ÉTUDES
DANS LES ÉCRITURES
Volume
V —
RÉCONCILIATION ENTRE DIEU ET L'HOMME
ÉTUDE
XII
CELUI QUI FAIT L'OBJET DE LA RÉCONCILIATION
: L'HOMME
Qu'est-ce que l'homme ? — La réponse des
« orthodoxes ».— La réponse de la science. — La réponse
de la Bible. — Le corps de l'homme. — L'esprit de l'homme. — L'âme
humaine. — Confusion à cause de mauvaises traductions. — La
propagation des âmes. — Qu'est-ce que le « shéol » ? le
« hadès » ? où vont toutes les âmes dans l'intervalle entre
la mort et la résurrection ? — Exposés scripturaux examinés séparément.
« Qu'est-ce que l'homme, que tu te souviennes
de lui ? Et le fils de l'homme, que tu le visites ? Tu l'as fait de peu
inférieur aux anges, et tu l'as couronné de gloire et d'honneur. Tu l'as
fait dominer sur les œuvres de tes mains ; tu as mis toutes choses sous
ses pieds : les brebis et les bœufs, tous ensemble, et aussi les bêtes
des champs, l’oiseau des deux et les poissons de la mer ». — Ps.
8 : 4-8.
Quel grand être est donc l'homme pour que le Créateur de l'univers ait
été si intéressé à son bien-être, qu'il ait pris des dispositions si
généreuses pour sa réconciliation, même au prix du sacrifice de son
Fils ? Nous devrions connaître à fond, dans la mesure du possible, cette
plus grande des créatures terrestres de Dieu. Nos facultés de jugement
sont cependant si limitées, et notre connaissance si circonscrite, que
sur ce sujet nous dépendons presque entièrement de ce que notre tendre
Créateur nous a fait connaître dans sa Parole. Bien qu'il soit devenu
proverbial que « le plus grand sujet d'étude abordé par l'humanité,
c'est l'homme », toutefois, si invraisemblable que cela paraisse, il
y a peu de sujets sur lesquels l'humanité soit moins au clair que sur
celui-là : Qu'est-ce que l'homme ? Il y a deux conceptions générales du
sujet, mais nous soutenons que, ni l'une ni l'autre, n'est la véritable,
n'est celle de la Bible. Bien que les deux renferment certains éléments
de vérité, elles sont l'une et l'autre sérieusement fausses et
conduisent à de graves erreurs. Même ceux qui ne sont pas complètement
fourvoyés par elles en sont néanmoins si influencés et égarés, que,
pour eux, nombre de vérités ont perdu toute leur force et leur
importance ; par contre, ils acceptent beaucoup de sophismes ayant une
apparence de vérité. Notre sujet est donc important pour tous ceux qui
voudraient connaître la vérité et en retirer tout le bénéfice
possible par l'influence qu'elle aura sur leur cœur et sur leur vie. Ce
sujet revêt une importance spéciale touchant le thème général que
nous discutons : la Réconciliation. Celui qui n'a pas une claire
conception de ce qu'est l'homme, trouvera qu'il est difficile, sinon
impossible, de comprendre clairement les enseignements des Écritures
relatifs à la réconciliation pour le péché de l'homme — son opération
et ses résultats.
Nous allons examiner ici la conception générale, prétendue
orthodoxe, de la question : Qu'est-ce que l'homme ?, puis la conception
purement scientifique, et enfin la manière de voir de la Bible, laquelle
différente des deux autres, est beaucoup plus raisonnable que l'une et
l'autre, et constitue la seule base d'une harmonie convenable entre les
deux.
LA CONCEPTION ORTHODOXE DE L'HOMME
A la question : Qu'est-ce que l'homme ? la conception prétendue « théologique
orthodoxe » (que nous
contestons) répondrait à peu près ceci : l'homme est un être composé
de trois parties : le corps, l'esprit et l'âme ; le corps naît selon le
mode habituel commun aux animaux, sauf qu'à la naissance Dieu intervient,
et, de quelque façon incompréhensible, implante dans le corps un esprit
et une âme, qui sont des parties de lui-même, et sont, de ce fait
indestructibles, et ne peuvent jamais mourir. Ces deux parties, esprit et
âme, « l'orthodoxie »
est incapable de les séparer et de les distinguer, et par conséquent,
elle emploie les termes d'une manière interchangeable selon la convenance.
Les deux termes (esprit et âme) sont sensés représenter l'homme réel,
tandis que la chair est considérée comme étant simplement le vêtement
extérieur de l'homme réel, dans lequel il habite durant les années de
sa vie terrestre comme dans une maison. A la mort, dit-on, l'homme réel
est libéré de sa prison de chair, et se trouve dans une condition
beaucoup plus adéquate.
En d'autres termes, « l'orthodoxie »
prétend que l'homme réel n'est pas un être terrestre, mais un être-esprit,
totalement inadapté à la terre, sauf en ce qui concerne ses expériences
dans le corps charnel. Selon cette conception, lorsque l'homme est libéré
du corps par la mort, il éprouve une grande bénédiction ; pourtant,
lorsqu'il vivait, cet homme faisait tous ses efforts, pour conserver le
plus longtemps possible sa demeure charnelle, se servant de médicaments,
suivant des régimes et employant tous les remèdes et toutes les
inventions touchant l'hygiène pour prolonger sa vie dans la chair,
laquelle théoriquement, soutient-on, est mal adaptée pour son usage et
sa jouissance. La « libération » (ou « délivrance »
— Trad.), appelée « la
mort » est, prétend-on, une autre étape dans le processus évolutionniste
; dans beaucoup d'esprits, une telle évolution des conditions terrestres
aux conditions célestes, des conditions animales aux conditions
spirituelles, est tenue pour une proposition raisonnable et pour un résultat
logique de la conclusion scientifique que l'homme ne fut pas créé un
homme, mais qu'il évolua à travers de longues périodes, depuis le
protoplasme des temps préhistoriques au microbe, puis après diverses et
longues étapes, du microbe au singe, et finalement du singe à l'homme.
On prétend en outre que l'humanité, dans ses premiers débuts, était très
inférieure à l'humanité actuelle que l'évolution a puissamment développée,
et que la prochaine étape de cette évolution sera, pour chaque être
humain, une transformation ou évolution vers les conditions de l'esprit,
sous forme d'ange, de dieu ou de démon.
Tout ceci flatte beaucoup l'orgueil du dix-neuvième siècle (*) [Écrit en 1899 —
Trad.] , car si, d'une part, il admet
un ancêtre d'intelligence très inférieure, il s'attribue d'autre part,
aujourd'hui, les très grandes connaissances acquises, aussi bien qu'il prétend
à une élévation future. Cette manière de voir n'est d'ailleurs pas
partagée par les peuples civilisés seuls, mais aussi par la presque
totalité des peuples païens les sauvages, eux-mêmes ont en somme la même
conception de l'homme, sauf qu'ils ne font pas remonter aussi loin son
origine. Cette conception trouve un appui dans toutes les philosophies païennes
; elle est largement soutenue, de nos jours, par les théoriciens
scientifiques, qui, bien qu'ils définissent le sujet d'une manière toute
différente, aiment néanmoins caresser des espérances d'une vie future réalisée
dans le cadre de l'évolution ; ces gens-là aiment à satisfaire leur
vanité dans des théories qui ne s'accordent pourtant pas du tout avec
leurs propres déductions scientifiques relativement à l'étincelle de
vie qui est dans l'homme.
L'HOMME TEL QUE LE VOIT LA SCIENCE
A la question : Qu'est-ce que l'homme? la science répondrait tout
simplement : l'homme est un animal du type le plus élevé qui ait été développé
et que l'on connaisse. Il a un corps qui diffère de celui des autres
animaux par son développement plus élevé et plus noble. La
structure de son cerveau correspond à celle des animaux inférieurs, mais
elle est plus développée et plus raffinée, avec des capacités supplémentaires
et plus grandes qui font tout naturellement de l'homme, le seigneur, le
roi de la création inférieure. Le souffle ou esprit de vie de l'homme
est pareil à celui des autres animaux. L'organisme de l'homme et l'étincelle
de vie qui l'anime, viennent de ses procréateurs, de la même manière
que les bêtes reçoivent leur vie et leur corps de leurs procréateurs.
La science identifie tout homme à une âme ou être sensitif ;
mais quant à l'avenir, à l'éternité de l'existence de l'homme, la
science n'a aucune suggestion quelconque à présenter, n'ayant aucune
base quelconque lui permettant de tirer une conclusion, ou même une
hypothèse raisonnable. Cependant, si la science ne se livre pas à des spéculations,
elle espère néanmoins que l'évolution résoudra le problème de
l'avenir des humains et elle croit pouvoir suivre dans le passé les
traces d'un développement qui se poursuivra dans le futur. La science est
fière des prétendues étapes évolutives déjà réalisées par son dieu,
la loi naturelle ; elle espère que le même fonctionnement de la loi
naturelle (sans un Dieu personnel) amènera finalement l'humanité à des
conditions toujours plus divines et plus grandioses qu'à l'époque
actuelle.
L'HOMME, SELON LA BIBLE
La manière de voir de la Bible, tout en étant d'accord à certains égards
avec les deux précédentes, les conteste l'une et l'autre d'une manière
absolue sur certains de leurs points les plus importants. La Bible ne se
livre pas à des hypothèses, mais étant la voix ou la révélation de
Dieu, elle parle de plein droit avec autorité et force ; elle déclare ce
que fut le commencement, ce qu'est le présent et ce que sera l'avenir de
l'homme. La manière de voir de la Bible est la seule logique, et par conséquent,
la seule qui soit véritablement scientifique et orthodoxe sur ce
sujet. Mais ce que dit la Bible ne satisfait pas l'orgueil humain; elle ne
fait pas de l'homme son propre agent d'évolution ; elle ne confie pas non
plus cette tâche à un dieu de la nature, qui n'est pas Dieu. Au sujet de
l'homme, la Bible donne à Dieu la gloire de sa création originelle
(Adam) à la ressemblance divine ; elle montre que si l'homme n'a pas su
conserver cette ressemblance et s'il est tombé dans le péché et en
subit toutes les conséquences — dégradation mentale, physique et
morale conduisant à la mort — toute la faute en est à lui-même.
L'exposé de la Bible honore encore Dieu en nous révélant sa miséricorde
et sa magnanimité envers l'homme dans sa condition déchue, en ce qu'il a
pourvu à la rédemption de l'homme et à son rétablissement à sa
condition originelle par le ministère de son Rédempteur, durant le Millénium.
Il existe une source fertile de confusion dans l'esprit de
certains chrétiens, qui étudient la nature de l'homme, et en
particulier quand ils essaient de trouver ce que dit la Bible à ce sujet
: c'est qu'ils ne savent pas faire la distinction entre l'humanité en général
et l'Église, le Petit Troupeau que Dieu choisit du milieu des hommes
pendant l'Age actuel et qu'il perfectionne et prépare en vue de
conditions nouvelles et surhumaines, de conditions spirituelles. Ne réussissant
pas à « dispenser droitement la parole de vérité », ils
appliquent à tous les hommes les déclarations et les promesses des Écritures,
celles du Nouveau Testament en particulier, qui ne concernent seulement
que la classe de l'Église, et qui n'ont aucun rapport quel qu'il soit
avec les espérances de rétablissement offertes à toute l'humanité. Ces
« excessivement grandes et précieuses promesses » sont
proportionnellement aussi fausses pour le monde qu'elles sont vraie pour
l'Église. Ainsi, par exemple, les paroles de l'Apôtre : « Le corps
est bien mort à cause du péché, mais l'esprit est vie à cause de la
justice » (Rom. 8 : 10) s'appliquent seulement à l'Église : elles
indiquent les conditions spéciales et particulières de l'appel durant
cet Age-ci ; or, elles sont interprétées comme si elles s'appliquaient
à toute l'humanité. Ici, les termes « mort » et « vie »
sont employés dans un sens relatif, en parlant de ceux qui, après avoir
été justifiés par la foi, par la grâce de Dieu, sont tout de suite
considérés comme libérés de la condamnation à mort, afin qu'ils
puissent présenter leur corps en sacrifice vivant ; ceux-là comptent
leur corps comme mort et le traitent comme tel pour tout ce qui a trait
aux droits et aux intérêts terrestres ; ils ne s'estiment plus désormais
comme étant des êtres charnels ou humains, mais comme de « nouvelles-créatures »
engendrées à une nouvelle nature par le moyen des promesses de Dieu.
Comme tels, les croyants justifiés et sanctifiés (l'Église) se
reconnaissent, du point de vue de Dieu, comme ayant obtenu un nouvel
esprit de vie par l'opération de la foi en Christ et de l'obéissance à
Christ. Mais pareil usage des mots « mort »
et « vie » à l'égard du monde serait tout à fait impropre,
car le monde n'a d'autre nature que la seule nature humaine ; en aucun
sens du mot il n'a été de nouveau engendré.
Il y a aussi un autre texte fréquemment appliqué à tort au
monde, et qui ne concerne que le peuple consacré du Seigneur ; il dit :
« Nous avons ce trésor dans des vases de terre, afin que
l'excellence de la puissance soit de Dieu et non pas de nous » (2
Cor. 4 : 7). Ici l'Apôtre parle de l'Église seule — dont les membres
ont reçu le trésor du nouvel esprit de la nouvelle nature. Ils ont ce trésor,
ou cette nouvelle nature, dans le corps naturel, qui est compté comme
mort et appelé ici un « vase de terre ». L'image est tout à
fait appropriée à la classe à laquelle elle se rapporte, l'Église ;
mais il est tout à fait faux de l'appliquer à l'humanité en général,
de supposer que chaque être humain possède un trésor céleste ou une
nouvelle nature, et que de ce fait, chaque corps humain est un vase ou réceptacle
de terre pour une telle nouvelle nature. Le monde n'a qu'une seule nature,
la nature humaine ; il n'a aucune nouvelle nature, ni comme trésor ni
dans aucun autre sens ; il n'existe pas non plus de promesse assurant une
nouvelle nature au monde. Tout au contraire, la plus haute aspiration
possible qui sera jamais ouverte à l'humanité, selon la divine Parole de
la promesse, c'est le « rétablissement » — c'est d'être
restaurée à la pleine perfection de la nature humaine perdue en Eden,
rachetée au Calvaire. — Actes 3 : 19-23.
Nous pourrions de la sorte discuter un grand nombre de passages du
Nouveau Testament qui ne sont pas applicables à l'humanité en général,
mais seulement à l'Église consacrée, engendrée de nouveau de l'Esprit
à une nouvelle nature-esprit. Il sera profitable pour tous de remarquer
avec soin les salutations par lesquelles les Apôtres commencent leurs
diverses épîtres. Elles ne sont pas adressées, comme beaucoup le
supposent, à l'humanité en général, mais à l'Église, aux « saints »,
à « la maison de la foi ».
Qu'on se souvienne donc que, dans ce chapitre, en répondant à la
question « Qu'est-ce
que l'homme ? », nous n'examinons pas ce qu'est l'Église, la
« nouvelle-créature » en Christ Jésus, pas plus que ce
qu'est la nature-esprit à laquelle l'Église est déjà engendrée de
l'Esprit, et dont les membres s'ils sont fidèles, seront faits
participante au plus haut degré dans la première résurrection. Au
contraire, nous parlerons du premier Adam et de ses enfants. Nous désirons
savoir qui nous sommes et ce que nous sommes par nature, en tant que race
: Qu'est-ce que l'homme ? Ainsi, nous pourrons mieux comprendre de
quoi l'homme tomba ; dans quoi il tomba ; de quoi
l'homme fut racheté, et à quoi l'homme sera rétabli, et d'autres
sujets analogues.
L'HOMME : SON CORPS, SON ESPRIT, SON ÂME.
Acceptant la définition classique du mot
« animal » — « organisme
ou être vivant doué de la faculté de sentir » — nous n'hésitons
pas à classer l'homme au nombre des animaux terrestres dont il est le
principal et le roi, et jusqu'ici les Écritures sont pleinement d'accord
avec les déductions de la science. Notons le texte en tête de ce
chapitre ; le prophète David y montre en particulier que l'homme, dans sa
nature, est inférieur aux anges ; il est le roi et chef de toutes les créatures
terrestres, le représentant de Dieu pour tous les ordres inférieurs d'êtres
sensitifs.
Nulle part, les Écritures ne déclarent, ni directement ni
indirectement qu'une parcelle ou étincelle de l'être divin est communiquée
à chaque créature humaine. C'est une assertion gratuite de ceux qui
veulent édifier une théorie et sont à court de matériaux pour le
faire. Cette hypothèse sans fondement qui prétend qu'une portion de Dieu
est communiquée à chaque être humain à sa naissance, a servi de base
à beaucoup de fausses doctrines qui ont grossièrement défiguré le
caractère divin, sans égard, ni révérence pour la sagesse, la justice,
l'amour et la puissance de Dieu.
C'est cette prétention, assurant qu'une parcelle de l'être de
Dieu est impartie à sa naissance à chaque créature humaine, qui a nécessité
la théorie d'un enfer de tourment éternel. L'idée est que si l'homme
avait été créé comme les autres animaux, il aurait pu mourir comme eux
sans crainte d'une éternité de torture ; mais Dieu ayant communiqué à
l'homme une étincelle de sa propre vie, l'homme est donc éternel,
parce que Dieu est éternel et que de ce fait, il lui est impossible de détruire
sa créature, même si une telle destruction pouvait devenir désirable.
Si l'homme ne peut être détruit, on soutient qu'il faut forcément qu'il
existe quelque part pour toute l'éternité ; comme les hommes, dans leur
grande majorité, sont considérés comme mauvais, un petit troupeau
seulement étant saint et agréable à Dieu, on prétend que ceux qui ne
sont pas des saints doivent subir une éternité de tourment proportionné
à l'avenir de félicité accordée aux quelques saints. Autrement, admet-on,
il y aurait plus d'intérêt pour l'homme, plus de gloire pour Dieu, et
plus de paix et de prospérité de l'univers si les méchants pouvaient
tous être détruits. On prétend donc que Dieu ayant le pouvoir de
créer, n'a pas le pouvoir de détruire l'homme, sa propre création,
parce qu'une étincelle de vie divine lui fut donnée de quelque façon
inexpliquée. Nous espérons prouver que toute cette théorie est
fallacieuse ; qu'elle est non seulement sans appui biblique mais qu'elle
est une invention des siècles de ténèbres, en contradiction absolue
avec les Écritures.
Les Écritures reconnaissent que l'homme est composé de deux éléments,
le corps et l'esprit. Ces deux éléments produisent l'âme, l'être
sensitif, l'intelligence, l'homme lui-même, l'être ou l'âme. Le terme
« corps » s'applique simplement à l'organisme physique. Il
n'a trait ni à la vie qui l'anime, ni à l'être sensitif qui est le résultat
de cette animation. Un corps n'est pas un homme quoiqu'il ne puisse y
avoir d'homme sans corps. L'esprit de vie n'est pas l'homme, quoiqu'il ne
puisse y avoir d'homme fait sans l'esprit de vie. Le terme « esprit »,
dans l'Ancien Testament, vient du mot hébreu « ruach ».
Sa signification première est souffle, (ou respiration — Trad.)
; de là nous avons l'expression « souffle de vie », ou
« esprit de vie », parce que l'étincelle de vie une
fois communiquée est entretenue par la respiration.
L'expression « esprit de vie » signifie cependant davantage
que le simple souffle ; elle se rapporte à l'étincelle de vie elle-même,
sans laquelle la respiration serait impossible. Nous recevons cette étincelle
de vie de notre père, et elle est nourrie et développée par notre mère
(*) [Voir Chap. IV.].
Il est absolument faux de dire que l'étincelle de vie humaine soit
impartie d'une manière plus miraculeuse que celle de la vie animale. Les
animaux inférieurs, tels que le cheval, le chien, le bétail, etc., sont
engendrés par les mâles et naissent des femelles de leurs espèces
respectives, précisément de la même manière que l'espèce humaine est
produite ; et rien dans les Écritures ne suggère le contraire. C'est
purement une invention humaine destinée à étayer une fausse théorie
qui prétend que Dieu intervient à la naissance de la progéniture
humaine. Supposer que Dieu soit le créateur de chaque être humain qui naît
dans le monde, c'est supposer ce que contredisent les Écritures, car
ainsi, il serait l'auteur du péché, de la confusion et de l'imperfection,
alors que la Bible déclare : « Son œuvre est parfaite »
(Deut. 32 : 4). Non, non ! Les humains mentalement, physiquement et
moralement dégénérés et dégradés ne sont certes pas l'ouvrage de
Dieu. Ils sont bien éloignés, bien déchus de la condition de leurs
parfaits procréateurs, Adam et Ève ; ce n'est que de la création de ces
derniers que Dieu prend la responsabilité. Ceux qui prétendent que Dieu
crée directement chaque être humain, rendent Dieu responsable de
l'existence des idiots, des fous et des déséquilibrés du monde
entier, mais la science et l'Écriture déclarent toutes deux que les
enfants héritent de leurs procréateurs, leurs vices et leurs vertus,
leurs faiblesses et leurs talents. L'Apôtre déclare très clairement :
« Par un seul homme le péché est entré dans le monde et par [comme résultat
du] le péché, la mort, et qu'ainsi la mort a passé à tous les hommes,
en ce que tous ont péché [par hérédité] ». Le prophète fait
allusion à la même chose quand il déclare : « Les pères
ont mangé du raisin vert [péché] et les dents des enfants ont été
agacées » — ils sont tous dépravés. — Rom. 5 : 12 ; Jér. 31
: 29, 30 ; Ezéch. 18 : 2.
Mais quelqu'un pourrait demander: Ne
serait-il pas possible que Dieu ait implanté une étincelle de sa divinité
immortelle en nos premiers parents, et que cette étincelle ait été
transmise nolens volens (*) [expression latine qui équivaut
à l’expression française : « Bon gré, mal gré » (dict).] à leur postérité ?
Examinons ce que dit la Bible à ce sujet, et ce faisant,
souvenons-nous qu'il n'y a aucune autre révélation pour qui que ce soit
en dehors des Écritures ; nous pouvons donc connaître par elles tout ce
que l'on peut connaître sur ce sujet. Que trouvons-nous dans le récit de
la Genèse ? Nous trouvons, en vérité, que la création de l'homme y est
particulièrement mentionnée, tandis que celle de la création de la bête
l'est moins. Nous trouvons, cependant, que les exposés sont faits dans un
langage très simple et qu'ils ne contiennent aucune suggestion quiconque
de la transmission à l'homme par Dieu de quelque étincelle d'existence
surhumaine. La supériorité de l'homme sur la bête, selon le récit de
la Genèse consiste non pas en ce qu'il a une espèce différente de
souffle ou esprit, mais dans le fait qu'il a une forme plus noble, un
corps supérieur, un organisme plus fin, qu'il est doté d'un organisme cérébral
qui lui permet de s'élever par la raison à des hauteurs de pensées bien
au-dessus de l'intelligence des animaux inférieurs, de la création
animale. Nous constatons que c'est sous ce rapport-là que l'homme fut créé,
dans la chair, à la ressemblance de son Créateur qui est un être-esprit.
— Jean 4 : 24.
L'ESPRIT DE L'HOMME
Ainsi que nous l’avons déjà vu (*) [Chapitre
VIII. ], le mot « esprit »
dans nos versions communes de la Bible (et nos versions françaises —
Trad.) est la traduction du mot hébreu ruach et du mot grec pneuma
; c'est pourquoi, pour apprécier correctement le mot esprit
dans la Parole de Dieu, il faut que nous gardions toujours à la mémoire
la signification attachée aux mots originaux dont il est la traduction.
Comme nous l'avons vu, le mot « esprit »
signifiait primitivement vent et, en second lieu, on s'en est servi
pour désigner toute puissance invisible. Nous avons vu que ce
terme, appliqué à Dieu, signifie qu'il est puissant mais invisible ;
employé en rapport avec l'influence et l'action de Dieu, Il implique
qu'elles sont exercées par une puissance invisible. Il est appliqué à
la mentalité (« mind ») (*) [ Dict. américain
: « intellect ; manière de penser et de sentir ; synonymes :
compréhension, raison, jugement, sens ; intelligence, mémoire ».]
parce qu'elle est une force invisible, intangible ; aux paroles qui
sont également invisibles et pourtant puissantes ; à la vie, laquelle,
bien que de toute importance et pénétrant tout, est une force ou qualité
invisible comme l'électricité ; c'est pourquoi le mot « esprit »
s'applique à toutes ces diverses choses. Comme résultat, les Écritures
parlent de l'esprit de nos dispositions : le pouvoir invisible de l'esprit
; l'esprit d'un homme : les facultés mentales et la volonté d'un homme ;
l'esprit de vie : la force (ou puissance) de la vie qui anime notre corps
et toute la création ; l'Esprit de Dieu : la puissance ou influence que
Dieu exerce, soit sur des choses animées soit sur des choses inanimées ;
l'esprit de sagesse : un esprit sage : l'esprit d'amour : une mentalité
ou disposition mue par l'amour ; un esprit du mal ou de malice : esprit (ou
disposition) mû par la malice ; l'esprit de vérité : le pouvoir ou
influence qu'exerce la vérité. De même, les êtres célestes sont décrits
comme étant des êtres-esprits, c'est-à-dire des êtres invisibles, possédant
une puissance, une intelligence, etc. Ceci est applicable, non seulement
à Dieu le Père, duquel notre Seigneur Jésus dit : « Dieu est un
Esprit », mais il l'est aussi à notre Seigneur Jésus depuis sa résurrection,
car il est dit de lui : « Maintenant, le Seigneur est cet Esprit ».
