ÉTUDES
DANS LES ÉCRITURES
Volume
V —
RÉCONCILIATION ENTRE DIEU ET L'HOMME
ÉTUDE
X
L'ESPRIT DE SOBRE BON SENS
l'Esprit de Dieu, chez ses
enfants, chasse l'esprit de crainte. — L'humanité en général est
malade mentalement et physiquement. — Sens dans lequel le saint Esprit
est l'esprit de sobre bon sens. — Opérations qui produisent ce résultat.
— Les preuves de l'Esprit de sobre bon sens.
« Dieu ne nous a pas donné un esprit de crainte, mais de puissance et
d'amour et de sobre bon sens ». (*) [« modération » (Cr, Lién.)
; « prudence » (Martin, Syn., Laus, Ost) ; « sagesse »
(Saci, Seg, Stapfer, Maredsous, Buzy) ; « maîtrise de soi »
( Osty).] — 2 Tim. 1 : 7 (D. note).
Selon toutes les règles de la linguistique, l'esprit de crainte est ici
mis en contraste avec un autre esprit. Si l'esprit d'amour, de puissance,
de sobre bon sens est une personne ou trois personnes, il y a toute raison
pour que l'esprit de crainte soit aussi considéré comme une autre
personne. Le sophisme d'un tel argument est si apparent, qu'il suffit
simplement de le mentionner pour le réfuter.
Plus les enfants de Dieu sont remplis de son saint Esprit (ou sainte
influence) et sont de plus en plus développés et élargis par lui, moins
ils ont l'esprit de crainte. L'esprit de crainte chez un chrétien est
l'esprit de doute ; il dénote un manque de foi, un manque de saint
Esprit. L'esprit de crainte est une source féconde en mal dans les choses
spirituelles, dans chaque trait de la croissance chrétienne, pour
l'individu comme pour l'Église ; cet esprit s'identifie aussi de près
avec la faiblesse et les incapacités physiques. L'enfant de Dieu rempli
du saint Esprit est un géant en comparaison de son propre « moi »
naturel (ou non régénéré — Trad.) ; parce que ses craintes sont
réprimées, son cœur est affermi, sa foi est enracinée et fondée,
et son âme est ancrée, inébranlable, fermement, et sûrement, au
dedans du voile. Ainsi est-il préservé d'être précipité sur
les rochers de la catastrophe, lorsque dominent les vents impétueux de la
détresse. Le saint Esprit est donc une force pour ceux qui le possèdent,
au point qu'il a souvent provoqué l'étonnement de leurs ennemis.
Nous ne prétendons pas que l'Évangile de Christ agisse surtout
sur les vigoureux d'esprit et de corps et que, de ce fait, ceux qui
sont à lui sont forts ; tout au contraire, nous soutenons, et les faits
le prouvent aussi bien que le témoignage scriptural, que l'Évangile
de Christ choisit habituellement les faibles, ceux qui ont
conscience de leurs faiblesses, et qui se rendent compte, plus que
ne le font les forts, de leur besoin d'assistance. Cependant, l'influence
du saint Esprit qui transforme ceux qui le reçoivent est telle que, dans
leur faiblesse, ils sont rendus forts. Les choses faibles de ce monde sont
rendues puissantes par Dieu (par l'Esprit, la puissance de Dieu) pour renverser
les forteresses de l'erreur et du péché ; cette force peut leur
donner aussi l'endurance des bons soldats du Seigneur Jésus Christ
pour combattre le bon combat, et cela au grand étonnement de ceux
qui leur sont supérieurs par nature. — 1 Cor. 1 : 27 ; 2 Cor. 10 : 4 ;
2 Tim. 2 : 3, 4.
Cela était vrai jadis, lorsque les faibles du monde épousaient la
cause de Christ et demeuraient fermes jusqu'à la fin même de leur
vie, subissant le martyre, endurant sans broncher les épreuves et
les difficultés devant lesquelles les plus forts du monde faiblissaient.
Cela est encore vrai de nos jours pour la même classe de personnes,
car bien que les caractères particuliers des persécutions aient
grandement changé, néanmoins, il est encore nécessaire « d'endurer
les difficultés comme de bons soldats » et de « donner notre vie pour les frères ». Les choses
faibles du monde, eh oui, celles qui ne sont rien, que Dieu a choisies,
confondent encore la sagesse et la puissance de ce monde. — 1 Cor. 1 :
27, 28.
