 et 20 sont applicables à la postérité charnelle d'Abraham, ils devraient
être appliqués à “tout Israël”, comme nous l'avons vu au chapitre 1 : 11, et
dans ce cas, leur accomplissement n'aurait lieu qu'à la fin de l'Age de
l'Evangile, quand il n'y aura plus de guerres. Mais il y a de bonnes raisons
de croire que ces versets (19 et 20) ont trait à la classe spirituelle
choisie pendant la période où Israël selon la chair a été rejeté. Le verset
23, aussi bien que le chapitre 1 : 10, confirment la chose et sont tous deux
cités dans Rom. 9 : 23-26 cela s'accorde avec l'autre déclaration de
l'Apôtre “Ce qu'Israël cherche, il ne l'a pas obtenu, mais l'élection l'a
obtenu, tandis que les autres ont été aveuglés” (Rom. 11 : 7 - D. Note).
Quant à Esaïe 54 : 1-8, l'apôtre
Paul a magistralement éclairé ce texte par la sagesse divine et il applique
ce passage à la Sion spirituelle, notre mère ou alliance, symbolisée par
Sara. La semence charnelle d'Abraham avait été rejetée de l'héritage de la
promesse, et la véritable semence, Christ (typifiée par Isaac et Rébecca),
avait été acceptée comme la seule semence de la promesse (Gal. 4 : 22, 24,
26-31).
Jérémie 31 : 29-33 est, on ne peut
mieux, approprié. Il fut écrit à un moment où les dix tribus, appelées
Israël, étaient séparées des deux appelées Juda ; c'est pourquoi il était
nécessaire au prophète de les mentionner toutes les deux, pour que l'on
sache bien qu'il n'entendait pas s'adresser aux dix tribus seulement. Au
verset 31, il les met toutes deux ensemble pour ne former qu'un seul tout,
puis il se sert du nom unique pour désigner toutes les tribus dans les
versets 33 et 36 ; il confirme la chose dans les versets 38-40 qui décrivent
des emplacements situés dans le territoire des deux tribus, à Jérusalem et
dans les environs.
328
Mais ensuite remarquons que cette
dernière prophétie n'est pas encore accomplie et même si les dix tribus
pouvaient aujourd'hui clairement s'identifier, elles n'auraient pas lieu
d'être fières d'elles-mêmes. Elles feraient mieux d’attendre jusqu’ à ce que
la Nouvelle Alliance ait été conclue avec elles et que la Loi de cette
Nouvelle Alliance ait été écrite dans leurs cœurs. A ce moment-là, sûrement
elles ne se glorifieraient plus de leur ancienne alliance, mais de la
nouvelle.
Pendant l’Age de l'Evangile, la
Nouvelle Alliance et ses bénédictions - sa loi écrite dans les cœurs et ses
enseignements par l'esprit ne sont pas du tout destinées aux dix tribus et
pas davantage aux deux autres ; car cette alliance doit être d'abord scellée
par le sang (la mort) du Médiateur, Tête et corps (pris parmi les Juifs et
les Gentils). La semence charnelle (Ismaël) doit attendre que la postérité
spirituelle (Isaac) ait tout hérité ; ensuite recevoir son héritage par
Isaac. En ces jours là, lorsque la postérité charnelle recevra sa portion,
les privilèges millénaires bénis, mentionnés aux versets 29 et 30, seront
devenus une réalité.
Bien-aimés, affermissons notre
appel et notre élection par l'obéissance de la foi, et n'espérons pas
obtenir des bénédictions spirituelles, par le fait de liens charnels, car la
Parole de l'Eternel nous montre que cela ne peut être. Si les races
anglo-saxonnes sont littéralement les descendantes des dix tribus perdues,
il est préférable pour elles que l'Eternel ignore leur ascendance et les
considère comme des Gentils ; car sa faveur fut enlevée à la postérité
naturelle lorsque le reste eut été choisi ; alors il se détourna de la
nation juive pour se choisir un peuple qui portât son nom parmi les Gentils,
lesquels auparavant n'étaient pas son peuple. Comme nous l'avons vu, il
n'est promis à Israël aucun retour de sa faveur avant que l'Eglise des élus
ait été complètement formée à l'aurore du jour millénaire.
