ÉTUDES
DANS LES ÉCRITURES
VOLUME
IV - LE
JOUR DE LA VENGEANCE
« LA BATAILLE D'HARMAGUEDON »
ÉTUDE
XI
LA BATAILLE D'HARMAGUEDON
La
détresse (« trouble ») qui s'approche, est symbolisée de diverses manières
par les prophètes. — La chute d'Israël en l'an 70 ap. J.-C., et la Révolution
française en sont des types. — Caractère général et portée de cette
détresse. — La grande armée de l'Éternel. — « Les iniques des
nations ». — « Le temps de détresse de Jacob ». — Sa délivrance.
— La défaite de Gog et de Magog.
« Car voici, par la ville qui est appelée de mon nom [« chrétienté
» — « Babylone »], je commence à faire du mal... ; car j'appelle
l’épée sur tous les habitants de la terre, dit l'Éternel des armées...
L'Éternel rugira d'en haut, et de sa demeure sainte il fera entendre sa
voix ; il rugira, il rugira contre son habitation [nominale, la chrétienté],
il poussera un cri contre tous les habitants de la terre, comme ceux qui
foulent au pressoir.
« Le son éclatant en viendra jusqu'au bout de la terre ; CAR
L'ÉTERNEL A UN DÉBAT AVEC LES NATIONS, IL ENTRE EN JUGEMENT AVEC TOUTE
CHAIR. Les méchants, il les livrera à l'épée, dit l'Éternel.
« Ainsi dit l'Éternel des armées : Voici, le mal s'en ira de
nation à nation, et une grande tempête se lèvera des extrémités de la
terre. Et les tués de l'Éternel, en ce jour-là, seront depuis un bout
de la terre jusqu'à l'autre bout de la terre. On ne se lamentera pas sur
eux, et ils ne seront pas recueillis, et ne seront pas enterrés ; ils
seront du fumier sur la face du sol. » — Jér. 25 : 26-29-38 (D.)
* * *
Le conflit de ce Jour de vengeance sera si complexe et si
extraordinaire qu'un seul symbole ne suffirait pas à le dépeindre. C'est
pourquoi les Écritures emploient nombre de symboles puissants tels que la
bataille, le tremblement de terre, le feu, l'orage, la tempête et le déluge.
C'est le « Combat de ce grand jour de Dieu le Tout-Puissant »,
lorsqu'il rassemblera les nations et réunira les royaumes pour verser sur
eux son indignation, toute l'ardeur de sa colère ; car l'Éternel
des armées fera lui-même la revue de la milice de guerre. — Apoc. 16 :14 ;
Soph. 3 : 8 ; Ésaïe 13 : 4.
C'est « un grand tremblement de terre tel, si grand, qu'il n'y en
a jamais eu de semblable depuis que les hommes sont sur la terre »
qui « secouera non seulement la terre, mais aussi le ciel ». —
Apoc. 16 : 18 ; Héb. 12 : 26.
C'est « le feu de la jalousie de l'Éternel, qui dévorera toute
la terre ». Tant les cieux actuels (les pouvoirs ecclésiastiques de la
chrétienté) que la terre (l’organisation sociale sous l'influence à
la fois de l'église et de l'État) sont réservés pour le feu pour ce
jour de jugement. « Les cieux passeront avec un bruit sifflant, et les éléments
[de l'ecclésiasticisme (*) actuel] embrasés seront dissous, et la terre
[société] et les œuvres qui sont en elle
seront brûlées entièrement... les cieux en feu seront dissous. » Tous
les orgueilleux, et tous ceux qui pratiquent la méchanceté seront du
chaume, et le jour les brûlera, de manière à ne leur laisser ni racine,
ni branche. — Soph. 3 : 8 ; 2 Pi. 3 : 10, 12 ; Mal. 4 : 1.
(*) « ecclesiasticism »
: ferme adhésion aux principes de l’Église, ou aux observances, privilèges,
etc., ecclésiastiques » (dict.).
« Son chemin est dans le tourbillon et dans la tempête. »
« Qui tiendra devant son indignation et qui subsistera devant l'ardeur de
sa colère ? » — Nah. 1 : 3, 6, 7.
« Voici, le Seigneur a un [instrument — mis entre crochets par Darby
— Trad.] fort et puissant, comme un orage de grêle, un tourbillon de
destruction : comme un orage de puissantes eaux qui débordent,
il renversera par terre avec force la couronne d'orgueil », « Il
tance la mer et la dessèche, et fait tarir toutes les rivières... Les
montagnes tremblent devant lui, et les collines se fondent, et devant sa
face la terre [symboles de tout l'ordre de choses actuel] se soulève, et
le monde et tous ceux qui y habitent... Par une inondation débordante, il
détruira entièrement son lieu, et les ténèbres poursuivront ses
ennemis. » — Esaïe 28 : 2 ; Nahum 1 : 4, 5, 8.
Il est évident que ces torrents et ce feu destructeurs sont symboliques ;
ils ne détruiront pas au sens propre notre planète Terre, et ses
habitants ; ceci ressort clairement de la déclaration (symbolique) qu'une
fois détruit, le présent ordre de choses sera remplacé par un nouvel
ordre « de nouveaux cieux [ecclésiastiques, l'Église glorifiée de Dieu]
et une nouvelle terre [la société humaine réorganisée dans le Royaume
de Dieu, basé sur l'amour et non sur l'égoïsme]. »
Faisant allusion à ce nouvel ordre de choses après que le feu de
la vengeance rétributive de Dieu aura détruit tout ce qui est mal
actuellement, Dieu déclare par le prophète : « Alors, je changerai
la [langue] des peuples en une langue [la vérité] purifiée, pour qu'ils
invoquent tous le nom de l'Éternel, pour le servir d'un seul cœur. »
— Soph. 3 : 9.
DEUX TYPES REMARQUABLES DE LA CATASTROPHE IMMINENTE
Cependant, ces diverses descriptions ne devant pas être considérées au
sens propre mais au sens symbolique, que personne n'en tire la conclusion
qu'elles peuvent donc représenter purement et simplement une querelle de
mots, un tremblement de peur, ou un vulgaire débordement de passions
humaines. En effet, si la controverse et des paroles de colère et des
arguments seront bien et sont bien parmi les armes employées dans cette
bataille, surtout à son début, cependant, elles ne sont pas celles qui
la termineront. Tous les détails prophétiques indiquent qu'avant sa fin,
cette bataille sera des plus sanguinaires, ce sera une tempête violente
et terrible. Nous avons déjà observé (**) [Chap.
3, et Vol.
II chap. 7.] le caractère typique de la grande tribulation qui
s'abattit sur Israël selon la chair à la fin de l'Age Judaïque ;
à présent, étant parvenus à la période parallèle — la moisson de
l'Age de l'Évangile — nous voyons tous les signes d'une détresse
semblable, mais bien plus grande encore, sur la « chrétienté », son
antitype. Si les jugements qui frappèrent la Judée et Jérusalem, furent
terribles à l'extrême, ils ne le furent pourtant que sur une petite échelle
si on les compare avec la grande tribulation qui s'avance à grands pas
sur la chrétienté et engagera le monde entier.
L'armée romaine et la guerre proprement dite ne provoquèrent qu'une
faible partie de la détresse qui survint à la fin de l'Age judaïque ;
cette détresse fut l'une des plus terribles que l'histoire ait eu à
enregistrer, et on ne peut la comparer qu'à la Révolution française.
Elle provint surtout de la désintégration nationale, du renversement de
la loi et de l'ordre, de l'anarchie. Visiblement, l'égoïsme domina complètement
et dressa tout homme contre son prochain : c'est exactement ce qui est prédit
de la détresse prochaine sur la chrétienté (c'est au milieu de cette détresse
que le grand temple spirituel — l'Église élue de Dieu — sera complété
et glorifié). « Avant ces jours-là, il n'y avait point de salaire pour
les hommes, et il n'y avait point de salaire pour les bêtes, et il n'y
avait point de paix pour celui qui sortait, ni pour celui qui entrait, à
cause de la détresse ; et je lâchais tout homme, chacun contre son
prochain ». — Zach. 8 : 9-11.
Les temps n'ont pas tellement changé pour croire qu'une telle calamité
soit impossible ou improbable aujourd'hui. Cela est trop évident pour nécessiter
des preuves. Mais si quelqu'un était enclin à en douter, qu'il se
rappelle la grande Révolution d'il y a un peu plus d'un siècle, qui mit
la France à deux doigts de la ruine sociale et menaça la paix du monde.
Il est des gens qui pensent à tort que le monde s'est débarrassé des
cruautés des temps anciens ; ils reposent dans une sécurité imaginaire
et supposent que des calamités comme celles du passé ne pourraient de
nouveau survenir sur le monde ; pourtant, le fait est que notre
raffinement du vingtième siècle est un vernis très mince, facilement
enlevé : un jugement sain et une connaissance des faits de l'histoire même
récente ainsi que la fiévreuse agitation de l'humanité actuelle,
suffisent à garantir la possibilité d'un retour du passé, même sans le
témoignage de la ferme parole prophétique qui prédit un temps de détresse
(« trouble » — Trad.) tel qu'il n'y en a pas eu depuis qu'il
existe une nation.
Dans le langage symbolique de l'Apocalypse, la Révolution française fut
vraiment un « grand tremblement de terre », une secousse sociale si
forte que toute la « chrétienté » trembla jusqu'à ce qu'elle fût
passée ; cette explosion terrible et soudaine de la colère d'une seule
nation, il y a un siècle seulement, peut donner quelque idée de la
fureur de la tempête à venir, quand la colère de toutes les nations
irritées fera éclater les liens de la loi et de l'ordre, et fera régner
l'anarchie universelle. On doit se souvenir aussi que cette calamité se
produisit dans ce qui était alors le cœur même de la chrétienté, au
sein d'une nation qui était considérée comme l'une des plus chrétiennes
dans le monde, celle qui, pendant mille ans, avait été le principal
soutien de la papauté. Une nation, intoxiquée du vin des fausses
doctrines dans l'église et dans l'État, longtemps enchaînée par le cléricalisme
et la superstition, vomit alors tout cela et dépensa la force de sa rage
folle. En fait, Jésus fait allusion à la Révolution française dans sa
Révélation à Jean à Patmos, comme exemple et comme un prélude à la
crise qui s'approche maintenant.
