ÉTUDES
DANS LES ÉCRITURES
VOLUME
IV - LE
JOUR DE LA VENGEANCE
« LA BATAILLE D'HARMAGUEDON »
ÉTUDE
III
LE JOUR DE VENGEANCE EST NÉCESSAIRE ET JUSTE
Sur cette génération, type et antitype. — La grande tribulation est
le résultat logique de causes antérieures. — Les responsabilités de
la « chrétienté » et comment elle les a assumées. — Les
responsabilités des autorités civiles, des chefs religieux, et des
diverses personnalités de tout rang dans les pays civilisés. — Le
rapport des nations païennes avec la chrétienté et la détresse. — Le
jugement de Dieu. — « A moi la vengeance, à moi la rétribution, dit
l'Éternel ».
« En vérité, je vous dis : toutes ces choses viendront sur cette génération
» — Matt. 23 : 34-36 ; Luc 11 : 50, 51.
A
ceux qui ne sont pas habitués à peser des principes importants considérés
à travers une philosophie morale exacte, il peut paraître étrange
qu'une génération doive subir le châtiment des crimes accumulés de
plusieurs générations qui l’ont précédée ; pourtant, puisque c'est
bien là le jugement formel de Dieu qui ne peut se tromper, il doit y
avoir des motifs puissants et sérieux pour justifier pleinement sa décision.
Dans le texte ci-dessus, notre Seigneur déclarait qu'il devait en être
ainsi pour la génération d'Israël selon la chair à laquelle il
s'adressa à la fin de l'Age typique juif. Dieu redemanderait aux Juifs le
sang des justes répandu sur la terre, depuis le sang du juste Abel
jusqu'au sang de Zacharie tué entre le temple et l'autel — Matt. 23 :
35.
C'était
là une terrible prophétie, mais on n'y ajouta aucune foi ; cependant,
elle s'accomplit à la lettre, à peu près trente-sept ans plus tard,
quand des luttes civiles et des envahisseurs hostiles accomplirent le
terrible châtiment. Le récit de ce temps nous apprend que les habitants
de la Judée, par jalousie, étaient divisés en de nombreuses factions
qui se combattaient, et qu'une méfiance mutuelle avait atteint son point
culminant. Des amis devinrent des ennemis ; des liens de familles furent
rompus, et chaque homme avait son frère en suspicion. Le vol, l'imposture,
l'assassinat sévissaient comme jamais, et chacun avait sa vie en danger.
Même le temple n'était pas un lieu de refuge. Le grand-prêtre fut tué
alors qu'il accomplissait le culte public. Puis, poussée au désespoir
par le massacre de ses frères à Césarée, et apparemment vouée partout
au carnage, la nation tout entière s'unit dans la révolte. La Judée fut
ainsi amenée en rébellion ouverte contre Rome et porta un défi au monde
civilisé tout entier.
Vespasien
et Titus furent envoyés pour la punir, et sa destruction fut terrible.
Une à une les villes furent détruites et, en dernier lieu, Titus fit le
siège de Jérusalem. Au printemps de l'an 70 de notre ère, lorsque la
ville fut comble de gens venus pour célébrer la Pâque, Titus disposa
ses troupes devant les murs de la ville ; les habitants emprisonnés
devinrent bientôt la proie de la famine, de l'épée des envahisseurs et
de la guerre civile. Si quelqu'un essayait de sortir de la ville, il était
crucifié par les Romains. La famine devint telle que des parents égorgèrent
leurs enfants pour les manger. Selon Josèphe, le nombre de ceux qui périrent
à ce moment-là dépassa un million ; la ville et le temple furent réduits
en cendres.
Tel
fut l'accomplissement de la prophétie précitée sur Israël charnel
rebelle à la fin de cet Age de faveurs comme peuple choisi de Dieu. Et
maintenant, à la fin de cet Age de l'Évangile, selon la signification élargie
de la prophétie, une détresse semblable, parallèle à celle-là fond
sur Israël spirituel nominal qui, dans son sens plus large, est la chrétienté
— « un temps de détresse telle qu'il n'y en a pas eue depuis qu'il
existe une nation », donc dans un certain sens plus terrible même
que celle qui frappa la Judée et Jérusalem. Nous ne pouvons guère nous
imaginer une détresse plus grande encore que celle décrite plus haut, si
ce n'est qu'elle sera plus générale et plus universelle et aussi plus
destructrice, ainsi que le font prévoir les engins modernes de guerre. Au
lieu de se limiter à une nation ou à une province, elle englobera le
monde entier, en particulier le monde civilisé, la chrétienté, Babylone.
Il
nous est donc permis de considérer cette visitation de colère sur Israël
selon la chair comme une préfiguration de l'indignation et de la colère
plus grandes qui doivent se déverser sur la chrétienté à la fin de cet
Age. Ceux qui, dans leur précipitation, inclinent à considérer cette
conduite du Tout-Puissant à l'égard de cette génération comme injuste,
ne font que manifester leur incompréhension de cette loi parfaite de rétribution
laquelle, sûrement, bien que souvent lentement, produit des résultats inévitables.
La justice, bien plus, la nécessité et la philosophie d'une telle loi
apparaissent très clairement à celui qui, réfléchi et révérencieux,
loin d'être enclin à accuser Dieu d'injustice, applique son cœur à
l'instruction de sa Parole.
LA GRANDE TRIBULATION EST UN EFFET LÉGITIME
DE CAUSES ANTÉRIEURES
Aujourd'hui,
nous nous trouvons dans une période qui couronne des Ages d'expérience
lesquels devraient être, à certains égards, grandement au profit du
monde ; ils devraient l'être en particulier à cette partie du monde
qui a été favorisée, directement et indirectement, par la lumière de
la vérité divine, c'est-à-dire à la chrétienté, Babylone, dont la
responsabilité à cause de cette charge est donc très grande. Dieu
demandera compte aux hommes, non seulement de ce qu'ils savent, mais aussi
de ce qu'ils auraient pu savoir s'ils avaient appliqué leur cœur à
l'instruction, aux leçons que l'expérience (la leur et celle des autres)
est destinée à enseigner : si les hommes ne veulent pas prêter
attention aux leçons de l'expérience, ou s'ils les méprisent de propos
délibéré, ils doivent alors en subir les conséquences.
Devant
la prétendue chrétienté se déploie au grand jour l'histoire de tous
les temps passés, aussi bien que la révélation divinement inspirée. Et
quelles leçons elles renferment ! Des leçons d'expérience, de sagesse,
de connaissance, de grâce et d'avertissements. En profitant des expériences
des générations passées en ce qui concerne les diverses branches de
l'industrie, de l'économie politique, etc., le monde a fait des progrès
très louables dans le domaine matériel. Beaucoup des commodités et du
confort de notre civilisation actuelle sont dus, pour une large part, à
l'application des leçons observées dans les expériences des générations
passées. L'art de l'imprimerie a mis ces enseignements à la portée de
chacun. Dans ce seul domaine, la génération actuelle jouit de tous les
avantages possibles : toute la sagesse et toute l'expérience accumulées
du passé s'ajoutent aux siennes propres. Mais les grandes leçons morales
que les hommes auraient dû également étudier et apprendre ont été généralement
négligées, même quand forcément elles s'imposaient à l'attention
publique. L'histoire est remplie de ces leçons pour l'esprit réfléchi,
enclin à la droiture, et les hommes d'aujourd'hui en possèdent encore
davantage que ceux de n'importe quelle autre génération passée. Des
esprits observateurs l'ont de temps en temps remarqué et fait remarquer.
Ainsi, le Professeur Fisher, dans la préface de son ouvrage sur le début,
le progrès et la chute des empires, dit très bien « Qu'il y ait dans la
succession d'événements humains l'exercice d'une loi, cela ressort avec
certitude des faits observés. Les événements ne jaillissent pas sans
liaison avec les choses antérieures qui leur ont frayé le chemin. Ils
sont reconnus pour être les résultats naturels des temps qui les ont précédés.