Il est appliqué aussi aux anges et à l'Église qui est assurée que,
dans la première résurrection, chaque vainqueur aura un corps d'esprit (« a
spirit body »). Dans les Écritures il est employé également pour
désigner Satan et ses associés, des êtres-esprits, invisibles et
pourtant puissants.
L'ESPRIT CONCERNANT LA NOUVELLE NATURE
DANS LE NOUVEAU TESTAMENT
En considérant l'emploi du terme esprit relativement à l'homme,
nous remarquons ce qui suit:
(1) Les mots « esprit » et « spirituel » dans le
Nouveau Testament sont souvent employés en faisant allusion : (a) à la volonté,
spécialement à la nouvelle disposition (« mind ») des
« saints », engendrés par la Parole et l'Esprit de Dieu. Les
« nouvelles-créatures en Christ » sont appelées à un
changement de nature, de la nature humaine à la nature spirituelle, et il
leur est promis que si elles sont fidèles, elles auront à la résurrection
(b) des corps d'esprits (« spirit bodies ») pareils au
corps de Christ ressuscité, et pareils aussi à la personne glorieuse du
Père céleste. C'est pourquoi, à cause de cette future perspective qui
est la leur, l'espérance de l'Église est montrée comme étant (c) spirituelle
et céleste, en contraste avec les espérances et les promesses
dont les humains deviendront héritiers durant le Millénium. Le terme
esprit est aussi employé (d)
par allusion aux anges qui, par nature, sont des êtres-esprits et non des
êtres charnels. Mais l'idée d'invisibilité s'attache
toujours aux mots « esprit » et « spirituel »
quand et où ils sont employés.
Voici quelques exemples de tels emplois de ces mots:
(a) « Paul se proposa dans son esprit [pneuma — pensées (« mind »
), volonté]... d'aller à Jérusalem ». Actes 19 : 21.
(a) « Son esprit (à Paul) [pneuma — pensées,
sentiments] fut excité au dedans de lui, en voyant la ville remplie
d'idoles ». — Actes 17 : 16.
(a) « Paul était étreint (absorbé — note D.
; « pressé en esprit »: version anglaise — Trad.) [pneuma
— en pensée, il était mentalement excité] rendant témoignage aux
Juifs que Jésus était le Christ ». — Actes 18 : 5.
(a) « [Apollos] était instruit dans la voie du
Seigneur; et étant fervent d'esprit [pneuma — d'esprit ardent]
il parlait et enseignait diligemment ». — Actes 18 : 25.
(a) « Dieu que je sers dans mon esprit [pneuma —
ma nouvelle mentalité, mon nouveau cœur, ma volonté renouvelée] dans
l'Évangile de son Fils ». — Rom. 1 :9.
(a) « Glorifiez Dieu dans votre corps et dans votre esprit
[pneuma, disposition] qui lui appartiennent ». — 1 Cor. 6 : 20
(note D. — Trad.).
(a) « Car pour moi, étant absent de corps, mais présent en esprit
[pneuma, mentalement] j'ai déjà, comme présent, jugé ». —
1 Cor. 5 : 3.
(a) « Un esprit [pneuma — mental, disposition] doux et
paisible ». — 1 Pi. 3 : 4.
(b) « II est semé corps animal, il ressuscite corps spirituel »
[pneumatikos] (*) [Référence Strong N° 4152 — Trad
]. — 1 Cor. 15 : 44.
(b) « S'il y a un corps animal, il y en a aussi un spirituel [pneumdtikos] ».
— 1 Cor. 15 : 44.
(b) « Ce qui est spirituel [pneumatikos] n'est pas
premier ». — 1 Cor. 15 : 46. .
(b) « Ensuite ce qui est spirituel Ipneumatikos] ».
—1 Cor. 15 : 46.
(c) « La pensée de l'Esprit [pneuma — avoir un
esprit gouverné par le saint Esprit ou volonté de Dieu], vie et paix ».
— Rom. 8 : 6.
(c) « Vous qui êtes spirituels [pneumatikos —
engendrés de l'esprit et possesseurs du nouvel entendement] redressez un
tel homme dans un esprit [pneuma — disposition] de douceur ».
— Gal. 6 : 1.
(c) « Le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ qui
nous a bénis de toute bénédiction spirituelle [pneumatïkos —
bénédiction d'espèce spirituelle] dans les lieux célestes, en Christ ».
— Eph. 1 : 3.
(c) « Soyez remplis de l'Esprit [pneuma — le saint
Esprit de Dieu] vous entretenant par des psaumes, et des hymnes et des
cantiques spirituels [pneumatikos — des cantiques conformes à
votre nouvel esprit] » . — Eph. 5 : 19.
(c) « Pour que vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté,
en toute sagesse et intelligence spirituelle [pneumatikos — compréhension
de tout ce qui a trait à votre nouvelle parenté spirituelle avec Dieu,
et de compréhension de son plan] ». — Col. 1 : 9.
(c) « (Vous) êtes édifiés une maison spirituelle [pneumatikos
— une famille ou maisonnée d'un ordre ou d'une espèce spirituelle] ».
— 1 Pi. 2 : 5.
(d) « Une servante qui avait un esprit [pneuma — un
pouvoir invisible] de python » — par sa communion avec les êtres-esprits
déchus. — Actes 16 : 16.
(d) « Paul... se retourna et dit à l'esprit [pneuma —
le mauvais être-esprit qui possédait la femme] : Je te commande... de
sortir d'elle ». — Actes 16 : 18.
(d) « Et les esprits [pneuma] malins
sortaient d'eux ». — Actes 19 : 12, 13 (note D. — Trad.).
(d) « Mais l'esprit [pneuma] malin répondant, leur
dit » — Actes 19 : 15.
(d) « Les Sadducéens disent qu'il n'y a... ni d'ange, ni d'esprit
[pneuma — être-esprit] ». — Actes 23 : 8.
(d) « Si un esprit [pneuma] lui a parlé ou un ange ne
combattons pas contre Dieu ». — Actes 23 : 9 (note D. — Trad.).
LE TERME ESPRIT DANS L'ANCIEN TESTAMENT
(2) Le mot « esprit » est employé pour l'humanité en
général, spécialement dans l'Ancien Testament, mais toujours en faisant
allusion soit à (e) l'esprit de vie, l'étincelle qui anime et que
Dieu alluma d'abord en Adam, et qui, depuis lors, descendit (altérée) à
toute sa postérité — c'est un pouvoir ou qualité invisible,
soit à (f) l'esprit de la mentalité (« mind »), la volonté
— pouvoir invisible qui dirige la vie.
RUACH, PNEUMA : POUVOIR ANIMATEUR
Lorsque nous parlons de la création de l'homme, c'est de l'esprit
de vie, du souffle ou respiration de vie qu'il s'agit. Les Écritures
montrent clairement que cet esprit de vie est commun à toutes les créatures
de Dieu, et n'est pas possédé exclusivement par l'homme, ainsi que les
citations bibliques suivantes le démontrent clairement:
(e) « Toute chair en laquelle il y a esprit de vie [ruach
— l'esprit ou souffle de vie de toute chair] ». —
Gen. 6 : 17 ; 7 : 15.
(e) « Tout ce qui avait la respiration de l'esprit de vie
[en marge : ruach, l'esprit ou puissance de vie] ».
— Gen. 7 : 22.
(e) « Et l'esprit de Jacob leur père se ranima [ruach
— les forces vitales ou pouvoirs de vie de Jacob se ranimèrent] »
. — Gen. 45 : 27.
(e) « Et il [Samson] but et son esprit [ruach] revint
et il vécut [sa force, sa vigueur, son énergie lui revinrent] » .
— Juges 15 : 19.
(e) « Lui, dans la main duquel est... l'esprit [ruach de
toute chair d'homme ». [L'esprit de vie de toute l'humanité
appartient à la puissance divine] » . — Job 12 : 10.
(e) « 0 Dieu, Dieu des esprits [ruach — puissance de
vie ; esprit de vie] de toute chair ! un seul homme péchera, et tu
seras courroucé contre toute l'assemblée ? — Nombres 16 : 22.
L'opinion que la distinction entre l'homme et la bête consistait
en un esprit de vie différent, une espèce différente de vie, et qu'à
la mort, l'un montait et l'autre descendait paraît avoir été très
ancienne chez les philosophes du monde ; car nous trouvons Salomon, le
sage, demandant:
(e) « Qui est-ce qui connaît [qui peut prouver] que l'esprit
[ruach — esprit de vie] de l'homme monte en haut, et l'esprit (*)
[Note
Darby (f.) : « souffle et esprit sont un même
mot en hébreu » . ] [ruach
— esprit de vie] de la bête descend en bas dans la terre ? ».
(Eccl. 3 : 19-21).
Salomon venait juste d'indiquer comment il comprenait personnellement la
question:
(e) « Car ce qui arrive aux fils des hommes [la mort] est
aussi ce qui arrive aux bêtes ; il y a pour tous un même sort : comme
celle-ci meurt, ainsi meurt celui-là ; et ils ont tous un même souffle
[ruach — esprit de vie, souffle de vie] ; et l'homme n'a point
d'avantage sur la bête ».
A cet égard, sur la question d'avoir une espèce de vie différente, sa
supériorité doit être recherchée et trouvée ailleurs, comme nous le
verrons.
(e) « En ta main, je remets mon esprit [ruach —
esprit de vie ou énergie vitale] ». — Ps. 31 : 5.
Telle fut la déclaration prophétique des dernières paroles de
notre Seigneur Jésus mourant. Il avait reçu du Père l'esprit de vie
comme un don : il était, par obéissance au plan du Père, devenu un
homme afin d'être le Rédempteur de l'homme ; et quand Il rendit son
esprit de vie ou énergie vitale, il affirma sa confiance en la
promesse faite par Dieu de lui rendre l'esprit de vie par une résurrection.
De Dieu, la source de vie, l'humanité reçut l'esprit de vie,
par notre père Adam. En désobéissant, Adam perdit son droit à la
puissance (ou esprit) de vie, et graduellement, laissa échapper cet
esprit de vie par une mort lente au cours des neuf cent trente ans de son
existence. Alors, le corps retourna à la poussière où il était avant
la création, et l'esprit de vie, le privilège de vivre, la puissance ou
la permission de vivre, retourna à Dieu qui avait donné ce privilège,
cette puissance, exactement comme tout privilège ou faveur conditionnelle
revient au donateur, si les conditions de la donation ne sont pas remplies
(Eccl. 12 : 7). Rien dans ce texte n'implique que l'esprit de vie « prend
son vol pour retourner à Dieu », comme d'aucuns voudraient le représenter
; car l'esprit de vie n'est pas une intelligence, ni une personne, mais
simplement une puissance, un privilège qui a été
confisqué et qui par conséquent, retourne au donateur original de cette
puissance ou privilège. L'idée est que l'homme, ayant péché, n'a plus
de droits à la vie ; le retour à Dieu de ses droits à la vie
confisqués et le retour de sa chair à la poussière, ramènent sa
condition à ce qu'elle était exactement avant qu'il fût créé.
Mais de même que notre Seigneur Jésus espérait en la promesse
divine d'un retour de son « esprit de vie » ou pouvoirs et
droits à la vie dans l'arrangement divin, ainsi, en raison du sacrifice
de rédemption de notre Seigneur, certaines espérances et promesses sont
ouvertes à toute l'humanité, par « Jésus, le Médiateur de la Nouvelle
Alliance » (Héb. 12 : 24). C'est pour cette raison que les croyants
« ne pleurent pas comme ceux qui n'ont pas d'espérance ».
Notre Rédempteur racheta l'esprit des droits à la vie que notre père
Adam avait perdu pour lui-même et pour toute sa famille. Maintenant, les
croyants peuvent donc pour eux-mêmes (et, par la connaissance du plan de
Dieu, pour d'autres également) remettre leur esprit (leurs pouvoirs de
vie) entre les mains de Dieu également, comme le fit notre Seigneur ainsi
qu'Etienne — pleins de foi que la promesse divine d'une résurrection
serait réalisée. Une résurrection signifiera, pour le monde, une réorganisation
du corps humain, sa vivification ou réveil par l'énergie vitale,
l'esprit de vie (Hébreu : ruach ; Grec : pneuma). Pour l'Église
de l'Évangile, les participants à la
« première [principale] résurrection », cela
signifiera le don de l'esprit de vie ou énergie de vie (Hébreu : ruach
; Grec : pneuma) à un corps d'esprit — « spirit body »
. — 1 Cor. 15 : 42-45.
Dans le tableau vivant de la résurrection terrestre future que
nous offre la prophétie d'Ézéchiel (37 : 5-10, 13, 14), les
rapports entre le corps et l'esprit de vie, « le souffle »
(voir note D. — Trad.), sont clairement présentés. Il n'importe
que le prophète se serve de ceci simplement comme un symbole, cela
montre (prouve) néanmoins qu'un organisme humain n'a pas de vie jusqu'à
ce qu’il reçoive le ruach — le souffle (ou respiration —
Trad.) de vie, ce qui, nous l'avons montré ailleurs, est commun à tous
les animaux, car aucun ne peut vivre sans lui. Examinons de très près
les déclaration d’Ézéchiel, comme suit:
(e) « Voici je fais venir en vous le souffle [ruach
— esprit de vie, énergie de vie], et vous vivrez ».
(e) « Et je mettrai... sur vous de la chair, et je vous
recouvrirai de peau, et je mettrai en vous le souffle [ruach —
esprit de vie, énergie de vie], et vous vivrez ».
(e) « Et je vis, et voici..., il vint sur eux des nerfs et de
la chair et de la peau les recouvrit par-dessus », mais il n'y avait
pas de souffle [ruach — esprit de vie, énergie de vie] en eux ».
(e) « Et il me dit :
« Prophétise au Souffle (*) [Version anglaise : vent ; nos
versions fses, sauf D., rendent par : « Prophétise à l'esprit »
— Trad.] [ruach —esprit de
vie, énergie de vie ; en marge version anglaise : souffle] et dis au souffle,
[ruach — esprit de vie, souffle de vie] : Ainsi dit le Seigneur, l'Éternel
: Esprit [ruach — souffle ou esprit de vie], viens des quatre vents
[ruach] et souffle [ruach — souffle ou esprit de vie] sur ces
tués, et qu'ils vivent ».
(e) « Et je prophétisai selon qu'il m'avait commandé ; et
le souffle [ruach, esprit de vie, souffle de vie, énergie vivante]
entra en eux, et ils vécurent ».
(e) « Et vous saurez que je suis l'Éternel, quand j'aurai
ouvert vos sépulcres, et que je vous aurai fait monter hors de vos sépulcres,
mon peuple. Et je mettrai mon esprit [ruach — esprit de vie,
souffle de vie] en vous, et vous vivrez » .
Adam avait le privilège, s'il était obéissant, de conserver pour
toujours cet esprit de vie (ou puissance de vie) que son Créateur
lui avait donné. Il en fut dépossédé à cause de sa désobéissance,
et le droit à la vie retourna au Grand Dispensateur ; cet esprit
de vie n'était ni une personne, ni une chose, mais un droit ou privilège
et cet esprit de vie retourna à Dieu qui avait donné ce droit ou privilège
sous conditions, lesquelles furent violées. — Eccl. 12 : 7.
(e) « II n'y a point d'homme qui ait pouvoir sur l'esprit [ruach
: esprit de vie, étincelle de vie] pour emprisonner l'esprit [ruach
: esprit de vie, souffle de vie]. — Eccl. 8 : 8.
Par la grâce de Dieu, ces droits ou privilèges de vie perdus, que
tout homme à sa mort, abandonne à Dieu, ont tous été rachetés par le
précieux sang, et l'acquéreur est annoncé comme le nouveau Dispensateur
de vie, le régénérateur ou père de la race, qui donnera la vie, et une
vie plus abondante, à tous ceux qui, finalement, l'accepteront.
Nous ne donnerons qu'un seul exemple tiré du Nouveau Testament:
(e) « Le corps sans l’esprit [pneuma — étincelle
de vie, souffle des vies] est mort ». — Jacques 2 : 26.
RUACH, PNEUMA — LA DISPOSITION D'ESPRIT,
(*)
[«mind »
— Trad.]
LA VOLONTE.
Puisque l'esprit (*) [«mind »] ou volonté est une puissance ou
influence invisible, il est désigné par les mêmes mots équivalents
en hébreu et en grec, ainsi qu'on le voit dans les exemples suivants:
(f) « Anne répondit et dit : Non, mon Seigneur ; je suis une
femme qui a l'esprit [ruach — mental (*) [« mind »], disposition] accablé ». — 1 Sam. 1
: 15.
(f) « Le sot met dehors tout son esprit [ruach —
plans, pensées, mental (*) [« mind »], dessein] ». — Prov. 29 : 11.
(f) « Mon esprit [ruach — mental (*) [«mind »], courage] défaillait ». — Ps. 77:3.
(f) « Mon esprit [ruach — mental (*) [«mind »]] cherche diligemment ». — Ps. 77 :
6.
(f) « Celui qui est d'un esprit [ruach —
disposition, tempérament (*)] fidèle » — Prov. 11 : 13.
(f) « Toutes les voies d'un homme sont pures à ses propres
yeux, mais l'Éternel pèse les esprits [ruach — la mentalité
(*) [«mind »], les pensées, les motifs] ». —
Prov. 16 : 2.
(f) « L'orgueil va devant la ruine et l'esprit [ruach — disposition,
volonté, mentalité (*) ] [«mind »] hautain devant la chute ».— Prov. 16
: 18.
(f) « Mieux vaut être humble d'esprit [ruach —
comportement (*) [«mind »], disposition] ». — Prov. 16 : 19.
(f) « Cela aussi est vanité et poursuite du vent [ruach
— disposition (*) ] [« mind »] ». — Eccl. 6 : 9.
(f) « Mieux vaut un esprit [ruach — tempérament (*)
[«mind »],,
disposition] patient, qu'un esprit [ruach — tempérament (*) [« mind »], disposition] hautain. — ...ne te hâte
pas en ton esprit [ruach — tempérament (*) [«mind »], disposition] ».— Eccl. 7 : 8, 9.
Quelques exemples tirés du Nouveau Testament:
(f) « L'enfant [Jean] croissait et se fortifiait en esprit
[pneuma, disposition (*) [« mind »] , caractère] ». — Luc 1 : 80.
(f) « Pas paresseux, fervents en esprit [pneuma,
disposition (*) [«mind »],
caractère] servant le Seigneur ». — Rom. 12 :11.
(f) « Nous avons reçu non l'esprit [pneuma,
disposition, mentalité (*) [«mind »]]
du monde ». — 1 Cor. 2 : 12.
(f) « Je n'ai point eu de repos dans mon esprit [pneuma,
pensées (*) [«mind »]] ». — 2 Cor. 2 : 13.
(f) « Renouvelée dans l'esprit [pneuma, caractère,
disposition] de votre entendement (*) [« mind »] ». — Eph. 4 : 23.
(f) « La parure... d'un esprit [pneuma — mentalité,
disposition] » . — 1 Pi. 3 : 4.
Les emplois faits par les Écritures de ces termes originaux
montrent que notre mot français esprit est un bon équivalent de
l'original, car nous ne parlons pas seulement de l'esprit de vie, mais
aussi d'un esprit aimable, d'un bon esprit, d'un esprit ou d'une humeur
colérique, d'un esprit d'amertume et d'un esprit emporté ; nous nous
servons également de ces expressions pour les animaux inférieurs aussi
bien que pour l'homme. Le fait que nous prouvons ici est abondamment démontré,
à savoir que l'esprit n'est pas l'homme réel, ni un autre homme, mais
que ce mot, lorsqu'il est employé au sujet de la création de l'homme,
signifie simplement l'étincelle de vie ou pouvoir de vie qui est commun
à tous les animaux.
NESHAMAH — LE SOUFFLE DES VIES
Bien que le mot ruach soit parfois traduit par « souffle »
ou respiration, les Hébreux avaient un autre mot pour souffle, neshamah.
On le trouve vingt-six fois, et dans dix-neuf d'entre elles il est traduit
par « souffle »,
« inspiration » une fois, « esprit » deux fois,
« âmes » une fois, « coup de vent » trois fois. (*) [Dans la version commune
anglaise — Trad.]
Comme exemples de la signification de ce mot, et comme preuve qu'il
signifie simplement le pouvoir de vivre et ne comporte en aucun sens la
pensée de vie éternelle ou d'immortalité, notons les emplois suivants
du mot:
« L'Éternel Dieu forma l'homme, poussière du sol, et souffla [naphach
— insuffla, gonfla] dans ses narines le souffle [neshamah
(**) [Référence Strong N° 5397 — Trad.]] des vies [caiyah ] ». — Gen. 2 : 7.
« Et toute chair qui se mouvait sur la terre expira, tant les
oiseaux que le bétail et les bêtes et tout ce qui fourmille sur la terre,
et tout homme. Tout ce qui avait le souffle (***) [Note Darby : « litt : respiration de vie ».]
[neshamah Référence Strong N° 5397 — Trad.
[ de vie [adiyah (****)
[Référence Strong N° 2421 — Trad.]
dans ses narines, de tout
ce qui était sur la terre sèche mourut ». — Gen. 7 : 21, 22.
Ces deux premières traces du mot neshamah dans la Bible
suffisent pour prouver abondamment notre affirmation que ce terme n'a
aucune référence à l'immortalité, ni à un principe immortel, mais se
rapporte simplement à la vitalité, au pouvoir de vie. Ce pouvoir de vie,
nous est-il dit, fut donné à Adam, et le même pouvoir de vie, est-il déclaré
dans notre second texte, était possédé par tous les animaux, oiseaux, bétail,
bêtes et choses rampantes de la terre sèche, aussi bien que par l'homme
; lorsque toutes ces âmes ou êtres furent privés de ce souffle de vie,
dit le récit, toutes ces âmes ou tous ces êtres moururent, — l'homme
aussi bien que les créatures inférieures. Tous moururent de la même
manière, excepté qu'il existe des dispositions divines en faveur de
l'homme ; en effet, au propre temps. Dieu pourvut à une rançon, et plus
tard, au temps fixé, il délivrera les humains du pouvoir de la mort,
selon sa promesse, par une résurrection de l'être, de l'âme.
UNE ÂME HUMAINE
Beaucoup, en lisant le récit de la création dans la Genèse, ont ainsi
noté que, lorsque Dieu eut formé l'homme de la poussière du sol et lui
eut communiqué le souffle (esprit) de vie, selon le récit : « L'homme
devint une âme vivante (*) [Versions Abbé Crampon —
Moines de Maredsous — Cardinal Liénart : « L'homme devint
un être vivant » ; Grand Rabbin Zadoc Kahn — Note de
Segond (1919) : « Héb. : une âme vivante ».
Darby : « L'homme devint une âme vivante ». — Trad.
] ». Une telle affirmation, faite au lecteur ordinaire qui partage
l'opinion générale erronée quant au sens du mot « âme »,
suffit à le troubler ; ceux-là même qui auraient dû l'instruire
convenablement et comprendre d'abord eux-mêmes le sujet, ont dénaturé
le sens du mot ; il se dit pourtant que d'une manière ou d'une autre, il
y a un certain fondement à l'erreur répandue qu'il ne comprend pas, mais
que — suppose-t-il — ses professeurs préférés de théologie ont
approfondie et prouvée au-delà de tout doute.
Ne saisissant pas la signification du mot âme, beaucoup de
gens prennent la liberté de l'employer négligemment et, de ce fait, ils
transposent la déclaration biblique et, au lieu de parler de l'homme
comme étant une âme, ils en parlent comme ayant une âme;
ce qui est une pensée très différente. Il est donc, nécessaire que
tout chercheur de vérité, chasse de son esprit, autant qu'il est
possible, tout préjugé sur le sujet et tout particulièrement sur les
choses et les points importants qu'il admet ne pas comprendre ; car
la tendance naturelle est d'accorder des qualités et des pouvoirs à ce
qui est mystérieux et incompris. Ainsi, d'après la conception générale,
une âme est merveilleusement intelligente, possède des pouvoirs
merveilleux, elle est indestructible, intangible et incompréhensible.