On doit observer également que les mêmes causes qui amenèrent cette
grande calamité, agissent actuellement pour amener une révolution
semblable quoique infiniment plus étendue, car elle sera universelle. Les
causes de cette terrible convulsion ont été brièvement résumées en
ces termes par l'historien
(*) [« Campagnes de Napoléon », p. 12.] :
« La cause immédiate et la plus déterminante de la Révolution française
doit être recherchée dans la détresse du peuple et les embarras du
gouvernement occasionnés par les dépenses énormes de la guerre dans
laquelle la France soutint l'indépendance des colonies américaines. Le dérèglement
de la cour, les dissensions du clergé, le progrès graduel de la
connaissance générale, la dissémination des principes révolutionnaires
occasionnée par la lutte américaine, ainsi que les traitements injustes
dès longtemps établis auxquels les masses populaires étaient
assujetties, tout cela contribua au même effet... Poussé au ressentiment
des torts subis et instruit dans la connaissance de ses droits, le
peuple de France s'éveilla à un esprit universel de mécontentement et
de ressentiment. Le cri de « Liberté ! » retentit de la
capitale aux frontières, et fut renvoyé des Alpes aux Pyrénées, des
bords de la Méditerranée à ceux de l'Atlantique. Comme tous les
changements soudains et violents qui se produisent dans des États
corrompus, l'explosion fut accompagnée de maux et d'atrocités devant
lesquels les crimes et les malheurs de l'ancien despotisme paraissaient
insignifiants. »
Voici ce que dit un autre historien (**) [Histoire universelle (par le
Prof. Fisher du Collège de Yale), p. 497] :
« La première des causes de la Révolution française fut l'hostilité
du peuple contre les classes privilégiées — le roi, les nobles et le
clergé — à cause des restrictions et des charges que la loi et la
coutume imposaient aux classes au-dessous d'elles.
« La terre : près des deux tiers des terres, en France, étaient
entre les mains des nobles et du clergé. Une grande partie de ces terres
étaient mal cultivées par leurs propriétaires indolents. Les nobles préféraient
les plaisirs de Paris au séjour dans leurs terres. Il y avait beaucoup de
petits propriétaires fonciers, mais ils ne possédaient pas suffisamment
de terrains pour en tirer leur subsistance. Le paysan fut si souvent
maltraité que lorsqu'il regardait les tours du château de son maître,
le plus cher désir de son cœur était d'y mettre le feu et de détruire
en même temps tous les registres de dettes [hypothèques]. Le clergé
possédait d'immenses terres, gouvernait en seigneur sur des milliers de
paysans et retirait d'énormes revenus de dîmes et d'autres sources. Dans
certaines provinces, l'état des choses était meilleur que dans d'autres,
mais en général, le riche profitait des plaisirs, le pauvre, lui,
portait les charges écrasantes.
« Monopoles » : l'industrie et le commerce, bien qu'encouragés,
étaient gênés par des monopoles et par une organisation rigide de
corporations.
« Gouvernement corrompu » : l'administration du gouvernement
était à la fois arbitraire et corrompue.
« Perte de respect pour la royauté » : on avait perdu tout
respect pour le trône.
« Échec des tentatives de réforme » : les
tentatives de réforme politique et sociale émanant des souverains après
les grandes guerres, en France et dans d'autres pays, produisirent une
ambiance d'agitation sans atteindre leur but de réorganisation sociale.
« Spéculation politique » : la tendance des idées était
dans un sens révolutionnaire. On mit énergiquement en doute les
croyances religieuses traditionnelles. La spéculation politique était générale.
Montesquieu avait attiré l'attention sur la liberté accordée par la
constitution anglaise. Voltaire avait insisté sur les droits de l'homme.
Rousseau s'était étendu longuement sur le droit souverain de la majorité.
« L'exemple de l'Amérique » : ajoutez à ces
facteurs l'influence de la Révolution américaine et de la Déclaration
américaine de l'indépendance proclamant les droits de l'homme et l'établissement
d'un gouvernement reposant sur le consentement et la libre volonté du
peuple. »
Dans toutes ces causes principales qui atteignirent leur paroxysme dans
les terreurs de la Révolution française, nous discernons une bonne
ressemblance avec des conditions analogues aujourd'hui qui sont en train
de conduire rapidement et sûrement aux résultats analogues prédits sur
une échelle mondiale. Remarquez l'animosité croissante entre les classes
privilégiées (royauté et aristocratie) et les classes ouvrières, les
discussions des droits et des torts du peuple, et le déclin du respect
envers l'autorité tant civile qu'ecclésiastique. Notez également la
tendance révolutionnaire de la pensée et de l'expression populaires, le
mécontentement croissant des masses à l'égard des autorités
dirigeantes et des institutions du gouvernement. Si la Déclaration américaine
de l'indépendance avec sa proclamation des droits de l'homme et de la
fondation d'un gouvernement reposant sur le consentement et la libre
volonté du peuple, a inspiré aux masses populaires françaises un désir
de liberté et d'indépendance, il n'est pas surprenant que l'expérience
heureuse de ce gouvernement du peuple et par le peuple, depuis un siècle,
et la mesure de liberté et de prospérité dont on jouit ici, ont
actuellement leur effet sur les peuples du vieux monde. Le torrent continu
des émigrants d'autres pays vers ce pays-ci est une autre preuve de
l'impression qu'a faite cette expérience sur les peuples des autres
nations.
Pourtant, la liberté et la prospérité dont on jouit ici, sont loin de
satisfaire les gens. Ils désirent ardemment une condition meilleure
encore et cherchent les moyens d'y parvenir. Nulle part ailleurs dans
toute la chrétienté, cette détermination s'affirme d'une manière plus
positive et plus résolue qu'ici. Chaque homme est sur le qui vive [ainsi
dans le texte — Trad.] pour revendiquer ses droits réels ou supposés.
L'orientation des idées ici, comme ailleurs, est de tendance révolutionnaire,
et chaque jour, elle le devient un peu plus.
La Révolution française fut une lutte entre une certaine mesure de lumière
contre d'épaisses ténèbres, entre l'esprit de liberté en éveil et
l'oppression qui s'exerçait depuis longtemps, entre une certaine mesure
de vérité et de vieilles erreurs et superstitions que les pouvoirs
civils et ecclésiastiques encourageaient et favorisaient depuis longtemps
pour leur propre agrandissement et pour l'oppression du peuple. Cependant,
elle a montré le danger que présente la liberté qui n'est pas guidée
par la justice (« righteousness ») et l'esprit de sobre bon
sens 2 Tim. 1 : 7. Un petit savoir est en vérité une chose dangereuse.
Dans l'une de ses histoires, Charles Dickens place l’action dans les
temps troublés de la Révolution française. Cette histoire commence
ainsi, et comme il le suggère, convient bien au temps actuel :
« C'était le meilleur des temps, c'était le plus mauvais des temps
; c'était l'Age de la sagesse, c'était l'Age de la folie ; c'était l'époque
de la croyance, c'était l'époque de l'incrédulité ; c'était le temps
de la lumière, c'était le temps des ténèbres ; c'était le printemps
de l'espoir, c'était l'hiver du désespoir ; nous avions toutes choses
devant nous, nous n'avions rien devant nous ; nous allions tous
directement au ciel, nous allions tous directement dans l'autre voie —
en bref, la période était tellement comme la période actuelle que
certaines de ses autorités les plus bruyantes insistaient pour qu'elle fût
reçue en bien ou en mal, au degré de comparaison superlatif seulement.
»
Alors que nous voyons que les mêmes causes opérant à travers le monde
d'aujourd'hui, produisent des résultats analogues sur une échelle plus
étendue, nous ne pouvons nous consoler par des idées de sécurité
imaginaire, et proclamer Paix ! Paix ! quand il n'y a point de paix, en
particulier à cause des avertissements de la prophétie. A la lumière du
caractère prédit des événements prochains de cette bataille, nous
pouvons considérer seulement la Révolution française comme le
grondement d'un tonnerre lointain, donnant l'avertissement d'un orage qui
s'approche, comme une légère secousse qui précède l'ébranlement général
du tremblement de terre, comme le déclic prémonitoire de la grande
horloge des âges, qui prévient ceux qui sont déjà éveillés que les
rouages sont en mouvement, et que bientôt sonnera l'heure de minuit qui
mettra fin au présent ordre d'affaires et introduira un nouvel ordre de
choses — l'Année du Jubilé, avec son ébranlement qui l'accompagnera
et ses changements de possession. La Révolution française a réveillé
le monde entier et mis en marche les puissantes forces qui, finalement,
détruiront le vieil ordre de choses.
Quand les conditions seront complètement mûres pour la grande Révolution,
une circonstance banale pourra servir d'allumette pour mettre le feu à la
structure sociale actuelle à travers le monde entier ; ce fut exactement
le cas, par exemple de la Révolution française : on raconte que le
premier acte public fut le battement sur une casserole en fer-blanc par
une femme dont les enfants avaient faim. Bientôt, une armée de mères
s'avança vers le palais royal pour réclamer du pain. Comme on le leur
refusait, des hommes se joignirent à elles, et bientôt, la colère de la
nation s'alluma et les flammes de la révolution balayèrent le pays tout
entier.
Cependant, la royauté était si oublieuse quant aux conditions du peuple,
elle vivait dans l'abondance et dans tant de luxe que, même lorsque la révolution
éclata, la reine ne comprit pas la situation. Comme elle entendait dans
son palais le tumulte de la foule, elle demanda ce que cela signifiait.