Des événements antérieurs les ont, pour ainsi dire, préfigurés ».
Cela
est bien vrai : il n'y a pas d'effet sans cause, les pages de l'histoire
le démontrent de la manière la plus marquante. Selon cette loi, qui est
la loi de Dieu, la semence des semailles du passé doit germer, se développer
et porter du fruit, de même qu'une moisson, tôt ou tard, est inévitable.
Dans le Volume
2, nous avons montré que l’époque de la moisson de l'Age de
l'Évangile est déjà là ; qu'elle commença en 1874 quand le temps de
la présence du Seigneur de la moisson fut arrivé, et que si, depuis
cette date, un grand travail de moisson s'est poursuivi, nous nous
approchons maintenant sensiblement de l'extrême fin de la période de la
moisson, où l'ivraie doit être brûlée et où les grappes mûres de la
« vigne de la terre » (les fruits mûrs de la fausse vigne — Babylone)
doivent être rassemblées et foulées pour disparaître entièrement Apoc.
14 : 18-20.
LES RESPONSABILITÉS DE LA CHRÉTIENTÉ
ET COMMENT ELLE LES ASSUME
Babylone,
la chrétienté, a possédé longtemps le pouvoir, et a eu de nombreuses
occasions à la fois d'apprendre la droiture et de la pratiquer, aussi
bien que d'être souvent avertie d'un jugement à venir. Durant tout cet
Age de l'Évangile, elle a eu dans son milieu les saints de Dieu, des
hommes et des femmes pieuses, dans l'abnégation, semblables à Christ,
— « le sel de la terre ». De leur bouche, elle a entendu le message du
salut, par l'exemple de leur vie, elle a discerné les principes de la vérité
et de la droiture, elle les a entendu discuter de la justice et du
jugement à venir. Mais elle a méprisé ces épîtres vivantes de Dieu.
Plus encore, ses nations dites chrétiennes, avides de gain, ont couvert
d'opprobre le nom de Christ parmi les païens, faisant suite au
missionnaire chrétien avec le maudit trafic de rhum et autres méfaits de
la « civilisation », et le vrai embryon du royaume des cieux (composé
seulement des saints dont les noms sont écrits dans les cieux) a souffert
la violence dans Babylone et par son autorité. Elle les a haïs et persécutés
par ses décrets jusqu'à les faire mourir, de sorte que, durant les siècles,
des milliers d'entre eux ont, par leur sang, scellé leur témoignage.
Comme leur Maître, ils ont été haïs sans raison, rejetés comme le
rebut de la terre à cause de la justice, et leur lumière fut constamment
éteinte afin que les ténèbres préférées puissent régner et avoir
l'occasion d'opérer l'iniquité. Oh ! combien est sinistre cette histoire
de la chrétienté ! Le système de la « mère » est « ivre du sang des
saints et des martyrs de Jésus ». Elle et ses filles toujours aveugles
sont encore prêtes à persécuter et à décapiter Apoc. 20 : 4, d'une
manière plus raffinée, il est vrai, tous ceux qui sont fidèles à Dieu
et à sa vérité, et qui osent d'une manière douce pourtant, leur
montrer clairement la Parole de Dieu qui les réprouve.
Les
pouvoirs civils de la chrétienté ont été mis en garde fréquemment
lorsque, l'un après l'autre, les empires et les royaumes sont tombés à
cause de leur corruption. Même aujourd'hui, si les puissances en place
voulaient écouter, elles pourraient entendre un dernier avertissement du
prophète inspiré de Dieu qui dit : « Et maintenant, ô rois, soyez
intelligents ; vous, juges de la terre, recevez instruction : Servez l'Éternel
avec crainte, et réjouissez-vous avec tremblement. Baisez le Fils, de
peur qu'il ne s'irrite, et que vous ne périssiez dans le chemin, quand sa
colère s'embrasera tant soit peu... Pourquoi s'agitent les nations, et
les peuples méditent-ils la vanité ? Les rois de la terre se lèvent [en
opposition], et les princes consultent ensemble contre l'Éternel et
contre son Oint, disant : Rompons leurs liens, et jetons loin de nous
leurs cordes ! ». Mais leur résistance ne servira à rien, car « Celui
qui habite dans les cieux se rira [d'eux], le Seigneur s'en moquera. Alors
[comme ils persistent à ne pas écouter ses avertissements] il leur
parlera dans sa colère, et dans sa fureur, il les épouvantera » — Ps.
2 : 10-12, 1-5.
Puis
encore, comme cela est représenté par les principes simples et
maintenant bien connus de sa sainte loi, « Dieu se tient dans l'assemblée
des puissants [de ceux qui détiennent l'autorité] ; il juge au
milieu des dieux [des gouvernants] disant :Jusques à quand
jugerez-vous injustement et ferez-vous acception de la personne des méchants
? Faites droit au misérable et à l'orphelin, faites justice à l'affligé
et au nécessiteux. Délivrez le misérable et le pauvre, sauvez-le de la
main des méchants » Ps. 82 : 1-4. L'importance et l'urgence de ce
conseil, par les exigences des temps actuels, forcent l'attention des
autorités ; la presse quotidienne en est un témoin constant ; nombreux
sont, d'autre part, les avertissements de gens sérieux qui voient le
danger provenant de la négligence générale de ce conseil. Même des
hommes du monde qui interrogent l'avenir du seul point de vue utilitaire,
discernent la nécessité d'adopter la ligne de conduite conseillée par
les prophètes.
Feu
l'Empereur Guillaume d'Allemagne avait discerné cela, comme nous le
voyons d'après le correspondant à Berlin de l'Observatore Romano (1880)
:
« Lorsque l'Empereur Guillaume reçut la nouvelle du dernier horrible
attentat à la vie du Tsar, il prit un air très grave, et après quelques
minutes de silence il déclara d'un ton mélancolique mais assez énergique :
Si nous ne changeons pas la direction de notre politique, si nous ne
pensons pas sérieusement à donner une instruction solide à la jeunesse,
si nous ne donnons pas la première place à la religion, si nous ne prétendons
seulement qu'à gouverner au jour le jour, nos trônes seront renversés
et la société deviendra la proie des plus terribles événements. Nous
n'avons plus de temps à perdre, et ce sera un grand malheur si tous les
gouvernements n'arrivent pas à un accord dans cette œuvre salutaire de répression ».
Dans
son ouvrage, largement répandu en Allemagne et, intitulé Réforme ou
Révolution, l'auteur, M. von Massow, qui n'est ni un socialiste, ni
un radical (*) [« radical » au sens américain : extrémiste — Trad.], mais un
conservateur, et le Président du Comité central des ouvriers des
Colonies, accuse ses compatriotes de mener une « politique d'autruche »,
d'imiter l'habitude proverbiale de cet oiseau qui se cache la tête dans
le sable, en croyant qu'il devient ainsi invisible parce que lui-même ne
peut pas voir. Von Massow écrit :
«
Nous pouvons ignorer des faits, mais nous ne pouvons les changer. Il n'y a
aucun doute que nous sommes à la veille d'une révolution. Tous ceux qui
ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre doivent l'admettre.
Seule, une société submergée par l'égoïsme, la satisfaction de soi et
la chasse au plaisir peut nier cela ; seule, une telle société
continuera à danser sur le volcan, refusera de voir le Méné-Tékel,
et continuera à croire en la puissance des baïonnettes.
«
La grande majorité des gens instruits n'ont aucune idée de l'ampleur de
la haine qui fermente dans les classes moins élevées. Le parti social-démocrate
est considéré comme n'importe quel autre parti, et cependant il ne se
soucie pas de droits politiques, ni de réformes administratives, ni de
nouvelles lois. Ce parti se fonde sur le désir des classes « populaires »
de jouir de la vie, de goûter à des plaisirs dont ceux qui n'ont jamais
possédé un billet de cent marks ont une conception tout à fait déformée...