Cet esprit de Dieu en nous n'est pas seulement un Esprit de
puissance, dit St Paul, mais un Esprit d'amour. L'amour dont il s'agit ici
n'est pas l'amour naturel que tous les humains possèdent à un certain
degré et que même la création animale possède dans une certaine mesure
; cet amour-là est en grande partie un esprit d'égoïsme. Chez ceux qui
reçoivent le saint Esprit d'amour, cet amour naturel devrait devenir plus
intense, s'élargir, s'approfondir et perdre de plus en plus son caractère
égoïste pour devenir un amour généreux, un amour de sacrifice de soi,
basé non sur l'égoïsme, mais sur les principes de la justice, de la vérité,
de la bonté, et en général sur la possession de l'Esprit ou disposition
de Dieu. Cet Esprit d'amour devrait progresser, s'accroître et abonder de
plus en plus jusqu'à ce que ce qui est parfait soit venu, et que ce qui
est partiel ait disparu. — 1 Cor. 13 : 10.
Il n'y a pas de manifestation du saint Esprit plus merveilleuse
chez les enfants de Dieu que celle appelée par l'Apôtre : « l'Esprit
de sobre bon sens ». Par nature, les enfants du Seigneur ne sont pas
plus sains d'esprit que ne le sont les gens du monde. Tout au contraire,
comme nous l'avons déjà vu, la tendance de l'Évangile est d'attirer les
plus imparfaits qui comprennent leur propre impuissance et leur besoin de
grâce et de force d'en-haut ; l'Évangile, par contre, n'a que peu
d'influence sur ceux qui ont des esprits plus forts et plus sains, et qui,
se comparant aux autres, sont remplis d'un esprit ou d'un sentiment de
satisfaction personnelle, et d'un esprit de justice personnelle.
Mais toutes les fois que la Vérité est reçue dans des cœurs bons et
honnêtes, qu'elle produit ses fruits légitimes et que les enfants de
Dieu deviennent participants de son Saint Esprit, qu'ils soient pas nature
forts ou faibles, ils obtiennent de ce fait un « l'Esprit de sobre
bon sens » ; leurs jugements sont plus clairs, plus vrais, plus
dignes de confiance qu'auparavant, parce qu'ils ont, avant tout, présentes
à l'esprit, les directives explicites de la Parole de l'Éternel à l'égard
de ce qu'ils devraient faire et de ce qu'ils, ne devraient pas faire,
directives touchant chaque détail et but de la vie. Ceux qui ont accepté
le Seigneur comme leur instructeur, et leur maître, qui ont son Esprit
d'obéissance à la volonté du Père, ceux-là ont, « l'Esprit
de sobre bon sens » , parce qu'ils ne se fient plus
simplement à leur propre jugement, à leur propre compréhension, mais
par obéissance aux directives du Seigneur, ils sont préservés dans les
vicissitudes de la vie, des pièges et des difficultés qui surviennent à
ceux qui n'ont pas pour guide et pour direction la sagesse d'en-haut.
Par l'effet de la chute de notre race dans le péché et sa
condamnation, la mort, le monde entier est déséquilibré, mentalement
aussi bien que physiquement, mais à des degrés divers, selon les
circonstances et l'hérédité. Certains sont physiquement moins sains que
d'autres, il en est de même au point de vue mental ; néanmoins, tous
sont malades, ainsi que le déclarent les Écritures : « II n'y a point de juste [parfait, sain, soit de
corps, soit d'esprit], non pas même un seul » (Rom. 3 : 10). Sous
une forme figurée, tout est blessure et meurtrissure, et plaies vives —
mentales et physiques (Es. 1 : 5, 6). La malédiction du péché pèse
lourdement sur l'homme tout entier — esprit et corps.