Comme on l'informait que le peuple réclamait du pain, elle répliqua : «
Ces gens sont stupides de faire tant de bruit pour du pain : si le
pain manque, qu'ils prennent du gâteau, il est bon marché
maintenant. »
La similitude du présent à ce temps-là est si frappante, que l'alarme
est donnée par beaucoup de gens réfléchis qui discernent les signes des
temps, tandis que d'autres ne peuvent pas se rendre compte de la
situation. Les cris qui précédèrent la Révolution française ne furent
rien en comparaison des appels qui montent des masses populaires dans le
monde entier vers ceux qui sont puissants et influents.
Il y a quelques années, le Prof. G. D Herron, du Collège de Iowa déclarait
:
« Partout, il y a des signes d'un changement universel. La race est
en attente, embarrassée jusqu'à ce que soit accompli son nouveau baptême.
Chaque point sensible de la société ressent les premières souffrances
d'une grande épreuve qui doit engager (« try ») tous les habitants de
la terre et qui doit se terminer par une délivrance divine [bien qu'il ne
réussisse pas à discerner ce que sera la délivrance, et comment elle
se fera]. Nous sommes au début d'une révolution qui va contraindre
toutes les institutions existantes, religieuses et politiques, et mettre
à l'épreuve la sagesse et l'héroïsme des âmes les plus pures et les
plus braves de la terre... La révolution sociale, qui clôt notre siècle
et inaugure le suivant par les années les plus cruciales et les plus
formatives depuis la crucifixion du Fils de l'Homme, est l'invitation
faite à la chrétienté et l'occasion favorable pour elle de devenir chrétienne.
»
Mais hélas ! l'invitation n'est pas acceptée ; en vérité, elle
n'est réellement entendue que par une faible minorité, tant est
grand le vacarme du péché et tant sont solides les chaînes de
l'habitude. Seules, les souffrances du grand tremblement de terre social
(la révolution) qui vient, produiront le changement, et dans son terrible
déroulement rien ne sera plus manifeste que les signes de la juste rétribution
qui révéleront à tous le fait que le juste Juge de toute la terre est
en train de mettre « le jugement pour cordeau et la justice pour plomb ».
— Esaïe 28 : 17.
Le caractère vengeur de la grande tribulation qui s'abattit sur Israël
selon la chair dans la moisson de l'Age judaïque fut très visible ; il
en fut de même du caractère de la Révolution française, et ce sera également
manifeste dans la détresse présente lorsqu'elle atteindra son point
culminant. Les remarques de M. Thomas H. Gill, dans son ouvrage Le
drame papal, se rapportant au caractère vengeur de la Révolution
française, suggèrent également le même caractère de la détresse qui
va s'abattre sur la chrétienté dans son ensemble. L'auteur déclare :
« Plus on étudie profondément la Révolution française, plus se révèle
sa prééminence au-dessus de toutes les étranges et terribles choses qui
s'y passèrent... Jamais le monde ne fut le témoin d'un exemple de châtiment
aussi rigoureux et aussi sublime... Si elle infligea énormément de
mal, elle présupposa et détruisit beaucoup de choses mauvaises... Dans
un pays où chaque institution ancienne et chaque coutume vénérable
disparurent en un instant, où l'organisation sociale et politique s'écroula
avant le premier coup, où la monarchie, la noblesse et l'église furent
balayées presque sans résistance, il fallait que la structure tout entière
de l'État fût pourrie : royauté, aristocratie et clergé devaient avoir
gravement péché. Si les bonnes choses de ce monde — la naissance, le
rang social, la fortune, les vêtements élégants et les manières
distinguées — devinrent pour un temps une cause de danger et de péril
dans le monde, c'est que le rang social, la naissance et les richesses
avaient été les objets d'effroyables abus.
« La nation qui abolit et proscrivit le christianisme, qui détrôna la
religion en faveur de la raison et mit sur le trône à Notre-Dame la
nouvelle déesse en la personne d'une prostituée, devait, pour en arriver
là, avoir été affligée par une forme très déraisonnable et très
corrompue du christianisme. Le peuple qui mena une pareille guerre
d'extermination totale de toutes choses établies au point d'abolir les
formes usuelles de salutations, et la méthode habituelle de calculer le
temps, qui eut en horreur le « vous » comme d'un péché et
reculait d'horreur devant le terme « monsieur », qui changea les
semaines en décades et le nom des mois, ce peuple-là devait avoir sûrement
de bonnes raisons pour haïr ces vieilles coutumes et pour tomber ensuite
dans une telle extravagance absurde portant sur des détails.
« La démolition des châteaux de la noblesse, le pillage des sépulcres
de la royauté, la décapitation du roi et de la reine, la cruelle mise à
mort du petit dauphin, les princes réduits à la mendicité, le massacre
des prêtres et des nobles, la guillotine souveraine, les mariages républicains,
la tannerie de Meudon, les couples liés ensemble et jetés dans la Loire,
les gants faits de la peau d'homme et de femme, ces choses sont des plus
horribles, mais elles sont en même temps la manifestation d'un châtiment
: elles révèlent la présence solennelle de Némésis, la terrible main
d'une puissance vengeresse. Elles rappellent à l'esprit les horribles péchés
de cette vieille France : les malheureux paysans écrasés sous le poids
des impôts dont étaient exempts les riches et les nobles, affligés à
tout bout de champ par de cruelles famines à cause d'impôts écrasants,
de guerres injustes et de monstrueux et mauvais gouvernements, et ensuite
pendus ou fusillés par vingtaines ou par cinquantaines s'ils se
plaignaient seulement de manquer de nourriture, et tout cela pendant des
siècles ! Ces choses remettent à la mémoire les protestants
massacrés par millions dans les rues de Paris, persécutés pendant des
années par des dragons dans le Poitou et le Béarn, et chassés comme des
bêtes sauvages dans les Cévennes, égorgés et mis à mort par milliers
et par dizaines de milliers par de nombreux moyens atroces à travers de
nombreuses et pénibles années...
« Dans aucune des œuvres de la Révolution française, ce caractère de châtiment n'est
plus frappant ou n'apparaît d'une manière plus solennelle que dans ses
agissements à l'égard de l'église romaine et de la puissance papale. Il
advint que ce fut spécialement la France qui, après avoir rejeté la Réformation
à la suite de luttes violentes et perpétré des crimes atroces au cours
de ce rejet, en vint à tourner sa fureur contre cette même église
romaine... pour abolir le culte romain catholique, pour massacrer dans les
rues de ses grandes villes des multitudes de prêtres, pour les
pourchasser partout et pour les exiler par milliers sur des rives étrangères,
exactement comme elle avait égorgé, pourchassé et exilé des centaines
de milliers de protestants ; ... pour porter la guerre sur les territoires
du pape et pour accumuler toutes sortes de malheurs et d'affronts sur la
papauté sans défense... Les excès de la France révolutionnaire ne
furent pas plus le châtiment que le résultat direct des excès de... la
France papale...
« Dans l'un de ses aspects, on peut décrire la Révolution comme une réaction
contre les excès spirituels et religieux de la persécution catholique
romaine du protestantisme. Le torrent n'était pas plus tôt libéré
qu'il se précipita directement contre l'église romaine et la papauté...
Les biens de l'église furent remis à l'État ; le clergé français fut
du rang de propriétaires abaissé à celui d'un corps salarié ; des
moines et des nonnes furent replacés dans le monde, les biens de leurs
ordres confisqués ; les protestants furent rétablis à la pleine liberté
religieuse et à l'égalité politique... Bientôt après, la religion
catholique romaine était formellement abolie.
« Bonaparte dégaina l'épée de la France contre Pie VI impuissant... Le
pontife perdit son indépendance, Berthier marcha sur Rome, établit une république
romaine et fit le pape prisonnier. Le souverain pontife fut emmené au
camp des infidèles... de prison en prison, et finalement, on l'emmena
captif en France. C'est là... qu'il rendit le dernier soupir, à Valence,
où ses prêtres avaient été égorgés, où sa puissance fut brisée, et
où son nom et sa charge furent un sujet de moquerie et de risée ;
... les rudes soldats... pendant dix ans lui firent boire une coupe... amère...
Ce fut un suprême et parfait exemple de châtiment qui étonna le
monde à la fin du dix-huitième siècle : cette proscription de l'église
catholique romaine par cette nation française même qui, sur son ordre,
avait égorgé des myriades de protestants ; cette fin lugubre du
souverain pontife dans ce Dauphiné même devenu sacré par les luttes des
protestants, et près de ces vallées alpines ou les Vaudois avaient été
pourchassés sans pitié par des soldats français ; cette transformation
des « États de l'église » en « République romaine », et
cette destruction de la papauté territoriale par cette nation française
même qui, exactement mille ans auparavant, avait sous les règnes de Pépin
et de Charlemagne, donné ces territoires.
« Une multitude de gens s'imaginèrent que la papauté était sur le
point de mourir, se demandèrent si Pie VI serait le dernier pontife et si
la fin du dix-huitième siècle ne serait pas marquée par la chute de la
dynastie papale. Mais la Révolution française était le commencement et
non la fin du jugement ; la France n'avait que commencé à exécuter
la sentence, une sentence sûre et inévitable, mais longue et lente, qui
devait être diversifiée par de nombreux incidents étranges, et, de
temps en temps, par un semblant de délivrance, une sentence qui doit se
prolonger au travers de nombreuses souffrances et dans beaucoup
d'ignominie. »
Nous devons nous attendre à ce que la détresse qui vient, ne soit pas
moins profonde ni moins violente que ces deux exemples, mais au contraire,
qu'elle soit plus terrible et plus générale ; car : (1) les
conditions actuelles rendent chaque membre de la structure sociale plus dépendant
que jamais auparavant, non seulement pour un bien-être croissant et des
objets de luxe plus nombreux, mais également pour les choses nécessaires
mêmes de la vie. L'arrêt du trafic ferroviaire seul signifierait la
famine en une semaine dans nos grandes villes, et l'anarchie générale
entraînerait la paralysie de toute activité dépendant du commerce et de
la confiance. (2) L'Éternel déclare spécialement que la détresse qui
vient sera « telle qu'il n'y en a pas eu depuis qu'il existe une
nation », et qu’il n'y en aura jamais plus. — Dan. 12 : 1 ; Joël
2 : 2 ; Matt. 24 : 21.