Naturellement, l'ordre sera vite rétabli [après le régime socialiste],
mais en quel état sera le pays ! Il y aura d'innombrables infirmes,
veuves et orphelins les banques publiques et les banques privées auront
été dépouillées ; les chemins de fer, les télégraphes, les routes,
les ponts, les demeures, les usines, les monuments — tout sera démoli,
et ni l'Union, ni les États, ni les villes, ni les paroisses ne seront
capables de trouver les millions qu'il en coûterait pour restaurer même
une fraction de ce qui est détruit. Il est presque incroyable que rien ne
soit fait pour parer au danger. Ce n'est pas de charité qu'on a besoin,
mais de cœurs généreux qui veulent montrer quelque égard pour les
classes « populaires ». L'amour, l'amour qui étreint tout, vaincra une
grande partie de la haine qui fermente. Un grand nombre peut être perdu
sans rémission, mais il y en a également des millions qu'on peut encore
gagner si la preuve est donnée qu'il leur est possible d'obtenir une
existence digne d'un être humain, qu'ils n'ont pas besoin, comme c'est
exactement le cas maintenant, d’être plus malheureux
que les animaux, lesquels au moins sont logés et nourris ».
L'auteur
continue longuement afin d'ouvrir les yeux des gens de Berlin sur le
danger dans lequel ils vivent. « Les Berlinois », dit-il, «
s'imaginent qu'ils peuvent s'assurer la protection des Gardes, quelque 60
000 gaillards. Vaine espérance ! Pendant l'automne, lorsque les hommes
dont le temps est terminé quittent leurs régiments, et avant que les
nouvelles recrues soient arrivées, la garnison compte à peine 7 000
hommes. Une insurrection, dirigée par quelque ancien officier mécontent
pourrait trouver bientôt 100 000 et même 160 000 ouvriers pour y prendre
part. Tous ces hommes ont servi dans l'armée, sont aussi bien entraînés,
que leurs adversaires, et comprennent la nécessité de la discipline. Les
communications télégraphiques et téléphoniques seraient coupées, les
voies ferrées endommagées pour empêcher l'arrivée de renforts, les
officiers regagnant précipitamment leur poste seraient interceptés. Les
révolutionnaires pourraient faire sauter les casernes, abattre l'Empereur,
les Ministres, les généraux, les fonctionnaires, tous ceux qui portent
un uniforme, avant qu'une seule troupe de cavalerie ou qu'une batterie
d'artillerie ait pu, venir à leur secours ».
Mais
ceux qui détiennent l'autorité prennent-ils garde aux avertissements et
aux leçons solennelles de l'heure présente ? Non : comme le Prophète le
prédisait : « Ils ne connaissent ni ne comprennent, ils marchent dans
les ténèbres [jusqu'à ce que] tous les fondements de la terre [les
fondements de la société — les principes de loi et d'ordre établis
jusqu'ici] soient ébranlés » — « terriblement ébranlés » —
secoués pour qu'ils puissent être changés — Héb. 12 : 27 ; Ps. 82 :
5 ; Ésaïe 2 : 19.
Feu
l'Empereur d'Allemagne fit bien peu de cas des craintes que nous venons de
citer et exprimées par son grand-père. Il y a des années, en offrant au
prince de Bismarck une magnifique épée placée dans un fourreau en or,
l'Empereur déclara :
«
Devant ces troupes, je viens remettre mon présent à votre sérénissime
Altesse. Je ne pouvais trouver de meilleur présent qu'une épée, l'arme
la plus noble des Allemands, un symbole de cet instrument que votre
Altesse, au service de mon grand-père, aida à forger, à aiguiser, et
aussi à manier — un symbole de cette grande époque d'édification
durant laquelle le mortier fut de sang et de fer — un remède qui n'échoue
jamais, et qui, en cas de besoin, dans les mains de Rois et de Princes, préservera
également l'unité à l'intérieur de la Patrie, de même que lorsqu'il
fut appliqué au dehors du pays, il contribua à l'union interne ».
Commentant
cette expression, le Spectator de Londres dit :
«
Ceci est une déclaration des plus alarmantes autant qu'étonnante. En
Allemagne, on en donne deux explications courantes : l'une, qu'elle vise
tout état allemand qui prétendrait se séparer de l'Empire, et l'autre,
qu'elle annonce la décision de l'Empereur et de ses confédérés de
traiter par la force militaire si cela est nécessaire, avec les
Socialistes et les Anarchistes. Dans l'un ou l'autre cas, cette déclaration
était inutile et imprudente. Personne ne met en doute que l'Empire
allemand, qui en fait fut édifié par l'épée à Langensalza, aussi bien
que dans la guerre avec la France, décréterait l'occupation militaire de
tout État sécessionniste ; mais menacer tout parti, même les
Socialistes, de la loi martiale alors qu'il essaie de gagner grâce au
vote, c'est en fait, suspendre la Constitution en faveur d'un état de siège.
Nous ne supposons pas que l'Empereur
ait eu une intention quelconque de ce genre, mais il apparaît
clairement qu'il a songé à cette situation, qu'il sent la résistance
des Socialistes, et qu'il en tire la conclusion suivante : « Eh bien !
j'ai toujours l'épée, et c'est un remède infaillible ». Plus d'un roi
en est venu à conclure ainsi en lui-même, mais peu se sont laissé aller
jusqu'à estimer sage de penser tout haut sur un tel sujet. Expliquons
cela comme nous voulons, c'est une menace, et des monarques avisés ne
profèrent pas de menaces avant que l'heure de frapper soit arrivée ;
encore moins menacent-ils d'employer la violence militaire comme remède
à des griefs même internes. « L'épée, un remède » pour des maux
internes, et « un remède infaillible » ! Autant dire que le bistouri du
chirurgien est un remède infaillible contre la fièvre. Le Prince
Schwartzenburg, un Conservateur s'il en fût, essaya avec l'appui d'une
armée irrésistible ce dit remède, et dans des circonstances plus
favorables, et après une longue expérience, il tira une conclusion qui
constitue la plus sage de toutes les déclarations politiques et que
ferait bien de prendre en considération l'Empereur
allemand : « Vous pouvez faire tout ce que vous voulez avec des baïonnettes,
excepté de vous asseoir dessus ».
«
Qu'aurait pu dire un empereur romain qui fût plus énergique que « l'épée
est un remède infaillible » ? On trouve l'essence de la tyrannie dans
une phrase de ce genre et si l'Empereur l'a réellement prononcée après
réflexion, ce n'est pas un chef que l'Allemagne a en sa personne, mais un
maître absolu d'un type que toute l'histoire moderne nous montre comme étant
hors de saison. Bien entendu, il est possible que l'Empereur ait parlé
trop vite, sous l'influence de cette émotion semi-poétique, s'élevant
à demi d'un sens exagéré de sa propre personnalité, sens qu'il a
souvent trahi antérieurement ; mais si l'on doit accepter son propos à
la lumière d'un manifeste adressé à son peuple, alors tout ce qu'on
peut dire, c'est : « Quelle pitié ! Quelle source d'espérance vient de
disparaître ! ».
La
déclaration faite par le Tsar actuel de Russie, à savoir qu'il
soutiendrait l'autocratie avec autant d'ardeur que le fit son père, fut
une autre indication qu'on ne tient pas compte des solennels
avertissements de cette heure propice et de la Parole de Dieu. Et notez
comment elle fut reçue par le peuple de son empire, malgré toute l'énergie
officielle exercée pour museler la liberté d'expression. Un manifeste,
qui circula dans tout l'empire, fut publié par le parti des Droits du
peuple de Russie.
