ÉTUDES
DANS LES ÉCRITURES
Volume
V —
RÉCONCILIATION ENTRE DIEU ET L'HOMME
ÉTUDE
XV
« UNE RANÇON POUR
TOUS »,
LA SEULE BASE DE LA RÉCONCILIATION.
La réconciliation est impossible sans une rançon. — Procurée mais
non imposée. — Être celui qui paierait la rançon devint une faveur.
— Signification des termes « payer la rançon » et « racheter ».
— Quelle fut la rançon payée pour l'homme ? — La justification par
la foi ainsi assurée. — « Vous avez été achetés à prix ». — Par
qui ? — A qui ? — Dans quel but ? — Comment l'amour coopéra-t-il
avec la justice ? — La « rançon pour tous » ne fut pas
reprise. — Les droits de paternité du premier Adam rachetés par la
second Adam. — Rançon, non pardon. — La mort de l'homme n'est pas une
rançon. — Faux raisonnement des théories universalistes. — La
justice n'a pas d'obligations par le fait de la rançon. — Le seul nom.
— La méthode du médiateur typifiée
en Moïse. — Rançon, substitution. — Un plan différent était-il
possible ?
« Car Dieu est un, et le médiateur entre Dieu et les hommes est un,
l'homme Christ Jésus, qui s'est donne lui-même en rançon pour tous, témoignage
[qui devait être rendu] en son propre temps ». — 1 Tim. 2 : 5, 6.
LA RÉCONCILIATION entre Dieu et l'homme dépendait entièrement de la présentation
d'un sacrifice acceptable pour les péchés de l'homme. A moins qu'elle ne
pût être levée, la sentence divine aurait constitué un perpétuel
obstacle empêchant le rétablissement de l’homme ou sa remise en la
faveur divine, à sa communion et à la vie éternelle. Aux termes de la
loi divine, Dieu ne pouvait que dire à l'homme : Tu es un pécheur ; par
ta propre transgression volontaire en Eden, tu as attiré sur toi-même
ton affliction. J'ai prononcé en toute justice contre toi la sentence de
mort, et je ne puis abroger cette sentence sans violer ma propre justice,
le fondement même de mon trône, de mon Royaume ( Ps. 89 : 14 ). En conséquence,
ta condamnation doit durer à toujours. Elle doit être subie par toi, à
moins qu'un substitut acceptable puisse prendre ta place pour la subir.
Nous
avons vu clairement que le châtiment ou la sentence prononcée contre
l'humanité n'était pas la torture éternelle, mais ainsi que l'exposa
clairement et nettement le Créateur à Adam, C'était la mort. Supposer
que c'était une autre punition quelconque que la mort, serait supposer
que Dieu avait agi malhonnêtement avec Adam et Ève en Eden, qu'il les
avait mal renseignés et trompés. Nous avons vu qu'une condamnation à
mort était une juste sentence contre le péché, que la vie étant un don
conditionnel, le Créateur avait parfaitement le droit de la reprendre. Il
n'est pas nécessaire, par contre, d'être d'une intelligence spéciale
pour discerner qu'infliger une éternité de torture à Adam, le père,
n'aurait pas été un juste châtiment pour avoir mangé du fruit défendu,
même si cet acte de désobéissance avait été commis avec toute la
culpabilité, l'obstination et l'intelligence imaginables. Bien plus, il
n'aurait pas été juste d'avoir permis que pareille sentence de torture
éternelle se répercutât sur les innombrables millions d'êtres de la
postérité d'Adam. Chacun peut comprendre, par contre, que la sentence de
mort avec son terrible cortège de maladies, de souffrances et
d'afflictions qui s'abattirent sur Adam, le père, et par lui descendirent
naturellement sur sa progéniture ( car d'une source impure ne peut
jaillir une eau pure ), constitue un châtiment raisonnable et juste,
c'est une condamnation devant laquelle toute bouche doit rester close ;
tous doivent en admettre la justice la bonté et la sévérité de Dieu.
Sachant
d'une manière précise ce qu’est la condamnation prononcée contre le péché,
nous pouvons aisément saisir ce qu'il faut que la Justice exige comme
paiement de cette condamnation, avant que la « malédiction »
puisse être levée, et le coupable relâché de la grande prison
de la mort ( Es. 61 : 1 ). Ce ne fut pas parce que la race entière pécha
que la sentence fut prononcée, mais parce qu'un seul homme pécha, cette
sentence de mort s'abattit directement sur Adam seul, et indirectement
seulement par lui sur sa race, par hérédité ; en plein accord avec ces
faits, la Justice ne peut exiger qu'un prix correspondant. Il faut donc
que la Justice demande la vie d'un autre homme à la place de la vie
d'Adam, avant de relâcher Adam et sa race. Si le prix de cette
condamnation était payé, tout serait payé, un seul sacrifice pour tous,
de même qu'un seul péché les englobait tous. Nous avons déjà vu que
le parfait Adam, le transgresseur qui fut condamné, n'était pas un ange,
ni un archange, ni un dieu, mais un homme, de nature un peu inférieure à
celle des anges. La justice la plus stricte ne pouvait donc exiger de la
part de celui qui voudrait se substituer à Adam, que la même nature, les
mêmes qualités, la même perfection, c'est-à-dire exiger qu'il fût un
homme parfait et libre de la condamnation divine. Nous avons vu qu'aucun
être semblable ne pouvait être trouvé parmi les hommes : tous étaient
de la race d'Adam et participaient ainsi par hérédité, à son châtiment
et à sa dégradation. Il fut donc nécessaire qu'un être des lieux célestes
ayant une nature spirituelle, prit la nature humaine et s'offrît alors
comme substitut, en rançon pour Adam et pour tous ceux qui ont perdu la
vie par lui.
Parmi
Ies anges qui avaient conservé leur premier état et leur fidélité
envers Dieu, il aurait sans aucun doute pu s'en trouver beaucoup qui,
joyeusement, se seraient engagés à accomplir la volonté du Père et à
devenir le prix de la rançon ; mais une telle tâche constituait la plus
grande mise à l'épreuve, le plus sévère examen auquel la fidélité à
Dieu pouvait être soumise c'est pourquoi, celui qui manifesterait ainsi
son dévouement, sa fidélité et sa foi serait digne d'occuper la
position la plus élevé parmi tous les fils angéliques de Dieu, bien au-dessus
des anges, principautés et puissances, et de tout nom qui se nomme. Il
entrait, en outre, dans les desseins de Dieu, de se servir de cette
occasion pour démontrer que quiconque cherche à satisfaire ses propres
ambitions égoïstes (comme le fit Satan), sera abaissé, avili, tandis
qu'au, contraire, quiconque s'humiliera le plus complètement pour obéir
à la volonté et au plan du Père Céleste, sera élevé en conséquence,
Dieu a disposé Son plan de manière, à ce que cette condition fût une nécessité
pour que par cette manifestation de sympathie et d'amour divins pour le
monde, une occasion pût aussi être accordée pour manifester l'amour,
l'humilité et l'obéissance de l'Unique Engendré du Père, son Fils
bien-aimé qu'il prenait plaisir à honorer.
Ainsi
que nous l'avons vu, notre Seigneur Jésus ( que, dans sa condition préhumaine,
nous reconnaissons comme étant l'archange le plus élevé ou le principal
messager, le Logos, l'Unique Engendré
du Père, plein de grâce et de vérité ) avait, jusque-là, été
l'agent de Jéhovah dans toute l’œuvre de la création. Étant le
premier engendré, il avait été avec le Père, dès avant la création
de tous les autres, l'avait connu intimement, avait contemplé sa gloire
et avait été le canal de sa puissance. Vu que notre Seigneur était déjà
le premier, le plus élevé dans le Royaume céleste, après le Père,
l'Apôtre nous informe que cette oeuvre de Rédemption — ce privilège
d'exécuter la volonté divine à l'égard de l'homme — lui fut donnée
comme marque de confiance spéciale et comme une faveur à cause des
honneurs qui, selon la loi divine, devraient être accordés à celui qui
aurait fait preuve d'une si grande obéissance, d'une si grande humilité
d’un si grand sacrifice ( Matth. 23 : 12 ; Jacq.
4 : 10 ; 1 Pi. 5 : 6
). Confiant dans le Fils, et désirant qu'il parvint à la haute
exaltation qui résulterait de cette fidélité, le Père donna la première
occasion à celui qui, dans tout le passé, jouissait de la prééminence
dans le plan divin, de façon qu'il pût continuer à être le prééminent
« afin qu'en toutes choses il tînt, lui, la première place ; car en lui,
toute la plénitude s'est plue à habiter, à réconcilier toutes choses
avec elle-même, ayant fait la paix par le sang de sa croix, par lui, soit
les choses qui sont sur la terre, soit les choses qui sont dans les cieux
[ les hommes déchus et les anges déchus, recouvrant et réconciliant
tous ceux d'entre eux qui, lorsqu'une occasion complète leur sera offerte,
voudront rentrer dans la faveur divine ] ».
— Col. 1 : 18-20.
Le
choix d'un être-esprit pour qu'il devint le Rédempteur de l'homme,
n'implique pas que le sacrifice de l'existence d'un être-esprit était nécessaire
comme prix de la rédemption de l'existence d'un être terrestre ; tout au
contraire, la Justice divine ne pouvait pas plus accepter pour l'homme le
sacrifice d'un être-esprit qu'accepter celui des taureaux et des boucs
comme prix de la rançon. De même que le sang des taureaux et des boucs
ne pouvait jamais ôter le péché, parce que ces animaux étaient d'une
nature inférieure, ainsi la mort d'anges ou d'archanges n'aurait jamais
pu enlever le péché d'Adam, ni devenir pour lui un sacrifice de réconciliation
convenable, parce qu'ils n'étaient pas de sa nature ( humaine ). C'était
la vie de l'homme qui avait été perdue par le péché, et, seule la vie
d'un homme pouvait être acceptée comme prix de la rédemption, comme
prix de la rançon. C'est pour cette raison qu'il était nécessaire que
notre Seigneur quittât la gloire de sa condition pré-humaine, s'humiliât
et devînt un homme, parce que c'est seulement en devenant un homme qu'il
pouvait donner le prix de la rançon.
Tout
en montrant que notre Seigneur s'humilia en abandonnant la nature
spirituelle supérieure, et en prenant la nature humaine inférieure, les
Écritures n'indiquent nulle part ceci comme étant notre offrande pour le
péché. Au contraire, il s'humilia ainsi, pour devenir l'offrande pour le
péché et payer le prix de notre rançon. L'Apôtre indique clairement
cela en disant : « Certes, il ne prit (*)[ Voir note Darby —
Trad.] pas la nature des anges [ comme s'il faisait allusion aux anges qui
péchèrent ], mais il prit (*) la semence d'Abraham ». Étant donné
que les enfants dont Dieu avait prévu et décidé la rédemption, la délivrance
de l'esclavage du péché et de la corruption, participaient à la chair
et au sang, « lui aussi y a participé [ au sang et à la chair, la
nature humaine ], afin que par la mort, il rendit impuissant celui qui
avait le pouvoir de la mort, c'est-à-dire le diable », et les délivrât
( Héb. 2 : 14, 16 ). Il démontre la chose plus explicitement
encore, en disant : « Car puisque la mort est par un homme,
c'est par un ( Diaglott -
Trad.) homme aussi qu'est la résurrection des morts » ( 1 Cor. 15 : 21
). L'Apôtre Jean porte un témoignage analogue en ces mots : « La Parole
fut faite chair » (**)(**)«
Sarx egeneto », littéralement,
« devint chair » et non pas simplement incarné dans un corps
de chair » (voir Bible commentée) — Trad. Martin : «
Et la Parole a été faite chair ». —
Saci : « Et le Verbe a été fait chair ». (
Jean 1 : 14 ). Notre Seigneur Jésus le confirma aussi , après être
venu dans le monde et après avoir atteint l'âge viril, disant : « Dieu
n'a pas envoyé son Fils dans le monde afin qu'il jugeât le monde, mais
afin que le monde fût sauvé par lui » ( Jean 3 : 17 ). Il ne nous donne
pas à entendre que le monde avait déjà été sauvé, ou que quelque
chose avait déjà été fait pour le salut du monde, sauf l'envoi de
celui qui, par son propre sacrifice, rachèterait le monde. La première
étape dans l'accomplissement de sa mission fut indiquée par les paroles
de notre Seigneur « Le Fils de l'homme n'est pas venu pour être servi,
mais pour servir [ les autres ] et pour donner sa vie en rançon pour
plusieurs », ( Marc 10 : 45 ). Nous avons ici la preuve positive
qu’en abandonnant la gloire qu'il avait auprès du Père avant que le
monde fût, et en échangeant une nature supérieure contre la nature
humaine, notre Seigneur n'avait pas, à ce moment-là, donné sa vie en
rançon, mais avait simplement fait les préparatifs nécessaires pour
accomplir cette oeuvre qu'il était sur le point d'accomplir. Cela est en
outre confirmé par le fait qu'après avoir atteint l'âge viril fixé par
la loi, dès qu'il fut âgé de trente ans, il se présenta de suite en
sacrifice vivant, consacrant sa vie, la déposant comme cela fut représenté
par son immersion symbolique effectuée par Jean au Jourdain.