Alors qu'il n'est offert aucun espoir de pouvoir détourner cette détresse,
la Bible donne des instructions aux individus qui voudraient être à
couvert lors de la tempête prochaine.
(1) Les fidèles de l'Église ont la promesse d'être délivrés avant que
la tempête ne se précipite avec toute sa fureur. (2) Tous ceux qui
aiment la droiture et poursuivent la paix devraient mettre avec soin leur
maison en ordre, selon les directives de la Parole de Dieu qui déclare :
« Avant que le décret enfante, avant que le jour passe comme la
balle, avant que vienne sur vous l'ardeur de la colère de l'Éternel,
avant que vienne sur vous le jour de la colère de l'Éternel, cherchez
l’Éternel, vous, tous les débonnaires du pays, qui pratiquez ce qui
est juste à ses yeux ; recherchez la justice, recherchez la débonnaireté
; peut-être serez-vous à couvert au jour de la colère de l'Éternel. »
— Soph. 2 : 2, 3.
Afin que tous ceux-là puissent se rendre compte de la situation, le prophète
invite ceux qui voient ces choses à sonner l'alarme, disant : « Sonnez
de la trompette en Sion, sonnez avec éclat dans ma sainte montagne [la
chrétienté, la prétendue sainte montagne ou royaume de l'Éternel] !
Que tous les habitants du pays tremblent, car le jour de l'Éternel vient
; car il est proche » Joël 2 : 1. Dieu, dit le Psalmiste, « fera
pleuvoir sur les méchants des pièges, du feu et du soufre [symboles de détresse et de destruction] et un vent brûlant sera
la portion de leur coupe, car l'Éternel juste aime la justice. »
— Ps. 11 : 3-7.
La bataille de ce grand jour de Dieu Tout-Puissant sera la plus grande révolution
dont le monde aura jamais été témoin, parce que ce sera une bataille
dans laquelle chaque principe de l'injustice sera engagé ; en effet, dans
ce jugement des nations, comme dans celui des individus, « il n'y a
rien de couvert qui ne sera révélé, ni rien de secret qui ne sera connu.
» Matt. 10 : 26. Voyez comment, même maintenant, le projecteur de
l'information générale est en train de découvrir les mobiles secrets
des intrigues de la politique et de la finance, les prétentions
religieuses, etc., et comment tout cela est porté à la barre du jugement
et déclaré par les hommes aussi bien que par Dieu, bien ou mal, suivant
le jugement rendu par les enseignements de la Parole de Dieu, par la règle
d'or, par la loi d'amour, les exemples de Christ, etc. Tout cela vient au
jour d'une manière remarquable au cours des discussions de notre époque.
Comme toutes les autres batailles révolutionnaires, celle du grand jour a
ses degrés de développement graduel. Derrière tous les signes de
conflit on trouve les causes qui les provoquent, les torts nationaux et
individuels réels ou imaginaires ; ensuite vient une appréciation
subtile de ces torts faite par ceux qui en souffrent ; puis, généralement,
suivent divers essais de réforme lesquels se révélant infructueux, mènent
à de grandes controverses, à des querelles de mots, à des divisions, à
des luttes d'opinions, et en fin de compte à la revanche et au conflit
armé. C'est ainsi que se déroule également la Bataille du grand jour du
Dieu Tout-Puissant. Son caractère général est celui d'une lutte de la
lumière contre les ténèbres, de la liberté contre l'oppression, de la
vérité contre l'erreur. Elle se fera à l'échelle universelle : les
paysans contre les princes, les ouailles contre les prédicateurs, le
travail contre le capital : les opprimés en armes contre l'injustice et
la tyrannie de toute espèce, et les oppresseurs en armes pour défendre
ce qu'ils ont considéré longtemps comme étant leurs droits, même quand
il s'avérait qu'il s'agissait d'empiètements sur les droits des autres.
LA GRANDE ARMÉE DE L'ÉTERNEL
Dans des chapitres précédents, nous avons parlé des préparatifs de
conflit de ce mauvais jour : de l'organisation, de l'équipement et de
l'entraînement d'armées immenses, de la construction de puissantes
flottes de guerre, de l'invention de nouveaux et fabuleux engins de
destruction, de la fabrication d'explosifs nouveaux et puissants ; nous
avons constaté que la plus grande partie des ressources nationales de
tous les pays était consacrée à des fins militaires, et nous avons
remarqué les murmures des nations irritées, armées jusqu'aux dents se
regardant les unes les autres d'un air menaçant.
En considérant ces millions de guerriers armés et disciplinés, nous
nous demandons : laquelle de ces puissantes armées est celle que les
prophètes désignèrent comme étant la grande armée de l'Éternel ? Les
références prophétiques peuvent-elles s'appliquer à l'une quelconque
d'entre elles ? Si oui, dans quel sens pourrait-on la considérer comme
l'armée de l'Éternel puisqu'aucune d'elles n'est animée de l'esprit de
Dieu ? Ou bien, cette référence peut-elle s'appliquer au peuple de Dieu,
aux soldats de la croix, dont l'Apôtre Paul décrit les armes comme n'étant
pas charnelles, mais puissantes, pour la destruction des forteresses ? 2 Cor. 10 : 3-5. Se peut-il que « l'épée de l'esprit, qui
est la parole de Dieu » Eph. 6 : 17, dans les mains du peuple
de Dieu rempli de l'esprit de Dieu, sera chargée d'accomplir l’œuvre
extraordinaire du renversement de tous les royaumes de ce monde et qu'elle
puisse les remettre à Christ en possession éternelle ?
Nous aimerions qu'il pût en être ainsi ! mais comme nous l'avons déjà
vu, tel ne sera pas le cas d'après les prévisions prophétiques aussi
bien que des signes des temps. Au contraire, le monde ne tient absolument
aucun compte des protestations et des avertissements des justes, et les
nations marchent dans les ténèbres ; en conséquence, tous les
fondements de la terre (de la structure sociale actuelle) chancellent Ps.
82 : 5 et mettent en danger la superstructure sociale tout entière,
laquelle est aujourd'hui terriblement ébranlée. « Nous avons voulu
guérir [version Seg.] Babylone » dit le prophète, « mais
elle n'a pas guéri ; abandonnons-la [« Sortez du milieu d'elle, mon
peuple » — Apoc. 18 : 4] ; car son jugement, atteint aux cieux et
s'est élevé jusqu'aux nues ». — Jér. 51 : 9.
Ce ne sont évidemment pas les saints qui doivent constituer la grande armée
de l'Éternel, dont parlent les prophètes, pour renverser les royaumes de
ce monde ; les armes de leur combat ne suffisent pas non plus pour y
parvenir. Leurs armes sont vraiment puissantes, comme le dit l'Apôtre,
parmi ceux qui sont influencés par elles. Parmi les membres du vrai
peuple de Dieu qui appliquent diligemment leurs cœurs à l'instruction,
sa Parole est plus tranchante que n'importe quelle épée à deux
tranchants ; vraiment, elle « détruit les raisonnements [humains] et
toute hauteur qui s'élève contre la connaissance de Dieu, et amenant
toute pensée captive à l'obéissance du Christ » 2 Cor. 10 : 4, 5, mais
ce ne sont pas les armes de ce combat qui opèrent sur le monde. En outre,
l'armée des saints n'est pas une « grande armée », mais un « petit
troupeau », ainsi que le désigne notre Seigneur lui-même. —
Comp. Luc 12 : 32 ; Joël 2 : 11.
Écoutez la description prophétique de cette armée :
« Un peuple nombreux et fort, tel qu'il n'y en eut jamais, et qu'après
lui, il n'y en aura point jusqu'aux années des générations et des générations.
Devant lui un feu dévore, et une flamme brûle après lui ; devant lui le
pays est comme le jardin d'Eden, et après lui, la solitude d'un désert ;
et rien ne lui échappe. Leur aspect est comme l'aspect des chevaux, et
ils courent comme des cavaliers. Ils sautent : ... c'est comme le bruit
des chars sur les sommets des montagnes [royaumes], comme le bruit d'une
flamme de feu qui dévore le chaume, comme un peuple puissant rangé en
bataille.
« Devant lui, les peuples en sont angoissés, tous les visages pâlissent.
Ils courent comme des hommes forts, ils escaladent la muraille comme des
hommes de guerre ; ils marchent chacun dans son chemin, et ne changent pas
leurs sentiers ; et ils ne se pressent pas l'un l'autre. Ils marchent
chacun dans sa route ; ils se précipitent à travers les traits et ne
sont pas séparés ; ils se répandent par la ville, ils courent sur la
muraille, ils montent dans les maisons, ils entrent par les fenêtres
comme un voleur. Devant eux, la terre [l'ordre social actuel] tremble :
les cieux [les puissances ecclésiastiques] sont ébranlés : le soleil et
la lune [l'évangile et la loi de Moïse dont l'influence éclaire] sont
obscurcis [l'incrédulité générale s'étant répandue partout], et les
étoiles [les lumières apostoliques (Apoc. 12 : 1) seront obscurcies]
retirent leur splendeur [ce sera la sombre nuit dans laquelle personne ne
peut travailler — Jean 9 : 4 ; Esaïe 21 : 9, 11, 12]. Et l'Éternel
fait entendre sa voix devant son armée, car son camp est très grand, car
l'exécuteur de sa parole est puissant ; parce que le jour de l'Éternel
est grand et fort terrible ; et qui peut le supporter ? » — Joël 2 :
2-11 (D.).
Cette armée de l'Éternel doit affronter les terribles conditions de ce
jour mauvais, lorsque les éléments redoutables qui se préparent
actuellement pour le conflit, le feu, seront tout à fait prêts. Cette
armée, sous la souveraine providence de l'Éternel, renversera le trône
des royaumes et détruira la puissance des royaumes des nations (Aggée 2
: 22). Mais où y a-t-il une pareille armée ? Sera-ce l'armée allemande
? l'armée française, anglaise, russe ou celle des États-Unis ? Cette
grande armée, telle qu'elle est décrite par le prophète, doit accomplir
ces choses merveilleuses, et cela dans les quelques années qui restent
encore de cette période remarquable de la moisson, comme cela est indiqué.