Ce
manifeste, sous forme de lettre adressée au Tsar, était remarquable par
son style clair et énergique. Après l'avoir blâmé pour la défense
qu'il prenait de son absolutisme, il déclarait :
« Les
plus avancés des Zemstvos ne demandaient que le bon accord entre le Tsar
et le peuple, la liberté d'expression, ainsi que la suprématie de la loi
sur l'arbitraire de l'exécutif. Vous avez été trompé et effrayé par
les comptes rendus des courtisans et des bureaucrates. La société
comprendra parfaitement que c'est la bureaucratie, jalouse de sa propre
omnipotence, qui a parlé par votre bouche. La bureaucratie, à commencer
par le Conseil des Ministres jusqu'au plus petit fonctionnaire de
province, hait tout développement, social ou individuel, et empêche
d'une manière active, les relations directes du monarque avec des représentants
de son peuple, sauf si ses sujets viennent en tenue de gala présenter des
félicitations, des icônes et des offrandes.
«
Votre déclaration a prouvé que tout essai d'exprimer devant le trône, même
de la façon la plus loyale, les besoins du pays, ne rencontre qu' un
refus brutal et dur.
La
société attendait de vous encouragement et secours, mais elle n'a
entendu qu'un rappel de votre omnipotence, donnant l'impression d'une
rupture complète entre le Tsar et le peuple. Vous avez vous-même détruit
votre propre popularité ; vous vous être aliéné toute cette classe de
la société qui, d'une manière pacifique, lutte pour le progrès.
Quelques individus jubilent de votre déclaration, mais vous découvrirez
sous peu leur impuissance.
«
Dans une autre classe de la société, votre déclaration a causé un
sentiment d'injure et d'abattement que, pourtant, les meilleures forces
sociales surmonteront bientôt avant de poursuivre la lutte pacifique mais
obstinée et volontaire nécessaire à la liberté. Dans un autre milieu
encore, vos paroles stimuleront le zèle au combat, par tous les moyens,
contre le haïssable état de choses actuel. C'est vous qui avez commencé
le premier la lutte. Avant peu, elle suivra son cours ».
Ainsi,
toutes les nations de la « chrétienté » trébuchent dans les ténèbres
si longtemps préférées. Même les États-Unis qui jouissent d'une
liberté dont ils sont fiers et qui, plus que toute autre nation, sont de
toutes manières si richement favorisés, ne font pas exception ; eux
aussi ont reçu de nombreux avertissements. Notez les paroles presque
prophétiques que le Président martyr Abraham Lincoln adressa à un ami
de l'Illinois, peu de temps avant d'être assassiné :
«
Oui, nous pouvons tous nous féliciter que cette guerre cruelle approche
de sa fin. Elle a coûté une somme énorme d'argent et de sang. Le
meilleur sang de la fleur de la jeunesse américaine a été offert sans
compter sur l'autel de notre pays pour que la nation puisse vivre. Ce fut
en vérité une heure critique pour la République. Mais je vois dans un
avenir très proche, s'avancer une crise qui m'angoisse et me fait
trembler pour le salut de mon pays. Comme conséquence de la guerre, des
sociétés ont été intronisées, une ère de corruption en haut lieu va
s'ensuivre, les puissances d'argent du pays vont s'efforcer de prolonger
leur règne en agissant sur les préjugés du peuple jusqu'à ce que toute
la richesse soit accumulée dans les mains de quelques-uns, et que la République
soit détruite. En ce moment, je suis plus anxieux pour la sécurité de
mon pays que jamais auparavant, même au plus fort de la guerre ».
De
même, en 1896, le représentant Hatch, du Missouri, dans un discours
adressé au Congrès sur des sujets financiers et sociaux, déclara selon
la presse publique :
«
Écoutez ce que je vous dis ! Si l'inexorable loi de la cause et de
l'effet n'a pas été effacée du code du Tout-Puissant, et à moins
qu'une pause intervienne très vite, nous pouvons nous attendre à voir
sur la scène américaine les horreurs de la Révolution française avec
tous les perfectionnements modernes, et ce, dans la prochaine décade. Et
je ne suis pas le seul. Ce monsieur Astor qui, il y a quelque temps, est
allé en Angleterre, s'est acheté un emplacement sur l'île et est devenu
un sujet britannique, a discerné ce qui va arriver aussi nettement que je
le fais ; aussi a-t-il saisi l'occasion par les cheveux et a-t-il bondi à
temps, avant qu'il n'y ait la ruée pour obtenir des cabines comme cela
aura lieu dans quelque temps. Il savait très bien que si les choses
devaient continuer comme vous et moi les avons vues il y a quelque temps,
le moment ne serait pas éloigné où il y aurait une telle cohue de gens
de son milieu se ruant à bord de chaque vapeur en partance qu'il pourrait
être repoussé de la passerelle ».
Le
30 avril 1896, l'Honorable H.R. Herbert, Secrétaire à la Marine des E.
U., lors d'un discours qu'il fit à Cleveland (O.) à des hommes
d'affaires, déclara dans des termes très modérés :
«
Nous entrons dans une ère de vastes entreprises qui menacent d'occuper,
à l'exclusion des autres, toutes les voies ordinaires du progrès humain.
Les optimistes pourront vous dire que cela améliorera les conditions de
la vie humaine, que de grandes entreprises diminuent le prix des produits
et du transport. Le magasin géant [litt. « mammouth » — Trad.]
dans lequel vous pouvez trouver tout ce que vous désirez, et à bon marché,
apparaît partout. Des installations industrielles, appuyées par des
capitaux de plusieurs millions sont en train de prendre rapidement
possession du champ qu'occupaient autrefois de plus petites entreprises de
même caractère.
« Le génie humain parait incapable d'inventer, sans restreindre
dangereusement la liberté des citoyens, un plan quelconque pour empêcher
ces monopoles, et il en résulte une accumulation d'énormes richesses par
quelques-uns, la réduction des occasions favorables pour beaucoup, et la
naissance d'un mécontentement. C'est pourquoi les conflits entre le
travail et le capital sont appelés à avoir une plus grande signification
dans l'avenir qu'ils n'en avaient dans le passé.
« Des hommes réfléchis prédisent que de l'antagonisme entre le
capital et le travail, doit sortir un conflit qui sera fatal à notre
gouvernement républicain, un conflit qui résultera en une anarchie et en
effusion de sang ; puis viendra une monarchie sous quelque chef audacieux
qui, par la puissance militaire, sera capable de ramener l'ordre du chaos.
« Parfois, on nous montre que le Socialisme est l'issue logique de
la condition actuelle. Les premières expériences dans cette direction,
dit-on doivent être faites dans les villes ; les patrons, avec des moyens
illimités à leur disposition et les ouvriers qui n'ont que le vote comme
seule faible occasion de progresser, sont appelés à se combattre, classe
contre classe, pour obtenir la direction des municipalités. Ceci est l'un
des périls de l'avenir... On supposait autrefois que le fermier américain
se tiendrait à jamais comme un rempart inébranlable, mais un grand
nombre de nos fermiers ont changé d'esprit ».
Les pouvoirs ecclésiastiques de la chrétienté ont également été
enseignés règle sur règle et précepte sur précepte. Ils ont été
avertis par la manière d'agir providentielle de Dieu dans le passé à l'égard
de ses enfants ; ils l’ont été aussi de temps en temps par des réformateurs.