Là s'accomplit, comme l'Apôtre le montre, la prophétie de jadis : «
Voici, je viens ( il est écrit de moi dans le rouleau du livre ) pour
faire, 0 Dieu, ta volonté ». Il était venu pour faire la volonté
de Dieu, pour offrir le sacrifice pour les péchés ; donc il ne l'avait
pas offert auparavant. Dans cet acte de consécration, il se présentait
lui-même en sacrifice vivant, au service de Dieu, même jusqu'à la mort.
Remarquez que c'est à ce moment-là que, selon l'apôtre, il mit de côté
les sacrifices-types de
l'Alliance de la Loi, afin de pouvoir établir le second, l’antitype, le
sacrifice réel pour les péchés, sa propre mort (et celle de ses membres)
afin de sceller la Nouvelle Alliance entre Dieu et les hommes, par lui-même,
comme Médiateur de la Nouvelle Alliance. Notre texte nous dit la même
chose : que ce fut « l'homme Christ-Jésus qui se donna lui-même
en rançon pour tous », et non pas le Logos pré-humain.
LA PREMIÈRE ÉTAPE DU PROGRAMME
L'Apôtre ( Héb. 2 : 5-9 ) passe
en revue tout le plan de Dieu ; il remarque les promesses divines du
rétablissement humain, cite le Prophète David ( Ps. 8 : 4-8 ) déclarant
que le plan divin a pour but final la perfection du genre humain, comme maître
de la terre, gouvernant la terre et ses créatures, en harmonie avec les
lois du Créateur divin, et ajoute : « Nous ne voyons pas encore que
toutes choses lui soient assujetties, [ à l'homme, comme l'indique la
prophétie ] ». Nous ne voyons pas encore l'homme à l'image de Dieu
et maître de la terre, mais nous voyons bien la première étape de ce
programme, c'est-à-dire : « Nous voyons Jésus, qui a été
fait un peu moindre que les anges à cause de la passion de la mort,
couronné de gloire et d'honneur [ la perfection de la nature humaine ],
en sorte que par la grâce de Dieu, il goûtât la mort pour chacun
rendant ainsi possible le rétablissement humain ». Nous voyons l’œuvre du salut de l'homme ainsi commencée
par Jéhovah, qui pourvut au prix d'une rançon appropriée pour notre rédemption ;
il trouva un être dont la gloire, l'honneur et la perfection humaine
absolue, étaient semblables à ceux du premier Adam. A cette fin et dans
ce but, cet être avait quitté les gloires d'une nature supérieure et
avait été fait inférieur aux anges, bien qu'antérieurement il possédât
une nature supérieure à la leur. Nous le voyons, choisi, dans le dessein
de « goûter la mort pour tous ». Nous voyons qu'il prit la nature
humaine « pour la passion de la mort » le châtiment même qui était
appliqué à notre race. En constatant ces choses, nous pouvons nous réjouir
que les miséricordieux desseins de notre Père céleste pour assurer
notre rançon et notre rétablissement, et notre pleine réconciliation
avec lui, ont, été suffisamment établis et sur un plan de justice
absolue, ce qui permit à Dieu d'être juste tout en justifiant ceux qui
croient en Jésus. Le sacrifice que notre Seigneur Jésus donna ainsi pour
le péché de l'homme ne fut pas un sacrifice spirituel, lequel n'aurait
pas été un sacrifice approprié, acceptable, parce qu'il n'aurait pas été
« un prix correspondant », c'est-à-dire
en tous points le prix exact de la rançon d'Adam.
SIGNIFICATION DE « RANÇON
»
ET DE « RACHETER »
Ceci nous amène à examiner le terme rançon qui, dans le Nouveau
Testament, a un sens très restreint et bien défini. Il ne s'y trouve que
deux fois : une première fois dans la description faite par notre
Seigneur de l’œuvre qu'il accomplissait, et une seconde fois dans la
description faite par l'Apôtre de cette oeuvre achevée — notre texte.
L'expression grecque employée par notre Seigneur est lutron-anti, ce qui
signifie « un prix en compensation, ou un prix correspondant ».
Ainsi, notre Seigneur déclara : « Le Fils de l'Homme est
venu pour... donner sa vie en rançon [ lutron-anti — un prix qui
correspond à ] pour plusieurs » ( Marc 10 : 45 ). L'Apôtre Paul emploie
les mêmes mots mais les dispose différemment, antilutron,
qui signifient « un prix correspondant », disant : «
L'Homme Christ-Jésus qui
s'est donné lui-même en rançon [anti-lutron - prix correspondant ] pour
tous, témoignage en son propre temps ». 1 Tim. 2 : 6.
Il est impossible d'ergoter ou de chicaner sur le sens de ces
textes. Ce n'est qu'en altérant, en faussant la Parole de Dieu, que l'on
peut être aveugle au point de ne pas voir la force et le sens réel du témoignage
du Seigneur quant à l’œuvre qui a été accomplie par notre grand Médiateur.
Plus nous concentrons nos pensées sur la rançon ou « prix
correspondant », plus
cette notion nous apparaît puissante et plus elle projette de lumière
sur l’œuvre entière de la Réconciliation. La pensée, la seule pensée
qu'elle renferme, est que, de même qu'Adam, par la désobéissance perdit
son existence, son âme tous ses droits à la vie et à la terre, ainsi
Christ Jésus, notre Seigneur, par sa mort comme prix correspondant paya
la valeur complète et exacte de l’âme, ou de l'existence d'Adam le père
et, de ce fait, l'existence de toute sa postérité, de toute âme humaine,
tous participant à la chute et à la perte d'Adam ( Rom. 5 : 12 ).
Cette même pensée est abondamment exprimée dans beaucoup
d'autres passages des Écritures qui parlent, de l’œuvre de notre
Seigneur comme celle d'un rachat, d'un achat, etc. Nous avons dirigé spécialement
l'attention sur le mot « rançon », anti-lutron parce qu'il exprime
cette pensée sous la forme la plus pure et la plus claire. Les mots «
racheter », « rédempteur » et « rédemption », renferment
bien l'idée du paiement d'un prix, mais également celle d'une mise en
liberté, d'une libération de ceux pour qui le prix fut payé. C'est
pourquoi ces mots, tant en français que dans l'original, sont parfois
employés pour désigner le sacrifice, ou le don du prix de la rédemption,
et d'autres fois, ils se rapportent à la mise en liberté des rachetés,
à leur délivrance. Les nombreux ennemis de la doctrine de la rançon,
dont le chef est Satan, essaient parfois, avec une grande ruse, de détourner
l'attention du prix donné pour libérer l'homme de la malédiction de la
mort ; ils montrent tels des textes des Écritures dans lesquels les mots
« racheter » et « rédemption » sont appliqués simplement
touchant la délivrance complète de l'humanité des liens de la mort. En
attirant l'attention sur la délivrance, et en « falsifiant la Parole de
Dieu », ils essayent d'obscurcir le fait que la délivrance future, que
toutes les bénédictions actuelles et futures, accordées à l'humanité
par la grâce divine, viennent du Fils et par le moyen du sacrifice de
lui-même pour la rançon, qu'il donna en notre faveur et qui fut «
accompli » au Calvaire. — Jean 19 : 30.
Les traducteurs de la version commune anglaise de la Bible ont, à
leur insu, aidé ces adversaires de la rançon en se servant du terme «
racheter » pour traduire des termes grecs qui ont des significations
considérablement différentes. Afin que le lecteur puisse avoir cette
question clairement à l'esprit, nous citerons ici tous les divers termes
grecs rendus par « racheter » « racheté » et « rédemption », et après chacun, nous donnerons la définition fournie
par l'érudit lexicographe, le Prof. Young, dans son Analytical
Concordance:
Le terme « racheter» est parfois employé pour traduire le terme
grec agorazo. Le Prof. Young le définit ainsi : « acquérir sur le
forum », ou plus littéralement encore, il signifierait : acheter sur le
marché public, car la racine du mot, agora, signifie place du marché et
est ainsi employé maintes fois dans les Écritures : Matth. 20 : 3 ;
Marc 12 : 38 ; Luc 7 : 32 ; Actes 16 : 19. Les exemples qui suivent
sont tous ceux dans lesquels le terme agorazo est traduit par « racheté
» dans le Nouveau Testament:
« Tu as été immolé et tu as acheté ( L. et D. ; les autres :
racheté - Trad.)(*) pour Dieu par ton sang ». Apoc. 5 : 9.
« Et personne ne pouvait apprendre le cantique sinon les cent
quarante-quatre milliers qui ont été achetés de la terre ». — Apoc.
14 : 3.
« Ceux qui ont, été achetés d'entre les hommes, des prémices
à Dieu et à l'Agneau ». — Apoc. 14 : 4.
Dans chacun de ces cas, l'idée est celle d'un achat public, et
tous les autres emplois de ce terme agorazo, dans tout le Nouveau
Testament, soutiennent avec force ce sens nettement commercial. Il se
trouve en tout trente et une fois dans le Nouveau Testament (en anglais
—Trad.). Dans les trois exemples ci-dessus, il est traduit par racheté
(*),(*) [A part Lausanne et Darby, les versions françaises, en général,
rendent ce mot agorazo par « racheté » —Trad.]
dans treize exemples par acheté et dans quinze cas par acheter.
Nous attirons spécialement attention sur sa signification, en raison de
la tendance à nier qu'il y eut un achat de notre race effectué par un
prix donné pour obtenir la libération de l'homme de la « malédiction »
; cette tendance qui prédomine et grandit est très subversive de la
vraie foi une fois transmise aux saints ».
Un autre terme traduit par « racheter », « racheté »
et « rédemption », est apparenté au terme ci-dessus et tiré
de lui par l'adjonction d'un préfixe, ex, qui signifie hors de, c'est le
mot exagorazo. Le Prof. Young en donne la définition suivante « acquérir
sur le forum » ou, plus littéralement encore acheter publiquement et
prendre possession de. Les seuls emplois de ce terme dans le Nouveau
Testament sont les suivants:
« Christ nous a rachetés de la malédiction de la Loi, étant
devenu malédiction pour nous » ( Gal. 3 : 13 ). L'Apôtre indique ici
que les chrétiens qui, autrefois étaient juifs et avaient par conséquent
été sous l'Alliance judaïque ou
Alliance de la Loi, avaient non seulement été achetés de sa sentence,
mais étaient en outre libérés de sa domination. Le mot agorazo signifie
l'achat, et le préfixe ex signifie la libération procurée par cet achat,
de sorte qu'ils n'étaient plus désormais sous la domination de la Loi.