Il est probable qu'une telle armée existe actuellement dans une certaine
période de préparation pour l’œuvre prochaine de carnage. La
description qu'en fait le prophète n'est pas celle d'une bande
indisciplinée d'émeutiers, facilement réprimée par des experts de
guerre, mais celle d'une armée puissante et hautement disciplinée.
Où donc, demandons-nous, y a-t-il pareille armée à l'instruction et à
l'entraînement actuellement ? une armée devant laquelle la terre [société]
tremblera et les cieux [puissances ecclésiastiques] seront ébranlés (Joël
2 :10), une armée qui se déploiera hardiment contre les forces
conservatrices de la chrétienté, à la fois civiles et ecclésiastiques,
et espère même venir à bout de sa force présente ? Où est l'armée
qui, dans un proche avenir, osera rejeter les doctrines vénérables de la
chrétienté, sa politique et ses intrigues cléricales ? qui, obstinément,
méprisera tous ses anathèmes, rejettera ses ordres, lui retournera ses
foudres d'autorité et de puissance organisée ? qui affrontera le
grondement de son artillerie vésuvienne, défiera ses projectiles de
balles et d'obus, labourera ses flottes d'armements navals et, arrachant
les diadèmes des têtes couronnées, renversera les royaumes au milieu de
la mer ? qui mettra les cieux en feu et fera fondre la terre embrasée,
faisant ainsi une seule vaste ruine universelle du vieil ordre de choses,
comme le prédirent les prophètes ?
Les signes des temps, non moins que « la ferme parole prophétique
», nous assurent avec force qu'une telle armée est en cours de développement
et de préparation pour le conflit irrémédiable. C'est la reconnaissance
de ce fait (sans allusion à la parole prophétique ou même sans en avoir
connaissance) qui remplit maintenant le cœur de la chrétienté d'un
effrayant présage, et pousse tous les hommes d'État à prendre des
mesures extraordinaires pour la protection et la défense.
Pourtant, dans ces mesures mêmes de défense personnelle imaginées par
ceux qui sont au pouvoir, il y a probablement un piège dont ils ne se
rendent pas compte. Les armées sur lesquelles ils comptent pour la défense,
sont — qu'on s'en souvienne — celles du commun peuple : ces millions
de soldats disciplinés ont des femmes, des fils, des filles, des frères,
des sœurs, des cousins, des cousines et des amis dans les rangs du commun
peuple, dont les intérêts sont unis aux leurs par de puissants liens
naturels ; le service qu'ils assurent des trônes et des royaumes ne se
fait que sur des ordres impératifs, et ils ne le supportent que parce
qu'ils sont payés, cependant qu'ils en viennent rapidement à considérer
que ce n'est pas une compensation satisfaisante eu égard aux peines et
aux privations qu'ils doivent endurer, eux et leurs familles, sans parler
des périls auxquels sont exposés leur vie, leurs membres, leur santé et
leur fortune. Année après année, ces multitudes armées ont de moins en
moins d'engouement pour la « gloire » guerrière ; elles sont de plus en
plus très sensibles aux souffrances de la guerre, à ses privations ;
elles sont de moins en moins dévouées aux pouvoirs souverains qui
commandent leurs services, tandis qu'au pays, les armées de travailleurs
du commun peuple deviennent de plus en plus irritées et mécontentes de
leur sort et appréhendent de plus en plus l'avenir.
Toutes ces choses annoncent au moins une possibilité que dans la crise
qui vient, les multitudes puissamment armées et disciplinées de la chrétienté
puissent tourner leur puissance contre les autorités à qui elles doivent
leur existence, au lieu de les soutenir et de les préserver. Il est
certain qu'une telle éventualité a été envisagée par les gouvernants
comme en témoigne le fait suivant : en Russie, quand la famine sévit et
provoqua des émeutes parmi le peuple, on cacha avec soin ce qui s'était
passé aux amis et aux frères des émeutiers qui étaient dans l’armée
russe, et pour réprimer ces émeutes, on détacha des soldats qui
venaient de districts éloignés.
Présentement, il ne nous est pas possible de supposer clairement quelles
seront au juste les conditions et les circonstances que Dieu emploiera
comme « voix » de commandement pour diriger sa grande armée, mais
nous vivons à une époque qui fait l'histoire rapidement, et sur des
principes généraux, il ne serait pas déraisonnable de s'attendre à des
mouvements dans cette direction à n'importe quel moment. Cependant, dans
nos études antérieures (volumes II et III), nous avons vu que Dieu a un
temps fixé pour chaque trait de son plan, et que nous sommes même
maintenant dans ce « Jour de vengeance » qui est une période de
quarante [quatre-vingts — éd. 1937] ans que cette période a commencé
en octobre 1874, et finira sous peu. Les sinistres années, maintenant
passées, de ce « jour » ont certainement posé un grand et profond
fondement, dans l'église, l'État, les finances et dans les conditions
sociales et les sentiments pour les grands événements prédits dans les
Écritures. Ces événements ont déjà jeté leur ombre sur le monde et
leur accomplissement doit se faire aussi sûrement qu'ils ont été prédits.
Il semblerait que quelques années à peine sont un temps suffisant pour
leur accomplissement. Déjà « les hommes rendent l'âme de peur et
à cause de l'attente des choses qui viennent sur la terre habitée ».
Les prophéties qui sont portées à notre attention et proclamées
publiquement dès le début de ce Jour de vengeance, arrivent rapidement
à leur point culminant. Comme nous l'avons montré dans les chapitres précédents,
tous les hommes sont capables de discerner quelque chose des contours
sombres du trouble qui se rapproche de plus en plus au point que,
maintenant, apparemment, la société est comme une boîte à amadou,
comme une poudrière prête à exploser à tout moment, comme une armée
organisée, prête à l'assaut sur l'ordre du commandement. Mais
Shakespeare a écrit avec vérité :
« Il y a une divinité qui façonne notre destinée
Malgré nos efforts malhabiles pour le faire ! »
(Traduction libre).
Les humains en général ignorent l'intérêt que l’Éternel a dans
cette bataille ; presque tous ceux qui contestent revêtent l'armure pour
des intérêts personnels et égoïstes dans lesquels ils se rendent bien
compte que l'Éternel ne pourrait participer ; c'est pourquoi, alors que
de chaque côté tous sont prêts à invoquer la bénédiction de l'Éternel,
bien peu comptent dessus, tous semblent compter sur eux-mêmes, sur leurs
organisations, leurs effectifs, etc. Personne ne sera plus surpris que les
« puissances des cieux », les grands de la direction ecclésiastique
actuelle qui, cherchant à établir un plan de leur propre conception pour
l'Éternel, ont négligé le sien tel qu'il est révélé dans sa Parole.
Pour ceux-là, l’œuvre de l'Éternel dans les prochaines années, sera
en vérité une « œuvre étrange ». Écoutez ce que
dit la Parole de l'Éternel à ce sujet :
« L'Éternel se lèvera comme en la montagne de Peratsim, il sera ému de
colère comme dans la vallée de Gabaon, pour faire son œuvre, son œuvre
étrange, et pour accomplir son travail, son travail étrange
[inaccoutumé — D.]. ... Car j'ai entendu du Seigneur, l'Éternel des
armées, [qu'il y a] une consomption [une consommation] décrétée sur
toute la terre. » — Esaïe 28 : 21, 22.
Le système social, « la terre », « les éléments »,
« le cours de la nature », ne peuvent être enflammés avant que le
Seigneur n'ait permis que l'allumette y soit mise : la grande bataille décisive
ne peut commencer avant que le grand « Micaël », « le Prince de notre
salut », ne se soit levé et n'en ait donné l'ordre (Dan. 12 : 1)
et malgré les fréquentes escarmouches qui pourront avoir lieu jusqu'à
ce moment-là sur tout le front. En outre, le grand Capitaine informe sa légion
royale, l'Église, que la catastrophe, bien qu'imminente, ne peut avoir
lieu avant que « les soldats du Roi », le « Petit Troupeau », «
les élus », aient été tous « scellés » et « rassemblés ».
En attendant, rappelons-nous la description inspirée, que fait l'Apôtre,
concernant cette détresse : elle sera comme l'enfantement surprenant la
femme enceinte, avec de vives douleurs entrecoupées mais de plus en plus
rapprochées. C'est exactement ce qui s'est passé jusqu'ici, et chaque
douleur à venir sera plus forte jusqu'à ce que se produise l'épreuve
finale dans laquelle le nouvel ordre de choses naîtra dans l'agonie des
institutions actuelles.
Attendu que, d'une manière générale, l'Éternel a laissé le monde
prendre librement sa ligne de conduite durant les six mille ans écoulés,
sauf dans le cas d'Israël, son intervention maintenant peut sembler
d'autant plus particulière et « étrange » à ceux qui ne comprennent
pas les changements de dispensation dus à l'introduction du septième
millénaire. Mais dans cette bataille, l'Éternel fera que la colère des
hommes (et leur ambition et leur égoïsme) le loue et le serve, et du
reste de la colère il se ceindra (Ps. 76 : 10). Avec beaucoup de
longanimité, il a permis le long règne du péché, de l'égoïsme et de
la mort parce qu'il pouvait le dominer pour éprouver son Église élue,
et pour enseigner à tous les hommes « que le péché est
excessivement pécheur ». Cependant, étant donné que le monde en général
méprise sa loi d'amour et de vérité et de droiture, l'Éternel a en vue
une discipline générale avant de donner la leçon suivante qui sera une
illustration pratique des avantages de la droiture, sous le Règne millénaire
de son cher Fils.