Cependant, peu nombreux, très peu nombreux sont ceux qui peuvent lire sur
la muraille ce que la main mystérieuse a écrit ; ils sont impuissants
pour vaincre, ou même pour contenir le courant populaire. Le Rév. T. De
Witt Talmage semblait saisir et comprendre ces choses, dans une certaine
mesure, quand, dans un discours à propos, il déclara :
« Si l'église de Jésus-Christ ne se
réveille pas et ne se montre pas l'amie du peuple comme l'amie de Dieu,
si elle ne témoigne pas de la sympathie aux grandes masses qui, avec
leurs familles derrière elles engagent cette bataille pour obtenir leur
pain, l'église, telle qu'elle est organisée maintenant, deviendra une
institution morte. Christ descendra de nouveau au bord du lac et invitera
de simples, d'honnêtes pécheurs à un apostolat de droiture, à l'égard
de l'homme et à l'égard de Dieu. Le temps est venu où toutes les
classes de gens auront des droits égaux dans la grande lutte pour
l'existence ».
Et cependant cet homme, qui a en charge
un talent et une influence que peu de gens seulement possèdent, ne
semblait pas pressé de suivre les convictions qu'il exprimait quant aux
devoirs qui incombent aux chrétiens influents à l'heure du péril.
Les avertissements continuent et
beaucoup d'esprits sont convaincus de devoir et de privilège, mais hélas
! tout est inutile ; personne n'y prend garde. Les ecclésiastiques ont eu
un grand pouvoir et l'ont encore jusqu'à un certain degré, mais au nom
de Christ et de son évangile, ils se sont servi et se servent encore et
abusent égoïstement de ce pouvoir. « Ils tirent leur gloire les uns des
autres», « ils aiment les premiers sièges dans les synagogues », et «
à être appelés Rabbi », docteur, Révérend, etc., recherchant le
gain, chacun « vers son propre chemin [ou dénomination] » Jean 5 :
44 ; Matt. 23 : 6-12 ; Es. 56 : 11. « La crainte des hommes tend un
piège ». Tout cela empêche même quelques-uns des vrais serviteurs de
Dieu d'être fidèles, tandis qu'apparemment beaucoup des sous-bergers ne
se sont jamais soucié des brebis du Seigneur si ce n'est de s'assurer la
toison d'or.
Nous reconnaissons avec plaisir que
beaucoup de gens instruits, cultivés, nobles et pieux, ont fait et font
encore partie du clergé dans toutes les diverses dénominations de l'église
nominale, qui, à travers tout l'Age, a renfermé à la fois le froment et
l'ivraie Matt. 13 : 30. Cependant, nous sommes forcés d'admettre que
nombre de ceux qui appartiennent à la classe de l'« ivraie » ont envahi
aussi bien le corps ecclésiastique que les rangs des simples fidèles. En
vérité, les tentations à l'orgueil et à la vaine gloire, et dans de
nombreux cas, à I'aisance et à l'opulence, qui se sont présentées à
des jeunes gens bien doués qui aspirent à un poste de prédicateur, ont
été telles qu'il est difficile qu'il n'en soit pas ainsi, et ce dans une
très grande mesure. De toutes les professions, le ministère chrétien a
offert le chemin le plus rapide et le plus facile à la célébrité, à
l'aisance, à la prospérité temporelle en général, et souvent à la
richesse. La profession d'homme de loi exige toute une vie d'énergie
intellectuelle et d'efforts, de travail, et elle entraîne son poids de
soucis pressants. On peut en dire autant de la carrière de médecin. Si,
d'ailleurs, dans ces professions, l'homme s'élève à la fortune et à la
distinction, ce n'est pas simplement parce qu'il a l'esprit vif, la parole
facile, mais c'est le fruit de son application mentale assidue et
constante, et de ses laborieux efforts. D'autre part, dans la profession
cléricale, un maintien distingué, agréable, une capacité moyenne
d'exposer à un auditoire public, deux fois par semaine, un sujet biblique,
suffisent à tout jeune homme d'instruction ordinaire et d'un bon caractère
moral entrant dans la profession pour lui assurer le respect et la vénération
de son assemblée, un salaire confortable et une vie aisée, tranquille et
paisible.
Si ce jeune homme est doué d'un talent
supérieur, les gens qui admirent l'art oratoire l'auront vite découvert,
et bientôt il sera appelé à une charge plus lucrative ; avant même
pour ainsi dire qu'il le sache, il est devenu célèbre parmi les hommes
qui s'arrêtent rarement pour se demander si sa piété — sa foi, son
humilité et sa révérence pour Dieu — a marché de pair avec son développement
intellectuel et ses progrès oratoires. En fait, si tel est le cas, il est
moins acceptable spécialement dans les riches assemblées qui,
probablement d'une manière plus fréquente que les assemblées pauvres,
sont composées surtout de l'« ivraie ». Si sa piété surmonte
vraiment les influences des circonstances, il sera très souvent obligé,
pour sa bonne réputation, de réagir contre les dispositions et les préjugés
de ses ouailles, et bientôt il deviendra impopulaire et indésiré.
Toutes ces circonstances ont ainsi introduit en chaire une très grande
proportion de ceux que les Écritures désignent sous le nom de « bergers–mercenaires ».
Esaïe 56 : 11 ; Ezéch. 34 : 2-16 ; Jean 10 : 11-14.
La responsabilité de ceux qui ont
choisi le ministère de l'évangile au nom de Christ est très grande. Aux
yeux des gens, ils ont une position très élevée comme représentants de
Christ, comme exemples spéciaux de son esprit, et interprètes de sa vérité.
Comme classe, ils ont eu de grands avantages sur les autres hommes en
venant à la connaissance de la vérité et en l'annonçant librement. Ils
ont été délivrés du fardeau et du labeur qui enchaînent les autres
hommes pour gagner leur existence ; leurs besoins temporels étant assurés,
ils ont le temps, le loisir, l'instruction spéciale et de nombreuses
aides de la part d'associations, etc. pour ce but même.
Ainsi, d'une part, il y a de grandes
occasions d'exercer un zèle pieux et un fidèle sacrifice de soi pour la
cause de la vérité et de la droiture, et d'autre part, de grandes
tentations soit au confort indolent, soit à l'ambition pour obtenir la
renommée, la richesse ou le pouvoir. Hélas ! La grande majorité des
membres du clergé a manifestement succombé aux tentations plutôt que de
saisir et d'employer les occasions offertes par leur position, et comme résultat,
ils sont aujourd'hui des « conducteurs aveugles conduisant des aveugles
» ; c'est pourquoi, eux et leurs troupeaux tombent rapidement dans la
fosse du scepticisme. Ils ont caché la vérité (parce qu'elle est
impopulaire), présenté l'erreur (parce qu'elle est populaire) et enseigné
comme doctrine les préceptes des hommes (parce qu'ils sont payés pour le
faire). Ils ont, en fait et parfois en paroles mêmes, dit aux gens : «
Croyez ce que nous vous disons en vous fiant à notre autorité »,
au lieu de leur apprendre à « éprouver toutes choses » par les
paroles divinement inspirées des apôtres et des prophètes, et à ne
« retenir » seulement « que ce qui est bon ». Durant de longs siècles,
le clergé de l'église de Rome a tenu la Parole de Dieu ensevelie dans
les langues mortes, et n'autorisa point sa traduction en langues vivantes,
de crainte que les gens puissent sonder les Écritures et se rendent
compte de la vanité des prétentions de ce clergé. Par la suite quelques
pieux réformateurs s'élevèrent du milieu de la corruption de l'église,
arrachèrent la Bible de l'oubli et la présentèrent au peuple ; c'est
ainsi qu'il en résulta un grand mouvement protestant — protestant
contre les fausses doctrines et les pratiques mauvaises de l'église de
Rome.
Bientôt cependant, le protestantisme
aussi se corrompit, et son clergé commença à formuler des credo et
enseigna au peuple à les considérer comme étant les doctrines abrégées
de la Bible et d'importance suprême. Son clergé a baptisé les enfants
et leur a enseigné le catéchisme avant même qu'ils aient appris à
penser, à réfléchir ; ensuite, lorsqu'ils furent devenus des adultes,
il les invita au sommeil, et leur donna à comprendre que, pour leur sécurité
dans les choses religieuses, ils devaient lui confier toutes les questions
de doctrine et suivre ses instructions, leur indiquant que lui seul avait
l’instruction, etc., nécessaire pour comprendre la vérité divine, et
qu'eux, par conséquent, devaient le considérer comme des autorités en
matière religieuse, sans en appeler à la Parole de Dieu. Si quelqu'un se
permettait de mettre en question cette prétendue autorité, et de penser
différemment, il était considéré comme hérétique et schismatique.