« Dieu a envoyé son Fils, né de femme, sous la Loi, afin
qu'Il rachetât ceux qui étaient sous la Loi, afin que nous reçussions
l'adoption ( filiation ) (**)(**) Voir note Darby et dictionnaire grec
du Nouveau Testament du Prof. Strong
— Trad. ( Gal. 4 : 4, 5 ). Cet exposé est semblable au
précédent et signifie l'achat du peuple juif racheté ainsi de la
domination de la Loi, et la libération des croyants du joug de cette loi,
afin qu'ils puissent devenir des fils de Dieu. — Comparez avec Jean 1 :
12.
« Prenez donc garde à marcher soigneusement, non pas comme
étant dépourvus de sagesse, mais comme étant sages, rachetant le temps
parce que les jours sont mauvais »( Eph. 5 : 15, 16 ; Col. 4 : 5 ;
voir note D. -- Trad.) Cet emploi du mot exagorazo est identique au précédent ;
les disciples du Seigneur se rendent compte qu'ils vivent au milieu du mal
dont la tendance est d'absorber leur énergie, leur influence et leur
temps par des choses coupables ou insensées, ou pour le moins sans
profit, en comparaison des intérêts plus importants qui leur tiennent véritablement
à cœur, comme enfants de Dieu. Nous devons donc acheter du temps et le
prendre sur notre temps mal employé, en dérobant à ces influences défavorables
une aussi grande proportion que possible de temps pour le consacrer à des
intérêts supérieurs : notre nourriture spirituelle personnelle et notre
croissance spirituelle, et l'assistance des autres dans les choses
spirituelles. Un tel achat nous coûtera un peu de renoncement à nous-mêmes,
de satisfaction de nos appétits et penchants naturels, et un peu également
de la bonne opinion et de l’amitié des autres qui « trouveront étrange
» que nous ne courions pas avec eux dans les mêmes excès qu'autrefois.
— 1 Pi. 4 : 4.
Un autre terme grec est également rendu par « racheter »
est lutroo. Le Prof. Young définit ainsi ce mot « relâcher par le
moyen d'un prix », c'est-à-dire libérer par le paiement d'un prix. La
base ou la racine de ce mot est lutron,
qui, ainsi que nous l'avons dit plus haut avec anti, employé comme
préfixe ou suffixe, signifie un prix correspondant.
Ce terme « lutroo »
se trouve trois fois dans le Nouveau Testament, dans les textes suivants :
« Nous espérions qu'il était celui qui doit délivrer (*) Israël » -
D. (*) Version anglaise : « redeemed » : …racheté.
— Lausanne. : « racheté »
( une note renvoie à Chap. 1 : 68 Trad.). ( Luc 24 : 21 ). Les Apôtres
étaient déçus à la mort de notre Seigneur, et firent voir cette déception
en disant qu'ils avaient espéré que le Seigneur aurait libéré Israël
du joug des Romains, par le paiement d'un prix. Ils n'avaient pas encore
reçu le saint Esprit, et ne comprenaient pas la longueur, la largeur, la
hauteur et la profondeur du plan divin, par lequel, non seulement Israël,
mais le monde entier, étaient rachetés, non seulement du joug des
Romains, mais de celui de Satan et de la grande prison de la mort par le
prix de la rançon donné par notre Seigneur et consommé dans sa mort.
« Notre Sauveur, Jésus-Christ qui s'est donné lui-même
pour nous, afin qu'il nous rachetât de toute iniquité » ( Tite 2
: 14 ). Le prix que notre Seigneur donna au profit de toute l'humanité
n'a pas seulement pour objet de procurer aux hommes un réveil de la tombe,
au propre temps de Dieu, pendant le Millénium, et une occasion, à ce
moment-là, de venir en harmonie avec Dieu selon les termes de la Nouvelle
Alliance, mais, en outre, il permet à ceux qui écoutent la bonne
nouvelle maintenant, d'être délivrés actuellement déjà de l'esclavage
de l'iniquité — afin que nous ne soyons plus désormais des serviteurs
du péché, mais devenions les serviteurs de celui qui mourut pour nous,
qui nous acheta par son propre sang précieux.
« Sachant que vous avez été rachetés de votre vaine conduite,
qui vous avait été enseignée par vos pères, non par des choses
corruptibles, de l'argent ou de l'or, mais par le sang précieux de
Christ, comme d'un agneau sans défaut et sans tache » ( 1 Pi. 1 : 18
19 ) Ce texte renferme la
même pensée que le précédent. Il se rapporte moins à notre délivrance
finale de la mort par la résurrection, qu'à notre libération actuelle
d'une mauvaise conduite, d'une conversation futile, de propos insensés et
de l'iniquité en général. Cette liberté fut achetée pour nous par le
sang de Christ, aussi bien que la liberté plus grandiose de la résurrection
qui est encore future. Sans le paiement du prix de la rançon, sans la
satisfaction des exigences de la Justice, Dieu n'aurait pu nous accepter
comme ses fils, ni nous traiter, de ce fait, comme des fils, ni nous
sceller comme ses fils par l'esprit de filiation qui nous introduisit dans
sa famille. Nous n'aurions pas pu non plus bénéficier des différents
instruments et agents actifs de sa grâce qui, maintenant, sont
accessibles aux croyants et qui sont pour nous la puissance de Dieu à
salut. Cette puissance divine brise dans nos cœurs la puissance du péché,
et établit à sa place la disposition ou l'esprit du Seigneur, comme
pouvoir régnant.
Un autre terme grec, lutrosis, est rendu par « rédemption »
. Le Prof. Young le définit comme « une libération » —
littéralement rendre libre, délivrance. Ce terme ne renferme pas l'idée
qu'un prix est payé, et c'est pourquoi il n'aurait pas dû être traduit
par rédemption dans la Bible anglaise, mais plutôt par « délivrance »
( nos versions françaises rendent délivrance — Trad.). Ce terme se
rencontre deux fois dans le Nouveau Testament:
« Celle-ci (Anne) venant en ce même moment, louait le Seigneur,
et parlait de lui [ l'enfant Jésus ] à tous ceux qui, à Jérusalem,
attendaient la délivrance » ( Luc 2 : 38 ). Anne parlait à ceux qui, à
Jérusalem, attendaient la délivrance, l'affranchissement du joug romain,
mais ne comprenaient pas nécessairement que la plus grande délivrance
devait venir par le paiement du prix d'une rançon.
« Christ étant venu, souverain sacrificateur... non avec le
sang de boucs et de veaux, mais avec son propre sang, est entré une fois
pour toutes dans les lieux saints, ayant obtenu une rédemption délivrance
éternelle » ( Héb. 9 : 11, 12 ).
L'Apôtre n'indique pas ici comment notre Seigneur obtint la rédemption
éternelle de la délivrance, et ne fait donc aucune allusion au prix payé ;
il parle simplement de la délivrance actuelle et future du peuple de Dieu
et non de la méthode par laquelle cette délivrance fut assurée, avant
l'entrée de notre Seigneur dans le lieu saint ( le sacrifice de lui-même
pour prix de la rançon de l'homme ).
Un autre terme grec traduit par « racheté » dans le Nouveau
Testament est poieolutrosin. Le Prof. Young le définit ainsi : « relâcher
», c'est-à-dire mettre en liberté, libérer. On ne le trouve qu'une
seule fois:
« Béni soit le Seigneur, le Dieu d'Israël, car il a visité
et sauvé son peuple [ litt. : a opéré la rédemption pour son peuple
--- V. note D.] » ( Luc 1 : 68 ). Le verset précédent montre que cette
expression était une prophétie, car elle parle ici de choses inachevées
comme si elles l'avaient été ; le premier pas vers la délivrance d'Israël
avait été fait, et l'on en parle avec joie comme si la chose entière était
déjà accomplie. Ce mot ne renferme pas l'idée de la manière dont sera
assurée la délivrance ; d'autres passages de l'Écriture nous montrent,
par contre, qu'elle est assurée par le paiement d'un prix correspondant,
d'une rançon, et qu'elle doit venir par l'établissement du Royaume de
Dieu. Ce mot n'aurait pas dû être traduit par « racheté » (
dans le texte anglais - Trad. ) mais plutôt par délivré ( voir note
Darby - Trad- ) ce qui aurait, évité toute confusion de pensée chez le
lecteur ( anglais - Trad.).
Un autre terme grec, apolutrosis, a été improprement traduit par
« rédemption ». Il ne contient aucunement l’idée d'un prix d'achat,
mais signifie simplement délivrance, mise en liberté. Le Prof. Young le
définit ainsi comme étant un « élargissement », une « relaxation ».
Le mot se rencontre dix fois, et n'est ( dans l'anglais ) convenablement traduit par « délivrance » qu'une seule fois. Prenons-en
note:
(1) « Regardez
en haut et levez vos têtes, parce que votre rédemption [délivrance]
approche » ( Luc 21 : 28 ). Il n'y a ici aucune allusion à la rançon
ou aux conditions précédant la délivrance de l’Eglise mais simplement
à la délivrance elle-même.
(2) « Étant justifiés gratuitement par sa grâce, par la rédemption
[délivrance] qui est dans le Christ Jésus ( Rom. 3 : 24 ). Dans ce texte
l'Apôtre ne fait pas allusion à la rançon, mais simplement à la délivrance,
considérée comme telle, dont les enfants de Dieu bénéficient
maintenant, et bientôt effectivement par la résurrection, il traite de
la question au point de vue divin : les croyants sont justifiés
gratuitement, sans conditions, en dehors de toute oeuvre méritoire
de leur part. Ceci est accompli par la délivrance que Dieu a accordée en
Christ Jésus, notre Seigneur. Dans le verset suivant, l'apôtre poursuit
en montrant comment cette délivrance fut effectuée, disant : « Que Dieu
a présenté pour propitiation [littéralement : propitiatoire, canal de
miséricorde par la foi en son sang [le sacrifice, le prix de rançon,
donné pour les péchés du monde entier] ».
(3) « Mais nous-mêmes aussi [l'Église fidèle] ... soupirons en nous-mêmes,
attendant la filiation, la délivrance de notre corps [l'Église,
le Corps de Christ qui doit être glorifié avec la tête, au
propre temps] — ( Rom. 8 : 23 voir note D. - Trad. ). Rien dans cette déclaration
ne fait la moindre allusion à la rédemption accomplie au Calvaire, au
prix d'achat ; elle se rapporte purement et simplement à la délivrance
de l'Église, laquelle doit être une partie du résultat ou de la rédemption
achevée au Calvaire — la rançon.
(4) « Christ Jésus qui nous a été fait sagesse de la part de
Dieu, et justice, et sainteté (sanctification), et rédemption [délivrance] »,
( 1 Cor. 1 : 30 ). Rien, ici, ne se rapporte au prix de la rédemption payé
au Calvaire. L'apôtre parle, non de ce que le Seigneur fit pour nous,
mais de ce qu'il fera encore pour nous. Il est notre sagesse, en ce que
nous devons laisser de côté notre volonté personnelle et accepter sa
volonté, et en ce que nous avons ainsi un esprit de sobre bon sens et «
marchons dans la sagesse ». Il est notre justice, en ce que, étant notre
représentant, il se donna lui-même en rançon pour tous et, maintenant,
dans sa justice, il représente tous ceux qui viennent au Père par lui.
Il est notre sanctification en ce que, grâce à ses mérites, nous sommes
acceptés par le Père comme des sacrifices vivants comptés parfaits,
bien qu'en réalité, ce soit la puissance de Christ en nous qui nous
rende capables de nous offrir nous-mêmes, en sacrifice vivant, de marcher
sur ses traces et d'accomplir les conditions de notre alliance. Il est
notre délivrance ( mal rendu par « rédemption ») en ce fait que,
celui qui, par la grâce de Dieu, nous racheta avec son précieux sang vit,
et que sa vie est la garantie que nous vivrons aussi qu'au temps
convenable., il délivrera de l’esclavage, de la corruption. de la mort,
Son Église qu'il a rachetée par son sang précieux. L'Apôtre fait
allusion ici à la délivrance et non à l'achat. C'est néanmoins parce
qu'il a fait l'achat, qu'il a le droit d'être pour tous, sagesse,
justice, sanctification, délivrance.