C'est un fait bien admis que la souffrance d'un membre du corps affecte le
corps tout entier, y compris l'esprit (« mind »). L'esprit,
entretenu et nourri par un corps maladif, ne saurait être parfaitement
sain, non plus. L'estomac dérangé, d'un dyspeptique a un effet direct
sur son esprit aussi bien que sur tout son organisme physique. La personne
dont les poumons sont malades ne peut pas éviter un degré correspondant
de détérioration mentale ; pareillement, lorsque d'autres organes (cœur,
foie, reins) sont malades et remplissent imparfaitement leurs fonctions,
il en résulte indiscutablement des troubles sanguins et un ébranlement
du système nerveux dont le centre est le cerveau. De même, le cerveau
qui est tourmenté par la douleur ou imparfaitement alimenté par une
mauvaise nutrition, ou qui est enfiévré par suite de l'inactivité des
organes sécréteurs, sera sûrement affaibli dans toutes ses diverses
fonctions. Ce cerveau ne peut ni penser ni raisonner aussi correctement,
aussi logiquement que s'il était dans une condition parfaite. Les dérangements
de l'esprit sont si communs que le terme dérangement cérébral n'est
appliqué que dans les cas tout à fait extrêmes dépassant la débilité,
le déséquilibre moyen de l'humanité. Aucune personne, ayant du jugement
et de l'expérience, ne contestera ces conclusions.
La question suivante se pose : Comment ou en quoi le don du saint
Esprit rétablit-il le jugement du chrétien qui l'a reçu et lui
donne-t-il l'Esprit de sobre bon sens ? Nous répondons : La mentalité («
mind ») divine est parfaite, « saine » ; c'est pourquoi,
dans la mesure où les chrétiens sont capables de mettre de côté leur
propre mentalité ou jugement sur n'importe quelle question ou sur toutes,
et d'accepter en lieu et place la mentalité de Dieu, sa volonté, son
jugement, pour diriger leur vie, à ce degré ils auront, l'esprit ou
disposition de sobre bon sens, la mentalité de Dieu. Nous ne voulons pas
dire par là que le cerveau des chrétiens subit un changement où un
renversement de l'ordre naturel des choses dans son fonctionnement ; mais
nous disons que, sous la direction du saint Esprit, l'Esprit de la Vérité,
ces chrétiens apprennent graduellement à rectifier les erreurs de
leur propre jugement sur les questions qui se posent à eux, afin
de les harmoniser avec l'enseignement du saint Esprit par la Parole
de Dieu. Prenons un exemple : Supposons que nous ayons une horloge, une
horloge qui marque mal l'heure exacte, sans moyen de réglage ; supposons
également que nous puissions consulter fréquemment un chronomètre de précision
absolue qui nous indique que notre horloge retarde de trente minutes par
vingt-quatre heures ; nous saurions alors comment la régler : en
la remettant à l'heure toutes les vingt-quatre heures. De plus, nous
apprendrions à estimer l'erreur qu'elle commet à tout moment du
jour. II en est de même pour nos jugements à l'égard des différentes
questions et affaires de la vie : quand nous mesurons ces jugements
avec un étalon de mesure parfait, nous trouvons que nous sommes soit trop
vifs, soit trop lents, trop faibles ou trop forts dans nos décisions
mentales et dans nos actes physiques. Bien que nous soyons
incapables de modifier notre manière de penser et d'agir pour la rendre
parfaite et en pleine harmonie avec celle de notre Seigneur Jésus,
notre modèle, néanmoins il nous est donné la possibilité de régler
nos pensées, nos jugements d'après le modèle que nous avons présent
à l'esprit et de parvenir par ses indications à un degré de réglage
que ceux qui n'ont pas ce modèle parfait ou qui ne cherchent pas à être
réglés par lui, ne pourront ni apprécier, ni imiter.
Qui n'a pas remarqué chez ses amis et ses voisins (aussi bien que
chez lui-même), la preuve abondante d'un état d'esprit anormal tel
qu'ils sont incapables de gérer leurs affaires honorablement et qu'ils
causent, néanmoins, de grands ennuis en essayant de diriger les affaires
des autres ? Par suffisance personnelle, ils jugent les autres, commérant
sur les affaires privées d'autrui, tout en fournissant la preuve de leur
incapacité absolue de diriger leurs propres affaires. N'est-ce pas là
une preuve d'un esprit malade, d'un certain degré de folie ? Ne
constatons-nous pas que, si ce même état d'esprit est poussé à un plus
grand extrême, il conduit tous ceux dont le jugement est ainsi déséquilibré,
dans un asile d'aliénés ? Indubitablement, la suffisance, l'approbation
de soi et la crainte sont les causes principales des troubles mentaux de
la majorité de ceux qui sont enfermés dans les asiles d'aliénés, la
plus grande partie du reste étant sous l'obsession démoniaque. Si nous
entrons dans un asile d'aliénés, nous trouvons certains des
pensionnaires atteints de la folie des grandeurs ; ils se croient très
riches ou s'imaginent être des rois ou des reines, on des nobles, ou des
princes, et ils manifestent tous les sentiments d'orgueil et de
vanité susceptible qu'ont de telles personnalités. D'autres ont la manie
de la persécution et croient qu'ils ne sont pas suffisamment appréciés,
qu’ils sont mis de côté même par leurs amis qui craignent leur
influence, leurs capacités ou veulent les empêcher d'arriver à
la fortune. D'autres, par crainte, s'imaginent que tous cherchent
à attenter à leur vie, que le monde entier est fou et qu'eux
seuls sont sains d'esprit ; ils croient que Dieu est contre eux et
qu'ils sont voués au tourment éternel, parce qu'ils ont commis
des péchés impardonnables, etc.