Si, d'une part, l'Éternel interdit à son peuple de combattre avec des
armes charnelles et se déclare être lui-même un Dieu de paix, un Dieu
d'ordre et d'amour, d'autre part, il se déclare être lui-même un Dieu
de justice et montre que le péché ne triomphera pas toujours dans le
monde, mais qu'il sera châtié. « A moi la vengeance ; moi je rendrai,
dit le Seigneur. » (Rom. 12 : 19 ; Deut. 32 : 35). Lorsqu'il se lève
pour le jugement contre les nations, exerçant la vengeance contre tous
les méchants, il se déclare lui-même « un homme de guerre » et
« puissant dans la bataille », possédant une « immense armée »
sous ses ordres. Qui peut dire avec certitude que les multitudes armées
de la chrétienté ne constitueront pas alors l'immense armée qui lancera
sa puissante force contre les remparts du présent ordre social ? —
Exode 15 : 3 ; Ps. 24 : 8 ; 45 : 3 ; Apoc. 19 : 11 ; Esaïe
11 : 4 ; Joël 2 : 11.
« L'Éternel sortira comme un homme vaillant, il éveillera la jalousie
comme un homme de guerre ; il criera, oui, il jettera des cris ; contre
ses ennemis il se montrera vaillant. » [Les cris, le rugissement de
son immense armée, son succès dans l'accomplissement de la révolution,
selon le dessein divin, tout cela, l'Éternel se l'attribue à lui-même,
car les soldats de cette armée accomplissent, sans le savoir, son œuvre
de destruction. Il déclare :] « Dès longtemps je suis resté tranquille,
je me suis tu, je me suis contenu. Je crierai comme une femme qui enfante,
je détruirai et j'engloutirai à la fois. » — Esaïe 42 : 13, 14.
Cependant, les Écritures donnent à entendre qu'il peut y avoir d'autres
personnes en dehors des armées révoltées de la chrétienté qui feront
également partie de l'immense armée de l'Éternel. Et l'Éternel, par la
bouche du prophète Ézéchiel, parlant de la même époque et des calamités
prochaines qui s'abattront sur la chrétienté, déclare :
« Je l'ai livrée en pillage aux mains des étrangers, et pour
butin aux méchants de la terre, et ils la profaneront... Fabrique
la chaîne [lie-les, unis-les ensemble ; qu'ils fassent cause commune] ;
car le pays est plein de coulpe de sang, et la ville [Babylone, la chrétienté]
est pleine de violence. Et je ferai venir les iniques des nations [D. ;
Maredsous : « les plus barbares des païens » — Trad.], et ils
posséderont leurs maisons ; et je ferai cesser l'orgueil des forts, et
leurs sanctuaires [leurs lieux sacrés, leurs institutions religieuses,
etc.] seront profanés. » Ezéch. 7 : 13-24.
On peut comprendre, par ces paroles, que le soulèvement des masses de la
chrétienté dans l'anarchie, sera au moment où prévaudra l'absence de
toute loi, extrêmement brutal et sauvage au point de dépasser en cruauté
et en barbarie toutes les invasions païennes, comme ce fut le cas dans la
Révolution française. Ou bien ces paroles peuvent avoir trait à un soulèvement
des peuples de l'Inde, de la Chine et de l'Afrique contre la chrétienté
: une telle suggestion fut déjà faite par la presse publique lors de la
renaissance de la Turquie et du soulèvement de millions de mahométans.
Toutefois, nous pensons quant à nous que les « iniques des nations »
sont ceux de la chrétienté qui sont « sans Dieu » et sans avoir
de sentiments chrétiens ni d'espérances chrétiennes ; qui, jusqu'ici,
ont été retenus et tenus en échec par l'ignorance, la superstition et
la crainte, mais qui, à l'aube du vingtième siècle, se libèrent
rapidement de ces influences contraignantes.
Par sa providence souveraine, l'Éternel prendra la charge générale de
cette immense armée de mécontents, formée de patriotes, de réformateurs,
de socialistes, de moralistes, d'anarchistes, d'ignorants et de désespérés
; il fera concourir selon sa sagesse divine, leurs espérances, leurs
craintes, leurs folies et leur égoïsme à l'accomplissement de ses
desseins grandioses dans le renversement des institutions actuelles, et
pour préparer l'homme au Royaume de Justice. C'est pour cette seule
raison que cette armée est appelée « l'immense armée de l'Éternel ».
Aucun de ses saints — aucun de ceux qui sont conduits par l'esprit de
Dieu comme fils de Dieu, n'aura quelque chose à faire avec cette partie
de la « bataille ».
LES CIRCONSTANCES DANS LESQUELLES AURA LIEU CETTE BATAILLE
SONT SANS PRÉCÉDENT
Selon les prédictions des prophètes, les circonstances dans lesquelles
aura lieu cette bataille n'auront pas eu leur pareille dans l'histoire.
Comme nous l'avons déjà suggéré, ce conflit final est dépeint d'une
manière vivante et dans des symboles du Psaume 46 (Comparer également
Ps. 97 : 2-6 ; Esaie 24 : 19-21 ; 2 Pi. 3 : 10). Les collines (les
gouvernements moins élevés, moins autocratiques) sont déjà en train de
fondre comme de la cire ; ces gouvernements conservent encore leur forme,
mais au fur et à mesure que la terre (la société) s'embrase, ils cèdent
à ses exigences, et petit à petit ils s'abaissent au niveau des
revendications populaires. La Grande-Bretagne représente bien cette
classe de gouvernements. Les hautes montagnes (représentant des
gouvernements autocratiques) seront « ébranlées » par des révolutions,
et finalement, seront « jetées au cœur de la mer » — complètement
détruites dans l'anarchie. Déjà, les « eaux » de la « mer »
« mugissent » contre les remparts de l'organisation sociale
actuelle ; avant longtemps, la
terre (l'édifice social actuel) chancellera comme un homme ivre,
cherchant en vain à rester debout, à se maintenir et à se rétablir ;
bientôt, la terre sera complètement « bouleversée » [Crampon, Seg. «
transportée de sa place » — D.] pour faire place à la «
nouvelle terre » (au nouvel ordre social) ou la droiture (la
justice) régnera.
Il sera impossible de rétablir l'ordre actuel des choses : (1) parce
qu'il a évidemment atteint le terme de son utilité et n'est pas équitable
dans les conditions présentes ; (2) à cause de la diffusion générale
de la connaissance profane ; (3) il est maintenant manifeste que le
cléricalisme a longtemps aveuglé et enchaîné les masses par l'erreur
et la crainte, ce qui conduira à un mépris général de toutes
affirmations et enseignements religieux comme ne faisant qu'un avec les
tromperies découvertes ; (4) parce que le monde religieux, en général,
ne discernant point que le temps de Dieu est venu pour un changement de
dispensation, ignorera la raison, la logique, la justice et l'Écriture en
défendant le présent ordre de choses.
Il importe donc peu que les cieux ecclésiastiques (les pouvoirs religieux,
la papauté et le protestantisme) se soient unis comme un livre qu'on
enroule (Ésaïe 34 : 4 ; Apoc. 6 : 14). La puissance religieuse que la
chrétienté retirera de cette union sera complètement vaine contre la
marée montante de l'anarchie lorsque la terrible crise se produira.
Devant cette immense armée, « toute l'armée des cieux [l'église
nominale] sera fondue, et les cieux seront enroulés comme un livre [les
deux grands corps qui constituent les cieux ecclésiastiques, c'est-à-dire
la papauté et le protestantisme, formant les deux extrémités distinctes
du rouleau, sont en train, même maintenant, de se rapprocher rapidement
l’un de l'autre, de s'enrouler, comme nous l'avons montré] ; et toute
leur armée tombera [s'abattra non pas d'un seul coup, mais graduellement,
quoique rapidement] comme une feuille tombe de la vigne, et comme ce qui
tombe du figuier. » (Esaïe 34 : 4). Finalement, ces « cieux en feu
seront dissous, et les éléments [dont ils sont composés] embrasés se
fondront. » — 2 Pi 3 : 12.
« Quand même ils sont comme des ronces entrelacées [car le
protestantisme et la papauté ne peuvent jamais s'incorporer d'une manière
parfaite ; chacun sera une épine pour l'autre], et comme ivres de leur
vin [enivrés de l'esprit du monde], ils seront consumés [ils seront anéantis
dans la grande tribulation, et, comme systèmes religieux, complètement détruits]
comme du chaume sec, entièrement » ; car l'Éternel « détruira entièrement
: la détresse ne se lèvera pas deux fois. » Promesse bénie ! «
Car voici, le jour vient, brûlant comme un four : et tous les orgueilleux,
et tous ceux qui pratiquent la méchanceté seront du chaume, et le jour
qui vient les brûlera, dit l'Éternel des armées, de manière à ne leur
laisser ni racine, ni branche [pour un développement futur]. — Nahum 1 :
9, 10 ; Mal. 4 : 1.
« LE TEMPS DE DÉTRESSE POUR JACOB »
Tandis que le temps de tribulations et de détresse de ce jour de l'Éternel
s'abattra d'abord et spécialement sur la chrétienté et définitivement
sur toutes les nations, le prophète Ézéchiel (38 : 8-12) nous
informe que le coup final sera donné sur le peuple d'Israël rassemblé
de nouveau en Palestine. Le prophète semble indiquer un rassemblement
beaucoup plus important d'Israël en Palestine dans cette période de la
moisson qu'il n'y en eut auparavant. Il les représente comme sortis des
nations en très grands nombres, ayant des richesses considérables, et
habitant les lieux de leur pays autrefois déserts. Tous seront chez eux
en sécurité au moment où le reste du monde sera dans son agitation la
plus insensée. — Ezéch. 38 : 11, 12.
Chacun peut voir qu'un tel rassemblement d'Israël en Palestine a déjà
commencé, mais il est tout à fait clair que leur exode des autres pays
devra recevoir une grande et soudaine impulsion afin d'accomplir cette
prophétie au temps marqué. Il reste à voir ce que sera cette impulsion,
mais selon les indications du prophète Jérémie, nous savons qu'elle
viendra certainement. (*) [Écrit en 1897 — Trad.] — Jér. 16 : 14-17,
21.