(5) « Il nous a rendus agréables dans le bien-aimé en ce que nous avons
la rédemption [délivrance] par son sang, la rémission des fautes selon
les richesses de sa grâce » ( Eph. 1 : 7 ). L'apôtre ne fait pas
allusion, ici, à la rédemption achevée au Calvaire. Au contraire, il
parle de notre acceptation par le Père. et déclare que cette acceptation
par Jéhovah est basée sur quelque chose qu'il fit pour nous dans le
Bien-aimé, notre Seigneur Jésus par le sang ( le sacrifice, la rançon )
duquel nous avons la délivrance. La construction de la phrase montre que
l'Apôtre parlait de notre délivrance de la condamnation du péché, la
mort, car explique-t-il, cette délivrance consiste dans « la rémission
des péchés ». Le sens de ce passage est donc celui-ci : Le Père céleste
qui avait déjà, dans son esprit, prédestiné l'adoption d'un « petit
troupeau» pour être des fils sur le plan de la nature divine, et cohéritiers
avec Son Fils, premier engendré et Bien-aimé, notre Seigneur, fit tout
ce qu'il était nécessaire de faire, en matière de grâce, à
l'accomplissement de ce dessein, le sien envers nous. Il nous rendît agréables
dans le Bien-aimé, car en lui, par son sang, par son sacrifice, nous
avons la délivrance de la malédiction et de la colère divines, c'est-à-dire
le pardon de nos péchés desquels nous sommes rendus libres ou justifiés.
(6) « Les arrhes de notre héritage pour la rédemption [délivrance] de
la possession acquise », ( Eph. 1 : 14 ). La possession que Christ
acheta par le sacrifice pour les péchés, en se substituant à l'homme,
comprend l'humanité en général ou, du moins, tous ceux qui accepteront
la faveur aux conditions de l'Évangile elle comprend également l'Église,
l'Épouse. C'est dans le Royaume millénaire que viendra le temps de la délivrance,
et c'est l'Église qui doit être délivrée en premier lieu, « dès
l'aube du matin ». Mais la terre faisait partie de la possession
originelle de l'homme et fut achetée par le même sacrifice une fois pour
toutes ; c'est pourquoi elle doit être aussi délivrée de sa part de la
malédiction et deviendra comme le Jardin de l'Éternel, le Paradis.
L'achat est accompli, mais la délivrance attend le « propre temps »,
de Dieu.
(7) « En qui nous avons la rédemption délivrance par son sang, la rémission
des péchés » ( Col. 1 : 14 ). Cet exposé est semblable au précédent.
Nous, croyants, avons déjà la délivrance, c'est-à-dire la rémission
de nos péchés, et par suite, l'harmonie avec le Père. Le mot « rédemption
» ici ne s'applique pas au sacrifice pour les péchés, mais à son effet
sur nous, nous libérant de nos péchés. Cependant l'Apôtre n'ignore pas
le sacrifice, mais il déclare que notre délivrance de l'esclavage et de
la domination du péché, provient de l'efficacité du sang de notre
Seigneur, de sa mort, de son sacrifice pour les péchés, de la rançon
payée.
(8) « N'attristez pas le saint Esprit de Dieu, par lequel vous avez été
scellés pour le jour de la rédemption délivrance » ( Eph. 4 : 30
). Il n'y a ici aucune allusion faite au sacrifice de la rançon accompli
au Calvaire. Toutefois, ce n'est qu'après que le sacrifice fut accompli
et ses mérites présentés dans le Très-Saint et acceptés par le Père
que le saint Esprit vint sur chacun d'eux pour les sceller comme fils de
Dieu. Mais maintenant, ceux qui ont été scellés doivent maintenir ce
sceau de filiation, cet engendrement à la nature divine, et ne pas le
perdre. Être scellé de l'Esprit, c’est avoir reçu les prémices de
l’Esprit et c'est tout ce qui est accordé pendant cette vie présente,
car pour obtenir la pleine mesure de la bénédiction de la nature divine,
nous devons attendre jusqu'au temps marqué par le Père, « le jour de la
délivrance », le Jour millénaire, jour dans lequel la Bible déclare de
l'Église, l'Épouse de Christ que « Dieu la secourra au lever du matin »
( Ps, 46 : 5 ).
Quiconque perd le saint Esprit et son sceau n'aura ni part ni lot dans la
première résurrection, au matin du « jour de la délivrance [complète]
» du pouvoir du péché et de la mort.
(9) « Et c'est pourquoi il est le médiateur d'une (« de la » —
voir note D.) Nouvelle Alliance, en sorte que la mort étant intervenue
pour la rançon [délivrance] des transgressions qui étaient sous la
première antérieure alliance, ceux qui sont appelés reçoivent la
promesse de l'héritage éternel » ( Héb. 9 : 15 -- v. note D.). Une
fois de plus, une traduction défectueuse cache en partie le sens du texte
; mais si, par contre, l'on discerne ici la pensée de délivrance, tout
devient clair. Pour Israël, la mort de notre Seigneur avait une portée
plus grande pour les Juifs que pour les Gentils. Elle ne signifiait pas
seulement la rédemption de la transgression adamique et de sa
condamnation à mort, mais elle signifiait en outre pour les Juifs la délivrance
de la « malédiction » ou condamnation de l'Alliance de la Loi qui
demeurait sur cette nation parce qu'elle était incapable de se soumettre
à ses exigences. Les Israélites subissaient la « malédiction »
qui vint sur Adam, au même titre que le reste de l'humanité ; mais de
plus, ils étaient sous la « malédiction » de leur Alliance de la Loi
instituée par Moïse, son Médiateur, au Sinaï. C'est à cette double «
malédiction » sur ce peuple que se rapportent les paroles du
cantique qui dit:
« Maudits de Dieu (par sa Loi) par rébellion,
« La grâce fit rédemption (une fois pour toutes) ».
(10) « D'autres furent torturés, n'acceptant pas la délivrance ( Héb.
11 : 35). Cet exemple est le
seul dans lequel les traducteurs de la Bible anglaise ont convenablement
traduit ce terme : ils essayèrent probablement de le rendre par
« rédemption » et trouvèrent qu'il aurait plutôt été
étrange de dire : « n'acceptant pas la rédemption », et alors,
ils traduisirent correctement par « délivrance ».
Dans l'Ancien Testament, les termes « racheter
», « racheté », « rédempteur », et « rédemption »,
sont, en général, de bonnes traductions des mots hébreux originaux ;
par ex. Gâ'al signifie libérer par vengeance ou par remboursement
(Young),
« Je sais que mon Rédempteur est vivant ». — Job 19 : 25.
« Et ils se souvenaient... Dieu très-haut, leur Rédempteur ».
— Ps. 78 : 35.
« Qui rachète ta vie de la fosse » — Ps. 103 : 4.
« Un de ses frères le rachètera ; ou son oncle, ou le fils de son
oncle le rachètera ou si sa main y peut atteindre, il se rachètera lui-même
». — Lév. 25 : 48, 49.
« Vous vous êtes vendus pour rien, et vous serez rachetés sans
argent ». — Es. 52 : 3 comparez
avec 1 Pi. 1 : 18.
« Et le Rédempteur viendra à Sion ». — Esaïe 59 : 20.
Notre but, en citant les cas dans lesquels le terme rédemption parait
dans nos Nouveaux Testaments français, est de prévenir contre les méthodes
trompeuses de certains écrivains et professeurs usant de sophismes. Niant
la rançon, niant que le monde ait été racheté par la mort de Jésus,
ils sont portés à citer des passages où le mot racheter figure
improprement à la place de délivrer, et ensuite ils déduisent, que délivrer
est la seule acception du mot racheter, dans tous les cas. En raison de la
négligence de nos traducteurs la seule méthode sûre et convenable à
suivre chaque fois que la signification d'un mot a une grande portée, est
de se reporter au terme original, et d'en vérifier le sens.
Nous avons démontré qu'en maintes occasions, le saint Esprit agissant
par les écrivains du Nouveau Testament, a parlé du rachat de notre race
et du prix correspondant payé, dans les termes les plus forts, interprétables
seulement dans le sens de transaction commerciale, ou de la substitution
du prix d'achat pour la chose achetée. Nous avons montré aussi que dans
d'autres cas où le mot employé signifie simplement délivrance, rien ne
contredit la pensée que cette délivrance sera assurée comme résultat
d'une rançon[anti-lutron, prix correspondant], mais que généralement le
contexte montre explicitement que c'est par ce moyen que la délivrance
est obtenue.
Si, toutefois, les Écritures assurent d'une manière aussi positive que
notre Rédempteur acheta le monde au prix de sa propre vie, de « son sang
précieux », c'est simplement afin de donner au peuple de Dieu une «
pleine assurance de foi » , de lui faire connaître que la rémission
de la peine de mort ne viole pas la justice de Dieu, mais, au contraire,
lui donne toute satisfaction par son amour. Cela nous assure également
que la loi divine est immuable, qu'elle ne pouvait être violée, mais
qu'au contraire, elle pourvut à la rédemption en donnant un grand prix.
Cette assurance que l'amour et la justice de Dieu agissent en complet
accord, nous donne confiance que les mêmes principes continueront de
gouverner l'univers à toujours, nous convainc que la « colère », « la
malédiction » sera levée pour tous ceux qui rentreront en accord
avec Dieu par Jésus, le Médiateur, et que tous ceux qui ne profiteront
pas de cette grâce seront engloutis dans la Seconde Mort, car
« la colère de Dieu demeure sur eux ».
Actes 3 : 23 ; Jean 3
: 36 ; Apoc. 22 : 3.
Pourtant, en ce qui concerne les rachetés, il importe peu de savoir
comment l'amour et la justice de Dieu disposèrent les choses en vue de
notre pardon, car pour eux il est un don gratuit que l'on ne peut obtenir
qu'en l'acceptant comme tel. Nous ne pouvons pas l'acheter, pas plus que
nous ne pouvons donner à Dieu de compensation pour ce « don » . La
question se pose donc : Si c'est un « don »
qui nous est fait, pourquoi devrions-nous nous mettre en peine d'en
rechercher les causes et, les raisons ? Pourquoi le Seigneur aurait-il
pris soin de nous révéler le fait que ce don nous fut procuré à un
prix, qu'il coûta la mort de Christ ? Pourquoi les Écritures nous
montrent-elles d'une manière si précise que sa mort fut le prix exact,
le prix correspondant qui était dû pour nos péchés ? Nous répondons
que Dieu nous explique en détail ses actes en notre faveur, à seule fin
que nous puissions mieux comprendre sa personnalité, ainsi que ses lois,
leur coordination et leur fonctionnement. Il donne de telles explications
afin que nous puissions comprendre qu'il n'abroge pas ou ne met pas de côté
sa propre sentence contre le péché, qu'il ne déclare pas le péché tolérable,
permis, excusable. Il désire que nous nous rendions compte que sa justice
est absolue et qu'il ne saurait y avoir de conflit dans lequel son amour
dominerait ou vaincrait ou abolirait la sentence de la justice ; que
la seule manière dont sa juste condamnation du péché et des pécheurs
pouvait être mise de côté était de satisfaire aux exigences de la
justice par un prix correspondant, une « rançon ». L'homme avait péché, l'homme avait
été condamné à mort, l'homme était allé dans la mort. Il ne pouvait
donc y avoir aucune espérance pour l'homme, excepté si l'amour et la miséricorde
pouvaient pourvoir à un substitut pour Adam. Et un substitut, comme nous
l'avons vu, devait nécessairement être de la même nature qu'Adam, de la
nature humaine ; il fallait également que le substitut fût libre du péché,
libre de la malédiction, libre de la colère ; il devait également être
saint, sans souillure et séparé des pécheurs, approuvé de Dieu, comme
l'était Adam avant sa transgression.