Tous ces exemples ne sont que des cas extrêmes des conditions
et des caractéristiques mentales de la généralité des humains ; nous
les observons chaque jour dans la vie. L'esprit du monde avec ses
ambitions et son orgueil, ses superstitions, ses erreurs et ses
craintes, tend à porter au degré suprême ces conditions
naturelles, et comme résultat, nous trouvons que la folie, dans sa
forme extrême, fait de rapides progrès dans le monde civilisé.
Ce qui manque à tous ces gens-là, ce qui nous manque à
nous-mêmes et à toute l'humanité, c'est une mentalité (« mind »)
saine ; cependant la guérison générale des indispositions mentales et
physiques du monde n'aura lieu que pendant l'Age millénaire,
lorsqu'il sera pleinement introduit ; elle sera l'œuvre du Grand Médecin,
mais cet Age ne peut être inauguré et son soulagement et ses
bénédictions ne peuvent venir avant le temps convenable. Dans
l'intervalle, toutefois, l'Église de l'Évangile, appelée du milieu du
monde, obtient par son Seigneur et par sa Parole, son saint Esprit,
l'Esprit de son sobre bon sens, qui est le même que la disposition
mentale (« mind »), ou l'Esprit du Père. Dans la proportion où
chaque membre utilise ses privilèges sous ce rapport, il sera aidé pour
surmonter les troubles mentaux et physiques qui l'assaillent comme ils
assaillent tous les humains. La Parole de l'Éternel, par la bouche de
l'Apôtre, nous commande ainsi : « Je dis à chacun de ceux
qui sont parmi vous de ne pas avoir une haute pensée de lui-même, au-dessus
de celle qu'il convient d'avoir, mais de penser de manière à avoir de
saines pensées [non selon la chair mais selon sa nouvelle nature], selon
la mesure de foi que Dieu a départie à chacun » (Rom. 12 :
3). Pour beaucoup de chrétiens, c'est l'œuvre de toute une vie d'arriver
à vaincre leur trop haute appréciation d'eux-mêmes, et d'obtenir
l'Esprit de sobre bon sens en ce qui concerne leurs propres talents, mais
ils sont encouragés dans cette œuvre d'abaissement de leur orgueil par
les paroles suivantes du Maître : « Bienheureux les débonnaires,
car c'est eux qui hériteront de la terre ». Ils sont aidés également
par les paroles de l'Apôtre qui déclara que « Dieu résiste
aux orgueilleux, mais II donne la grâce [faveur] aux humbles ».
« Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu, afin qu'il vous
élève quand le temps sera venu ». — Matth. 5 : 5 ; Jacq. 4 : 6 ;
1 Pi. 5 : 5, 6.
Cependant, et c'est un fait patent, Dieu n'a pas choisi beaucoup de
grands, ni beaucoup de sages selon le train de ce monde et selon leur
propre estimation de leur sagesse personnelle ; mais plutôt les pauvres
de ce monde, riches en foi, qui se fient non en leur propre sagesse ni en
leur propre justice, mais qui acceptent Christ comme leur sagesse, leur
justification, leur tout.
De même aussi, ceux qui ont « l'esprit de crainte » sont
aidés à le neutraliser par l' « Esprit de Vérité »,
« l'Esprit d'amour », s'ils le reçoivent, car « l'amour
parfait bannit la crainte » (1 Jean 4 : 18). Plus ils apprennent à
connaître Dieu par sa Parole et le miséricordieux plan des Ages qui y
est exposé, plus cela débarrasse leur esprit du grand cauchemar de la
crainte et de la frayeur qui tourmentent tant d'individus. Au lieu de la
crainte, cela leur donne l'espérance — une espérance qui ne confond
point, parce que l'amour de Dieu est répandu dans leur cœur par le saint
Esprit, l'Esprit de sobre bon sens.