On attribue à un évêque méthodiste la définition suivante de l'âme,
définition qui s'accorde certainement bien avec les prétendues théories
« orthodoxes », même si elles sont absurdes quand on les
analyse sérieusement : « L'âme est sans intérieur ni extérieur,
sans corps, sans forme, ni membres, et vous pourriez en mettre un million
dans une coque de noix ». Telles sont les diverses choses que l'on
prêche sur l'âme pour aider à soutenir une conception entièrement
erronée. Selon cette théorie, l'âme est l'être réel ; elle est une étincelle
de la divinité, possède des qualités divines, une vie intelligente,
etc., séparée et indépendante du corps ; elle habite le corps humain
pour un certain temps, s'en sert comme d'une demeure, et lorsque le corps
est épuisé ou hors de service, elle l'abandonne. Étant donné que
personne n'a jamais vu une âme entrer dans un corps, et qu'on ne peut
trouver une âme pendant qu'elle est dans le corps, par l'examen le plus
minutieux, et avec toutes les applications perfectionnées du microscope,
de la photographie et des rayons « X », on suppose donc
qu'elle est « sans corps, sans forme et sans membres ». Si
donc, on la suppose si petite qu'elle ne peut être décelée par un
microscope, on pourrait aussi bien dire que vous pourriez en mettre
cinquante millions dans une coque de noix. En réalité, l'évêque a donné
là une excellente définition de ce qu'est rien du tout ; tous
seront d'accord qu'on pourrait placer cent millions de riens dans
la plus petite des espèces de coques de noix et qu'il y aurait encore de
la place disponible.
Mais sur quel fondement repose une théorie aussi extravagante ?
Nous répondons : sur aucun. Elle résulte du fait que l'homme a adopté
sa propre conception d'une vie future, et a rejeté la conception et le
plan de Dieu. L'hypothèse humaine déclare : II doit y avoir quelque
chose qui ne meurt jamais, sinon il ne peut y avoir aucune vie future. La
conception divine déclare : le même Dieu qui créa au commencement est
capable de ressusciter les morts. Telle est la contradiction qui s'élève
entre la Parole de Dieu et toutes les hypothèses humaines de la terre
parmi les civilisés aussi bien que parmi les barbares ; toutes les hypothèses
humaines enseignent que l'homme ne meurt pas et n'a donc besoin ni d'un
Dispensateur de vie, ni d'une résurrection. La conception de la Bible est,
au contraire, que l'homme meurt, et que sans un Dispensateur de vie et
sans une résurrection, la mort serait vraiment la fin de tout, et il n'y
aurait aucune vie future.
C'est pour soutenir sa propre hypothèse que le monde, et tous ses
livres religieux (y compris, nous regrettons de le dire, la plupart des
ouvrages d'eschatologie écrits par des gens qui se disent chrétiens),
enseignent la doctrine de l'immortalité de l'âme, savoir : qu'il y a
dans l'homme, une âme possédant une vie, distincte de celle de son corps
et qu'elle est immortelle, indestructible, et par conséquent destinée à
une éternité de souffrance ou de félicité.
Nous
en venons donc à la question:
QU'EST-CE QU'UNE ÂME?
En examinant cette question du point de vue de la Bible, nous trouverons
que l'homme a un corps et a un esprit, mais qu'il est
une âme. Sur ce point, la science est d'accord avec les Écritures. En
fait, l'une des sciences, la phrénologie, se charge de considérer, comme
des sortes d'index, les crânes humains et ceux des animaux inférieurs,
et de déchiffrer en partant de là, les traits naturels et les caractéristiques
de leurs possesseurs : tous les hommes ne se sentent-ils pas capables dans
une certaine mesure de juger un caractère par un examen physiologique ?
Tous peuvent distinguer l'intellectuel d'un idiot, l'aimable bienveillant
d'un brutal dépravé. Ceux qui n'ont pas appris que l'organisme
(la forme du corps) est indissolublement lié avec la nature, le caractère,
et les dispositions mentales, n'ont pas compris beaucoup de choses aux leçons
de la vie et ne peuvent guère apprécier notre démonstration ou toute
autre analogue.
Le mot « âme », tel qu'on le trouve dans les Écritures,
signifie être sensitif ; c'est-à-dire qui possède des facultés
de sensations, de perception par les sens. L'esprit libre de tout préjugé,
reprenons avec cette définition le récit de la Genèse relatif à la création
de l'homme ; nous constatons que (1) l'organisme ou corps fut formé ; (2)
l'esprit de vie, appelé « souffle
ou respiration de vie », fut communiqué à ce corps ; (3) l'âme
vivante, ou l'être sensitif en résulta. Voilà qui est très simple
et facile à comprendre. Cela montre que le corps n'est pas l'âme, pas
plus que l'esprit ou souffle de vie n'est l'âme ; mais que la réunion de
ces deux éléments par l'Éternel, produisit un homme vivant, un être
vivant — une âme vivante, possédant des facultés de perception. Il
n'y a là rien de mystérieux, aucune idée qu'une étincelle de divinité
fut infusée à l'homme, pas plus qu'aux animaux inférieurs. En fait, si
la création des animaux inférieurs est passée sous silence sans être
spécialement décrite, il nous est permis de savoir que pour eux également,
le mode de procéder doit avoir été sensiblement le même. Nous savons
qu'un chien ne saurait exister sans un organisme ou un corps de chien, ni
sans esprit ou souffle de vie dans ce corps. Le corps du chien qui
n'aurait jamais été animé ne serait pas un chien. Il faut qu'auparavant
l'étincelle de vie, la respiration de vie, lui ait été insufflée, et
alors l'existence du chien commence. La même chose est vraie pour tous
les animaux.
En plein accord avec ce qui précède, nous appelons maintenant
l'attention sur un fait qui en surprendra beaucoup, à savoir que suivant
le récit des Écritures, chaque chien est une âme, chaque cheval est une
âme, chaque vache est une âme, chaque oiseau et chaque poisson sont des
âmes. Autrement dit, ce sont tous des créatures sensitives, possédant
des facultés de perception par les sens. Il est vrai que certains d'entre
eux sont sur un plan plus élevé et certains sur un plan plus bas que
d'autres, mais le mot âme s'applique à propos et scripturalement
aux créatures sur les plans inférieurs aussi bien qu'à l'homme, le plus
élevé et le plus noble — aux poissons, aux reptiles, aux oiseaux, aux
bêtes, à l'homme. Tous sont des âmes. Remarquez que nous ne disons pas
qu'ils ont des âmes, dans le sens ordinaire et erroné de ce terme,
pourtant ils ont bien tous des âmes, dans le sens d'avoir la vie,
l'être, l'existence — ce sont des âmes vivantes. Donnons-en la
preuve:
Dans les premier, second et neuvième chapitres de la Genèse, les
mots « âme vivante » sont appliqués neuf fois, dans la
langue hébraïque, aux animaux inférieurs, mais les traducteurs (préoccupés
semble-t-il, de défendre la fausse mais commune divagation concernant une
âme, empruntée à la philosophie de Platon) veillèrent avec persévérance
sur leur œuvre, de sorte que, dans la mesure où cela est possible, le
lecteur anglais (comme le français — Trad.) est tenu dans l'ignorance
à cet égard ; il ne sait pas que le terme âme est propre aux créatures
inférieures et s'applique à elles aussi bien qu'à l'homme dans l'usage
des Écritures inspirées. Autrement, comment aurait-il pu se faire que
dans tous ces cas, et dans beaucoup d'autres exemples à travers les Écritures,
ils aient soigneusement dissimulé la pensée, en employant un autre mot
anglais (ou français — Trad.) pour traduire le mot hébreu qu'ils
rendent par « âme » lorsqu'il désigne l'homme ? Ce point a
été gardé avec un tel soin que ce mot hébreu n'a été traduit par
« âme » en rapport avec des « créatures inférieures »
qu'en un seul passage de la Bible (*) [En français, la version Darby signale également, en note, le fait
en Gen. 9 : 4 ; Lév. 17 : 12 (« Personne = aucune âme ») ;
Deut 12 : 23. ], à savoir en
Nombres 31 : 28, et là, il est bien évident qu'ils furent contraints de
découvrir la chose, à cause de la construction particulière de la
phrase — aucune autre traduction n'étant raisonnablement possible. On
lit ainsi le passage:
« Et tu lèveras pour l'Éternel un tribut sur les hommes de guerre
qui sont allés à l'armée : un (une âme — note D.) sur
cinq cents, tant des hommes que du gros bétail, et des âmes, et du menu
bétail ». On remarquera qu'ici, le mot
« âme » est employé pour les créatures inférieures
aussi bien que pour l'homme, et ainsi apparaîtrait-il ailleurs dans les
Écritures si les traducteurs avaient été débarrassés des déviations
et des torsions de leurs fausses conceptions sur ce sujet.
Examinons maintenant les neuf textes de la Genèse dans lesquels on
trouve l'original hébreu du mot âme (neh-phesh) en rapport avec
les animaux inférieurs:
« Et Dieu dit : Que les eaux foisonnent abondamment d'un
fourmillement d'êtres vivants [hébr. : heh-phesh : âme
(*) [Référence Strong N° 5315
— Trad.]] ». — Gen. 1
: 20.
La note en bas de page de la version Darby porte : « hébr. :
âme, ici et versets 21, 24 et Gen. 2 : 19 », et ceci se
passait au cinquième jour, ou cinquième période, de la création,
longtemps avant la création de l'homme.
« Dieu créa les grands animaux des eaux, et tout être vivant
[hébr. : neh-phesh, âme vivante] qui se meut, dont les eaux
fourmillent » (Gen. 1 : 21).
Ceci aussi se passait au cinquième « jour » —
avant la création de l'homme. C'étaient des âmes-poissons.
« Et Dieu dit : « Que la terre produise des êtres vivants [hébr.
: neh-phesh — âme vivante] selon leur espèce, le bétail, ce
qui rampe, et les bêtes de la terre selon leur espèce » (Gen. 1 : 24).
Ces créatures étaient des âmes de
la terre sèche, supérieure aux poissons, mais l'homme, l'âme humaine,
ou être humain, n'avait pas encore été créé.
« Et Dieu dit :... Et à tout animal de la terre et à tout oiseau
des cieux, et à tout ce qui rampe sur la terre, qui a en soi un souffle
de vie [une âme vivante : neh-phesh], j'ai donné toute plante
verte pour nourriture » (Gen 1 : 30).
Ici, les animaux inférieurs sont spécifiés, et il est très
clairement déclaré, exactement dans les mêmes termes que pour l'homme,
qu'ils sont tous des âmes vivantes.
« Et l'Éternel Dieu forma de la terre tous les animaux des champs
et tous les oiseaux des cieux, et les fit venir vers l'homme pour voir
comment il les nommerait ; et tout nom que l'homme donnait à un être
vivant [hébr. âme vivante — neh-phesh ] fut son nom »
(Gen. 2 : 19). Tout commentaire est ici superflu, car l'on ne saurait plus
prétendre maintenant que l'âme est exclusivement une partie ou
une qualité humaine : ce terme, bien compris, désigne toutes les créatures
sensitives depuis la plus infime jusqu'à la plus élevée — toutes
les créatures possédant des pouvoirs sensitifs.
« Tout ce qui se meut et qui est vivant vous sera pour nourriture...
seulement vous ne mangerez pas la chair avec sa vie — [hébr.,
chair, âme, neh-phesh], c'est-à-dire son sang » (Gen. 9 :
3, 4 — voir note D). Ici, la Parole affirme non seulement que les
animaux dont l'homme peut manger possèdent une âme ou existence, mais
elle ajoute que leur sang, représente leur existence (être
ou âme) et c'est pourquoi il est interdit à l'homme de se servir
du sang comme nourriture, il lui est défendu de cultiver la soif du sang.
« Voici, j'établis mon alliance avec vous [Noé], et avec votre
postérité après vous, et avec tout être vivant [hébr. âme
vivante — neh-phesh — Voir note D.] qui est avec vous,
tant oiseaux que bétail et tout animal de la terre avec vous »
(Gen. 9 : 9, 10). Cet exposé est très clair ; il montre que toutes les
créatures vivantes sont des âmes aussi bien que l'homme, quoique lui étant
intérieures par leur nature, leur organisme, etc.
« C'est ici le signe de l'alliance que je mets entre moi et
vous et tout être vivant [hébr. âme vivante — neh-phesh] »
(Gen. 9 : 12). Quoi de plus explicite que cela?
« Je me souviendrai de mon alliance qui est entre moi et vous
et tout être vivant [hébr. : toute âme vivante — neh-phesh] »
Gen. 9 : 15.
La même, expression est répétée exactement dans les mêmes
termes au v. 16, et il n'y a aucune possibilité d'ergoter sur la
signification de ce terme lorsque le voile des erreurs de traduction est
levé ; nous pouvons saisir alors la pensée que Dieu désirait nous
transmettre par sa Parole.
Nous pourrions continuer cet examen dans les autres livres de la
Bible, mais nous avons cité suffisamment de textes pour établir notre démonstration
devant tout esprit raisonnable, à savoir que dans l'usage scriptural, l'âme
s'applique aussi bien aux animaux intérieurs qu'à l'homme ; il est donc
faux de prétendre que la supériorité de l'homme sur les animaux et ses
espérances d'une vie future proviennent du fait qu'il est une âme,
tandis qu'eux ne sont pas des âmes. Ces fausses conceptions doivent être
radicalement changées, si nous voulons voir les choses selon le véritable
enseignement de la révélation divine.
Mais que personne ne se méprenne : nous n'enseignons nullement que toutes
les créatures vivantes qui se meuvent, depuis la mite jusqu'à l'éléphant
et depuis le têtard jusqu'à la baleine étant des âmes vivantes,
elles doivent avoir une vie future, soit par un transfert aux conditions
de l'esprit, soit par une résurrection future. Pareille pensée serait un
non-sens absolu, de la folie même, que rien ne justifierait. Des
milliards d'âmes vivantes sur ces plans les plus inférieurs de la
nature animale naissent à chaque minute, tandis que d'autres milliards
meurent dans le même temps.
Notre argument est que l'homme est une âme ou être de
l'ordre le plus élevé, le roi et le seigneur sur les ordres inférieurs
d'âmes ou d'être sensitifs, tout en étant lui-même aussi une âme
animale, humaine, terrestre ; cependant l'homme avait été si
magnifiquement constitué à l'origine (Adam) qu'il pouvait, à juste
titre, être décrit comme étant à la ressemblance de Dieu, à
l'image de celui qui le créa.
L'homme, comme âme, diffère des animaux ou âmes inférieures par
le fait de son organisme supérieur ; sa supériorité n'est pas
simplement affirmée par le maintien vertical de son corps ; elle se
manifeste aussi par ses capacité mentales supérieures qui ressemblent à
celles de Dieu, et sont réfléchies dans son maintien physique. C'est par
ses capacités mentales et morales plutôt que par sa forme physique que
l'homme fut créé à l'image de Dieu. Bien que nombre des ordres inférieurs
d'âmes animales, ou d'êtres animaux possèdent des facultés de
raisonnement et le prouvent de mille manières, toutefois chacun d'eux
a une limite qu'il ne peut dépasser, tandis que les facultés de
raisonnement de l'homme sont presque illimitées, parce qu'il fut créé
à l'« image de Dieu », à « la ressemblance de celui
qui l'a créé ». Malgré la chute de l'homme dans le péché et ses
milliers d'années d'épaisses ténèbres et de dégradation, nous pouvons
encore discerner la ressemblance de Dieu, spécialement chez ceux qui ont
accepté le ministère de Christ qui réconcilie avec Dieu ; ils sont
devenus de nouveau des « fils de Dieu », et cherchent à
devenir semblables à l'image du cher Fils de Dieu.
Par exemple : on peut enseigner à des chevaux, à des chiens et à des
oiseaux la signification de nombreux mots pour leur faire comprendre
beaucoup de choses intéressant les affaires de la vie. Ils manifestent
souvent leurs facultés de raisonnement, et certains sont même capables
de compter jusqu'à vingt ; mais qui voudrait tenter d'enseigner l'algèbre,
ou la géométrie ou l'astronomie à un cheval, à un chien ou à un
oiseau ? On peut enseigner aux animaux les plus intelligents une certaine
notion d'honnêteté morale et de devoir moral envers leur maître : ne
pas tuer les brebis, ne pas mordre, ne pas ruer, etc., mais qui voudrait
essayer d'enseigner le Décalogue à ces bêtes muettes ? On peut leur
enseigner une certaine sorte d'amour pour leur maître et ses amis, mais
qui penserait à leur apprendre à aimer ou à adorer Dieu, ou à faire
plus que de supporter simplement des ennemis qui les ont traités avec méchanceté
?
Le point à noter est que toutes ces différences ne sont pas dues
au fait que les animaux inférieurs ont une espèce différente de souffle
ou esprit de vie, car comme nous l'avons vu, « ils ont tous un même
souffle » (Eccl. 3 : 19), ni parce que l'homme est une âme et que la bête
n'en est pas une, car nous avons vu qu'ils sont tous des âmes. Mais,
comme nous l'avons trouvé, et comme tous les hommes en sont témoins,
chaque être vivant possède un organisme corporel différent qui
lui donne ses différentes caractéristiques et qui seul, constitue l'un
supérieur, l'autre inférieur dans l'échelle de l'intelligence. Notez,
aussi, que ce ne sont pas la taille et le poids qui donnent l'excellence
et la supériorité, sinon l'éléphant et la baleine seraient les
seigneurs, de la terre ; l'excellence réside dans la « qualité
organique » représentée principalement dans la structure et
les fonctions du cerveau.
L'homme est donc le type le plus élevé de la créature terrestre,
« de la terre et terrestre », et son excellence consiste en la
supériorité de ses capacités et facultés mentales qui ne sont pas le résultat
d'un développement, mais un don de son Créateur.
« L'ÂME QUI PÊCHERA, CELLE-LA MOURRA »
C'est en parfaite harmonie avec ce qui précède, mais en parfait désaccord
avec l'idée qu'on se fait généralement sur le sujet, que nous trouvons
les Écritures parlant à maintes reprises de la mort de l'âme, alors que
la philosophie humaine et les recueils de cantiques de la théologie déclarent
catégoriquement qu'elle est indestructible. Nous lisons, par exemple, que
lorsque notre Seigneur devint le prix de notre rançon, il « livra
son âme [être] à la mort ». « II livra son âme
en sacrifice pour le péché » (Esaïe 53 : 10, 12). Cela était nécessaire,
parce que ce fut l'âme d'Adam qui fut condamnée à mort, et la
promesse faite à l'humanité est une rédemption de l'âme, ou être,
du ( « from » ) pouvoir de la mort, « Dieu rachètera
mon âme de la puissance du shéol [condition de mort] »
(Ps. 49 : 15). Comme nous l'avons vu, c'est parce que toutes les âmes
sont ainsi rachetées dans la seule rédemption qu'il est dit de tous nos
amis — de toute l'humanité — qu'ils se sont « endormis en Jésus ».
— 1 Thess. 4 : 14.
Nous remarquons ici que l'Apôtre ne pouvait pas, dans cette
expression, faire simplement allusion aux saints, comme lorsqu'il parle de
ceux qui sont « en Christ » ; car ceux dont il est fait
mention comme « nouvelles-créatures »
sont ceux-là seulement qui sont engendrés de Dieu par l'Esprit pour hériter
avec Christ, en formant son Église, les membres de son corps. Mais ceux
qui « dorment en Jésus »
comprennent la race entière, car notre Seigneur Jésus fut une
propitiation pour nos péchés, et non seulement pour les nôtres, mais également
pour les péchés du monde entier ; en vertu de ce sacrifice, Il est notre
Dispensateur de vie, et non seulement pour nous, mais aussi pour le monde
entier — le témoignage et l'occasion de l'accepter étant, pour la
majorité des humains, encore futurs. — 1 Jean 2 : 2 ; 1 Tim. 2 : 4-6.
D'après le contexte, il est manifeste que Paul pensait bien ainsi,
car il exhorte ici les croyants à ne pas s'affliger comme ceux qui n'ont
pas d'espérance ; il montre que la raison de cette espérance est ce fait
que Jésus mourut pour le péché de l'homme et ressuscita pour être le
justificateur de l'homme, que par là même, tous « dorment en Jésus »,
ou sont également libérés de la sentence de mort et sont soumis à Jésus,
qui les ramènera de la condition de mort par la puissance divine. Si l'Apôtre
avait dit ou paru vouloir dire que seuls les saints seraient ainsi bénis
par Jésus, nous pouvons voir rapidement que les croyants d'alors, et ceux
qui sont venus depuis, auraient trouvé bien peu de consolation dans ses
paroles, car la grande majorité des amis de tous ces croyants ne peuvent
pas être appelés des saints. Si le réveil du sommeil de la mort était
une bénédiction réservée aux saints seulement, la pensée de l'Apôtre,
au lieu d'être consolatrice serait l'inverse, une angoisse, une détresse.
Mais l'Apôtre fait allusion au monde entier comme étant ainsi endormi
en Jésus, quoique personne ne le sache de ce point de vue, sauf le Père
céleste et ses enfants consacrés qu'il a instruits au sujet de ses
gracieux plans futurs, par la Parole de Vérité, afin qu'ils puissent se
réjouir de la longueur, de la largeur, de la hauteur et de la profondeur
de la bonté divine, et « ne s'affligent pas comme les autres qui
n'ont point d'espérance [si riche] ». — 1. Thess. 4 : 13.
De même que le sommeil naturel, s'il est profond, implique un état
d'inconscience totale, ainsi en est-il de la mort, qui est une figure du
sommeil, c'est une période d'inconscience absolue, c'est même une période
de non existence absolue, sauf qu'elle est préservée selon les desseins
et la puissance du Père. Il en découle que le réveil de la mort, pour
ceux qui seront rétablis, signifiera un réveil à la vie consciente qui
sera reportée par la pensée au moment précis où la conscience fut
perdue à la mort. Il ne subsistera aucune notion du temps qui s'est écoulé
dans l'intervalle : autrement dit le moment du réveil sera pour les réveillés
celui qui suit immédiatement le moment de la mort en ce qui concerne
l'appréciation consciente.
Cette même condition a été éprouvée par des personnes, à la
suite d'accidents ayant occasionné une pression sur leur cerveau et qui,
par la suite, avaient été temporairement inconscientes sans cependant
perdre la vie. Dans de tels cas, lorsque la trépanation a fait cesser la
compression agissant sur le cerveau, le sujet revient immédiatement à l'état
conscient, et dans de nombreux cas, achève une phrase restée inachevée
lorsque la commotion cérébrale vint interrompre la pensée. La puissance
divine reproduira exactement toutes les circonvolutions de chaque cerveau
et les vivifiera. Ainsi, à l'heure du réveil, les humains, le monde en général,
auront présentes à l'esprit les mêmes paroles et les mêmes pensées
qu'ils avaient au moment où ils expirèrent. Mais n'oublions pas que nous
parlons ici du monde en général et non de la classe spéciale des élus
qui ont été choisis, tirés, hors du monde ; ces derniers forment l'Église,
le corps de Christ ; Ils auront part à la première résurrection et, de
bien des manières, connaîtront une expérience différente.
La mort adamique qui était une destruction a donc été, en raison
du plan de Dieu et de la rançon, changée en une suspension de
vie, appelée sommeil ; nous trouvons, néanmoins, que les Écritures
affirment très clairement qu'après le réveil du sommeil de la mort, il
dépendra de chaque individu d'aller, soit à la perfection et à la vie
sous la direction, le gouvernement et la tutelle du Christ glorieux soit
de choisir volontairement, délibérément et obstinément la voie du péché.
S'il choisit cette dernière, il recevra le châtiment destiné à
l'origine à Adam, c'est-à-dire la mort ; mais ce ne sera plus la mort
adamique, qui fut la punition, la pénalité du péché d'Adam, ce sera la
seconde mort. Cette dernière n'est nulle part désignée comme un sommeil,
et il n'est donné nulle part la moindre idée qu'il y aura un réveil
quelconque de cette mort. Au contraire, elle est appelée « une
destruction éternelle devant la présence du Seigneur ». — 2
Thess. 1 : 9.
De cette classe rachetée et réveillée qui aura, en général son
épreuve durant l'Age millénaire, les Écritures : déclarent : « L'âme
qui a péché, celle-là mourra » (Ezéch. 18 : 20). Trois considérations
prouvent que ce passage n'est généralement pas applicable maintenant :
(1) II ne signifie rien actuellement, alors que tous meurent —
les saints comme les pécheurs.
(2) II est exprimé sous la forme d'une seconde sentence et basé
sur les actions de chaque individu, et ceci ne pourrait pas être
applicable au temps présent, parce que, maintenant, nous mourons tous à
cause de la « désobéissance d'un seul homme » et de la
sentence de mort qui le frappa et affecte indirectement toute sa
race. — Rom. 5 : 12.
(3) Le contexte montre que ce passage se rapporte particulièrement
à ceux qui ont été libérés du pèche adamique lequel prévaut en général
aujourd'hui. Ce passage doit donc s'appliquer spécialement à l'Age
prochain, l'Age millénaire. Remarquez les indications du contexte et
n'oubliez pas que l'alliance de la loi de l'Age judaïque était analogue
à l'Alliance de l'Age millénaire, à la réserve toutefois que cette
dernière aura un meilleur Médiateur, capable et désireux de secourir et
d'aider tous ceux qui chercheront à marcher droitement, ne leur imputant
pas les manquements involontaires.
Le contexte déclare : On ne dira plus ce proverbe en Israël : Les
pères ont mangé du raisin vert, et les dents des fils en sont agacées.