Nous avons vu que notre Seigneur Jésus fut fait chair (non pas chair de péché)
mais saint, sans souillure et séparé des pécheurs(*)[Voir chapitre
IV page 111], qu'ainsi, l'homme-Christ Jésus était un homme parfait,
l'image exacte du premier homme, Adam ; de ce fait, nous saisissons qu'il
était tout prêt pour être notre Rédempteur, notre rançon. pour donner
sa vie et tous ses droits humains pour le rachat, la rédemption d'Adam et
de la race d'Adam qui, en lui, perdit la vie et tous ses droits humains.
Nous avons vu que notre Seigneur, « l'homme Christ Jésus »
consacra, sacrifia, abandonna en faveur de l'homme, tout ce qu'il avait.
Ceci ressort clairement de son enseignement à ce sujet. Il se représenta
dans l'homme qui, ayant trouvé un trésor caché dans un champ, s'en était
allé et avait vendu tout ce qu'il avait, et avait acheté le champ (
Matt. 13 : 44 ). Le champ représente l'humanité ainsi que la terre
elle-même ( Eph. 1 : 14 ). Dans cette humanité, notre Seigneur vit un trésor
— prophétiquement il vit le résultat de l’œuvre rédemptrice, la délivrance
d'un grand nombre d'humains de l'esclavage de la corruption à la pleine
liberté des enfants de Dieu ( l'Église dans l'Age actuel et, dans l'Age
à venir, ceux des humains qui seront dignes). C'est, en raison de ce trésor
que le champ fut acheté. Parlant du résultat de la rançon et de l’œuvre
de rédemption, telle qu'elle sera finalement accomplie à la fin de l'Age
millénaire, le Prophète dit en parlant de notre Seigneur :
« Il verra le travail de son âme, et, sera satisfait » (
Es. 53 : 11 ). Notre Seigneur fut pleinement satisfait de donner sa vie,
et tout ce qu'il avait alors, pour racheter le monde.
QUELLE RANÇON FUT PAYÉE
POUR ADAM?
Ce que notre Seigneur fit pour nous, ce prix qu'il donna en notre
faveur, ce qu'il livra ou déposa dans la mort, devait correspondre
exactement à ce que fut le châtiment de l'homme, puisque c'était un
prix correspondant, « une rançon pour tous ». Or, notre
Seigneur n'alla pas au tourment éternel : nous avons donc ce témoignage
indiscutable que le tourment éternel n'est pas du péché le salaire
ordonné par le grand Juge, mais simplement une fausse croyance que le
grand Adversaire et ceux qu'il a mystifiés ont imposée à l'humanité.
Aussi certainement que ce que notre Seigneur souffrit en lieu et place de
l'homme, comme substitut de ce dernier, fut la condamnation entière que
les hommes, autrement, auraient été obligés de souffrir, aussi
certainement ceci est la preuve positive que Dieu ne pensa jamais au
tourment éternel, ne l'infligea pas comme châtiment aux humains et ne
les en menaça pas. Ceux qui connaissent le témoignage de la Parole de
Dieu, savent qu'elle déclare que « Christ mourut pour nos péchés »
, qu' « il mourut, le juste pour les injustes, pour nous amener
à Dieu » ; qu' « il est la « propitiation
» (*)Deux mots grecs sont traduits par « propitiation ».
Hilasmos est traduit exactement par « propitiation » dans deux
textes (1 Jean 2 : 2 ; 4 : 10), mais hilasterion est
traduit à tort par « propitiation » en Rom. 3 :25, alors
qu’il signifie propitiatoire, c’est à dire lieu de satisfaction ou de
propitiation[ bien traduit en Darby — Trad.]. Le « propitiatoire »
ou couvercle de l’Arche de l’Alliance était le lieu où
s’accomplissait la satisfaction — le propitiatoire ou hilasterion ;
mais le sacrificateur, en aspergeant le sang de réconciliation, le sang
de réconciliation, le sang de l’offrande pour le péché sur le
hilasterion accomplissait hilasmos, c’est à dire la satisfaction ou la
propitiation pour les péché du peuple.[ hilasmos
: satisfaction ] pour nos péchés [ les péchés de l'Église, et
non seulement pour les nôtres, mais pour ceux du monde entier »,
que « l'Éternel a fait retomber sur lui l'iniquité de nous tous et
que par ses meurtrissures [ les choses qu'il a souffertes à notre place,
le renoncement à lui-même jusqu'à la mort ], nous sommes guéris ».
Quelle harmonie et quelle logique on remarque dans cet exposé scriptural
des choses et combien totalement illogiques sont les tromperies de Satan
contraires aux Écritures et que nous a transmises la tradition, et qui
sont devenues populaires ! 1 Cor. 15 : 3 ; 1 Pi. 3 : 18 ; 1 Jean 2 :
2 ; Es. 53 : 5, 6.
« Le salaire du péché, c'est la mort ». « L’âme qui péchera,
celle-là mourra », disent les Écritures ( Rom. 6 : 23 ;
Ezéch. 18 : 4 ). Elles nous montrent ensuite comment ce salaire fut
payé complètement en déclarant : « Christ mourut pour nos péchés,
selon les Écritures » et ressuscita pour notre justification ( 1 Cor. 15
: 3 : Rom. 4 : 25 ). Sa mort fut le prix de la rançon, mais le paiement
(*)(*) le fait de pourvoir
au prix de la rançon ( Voir PRÉFACE
DE L’AUTEUR : page VIII — Trad.). du prix de la rançon ne
donna pas la justification. Notre Seigneur devait tout d'abord présenter
ce prix de la rançon au Père en notre
faveur ; c'est ce qu'il fit lorsqu' « il monta au
ciel » afin d'y apparaître pour nous en présence de Dieu. C'est à ce
moment-là qu'il rendit utilisables pour nous les mérites de son
sacrifice de la rançon. La justification vint ensuite, provenant : (1) du
sacrifice de la rançon, et (2) de son application à tous ceux qui
croiront en lui et lui obéiront. Ainsi la résurrection et l'ascension de
notre cher Rédempteur furent des actes accessoires pour rendre, efficace
son sacrifice achevé dans la mort.
« Sans effusion de sang, il n'y a pas de rémission », ( Héb.
9 : 22 ). Pendant toute la
dispensation de la Loi, Dieu mit en évidence ce détail de son
arrangement, en exigeant le sang des taureaux et, des boucs :
non pas que ce sang-là pût jamais enlever les péchés, mais afin
qu'au temps convenable on pût reconnaître en eux des types ou des
illustrations des meilleurs sacrifices par lesquels les péchés sont
effacés et annulés. L'expression « effusion
de sang » signifie la mort simple, la vie répandue ; toutefois,
elle indique une mort en sacrifice et non ce qui est parfois appelé une
mort naturelle (quoique, à vrai dire, aucune mort ne soit naturelle). Par
nature, l'homme devait vivre : la mort est la violation de la loi de
l'existence humaine, elle résulte de la transgression, et, de la « malédiction
» ou condamnation qui l'accompagna.
En ce qui concerne la justice seule, les Juifs auraient pu mettre notre
Seigneur à mort de toute autre manière, et les exigences de la Justice
auraient été également satisfaites. La chose nécessaire était
l'abandon de son âme (être) innocente en compensation ou en échange
d'une âme (être) coupable dont l'existence fut perdue par la
transgression. Il n'était pas non plus nécessaire, en ce qui concerne la
rançon seule que la personne de notre Seigneur fût meurtrie et que son
sang fût littéralement versé ou répandu sur le sol. Le salaire du péché
était la mort, la cessation de l'existence, et c'est pourquoi lorsque ce
fait fut accompli, la condamnation fut satisfaite. Ce furent d'autres
considérations qui exigèrent la crucifixion et le côté percé.
Le sang tombant sur la terre, au pied de l'autel du sacrifice, représentait
le fait que non seulement l'humanité avait été rachetée, mais que la
terre elle-même était comprise dans ce rachat, c'est pourquoi le sang
fut aspergé sur elle. La honte et l'ignominie de la crucifixion publique,
supplice des malfaiteurs, étaient nécessaires parce que notre Père céleste
avait décidé que l'épreuve de l'obéissance de notre Seigneur Jésus
serait portée au plus haut degré, non seulement il fut éprouvé pour
voir S'il serait consentant de devenir un homme, mais en outre, s'il
voudrait mourir comme prix de rançon de l'homme ou substitut, et de plus,
si oui ou non, il serait disposé à souffrir l'ignominie extrême, et
prouver ainsi au dernier degré qu'il était digne de l'élévation
souveraine que lui accorda son Père.
L'Apôtre présente la chose sous cet aspect, car après nous avoir raconté
comment le Seigneur quitta la gloire céleste pour nous, et devint un
homme, il ajouta : « Et étant trouvé en figure comme un homme
(*),[ Glaire et Vigouroux : « ayant pris figure d' homme » Trad.] il s'est abaissé lui-même, étant devenu obéissant jusqu'à
la mort, même la mort de la croix. C'est pourquoi aussi Dieu l'a haut élevé
et lui a donné un nom [ titre, honneur, dignité ] au-dessus de tout nom
— le nom ou titre du Père excepté. — Phil. 2 : 8, 9 ; comparez
1 Cor. 15 : 27.
Chaque référence de la Bible à la justification par la foi, montrant
que nous sommes justifiés par le sang de Christ, etc., est un témoignage
corroboratif de ce qui précède, à savoir que « Dieu était en Christ,
réconciliant le monde avec lui-même, ne leur imputant pas leurs fautes
», mais les imputant à celui « qui mourut pour nous et ressuscita »
( 2 Cor. 5 : 19, 21 ; 1 Thess. 4 :
14 ; 5 : 10 ). La
culpabilité du pécheur fut portée par le Rédempteur qui donna le prix
correspondant total pour nos péchés, afin que tous ceux qui cherchent la
Justice puissent, être acceptés comme justes, par les mérites de son
sacrifice ( Rom. 5 :17-19 ). Le fait que nous avions besoin d'être
justifiés, ou faits justes, prouve que nous étions mauvais, injustes aux
yeux de Dieu. Le fait que les hommes ne pouvaient se justifier eux-mêmes
par des oeuvres fut démontré par les Israélites sous leur Alliance de
la Loi, et prouve que cette méchanceté ou péché était dans la nature
même des hommes ; ceci rendit donc nécessaire que nous fussions rachetés
et justifiés par les mérites et le sacrifice d'un autre, d'un Rédempteur
sans tache.
Justifié veut dire fait juste, mais nous ne sommes pas faits justes ou
parfaits réellement ; nous sommes simplement considérés comme justes ou
parfaits à cause de notre foi en la justice de Christ et en son sacrifice
en notre faveur et parce que nous les acceptons, Partout dans les Écritures,
il nous est montré que ce pouvoir de justification de la part de notre Rédempteur
provient de son sacrifice en notre faveur. Nos propres oeuvres ne
pouvaient nous justifier, ou nous rendre acceptables à Dieu. ainsi que
nous le voyons en Gal. 2 : 16 ; Rom. 3 : 27, 28. La loi ne pouvait
justifier ceux qui étaient sous elle, ainsi que le montre l'Apôtre en
Gal. 5 : 4 Rom. 3 : 20. Seule, la foi dans l’œuvre achevée de Christ [
prouvée par la consécration complète à Dieu ] justifie ; voir
Gal. 2 : 17 ; 3 : 13, 14 ; Rom. 4 : 24, 25, etc.