C'est ainsi que ceux qui sont trop humbles (qui manquent trop de
confiance en eux-mêmes) pour accomplir quoi que ce soit dans la vie, sont
encouragés, relevés et rendus utiles à eux-mêmes et à d'autres, par
le même Esprit de vérité qui réprouve et corrige les individus trop
satisfaits, trop pleins d'eux-mêmes, ceux qui se croient quelque chose,
ceux qui sont imbus d'eux-mêmes. Les premiers sont encouragés par
l'assurance de l'aide de Dieu ; les derniers sont tenus en bride,
modérés, amenés à la soumission et il leur est enseigné ce qui est
agréable à Dieu et utile pour eux-mêmes ; comme l'Apôtre le dit : «
Si quelqu'un pense [en confiance] savoir quelque chose [par sa
propre sagesse], il ne connaît rien encore comme il faut connaître »
(1 Cor. 8 : 2). Rappelons-nous que les transformations de caractères
ne se font pas en disant : Seigneur, Seigneur ! en ayant une Bible,
ou en se joignant à une organisation humaine appelée église ; mais en
se joignant à Christ, et en recevant de lui l'Esprit de sa parole,
l'Esprit de vérité, l'Esprit de sainteté, l'Esprit de sobre bon
sens — son saint Esprit et celui du Père.
L'homme qui, par la grâce de Dieu, et parce qu'il a accepté cette grâce,
est entré en possession de l'Esprit de sobre bon sens, a beaucoup
d'avantages de toute nature sur les autres humains, car l'Esprit de sobre
bon sens est un Esprit de sagesse. Un tel individu évalue plus exactement
que d'autres les choses de cette vie : richesse, réputation situation
sociale, etc. De son nouveau point de vue, il voit, en relation avec
toutes celles-ci, des choses que d'autres ne remarquent pas. Son
intellect, (« mind ») instruit par la Parole de l'Éternel,
discerne que s'il amassait toutes les richesses du monde, il n'en
pourrait rien emporter avec lui à sa mort. Il comprend que la célébrité
est une chose vraiment creuse et tout à fait éphémère et que,
dans la course précipitée de la vie, les morts sont bientôt
oubliés. Il se rend compte que la société est frivole, ses
protestations d'estime, etc., souvent peu sincères, et que son agitation
fébrile se termine par la mort, ou parfois même plus tôt par un
désastre financier. Il saisit selon une expression du monde, que
« le jeu ( de la chance pour obtenir la célébrité, la fortune
et les plaisirs terrestres] n'en vaut pas la chandelle ». En
vérité, aux yeux de l'homme et de la femme du monde du type moyen,
la vie n'est qu'un jeu de cartes décevant dans ses résultats,
parce que même pour celui qui a le plus de succès, la vie ne
signifie comparativement rien en fin de compte.
D'autre part, il est offert aux enfants de Dieu, maintenant (*) [Écrit
en 1899 — Trad.] engendrés
du saint Esprit pour le « haut-appel » de cet Age de l'Évangile,
quelque chose qui détourne leur esprit des futilités et des illusions
qui exercent une attraction souvent frénétique sur l'esprit des humains
en général. Leurs joies et leurs ambitions sont plus élevées ; ils
aspirent à une position sociale plus noble, à de plus grandes richesses
et à un Royaume : des richesses célestes et un royaume céleste et éternel.
Les ambitions inspirées par ses promesses célestes sont de saintes
ambitions, pleines de miséricorde
et de bons fruits ; elles agissent dans le cadre de l'amour, tandis que
les ambitions terrestres sont guidées par les principes de l’égoïsme.