Au contraire, chaque âme sera responsable pour elle-même devant Dieu et
« l'âme qui a péché, celle-là mourra. Le fils ne portera
pas l'iniquité du père, et le père ne portera pas l'iniquité du fils ;
la justice du juste sera sur lui, et la méchanceté du méchant sera sur
lui » (Ezéch. 18 : 2, 4, 20). Il est évident que ce temps n'est
pas encore venu. Les enfants ont encore
« leurs dents agacées » parce que leurs pères ont
mangé les raisins verts du péché ; nous sommes toujours sous la loi de
l'hérédité ; tous meurent encore pour le péché d'Adam et non pour le
péché individuel. La preuve de cela est le fait incontestable que près
de la moitié de la famille humaine meurt dans l'enfance, sans avoir
atteint l'âge de discernement ou de responsabilité personnelle. Qui ne
peut voir que l'enfant agonisant et mourant à l'âge de quelques jours ou
de quelques mois ne meurt pas pour ses propres péchés, mais qu'il
meurt parce qu'il est un membre de la race adamique laquelle est toujours
sous la malédiction prononcée contre notre père Adam, « Mourant
tu mourras » ? Cet enfant a hérité une part de la malédiction, et
il héritera aussi une part de la bénédiction de Dieu par Christ dans le
réveil à venir qui nous est garanti par le mérite de la grande
expiation (« Atonement ») accomplie au Calvaire.
En Jér. 31 : 29-34, nous trouvons une autre référence aux mêmes
conditions exactement que celles mentionnées par Ézéchiel, à la différence
que Jérémie nous donne plus de détails explicites qui montrent que cet
état de choses appartient non à l'Age actuel, mais à un Age futur. Jérémie
déclare:
« En ces jours-là on ne dira plus : Les pères ont
mangé du raisin vert et les dents des fils en sont agacées. Car chacun
mourra dans son iniquité ; tout homme qui mangera du raisin vert, en aura
ses dents agacées ».
Les mots « en ces jour-là » s'appliquent clairement
aux temps du rétablissement à venir, sous le règne de Christ, et non au
temps présent du règne du péché et de la mort. Remarquez que le prophète
poursuit en décrivant d'autres aspects de l'Age millénaire, parlant de
la Nouvelle Alliance qui doit être confirmée à Israël et à Juda
l'alliance éternelle sous laquelle ils obtiendront leur part des bénédictions
et promesses abrahamiques qu'ils attendent depuis si longtemps. —
Comparez Rom. 11 : 26-31.
Cette même pensée que la mort sera encore le châtiment du péché
pour tous ceux qui, après avoir été rachetés de la mort adamique, et
après avoir reçu la connaissance de la grâce de Dieu, reçoivent cette
grâce en vain, est montrée par ces paroles de Jésus : « Ne
craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent pas tuer l’âme [ne
craignez pas ceux qui ôtent la vie présente, laquelle est déjà de
toute manière, sous la condamnation à mort, mais souvenez-vous que vous
avez été rachetés ; qu'une vie future vous est offerte, et que personne
ne peut vous ravir ce que Dieu a réservé pour vous par la rédemption en
Christ-Jésus], mais craignez plutôt celui qui peut détruire et l'âme
et le corps, dans la géhenne » (Matth 10 : 28) Jésus affirme
donc ici d'une manière positive et incontestable, que Dieu a la puissance
de détruire l’âme. Nous n'ignorons pas qu'une théologie malhonnête a
cherché à tordre les Écritures et qu'elle soutient en conséquence que
ce texte signifie que Dieu peut détruire le bonheur de l'âme dans la
géhenne, mais qu'il ne peut pas détruire l'âme elle-même. Nous répondons
que donner une telle interprétation à ce passage, c'est tordre les Écritures
et les pervertir d'une manière qui ne peut manquer d'avoir des conséquences
désastreuses pour ceux qui « falsifient la Parole de Dieu ». Nous montrons
ailleurs (*)[Brochure (50 pages) :
« L'Enfer de la Bible. » ]
que le mot « géhenne »
employé ici signifie « la Seconde Mort » (la destruction totale) pour toutes les âmes qui ne voudront
pas écouter le grand Prophète de Dieu lorsque, au temps convenable, il
parlera clairement à tout le peuple, alors que maintenant, il le fait en
paraboles et en langage obscur que seule l'Église peut comprendre. —
Actes 3 : 23; Matt. 13 : 11.
Nous soutenons donc que les Écritures affirment sans le moindre
doute que l'homme est une âme ou un être qui, par son péché,
perdit son droit à la vie et se trouve maintenant sous la malédiction ou
le châtiment de la sentence divine, la mort ; telles étaient les
dispositions de Dieu. La Parole déclare en outre que les privilèges et
droits de l'homme furent tous rachetés par l'homme Christ Jésus qui se
donna lui-même en rançon pour tous ; que la mort actuelle ne doit donc
pas être considérée comme la mort — destruction complète, mais
simplement comme un « sommeil » temporaire duquel l'humanité
sera réveillée par son Rédempteur au matin de résurrection de l'Age
millénaire.
CONFUSION PAR SUITE DE TRADUCTIONS INEXACTES
Lorsque nous constatons de toute évidence les conceptions erronées
que partagèrent la plupart des traducteurs de nos versions relativement
à l'âme, à l'esprit, à la nature véritable de l'homme, nous ne devons
pas être surpris de leur embarras et de leur confusion : en voulant
harmoniser de force leurs traductions avec leurs idées préconçues sur
ce sujet, ils ont embrouillé dix fois plus le lecteur moyen. Ils ont caché
et tordu le sens des mots à un point tel qu'il est extrêmement difficile
au lecteur de discerner la lumière à travers l'obstacle maintenant
double : il lui faut en effet discerner (1) le faux enseignement sur le
sujet, et (2) les traductions inexactes qui appuient ce faux enseignement.
Cependant, grâce à la providence divine nous vivons maintenant à
une époque où nous avons à notre disposition des guides et des aides de
toute nature, de sorte que l'homme ou la femme, même de culture moyenne,
peut avec les guides devant lui, obtenir du sujet entier une conception
meilleure que celle qu'ont eue les traducteurs eux-mêmes. II existe
maintenant trois ouvrages qui donnent au lecteur anglais une connaissance
passablement claire de la version commune anglaise, et qui montrent
exactement comment elle a traduit les originaux hébreux et grecs : (1) The
Englishman's Hebrew and Greek Concordance of the Holy Scriptures
[non confessionnel] (2) Professer Young's Analytical Concordance to the
Bïble [Presbytérien] (3) Dr. Strong's Exhaustive Concordance
[Méthodiste][(1) Concordance hébraïque
et grecque des Saintes Écritures à l'usage de l'Anglais.
(2) Concordance Analytique du Professeur Young. (3) Concordance
complète du Dr Strong.]. Ces trois
ouvrages donnent chaque mot des Écritures, et montrent l'original la
racine dont il dérive. Bien que nous ayons mentionné les dénominations
représentées dans ces différentes concordances, il n'est que juste de
dire que, pour autant que nous ayons pu l'observer, il n'a pas été
permis aux préjugés des confessions d'intervenir dans l'exactitude
d'aucune d'elles. Quoique conçus sur des données quelque peu différentes,
ces ouvrages nous apportent des témoignages harmonieux et exacts, les
différences existant entre eux proviennent simplement de questions de
commodité et d'utilité pratique.
Que trouvons-nous en examinant ces ouvrages modèles ? Ceci :
Que le mot hébreu neh-phesh qui est généralement traduit par « âme »
(436 fois) dans l'Ancien Testament, et qui signifie « un être
sensitif » est traduit de trente-six manières différentes [dans
l'anglais — Trad. ] (*) [En français, Darby donne souvent
et honnêtement en note : « Heb. : « âme »,
ici et ailleurs, souvent » — Trad. ] comme on le voit ci-après
: « quelque » : 4 fois ; « appétit » : 2 ;
« bête » : 1 ; « corps » : 4 ;
« souffle » : 1 ; « créature » : 9 ; [voir
Gen. 1 : 21, 24 ; 2 : 19 ; 9 : 10 (*) [ ]
12, 15, 16 ; Lév. 11 : 46 : deux fois] ; « mort »
: 5 ; « mortel » : 1 ; « désir » : 3 ; « mécontenté »
: 1 ; « poissons » : 1 (Es. 19 : 10) ; « spectre »
ou « fantôme » : 2 ; « vorace » : 3 ; « a »
: 1 ; « lui » : 1 (Ps. 105 : 18) ; « cœur »
: 15 ; « cordialement » : 1 ; « elle-même » : 1 ;
« elle » :1 ; « lui-même » : 4 ; « vie »
: 100 ; « convoitise » :
2 ; « homme » : 2 ; « je » : 3 (Nomb.
23 : 10 ; Juges 16 : 30 ; 1 Rois 20 : 32) ; « esprit » : 15 ;
« mortellement » : 1 ; « moi-même » : 1 (Ps. 131
: 2) ; « un » : 1 (Lévitique 4 : 27) ; « propre »
: 1 (Prov. 14 : 10) ; « personne » : 24 (Genèse 14 : 21 —
voir en fs. note Darby) ; (36 : 6 ; Nom. 31 : 19 ; 35 : 11, 15, 30 ;
Deut. 10 : 22 ; 27 : 25 ; Jos. 20 : 3, 9) ; « plaisir » : 3
« soi » : 21 ; « tuer »
: 1 ; « chose » : 2 (Lév. 11 : 10 (*) [En français,
Darby donne souvent et honnêtement
en note : « Heb. : « âme »,
ici et ailleurs, souvent » — Trad.]
Ezéch. 47 : 9) : « volonté »
: 3 ; « votre » : 3.
Le mot grec, psuché (**) [Référence Strong N° 5590 — Trad.] [être sensitif] du Nouveau Testament, correspondant à neh-phesh,
est traduit par « âme » : cinquante-six fois ; il l'est aussi
par « esprit »,
trois fois (Actes 14 : 2 ; Phil. 1 : 27 ; Hébr. 12 : 3) ; « cœur »
: une fois (Eph. 6 : 6) ; « vie » : quarante et une fois.
Parmi ces différentes traductions, la dernière est celle qui a le
plus contribué à obscurcir la vérité. Elle a contribué à donner
l'impression que la vie est une chose, et l’âme ou être
une autre chose, et à favoriser l'idée qu'un homme peut perdre sa vie
sans perdre son âme, son être. Les cas suivants montrent que le mot psuché
est traduit par vie, mais que la confusion aurait pu être mieux évitée
s'il avait été traduit par être ou âme :
« Qui cherchaient la vie [psuché : âme, être] du
jeune enfant ». — Matt. 2 : 20.
« Ne soyez pas en souci pour votre vie [psuché : âme,
être], de ce que vous mangerez ». — Matth. 6 : 25.
« La vie [psuché : âme, être] n'est-elle pas plus que la
nourriture ? » Matt. 6 : 25.
« Celui qui aura trouvé sa vie [psuché : âme, être]
la perdra, et celui qui aura perdu sa vie [psuché : âme, être]
pour l'amour de moi, la trouvera ». — Matt. 10 : 39.
« Quiconque voudra sauver sa vie [psuché : âme, être] la
perdra et quiconque perdra sa vie [psuché : âme, être] pour
l'amour de moi la trouvera ». — Matt. 16 : 25.
« Le Fils de l'homme... venu... pour servir et donner sa vie
[psuché : âme, être] en rançon pour plusieurs ». — Matt.
20 : 28.
« Est-il permis... de sauver la vie [psuché : âme ou être]
ou de tuer ? » — Marc 3 : 4.
« Car quiconque voudra sauver sa vie [psuché : âme ou être]
la perdra, et quiconque perdra sa propre vie [psuché : âme ou être]
pour l'amour de moi et de l'évangile, la sauvera. Car que profitera-t-il
à un homme, s'il gagne le monde entier et qu'il fasse la perte de son âme
[psuché : vie, vivant], ou que donnera un homme en échange de son âme
[psuché : vie, être] ? » [Combien peu de lecteurs français
sont avertis du fait que « vie »
et « âme », employés deux fois dans ce passage, viennent du
même terme grec psuché !] — Marc. 8 : 35-37.
« Le Fils de l'homme vint... pour donner sa vie [psuché : âme,
être] en rançon pour plusieurs ». — Marc 10 : 45.
« Est-il permis, le jour du sabbat, de sauver la vie [psuché :
âme, être] ou de la perdre ? » — Luc 6 : 9.
« Car quiconque voudra sauver sa vie [psuché : âme, être]
la perdra, et quiconque perdra sa vie [psuché : âme, être] pour
l'amour de moi, celui-là la sauvera. Car que profitera-t-il à un homme
de gagner le monde entier s'il se détruit lui-même ou se perd lui-même
? » — Luc 9 : 24.
« Le Fils de l'homme n'est pas venu pour détruire les vies [psuché
: âmes, êtres] des hommes, mais pour les sauver » (voir note
de D. — Trad.). — Luc 9 : 56.
« Ne soyez pas en souci pour la vie [psuché : âme, être],
ni pour le corps, de quoi vous serez vêtus. La vie est plus que la
nourriture, et le corps plus que le vêtement ». — Luc 12 : 22,
23.
« Si quelqu'un vient à moi et ne hait pas [n'aime pas moins] son père
et sa mère, et sa femme, et ses enfants, et ses frères, et ses sœurs et
même aussi sa propre vie [psuché : âme, être], il ne
peut être mon disciple » — Luc 14 : 26.
« Quiconque cherchera à sauver sa vie [psuché : âme, être]
la perdra, et quiconque perdra sa vie [psuché : âme, être] la
gagnera ». — Luc 17 : 33.
Selon la pensée exprimée dans ce dernier texte et dans plusieurs
de ceux qui le précèdent, les enfants du Seigneur doivent se souvenir
que leur existence ou leur être actuel est, de toute manière, sous la
sentence de mort, mais que la grâce divine a pourvu à la rédemption,
non pas à une continuation de l'existence mais à une revivification, à
une résurrection, à un retour à la vie. Pendant l'appel de cet Age de
l'Évangile, nous sommes invités à déposer notre vie au service de l'Éternel,
comme de vivants sacrifices, en suivant l'exemple de notre Rédempteur,
car selon la promesse, tous les croyants en Christ qui se comportent ainsi
fidèlement, auront (*) [Écrit
en 1899 — Trad.] part avec lui à la nature divine, par l'œuvre de la première
résurrection. C'est ainsi qu'ils recouvreront leur âme, leur être, leur
existence, avec « la vie [zoée (**)] [Référence
Strong N° 2222 — Trad.] en
abondance » ! — Jean 10 : 10.
« Le bon Berger donne sa vie [psuché : âme, être] pour ses
brebis [notre Seigneur « a répandu son âme jusqu'à la mort
; Il livra son âme en sacrifice pour le péché ». — Esaïe
53 : 10, 12] ». — Jean 10 : 11.
« Je donne ma vie [psuché : âme, être] pour les
brebis ». — Jean 10 : 15.
« Je laisse ma vie [psuché : âme, être], afin que je
puisse la recevoir de nouveau [selon la promesse et la puissance divines,
par la résurrection] » . — Jean 10 : 17.
« Celui qui affectionne sa vie [psuché : âme, être] la
perdra, et celui qui hait sa vie [psuché : âme, être] dans ce
monde-ci la conservera pour la vie éternelle ». — Jean 12 : 25.
Ici, la pensée est que la fidélité à Dieu dans les mauvaises
conditions actuelles, produit nécessairement en nous une aversion, un mécontentement
pour un tel état de choses et augmente notre désir et notre détermination
de sacrifier toutes ces choses terrestres au service de Dieu, de la
justice et de nos semblables, afin que, selon les dispositions divines,
nous puissions être jugés dignes d'une existence (âme, être),
dans les conditions plus favorables de la dispensation à venir. Celui qui
aime l'état de choses actuel, qui estime les jouissances et les plaisirs
du temps présent supérieurs à la justice et à l'obéissance à Dieu,
fournit la preuve qu'il est indigne de l'existence future que Dieu nous a
offerte, indigne de recouvrer son âme, son être, à la première résurrection.
« Tu laisseras ta vie [psuché : âme, être]
pour moi ! » — Jean 13 : 38.
« Personne n'a un plus grand amour que celui-ci, qu'il laisse
sa vie [psuché : âme, être] pour ses amis ». — Jean 15 :
13.
« Hommes qui ont exposé leurs vies [psuché : âme,
être] pour le nom de notre Seigneur Jésus Christ ». — Actes 15 :
26.
« Ne soyez pas troublés, car son âme (*) [Darby traduit
correctement par âme, au lieu de vie ; mais en note de bas de
page, il indique presque toujours : vie et âme, ne voyant
pas la différence. — Trad. ]
[psuché : âme, être] est en lui [il n'a pas expiré, rendu
le dernier soupir de son existence] ». — Actes 20 : 10.
« Je ne fais aucun cas de ma vie [psuché : âme, être,
existence], ni ne la tiens pour précieuse à moi-même, pourvu que j'achève
ma course ». — Actes 20 : 24.
L'Apôtre avait appris à juger droitement l'existence présente
comme de peu de valeur en comparaison de la vie future promise à la résurrection.
Il ne l'estimait pas comme « précieuse » dans le sens de
valoir plus que le Seigneur, sa faveur et les occasions de servir sa
cause. Il était désireux de se dépenser et de s'user entièrement au
service du Maître, dans l'espoir d'obtenir la première résurrection,
ainsi qu'il le dit explicitement en Phil. 3 : 8-11.
« Hommes, je vois que la navigation sera accompagnée de revers et
de beaucoup de dommage, non seulement quant au chargement et au navire,
mais même quant à nos vies [psuché : âmes, êtres] » .
— Actes 27 : 10.
« On ne fera la perte de la vie [psuché : âme, être]
d'aucun de vous ». — Actes 27 : 22.
« Je suis demeuré seul, et ils cherchent ma vie [psuché :âme,
être] ». — Rom. 11 : 3.
« Qui, pour ma vie [psuché : âme, être] ont exposé leur
propre cou ». — Rom. 16 : 4.
« Pour l'œuvre (du Christ, — note D. — Trad.) il a été
proche de la mort, ayant exposé sa vie [psuché : âme, être]
afin de compléter ce qui manquait à votre service envers moi ».
— Phil. 2 : 30.
« C'est que lui, a laissé sa vie [psuché : âme, être]
pour nous » , « il a répandu son âme dans la mort » ;
« il en a fait une offrande pour le péché », et nous, nous
devons laisser nos vies [psuché : âmes, êtres] pour les frères ».
— 1 Jean 3 : 16.
« Et le tiers des créatures qui étaient dans la mer et qui avaient
vie [psuché : âme, être] mourut ». — Apoc. 8 : 9.
« Ils n'ont pas aimé leur vie [psuché : âme, être],
même jusqu'à la mort ». — Apoc. 12 : 11.
Une fois que notre esprit est au clair sur cette question de l'âme,
et que nous obtenons une compréhension nette de la manière exacte dont
les mots neh-phesh et psuché sont employés dans les Écritures
par les auteurs inspirés, tout mystère disparaît. Le manteau d'obscurité
qui enveloppait les termes vagues et indéfinis d'âme et d'esprit (ghost
: spectre ou être fantôme, pour le lecteur anglais — Trad.) s'enlève
et permet non seulement à l'ignorant mais aussi à beaucoup de personnes
instruites de pénétrer le sens de ces termes jusque là indéfinis,
indescriptibles et incompréhensibles.
Que personne ne s'imagine que le corps est aussi l'âme ; ce
serait une erreur, ainsi que les paroles de notre Seigneur le montrent
clairement : « Dieu est capable de détruire et (à la fois —
Trad.) l'âme et le corps ». Mais d'autre part, il ne peut y avoir
d'âme, d'être sensitif sans un corps, céleste ou terrestre, spirituel
ou animal.
Selon l'exposé de la Genèse relatif à la création de l'homme, nous
voyons que le corps fut formé d'abord, mais que ce n'était pas un homme,
âme ou être, jusqu'à ce qu'il fût animé. Il avait des yeux,
mais ne voyait rien ; des oreilles, mais n'entendait rien ; une bouche,
mais ne parlait pas ; une langue, mais ne goûtait pas ; des narines, mais
ne sentait pas ; un cœur, mais qui ne battait pas ; du sang, mais qui était
froid et sans vie ; des poumons, mais qui ne se gonflaient pas. Ce n'était
pas un homme, mais un corps sans vie, un corps inanimé.
La seconde étape du processus de la création de l'homme fut de donner la
vitalité au corps convenablement « formé » et à tous égards
préparé ; cette opération est décrite par les mots « souffla
dans ses narines une respiration de vie ». Lorsqu'une personne en
bonne santé s'est noyée et que toute animation s'est trouvée suspendue,
on peut parfois produire un retour à la vie, dit-on, en manœuvrant les
bras de manière à faire fonctionner les poumons comme un soufflet, et en
ramenant ainsi graduellement la respiration dans les narines. En ce qui
concerne Adam, il ne fallut, naturellement, aucun effort pénible de la
part du Créateur pour faire respirer l'oxygène vivifiant de l'atmosphère,
à l'organisme parfait qu'il avait fait.
Lorsque le souffle vivifiant entra dans les poumons, ceux-ci se
dilatèrent, chargèrent d'oxygène les globules du sang qui se rendit au
cœur ; à son tour, le cœur envoya le sang dans toutes les parties du
corps, éveillant à la sensation et à l'énergie les nerfs tout préparés,
mais jusque là endormis. En un instant, l'énergie atteignit le cerveau,
alors commencèrent la perception de la pensée, le raisonnement, et le
fonctionnement des cinq sens (la vue, le toucher, l'odorat, l'ouïe et le
goût). Ce qui était un organisme humain sans vie était devenu un homme,
un être sensitif : la condition d'« âme vivante », mentionnée
dans le texte avait été atteinte. En d'autres termes, l'expression
« âme vivante » ne signifie ni plus ni moins que l'expression
« être sensitif », autrement dit, un être capable de
sentir, de percevoir, de penser.
En outre, bien qu'Adam eût un organisme parfait, il devait sustenter la
vie, l'âme ou l'être sensitif, en mangeant des fruits des arbres de vie.
Lorsqu'il pécha. Dieu le chassa du jardin, « afin qu'il n'avance
pas sa main et ne prenne aussi de l'arbre [pluriel arbres ou bosquet] de
vie et n'en mange, et ne vive à toujours [c'est-à-dire, en en mangeant
continuellement »] (Gen. 3 : 22). Comme les brouillards et les mystères
se dissipent devant la lumière de la vérité qui est projetée par la
Parole de Dieu !
A cause de sa chute dans le péché et la mort, la condition de l'homme
est loin d'être ce qu'elle était dans sa perfection originelle lorsque
le Juge suprême déclara qu'elle était
« très bonne » ;
en outre, certains, en cultivant les organes inférieurs de la pensée et
en ne faisant pas usage des facultés intellectuelles supérieures, ont
atrophié les organes du cerveau qui représentent ces facultés supérieures
; cependant, ces organes existent encore et sont susceptibles d'être développés,
ce qui n'est pas le cas pour les types d'animaux les plus proches de la
perfection. C'est donc en dotant l'homme d'un organisme supérieur et plus
délicat, que le Créateur l'a différencié d'avec la bête. Tous ont une
chair et des os de même nature, ils respirent le même air, boivent la même
eau, et mangent une nourriture analogue ; tous sont des âmes ou créatures
possédant une intelligence, mais l'homme dans son corps d'une qualité
supérieure, possède la capacité d'une plus haute intelligence, et le Créateur
le traite comme étant sur un plan entièrement différent ; c'est dans la
mesure où le péché dégrade l'homme de sa ressemblance originelle avec
son Créateur qu'on dit de lui qu'il est
« abruti », c'est-à-dire ressemblant davantage aux bêtes,
ayant perdu ses facultés de sensibilité d'un ordre supérieur et plus délicat.
Ceux dont les yeux
de l'intelligence commencent à s'ouvrir sur ce sujet, au point qu'ils
discernent que le mot « âme » signifie intelligence, être, et que les
mots « souffle »,
« respiration » ou « esprit de vie » veulent dire
le pouvoir divin de vivre, peuvent rapidement saisir d'après ce qui précède,
que toute créature possédant une vie consciente a, en premier lieu, un
corps ou organisme ; en second lieu, l'esprit de vie qui anime ce corps,
et en troisième lieu, l'existence, l'être, l'âme, comme résultat. Une
comparaison entre la chaleur et l'âme facilitera, pour quelques-uns, la
compréhension du sujet. Si l'on place un morceau de charbon dans des
conditions favorables, permettant l'arrivée de l'oxygène de l'air, et
qu'on y met le feu, on obtiendra une chose nouvelle : la chaleur. Le
charbon n'est pas la chaleur, bien que possédant certaines des propriétés
qui, dans des conditions favorables, produiraient la chaleur ; l'oxygène
non plus n'est pas la chaleur ; pourtant, lui aussi, dans des conditions
propices, peut être un élément servant à produire de la chaleur. Ainsi,
par analogie, le corps n'est pas l'âme, bien qu'il possède les qualités
nécessaires à l'âme ; le souffle ou esprit de vie n'est pas non plus l'âme
— il est la puissance qui vient de Dieu et qui est nécessaire à la
production de la créature sensitive. Le corps, lorsqu'il est
convenablement uni au souffle ou esprit de vie, produit une chose
nouvelle, un être, une âme, une créature sensitive.
L'œuvre de désagrégation, la mort, confirme ces faits là. Si la
respiration ou esprit de vie est retiré, il en résulte la mort. Mais
alors : Qu'est-ce qui meurt ? Le souffle ou esprit de vie meurt-il ?