Les plus savants et les plus éminents parmi les membres du clergé ont écrit,
sur ce qu'ils appellent la « théologie systématique » de
volumineux ouvrages qui, tous, à l'instar du Talmud parmi les Juifs, ont
pour but d'annuler la Parole de Dieu, et d'enseigner comme doctrine les préceptes
des hommes Matt. 15 : 6 ; Es. 29 :13 ; d'autres membres instruits et
éminents du clergé ont accepté les fonctions honorables et lucratives
de professeurs en théologie dans des séminaires théologiques
ostensiblement fondés pour préparer des jeunes gens au ministère chrétien
; en réalité, il s'agit de leur inculquer les idées de la prétendue «
théologie systématique » de leurs diverses écoles, pour empêcher,
sinon pour enchaîner la pensée libre et l'examen honnête et révérenciel
des Écritures sacrées, sans égard aux traditions des hommes. C'est de
cette manière que, génération après génération, le « clergé » a
suivi le sentier battu des erreurs traditionnelles. Ce n'est
qu'occasionnellement que l'un d'entre eux était suffisamment éveillé et
fidèle à la vérité pour découvrir l'erreur et demander avec force une
réformation. Il a été combien plus facile de suivre le courant
populaire surtout quand de grands hommes le dirigeaient.
Ainsi le clergé comme classe a-t-il
abusé de son pouvoir et de ses avantages supérieurs. Toutefois, dans son
sein, il y a eu (et il y a encore) quelques âmes sincères, ardentes, qui
ont cru vraiment accomplir le service de Dieu en soutenant les faux systèmes
dans lesquels elles avaient été conduites, et dont les erreurs les
avaient aussi grandement aveuglées.
Ces réflexions paraîtront sans doute
offensantes à plusieurs des membres du clergé, surtout aux orgueilleux
et à ceux qui ne cherchent que leur propre intérêt ; nous n'avons
pourtant aucune crainte que leur présentation franche puisse offenser les
humbles parmi eux qui, s'ils en reconnaissent la véracité, seront bénis
par une humble confession et une pleine détermination de marcher dans la
lumière de Dieu telle qu'elle jaillit de sa Parole, sans égards aux
traditions humaines. Nous nous réjouissons de pouvoir dire que, jusqu'ici,
durant la période de la moisson, il nous est arrivé de connaître
quelques membres du clergé de cette classe qui, lorsque la vérité de la
moisson a lui sur eux, ont abandonné l'erreur, recherché et servi la vérité.
Mais, hélas ! la majorité du clergé ne fait pas partie de cette classe
humble, et nous sommes encore obligés de nous rendre compte de la
puissance des paroles du Maître : « Combien difficilement ceux qui ont
des biens entreront-ils dans le royaume de Dieu ! » Marc 10 : 23, que ces
richesses soient la réputation, la célébrité, le savoir, l'argent, ou
même le confort ordinaire.
Le commun peuple ne doit donc pas être
surpris que le clergé de la chrétienté, comme classe, soit aveugle
quant aux vérités propres à ce temps de moisson, exactement comme à la
fin de l'Age judaïque typique, les instructeurs et conducteurs reconnus
furent aveugles et opposés aux vérités propres à cette moisson. En vérité,
leur aveuglement est la récompense des talents et des conditions
favorables dont ils ont abusé, et c'est pourquoi on ne doit pas espérer
la lumière et la vérité de ce côté. A la fin de l'Age judaïque, les
conducteurs religieux ont, d'une manière significative, suggéré au
peuple de poser la question : « Aucun d'entre les chefs, ou d'entre les
pharisiens, a-t-il cru en lui ? », et en acceptant leur suggestion
et en se soumettant aveuglément à leur direction, certains ont ainsi
manqué leur privilège et leur entrée dans les bénédictions de la
nouvelle dispensation. Ainsi en sera-t-il pour la classe similaire dans
ces derniers jours de la dispensation de l'Évangile : ceux qui suivent
aveuglément la direction du clergé tomberont avec lui dans la fosse du
scepticisme ; seuls, ceux qui marchent fidèlement avec Dieu, participant
à son esprit et reposant humblement sur tous les témoignages de sa précieuse
Parole, seront capables de discerner et de rejeter le « chaume » de
l'erreur qui a été si longtemps mélangée avec la vérité ; ils se
tiennent fermement et avec assurance dans la foi de l'Évangile et sont
fidèles de cœur à Dieu, tandis que les masses sont emportées par le
courant populaire de l'incrédulité sous toutes ses formes : évolution,
critique religieuse (« Higher Criticism »), théosophie, science chrétienne,
spiritisme, ou autres théories qui nient la nécessité et le mérite du
grand sacrifice accompli au Calvaire. Ceux, par contre, qui tiendront avec
succès dans ce « mauvais jour » Eph. 6 : 13, prouveront, ce faisant, le
« métal » de leur caractère chrétien, car si fort sera le
courant qui cherchera à les entraîner que seuls, les vrais chrétiens dévoués
à Dieu, pleins de zèle, de courage et de fermeté, seront capables de résister
jusqu'à la fin. Ces vagues d'incrédulité se précipitant emporteront
tous les autres devant leurs yeux. Il est écrit : « Il en
tombera mille à ton côté, et dix mille à ta droite ; — toi, tu
ne seras pas atteint... parce que toi tu as mis l'Éternel, mon refuge, le
Très-Haut, pour ta demeure... Celui qui habite dans la demeure secrète
[de la Consécration, de la communion et d'harmonie] du Très-haut logera
à l'ombre du Tout-puissant... Il te couvrira de ses plumes, et sous ses
ailes tu auras un refuge : sa vérité sera ton bouclier et ta rondache ».
— Ps. 91.
Individuellement, les Chrétiens ne
peuvent rejeter leur responsabilité personnelle sur des pasteurs et des
instructeurs, ni sur des conciles et des credo. C'est par la Parole de l'Éternel
que nous sommes jugés Jean 12 : 48-50 ; Apoc. 20 : 12, et non par les
opinions ou par les précédents de nos semblables, quels que soient leurs
titres et leurs attributions. Tous devraient donc imiter les nobles Béréens
qui « examinaient chaque jour les Écritures » pour voir si les choses
qu'on leur enseignait étaient vraies Actes 17 : 11. Il est de notre
devoir comme chrétiens d'éprouver individuellement toutes choses que
nous acceptons et de retenir ce qui est bon. « A la loi et au témoignage
! S'ils ne parlent selon cette parole, il n'y aura point pour eux d'aurore ».
— Actes 17 : 11 ; 1 Thess. 5 : 21 ; Es. 8 : 20.