L'homme (ou la femme) dont les aspirations sont détournées de
ces bagatelles, de ces vanités et ambitions terrestres, et placées sur
les choses célestes, a certainement des occasions bien meilleures
d'exercer un jugement sain au sujet de toutes les affaires de cette vie présente,
parce qu'il (ou elle) les considère d'un point de vue
comparativement désintéressé. Il est dans le monde, et obligé
d'y vivre, et donc de se procurer des choses décentes et honnêtes
aux yeux de tous les hommes ; mais étant libéré des ambitions désordonnées
touchant les choses du monde, il échappe dans cette mesure à la
pression de l'avarice, de la convoitise, de l'orgueil, etc., et il est
d'autant plus apte à penser et à agir droitement et à témoigner
à tous une sympathie bienveillante. Cet esprit de sobre bon sens,
ce meilleur jugement du chrétien expérimenté n'est pas considéré
comme une amélioration ou une réparation de son esprit terrestre ou charnel,
mais comme un nouvel esprit, une nouvelle disposition
mentale engendrée en lui d'en-haut par les très grandes et précieuses
promesses de la Parole de l'Éternel (2 Pi. 1 : 4). Le chrétien est ainsi
aidé à cause de sa nouvelle disposition, l'Esprit ou disposition d'un
mental sain, le saint Esprit de l'Éternel. Plus le chrétien est rempli
du saint Esprit et plus sa mentalité sera saine. Ce sera rapide ou
lent dans la mesure où son amour pour le Seigneur et sa justice
sera fervent ou froid.
Ce fut le Maître qui demanda : « Que donnera un homme
en échange de son âme ? [son être, son existence] ? » (Matth. 16
: 26). Un homme sain d'esprit ne voudrait pas échanger la chose la
plus précieuse qu’il possède (son existence) pour quoi que ce
soit : richesse, célébrité ou situation. Plus quelqu'un recevra
l'esprit de sobre bon sens, et plus il jugera la chose ainsi. Au
contraire, nous voyons les gens du monde d'aujourd'hui faire l'inverse, et
prouver ainsi leur déséquilibre mental. Ceux qui sont réputés comme
les plus sages des hommes du monde dépensent leur activité pour ce qui
ne satisfait pas : Ils accumulent des richesses, ils luttent pour les
honneurs, pour une situation sociale et l'avancement ; ils font parade
d'un luxe arrogant et aiment les plaisirs dépravés. Tous ceux qui ont
l'esprit de sobre bon sens peuvent voir, même s'il n'y avait pas de vie
future, que de telles lignes de conduite sont peu sages, car la majorité
des humains consacrent leur vie actuelle à acquérir des jouissances matérielles,
puis ils meurent en se rendant compte qu'ils n'ont pas obtenu ce qu'ils
cherchaient ; ils comprennent que les richesses ou la célébrité qu'ils
laissent derrière eux seront bientôt dispersées ou, au contraire,
subsisteront comme un monument de leur folie, de leur avarice et de leur déséquilibre
mental.
La vie du monde, dépourvue de buts et ambitions raisonnables, est ce que
l'Apôtre appelle « votre vaine [infructueuse] manière de
vivre [la vie] qui vous avait été enseignée par vos pères »
(1 Pi. 1 : 18). L'habitude de travailler pour des objets qui n'en
valent pas la peine, est héréditaire ; les hommes ne s'arrêtent pas à
raisonner la chose, mais ils emboîtent le pas dans les sillons où leurs
parents ont marché. L'Apôtre montre que notre changement de conduite
provient du fait que nous savons que nous avons été rachetés par
le précieux sang de Christ. Nous avons découvert, par la Parole de grâce,
que la marche du monde est vaine et que tous suivent la vaine course à
cause de la dépravation — le déséquilibre de l'esprit occasionné par
la chute — et ayant appris le grand rachat, nous nous consacrons
joyeusement à celui qui nous a rachetés, et nous recevons de son Esprit,
l'Esprit de sobre bon sens.
Lorsque la vie présente est considérée selon le témoignage du saint
Esprit qui nous est donné dans la sainte Parole, elle nous apparaît
comme un apprentissage scolaire pur et simple, une préparation pour une
vie future destinée à tous ceux qui voient ce prix et entendent l'« appel ».
Seuls, cependant, ceux dont les yeux sont ouverts et qui voient de l’intérieur,
peuvent discerner combien est peu sage la ligne de conduite de la majorité
des humains : ceux-ci, bien loin de réprimer leurs propres tendances égoïstes
et de cultiver les éléments les plus nobles et les plus justes de leur
nature déchue, minent dans beaucoup de cas leur caractère, et à leur
mort, quittent ce monde avec un caractère plus faible que celui qu'ils
avaient à leur naissance; ces gens-là transmettent souvent encore un héritage
de faiblesse à leur postérité.