Certainement pas ; il n'a jamais eu d'existence sensitive ; c'est un
principe ou puissance, comme l'électricité ; il n'a ni pensée, ni
sentiment, il ne pourrait pas mourir. Est-ce que le corps meurt ? Nous répondons
: Non. Le corps peut perdre la vie dont le Père l'anime, mais le corps,
de lui-même, en dehors du souffle ou esprit de vie, n'avait aucune
conscience, aucune sensibilité, aucun sens et on ne pourrait donc dire
qu'il meurt ; il était inanimé avant que le souffle ou esprit de vie vînt
en lui, il devint animé pendant que le souffle ou esprit de vie était en
lui ; il redevient inanimé, ou mort, lorsque l'esprit de vie est retiré.
Qu'est-ce donc qui meurt ? Nous répondons que c'est l'âme qui
meurt : l'être sensitif cesse d'exister. Souvenons-nous que l'être
sensitif fut produit par l'union d'un souffle ou esprit de vie avec un
organisme, et que la séparation ou la dissolution des deux provoque la
cessation de l'être, de l'âme, c'est-à-dire la mort. Que ceci soit vrai
des animaux inférieurs, personne ne voudrait le contester un instant,
mais n'est-ce pas également vrai de l'homme, l'animal le plus élevé, créé
à l'image intellectuelle et à la ressemblance morale de Dieu ? Tout
esprit raisonnable l'admettra logiquement aussi. Nous n'ignorons pas que
quelques rares passages des Écritures peuvent être tordus et mal rendus
jusqu'à les mettre en opposition avec ce fait-là ; mais nous les
examinerons plus loin et on les trouvera en parfait accord avec ces exposés.
Voici une autre image montrant les rapports qui existent entre le
corps humain ou animal, l'esprit et l'âme : une chandelle non allumée
correspondrait à un corps humain sans vie ; l'allumage de la chandelle
correspondrait à l'étincelle de vie donnée à l'origine par le Créateur
; la flamme ou lumière correspondrait à l'être sensitif, ou
intelligence, ou âme ; l'atmosphère oxygénée, qui s'unit au carbone de
la chandelle en entretenant la flamme, correspondrait au souffle de vie ou
esprit de vie qui s'unit à l'organisme physique pour produire l'âme ou
existence Intelligente. Si un accident se produisait qui détruisît la
chandelle, la flamme bien entendu cesserait d'exister ; ainsi, si un corps
humain ou animal est détruit, par la maladie ou par un accident par
exemple, l'âme, l'être, l'intelligence, la personnalité cesse d'exister.
Ou, si l'apport d'air était supprimé à la flamme de la chandelle, soit
par un extincteur, un éteignoir ou en plongeant la chandelle dans l'eau,
la lumière s'éteindrait même si la chandelle restait intacte. Ainsi l'âme,
la vie, l'existence de l'homme ou de l'animal cesserait si le souffle de
vie était supprimé par noyade ou par asphyxie, alors que le corps
pourrait être encore comparativement sain.
De même que la chandelle allumée pourrait, dans des conditions
favorables, servir à allumer d'autres chandelles, mais que, une fois la
flamme éteinte, elle ne pourrait ni se rallumer elle-même, ni en allumer
d'autres, ainsi le corps humain ou animal tant qu'il est vivant, c'est-à-dire
qu'il est une âme vivante ou être vivant, peut, selon les dispositions
divines, donner, faire naître, propager d'autres âmes ou êtres, procréer
; mais aussitôt que l'étincelle de vie s'en est allée, l'âme ou être
a cessé, et toute faculté de penser, de sentir, et de propager a cessé.
En accord avec ceci, nous lisons dans les Écritures au sujet des enfants
de Jacob : « Toutes les âmes issues des reins de Jacob étaient
soixante-dix âmes » (Ex. 1 : 5). Jacob reçut d'Isaac son étincelle
de vie ainsi qu'un organisme physique et partant, le produit des deux, son
âme ou être intelligent ; de ce fait, son âme provenait aussi d'Adam,
le seul à qui Dieu ait jamais donné directement la vie. Jacob transmit
à son tour la vie et l'organisme et l'âme à sa postérité, et ainsi en
est-il pour toute l'humanité.
Une chandelle pourrait être rallumée par n'importe qui en ayant
la capacité ; mais par l'arrangement divin, le corps humain privé de l'étincelle
de vie « périt », retourne à la poussière d'où il fut tiré,
et l'étincelle de vie ne peut être rallumée que par la puissance
divine, par un miracle. La promesse de résurrection est donc une promesse
qui garantit que l'existence animale ou l'âme sera rallumée et ravivée
; or, comme il ne peut y avoir d'être ou d'âme sans un corps et un
pouvoir ou esprit de vie rétabli, il s'ensuit qu'une résurrection, qu'un
rétablissement promis de l'âme, de l'être implique de nouveaux corps,
de nouveaux organismes. Ainsi, les Écritures nous assurent-elles que ce
ne sont pas les mêmes corps humains qui retournent à la poussière qui
seront rétablis, mais que, dans la résurrection. Dieu donnera tels
nouveaux corps qu'il lui plaira de donner. — 1 Cor. 15 : 37-40.
L'Apôtre déclare ici qu'à la résurrection il y aura une classe
spéciale de personnes qui seront jugées dignes de recevoir une nouvelle
nature, spirituelle au lieu d'une nature humaine ou charnelle, et comme
nous devrions nous y attendre, il montre que ce grand changement de nature
sera effectué en donnant aux membres de cette classe une espèce différente
de corps. La chandelle peu encore servir ici à illustrer la chose :
supposons que la nature charnelle ou humaine soit figurée par une
chandelle de suif, le nouveau corps pourrait l'être par un bougie plus
brillante, ou bien par une lampe électrique à arc.
Si nous avions affaire à un Créateur moins puissant et moins sage
que notre Créateur, qui garantirait la résurrection, nous pourrions à
juste titre, craindre quelque lacune ou méprise, qui ferait perdre
l'identité, spécialement pour ceux qui recevront le grand changement de
nature par une participation à la première (principale) résurrection
comme être-esprit. Mais nous pouvons, en toute sécurité, avoir
confiance pour ceci et pour toute choses, en Celui à qui nous avons
affaire à ce sujet. Celui qui connaît nos pensées mêmes, peut les
reproduire dans de nouveaux cerveaux, de façon que pas une seule leçon
de valeur, pas une seule précieuse expérience ne soient perdues. Il est
trop sage pour se tromper et trop bon pour être désobligeant. Tout ce
qu'il a promis, il l'accomplir d'une manière excellente et bien au-delà
de ce que nous pouvons demander ou penser.
Beaucoup de personnes supposent que les corps enterrés doivent être
rétablis atome par atome, mais au contraire l'Apôtre déclare : « Tu
ne sèmes pas [dans la mort] le corps, qui sera ». C'est l'âme, l'être
sensitif que Dieu se propose de rétablir par la puissance de la résurrection.
A la résurrection, il donnera à chaque personne (à chaque âme, ou être
sensitif) tel corps que son infinie sagesse se plaira à pourvoir ; à l'Église,
l'« épouse » choisie dans cet Age, des corps d'esprit (ou
corps spirituels : « Spirit body »
— Trad.) ; à la classe du rétablissement, des corps humains,
mais pas ceux qui ont été perdus lors de la mort. — 1 Cor. 15 : 37,
38.
De même
qu'à la création d'Adam, l'union d'un organisme et du souffle
de vie (littéralement : respiration d'esprit de vie — voir note
Darby — Gen. 7 : 22 — Trad.) produisit un être sensitif, ou âme,
ainsi leur séparation ( « dissolution ») pour quelque cause
que ce soit, met fin à l'être sensitif, arrêtant pensées et sentiments
de toute espèce. L'âme (c'est-à-dire l'être sensitif) cesse d'exister
; le corps retourne à la poussière d'où il est venu, tandis que
l'esprit ou souffle de vie retourne à Dieu qui le donna à Adam, et par
lui, à sa race (Eccl. 12 : 7). L'esprit de vie retourne à Dieu dans le
sens qu'il n'est plus soumis au contrôle humain, comme dans la procréation,
et ne peut plus jamais être recouvré sauf par l'intervention de la
puissance divine. Ceux qui sont instruits par le Seigneur reconnaissent
pleinement ce fait-là et reposent toutes leurs espérances d'une vie
future sur la résurrection, en Dieu et en Christ, son représentant qui
est souverainement élevé maintenant (Luc 23 : 46 ; Actes 7 : 59). Ainsi
donc, si Dieu n'avait pris aucune disposition pour la vie future de
l'homme par le moyen d'une rançon et d'une résurrection promise, la mort
eût été la fin de toutes les espérances de l'humanité. — 1 Cor. 15
: 14-18.
Mais Dieu a bien pris des dispositions pour assurer notre retour à
la vie et, depuis qu'il a fait connaître son plan miséricordieux, ceux
qui parlent et écrivent intelligemment sur ce sujet (par exemple, les écrivains
inspirés des Écritures), décrivent d'une manière unanime l'état
inconscient qui remplit l'intervalle compris entre la mort et le matin de
la résurrection, pendant lequel la sensibilité (l'existence sensitive)
est suspendue, comme un « sommeil ».
En vérité cette image est excellente, car le moment du réveil leur
semblera être le moment suivant immédiatement celui de leur mort. Par
exemple, nous lisons que, parlant de la mort de Lazare, Jésus dit :
« Lazare, notre ami, s'est endormi ; mais je vais l'éveiller ».
Comme les disciples étaient lents à comprendre, il ajouta : « Lazare
est mort » (Jean 11 : 11). Si la théorie selon laquelle l'état
conscient subsiste après la mort était exacte, ne serait-il pas
surprenant que Lazare ne fît aucun récit de son expérience durant ces
quatre jours ? Personne ne prétendra qu'il était dans un « enfer » de tourment, car notre Seigneur
l'appelait son « ami » ; et s'il avait été dans la félicité
céleste, notre, Seigneur ne l'en aurait pas rappelé, car c'eût été à,
son égard un acte peu amical. Mais comme notre Seigneur le déclara,
Lazare dormait, et il le réveilla à la vie, à l'état conscient, à son
existence d'être sensitif, ou d'âme revenue ou revivifiée; une telle
faveur fut évidemment très appréciée par Lazare et ses amis.
La pensée, qui prédomine tout au long des Écritures, est que
nous sommes maintenant dans la nuit de la mort et du sommeil, qui est mise
en parallèle avec le matin du réveil et de la résurrection : « Le soir les pleurs viennent loger [avec nous] et le
matin, il y a un chant de joie » (Ps. 30 : 5 — D.) — le matin de
la résurrection où les dormeurs sortiront de la tombe, comme l'a exprimé
le prophète : « Réveillez-vous et exultez avec chant de triomphe,
vous qui habitez dans la poussière [de la terre] » . — Es. 26 :
19.
Les Apôtres
également se sont servi fréquemment de cette figure de rhétorique
appropriée, pleine d'espérance et de paix. Par exemple, Luc dit
d'Etienne, le premier martyr, qu'« il s'endormit », et en
rapportant le discours de Paul à Antioche, il employa la même expression
: « David s'est endormi » (Actes 7 : 60 ; 13 : 36).
Pierre se sert de la même expression, disant : « les pères se
sont endormis » (2 Pi. 3 : 4). Et Paul l'employa de
nombreuses fois comme le montrent les citations suivantes:
« Si son mari s'est endormi » . — 1 Cor. 7 : 39.
« Dont la
plupart sont demeurés [en vie] jusqu'à présent, mais quelques-uns aussi
se sont endormis ». 1 Cor. 15 : 6.
« Christ a été ressuscité d'entre les morts, prémices de ceux
qui sont endormis ». — 1 Cor. 15 : 20.
« Voici, je vous dis un mystère : Nous ne nous endormirons
pas tous » . — 1 Cor. 15 : 51.
« Or nous ne voulons pas, frères, que vous soyez dans l'ignorance
à l'égard de ceux qui dorment ». — 1 Thess. 4 : 13.
« Dieu ramènera d'entre les morts par Jésus et avec lui ceux qui
se sont endormis ». — 1 Thess. 4 : 14.
Quand le temps de la résurrection, le temps du Royaume, viendra,
« nous les vivants, qui demeurons jusqu'à la présence du Seigneur,
nous ne devancerons aucunement ceux qui se sont endormis ».
— 1 Thess. 4 : 15.
Le prophète Daniel expose la même
pensée en décrivant la résurrection :
« Plusieurs qui dorment dans la poussière de la terre
se réveilleront », et la description montre que ces dormeurs
comprennent les bons et les méchants (Dan. 12 : 2). Ils « s'endormirent »
en paix pour attendre le jour du Seigneur, le jour de Christ, le jour millénaire,
pleinement persuadés « qu'il [Christ] a la puissance de garder ce
qu'on lui a confié, jusqu'à ce jour-là » (2 Tim. 1 : 12). Cette même
pensée est exprimée d'un bout à l'autre de l'Ancien Testament, à
partir du moment où Dieu prêcha à Abraham l'évangile d'une résurrection
: l'expression « il s'endormit avec ses pères »
est très fréquente dans l'Ancien Testament. Mais Job présente la
question dans un langage très puissant, disant : « Oh ! Si tu
voulais me cacher dans le shéol, me tenir caché jusqu'à ce que ta colère
se détourne ! » Le temps actuel, pendant lequel règne la mort, est
le temps de la colère de Dieu, car la malédiction de la mort repose sur
tous à cause de la transgression originelle. Cependant, il nous est
promis qu'au propre temps, la malédiction sera levée et qu'une bénédiction
sera apportée par le Rédempteur à toutes les familles de la terre,
c'est pourquoi Job continue ainsi : « J'attendrais jusqu'à ce que
mon état vînt à changer ; [alors] tu appellerais (Jean 5 : 25), et moi
je te répondrais ; ton désir serait tourné vers l'œuvre de tes mains »
(Job 14 : 14-15). Nous qui vivons dans le temps du Nouveau Testament, nous
lisons la réponse de notre Seigneur : « Tous ceux qui sont dans les
sépulcres entendront la voix du Fils de Dieu [les appelant à s'éveiller,
à acquérir une pleine connaissance de Dieu, et à saisir l'occasion
complète d'obtenir la vie éternelle] ». — Jean 5 : 25, 28, 29.
Ce « sommeil » de
la mort est une période d'inconscience si absolue que ceux qui seront réveillés
n'auront aucune connaissance du temps écoulé. En vérité, « sommeil » est simplement un terme adapté à ce
cas particulier, car réellement, les morts sont bien morts, entièrement
détruits, excepté que la sagesse de Dieu conserve leur identité et a décrété
que, par Christ, ils seront réveillés, reconstitués et revivifiés.
Cela est vraiment une « re-création »,
une manifestation de la puissance divine encore plus grande que ne le fut
la création d'Adam et d'Ève. Ce sera la « re-création » de
cinquante (*) [Voir Appendice du 1er
volume, 1ère partie
(éd. fse 1950) — Trad.] milliards
au lieu de deux personnes. Ce sera la reproduction d'individualités
infiniment variées au lieu d'une. Seul, notre Dieu possède une telle
sagesse et une telle puissance omnipotentes ; il est à la fois capable et
désireux d'accomplir cette reproduction. L'un des résultats bénéfiques
de la permission du mal sera que son extirpation rendra manifestes tous
les traits caractéristiques du caractère divin comme ils n'auraient
jamais pu être manifestés, ni connus autrement. La justice divine,
l'amour divin et la puissance divine brilleront devant les anges, et les
hommes, et finalement la sagesse divine, en permettant une telle démonstration
du caractère de Dieu, sera discernée et reconnue par toutes ses créatures
également.
Le témoignage
des Écritures relatif à la nécessité d'une résurrection des morts est
très clair et très explicite. Comment pourrait-il y avoir une résurrection
des morts si personne n'est mort, mais si, comme certains le
soutiennent : « Tous ceux qui paraissent mourir sont plus vivants
qu'ils ne l'ont jamais été », démentant ainsi les cinq sens de
tout être intelligent aussi bien que la déclaration positive de l'Écriture,
à savoir que : « pour celui qui est lié à tous les vivants, il y
a de l'espoir, car un chien vivant vaut mieux qu'un lion mort. Car les
vivants même les moins intelligents savent qu'ils mourront, mais les
morts ne savent rien du tout; et il n'y a plus pour eux de salaire, car
leur mémoire est très généralement oubliée. Leur amour aussi, et leur
haine aussi, et leur envie, ont déjà péri ; et ils n'ont plus de part [intérêt],
à jamais, [héb. Olâm (*) [Référence Strong N° 5769 — Trad.] — pour une longue période indéfinie] dans tout ce qui se fait sous
le soleil... Tout ce que ta main trouve à faire, fais-le selon ton
pouvoir; car il n'y a ni œuvre, ni combinaison, ni connaissance, ni
sagesse dans le shéol (**) [Shéol : L'état ou condition
de mort, en ce qui concerne l'âme en contraste avec le sépulcre,
une tombe pour un corps mort qui se dit en hébreu geber (Réf.
concordance Strong N° 6913 — Trad.) : Voir Ps. 30 : 3 ; 49 : 15 ;
89 : 48 ou shéol est traduit par sépulcre (la version Darby conserve
l’hébreu shéol ; Crampon : schéol ; les autres versions françaises
en général traduisent qeber par sépulcre). Voir 2 Chron 34 :
28 ; Job 10 :19 ; Ps. 88 : 5 où qeber est rendu par
sépulcre (Darby également — Trad.) L’âme de notre Seigneur
alla au shéol, la condition de mort (Ps. 16 : 10 ; Actes 2 : 27 ;
mais il eut son sépulcre [qeber, tombeau] avec le méchant et le
riche. — Esaïe 53 : 9 Shéol : Référence Strong N° 7585
— Trad.], où tu [ l’âme, l'être
sensible] vas ». — Eccl. 9 : 4-10 ; Es. 26 : 14.
« Tu fais périr l'espoir de l'homme [en lui-même]. Tu le domines
pour toujours, tu changes sa face, et tu le renvoies. Ses fils sont honorés,
et il ne le sait pas ; ils sont abaissés, et il ne s'en aperçoit pas ».
— Job 14 : 19-21 ; Es. 63 : 16.
Notez l'importance des paroles de l'Apôtre dans sa célèbre page
sur la résurrection, en 1 Cor: 15 : 12-54 où il déclare:
« Si Christ est prêché, — qu'il a été ressuscité d'entre les
morts, comment disent quelques-uns parmi vous qu'il n'y a pas de résurrection
de morts ? »
Si les morts ne sont pas morts, mais plus vivants que jamais, alors
personne n'étant mort, il ne saurait certainement pas y avoir de résurrection
des morts. L'Apôtre ne soutient pas une telle théorie, mais bien le
contraire même, à savoir que les morts ont péri comme des bêtes,
à moins que Dieu ne les ressuscite, et que nos espérances pour eux sont
vaines si elles ne sont pas des espérances de résurrection. Remarquez
bien chaque mot de cette puissante argumentation présentée par un des
plus grands logiciens de la terre. Il dit:
« S'il n'y a pas de résurrection de morts, Christ n'a pas été
ressuscité non plus [mais il est toujours mort] ; et si Christ n'a pas été
ressuscité [mais qu'il est encore mort], notre prédication donc est
vaine aussi, et votre foi aussi est vaine [parce qu'un Christ mort ne
pourrait rien savoir et ne pourrait aider personne ]. Et même nous sommes
trouvés de faux témoins de Dieu, [nous hommes de méchants trompeurs au
lieu d'être des ambassadeurs divinement choisis], car nous avons rendu témoignage
à l'égard de Dieu qu'il a ressuscité Christ, lequel il n'a pas
ressuscité si réellement les morts ne ressuscitent pas. Car si les morts
ne ressuscitent pas, Christ n'a pas été ressuscité non plus ».
On devrait observer que l'Apôtre ne fait pas porter le poids de
son argumentation sur une résurrection du corps, mais sur une résurrection
de l'être, ou de l‘âme : « que son âme n'a pas été
laissée dans le shéol, hadès »
(Actes 2 : 31, 32 — Voir note Darby). Si Paul avait partagé la
théorie populaire de notre époque concernant la résurrection, il aurait
dit à peu près ceci : Certains d'entre vous parlent de la résurrection
du corps comme si cela avait quelque importance, mais, réellement,
le corps est une « entrave », une gêne, une « prison »
pour l'âme qui est bien plus à l'aise quand elle en est
« libérée ». La résurrection du corps, à quelque
moment qu'elle ait lieu, sera un malheur et impliquera un nouvel « enchaînement »
de l'âme et une limitation de ses pouvoirs.
L'Apôtre ne dit rien de semblable, parce que cela aurait été
contraire à la vérité. Il enseignait une résurrection de l'âme ou de
l'être sensitif, sortant de l'état d'inconscience, de la mort, mais il
niait, par contre, la résurrection du corps qui mourait, disant :
« Tu ne sèmes pas le corps qui sera [à la résurrection
de l'âme ou être] ...Dieu lui donne un corps [nouveau] comme il a voulu
(ou comme il lui plaît — Trad.), et à chacune des [espèces de]
semences, son propre [l'espèce appropriée de] corps (1 Cor. 15 : 37,
38).
Les masses du genre humain ou de la semence humaine recevront des
corps humains, mais pas les mêmes corps qui retournèrent à la poussière
et dont les fragments ou atomes ont passé dans des organismes végétaux
et animaux infiniment petits. Les membres de l'Église recevront des corps
d'esprits (« Spirit bodies » — corps spirituels — Trad.)
semblables à celui de leur Seigneur ressuscité et entièrement différents
de leurs corps terrestres — à telle enseigne que Jean déclare :
« Ce que nous serons n'a pas encore été manifesté ;
mais nous savons que quand il sera manifesté, nous lui serons semblables,
car nous le verrons comme il est » — non comme il fut. — 1 Jean
3 : 2.
Mais suivons l'argumentation de l'Apôtre. II déclare:
« Si Christ n'est pas ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes
encore dans vos péchés ; ceux donc aussi qui se sont endormis en Christ
ont péri » . — vs. 17, 18.
Ceux qui prétendent que l'âme ne peut pas mourir et qu'elle ne
meurt donc pas, nient, de ce fait, la résurrection de l'âme ou être
sensitif ; ils sont ainsi forcés par leur argumentation de déclarer que
les passages des Écritures qui ont trait à la résurrection se
rapportent simplement à la résurrection du corps ; ils sont bien
embarrassés des paroles de l'Apôtre inspiré et ne savent qu'en faire.
S'ils prétendent que notre Seigneur était vivant, « plus vivant
que jamais » durant les trois jours où, selon les Écritures il était
mort, s'ils pensent que son corps de résurrection était celui que l'on déposa
meurtri et couvert de cicatrices dans le tombeau de Joseph, comment
pourraient-ils prétendre que la foi en un Christ qui ne mourut pas (mais
qui mit simplement son corps de côté trois jours) est une foi « vaine »
? Comment peuvent-ils reconnaître qu'une telle foi ne libère pas de la
condamnation ? Comment pourraient-ils soutenir que le Christ « plus-vivant-que-jamais »,
« affranchi » de
son corps de chair, ne pouvait pas sauver les pécheurs et que, de ce
fait, tous ceux qui se sont endormis en Christ ont
« péri »?
Leur théorie tout entière est en contradiction avec l'exposé
biblique des faits. Ils nient que l'âme puisse périr [grec : apollumi
(*) [ Référence Strong N° 622 — Trad.] — être détruit], tandis que l'Apôtre déclare qu'elle le peut, et
notre Seigneur dit aussi : « Dieu est capable de détruire et l'âme
et le corps ». Ils nient aussi que quelques-uns se soient « endormis
en Christ », que la mort soit un sommeil dans l'attente du réveil
au matin de la résurrection, alors que les Apôtres, notre Seigneur et
tous les saints prophètes déclarent à l'unanimité qu'elle est un
« sommeil » duquel la puissance de Dieu seule peut réveiller,
ramener à l'état conscient l'âme, l'être sensitif, sur quelque plan
d'existence que ce soit. Car il faut noter que les personnes qui expérimentent
le « changement » de la première résurrection à la nature
divine seront des âmes aussi sûrement qu'elles le furent dans leur
nature terrestre. De Dieu, il est déclaré qu'il est une âme, le
même mot psuché étant employé : « Si quelqu'un se retire,
mon âme [psuché] être sensitif] ne prend point de plaisir en lui ».
— Héb. 10 : 38.
La philosophie de Platon (selon laquelle l'homme ne meurt pas, ne
peut pas mourir, mais parait seulement le faire) prévalait dans toute la
Grèce lors du premier avènement, et constituait le grand obstacle au
progrès de l'Évangile parmi les Gentils. Nous lisons, par exemple, que
lorsque Paul prêcha à Athènes, il fut écouté comme un grand docteur
par les philosophes, jusqu'au moment où il aborda la résurrection des
morts ; c'en était assez pour eux ; la chose ne les intéressait plus,
car ils estimaient être beaucoup plus avancés que les Juifs qui annonçaient
que les morts ne peuvent avoir aucune existence future, sinon par une résurrection.