« Voici, des jours viennent, dit l'Éternel, où on ne dira plus : L'Éternel
est vivant qui a fait monter les fils d'Israël du pays d'Égypte ; mais
l'Éternel est vivant, qui a fait monter les fils d'Israël du pays du
nord [Russie ?], et de tous les pays où il les avait chassés. Et je les
ramènerai dans leur terre, que j'ai donnée à leurs pères. Voici, Je
mande beaucoup de pêcheurs, dit l'Éternel, et ils pêcheront ; et après
cela je manderai beaucoup de chasseurs, qui les prendront comme du gibier
de dessus toutes les montagnes, et de dessus toutes les collines et des
trous des rochers. Car mes yeux sont sur toutes leurs voies ; elles ne
sont pas cachées de devant ma face, ni leur iniquité mise à couvert de
devant mes yeux... Ils sauront que mon nom est l'Éternel. »
Nous ne doutons pas un seul instant que l'Éternel soit parfaitement
capable d'accomplir cela. Dans toutes les nations, la question se pose,
embarrassante : « Qu'allons-nous faire des Juifs ? ». Dans une crise
d'un proche avenir que la providence souveraine de l'Éternel suscitera
d'une manière soudaine, cette question provoquera, comme l'indique le
prophète, quelque action concertée par les nations pour les diriger vers
le pays de la promesse. Et de même qu'ils partirent d'Égypte en hâte,
avec leurs troupeaux et leurs biens, aidés des Égyptiens qui disaient :
« Levezvous, sortez du milieu de mon peuple, ... prenez votre menu bétail
et votre gros bétail, comme vous l'avez dit, et allez-vous-en » ; et de
même que l'Éternel fit trouver grâce au peuple aux yeux des Égyptiens
qui lui donnèrent tout ce qu'il demandait, de l'argent, de l'or et des vêtements
(Ex. 12 : 3136), ainsi, dans le prochain exode prédit par les prophètes,
les Juifs ne seront pas renvoyés à vide, mais apparemment il s'exercera
comme une pression soudaine sur les nations en faveur d'Israël, ainsi que
l'indique la prophétie susmentionnée d'Ézéchiel.
Cette race entreprenante, une fois rétablie dans le pays de la promesse,
et ainsi éloignée, pour un temps du moins, de la détresse des nations
qui régnera partout ailleurs, s'adaptera rapidement à la nouvelle
situation, et les lieux jusqu'ici désolés seront de nouveau habités.
Cependant, ce peuple châtié passera sous une nouvelle vague d'angoisse,
car, selon le prophète, la dernière phase de la bataille du grand jour
aura lieu en Palestine. La tranquillité et la prospérité relatives
d'Israël rassemblé de nouveau en Palestine vers la fin de ce jour de
trouble, ainsi que le fait qu'il sera exposé, sans défense, exciteront
peu à peu la jalousie d'autres peuples et inviteront ces derniers au
pillage. Lorsque toute loi et tout ordre seront abolis, Israël sera
finalement assiégé par des hordes de cruels pillards qu'Ézéchiel
appelle les armées de Gog et Magog (Ezéch. 38), et grande sera alors la
détresse d'Israël sans défense. « Hélas ; » dit le
prophète Jérémie, « que cette journée est grande ! Il n'y en a
point de semblable ; et c'est le temps de détresse pour Jacob, mais
il en sera sauvé. » — Jér, 30 : 7.
Sous l'image d'un seul homme, les armées de Gog et Magog sont représentées
disant : « Je monterai dans un pays de villes ouvertes, je viendrai vers
ceux qui sont tranquilles, qui habitent en sécurité, qui tous habitent là
où il n'y a pas de murailles et chez qui il n'y a ni barres ni portes ».
« Tu iras », dit le prophète, « pour emporter un butin et faire un
pillage, pour tourner ta main sur des lieux désolés [de nouveau] habités,
et sur un peuple rassemblé d'entre les nations, qui a acquis du bétail
et des biens, et habite le centre du pays » (Ezéch. 38 : 11-13). Le
prophète prédit ces événements comme s'il s'adressait aux armées,
disant : « Et tu viendras de ton lieu, du fond du nord [l'Europe et
l'Asie sont au nord de la Palestine], et beaucoup de peuples avec toi,
tous montés sur des chevaux, un grand rassemblement, et une nombreuse armée
: et tu monteras contre mon peuple Israël comme une nuée, pour couvrir
le pays. Ce sera à la fin [éd. 1937 : littéralement : le
dernier] des jours [apparemment la scène finale du jour de détresse],
et je te ferai venir sur mon pays, afin que les nations me
connaissent, quand je serai sanctifié en toi [mis à part, reconnu comme
ton vainqueur], ô Gog ! devant leurs yeux. » — Ezéch. 38 :
15-16.
Au milieu de la détresse, Dieu se révélera à Israël : Il lui fera
voir qu'Il est son défenseur comme jadis, au temps où il lui accordait
sa faveur en tant que nation. La détresse extrême des Israélites sera
l'occasion favorable de l'Éternel ; c'est alors que leur aveuglement
sera ôté. Nous lisons : « Et j'assemblerai toutes les nations [représentées
par les armées de Gog et Magog] contre Jérusalem, pour le combat ; et la
ville sera prise, et les maisons seront pillées, et les femmes violées,
et la moitié de la ville s'en ira en captivité ; et le reste du peuple
ne sera pas retranché de la ville. Et l'Éternel sortira et combattra
contre ces nations comme au jour où il a combattu au jour de la bataille. »
(Zach. 14 : 2, 3). Esaïe 28 : 21, se référant à la même chose, donne
en exemple comment l'Éternel délivra Israël des mains des Philistins à
Peratsim, et des Amorites à Gabaon, disant : « Car l'Éternel se lèvera
comme en la montagne de Peratsim, il sera ému de colère comme dans
la vallée de Gabaon. » Voir 2 Sam. 5 : 19-25 ; 1 Chron. 14 :
10-17 ; Jos. 10 : 10-15, comment Dieu ne dépendait pas de l'habileté
ou de la tactique humaines, mais mena ses batailles à sa propre manière.
Ainsi, dans cette bataille, Dieu apportera la délivrance en son propre
temps et à sa manière à lui.
Dans la prophétie d'Ézéchiel (38 : 1-13), l'Éternel nomme les
principaux acteurs dans la bataille en Palestine, mais nous ne pouvons
pas, d'une manière trop positive, les identifier. Magog, Méschec, Tubal,
Gomer, Togarma, Javan et Tarsis étaient les noms des enfants du fils de
Noé, Japheth — qu'on suppose être à l'origine les premiers
occupants de l'Europe. Sheba et Dedan étaient des descendants du fils de
Noé, Cham — qu'on suppose être à l’origine les premiers
occupants de l'Afrique du Nord. Abraham et sa postérité (Israël) étaient
des descendants du fils de Noé, Sem, qu'on suppose être à
l'origine les premiers occupants de l'Arménie (Asie occidentale). —
Voir Gen. 10 : 2-7. Ceci semblerait indiquer, d'une manière générale,
que l'attaque viendra de l'Europe, du « fond du nord », d'un mélange
de peuples alliés.
Le prophète Ezéchiel (38 : 18 à 39 : 20) décrit d'une manière
vivante la destruction complète des ennemis d'Israël, laquelle amène la
fin du temps de détresse et l'époque de l'établissement du royaume de
Dieu. On ne peut la comparer qu'à la terrible destruction du Pharaon et
de ses armées, lorsqu'ils essayèrent de s'emparer de nouveau d'Israël
que Dieu était en train de délivrer. Sur ce point également, la délivrance
d'Israël doit se faire « comme aux jours où tu sortis du pays d'Égypte »
— « des choses merveilleuses » — Michée 7 : 15.
Après avoir indiqué que l'arrivée de cette armée venue du fond du nord
contre Israël (rassemblé de nouveau en Palestine « au dernier jour »,
« ayant beaucoup de biens » et « habitant en sécurité ») serait
soudaine, et « comme une nuée pour couvrir le pays » (Ezéch. 38 :
1-17), le message ajoute : « Ainsi dit le Seigneur, l'Éternel : N'es-tu
pas celui dont j'ai parlé dans les jours d'autrefois, par mes serviteurs
les prophètes d’Israël, qui, en ces jours-là, pendant des années,
ont prophétisé que je te ferais venir contre eux ? » L'Éternel fait
ensuite connaître sa résolution de détruire la méchante armée, et la
description semble indiquer que cette destruction s'accomplira par une
manifestation violente et brusque de jalousie, de révolution et
d'anarchie parmi les divers éléments qui composeront cette armée hétérogène
: une révolution et un conflit qui suivront la révolution et le conflit
de chacun des gouvernements des divers peuples, suivant ainsi
l'insurrection et l'anarchie universelles après le grand tremblement de
terre d'Apoc. 16 : 18-21.
Tous les prophètes témoignent que la puissance de Dieu sera manifestée
d'une manière si merveilleuse dans la délivrance d'Israël, car
il combattra pour Israël (et incidemment pour tous) avec des armes que
nulle puissance humaine ne pourra maîtriser, y compris la peste et
diverses calamités répandues sur les méchants (les adversaires d'Israël
et de Dieu) jusqu'à ce que le monde entier sache rapidement que l'Éternel
a accordé de nouveau sa faveur à Israël, et qu'il est de nouveau son
roi comme dans les temps anciens ; bientôt, le monde entier aussi bien
qu'Israël, apprendront a apprécier le Royaume de Dieu, lequel deviendra
rapidement le désir de toutes les nations.
Comme porte-parole de l'Éternel, le prophète Ezéchiel (39 : 21-29)
parle de l'issue glorieuse de cette victoire, et des résultats pour Israël
et pour le monde entier, disant :
« Et je mettrai ma gloire parmi les nations ; et toutes les nations
verront mon jugement, que j'aurai exécuté, et ma main, que j'aurai mise
sur eux. Et la maison d'Israël saura que je suis l'Éternel, leur Dieu, dès
ce jour-là et dans la suite. Et les nations sauront que la maison d'Israël
est allée en captivité, parce qu'ils ont été infidèles envers moi [en
rejetant Christ — Rom. 9 : 29-33], et que je leur avais caché ma face,
et que je les avais livrés en la main de leurs ennemis [durant tous les
siècles de la dispensation chrétienne ; et] ils sont tous tombés par l'épée.