329
Rien dans notre interprétation des
Ecritures ne s'oppose à ce qu'il y ait en Grande-bretagne, en Allemagne et
aux Etats-Unis quelques descendants des dix tribus qui se séparèrent des
deux autres au temps de Roboam. Cependant, quiconque connaît le mélange
complet qui s'est effectué aux Etats-Unis spécialement, ne saurait prétendre
qu'une seule de ces nations soit de pure race israélite. Nous ne cherchons
pas non plus à savoir si la prospérité de ces nations, plus que celle de
certaines autres nations, est due à leur ascendance généalogique. Peut-être
cela est-il vrai. Ce que nous affirmons toutefois, c'est qu'à l'égard du
“haut-appel” par le Seigneur, de son Eglise, le mur de séparation entre
Juifs et Gentils a été abattu. Dès ce moment-là, sous les conditions de
l'Alliance de la Grâce, le fait, pour un individu ou une nation, d'être de
souche israélite ne saurait lui procurer aucun avantage sur d'autres
individus ou nations de races différentes. “Tout Israël” formé des “branches
naturelles” fut retranché à l'exception d'un “reste” qui accepta Christ, le
médiateur de la Nouvelle Alliance. Ce “reste” n'eut aucune prépondérance sur
les autres, par le fait de sa nationalité. Dieu n'a annoncé par les apôtres
aucune faveur pour Israël selon la chair pendant la durée de l'élection
d'Israël spirituel ; mais il a fait savoir qu'après la formation complète du
“petit troupeau” d'Israël spirituel, ses faveurs iront de nouveau à la
maison charnelle.
C’est parce que nous croyons
qu'Israël spirituel est bientôt au complet, que nous nous attendons à ce que
des bénédictions soient répandues sur les Israélites selon la chair, que
leur aveuglement soit enlevé, prévoyant qu’ils seront les premiers de la
classe du rétablissement à être bénie par Israël spirituel et qu'ils
obtiendront ainsi miséricorde par votre miséricorde (Rom 11 : 31). Lorsque
les Israélites auront ainsi obtenu miséricorde par l'Eglise de Christ
complète et glorifiée, Ils, seront en vérité employés comme les instruments
de l'Eternel pour bénir toutes les familles de la terre. C'est ainsi que les
promesses abrahamiques seront accomplies pour les deux postérités, la
spirituelle et la charnelle, “afin que la promesse soit assurée à toute
la postérité, non seulement à celle qui est sous la loi, mais aussi à celle
qui a la foi. d'Abraham” (Rom. 4 : 16).
330
Respectueusement vôtre,
L'Auteur des Etudes dans les
Ecritures.
Ceux qui prétendent que “le terme
Israël désigne seulement les dix tribus perdues” et que “Juda est le seul
nom qui soit vraiment applicable aux Juifs qui retournèrent en Palestine
après la captivité en Babylone”, devraient mettre de côté leurs prétentions
jusqu'à ce qu'ils puissent répondre aux simples faits suivants : Notre
Seigneur déclara : “Je n'ai été envoyé qu'aux brebis perdues de la maison
d'Israël” (Matth. 15 : 24 ; 10 : 6). Il ne dit pas un mot de la maison
de Juda, et pourtant toutes ses prédications furent faites en Palestine, à
ce qui, selon les Anglo-Israëlites, n'était pas du tout la maison d’Israël,
mais la maison de Juda. Selon cette même théorie, St Pierre aurait commis
une grande erreur, quand, parlant sous l'inspiration directe et plénière du
Saint-Esprit de la Pentecôte, il déclara : “Que toute la maison d'Israël
sache donc avec certitude que Dieu a fait Seigneur et Christ ce Jésus que
vous avez crucifié” (Actes 2 : 36). Les Anglo-Israëlites nous disent que
ce ne fut pas la maison d'Israël, mais celle de Juda qui fut coupable
d'avoir crucifié Christ. Que ceux qui le désirent proclament que notre
Seigneur et ses apôtres se sont trompés et que les idées des Anglo-Israëlites
sont correctes ; quant à nous, nous dirons que Dieu est vrai ; nous
adopterons la manière de voir compatible avec la parole de notre Seigneur,
avec celle de St Pierre, avec tous les enseignements du Nouveau Testament et
aussi avec la raison.
331
Moise nous parle (Deut . 28 : 15,
46, 49 à 63-67) des malédictions qui devaient frapper Israël (les douze
tribus) s'il était infidèle à l'Eternel. Ces prédictions paraissent avoir eu
un accomplissement littéral sur l'Israël vivant au temps de notre Seigneur
(principalement les deux tribus, Juda et Benjamin avec quelques
représentants des autres tribus qui craignaient Dieu) et sur lesquels notre
Seigneur déclara que tout ce qui était écrit dans la Loi et les Prophètes
s'accomplirait, et sur lesquels l'Apôtre Paul déclara que ces prédictions
s'étaient accomplies entièrement. Voir 1 Thess. 2 : 15, 16.
Mais si la nation britannique
forme une partie quelconque de l'Israël mentionné ici, les versets 64 et 65
ne paraissent pas être accomplis.
REVEILLE-TOI, JERUSALEM
Sors désormais de la poussière,
Jérusalem, réveille-toi !
Ton salut est fait de lumière.
Pare-toi, Cité du Grand Roi !
Elargis ta raison bornée,
Vois la promesse et son Auteur,
Lève-toi, sois illuminée,
Voici le Grand Libérateur !
Délaisse ta mine abattue,
Prends maintenant ta liberté ;
Qu'à chanter ton cœur s'habitue,
Dieu finit ta captivité !
Vase de paix, fils de la grâce ;
Que tout péché soit évincé.
Car voici, le règne prend place
Du Roi qui nous fut annoncé !
* * *