D'un autre côté, si la Parole de Dieu et le saint Esprit de cette
Parole répriment nos ambitions pour les richesses terrestres, et nous
assurent que « l'amour de l'argent est la racine de tous les maux »
(1 Tim, 6 : 10), ils nous protègent du défaut opposé, de la paresse, de
l'indolence, enseignant à chacun de se procurer les choses honnêtes à
la vue de tous les hommes, et spécialement pour assurer les nécessités
de sa propre famille. Ils nous exhortent à n'être point « paresseux,
mais fervents en esprit, servant le Seigneur » (Rom. 12 : 11).
Ainsi, ceux qui ont l'Esprit du Seigneur sont-ils mis en garde contre la
folie de ceux qui passent leur vie avec le « râteau à ordures »
de Bunyan (*) [Allusion à la 2e partie
de l'ouvrage de Bunyan : « Le voyage du Chrétien » (littér.
« du Pèlerin ») — Trad. ],
rassemblant pour eux-mêmes des trésors sans valeur réelle ; ils sont
aussi gardés contre la folie de l'indolence, et exhortés à être énergiques
en rendant de bons services qui seront utiles à l'humanité et approuvés
par Dieu, acceptés comme s'ils étaient « rendus au Seigneur »,
ce qui leur vaudra une abondante récompense dans la vie éternelle.
L'Esprit de sobre bon sens voit dans la vie présente des occasions qui
nous permettent d'acquérir des richesses de caractère, des richesses de
grâce, et d'amasser des trésors que ni la teigne ni la rouille ne
pourront consumer, mais qui seront des joies durables, éternelles. Non
pas que l'Esprit de sobre bon sens nous conduise à vivre dans l'avenir et
à négliger le présent, mais plutôt, il nous enseigne à vivre sagement
dans le présent en vue de l'avenir.
L'Esprit de sobre bon sens donne de l'ampleur et de la profondeur
au caractère dans toutes ses bonnes tendances ; non seulement il aide
celui qui le possède à se juger à sa valeur exacte, mais il l'aide également
à considérer exactement ses compagnons de dégradation et il développe
sa sympathie. Celui qui possède cet Esprit de sobre bon sens se rend
compte de ses propres faiblesses mentales et corporelles dues à la chute,
et de son propre besoin de miséricorde et d'utile correction, aussi bien
que du dérangement similaire de tous les humains, du besoin général de
sympathie et d'assistance pour le redressement. En apprenant à rectifier
les déficiences et les inégalités de sa propre mentalité, il
sympathise davantage avec ceux qui n'ont pas ce principe régulateur, cet
Esprit de sobre bon sens, et qui sont empêchés de l'accepter en raison
de l'opposition de l'Adversaire, « le dieu de ce monde » , qui
aveugle les esprits de ceux qui ne croient pas, de peur que la lumière
glorieuse de la bonté divine luisant sur la face de Jésus-Christ ne
brille dans leurs cœurs, et ne leur apporte l'Esprit de sobre bon sens.
— 2 Cor. 4 : 4.
Plus le chrétien développe, dans ce saint Esprit de son adoption,
une « nouvelle-créature
en Christ Jésus », plus il devient sous l'action de cet Esprit,
graduellement plus patient, plus sympathique, plus généreux, plus
aimable — plus ressemblant à Dieu. Ces qualités bienveillantes de
caractère affecteront, non seulement les actes extérieurs de sa vie,
mais aussi ses paroles et ses pensées. Dans la mesure où son saint
Esprit désapprouve une action déshonorante ou malhonnête, dans la même
mesure il désapprouve une parole déshonorante ou malhonnête à l'égard
d'un ami, d'un voisin ou d'un ennemi ; et de la même façon il désapprouve
la plus légère pensée injuste ou désobligeante à leur égard.
L'Esprit de sobre bon sens fera donc graduellement mais sûrement du mari
un meilleur mari, du père un meilleur père, du fils un meilleur fils, de
l'épouse une meilleure épouse, de la mère une meilleure mère, de la
fille une meilleure fille. Il fera cela en changeant des pensées, des
paroles et de la conduite le fondement qui, désormais, n'est plus l'égoïsme,
mais l'amour. Celui qui possède de plus en plus cet esprit de sobre bon
sens, le saint Esprit, l'Esprit d'amour, devient toujours moins disposé
à revendiquer ses propres droits, privilèges et préférences, et il
tient compte toujours davantage des droits, des sentiments et des préférences
des autres. La volonté de l'Éternel doit, bien entendu, passer la première,
mais en second lieu, le chrétien prendra plaisir à être agréable à
tous ceux avec lesquels il pourra venir en contact, spécialement aux
membres de sa propre famille. Pour accomplir son désir de plaire d'abord
au Seigneur et de le servir, puis de faire de même à la famille de l'Éternel,
et à tous les hommes selon qu'il en a l'occasion, ses pensées agiront,
ses paroles seront guidées et réglées, et sa conduite se dessinera
d'elle-même.