Je leur ai fait selon leur impureté et selon leurs transgressions, et je
leur ai caché ma face.
« C'est pourquoi [maintenant que ce châtiment est terminé], ainsi dit
le Seigneur, l'Éternel : Maintenant, je rétablirai les captifs de Jacob
et j'aurai compassion de toute la maison d'Israël [vivants et morts, les
« temps de rétablissement étant venus » — Actes 3 :
19-21], et je serai jaloux de mon saint nom, quand ils auront porté leur
confusion, et toutes leurs infidélités par lesquelles ils ont été
infidèles envers moi, alors qu'ils habiteront en sécurité dans leur
terre et qu'il n'y aura personne qui les effraye, quand je les aurai ramenés
d'entre les peuples et que je les aurai rassemblés des pays de leurs
ennemis, et que je serai sanctifié en eux aux yeux de beaucoup de
nations. Et ils sauront que je suis l'Éternel, leur Dieu, parce que je
les ai emmenés captifs parmi les nations, et que je les aurai rassemblés
dans leur terre, et que je n'en aurai laissé là aucun de reste. Et je ne
leur cacherai plus ma face, parce que j'aurai répandu mon Esprit sur la
maison d'Israël. » « Et du couchant, ils craindront le nom de l'Éternel,
et du lever du soleil sa gloire. Quand l’ennemi viendra comme un fleuve,
l'Esprit de l'Éternel [par le moyen d'Israël selon l'esprit, à travers
l'Age de l'Évangile] lèvera un étendard contre lui. Et le rédempteur
viendra à Sion [l'Église, « le corps de Christ »] et vers ceux
qui, en Jacob, reviennent de [leur] rébellion, dit l'Éternel. »
— Esaïe 59 : 19, 20 ; Comp. Rom. 11 : 25-32.
« L'Éternel est bon, un lieu fort au jour de la détresse, et il connaît
ceux qui se confient en lui. » Mais « qui tiendra devant son
indignation, et qui subsistera devant l'ardeur de sa colère ?... Il détruira
entièrement [l'iniquité] ; la détresse ne se lèvera pas deux
fois. » — Nah. 1 : 7, 6, 9.
C'est ainsi que pour la bataille du grand jour de Dieu Tout-Puissant, le
monde entier sera préparé pour le jour nouveau et son immense travail de
rétablissement. Bien que l'heure de veille sera chargée de nuages et de
profondes ténèbres, Dieu soit loué pour l'assurance bénie qu'Il donne
que l’œuvre de destruction sera « de courte durée » (Matt. 24 : 22),
et qu'immédiatement après, le glorieux Soleil de justice commencera à
briller. « La terre [la vieille structure sociale actuelle] sera [ainsi]
ébranlée deçà et delà comme une cabane » (Ésaïe 24 : 19,
20) afin de faire place à la nouvelle construction de Dieu, les nouveaux
cieux et la nouvelle terre où la justice habite. — 2 Pi. 3 : 13 ; Esaïe
65 : 17.
Depuis que tout ce qui précède est parti à l'impression, un article
d'un ancien numéro de Tribune de N. Y. ( 26 juin 1897), tout à
fait à-propos, est venu à notre connaissance. Il est si en accord avec
les suggestions que nous avons faites concernant « l'immense armée de l'Éternel »
qui est présentement en préparation, que nous en reproduirons ici un
extrait :
« LA COURONNE OU LE PEUPLE ? »
« A QUEL CHOIX POURRONT ÊTRE APPELÉES
CERTAINES ARMÉES D'EUROPE DANS LE
PROCHE AVENIR »
« Il y a moins de quarante ans, des troupes, par obéissance aux
ordres de leurs souverains, pointaient leurs fusils sur le peuple,
fusillaient et tuaient à la baïonnette des hommes, des femmes et même
des enfants jusqu'à ce que le sang ruisselât comme de l'eau dans les
rues de Berlin, de Vienne, et de nombreuses autres capitales de l'ancien
monde. Il ne s'agissait pas d'une simple populace de vagabonds et de
mendiants avec qui les militaires avaient affaire, mais de citoyens aisés
et très instruits — des hommes de métier, des négociants, des
industriels, des politiciens et des législateurs — en fait, tous ces éléments
qui constituent ce qu'on appelle dans l'ancien monde la « bourgeoisie »
et les classes moyennes, et qui essayaient d'obtenir les droits politiques
solennellement promis par les termes des constitutions décrétées par
leurs gouvernants respectifs, mais que ces derniers refusaient de mettre
en application jusqu'à ce qu'ils y fussent contraints par le peuple.
« LA QUESTION SE POSE EN ITALIE
»
« Si les troupes étaient aujourd'hui sommées de faire feu sur leurs
compatriotes, manifesteraientelles une obéissance semblable au
commandement de l'Oint de l'Éternel » ? C'est une question qui préoccupe
les têtes couronnées de l'Europe, beaucoup plus que les gens de ce
pays-ci ne sont disposés à le croire à l'heure actuelle. Pourtant, ces
derniers jours, elle est venue à l'attention du public sous la forme
d'une proposition soumise au Parlement italien, demandant que le mot «
nationale » soit substitué au mot « royale » dans la définition
de l'armée. La motion fut en fin de compte repoussée par le parti ministériel
qui possède une majorité dans la législature. Pourtant, les arguments
avancés par les partisans de la motion étaient, non seulement logiques,
mais puissants ; ils ne manqueront pas d'intéresser fortement le peuple
d'Italie aussi bien que toutes les autres nations civilisées, et ils
doivent sûrement avoir donné matière à réflexion au roi Humbert,
ainsi qu'aux monarques son frère et sa sœur.
[L'article fait remarquer que, sans agitation spéciale, le commandement
de l'armée anglaise avait été remis au cours des trois années précédentes
au Parlement, représenté par le ministre de la Guerre, alors
qu'auparavant, l'armée avait été directement attachée à la couronne
parce que son commandant en chef était un prince de sang royal qui détenait
sa charge comme représentant de la reine. Il semble que la reine ait,
tout naturellement et pendant longtemps, cherché à conserver ce dernier
soutien de la souveraineté, mais sans aucun résultat. En France également,
on peut constater la jalousie du peuple touchant la direction de l'armée,
par le fait qu'on refusa de nommer un général comme commandant suprême
et que ce poste est confié à un ministre de la Guerre qu'on peut changer
et qui représente le parti vainqueur aux élections. L'article continue
ainsi :]
« UN CONFLIT IMMINENT EN ALLEMAGNE »
« En Italie, on ne considère plus un conflit de ce genre comme imminent.
Mais on ne peut nier qu'en Allemagne, on appréhende quelque chose de
cette nature, et plus spécialement en Prusse, où le monarque et le
peuple s'éloignent l'un de l'autre un peu plus chaque jour. Il est
manifeste que l'empereur Guillaume anticipe une telle lutte, car dans
toutes ses déclarations faites récemment chaque fois qu'il a l'occasion
de s'adresser à ses troupes, et tout particulièrement à Bielefeld la
semaine dernière, son thème favori est que le devoir des soldats est de
se tenir prêts à défendre au péril de leur vie leur souverain et son
trône, non pas tant contre l'ennemi à l'étranger que contre les ennemis
à l'intérieur de l'empire, et du royaume. Lorsqu'il préside la cérémonie
du serment des recrues, il ne manque jamais de leur rappeler que leur
premier devoir est envers sa personne plutôt qu'envers le peuple qui les
paie, et il ne se lasse jamais de discourir longuement sur ce qu'il décrit
comme le « vêtement du Roi », c'est-à-dire l'uniforme que lui,
comme beaucoup d'autres souverains, a choisi de considérer comme étant
la livrée, non de l'État ni de la Nation, mais du monarque à qui le
porteur de cette livrée est lié par des liens spéciaux d'allégeance,
de loyauté et d'obéissance aveugle et passive. On ne doit pas oublier
non plus que dans tous les cas de disputes et de luttes entre des civils
et des militaires, l'empereur soutient toujours ces derniers, même
lorsque la preuve est faite qu'ils sont les agresseurs ; il va même
jusqu'à pardonner ou diminuer les peines toujours indulgentes qui ont été
infligées à des officiers accusés d'avoir, étant ivres, blessé
gravement, et dans certains cas tué des civils sans armes et inoffensifs.
« ATTITUDE DE L'ARMÉE ALLEMANDE »
« Quelle sera l'attitude de l'armée si devait éclater la lutte
pressentie entre la Couronne et le peuple ? A la cour et dans les cercles
officiels de Berlin, on croit que l'empereur pourra compter sur ses
troupes. Mais cette opinion n'est nullement partagée par le peuple lui-même,
ni même par les chefs allemands de la politique actuelle. Les simples soldats et les caporaux de l'armée ne sont
plus, comme autrefois, des paysans ignorants, incapables soit de lire, d'écrire
ou même de penser par eux-mêmes, mais ce sont des hommes réfléchis,
instruits, à qui l'on a enseigné à l'école quels sont les droits et
les prérogatives constitutionnelles pour lesquels leurs grands-pères et
leurs pères ont lutté en vain. Ils connaissent, aussi, suffisamment
d'histoire pour apprécier le fait que dans toutes les luttes entre la
Couronne et le peuple, c'est toujours ce dernier qui a fini par remporter
la victoire ».
CONFIANCE
EN DIEU
Si, sur une mer
d'huile,
Je
vogue calmement,
0
Dieu, vers toi, mon cœur tranquille
Trouvera
le bon vent.
Mais si la vague écume
Retardant
mon transport,
Bénis
soient l'ouragan, la brume
Qui
m'attirent au port.
Bientôt, flots et
tempête
T'obéiront
Seigneur,
Ton
amour, de l'âme inquiète,
Chassera
la frayeur.
Fais qu'en toute
fortune,
J'aime
ta volonté,
Que
rien ne cause une lacune
A
ma fidélité.
(Hymne 106)
*
* * |