Le même principe est vrai aussi bien
dans les choses temporelles que dans les choses spirituelles. Alors que
les divers navires de l'état sont poussés vers la destruction, ceux qui
aperçoivent devant eux les récifs, ne peuvent, il est vrai, changer le
cours des événements en général, mais dans une certaine mesure tout au
moins, ils peuvent saisir sagement les occasions présentes pour régler
leur propre conduite à cause de la catastrophe inévitable : ils peuvent
apprêter les canots et les bouées de sauvetage, de façon que lorsque
les navires de l'état sombreront dans la mer démontée de l'anarchie,
ils puissent maintenir leur tête au-dessus des vagues et y trouver un
repos. En d'autres termes, de nos jours, la manière de faire, sans parler
des principes, c'est d'agir en toute justice, avec générosité et bonté
à l'égard de nos semblables, quels que soient leur rang et leur
condition de vie, car la grande détresse surgira de la colère intense
des nations irritées, du grand mécontentement et de l'indignation des
masses populaires éclairées contre les classes plus fortunées, les
aristocrates et les dirigeants. A présent, on discute beaucoup des sujets
de mécontentement ; aussi, avant que la tempête de la colère n'éclate,
est-il temps pour les individus de faire connaître leurs principes, non
seulement par leurs paroles, mais aussi par leur conduite dans tous leurs
rapports avec leurs semblables. C'est maintenant le moment d'étudier et
d'appliquer les principes de la règle d'or, d'apprendre à aimer notre
prochain comme nous-mêmes, et d'agir en conséquence. Si les hommes étaient
assez sages pour considérer ce qui, dans un avenir très proche, doit être
le résultat du cours actuel des choses, ils le feraient, sinon par
principe, du moins par bonne politique.
Dans la détresse qui s'approche, il
n'est que raisonnable de supposer que, même au milieu de la plus épouvantable
confusion, des discriminations seront faites en faveur de ceux qui se
seront montrés justes, généreux et bons, et une colère extrême sera
exercée contre ceux qui auront pratiqué et soutenu l'oppression. Il en
fut ainsi au milieu des horreurs de la Révolution française, et il en
sera encore de même alors, selon le conseil de la Parole de Dieu qui déclare
: « Recherchez la justice, recherchez la débonnaireté ; peut-être
serez-vous à couvert au jour de la colère de l'Éternel ». « Retire-toi
du mal, et fais le bien ; cherche la paix, et poursuis-la. Les yeux de l'Éternel
regardent vers les justes, et ses oreilles sont ouvertes à leur cri. La
face de l'Éternel est contre ceux qui font le mal, pour retrancher de la
terre leur mémoire » Soph. 2 : 3 ; Ps. 34 : 14-16. Ces paroles de
sagesse et d'avertissement sont pour le monde en général. Quant aux «
saints », au « petit troupeau », aux « vainqueurs », ils ont la
promesse qu'ils seront comptés dignes d'« échapper » à toutes ces
choses qui viendront sur le monde — Luc 21 : 36.
RAPPORT DES NATIONS PAÏENNES
AVEC LA CHRÉTIENTÉ ET
AVEC LA DÉTRESSE
Tandis que la violente colère de l'Éternel
doit châtier en particulier les nations qui composent la chrétienté
parce qu'elles ont péché contre plus de lumière et de privilèges, les
Écritures montrent
clairement que les nations païennes, de leur côté, n'ont pas été
exemptes de responsabilité et qu'elles ne resteront pas impunies, Depuis
nombre de siècles, de nombreuses générations païennes ont pris plaisir
à commettre l'injustice (ou l'iniquité — Trad.). Dans les temps passés,
leurs ancêtres ont oublié Dieu, parce qu'ils n'aimaient pas se souvenir
de sa juste autorité : ils ont aimé les ténèbres plus que la lumière,
et ils ont marché volontairement dans la folie de leur propre
imagination. Quant à leurs descendants, ils ont persévéré jusqu'à ce
jour dans la même voie de dégradation.
Touchant la responsabilité de ces
nations, l'Apôtre Paul Rom. 1 : 18-32 nous déclare très clairement la
pensée de Dieu, disant : « Car la colère de Dieu est révélée
du ciel contre toute impiété et toute iniquité des hommes qui possèdent
la vérité tout en vivant dans l'iniquité (voir note Darby — Trad.) :
parce que ce qui se peut connaître de Dieu est manifeste parmi eux ; car
Dieu le leur a manifesté : car depuis la fondation du monde, ce qui ne se
peut voir de lui, savoir et sa puissance éternelle et sa divinité, se
discerne par le moyen de l'intelligence, par les choses qui sont faites,
de manière [qu'ayant cette lumière de la nature, c'est-à-dire le témoignage
de la nature concernant l'existence, la puissance et la bonté de Dieu, et
celle de la conscience indiquant ce qui est bien et ce qui est mal ] ils
sont inexcusables [en poursuivant une mauvaise conduite de vie] ; parce
que, ayant connu Dieu [dans une certaine mesure tout au moins], ils ne le
glorifièrent pas comme Dieu, ni ne lui rendirent grâces, mais ils
devinrent vains dans leurs raisonnements, et leur cœur destitué
d'intelligence fut rempli de ténèbres [comme résultat d'une telle voie].
Se disant sages, ils sont devenus fous, et ils ont changé la gloire du
Dieu incorruptible en la ressemblance de l'image d'un homme corruptible et
d'oiseaux et de quadrupèdes et de reptiles. C'est pourquoi Dieu les a
aussi livrés, dans les convoitises de leurs cœurs, à l'impureté, en
sorte que leurs corps soient déshonorés entre eux-mêmes : eux qui ont
changé la vérité de Dieu en mensonge, et ont honoré et servi la créature
plutôt que celui qui l'a créée, qui est béni éternellement. Amen !
« C'est pourquoi Dieu les a livrés à
des passions infâmes [c'est-à-dire que Dieu ne s'y opposa ni ne s'efforça
de les corriger, mais les abandonna à eux-mêmes, les laissa poursuivre
leur mauvaise voie et goûter par l'expérience ses fruits amers] ... Et
comme ils n'ont pas eu de sens moral pour garder la connaissance de Dieu,
Dieu les a livrés à un esprit réprouvé (voir note Darby —Trad.) pour
pratiquer des choses qui ne conviennent pas, étant remplis de toute
injustice. de méchanceté, de cupidité, de malice, — pleins d'envie,
de meurtre, de querelles, de fraude, de mauvaises mœurs, — délateurs,
médisants, haïssables pour Dieu, outrageux, hautains, vantards,
inventeurs de mauvaises choses, désobéissants à leurs parents, sans
intelligence, ne tenant pas ce qu'ils ont promis, sans affection naturelle,
sans miséricorde, et qui, ayant connu la juste sentence de Dieu [déclarant
dignes de mort ceux qui commettent de telles choses], non seulement les
pratiquent, mais encore trouvent leur plaisir en ceux qui les commettent
».
Comme nous venons de le montrer, les
nations païennes étouffèrent, il y a longtemps, la vérité qui était
connue dès les premiers âges du monde concernant Dieu et sa justice, préférant
les ténèbres à la lumière parce que leurs actions étaient mauvaises
et, dans leurs imaginations mauvaises et vaines, elles inventèrent de
fausses religions pour justifier leurs voies perverses les générations
se succédèrent, endossant et justifiant la mauvaise voie de leurs ancêtres
en souscrivant à leurs doctrines et en suivant leurs traces. Ainsi
ont-elles assumé leur culpabilité et leur condamnation accumulées sur
le même principe que les nations actuelles de la chrétienté qui, elles
aussi, prennent sur elles les obligations des générations précédentes.
Cependant, les nations païennes n'ont pas été dans l'ignorance totale
du fait qu'une grande lumière est venue dans le monde par Jésus-Christ.
Même avant la venue de Christ, le merveilleux Dieu d'Israël était connu
parmi de nombreuses nations païennes à cause de ses relations avec ce
peuple ; en outre, durant tout l'Age
de l'Évangile, les saints de Dieu ont répandu partout la bonne
nouvelle.
Ici et là, quelques individus ont écouté
la vérité, mais d'une manière générale les nations l'ont méprisée
et ont marché dans les ténèbres. C'est pourquoi « la colère de l'Éternel
est sur toutes les nations » Ésaïe
34 : 2. Les nations païennes sont maintenant sans l'Évangile
et ses avantages, elles sont jugées indignes de continuer à se
gouverner elles-mêmes, tandis que les prétendues nations chrétiennes
qui possèdent la lumière et les privilèges de l'Évangile dont elles
ont été indignes, sont également jugées indignes de continuer à
exercer le pouvoir.