Divers passages des Écritures parlent plus ou moins clairement de ce que
nous avons été lavés, ou blanchis ou purifiés du péché. Tous ces
textes viennent à l'appui de la doctrine de la rançon, parce qu'il est
établi nettement dans les contextes, que le pouvoir purificateur est «
le sang de Christ », les mérites du sacrifice de notre Seigneur. —
Voir 1 Jean 1 : 7 ; Apoc. 1 : 5 ; 1 Cor. 6 : 11 ; 2 Pi. 2 : 22 ; Tite 3 :
5 , Héb. 9 : 14 ; 1 Pi. 1 : 19.
La justification est symboliquement représentée par une robe de justice,
de fin lin, pur et blanc, dont le Seigneur couvre les défauts et les
imperfections de tous ceux qu’il accepte par la foi en son sang précieux.
Tous nos efforts pour réaliser la justice par nous-mêmes, sans les mérites
de Christ, sont de même représentés symboliquement comme « le vêtement
souillé » de notre propre justice ( Es. 64 :
6 ). Il est vrai que certains passages des Écritures
font allusion à nos efforts vers la justice, par l'obéissance aux
commandements de Dieu, comme étant un travail de purification qui
progresse durant toute notre course chrétienne ; l'Apôtre l'exprime
ainsi : « Ayant nos corps lavés d'une eau pure », et la purification de
l'Église par « le lavage d'eau de la Parole » ; ces définitions
sont très bien appropriées à la purification de nos cœurs, à la «
purification des souillures de la chair », et on comprend très justement
que ces passages s'appliquent à un travail quotidien et durant toute la
vie. Cependant, toutes ces purifications de pensées, de paroles et
d'actions, tous ces efforts pour amener notre corps mortel à se conformer
toujours davantage à la volonté de Dieu en Christ, ont comme base notre
acceptation préalable de Christ et notre justification par la foi en son
sang. Il ressort des Écritures que dès le moment où nous acceptons (*)
[où nous nous consacrons à Dieu.] Christ, toutes nos fautes, toutes nos
imperfections sont cachées à la vue de l'Éternel par les mérites du
sacrifice de la rançon, accordés par la grâce de Jéhovah, saisis et
appropriés par la foi. Puisque seul ce qui est parfait peut être agréable
à Dieu, et puisque nous, malgré tous nos efforts et nos lavages, serions
toujours imparfaits, il est manifeste que nous sommes acceptés par le Père
parce que nous sommes couverts par la robe de la justice de Christ, par sa
perfection qui est portée à notre compte ou imputée. Ainsi, sommes-nous
d'abord « acceptés dans le Bien-aimé » ( Eph. 1 : 6 ), et ensuite
nous manifestons journellement notre dévotion à la justice et notre désir
de plaire au Seigneur par nos efforts pour parvenir à la sainteté.
Que de fois les Écritures font mention de notre Seigneur comme étant
notre offrande pour le péché, « l'Agneau
de Dieu qui ôte le péché du monde » ! ( Jean 1 : 29 ). Tous
les sacrifices de la Loi, tous le sang répandu sur les autels juifs annonçaient
ce grand sacrifice futur pour le péché, immolé en notre faveur ; car,
ainsi que l'Apôtre nous en donne l'assurance, le sang des taureaux et des
boucs n'aurait jamais pu enlever le péché — seul le
sacrifice-antitype, « le précieux sang » pouvait faire cela. Au sujet
du sacrifice pour les péchés, comme le présente le Nouveau Testament,
voir Héb. 9 : 12 ; 10 : 10 ; Eph. 5 : 2 ; 1 Cor. 5 : 7 ; 1 Pi. 2 :
22-24 ; Cor. 5 : 21 — Diaglott.
Les Écritures exposent aussi très clairement que ce sacrifice fut pour
nous, l'Église, et pour toute l'humanité :
« Par la grâce de Dieu, il goûta la mort pour tous », le juste
pour les injustes, afin de nous amener à Dieu, afin d'ouvrir pour nous et
pour toute l'humanité, une voie de retour ou de réconciliation pour
rentrer en harmonie avec le Père céleste ; c'est ainsi qu'il ouvrit
indirectement pour nous la voie qui ramène à la vie éternelle ( la
faveur, la bénédiction ou le don du Père ) pour tous ceux qui sont,
vraiment ses enfants. Sur ce point, voir les passages suivants : 1Thess.5
: 10 ; Rom .5 : 8 ; 1 Cor. 15 : 3 ; 2 Cor. 5 : 14,15 ; Jean 10 : 15 ;
11 : 50-52 ; 1 Pi. 2 : 24 ; 3 : 18.
Beaucoup de passages bibliques montrent sans aucune équivoque que ce fut
la mort de l'homme Christ-Jésus, « son sang », qui procura notre
libération du péché et de la mort ; on ne peut rejeter cette doctrine
qu'en niant l'inspiration des Écritures ou en « tordant les Écritures,
ou « en frelatant la Parole de Dieu » Voir 1 Pi. 1 : 2 ; Actes
4 : 12 ; 20 : 28 ; Apoc. 5 : 9 ; 1 : 5 ;
Rom. 5 : 9 ; Héb. 13 : 12.
« VOUS AVEZ ÉTÉ
ACHETÉS A PRIX »
PAR QUI ? A QUI ? POURQUOI
? ET DANS QUEL BUT?
« Vous avez été achetés à prix ; ne devenez pas esclaves des
hommes. » — 1 Cor. 7 : 23.
« Tu nous a achetés pour Dieu par ton sang » Apoc. 5 : 9.
« Il y aura parmi vous de faux docteurs qui introduiront
furtivement des sectes de perdition, reniant aussi le Maître qui
les a achetés ». — 2 Pi. 2 : 1.
Les témoignages de l'Écriture, montrant que l'homme fut « acheté »
sont sans aucune équivoque, et, comme nous l'avons déjà indiqué, le
mot grec rendu est agorazo, qui signifie achat public. Les questions
suivantes se posent tout naturellement : (1) Par qui l'homme fut-il acheté
? (2) A qui fut-il acheté ? (3) Pourquoi fut-il acheté ? Nous
allons examiner ces questions dans leur ordre :
(1) Les Écritures, déjà citées, soutiennent clairement et sans équivoque
non seulement que l'humanité fut achetée, mais que le Seigneur Jésus
Christ lui-même fut acheteur ; de
plus, ces passages et d'autres encore nous assurent très clairement que
le prix d'achat fut le sang précieux de Christ, le sacrifice de sa propre
vie, la mort de l'homme Christ Jésus qui se donna en rançon [antilutron,
prix correspondant] pour tous. Nous estimons que cette question a
été déjà irréfutablement prouvée et nous passerons à la suivante :
(2) A qui l'homme fut-il acheté ? Les adversaires de la vérité
demandent en se moquant si oui ou non le Seigneur
nous acheta au diable ; ils prétendent que le prix ne pouvait être
payé à personne d'autre ; car d'après le faux raisonnement de ceux qui
nient la rançon, Dieu ne pouvait être partie dans une telle transaction.
Ces gens là prétendent que Dieu rechercha toujours la communion de
l'homme, qu'il fit toujours tout ce qui était en son pouvoir pour réaliser
la réconciliation de l'homme et sa délivrance du péché et de la mort.
C'est pourquoi, raisonnent-ils, Dieu ne voudrait pas exiger un prix de rançon,
avant d'avoir permis la libération de l'homme. Nous répondons que de
telles conceptions sont tout à fait contraires à l'enseignement
scriptural qui montre, il est vrai, que Dieu est amour et qu'il a de la
compassion pour Ie pécheur : par
contre, il fait voir également que Dieu est juste et que l'homme. ayant
été condamné avec justice, ne peut être libéré de cette condamnation
avec justice sans qu'une rançon soit payée pour lui.
Les Écritures déclarent que
Satan fut la cause de la condamnation infligée
à l'homme, la mort, disant :
« Puis donc que les enfants ont eu part au sang et à la
chair [la nature humaine], lui aussi semblablement
y a participé, afin que, par la mort, il rendit impuissant celui
qui avait le pouvoir de la mort, c'est-à-dire le « diable » ;
et ailleurs, elles parlent de Satan comme étant le « prince de ce monde »
néanmoins, elles n'indiquent nulle part
qu'il ait un titre pour régner avec autorité dans le monde ( Héb
2 : 14 ; Jean 14 : 30). Au contraire, les Écritures déclarent
que Satan est l'usurpateur qui, profitant de la
condition déchue de l’homme a aveuglé son esprit à l’égard
de Dieu, et en le trompant, l'a rendu esclave en se servant de son
ignorance, de ses superstitions et de ses propres faiblesses. Il est en
somme la personnification du péché
et c'est cela qui constitue son pouvoir de mort. Si Satan n'avait pu se
servir du péché, il n'aurait pu exercer aucune domination sur l'humanité.
Ce fut à cause du péché volontaire que l'homme fut privé de la faveur
divine ; mais ce fut par la suite, lorsque l'homme ne
désira plus se faire de Dieu l'objet de ses pensées, que Dieu le
livra à un esprit réprouvé, etc. ( Rom. 1 : 28 ). L'autorité suprême
à, laquelle Satan puisse prétendre à l’égard des humains ne serait
donc que le pouvoir d'un usurpateur
qui abuse de la faiblesse de ses esclaves.
Au surplus, depuis que la condamnation fut prononcée par Dieu : « Tu
mourras certainement », il a été permis à Satan et à tout autre agent
du mal, de coopérer dans accomplissement de ce décret divin. Ainsi, Dieu
fait-il concourir parfois la colère de l'homme, parfois celle d’êtres-esprits
mauvais pour accomplir ses plans merveilleux,
et pour le louer involontairement ( Ps. 76 : 10 ). Dieu n'a
cependant jamais reconnu Satan comme le possesseur de la race humaine. La
race était la création de Dieu et elle lui devait tout, mais n'ayant pas
reconnu son Créateur et lui ayant désobéi, elle fut frappée par la
condamnation, par la malédiction de la loi divine, elle fut jugée
indigne de la vie, et elle demeure sous cette condamnation.
Ce fut la Justice divine qui frappa nos premiers parents de la malédiction
de la mort, et c'est sous la sentence de la justice divine que la race
reste encore dans la condition de mort. Il ne peut pas non plus y avoir
une espérance de vie pour quiconque, sauf pour la rédemption qui est en
Christ Jésus. Puisque la Justice divine était le Juge dont la sentence
enleva la vie à l'homme, c'est donc à la Justice divine que le prix de
la rançon devait être nécessairement payé, afin d'obtenir la libération
du coupable Adam, et de sa race condamnée en lui.
C'est volontairement que Satan exerce son pouvoir mais il ne pourrait le
faire si la chose ne lui était pas permise par le Grand Juge suprême Jéhovah
; par contre. Jéhovah n'aurait pas permis que la grande calamité de la
mort fût infligée sur l'humanité par le moyen de Satan ou de toute
autre manière, si cella n'avait été un juste châtiment pour le péché,
pour la transgression de la loi de Jéhovah. Le pouvoir de Satan, comme
celui d'un bourreau est « un pouvoir de mort » qui lui est délégué.
Le bourreau est simplement le serviteur de la loi ; il exécute ses
sentences ; quant à Satan, comme serviteur de la loi déposée par le
Juge suprême de toute la création, il est autorisé et employé pour un
temps, comme l'exécuteur de la sentence prononcée : « Le salaire
du péché, c'est la mort », « mourant, tu mourras ».
Si la rançon ou l'amende d'un prisonnier devait être payée, le paiement
n'en serait pas fait au geôlier ou au bourreau, mais au Tribunal dont le
jugement exigea la rançon ou l'amende. De même, la rançon pour le péché
ne pouvait être payée à Satan ( bien que dans une certaine mesure il
serve comme exécuteur de la peine ), mais elle devait être payée à
l'autorité qui condamna le péché, qui prononça la peine et ordonna
l'exécution du coupable.