« Mais quand ils ouïrent parler de la résurrection des morts [et
discernèrent ainsi que Paul était en désaccord avec leur théorie selon
laquelle les morts sont plus vivants que jamais] les uns s'en moquaient »,
et d'autres disaient : Nous t'entendrons une autre fois sur ce sujet ».
— Actes 17 : 32.
L'idée païenne que la mort n'est pas la mort, mais une étape
vers de meilleures conditions de vie, n'avait à aucun degré imprégné
la pensée juive jusqu'au premier avènement. Les Pharisiens formaient la
secte principale des Juifs ; et notre Seigneur déclare qu'ils étaient
les successeurs et les représentants de la loi mosaïque disant :
« Les Scribes [écrivains] et les Pharisiens sont assis dans la
chaire de Moïse » (Matth. 23 : 2). Les Sadducéens, beaucoup moins
nombreux que les Pharisiens, venaient en second lieu comme secte,
influente ; en réalité, ils étaient des incroyants, des incrédules.
Ils niaient entièrement toute vie future, soutenant que l'homme meurt
exactement comme la bête, et qu'il n'y aura aucune résurrection des
morts. Ils ne croyaient à aucune des promesses messianiques, et niaient
aussi l'existence des intelligences surhumaines, comme celle des anges,
etc... Josèphe attire, il est vrai, l'attention sur une secte appelée
les Esséniens, laquelle déclare-t-il, soutient la théorie de Platon en
vogue parmi les Gentils, à savoir que l'homme ne meurt jamais réellement,
mais franchit seulement une étape progressive dans le développement de
la vie au moment de la crise appelée mort. Cependant, nous devons nous
rappeler que Josèphe écrivit son histoire des Juifs pendant qu'il était
à la cour de Rome, et qu'il l'écrivit en vue d'influencer les
dispositions d'esprit de l'empereur et de sa cour en faveur des Juifs. Les
Romains avaient fini par considérer les Juifs comme les Écritures les décrivent,
c'est-à-dire « un peuple au cou roide et contredisant », et
ils en avaient conclu naturellement que la cause de cette disposition à
la rébellion résidait d'une manière ou d'une autre dans leur religion.
Cette supposition était exacte ; il est indubitable que les vérités de
la révélation divine tendent à produire un esprit de liberté là où
elles sont appliquées, en supprimant les distinctions considérables
existant entre prêtres et gens du peuple, entre rois et sujets, en
enseignant que tous sont soumis à un seul grand Juge et Roi. Mais Josèphe
désirait contrebalancer cette estimation exacte du peuple juif et de la
religion juive ; c'est pourquoi il força la vérité en voulant faire
triompher sa cause et démontrer à la cour romaine que la religion juive
était pratiquement la même que les diverses religions païennes , (1) en
ce qui concerne l'état conscient des morts, (2) et la croyance au
tourment éternel (*) [Le tourment éternel ne fut jamais une
croyance juive, sinon celle d'une très petite minorité ; mais les
empereurs romains, par contre, favorisèrent cette théorie, car elle
accroissait l'influence impériale sur les masses populaires. Plus tard,
les empereurs adoptèrent le titre de « Pontifex Maximum » ou
chef suprême de la religion, titre qui fut adopté, plus tard encore, par
la Papauté et donné aux papes.].
Pour étayer sa cause, il cite la secte des Esséniens, comme si elle était
la principale secte religieuse parmi les Juifs. Au contraire, les Esséniens
étaient si insignifiants qu'ils ne sont même pas mentionnés dans le
Nouveau Testament, et, indiscutablement, n'entrèrent jamais en conflit
avec le Seigneur ni avec les Apôtres, tandis qu'il est constamment et fréquemment
fait allusion aux Pharisiens et aux Sadducéens.
« POUR LUI TOUS VIVENT ». — LUC 20 : 37, 38.
Ce fut après que notre Seigneur eut répondu aux docteurs de la Loi, aux
scribes et aux Pharisiens, et qu'il les eut mis en déroute que les Sadducéens
firent leur apparition, espérant pouvoir démontrer la supériorité de
leur position incrédule, en réfutant les doctrines de notre Seigneur. A
ces Sadducéens qui prétendaient que les morts étaient morts pour
toujours, notre Seigneur dit : « Or, que les morts ressuscitent
[doivent ressusciter : [« are to be raised »], Moïse même
l'a montré, au buisson quand il appelle l'Éternel, le dieu d'Abraham, et
le Dieu d'Isaac, et le Dieu de Jacob. Or, il n'est pas le Dieu des morts,
mais des vivants ; car pour lui, tous vivent ». — Luc 20 : 37, 38.
Notre Seigneur suggère que cette affirmation est en elle-même une
preuve « que les morts sont [doivent ressusciter] ressuscités »
parce que Dieu ne ferait pas ainsi allusion à des êtres rayés
totalement et pour toujours de l'existence. Il montre alors que le plan de
Dieu relatif à une résurrection est fixé, et que ceux que les hommes
appellent des « morts » sont tous vivants pour Lui »
— du point de vue de Dieu « ils dorment » seulement.
La Parole de Dieu parle donc de ceux-ci comme
« endormis » et non comme détruits. Quoique la
sentence originale fût la destruction, elle est maintenant compensée par
la rançon. Ainsi, Moïse dit : « Tu fais retourner l'homme jusqu'à
la poussière (note D. : littéralement, : jusqu'à l'écrasement —
Trad.) et tu dis [à la résurrection] : Retournez, fils des hommes (Ps.
90 : 3; 103 : 4). En disant :
« Je suis le Dieu d'Abraham », Dieu parle non seulement de
choses passées comme si elles étaient encore présentes, mais aussi des
choses à venir comme si elles étaient déjà passées. — Rom. 4 : 17.
LE
CORPS, L'ESPRIT ET L'ÂME DE L'ÉGLISE.
—
1 THESS. 5 : 23 —
Les termes corps, âme et esprit, sont employés comme une figure pour désigner
l'Église dans son ensemble. Par exemple, l'Apôtre déclare : « Je
prie Dieu que votre esprit, et votre âme et votre corps tout entiers,
soient conservés sans reproche en la venue de notre Seigneur Jésus
Christ » . Cette prière doit nécessairement être comprise comme
s'appliquant à l'Église tout entière — l'Église des élus dont les
noms sont écrits dans les cieux : Le véritable esprit a été
conservé dans le petit troupeau. Son corps est discernable
aujourd'hui, également, en dépit de la multitude d'ivraie qui voudrait
le cacher et l'étouffer. Et son âme, son activité, son
intelligence, son être sensitif, est partout en évidence, élevant pour
les humains l'étendard — la croix, la rançon.
Nous ne pourrions
appliquer les paroles de l'Apôtre d'aucune autre manière, car malgré
les divergences d'opinions concernant la préservation des esprits
individuels et des âmes individuelles des gens à qui l'épître était
adressée, tous seront d'accord que leurs corps n'ont pas été préservés,
mais sont retournés à la poussière, comme ceux des autres humains. En
outre, les mots corps, âme et esprit sont au singulier et non au pluriel.
QU'ENTEND-ON PAR « SHÉOL »
OU « HADÈS »
OU
VONT TOUTES LES ÂMES ?
Puisqu'il est dit que les âmes vont au shéol ou hadès (*)[ Référence Strong N° 86 — Trad.], on soutient que l'âme de l'homme doit être quelque chose de tangible et
de conscient après la mort — après la séparation de l'esprit de vie
d'avec l'organisme ou corps. Il convient donc pour nous d'examiner la
Parole de l'Éternel à ce sujet et de vérifier : Qu'est-ce que le shéol,
le hadès ?
Le terme hébreu shéol se trouve soixante-cinq fois dans
les Écritures de l'Ancien Testament. Il est traduit, dans la version
anglaise, trois fois par pit (fosse ou puits), trente et une
fois par grave (sépulcre ou tombeau, ou séjour
des morts), et trente et une fois traduit par hell (enfer).
Toutes ces traductions sont erronées, si on les envisage par rapport à
l'usage général actuel des mots enfer, sépulcre et puits [En français,
certains traducteurs ont conservé, sans les traduire, les termes shéol
et hadès — Trad.I.
On peut difficilement exprimer la signification du mot hébreu shéol
(hadès est son équivalent en grec) par l'un de nos mots français ; il
signifie un état caché ou éteint, ou obscur — la condition ou l'état
de mort, et peut-être que le mot oubli rendrait mieux que tout autre mot
de notre langue les mots shéol de l'hébreu et hadès du grec. Rien dans
le mot shéol ne signifie joie ou misère, ou quelque autre sentiment, ce
sont les contextes et les textes en rapport qui doivent ici nous guider.
Examinons donc avec soin les emplois faits des mots shéol et hadès et précisons,
d'après les textes s'y rapportant, tout ce que nous pouvons concernant
« l'enfer ». Nous trouverons qu'il est clairement établi dans
la Bible que le shéol — hadès, oubli — reçoit toute
l'humanité, les bons comme les mauvais ; qu'il n'y a là ni lumière, ni
connaissance, si sagesse, ni projets, qu'aucune langue n'y loue l'Éternel,
ni ne blasphème son nom ; que c'est une condition de silence absolu, et
en somme, une condition indésirable, sauf qu'il s'y rattache une espérance
de résurrection.
On
notera aussi que ce sont les « âmes », tant, les bonnes que
les mauvaises, qui vont dans cette condition — shéol, oubli —
pour y attendre l' « assignation » du dispensateur de vie au
matin de l'Age millénaire. On ne peut nier que les traducteurs anglais de
la Version commune (et également certains traducteurs de nos Bibles françaises)
aient été parfois inconséquents avec eux-mêmes, mais nous insistons
sur le fait que ceci ne saurait être taxé de foncière malhonnêteté, même
si, dans beaucoup de cas, la chose en a l'apparence ; croyons plutôt que
cela provient d'une confusion d'esprit sur ce sujet, fortement enracinée
par de longs siècles de faux enseignements qui ont été transmis depuis
les « siècles de ténèbres ». Une autre chose qu'on peut
dire encore pour atténuer la responsabilité des traducteurs est que dans
l'anglais « archaïque », le mot hell (enfer) n'avait
pas la signification qu'il a dans l’anglais moderne. En aucun sens du
mot, il ne signifiait ni n'impliquait un lieu de flammes, ou de torture,
ou de détresse, ou de douleur, mais davantage la pensée de sépulcre ou
tombe, de condition cachée, d'oubli. Les traducteurs, en employant le mot
enfer se justifiaient probablement en partie, en s'appuyant sur son
ancienne signification, sa signification primitive, telle qu'elle est donnée
dans les dictionnaires anglais complets (*) [Voir, pour les détails, la brochure « L'Enfer de la Bible »
. — Trad. ].
En examinant les passages suivants contenant le mot shéol, le
lecteur est instamment prié de noter quel serait le sens du passage si le
mot shéol était traduit, dans chaque cas, par
« feu de l'enfer » ou « lieu de tourment »,
et ensuite de noter également comment, dans chaque exemple, la traduction
serait tout à fait harmonieuse et logique avec le contexte si ce mot était
traduit par oubli. Ces passages prouvent d'une manière irréfutable que
les « âmes » vont au shéol, dans l'oubli, et qu'elles n'y
sont dans aucun tourment, ni qu'elles n'y ont aucune connaissance ou sagesse, ou activité, ou joie ou peine ou
sentiment d'aucune sorte, mais simplement qu'elles y attendent dans
l'oubli « la voix de l'Archange et la trompette de Dieu ».
« Je
descendrai, menant deuil, vers mon fils, au shéol (*) [l'oubli] [ ] »
. — Gen. 37 : 35.
Ainsi, Jacob pleurait son fils Joseph qui, supposait-il, avait subi
une mort violente.
« Si quelque accident lui arrive [à Benjamin] dans le chemin
où vous allez, vous feriez descendre mes cheveux blancs avec douleur au
shéol [au sépulcre — dans le shéol, dans l'oubli] » . — Gen.
42 : 38 (D.).
Telles furent les paroles de Jacob au départ de Benjamin,
craignant qu'il ne fût tué comme Joseph l'avait été, croyait-il.
Les mêmes paroles sont répétées, d'une manière identique, dans
des circonstances analogues au chapitre 44 : 29, lorsque les frères de
Joseph lui rapportent l'injonction de leur père, au départ, concernant
Benjamin. Au verset 31, les frères exposent de nouveau la chose en ce qui
les concerne, disant : « Tes serviteurs feront descendre les cheveux
blancs de ton serviteur, notre père, avec douleur au shéol [oubli] (D).
Voilà quatre exemples dans lesquels le mot shéol a été
traduit par sépulcre [en anglais, par l'équivalent « grave »]
dans la plupart de nos versions françaises (seule (*) [La version
catholique (employée par le Card. Liénart) conserve le mot hébreu
qu’elle orthographie shéol. Voir dans son lexique le commentaire
plus ou moins curieux qu'elle en donne. Voir également le commentaire de
la version catholique Crampon qui rend par « séjour des morts ! ».
— Trad.] la version Darby, que
nous employons pour le présent ouvrage, laisse le mot shéol non traduit
— Trad.) Nous invitons chacun à considérer combien il aurait été
impropre d'employer le mot enfer en y attachant l'idée habituelle,
ordinaire, de feu, de tourment et d'angoisse. Il est évident que les
traducteurs étaient tout à fait certains que le mot enfer, tel qu'il est
ordinairement compris, aurait donné des idées très fausses de ce que
Jacob attendait pour lui-même et de ce que ses fils attendaient le
concernant, en conséquence, ils ont traduit ici par le mot « sépulcre ».
Néanmoins, ils ne croyaient pas, pas plus que la majorité des gens ne le
croient, que Jacob alla dans le sépulcre ou avait une idée quelconque
d'y aller. Le patriarche ne pensait pas non plus à l'enterrement de son
corps dans une tombe, car alors, il aurait sans doute employé le même
mot hébreu pour sépulcre et dont il se servit en parlant du tombeau de
Rachel, c'est-à-dire : qebûrâh (*) [Référence Strong N° 6900
— Trad.] (Gen. 35 : 20), ou bien il
aurait employé le même mot (qeber) (**) [Référence Strong N°
6913 — Trad.] dont Joseph fit usage,
en parlant du tombeau de Jacob, que Jacob lui-même avait fait préparer
avant de mourir (Gen. 50 : 5). Au contraire, nous voyons que Jacob parlait
de lui-même comme d'une âme ou être que la déception causée par la
perte de Benjamin aurait conduit dans l'oubli, dans la condition, l'état
de mort; maintenant qu'il était d'un âge avancé et de faible santé.
« Si l'Éternel crée une chose nouvelle, et que le sol ouvre
sa bouche et les engloutisse... et qu'ils descendent vivants dans le shéol »
— D. (en angl. « pit » : fosse — [le shéol, l'oubli]).
— Nomb. 16 : 30.
« Ils descendirent vivants dans le shéol (angl. « pit »
: dans la fosse [shéol, oubli ], et la terre les couvrit et ils périrent
du milieu de la congrégation ». — Nomb. 16 : 33.
Ces deux textes qui se rapportent à Coré, Dathan et Abiram nous
montrent comment ils furent détruits ; on ne pouvait pas logiquement les
traduire en faisant figurer l'expression
« dans l'enfer », de crainte de prouver que le prétendu
lieu de tourment est sous la surface de cette terre. Mais combien cet
exposé est simple lorsqu'on le comprend correctement : la terre ouvrit sa
bouche, les engloutit et ils descendirent de la vie active et laborieuse
dans l'oubli, dans l'inconscience.
« Un feu s'est allumé dans ma colère et il brûlera
jusqu'au shéol [angl. Hell, enfer) ; shéol, oubli] le plus
profond et embrasera les fondements des montagnes » — Deut 32 :
22.
Ici, il est certainement question d'un feu, mais non d'un feu au
sens propre. Le contexte entier montre qu'il s'agit du feu de la jalousie
de Dieu, et nous lisons ensuite : « Ils seront consumés par la
famine et rongés par des ardeurs dévorantes... au dehors l'épée et au
dedans la terreur détruiront ». Nous ne sommes pas réduits aux
suppositions quant à la manière dont cette prophétie s'est accomplie ;
car l'Apôtre Paul, parlant sous l'inspiration du saint Esprit, fait
allusion à ce passage et l'applique aux Israélites selon la chair et à
la détresse qui fondit sur eux comme nation quand ils rejetèrent le
Seigneur Jésus et qu'à leur tour ils furent eux-mêmes rejetés par le
Seigneur. L'Apôtre déclare que la colère est venue sur eux au dernier
terme (1 Thess. 2 : 16) : la colère divine s'enflamma contre eux et
continua à les consumer, en tant que peuple, jusqu'à ce qu'ils eussent
souffert pour leurs péchés nationaux. Après que la colère divine aura
consumé leur transgression nationale, alors Dieu ira les chercher, même
dans l'oubli le plus profond ; il leur parlera amicalement, en disant à
l'Église : « Consolez, consolez mon peuple ; parlez au cœur de Jérusalem,
et criez-lui que son temps de détresse est accompli, que son iniquité
est acquittée ; qu'elle a reçu de la main de l'Éternel le double pour
tous ses péchés » (Esaïe
40 : 1, 2). Alors, viendra aussi la délivrance de Jacob prédite par l'Apôtre
Paul, se basant lui-même sur la déclaration divine de Dieu. « C'est
là l'alliance de ma part pour eux, lorsque j'ôterai leurs péchés »
(Rom. 11 : 26, 27). La même pensée,
que cet embrasement de la colère de Dieu contre Israël jusqu'à l'oubli
le plus profond sera suivi par la bénédiction divine, est montrée dans
le contexte. — Voir Deut. 32 : 26-43.
« L'Éternel fait mourir et fait vivre, il fait descendre au shéol
[dans l'oubli], et en fait monter [par une résurrection hors de l'oubli,
du shéol] » . — 1 Sam. 2 : 6.
« Les cordeaux du shéol [angl. hell (enfer), shéol,
oubli] m'ont entouré ». — 2 Sam. 22 : 6.
Le prophète David exprimait ici le fait que sa vie était en
danger, mais que Dieu le délivra de la main de Saül. Le contexte,
cependant, montre très clairement que le Psalmiste parle d'une manière
prophétique du Christ, et du temps de la délivrance complète du corps
de Christ qui est l'Église, cette dernière étant délivrée du présent
monde mauvais pour entrer dans les gloires du monde à venir. On voit,
dans les versets 8 à 18, que la délivrance du corps de Christ aurait
lieu au milieu même d'un grand temps de détresse et de la manifestation
de la puissance et de l'indignation divines contre la méchanceté.
« Ne laisse pas ses cheveux
blancs descendre au shéol [oubli], en paix... mais fais
descendre dans le sang ses cheveux blancs au shéol [oubli] »
. — 1 Rois 2 : 6, 9.
C'est David qui parlait à Salomon, son fils, lui montrant que Joab
était un homme dangereux, un homme de sang, méritant en toute justice
quelque rétribution avant sa mort. Les traducteurs pensèrent évidemment
que, bien que Joab fût un homme pervers, il ne fallait pas traduire ici
le mot shéol par le mot enfer, parce que le contexte parle
de cheveux blancs, tandis que leur théorie prétend que les cheveux et
tout le reste du corps physique sont enterrés que seule l'âme nue,
l'esprit dépouillé, va en enfer. C'est pourquoi ils préférèrent ici
rendre shéol par l'expression séjour des morts (Liénart,
Cr. ; tombeau : Saci ; tombe : Zadoc-Kahn ; sépulcre
: Martin). Mais avec la pensée exacte à l'esprit, il n'y a aucune
difficulté du fait que les cheveux blancs de Joab et également ceux de
Jacob descendent ensemble dans le shéol, l'oubli, l'état de mort.
L'expression « cheveux blancs » est simplement une figure de
rhétorique signifiant âgé.
« La nuée disparaît, et s'en va ; ainsi, celui qui descend au shéol
[oubli] n'en remonte pas ». — Job 7 : 9.
Job montre ici la destruction complète de l'âme humaine ou être
humain dans la mort. Néanmoins au verset 21, il conclut l'argumentation
par la déclaration suivante : « Je me coucherai (*) [La version
anglaise porte : « Je dormirai ». — Trad. ] dans la
poussière et tu me chercheras (**) [La version anglaise porte : « Tu
me chercheras au matin » — Trad. En français les versions
Crampon, Saci, Glaire et Vigouroax, Martin rendent la pensée comme le
fait la version anglaise. —Trad. ], et je ne serai plus » (D.) Ici
l'intérim de la mort est considéré comme un sommeil (« je me coucherai »
ou « je dormirai ». — Trad.) de même qu'une allusion est
faite à l'Age millénaire comme étant le « matin », et l'Age
actuel comme la nuit de douleurs et de détresse, de mort et de cris. L'Éternel
cherchera Job au matin par la puissance de la résurrection ; bien que
Job, alors, ne sera plus, bien que la mort aura produit la destruction
complète, néanmoins le cas de Job n'est pas au-delà de la puissance
divine, et c'est pourquoi, lorsque le temps de l'Éternel sera venu,
« son désir se tournera vers l'œuvre de ses mains » ;
lorsque le jour de la vengeance sera passé et que les temps de rafraîchissement
seront venus, alors, il appellera, et Job et tous les autres lui répondront.
— Voir Job 14 : 14, 15.
« Ce sont les hauteurs des
cieux, — que feras-tu ? C'est plus profond que le shéol [oubli], qu'en
sauras-tu ? » — Job 11 : 8.
Ces
paroles, sont de Tsophar, l'un des consolateurs fâcheux de Job que l'Éternel
réprouva. Par cette déclaration, il tente de montrer à Job que les
principes divins de gouvernement sont insondables pour l'humanité, et
pour figurer le manque total de connaissance que l'homme a de Dieu, il
fait allusion au shéol et compare les deux comme il n'y a aucune
connaissance dans le shéol, il ne peut, également, prétend-il, y
avoir aucune connaissance de la sagesse divine ni du plan divin.
« Oh ! si tu voulais me cacher dans le shéol [oubli], me
tenir caché jusqu'à ce que ta colère se détourne, me fixer un temps
arrêté, et puis te souvenir de moi ». — Job 14 : 13.
Voilà l'exposé le plus simple et le plus explicité de l'espérance
de Job. Il ne désirait certes pas voir se perpétuer les conditions
actuelles de péché, de tristesse, de détresse et de douleur ; il était
tout à fait disposé à être caché dans l'oubli jusqu'au temps où la
malédiction, la « colère » serait levée de la terre et
remplacée par les temps de rafraîchissement. Mais il ne désirait pas
disparaître de la terre à toujours. Oh ! non ! ayant confiance dans les
dispositions divines arrêtées en vue d'une vie future accordée par une
résurrection, il priait pour que Dieu, au temps marqué, après la
disparition de la malédiction du péché, se souvienne de lui et le fasse
sortir de l'oubli en le rappelant à l'existence, par la puissance du rétablissement
qui sera alors mise en œuvre par le Christ. — Voir Actes 3 : 19-21.
« Si j'espère, le shéol
[oubli] est ma maison ; j'étends mon lit dans les ténèbres ; je
crie à la fosse (à la corruption — Voir note Darby — Trad.) : Tu es
mon père, aux vers : Ma mère et ma sœur ! » — Job 17 : 13-14.
Comme ce langage est expressif ! L'oubli est la maison, ou la
couche, le lit, et cette maison est remplie de ténèbres : l'âme de Job
(son être) dort, est inanimée, attendant le matin de la résurrection,
tandis que son corps va à la corruption.
« Où est donc mon espoir ? Et mon espoir, qui le verra ? il
descendra (angl. ils descendront — Trad.) dans les barres du shéol [l'oubli,
séparément], lorsque ensemble nous aurons du repos dans la poussière .
— Job 17 : 15, 16.
Le serviteur de Dieu exprime sa propre espérance, sa propre
confiance, mais il se demande combien d'humains peuvent avoir une telle
confiance. Il a déjà exprimé l'espérance que sa mort sera simplement
un sommeil duquel il se réveillera au matin. Mais bien que chacun, séparément,
descende au shéol, à l'oubli, avec ou sans cette espérance, tous
trouvent le repos dans la poussière.
« Ils passent leurs jours dans le bonheur, et en un moment
descendent dans le shéol [oubli] ». — Job 21 : 13.
Job décrit ici la vie dans la prospérité matérielle de certains
qui ne sont pas les enfants de l'Éternel : il met en contraste cette
prospérité avec les tribulations subies par d'autres qui constituent le
peuple de l'Éternel, et qui viennent sous la verge de la correction
divine pour les modeler, les préparer en vue de meilleures choses de
l'avenir.
« La sécheresse et la chaleur emportent l'eau de neige ainsi le shéol
[oubli] fait-il de ceux qui ont péché » — Job 24 : 19.
Toute l'humanité a péché, et par conséquent est sujette à la
mort et descend dans l'oubli. La seule espérance est en celui qui nous
racheta de la mort et qui, au « matin »
nous fera sortir de l'oubli, selon sa miséricordieuse promesse
personnelle. Cependant, dans cet exemple, Job fait spécialement allusion
aux pécheurs qui hâtent leur mort par leur mauvaise conduite.
« Le shéol [oubli] est à nu devant lui, et l'abîme
(destruction — note D. — Trad.) n'a pas de voile ». — Job. 26
: 6.