Il ne s'ensuit pas que l'homme ou la femme qui a reçu l'Esprit de
sobre bon sens sera pour autant le meilleur mari, la meilleure épouse, le
meilleur frère, la meilleure sœur le meilleur père, la meilleure mère
à tous égards, parce que, ainsi que nous l'avons déjà suggéré, la
mission de l'Évangile de Christ, dans son effet sur le monde civilisé,
est d'attirer les choses insignifiantes de ce monde, celles qui ne sont
point [de valeur] et de les élever dans la mesure ou elles se consacrent
à l'Éternel et reçoivent l'Esprit de sobre bon sens. Au contraire,
certains beaucoup mieux nés, sur un plan plus élevé, sont plus disposés
à se considérer comme justes par eux-mêmes et à décliner l'assistance
que le Seigneur leur offre. Ils sont peut-être de nobles maris, de nobles
épouses, de nobles enfants, de nobles parents, par le fait de leur
naissance plus noble, ou parce qu'ils ont hérité, de parents chrétiens,
un esprit mieux équilibré et une plus grande sagesse.
Mais, à moins qu'ils n'acceptent le Sauveur, et le nouvel esprit qu'il
leur offre, ils sont tout à fait sûrs de dégénérer, et de voir leur
amabilité, leur bonté, etc., devenir davantage une question de
formalisme, recouvrant un égoïsme intérieur qui, tôt ou tard, s'extériorisera
dans leur postérité en l'amenant à son tour
à un niveau moral inférieur.
La pensée que nous désirons souligner est que, peu importe le degré de
décrépitude mentale, d'immoralité ou de manque de sagesse d'un homme ou
d'une femme, si la vérité et la grâce de Dieu atteignent cet homme ou
cette femme, elles les relèveront et feront de l'un ou de l'autre les
plus nobles, les plus purs, les plus doux, les plus charitables, envers
autrui, et cela dans la mesure où ils recevront ce nouvel esprit,
l'Esprit de sobre bon sens.
Le manque d'équilibre mental chez les humains en général se
manifeste dans le mode de propagation irréfléchie de la race humaine,
Elle se développe pour ainsi dire au mépris des règles d'hygiène et
sans s'inquiéter beaucoup de savoir s'ils ont la possibilité d'assurer
une alimentation convenable à leurs rejetons ; ils violent complètement
les lois naturelles pourtant appliquées dans l'élevage des animaux intérieurs
: bestiaux, moutons, chevaux, chiens. Il n'est donc pas étonnant que l'Apôtre
enjoigne aux croyants de faire usage de sobre bon sens dans l'exercice du
plus grand des pouvoirs naturels de l'homme, celui de la procréation,
disant : « Maris, conduisez-vous avec sagesse [angl.: selon la connaissance
— Trad.] à l'égard de vos femmes » (1 Pi. 3 : 7 — Cr.). Si
ce conseil était suivi, si l'Esprit de sobre bon sens prédominait,
combien de maris qui aiment vraiment leur femme auraient plus d'égards
pour leur compagne délicate et surchargée, en se comportant avec elle
selon la connaissance.
Jusqu'ici, seuls les serviteurs et les servantes de l'Éternel ont reçu
ce saint Esprit de Dieu — cet Esprit de sobre bon sens. Grâce à Dieu,
le temps est proche où, par le ministère de ces serviteurs et de ces
servantes, glorifiés et revêtus de puissance avec le Roi de gloire, tout
le monde sera béni et l'Éternel répandra son saint Esprit, l'Esprit de
sobre bon sens « pour toute chair ».
Dieu est Amour
Vous qui L'aimez, que vos pensées
S'élèvent en ce
jour !
Cœurs Unis et voix
exercées,
Chantez : « Dieu
est amour ».
La Parole et la grâce même
L'affirment tour à
tour ;
Et de Jésus le don
suprême
Redit : « Dieu
est amour ».
Voyez Sa longue patience
Pour l'homme et son
détour ;
Bientôt au monde Sa
Science
Dira : « Dieu
est amour ».
(Hymne
39)
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