Ainsi, la raison nous répondrait-elle que le prix de la rançon pour le péché
de l'homme devrait être payé à « Dieu, le Juge de tous ». Nous
nous demandons maintenant : Que disent les Écritures au sujet du
sacrifice de Christ, de l'offrande qu'il fit ? Disent-elles qu'elle fut
faite à Satan ou à Jéhovah Dieu ? Nous répondons que dans tous les
types de la dispensation juive qui préfiguraient ce meilleur sacrifice,
qui ôte le péché du monde, les offrandes étaient présentées à Dieu,
par les mains du sacrificateur qui typifiait notre Seigneur Jésus —
Voir Lév. 4 : 3, 4, 24, 27, 31, 34, 35 ; 5 : 11, 12 ; 9 :
2, 6, 7 ; Ex. 30 : 10 ; 2 Chron. 29 : 7-11, 20-24.
Ces textes répondent catégoriquement à notre question, et nous n'avons
pas besoin d'autres témoignages sur ce sujet. Si, cependant, nous désirons
un autre témoignage direct, nous le trouvons dans les paroles de l'Apôtre
: « Si le sang des boucs et des taureaux... sanctifie pour la pureté de
la chair, combien plus le sang de Christ qui, par l'esprit éternel, s'est
offert lui -même à Dieu sans tache, … Et c'est pourquoi, il est médiateur
de la (v. note D.) Nouvelle Alliance ». — Héb. 9 :13-15 ; 26 ;
7 : 27 ; 10 : 4-10,12,20 ; Eph. 5 : 2 ; Tite 2 : 14 ; Gal. 1 : 4 ;
2 : 20 ; 1 Jean 3 : 16 ; Jean 1 : 29 ; 1 Pi. 1 :19 ;
1 Cor. 10 : 20 ; Rom. 12 : 1.
Nous avons ainsi démontré que, selon les Écritures, il est bien vrai
que Dieu demanda et accepta la mort de Christ comme le sacrifice de rançon
pour l'homme.
(3) Pourquoi l'homme fut-il racheté ?
Dans l'homme, créature déchue et imparfaite, les qualités divines de
justice, de sagesse, d'amour et de puissance sont très imparfaites c'est
pourquoi les uns ont plus de difficultés que d'autres à saisir le caractère
raisonnable ; de la méthode divine qui exige une rançon et l'accepte.
Ceux qui ne peuvent comprendre cela par le raisonnement, peuvent très
bien reconnaître et accepter le témoignage de la Parole de Dieu ; ils
devraient agir ainsi, même s'ils ne comprennent pas le pourquoi et le
comment de l'affaire. Telle est la ligne de conduite appropriée et sûre.
Néanmoins, nous offrons quelques suggestions qui peuvent aider certains
à, saisir le sujet. Comme nous sommes des créatures déchues imparfaites,
ces diverses qualités de sagesse, d'amour, de justice, de puissance, sont
en nous continuellement plus ou moins en conflit mutuel ; mais il n'en est
pas de même de notre Père Céleste ; en lui, chacune de ces qualités
est parfaite, et en parfait accord avec les autres. Aucun conflit n'existe.
La sagesse divine entra la première en activité, prit une vue d'ensemble
et traça le meilleur plan pour le salut de l'homme, avec le plein
consentement de la justice, de la puissance et de l'amour. Sous la
direction de la Sagesse, l'homme fut placé de suite sous une loi, dont la
violation entraînait une condamnation à mort, accompagnée du cortège
des malheurs qui vont avec la mort. La sagesse connut d'avance la chute de
l'homme provenant de son inexpérience, mais elle jugea bon, néanmoins,
en vue des leçons profitables, etc., de tracer ainsi le programme de la
providence et de la ligne de conduite de Dieu telles, qu'elles nous sont révélées
dans les Écritures.
Dès que l'homme eut violé la loi divine, la Justice intervint, le déclara
rebelle, le frappa de la sentence de mort, le chassa d'Eden, de la source
de subsistance antérieurement disposée pour lui et le livra à Satan,
pour qu'il affrontât des circonstances défavorables et afin que pût être
infligée la pleine condamnation de la loi violée, « Mourant, tu mourras
». Tandis que cet élément du caractère divin (la Justice agissait avec
l'homme, l'élément Amour n'était pas indifférent, mais il était
impuissant pour deux raisons : Premièrement, il ne pouvait s'opposer à
la justice, ni empêcher l'exécution de la sentence, ni délivrer l'homme
du pouvoir de la Justice, parce qu'elle est le fondement même du
gouvernement divin ; secondement, l'Amour ne pouvait intervenir alors pour
relever l'homme en payant le sacrifice de la rançon pour le péché,
parce que cela aurait été en opposition au plan déjà tracé par la
Sagesse infinie. Ainsi l’Amour et la Puissance de Dieu étaient-ils
retenus pour le moment, incapables de secourir l'humanité ; ils étaient
forcés d'approuver la Justice qui présidait à l'exécution de la
condamnation, et la Sagesse qui a permis à cette exécution de se
poursuivre au cours de six mille ans de gémissements, de tribulations —
la Mort. D'accord avec ce plan, l'Amour n'intervint pas pour délivrer
l'homme, sinon pour l'encourager et pour l'instruire par les promesses et
les sacrifices-types qui préfiguraient la méthode par laquelle l’Amour
accomplirait finalement la délivrance de l'homme au temps marqué par la
Sagesse. Ainsi l'Amour attendait-il patiemment le moment propice où, sous
la direction de la Sagesse, il pourrait agir et pourrait plus tard appeler
à son aide la Puissance divine.
Ce moment de l'action pour
l'attribut vint enfin ; ce fut lors de « la plénitude des temps »
( Gal. 4 : 4 ), « au temps marqué », ( Rom. 5 : 6 ) , comme
l'expriment les Écritures, lorsque Dieu envoya son Fils comme « l'homme
Christ-Jésus », « afin que, par la grâce, [ faveur, bonté, miséricorde
] de Dieu, il goûtât la mort pour tous » ( 1 Tim. 2 : 5 ; Héb.
2 : 9 ). C'est seulement alors que l'Amour divin fut manifesté à
l'humanité, quoiqu'il eût toujours existé, ainsi que nous le lisons :
« En ceci a été MANIFESTÉ l'Amour de Dieu », « en ce que,
lorsque nous étions encore pêcheurs, Christ est mort pour nous ».
— 1 Jean 4 : 9 ; Rom. 5 : 8.
En exerçant son action conformément à la loi de Dieu, et en
satisfaisant aux exigences de cette loi, l'Amour divin n'entra pas en
conflit avec la Justice divine. La voie suivie par l'Amour ne fut pas une
tentative faite de rejeter et de combattre la sentence, ni d'empêcher son
exécution complète, mais bien de trouver quelqu’un qui se substituât
à l'homme, qui fût une rançon pour lui. En donnant, pour l'homme,
satisfaction à la peine de mort infligée par la Justice, l'Amour apporta
à l'humanité sa délivrance de la malédiction adamique ( la mort ) que
la Justice divine avait infligée. C'était là le triomphe de l'Amour
divin, non moins que celui de la Justice divine. l'Amour divin triompha en
offrant le sacrifice de la rançon, Jésus, à la Justice, à l'élément
du caractère de Dieu qui met en vigueur les justes décrets du Créateur
et applique leurs sanctions.
Le triomphe de l'Amour n'est pas encore complet. Il a réalisé la rançon,
mais son dessein est de faire plus encore, à savoir, d'opéré un rétablissement
(restitution) pour tous les humains qui, après leurs expériences, seront
disposés à redevenir fidèles à Dieu et à sa juste loi. Mais comme
l'Amour attendit plus de quatre mille ans sous la direction de la Sagesse
divine, avant d'apporter le sacrifice
de la rançon, ainsi doit-il attendre encore près de deux mille
ans, après le paiement du prix de la rançon, avant que l’œuvre de rétablissement
puisse même commencer ( Actes 3 :19, 21 ). Mais, dans l'intervalle,
la Sagesse permet à l'Amour de s'occuper d'une classe spéciale, le
« Petit Troupeau », les élus de cet Age de l'Évangile, pour tirer
du milieu des rachetés « un peuple qui portât son nom qui est l'Épouse
de Christ et sa cohéritière l'Église.
La nécessité du rachat de la race par Christ réside donc dans le fait
qu'Adam, le père, s'était vendu lui et sa race au péché ( et à son
salaire ou châtiment, la mort ) pour le prix de sa désobéissance ( Rom.
7 : 14 ; 5 : 12) .
Il avait besoin d'être racheté de l'esclavage du péché, et le
paiement du prix de la rançon était nécessaire avant que quiconque pût
être délivré de la condamnation ou pût commencer une nouvelle mise à
l'épreuve pour se prouver digne de la vie éternelle.
Mais considérons maintenant ce rachat sous un angle plus large et notons
que notre Seigneur Jésus, après avoir payé le prix de la rançon,
devint non seulement théoriquement mais réellement le possesseur, le
gouverneur et le père de la race : dans ce rachat, il prit la place
d'Adam, le père, qui avait vendu sa race. De même que la race fut vendue
par Adam au péché, pour sa satisfaction personnelle et par désobéissance
à Dieu, ainsi, elle fut achetée par l'homme Christ Jésus par le
sacrifice de lui-même pour obéir à la volonté du Père, ce qui était
un prix correspondant ou une rançon pour Adam. Les Écritures présentent
ainsi cette pensée : — Christ est mort, et est ressuscité et a revécu,
afin qu'il dominât et sur les morts et sur les vivants, ( Rom. 14 : 9 ).
Ce fut en vertu de sa mort que le Seigneur devint le Maître, le
gouverneur, le père de la race, et obtint le pouvoir d'agir avec la race
comme avec ses propres enfants, les ayant libérés de la malédiction de
la condamnation divine, par son propre sacrifice.
C'est dans ce sens du mot que
notre Seigneur est devenu le second Adam, parce qu'il prit la position du
premier Adam comme chef de la race, en la rachetant de sa propre vie. Mais
comme ce fut l'homme Christ Jésus qui se donna lui-même comme prix de la
rançon, ce ne pouvait être l'homme Christ Jésus qui serait le père de
la race. L'homme Christ Jésus déposa tout ce qu'il avait pour la rédemption
de l'homme Adam et de sa race. Un prix équivalent parfait, un homme pour
un homme. La race d'Adam n'étant pas née au moment de sa transgression,
elle ne fut pas condamnée directement, mais indirectement ; c'est
pourquoi elle eut besoin d'être rachetée non directement, mais
indirectement. Une postérité, non encore née dans les reins de l'homme
Christ Jésus, devint la compensation ou prix correspondant pour la postérité
l'Adam non encore née au moment de la transgression.
LE PRIX NON REPRIS
Ainsi que nous l'avons déjà vu, les Écritures
enseignent clairement que notre Seigneur fut mis à mort dans la
chair, mais rendu vivant en esprit ; il fut mis à mort comme homme, mais
fut ressuscité des morts comme être-esprit de l'ordre le plus élevé de
la nature divine : ayant achevé l’œuvre pour laquelle il était devenu
un homme, et ayant accompli le service d'une manière agréable au Père,
il fut ressuscité des morts et élevé à l'honneur et à la dignité
suprêmes, bien au-dessus des anges, des principautés, des puissances, et
de tout nom qui se peut nommer.
Notre Seigneur n'aurait pu non plus être ressuscité des morts comme
homme, et en même temps laisser à la Justice le prix de notre rançon,
afin de libérer Adam ( et sa race condamnée ) de la sentence et de la
prison de la mort il était nécessaire, non seulement que l'homme Christ
Jésus mourût, mais il était exactement aussi nécessaire que l'homme
Christ Jésus ne revînt jamais à la vie, il fallait qu'il restât mort,
qu'il demeurât le prix de notre rançon pour toute l'éternité.