Job fait ressortir ici toute la sagesse du Créateur qui non
seulement connaît la fin dès le commencement, mais pour qui toutes les
choses secrètes de l'oubli sont ouvertes à son regard inscrutable.
« Car on ne se souvient point de toi dans la mort ; dans le shéol
[oubli] qui te célébrera ? » — Ps. 6 : 5.
Quelle déclaration claire et positive avons-nous ici, nous donnant
la preuve de l'inconscience de l'homme dans la mort ! On remarquera aussi
que ce texte ne se rapporte pas aux méchants, mais aux serviteurs de Dieu
qui désirent le remercier et le louer pour ses bontés. Remarquons également
qu'il ne s'agit pas de la chair morte qui est enterrée dans le geber,
mais de l'âme qui va dans le shéol, l'oubli.
« Les méchants seront repoussés [retourneront] jusque dans le shéol
[oubli], toutes les nations qui oublient Dieu ».— Ps. 9 :
17.
Le mot hébreu shûwb (*) [Référence Strong N° 7725
— Trad. ]
dans ce texte est convenablement traduit par « [re] – tourneront ».
Ceci fait penser à quelqu'un ramené du shéol, de l'oubli, et
montre aussi que quelques-uns ainsi ramenés seront renvoyés dans l'oubli
à cause de leur méchanceté et parce qu'ils oublient Dieu. La délivrance,
hors du shéol, de l'humanité en général, aura lieu durant l'âge millénaire,
comme résultat du prix de la rançon accompli au Calvaire. Cependant,
ceux qui, une fois réveillés et amenés à la connaissance de la vérité,
seront alors volontairement pervers, retourneront dans l'oubli —
« la Seconde Mort », pour laquelle il n'y a ni rançon ni rétablissement.
Il est tout à fait évident que ce passage n'est pas applicable aux
masses humaines (aux païens) qui n'ont jamais connu Dieu ; d'après ses
propres termes, il a trait à ceux qui oublient Dieu, après avoir été
amenés à une claire connaissance de lui, et à la responsabilité qui en
découle.
« Tu n'abandonneras pas mon âme au shéol [oubli] ; tu ne
permettras pas que ton saint voie la corruption » — Ps. 16 : 10.
L'Apôtre
Pierre, parlant le jour de la Pentecôte sous l'influence plénière du
saint Esprit, nous expose la vraie signification de cette déclaration, en
indiquant qu'il n'était pas possible que cela fût vrai de David lui-même,
parce que l'âme de David fut laissée dans le shéol et que sa chair vit
la corruption. Parlant de David, Pierre déclare : « II est mort et
a été enseveli, et son sépulcre est au milieu de nous jusqu'à ce jour ».
« Car David n'est pas monté dans les cieux ». — Actes 2 :
27-34.
Les paroles de l'Apôtre sont expressives et complètement
convaincantes sur deux points : (1) l'âme de David alla au shéol,
dans l'oubli, et elle y était encore, et jusqu'au moment du discours de
Pierre, elle n'était pas montée au ciel ; (2) l'âme de Christ Jésus
alla aussi au shéol, dans l'oubli, mais elle n'y resta pas, parce
qu'elle ressuscita le troisième jour et qu'elle monta ensuite au ciel.
Ces clairs exposés venant d'une source inspirée devraient éclairer
sur cette question tous les vrais chercheurs de la vérité. Ils nous
placent en face des faits suivants : (1) A la mort de notre Seigneur Jésus,
son âme (être) alla dans l'oubli, au shéol ; (2) II resta mort
durant un peu moins de trois jours ; (3) II ressuscita, fut vivifié tiré
de l'oubli et élevé à la nature divine, !e troisième jour, par la
puissance du saint Esprit de Dieu, et devint « les prémices de ceux
qui sont endormis ». L'être ou l'âme de notre Seigneur
cessa d'exister pendant la durée de sa mort : « II livra son âme
à la mort ; Il livra son âme en sacrifice (en offrande) pour le péché ».
Mais son âme [être] fut revivifiée par une résurrection, ayant reçu
un nouveau corps spirituel (*) [Vol.
2, p. 108, éd. fse 1953 — Trad.
].
« Les cordeaux du shéol [oubli] m'ont entouré,
les filets de la mort m'ont surpris ». — Ps. 18 : 5 (D).
Ce texte exprime sous une forme imagée l'angoisse profonde et la crainte
de la mort.
« Éternel, tu as fait remonter
mon âme du shéol [oubli] ; tu m'as rendu la vie ». — Ps. 30 : 3.
Ce passage est une action de grâce pour la guérison d'une grave
maladie qui pouvait entraîner la mort.
« Que les méchants soient
confus, qu'ils se taisent dans le shéol [oubli] ; qu'elles
soient muettes les lèvres menteuses ». — Ps. 31 : 17, 18.
Ici,
comme ailleurs, le Psalmiste désire fortement que la terre soit purifiée
de ceux qui aiment et pratiquent la méchanceté. Cela n'a aucun rapport
quelconque avec une vie future, et n'implique pas non plus une espérance
de résurrection. Lorsque le Royaume appartiendra au Seigneur qui sera
alors le souverain de toutes les nations, et que les lois de la justice et
de la vérité seront établies, et que la miséricorde et l'amour
apporteront à chaque créature la plus complète occasion d'arriver à la
connaissance et d'être délivrée du péché, il est probable que
certains, de ceux des méchants d'aujourd'hui, rechercheront la droiture,
la justice, seront couverts par la miséricorde de la justice de Christ
et, finalement, parviendront à la vie éternelle par lui. Il est certain
que ni le prophète David, ni aucun autre ne pourraient objecter à une
telle réformation, ni au don de la vie éternelle accordée à ceux qui
changeront complètement de vie et seront ramenés en harmonie avec Dieu.
« Ils gisent dans le shéol [oubli] comme des brebis :
la mort se repaît d'eux, et au matin, les hommes droits domineront sur
eux ; et leur beauté va se consumer dans le shéol [oubli],
sans qu'ils aient plus de demeure. Mais Dieu rachètera mon âme de la
puissance du shéol [oubli], car Il me prendra » . — Ps. 49
: 14, 15.
Le mot shéol
ne signifie pas sépulcre dans le sens ordinaire, mais oubli, comme nous
le traduisons, ainsi qu'il ressort clairement d'après ce texte ; car les
brebis ne sont pas ensevelies dans des sépulcres, bien que toutes les
brebis aillent dans l'oubli, soient oubliées, comme si elles n'avaient
jamais été. Le prophète montre ici sa propre confiance en la résurrection,
que Dieu rachèterait son âme du shéol, de l'oubli. Ceci est en
harmonie complète avec la déclaration de l'Apôtre Pierre disant que
« David n'est pas monté au ciel ». L'âme de David
alla dans le shéol, dans l'oubli, et la seule espérance de
David est dans la rédemption de son âme hors du shéol, de
l'oubli, dans un retour à la vie que le Rédempteur lui accordera à la résurrection.
De plus, même ceux qui vont dans l'oubli comme les brebis, doivent en
sortir, car ce passage déclare clairement qu'« au matin » de
la résurrection, au matin millénaire, les justes
« auront la domination » sur ceux-ci, les gouverneront,
les dirigeront, les jugeront. Ainsi dit aussi l'Apôtre : « Les
saints jugeront le monde » . — 1 Cor. 6 : 2.
« Que la mort les saisisse ! qu'ils descendent vivants dans le shéol
[oubli] ; car la malice est dans leur demeure ». — Ps. 55 :
13.
Ce passage, tel qu'il est ordinairement mal compris, a été une
grande pierre d'achoppement pour beaucoup d'enfants de Dieu. Ils se sont
dit : Comment se peut-il qu'un homme bon tel que David ait pu prier pour
que ses ennemis descendent en enfer, dans la torture éternelle ?
Un homme bon ne voudrait pas prier ainsi, et telle n'était pas non plus
la teneur de la prière de David. Comme nous l'avons vu et le voyons
encore, le mot shéol ne renferme aucune idée de feu ou de flamme,
ou de tourment ou de quoi que ce soit de cette espèce, mais il signifie
simplement l'oubli, l'extinction de la vie. Il s'ensuit donc que la prière
de David ou son désir à l'égard de ses ennemis, les adversaires de la
justice, était un désir parfaitement convenable et en plein accord avec
les lois des peuples les plus civilisés de notre époque de très grande
lumière. Aujourd'hui, les lois des nations civilisées décrètent que
tous les meurtriers seront exécutés, et généralement, elles
choisissent les méthodes d'exécution supposées les plus aisées et les
moins douloureuses (*) [Écrit en 1899 — Trad. ]. La
loi décrète donc, comme le fit David : Que les coupables aillent dans le
shéol, dans l'oubli : qu'ils meurent ! Néanmoins, dans sa miséricorde,
Dieu a racheté, par le précieux sang de Christ, le plus vil des pécheurs
comme le moins vil d'entre eux, car « Jésus Christ, par la grâce,
de Dieu, a goûté la mort pour tous ». « II s'est donné en
rançon pour tous », témoignage (qui doit être rendu) au propre
temps ». Si certains de nos semblables sont plus pervers que nous-mêmes,
cela peut être dû, autant que nous le sachions, aux influences particulièrement
aveuglantes exercées sur eux par l'adversaire (2 Cor. 4 : 4), ou bien par
une plus mauvaise hérédité. En tout cas, Dieu a pourvu à ce que chaque
membre de la race ait une occasion complète, claire, impartiale de faire
son choix pour la justice et la vie, ou pour l'injustice et la Seconde
Mort — pour être renvoyé au shéol. Ceci nous est entièrement
garanti par la Nouvelle Alliance assurée et scellée par les mérites du
précieux sang de Christ.
« Ta
bonté est grande envers moi et tu as sauvé mon âme du shéol [oubli]
profond ». — Ps. 86 : 13.
Ici les mots « shéol profond » pourraient signifier la
profondeur de l'oubli. Il nous est permis de considérer à bon droit que
le Prophète personnifie ici le Seigneur Jésus, comme il le fait dans un
grand nombre de ses Psaumes. S'il en est ainsi, l'expression « profondeur
de l'oubli », aurait une application particulière. Pour l'humanité
en général, la mort n'est qu'un sommeil, et l'oubli où elle est
descendue n'est que temporaire parce qu'il y aura un réveil à la résurrection,
comme résultat de la rançon. Mais dans le cas de notre Seigneur Jésus,
c'était différent ; du fait qu'il prit la place du pécheur (Adam), la
mort signifiait obligatoirement pour lui le châtiment suprême du péché,
c'est-à-dire l'oubli perpétuel, à moins que par la grâce et la
puissance du Père, il dût ressusciter des morts et devenir le Libérateur
de ceux qu'il racheta.
« Mon âme est rassasiée de maux et ma vie touche au shéol
[oubli] ». — Ps. 88 : 3.
Ici encore, la douleur profonde jusqu'à la mort est décrite sous
une forme brève et poétique.
« Quel est l'homme qui vit et qui ne verra pas la mort —
qui sauvera son âme de la main [puissance] du shéol [oubli] ? »
— Ps. 89 : 48.
Combien sont logiques cette question et la réponse qu'elle
implique ! Tout cela est en accord avec ce que nous avons déjà vu
jusqu'ici. Combien, par contre, sont discordantes ces paroles avec la
croyance généralement admise sur le sujet examiné ! On croit
ordinairement qu'aucun homme, qu'aucune âme ne passe par une mort
véritable, mais qu'au moment de la mort, il y a au contraire un
accroissement de vie ; que par conséquent l'âme échappe complètement
au pouvoir du shéol, de l'oubli, on croit que l'âme ne peut
mourir ; loin de mettre en doute qu'elle puisse se délivrer elle-même du
pouvoir du shéol, il est admis sans discussion que le shéol
n'a aucun pouvoir de toucher à l'âme. Comme sont logiques les Écritures
et la vérité ! Combien est illogique la philosophie de Platon si communément
acceptée !
« Les
cordeaux de la mort m'avaient environné et les détresses du shéol
[oubli] m'avaient atteint ; j'avais trouvé la détresse et le
chagrin ». — Ps, 116 : 3.
Ici encore, la crainte de la mort est dépeinte d'une manière
vivante.
« Où irai-je loin de ton esprit [puissance — pour échapper à la
puissance divine ou pour en être caché] ? et où fuirai-je loin de ta
face ? Si je monte aux cieux,
tu y es ; si je me couche au shéol [oubli] t'y voilà » — Ps. 139 : 7, 8.
D'après
la conception généralement admise, cela voudrait dire que Dieu habite en
permanence le terrible lieu de torture que le shéol est supposé être.
Au contraire, le prophète adopte une large vue de la puissance divine et
nous fait part du résultat de ses investigations, à savoir qu'il n'est
aucun lieu de l'univers qui ne soit accessible à la puissance divine. Même
l'oubli de la mort est soumis à notre Seigneur qui déclare : « J'ai
les clefs de la mort et du hadès [oubli] ». C'est notre
confiance en Dieu — en son omnipotence — qui constitue la base de
notre foi en une résurrection des morts.
« Nos os sont dispersés à la gueule du shéol [oubli]
comme quand on coupe et qu'on tend [du bois] sur la terre ». — Ps.
141 : 7.
La signification de ce passage est très obscure ; mais de toute
manière, il ne contient rien qui favorise l'idée généralement admise
d'un enfer de tourment. La traduction de Young rend ainsi ce verset :
« Comme on laboure et moissonne la terre, nos os ont été dispersés
au commandement de Saül » (*) [En français, Glaire et Vigouroux (Cathol.) traduisent :
« comme une terre compacte rompue par le soc, se répand sur
la terre, nos os ont été dispersés auprès de l'enfer »
(Voir leur note). Lausanne donne : « Comme on sillonne
et fend la terre, ainsi nos os sont dispersés à la gueule du séjour des
morts ». — Dans la version Darby (ci-dessus) les mots [du
bois] sont entre crochets, parce qu'ils ne se trouvent pas dans les
anciens MSS hébraïques. — Trad. ].
« Nous les engloutirons vivants comme le shéol [oubli] ».
— Prov. 1 : 12.
Ceci paraît montrer le langage des meurtriers qui voudraient détruire
rapidement leurs victimes, et les perdre de vue et de mémoire — dans
l'oubli.
« Ses pieds descendent à la mort, et ses pas atteignent le shéol
[oubli] ». — Prov. 5 : 5.
Ici sont poétiquement décrites les tentations d'une mauvaise
femme et leurs funestes résultats ; ses voies conduisent à la
destruction, à la mort, à l'oubli.
« Ce sont les voies du shéol [oubli] que sa
maison ; elles descendent dans les chambres de la mort ». — Prov.
7 : 27.
Cette expression est semblable à la précédente, mais elle donne
la preuve que l'enfer en question n'est pas de flammes, que ce n'est pas
un lieu de tourment ; ce sont les sombres chambres de la mort, du néant,
de l'oubli.
« Ses convives sont dans les profondeurs du shéol [oubli] »
. — Prov. 9 : 18.
Ici, dans un langage hyperbolique, ce texte nous montre les invités
de la prostituée représentés comme morts, comme ayant perdu tout
respect d'eux-mêmes, et toute dignité d'homme — sans aucun doute, ils
sont sur le chemin de la mort, car la conduite dépravée favorise et
active la maladie et la mort. Ils sont sur le chemin de l'oubli, non
seulement au point de vue physique, mais aussi parce qu'ils perdent leur réputation
et leur influence parmi les hommes.
« Le shéol [oubli] et l'abîme [destruction — Voir
note (D.)] sont devant l'Éternel, combien plus les cœurs des fils des
hommes ! » — Prov. 15 : 11.
On doit remarquer qu'il n'y a ici aucune idée de torture, mais
tout le contraire ; le shéol, l'oubli, est associé à la
destruction.
« Le sentier de la vie est en haut pour les intelligents, afin
qu'ils se détournent du shéol [oubli] en bas » . — Prov. 15 :
24.
Nos traducteurs sont presque arrivés, par leur manière de rendre
ce texte, à soutenir leur théorie que les justes montent au ciel
et que les méchants descendent en enfer. Remarquez la traduction
de la version révisée (angl. — Trad.) : « Pour le sage la voie
de la vie monte afin qu'il puisse s'éloigner du shéol [en marge : du sépulcre]
en dessous » . La pensée correcte pourrait être rendue comme suit
: Le sentier de la vie, pour les sages, est un sentier qui s'élève vers
la justice, afin qu'ils puissent être délivrés de l'oubli par la
puissance de la résurrection.
« Tu
le frapperas de la verge, mais tu délivreras son âme du shéol [oubli] ».
— Prov. 23 : 14.
Inutile, sans doute, d'expliquer que ce passage n'enseigne pas
qu'après la mort le cadavre doit être battu afin que l'âme puisse être
tirée d'un enfer de tourment. Le sens est clairement indiqué par le
contexte. L'injonction est que la verge ne doit pas être épargnée à
l'enfant, si cela est nécessaire, car c'est ainsi que de longues années
utiles pourront être ajoutées à sa vie ; son âme (son être) sera préservée
d'un oubli prématuré, et sera peut-être sauvée de la Seconde Mort —
du retour à l'oubli.
« Le shéol [oubli] et
l'abîme (destruction) sont insatiables, et les yeux de l'homme sont
insatiables ». — Prov. 27 : 20.
Loin d'avoir le sens d'un enfer dévorant, de proportions si
formidables qu'il ne saurait jamais être rempli, ce passage signifie
simplement qu'il n'y a pas de limites à la capacité de la mort : l'oubli
et la destruction ne peuvent pas être remplis à satiété.
« II y a trois choses qui sont insatiables, quatre qui ne disent pas
: C'est assez !... le shéol [oubli] et la matrice stérile
; la terre qui n'est pas rassasiée d'eau, et le feu qui ne dit pas :
C'est assez ! » —
Prov. 30 : 15, 16.
Dans ce texte comme dans le précédent, il est dit que la mort,
l'oubli n'ont aucune limite de capacité, et ne peuvent donc être comblés
outre mesure.
« Tout ce que ta main trouve à faire, fais-le selon ton pouvoir ;
car il n'y a ni œuvre, ni combinaison, ni connaissance, ni sagesse dans
le shéol [oubli] où tu vas ». — Eccl. 9 : 10.
Voilà une déclaration très catégorique relativement à l'enfer
; (le shéol, l'oubli). Elle est applicable non seulement aux méchants,
mais aussi aux justes, à tous ceux qui entrent dans la mort. Il n'y a ni
bonnes ni mauvaises œuvres ; on ne loue, ni ne maudit Dieu ; on ne pense
ni le bien ni le mal : il n'y a ni connaissance sainte, ni connaissance
impie, ni sagesse céleste ni autre sagesse, dans le shéol, dans
l'oubli de la mort. Comment pourrait-on exposer plus clairement et plus énergiquement
cette question ?
« La jalousie est cruelle comme le shéol [oubli] ».
— Cant. 8 : 6
Ici, la condition de mort, d'oubli est représentée comme la
personnification même de l’implacabilité. Elle dévore toute la
famille humaine, sans aucune exception, sans égard à la personnalité,
ni au rang.
« C'est pourquoi le shéol [oubli] élargit son
désir et ouvre sa bouche sans mesure ». — Es. 5 : 14.
Le prophète emploie ici le mot shéol, oubli, pour décrire
la perte de prestige d'Israël, son ignominie, son déshonneur. Ce peuple
était devenu comme mort ; nombreux étaient ceux qui descendirent dans
l'oubli. Ce passage ne concerne ni un sépulcre au sens littéral, ni un
étang de feu.
« Le shéol [oubli] d'en-bas s'émeut pour toi, te
rencontrant à ta venue ». — Es. 14 : 9.
Cette manière d'expression est éminemment, symbolique. Elle
s'applique à Babylone. Son accomplissement est, croyons-nous, encore
futur, et maintenant tout proche. La grande Babylone doit être engloutie
; comme une pierre jetée dans la mer, elle sera complètement perdue de
vue et oubliée ; elle ira dans l'oubli, le shéol (Apoc. 18 : 21).
Cela est montré par le contexte qui déclare : « Comment
l'oppresseur a-t-il cessé ? Comment l'exactrice (« celle qui
amassait l'or » — « la ville de l'or, version anglaise ;
voir concordance Strong, référence N° 4062 — Trad.) a-t-elle cessé ?
— Voir Esaïe 14 : 4 à 8 (*). [Version Martin : « Comment
se repose celle qui était si avide de richesses ? » — Trad.
]
« Ton orgueil est descendu dans le shéol [oubli]
». — Es. 14 : 11.
Ici se poursuit la même description symbolique de la destruction
de Babylone mystique, dont la grandeur sera bientôt une chose du passé,
ensevelie dans l'oubli et non dans un enfer incandescent.
« Vous
avez dit : Nous avons fait une alliance avec la mort, et nous avons fait
un pacte avec le shéol [oubli] » . — Es. 28 : 15.
Ici, l'Éternel prédit une terrible détresse, l'achoppement et la
chute parmi ceux qui, par de fausses doctrines, en sont venus à faire peu
de cas de l'enseignement des Écritures affirmant que la mort est le
salaire du péché. Ce temps de rétribution est proche, il viendra sur
ceux qui se sont servis de la Parole de Dieu pour tromper, et qui, au lieu
d'être sanctifiés par la vérité, ont préféré l'erreur. Notre grand
adversaire, Satan, profite de la croyance erronée généralement admise
sur ce sujet pour prendre le monde au piège par diverses fausses
doctrines avancées sur ces fausses prémisses. Déjà il a égaré les
Papistes et le monde païen tout entier, les amenant à offrir des prières
et des messes pour les morts, que l'on croit n'être pas morts, mais au
contraire très vivants dans les tourments du purgatoire. Et, de nos
jours, par le Spiritisme, la Théosophie et la Science Chrétienne, le même
Adversaire lance ses attaques spécialement contre les Protestants qui, du
fait de leur croyance selon laquelle les morts ne sont pas morts, sont
tout préparés pour subir ces influences trompeuses.
Des Chrétiens de diverses confessions ont « fait une
alliance avec la mort » ;
ils déclarent qu'elle est une amie, tandis que les Écritures affirment
qu'elle est la plus grande ennemie de l'homme, qu'elle est le salaire du péché.
Les Chrétiens de nom sont d'accord avec le sépulcre ; ils considèrent
qu'il n'est qu'un lieu de dépôt pour le corps terrestre, dont ils se
disent même heureux d'être débarrassés. Faute de voir que la mort
(l'oubli) est le salaire du péché, ils sont prêts à accepter le
mensonge de Satan selon lequel le tourment éternel est le salaire du péché.
Faute de croire que la mort est le salaire du péché, ils sont prêts à
nier que la mort de Christ fut le remède, le prix équivalent pour la délivrance
de l'homme. Dès lors, tous les traits miséricordieux du divin plan de la
rançon et du rétablissement sont plus ou moins confus à leurs yeux, et
devenus difficiles à comprendre.
« Votre alliance avec la mort sera abolie, et votre pacte avec le shéol
[oubli] ne subsistera pas ». — Es. 28 : 18.
L'Éternel déclare ainsi qu'il finira par convaincre le monde de
la véracité des déclarations bibliques concernant la mort et la
condition de l'oubli ; mais ce sera par le moyen d'un grand temps de détresse
et de confusion pour ceux qui sont victimes de cette tromperie et qui
refusent d'écouter la voix de la Parole de l'Éternel sur ce sujet.
« Moi, je disais : dans le retranchement de mes jours, j'irai
dans les portes du shéol [oubli] ; je suis privé du reste
de mes années ». — Es. 38 : 10.
Telles sont les paroles d'Ezéchias, le bon roi de Juda, en faveur
de qui un miracle fut accompli pour prolonger ses jours. Dans ces paroles,
il raconte quelles étaient ses pensées au cours de sa maladie. Il ne
voulait certainement pas dire
qu'il avait espéré descendre dans un enfer de tourment éternel, et les
traducteurs furent assez sagaces pour voir que si, dans cet exemple, ils
traduisaient shéol par le mot enfer, cela provoquerait des
questions et des recherches de la part des lecteurs, ce qui aurait porté
au plus vite à l'attention générale, la vérité sur le sujet. Le roi déclare
simplement qu'il s'est senti près de la mort, de l'oubli, et qu'il était
sur le point d'être privé du reste de ses jours, dont il avait pu
raisonnablement s'attendre à jouir.
« Car ce n'est pas le shéol [oubli] qui te louera, ni
la mort qui te célébrera ». — Es. 38 : 18.
Telles sont les paroles d'Ezéchias, contenues dans la même
description où il parle de sa maladie, de sa crainte de la mort, de son
rappel de la bonté et de la miséricorde de l'Éternel en prolongeant sa
vie, et de ses actions de grâce à l'Éternel. Il déclare (au v. 17 —
Trad.) : « Tu as aimé mon âme [être], la retirant de la fosse de
destruction ». Les traducteurs ne rendirent pas ce texte par
« Ce n'est pas l'enfer qui te louera », autrement des
esprits curieux se seraient demandé de quelle espèce d'enfer il
s'agissait. Ezéchias associe l'idée de la mort avec l'oubli, le shéol,
et les emploie comme des synonymes, puis il déclare (au v. 19) : « Le
vivant, le vivant est celui qui te louera, comme moi aujourd'hui ».