Ainsi tous les hommes ne peuvent-ils
que se taire, et le monde entier se trouve-t-il coupable devant Dieu. De
toutes les nations, « nul n'est intelligent, nul ne cherche Dieu ; tous
se sont égarés, tous sont pervertis ; il n'en est aucun qui fasse le
bien, pas même un seul ».
La justice de Dieu se manifeste en
punissant toutes les nations, et si les nations païennes vont recevoir le
juste châtiment de leurs actions, n'oublions pas que la chrétienté a
une plus grande responsabilité en effet, si les Juifs ont eu « un
grand avantage de toute manière » sur les nations païennes, surtout «
en ce que les oracles de Dieu leur furent confiés » Rom. 3 : 1, 2,
que dirons-nous donc des nations de la chrétienté qui ont reçu des
avantages plus grands encore en possédant à la fois la Loi et l'Évangile
? Cependant, il est bien vrai que c'est à cause d'elles, comme jadis à
cause de la nation juive que le nom de Dieu est blasphémé parmi les païens
Rom. 2 : 24. Notez, par exemple, que les nations de la chrétienté ont
imposé aux nations païennes la vente de l'alcool et de l'opium pour
satisfaire leur amour de l'or.
Un témoin digne de foi, parlant de sa
connaissance personnelle, écrivit il y a quelque temps à la Voice de
New York ce qui suit :
« D'après mes propres observations
que j'ai faites au Congo et à la Côte occidentale [Afrique] et d'après
les déclarations faites par de nombreux missionnaires et autres personnes,
l'alcool fait plus de mal aux indigènes que n'en fit dans les temps passés
ou que n'en fait maintenant le trafic des esclaves. Il emporte des gens, détruit
des villages ; non seulement il tue par milliers, mais il débauche et
ruine le corps et l'âme de tribus entières, et les laisse devenir les
parents de créatures dégénérées nées à leur propre image corrompue...
Tous les ouvriers doivent boire une grande rasade de rhum tous les jours
à midi, et on les force à prendre au moins deux bouteilles de genièvre
comme salaire de leur travail tous les samedis soir ; dans de nombreuses
usines, quand expire le contrat d'un ou de deux ou de trois ans, on force
ces ouvriers à emporter chez eux un baril de rhum ou quelques caisses ou
dames-jeannes de genièvre. Les commerçants indigènes sont forcés de
prendre des tonneaux de liqueur (boisson forte — Trad.) contre des
produits indigènes, même quand ils protestent n'obtenant pas justice sur
ce point, ces commerçants jettent ces boissons fortes dans la rivière ;
alors que les autres leur disent : « Les nègres doivent prendre du rhum,
nous ne pouvons pas gagner assez d'argent pour satisfaire la maison en métropole
en leur vendant du sel ou des vêtements ». Les villes sont des pandémoniums
vociférants tous les dimanches à cause de l'ivrognerie. Il y a des
villages où hommes, femmes et enfants sont des ivrognes insensés, et
ainsi des services religieux qui se tenaient auparavant disparaissent-ils.
Des chefs disent avec tristesse aux missionnaires : « Pourquoi, vous
autres, hommes de Dieu, n'êtes-vous pas venus avant que ne se répande
l'ivrognerie ? Elle a vidé la tête de mes gens et endurci leur cœur :
ils ne peuvent pas comprendre, ils se soucient peu de faire le bien ».
On dit même que certains païens présentent
la Bible aux chrétiens en leur disant : « Vous n'agissez pas conformément
aux enseignements de votre livre sacré ». On dit qu'un Brahmane écrivit
à un missionnaire : « Nous découvrons qui vous êtes. Vous n'êtes pas
aussi bons que votre livre. Si vos gens étaient seulement aussi bons que
votre livre, vous conquerriez l'Inde en cinq ans ». Voir Ezéch. 22 : 4.
Vraiment, si les habitants de Ninive et
la reine du sud se lèveront au jugement contre la génération d'Israël
à laquelle le Seigneur s'adressa directement Matt. 12 : 41, 42, alors
Israël et toutes les générations antérieures, et les nations païennes
se lèveront contre la génération actuelle de la chrétienté, car à
ceux auxquels il a été beaucoup donné, il sera beaucoup redemandé. —
Luc 12 : 48.
Laissant là le côté châtiment moral
de la question, nous voyons comment par la nature même des choses, les
nations païennes doivent souffrir par la chute de la chrétienté, de
Babylone. Grâce à l'influence directe et indirecte de la Parole de Dieu,
les nations chrétiennes ont fait de grands progrès en civilisation et en
prospérité matérielle sur tous les points, de sorte qu'au point de vue
richesse, confort, développement intellectuel, instruction, gouvernement
civil, science, art, fabrication, commerce et dans toutes les branches de
l'activité humaine, elles sont bien plus avancées que les nations païennes
; celles-ci, en effet, n'ont pas été aussi favorisées par l'influence
civilisatrice des oracles de Dieu, mais au contraire, ont expérimenté un
déclin constant, de sorte qu'aujourd'hui, elles ne sont plus que les
ruines de leur prospérité d'antan. Comparez, par exemple, la Grèce
actuelle avec celle du passé qui était le siège du savoir et de
l'opulence. Remarquez, aussi, les ruines actuelles de la gloire de l'Égypte
antique jadis la première nation de toute la terre.
Comme conséquence du déclin des
nations païennes, de la civilisation et de la prospérité des nations
chrétiennes, les premières sont plus ou moins endettées et redevables
aux dernières de bien des avantages reçus — du profit du commerce, des
communications internationales, et par conséquent, du grand développement
des idées, etc. Ajoutons aussi que la marche du progrès, ces dernières
années, a uni toutes les nations dans divers intérêts communs lesquels,
s'ils se trouvent sérieusement ébranlés chez l'une ou plusieurs des
nations, doivent bien vite affecter les autres. Il s'ensuit que, lorsque
Babylone, la chrétienté, tombera soudainement, les effets se feront sérieusement
sentir sur toutes nations plus ou moins dépendantes, lesquelles, dans le
style symbolique de l'Apocalypse, sont représentées comme se lamentant
amèrement à cause de la chute de la grande ville de Babylone. — Apoc.
18 : 9-19.
Pourtant, ce n'est pas seulement à
cause de la chute de Babylone que les nations païennes souffriront, car
les flots grossissants de l'agitation sociale et politique se répandront
rapidement et les engloutiront toutes. Ainsi la terre entière sera-t-elle
balayée par la destruction, et l'orgueil des hommes abaissé, car il est
écrit : « A moi la vengeance ; moi je rendrai, dit l'Éternel » Rom. 12
: 19 ; Deut. 32 : 35. Et le jugement de l'Éternel à la fois sur la chrétienté
et sur le paganisme s'accomplira selon les règles rigoureuses de l'équité.
L’ORAGE PROCHAIN
Puis enfin : « Le
grand jour de l’Éternel arrive,
Il
est proche, et rapide il vient sur les pervers ;
La
voix de l'Éternel s'y fait entendre active ;
Les
puissants effrayés poussent des cris amers.
« C'est un jour de
fureur, de ravage et de larmes,
D'obscurité
profonde et de denses brouillards ;
Plein
de bruits martiaux du clairon et des armes,
Contre
les vastes forts, les villes à remparts.
« Je punirai le
monde aussi pour sa malice,
Ainsi
que les méchants pour leurs iniquités ;
Je
ferai que l'orgueil des superbes finisse,
Et
les prétentions des tyrans éhontés ».
« Attendez-moi, dès
lors, dit l'Éternel aux hommes,
Quand
je me lèverai pour le butin sur vous !
Car
je veux rassembler nations et royaumes
Pour
répandre sur eux tout mon ardent courroux ! »
(L.R.)
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