En d'autres termes, un homme vivant peut louer l'Éternel, mais si un
homme est mort, si son âme est allée dans le shéol, dans
l'oubli, il ne peut louer l'Éternel, ni en aucun sens raconter ses miséricordes,
jusqu'au matin de la résurrection, où comme Job le déclare, l'Éternel
appellera et tous lui répondront.
« Et tu t'es rendue auprès du roi avec de l'huile... et tu
t'es dégradée jusque dans le shéol [oubli] ». —
Es. 57 : 9.
Cette dernière expression est figurée. Elle n'a rien de commun
avec un enfer de tourment, ni avec un véritable sépulcre ou tombeau.
Elle représente Israël sous la figure d'une femme qui néglige son mari,
l'Éternel, et cherche l'alliance des rois de la terre au point d'oublier
son époux, au point d'être figurément morte, oublieuse de l'Éternel et
des principes de sa vérité, et de la justice qui vient de la foi.
« Au jour de sa descente au shéol [oubli] je fis
mener deuil... Du bruit de sa chute, je fis trembler les nations, quand je
le fis descendre dans le shéol [oubli]... Ceux-là aussi
sont descendus dans le shéol [oubli] vers ceux qui ont été
tués par l'épée ».— Ezéch. 31 : 15-17.
L'Éternel décrit ici, dans le langage figuré du prophète, la
chute de Babylone. Comme nous l'avons vu jusqu'ici, la chute de Babylone
et les extraordinaires descriptions qui en sont faites furent
partiellement destinées à la Babylone littérale, mais elles se
rapportent encore bien davantage à la chute complète et à l'écroulement
de la Babylone mystique. L'antique nation de Babylone fut renversée par
les Mèdes et les Perses, et descendit dans l'oubli, dans l'état de mort
en tant que nation ; la Babylone mystique moderne doit pareillement tomber
dans l'oubli pour ne plus se relever.
« Les forts d'entre les puissants, avec ceux qui lui avaient aidé,
lui parleront du milieu du shéol [oubli] » . —
Ezéch. 32 : 21.
Il s'agit ici de la nation d'Égypte qui descend dans l'oubli, et
aussi d'autres nations puissantes qui y descendirent antérieurement à la
chute de l'Égypte : ces dernières sont représentées comme parlant à
l'Égypte au sujet de sa chute. C'est ainsi que nous disons que l'histoire
nous parle de certaines choses, qu'elle répète ses enseignements.
« Ils n'ont pas été couchés
avec les hommes forts, tombés d'entre les incirconcis, qui sont descendus
dans le shéol [oubli] avec leurs instruments de guerre ».
— Ezéch. 32 : 27.
Le prophète prédit ici la destruction de Meshech et de Tubal ; il dit
comment eux aussi descendront dans l'oubli avec leurs armes de guerre. Les
armes de guerre peuvent, en vérité, tomber dans l'oubli, et nous rendons
grâces à l'Éternel de ce qu'aucune de ses dispositions ne prévoit leur
rétablissement, dans le glorieux âge à venir, lorsque Emmanuel aura établi
son Royaume, car la promesse positive est qu' « II fera cesser les
guerres jusqu'au bout de la terre ». — Ps. 46 : 9.
« Je les délivrerai de la main [puissance] du shéol
[oubli] ; je les rachèterai de la mort. O mort, je serai tes
pestes ! O Shéol [oubli] je serai ta destruction ! Le
repentir est caché à mes yeux ». — Osée 13 : 14 (Voir note D.
— Trad.).
Quiconque n'a pas encore été convaincu que shéol ne
signifie pas un lieu de tourment, peut au moins tirer consolation de ce
texte, dans lequel l'Éternel déclare sans réserve que le shéol sera
détruit. Si donc quelqu'un croit toujours et soutient que c'est un
lieu de tourment, qu'au moins il admette également qu'il ne durera pas
toute l'éternité, car l'Éternel lui-même a décrète sa destruction.
Mais combien ce texte tout entier est admirablement clair et harmonieux,
quand on l'examine sous son vrai jour ! Le prix de la rançon a déjà été
fourni par notre Rédempteur et l'œuvre qui délivrera l'humanité du shéol,
de l'oubli de la mort, attend seulement que l'Église (le Corps de Christ)
ait été choisie (*) [Écrit en 1899 — Trad.
] d'entre les humains et glorifiée avec son Seigneur et Tête (Chef)
Christ-Jésus. Aussitôt que la résurrection de l'Église sera complète
(la première ou principale résurrection) alors, déclare l'Apôtre,
« s'accomplira la parole qui est écrite :
La mort a été engloutie dans la victoire. Où est, ô mort, ton
aiguillon ? Où est, ô sépulcre (hadès — note D. —Trad.), ta
victoire ? » 1 Cor. 15 : 54, 55.
L'engloutissement de la mort dans la victoire sera l'œuvre de
l'Age millénaire ; il sera graduel, comme a été graduel aussi
l'engloutissement de l'humanité dans la mort. En définitive, la sentence
de mort qui pèse actuellement sur l'humanité, et le shéol,
l'oubli qu'elle lui impose, passeront complètement, parce que tous ont été
rachetés de son pouvoir. Sous les nouvelles conditions, sous la Nouvelle
Alliance, avec ses bénédictions et ses grâces abondantes, nul ne
descendra plus dans la mort (l'oubli), sauf ceux qui pécheront
intentionnellement, et ce, pour leur propre compte. Cette mort sera la
Seconde Mort, de laquelle il n'y aura plus aucun espoir de revenir.
« Quand ils pénétreraient dans le shéol [oubli],
de la ma main les prendra ». — Amos 9 : 2.
Dans ce langage vigoureusement imagé, l'Éternel déclare que sa
puissance est absolue et qu'il dirige entièrement l'humanité, faisant
particulièrement allusion à Israël. Soit comme nation, soit comme
individus, les Israélites ne pouvaient échapper aux jugements divins, et
bien qu'ils dussent descendre dans la mort, comme individus et comme
nation, cependant, toutes les promesses de Dieu, aussi bien que les
menaces à leur égard, seront sûrement accomplies. Néanmoins, après
avoir annoncé leur complet renversement et leur dispersion parmi toutes
les nations de la terre, comme on le constate aujourd'hui (*) [Écrit en 1899 — Trad.] la
promesse de l'Éternel est (vs 11-15) : « En ce jour-là, [à
l'aurore du jour millénaire] je relèverai le tabernacle de David qui est
tombé... Et je rétablirai les captifs de mon peuple Israël... et ils ne
seront plus arrachés de dessus leur terre que je leur ai donnée, dit l'Éternel,
ton Dieu ».
Personne ne songerait à creuser son chemin vers un lieu de
tourment éternel ; mais Israël, en tant que nation, creusa sa voie vers
l'oubli national. Cependant Dieu remédiera à cette situation.
« Du
sein (**) [D'autres versions :
« Du ventre du shéol, etc... » —
Trad. ] du shéol [oubli],
j'ai crié ; tu as entendu ma voix ». — Jonas 2 : 3 (D.).
Le ventre de l'« enfer » (shéol) où se
trouvait Jonas, d'où il cria à l'Éternel, et duquel il fut délivré,
était le ventre du grand poisson qui l'avait englouti. C'était, pour
lui, le ventre de l'oubli, de la destruction, de la mort, s'il n'en avait
pas été délivré.
« Et
bien plus, le vin est perfide ; cet homme est arrogant et ne se tient pas
tranquille, lui qui élargit son désir comme le shéol [oubli],
et est comme la mort et ne peut être rassasié, et il rassemble vers lui
toutes les nations et recueille vers lui tous les peuples ». —
Hab. 2 : 5.
Apparemment, il s'agit ici d'une nation ambitieuse, d'une, nation
agressive. Cette image pourrait être, très à propos, appliquée aux
nations actuelles (*) [Écrit en 1899 — Trad.
]qui parcourent le monde pour amener les nations plus faibles et
moins civilisées sous leur autorité et leur patronage. Elle pourrait
aussi s'appliquer à l'Homme du Péché et à son influence mondiale, grâce
à laquelle il tire ses revenus de toutes les nations sous le soleil. De
toute manière, l'idée est que la cupidité est comme la mort [l'oubli]
en ce sens qu'elle n'a jamais assez ; ses désirs ne peuvent être
satisfaits.
« HADÈS » DANS LE NOUVEAU
TESTAMENT
Dans le Nouveau Testament, le mot grec hadès est l'équivalent
exact du mot hébreu shéol. Nous en avons la preuve absolue du
fait que les Apôtres, dans leurs citations de l'Ancien Testament,
rendent shéol par le mot hadès.
Voici les exemples du Nouveau Testament dans lequel se trouve le mot hadès
(*) [« hadès » ; l'Abbé Crampon rend par « aux
enfers », et ajoute en note : le
Schéol des Hébreux, le Hadès des Grecs, c.à.d. le séjour
des morts en général, que l'on se représentait comme une sombre région,
située dans les profondeurs de la terre ». — Trad. ]
:
« Et toi, Capernaüm, qui as été élevée jusqu'au ciel, tu seras
abaissée jusque dans le hadès [oubli] ». — Matth.
11 : 23 (voir la note très embarrassée de Darby —Trad.).
La ville de Capernaüm ne descendit certainement pas dans le
tourment éternel, pas plus qu'elle n'alla dans un sépulcre ou un
tombeau, au sens ordinaire du mot, mais il est absolument vrai que Capernaüm
tomba dans l'oubli, dans la destruction.
« Je te dis que tu es Pierre ; et sur ce roc, je bâtirai mon
assemblée [grec : ekklesia, église — Trad.] et les portes du hadès
[oubli] ne prévaudront pas contre elle ». — Matth. 16 :
18.
Pierre venait de confesser que Jésus était l'Oint, le Fils du
Dieu vivant, le Messie. Cette vérité est le puissant roc sur lequel
toute l'Église de Christ, formée de pierres vivantes, doit être édifiée,
car il n'y a aucun autre nom par lequel nous puissions être sauvés.
Notre Seigneur déclare que Pierre est une de ces pierres vivantes,
et Pierre affirme (1 Pi. 2 : 5) que tous les croyants consacrés sont de même
des pierres vivantes, édifiées sur ce grand roc de fondement, qui
est Christ, l'Oint. Ces pierres vivantes sont édifiées pour former une
habitation de Dieu, par le moyen de l'esprit, afin d'être un temple
glorieux pour sa demeure, et par le moyen duquel il bénira toutes les
familles de la terre. Dieu a accepté ainsi les croyants en Christ et les
considère comme des membres de ce temple futur ; néanmoins, il permet à
la mort de prévaloir présentement contre son peuple : tous, apparemment,
descendent dans la mort (l'oubli) comme le font les autres ; ils ont donc
besoin de l'assurance encourageante du Seigneur que la mort n'aura pas
raison d'eux et que les portes de l'oubli ne resteront pas fermées à
toujours ; comme de la mort, il brisa symboliquement les portes et en
sortit par la résurrection, grâce à la puissance du Père, ainsi son Église
sera-t-elle également délivrée du pouvoir de la mort, de l'oubli, et
aura-t-elle part à sa résurrection, « la première résurrection ».
Il est certain que cela est en harmonie avec tous les témoignages des Écritures,
et il est non moins certain que toute autre interprétation des paroles de
notre Seigneur serait dépourvue de sens véritable.
« Et toi, Capernaüm, qui as été élevée jusqu'au ciel, tu
seras abaissée jusque dans le hadès [oubli] » —
Luc 10 : 15.
Capernaüm fut grandement honorée, grandement privilégiée, par
le fait que notre Seigneur y habita pendant un certain temps ; elle put
jouir du privilège de son enseignement, être témoin de nombre de ses œuvres
puissantes, et c'est en cela qu'elle est dite, par hyperbole, avoir été
élevée jusqu'au ciel. Mais cette ville n'ayant fait aucun usage
convenable de ces grands privilèges et occasions, notre Seigneur déclara
qu'elle subirait une humiliation, une destruction, une mort équivalentes
comme ville — qu'elle serait jetée dans l'oubli. Cela a été accompli.
« Et en hadès [oubli], levant ses yeux, comme il était
dans les tourments ». — Luc 16 : 23.
C'est là le seul passage des
Écritures, qui semblerait bien faiblement, laisser à entendre la
possibilité de pensée, de sensation physique, de torture ou de bonheur
dans le hadès ou shéol. De prime abord ce texte semble être
contraire à l'affirmation qu'il n'y a ni œuvre, ni connaissance, ni
intrigue dans le shéol, et on ne peut en effet le comprendre que
d'une seule manière, à savoir qu'il s'agit là d'une parabole. Nous en
avons discuté ailleurs (*) [Voir
« L'Enfer de la Bible », brochure de 50 pages] dans tous ses détails, et montré que l'homme riche qui alla dans
l'oubli et y fut néanmoins torturé est la nation juive. Israël a
certainement été dans l'oubli, il est mort en tant que nation (**) [Écrit
en 1899 — A retrouvé son existence nationale en 1948
], bien que, peuple dispersé parmi toutes les nations, Israël vit encore
et a souffert des tourments depuis le rejet du Messie, et continuera d'en
souffrir jusqu'à ce qu'ayant comblé la mesure de tribulation, il soit rétabli
dans la faveur divine selon les conditions de la divine alliance. — Rom.
11 : 26-29.
« Car tu ne laisseras pas mon âme en hadès (***) [oubli]
[ Seule, la version catholique Saci conserve : « enfer »
— Trad. »]. — Actes 2 :
27.
Cette citation, tirée des Psaumes, est celle avec laquelle nous
avons commencé notre présent examen, pour vérifier si c'est l'âme, ou
simplement le corps, qui va au hadès, au shéol, dans
l'oubli. Ce texte déclare d'une manière absolument nette que l'âme de
notre Seigneur alla au hadès, dans l'oubli, et qu'elle en fut délivrée
par une résurrection. Le contexte prouve que l'âme de David alla également
au shéol, mais qu'elle n'en a pas encore été délivrée, et ne
peut l'être, selon l'arrangement divin, tant que l'Église entière, qui
est le corps de Christ, n'a pas été d'abord délivrée, tant que la
première résurrection n'a pas été achevée. — Voir vs. 29, 34, Héb.
11 : 32, 39, 40.
David « a dit de la résurrection du Christ, en la prévoyant,
que son âme (voir note Darby — Trad.) n'a pas été laissée dans le hadès
[oubli] » . — Actes 2 : 31.
Cette déclaration catégorique confirme pleinement ce que nous
venons de voir.
« Où est, ô mort, ton aiguillon ? Où est, ô sépulcre [hadès,
oubli] ta victoire ? » — 1 Cor. 15 : 55.
L'Apôtre
présente ce texte comme une citation de l'Ancien Testament
pour confirmer sa démonstration que la seule espérance pour les morts réside
dans une résurrection. Ce ne sera pas une résurrection du corps, car déclare-t-il
clairement, le corps enterré ne sera pas celui qui ressuscitera (voir vs
37, 38) : l'espérance de la résurrection concerne l'âme, l'être, peu
importe l'espèce de corps qu'il plaise à Dieu de lui donner. Il n'est
pas dit : « Si votre corps ne ressuscite pas... votre foi est
vaine », mais : « Si les morts ne ressuscitent pas... votre
foi est vaine... ceux donc aussi qui se sont endormis en Christ ont péri »
(versets 16-18). C'est ce qui est endormi qui doit être réveillé,
ressuscité et non ce qui va à la corruption.
« Je suis... le vivant ; et j'ai été mort et voici, je suis
vivant aux siècles des siècles, et je tiens les clefs de la mort et du hadès
[oubli] ». — Apoc. 1 : 18.
Ce passage est donné pour encourager le peuple de Dieu ; par conséquent,
il est certain que l'enfer (traduction abandonnée par la plupart
des versions modernes qui préfèrent garder sans l'expliquer hadès
— Trad.), le hadès ne signifie pas ici un lieu de tourment,
autrement quel serait le poids de cette expression ? Ces paroles
impliquent que le peuple du Seigneur descend dans le hadès
(l'oubli) — comme tout autre humain — et que l'espérance du peuple de
Dieu, lorsqu'il descend dans le hadès, dans l'oubli, est qu'au
propre temps, notre grand Rédempteur ouvrira cette prison figurée de la
mort et fera sortir les captifs de la tombe, du shéol, du hadès,
de l'oubli. Telle est la signification de l'expression disant qu'il détient
les clefs, c'est-à-dire le pouvoir, l'autorité, qu'il peut ouvrir et
qu'il peut fermer, tout pouvoir lui ayant été donné.
En prêchant lors de son premier avènement, notre Seigneur cita la
prophétie d'Esaïe qui le désignait et dans laquelle il est dit qu'il
ouvrira la prison et mettra les captifs en liberté, et déclara que c'était
là l'Évangile (Esaïe 61 : 1 ; Luc 4 : 18). C'est l'Évangile de la résurrection,
le message, la bonne nouvelle de la délivrance de tous les captifs, leur
libération de l'oubli de la mort, du pouvoir de l'Adversaire, de « celui
qui a le pouvoir de la mort, c'est-à-dire le diable ». Combien sont
significatifs ces passages, lorsqu'ils sont envisagés sous leur véritable
aspect ; combien, par contre, déconcertants et absurdes sont-ils
lorsqu'ils sont vus d'un autre angle, à moins que l'ignorance ne soit si
grande qu'elle couvre et cache les contradictions !
« Et le nom de celui qui était assis dessus est la Mort ; et
le hadès [oubli] suivait avec lui ; et il lui fut donné
pouvoir sur le quart de la terre pour tuer avec l'épée, et par la
famine, et par la mort, et par les bêtes sauvages de la terre ».
— Apoc. 6 : 8.
Il faudrait vraiment une très forte imagination pour faire
accorder cet exposé avec l'opinion admise en général selon laquelle le hadès
serait un lieu de tourment d'une telle capacité qu'il pourrait recevoir
et torturer les cinquante (*) [Édition anglaise 1916 —
Trad. ] milliards d'êtres qui ont vécu
sur la terre. Personne, ne songerait non plus à représenter logiquement
un tel lieu de tourment sous une figure symbolique voyageant sur le dos
d'un cheval. Par contre, il est tout à fait raisonnable de montrer la
mort et l'état de mort, la destruction, l'oubli, l'inconscience,
parcourant symboliquement la terre et balayant en grandes masses les
humains ; tout cela est absolument logique. Nous nous bornons ici à
montrer simplement ce caractère raisonnable, sans présenter aucune
explication des symboles.
« Et la mort et le hadès [oubli] rendirent les morts
qui étaient en eux ; et ils furent jugés chacun selon leurs œuvres »
. — Apoc. 20 : 13.
Le résultat
de la première épreuve en Eden fut que la sentence de mort frappa tous
les hommes. Cinquante milliards probablement sont déjà allés dans le shéol,
le hadès, l'oubli ; et des centaines de millions que nous appelons
toujours des vivants ne sont pas vivants, dans le vrai sens du mot, mais
sont aux neuf dixièmes morts, par l'action de la sentence de mort. Grâce
au prix de la rançon déposé (*) [Reprints p. 5880
(W.T. du 1er avril
1916) — Trad. Voir Préface,
écrite par Russell le 1er
octobre 1916, en tête du présent ouvrage. ]
au Calvaire, l'occasion d'une nouvelle épreuve doit être accordée à
chaque membre de la famille humaine ; il n'y a cependant qu'une minorité
favorisée qui obtient une telle occasion et une telle mise à l'épreuve
pendant l'Age actuel destiné à la sélection de l'Église. Autrement
dit, la sentence originelle de mort sera enlevée et toute l'humanité
sera placée dans une condition de jugement ou de mise à l'épreuve pour
obtenir la vie éternelle par ses propres œuvres dans l'obéissance ou
dans la désobéissance. Ce passage nous montre qu'au temps convenable,
non seulement les morts (ceux qui, sous la sentence de mort, ne sont pas
encore allés dans la tombe) auront une épreuve complète, ou jugement,
pour déterminer s'ils sont dignes ou indignes de la vie éternelle, mais
aussi que tous ceux qui sont allés au shéol ( hadès, oubli)
sortiront de l'inconscience du sommeil de la mort pour être jugés :
cette scène du jugement se situe dans l'Age millénaire, qui est le
« jour du jugement » pour le monde, comme l'Age de l'Évangile
est le jour au jugement pour l’Église.
« Et la mort et le hadès [oubli] furent jetés
dans l'étang de feu » , c'est ici la Seconde Mort ». —
Apoc. 20 : 14.
Une grande confusion doit nécessairement s'emparer de tous ceux
qui veulent tenter d'interpréter hadès comme étant un lieu de
tourment éternel, lorsqu'ils examinent ce passage des Écritures ; mais
comme il est raisonnable et harmonieux lorsqu'il est rendu par son sens
exact ! L'étang de feu (géhenne) représente la
destruction totale, la Seconde Mort qui, en fin de compte, détruira complètement
tout ce qui est mauvais. « La mort et le hadès » qui,
dans ce passage, sont montrés comme détruits dans la Seconde Mort, sont
les mêmes que ceux dont on vient de parler dans le v. 13. Le présent état
de condamnation, résultat de la transgression d'Adam, est appelé
« la mort et le hadès » — la condition
mourante de ceux qu'on appelle aujourd'hui les vivants, et le sommeil dans
l'oubli de ceux qui sont complètement morts.
De même que le verset 13 déclare que tous les hommes seront libérés
de ces conditions-là au temps marqué par la mise à l'épreuve, ainsi,
ce verset déclare que la mort adamique, et le sommeil dans l'oubli qui en
est la conséquence, n'existeront plus après l'Age millénaire ; et il
explique pourquoi : ils seront absorbés ou engloutis dans la condition de
la Seconde Mort. Dans l'avenir, personne ne mourra à cause du péché
d'Adam, lequel n'entrera pas en ligne de compte dans l'épreuve future. La
seule mort qui subsistera désormais sera la Seconde Mort, laquelle ne
frappera que le pécheur qui commettra le péché et non ses parents ni
ses enfants. En ce jour-là, celui qui mourra, mourra pour son propre péché.
« L'âme qui pèche, celle-là mourra » . Ces individus-là
auront conservé des faiblesses de la nature adamique dont ils ne seront
jamais libérés, du fait qu'ils refuseront d'employer les moyens et
occasions mis à leur disposition durant le Millénium par le Médiateur
de la Nouvelle Alliance ; toutefois, sous cette Nouvelle Alliance, ces
faiblesses héritées ne leur seront pas imputées, étant entièrement
compensées par le sacrifice de leur Rédempteur. En conséquence, à
partir du moment où cette pleine occasion de l'Age millénaire sera
offerte à chaque individu, et alors même qu'il aurait conservé des
faiblesses et des imperfections adamiques, sa mort ne sera pas comptée
comme étant une partie de la mort adamique, mais comme étant une partie
de la Seconde Mort, car s'il n'a réalisé aucun progrès, c'est parce qu'il
ne l'aura pas voulu et non pas par le fait de la transgression d'Adam,
ni à cause des faiblesses héritées.
Nous avons maintenant examiné chaque texte de l'Écriture
contenant les mots shéol et hadès, et nous avons acquis la
certitude que ce sont les âmes des hommes qui, à la mort, passent dans
cette condition exprimée par ces mots, et que la mort est un état ou une
condition, et non un lieu, quoique parfois il en soit parlé d'une manière
imagée, comme d'un lieu, d'une prison d'où tous les prisonniers
sortiront, au matin de la résurrection. Nous avons trouvé que cet état
(ou condition) est dépeint comme un état d'obscurité, de silence, et
que les Écritures affirment franchement qu'il n'y a ni connaissance, ni
dessein, ni sagesse, ni œuvre, ni malédiction, ni louange de Dieu de la
part de quiconque entre dans cet état ou condition d'oubli. Leur seule
espérance repose dans le Seigneur, qui, ayant racheté leurs âmes (leurs
êtres) de la destruction par, le sacrifice de sa propre âme, les délivrera
au temps marqué, les rappellera et les fera sortir de l'oubli, avec les
corps qu'il lui plaira de leur donner, et les placera dans des conditions
plus favorables que celles d'à présent, lorsque sa colère, la malédiction,
sera passée et que l'ère millénaire de bénédiction aura été inaugurée.
Les traducteurs de la Version commune de la Bible anglaise (et
ceux, de la plupart de nos versions françaises anciennes — Trad.) et la
plupart des commentateurs ont été influencés par des conceptions erronées
relatives à la nature de l'homme au temps et au lieu de sa récompense et
de sa punition ; ils ont mal compris la condition de l'homme dans
l'intervalle provisoire de la mort ; aussi n'est-il pas surprenant qu'ils
aient traduit et commenté certains passages des Écritures, selon leurs
conceptions personnelles erronées, lesquelles sont à un certain degré
des pierres d'achoppement pour ceux qui cherchent la vérité. Il convient
donc d'examiner certaines de ces pierres d'achoppement et de les enlever
de notre chemin ; mais, comme nous ne devons pas nous écarter de notre
sujet proprement dit, nous laisserons de côté ces questions pour les
examiner avec d'autres mauvaises interprétations populaires de l'Écriture,
dans notre prochain volume d'ÉTUDES BIBLIQUES.
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