Si, en effet, notre Seigneur avait été ressuscité homme, cela aurait
impliqué deux malheurs : (1)
Cela aurait Impliqué le retrait de notre rançon, ce qui nous aurait
laissés, comme auparavant, sous la condamnation à mort. (2) Cela aurait
impliqué pour lui la perte éternelle de la nature supérieure qu'il
avait abandonnée pour devenir un homme et être notre Rédempteur et,
ainsi, cela aurait impliqué que sa fidélité envers Dieu aurait eu pour
résultat sa dégradation éternelle à une nature inférieure. Mais de
telles absurdités et de telles contradictions ne figurent pas dans
l'arrangement divin. Notre Seigneur s'humilia, et devint un homme, et
comme homme, il abandonna sa vie, le prix de la rançon pour l'homme déchu
; en récompense de sa fidélité, non seulement le Père céleste le rétablit
à l'état d'être conscient, mais il lui donna une nature non seulement
supérieure à la nature humaine, mais supérieure également à celle
qu'il avait auparavant, le rendant participant de la nature divine, avec
ses attributs et honneurs suprêmes, Dans sa condition actuelle très élevée,
la mort serait impossible, car il est maintenant immortel.
Puisque l'homme Jésus fut le prix de la rançon, donné pour le rachat
d'Adam et de sa race, il n'était pas possible que l'homme Jésus fût le
Second Adam, le nouveau père de la race au lieu d'Adam ; car l'homme
Jésus est mort, mort à tout jamais,
et ne pourrait être un père ou dispensateur
de vie au monde.
Celui qui, maintenant par, son rachat, possède le titre de père de la
famille humaine, est le Jésus ressuscité et glorifié, participant de la
nature divine, c'est lui qui est le Second Adam. Comme nous l'avons déjà
vu (*)[ Chap. 6, page 154. ] notre Seigneur Jésus dans la chair ne fut
pas le Second Adam ; il n'était pas le père d'une race, mais il vint
simplement pour racheter Adam et sa race afin d'en devenir ainsi le père
: cet achat absorba tout ce qu'il possédait alors et il ne resta rien.
Telle est la pensée des Écritures, telle que la présente l'Apôtre :
« Le premier homme est de la terre, —- poussière — le second
homme [ le Second Adam ] est le Seigneur du ciel [ à sa seconde présence
durant le Millénium ] ... Et comme nous avons porté l'image de celui qui
est poussière [ Adam ], nous [ membres de l'Église, cohéritiers
avec Christ, et participants des plus grandes et des plus précieuses
promesses de la nature divine — Rom. 8 : 17 ; 2 Pi. 1 : 4 ], nous
porterons aussi l'image du céleste [ le second Adam ]. Ainsi qu'il est écrit
: « le premier homme,
Adam, devint une âme vivante ; le dernier [ le second ] Adam un esprit
vivifiant. Mais ce qui est spirituel n'est pas le premier, mais ce qui est
animal ; ensuite ce qui est spirituel ». — 1 Cor. 15 : 45-48.
Poussant plus loin la question de savoir pourquoi la race fut rachetée,
nous avons le témoignage de l'Apôtre que, par cet achat, notre Seigneur
Jésus devint ( c'est-à-dire acquit le droit de devenir ) le médiateur
de la Nouvelle Alliance ( Héb. 8 : 6 ;
9 : 14-16 ). La Nouvelle Alliance est un arrangement que Dieu
fournit par lequel il peut exercer la miséricorde à l'égard de toute la
race déchue. La Nouvelle Alliance ne pourrait pas entrer en vigueur sans
un médiateur. Il faut que le médiateur se porte garant envers Dieu de
certaines choses en faveur de l'humanité. En premier lieu, il faut qu'il
rachète l'homme en payant le prix total de la rançon, et ce sacrifice
que fit notre Seigneur Jésus est, en conséquence, appelé « le
sang de l'Alliance », par lequel l'alliance devient effective et
efficace. Ayant racheté les humains de la condamnation qui reposait sur
eux par le péché, le Médiateur peut sceller la Nouvelle Alliance, et la
mettre en vigueur ; dès lors, ce Médiateur est pleinement qualifié et
autorisé à faire tout ce qui est en son pouvoir pour les humains rachetés
afin de les ramener à la pleine perfection humaine et à l'harmonie
absolue avec Dieu, et ensuite, de pouvoir les présenter au Père sans
tache et, irréprochables, parfaits dans l'amour, n'ayant plus besoin à
ce moment-là d'une alliance spéciale de réconciliation, ni d'une médiation.
Mais cette oeuvre bien loin d'être accomplie, commence seulement ; le
monde n'a donc pas encore été accepté par le Père, et c'est cette tâche
qui sera toute l’œuvre du rétablissement de l'Age millénaire, pour
adapter et préparer les humains bien disposés et obéissants à la
parfaite harmonie d'une réconciliation complète avec le Père.
En attendant, pendant cet Age de l'Évangile, Dieu appelle un petit nombre
de membres de la race rachetée ; ceux qui entendent l'appel divin et
s'approchent du Père par la foi dans le Sauveur et dans son oeuvre, sont
considérés comme parfaits par Dieu et acceptés comme tels par lui, afin
qu'ils puissent se présenter, avec leur Rédempteur, en sacrifices
vivants au service du Père et de son plan, et développer ainsi en eux la
ressemblance du cher Fils de Dieu. Si ces personnes-là souffrent
volontairement et joyeusement avec Christ, ils pourront aussi être
glorifiés avec lui bientôt, et faits héritiers et associés avec lui
dans l’œuvre millénaire qui doit bénir le monde sous les conditions
de la Nouvelle Alliance. Ces humains là, on s'en souvient, sont des
exceptions par rapport au reste de l'humanité ; ils sont les
« élus » de
l'Age de l'Évangile, considérés comme les « frères » de
Christ, l' « Épouse » de Christ, l'«
Église qui est son Corps » mais ne sont, par contre, jamais
appelés les « enfants » de Christ. Ils sont acceptés par le Père céleste
comme des fils, et engendrés à la nature céleste par la Parole de Vérité
et par l'esprit de cette Parole. Ainsi que nous l'avons vu, ils peuvent à
bon droit reconnaître Jéhovah comme leur Père, parce qu'ils sont
directement engendrés de lui, et sont ainsi des « frères » de Christ Jésus.
—1 Pi. 1 : 3.
Pour les humains en général, cependant, le plan divin est quelque peu
différent : au lieu d'être justifiés par la foi, puis engendrés à la
nature divine, etc., ils attendent jusqu'à l'Age millénaire. A ce
moment-là, au lieu d'être engendrés par Jéhovah à une nouvelle
nature, ils obtiendront de nouveau leur ancienne nature, la nature humaine,
affranchie de ses imperfections et de la corruption produite par le péché.
L'espérance du monde est la restitution ( ou rétablissement -- Trad.) de
« ce qui fut perdu » en Eden ( Matth. 18 : 11 ; Actes 3 :
19-21 ). Les dispositions de Dieu destinées au monde sont exactement ce
que nous avons vu dans la rançon : l'homme Christ Jésus déposa sa
perfection humaine, et les
droits et privilèges qu'elle impliquait, afin de racheter pour l'humanité
« ce qui fut perdu », la perfection humaine perdue en Eden,
l'autorité souveraine humaine et tous les droits et privilèges de
l'homme, y compris son privilège de la communion avec Dieu et la vie éternelle.
Ce sont ces choses qui furent achetées pour l'humanité et qui, au propre
temps, doivent être offertes à tous les humains sous la Nouvelle
Alliance.
L'Age de l'Évangile a été consacré par le Seigneur à la sélection du
« corps de Christ ». Pour le monde, ce fait signifie que notre
Seigneur Jésus, le grand Chef ( Tête ) de l'Église ne réserve pas pour
lui seul les fonctions de père, ou de dispensateur de vie au monde : il
s'est associé un « petit troupeau » dont les membres ont sa propre
ressemblance ; ils ont participé aux souffrances du temps présent et,
doivent être participants de la gloire à venir ; avec lui, ils doivent
constituer le grand Prophète, le Souverain Sacrificateur, le grand Roi,
le grand Dispensateur de Vie ou Père de l'humanité — pour donner la
vie à quiconque voudra la recevoir sous les conditions de la Nouvelle
Alliance. C'est d'accord avec cette pensée que les Écritures déclarent
que l'un des titres de notre Seigneur est « Père Éternel ». Notre
Seigneur n'a pas encore rempli cette charge en aucun sens ou degré. Mais
celui qui acheta le monde au prix de sa
propre vie, a reçu, en vertu des dispositions divines, la
puissance, le plein droit, le titre et l'autorité d'accorder à tous ceux
qui voudront le recevoir selon ses conditions, tout ce qui fut perdu et
tout ce qui fut racheté : la vie, les droits et les perfections de
l'homme avec une connaissance plus étendue.
Notre Seigneur est donc devenu le père légitime de la race, lui donnant
une vie qui a coûté la sienne ; les
Écritures nous font comprendre que les humains sont entièrement
entre ses mains ; il agira avec eux d'une manière absolue, et pour juger
ceux qui seront dignes ou indignes de la vie éternelle. Ceci, notre
Seigneur Jésus le fera pour le monde, à titre de Père, dans l'Age
prochain ; il le fait pour son Église, son épouse, son Épousée,
pendant l'Age actuel. Nous voyons dans ce fait une illustration des
paroles de l'Apôtre montrant que de même que le Père céleste est le
Chef (Tête) de Christ, ainsi Christ est le chef (Tête) de l'Église,
comme l'époux est le chef (tête) de la femme et de la famille. En conséquence,
nous lisons : « Le Père ne juge personne, mais il a donné tout le
jugement au Fils » ( Jean 5 : 22 ). La Fiancée de Christ n'a aucune
position devant le Père excepté dans et par son futur Époux bien-aimé.
Ses requêtes sont faites au nom de ce dernier, par ses mérites, et
doivent continuer d'être ainsi faites jusqu'à ce que ce qui est parfait
soit venu, lorsqu’elle sera reçue dans la gloire — dans la pleine
liberté des fils de Dieu, par la première résurrection.
D'une manière semblable, les humains les enfants de Christ, devront s'en
rapporter entièrement à lui, comme leur Chef ( Tête ), leur Père, et
n'auront aucun rapport avec le Père céleste, ni ne seront même reconnus
par Lui, avant que l'Age millénaire ait rétabli et ramené à la
perfection ceux qui voudront bénéficier de ces privilèges. Mais au
terme de l'Age millénaire, lorsque notre Seigneur Jésus remettra le
Royaume à Dieu, au Père même, alors également ils seront présentés
au grand, au suprême Père de tous, à Jéhovah, le Tout-Puissant, et
seront placés sous son gouvernement direct. — 1 Cor. 15 : 24.
De ce point de vue, on peut voir pourquoi notre Seigneur Jésus est appelé
le Père de la race rachetée et rétablie, mais ne fut pas reconnu antérieurement
comme le Père d'Adam ou de ses enfants, bien qu'il fût le créateur
direct d'Adam, ainsi qu'il est écrit : « Sans lui, pas une seule chose
ne fut faite de ce qui a été fait ». La différence tient dans le fait
qu'à la création originelle, le Logos fut l'agent de Jéhovah, et
accomplit une oeuvre sans aucun dépense pour lui-même ; tandis que,
devenu le second Adam, il donnera aux hommes des droits à la vie qui lui
ont coûté sa propre vie et qu'il a achetés par son sang précieux.
RANÇON ET NON PARDON
Pour n'avoir pas su établir une distinction précise, beaucoup de gens
sont arrivés à avoir des idées très confuses sur ce sujet. Des chrétiens
d'intelligence ordinaire vous citeront des textes relatifs à la rançon
qui nous rachète de la tombe et de la mort, qui nous rachète à prix,
savoir le précieux sang de Christ, etc., et au même instant, ils vous
parlent du pardon miséricordieux de toutes les offenses par le Père.
Selon toute apparence, peu de Chrétiens pensent, même si beaucoup
doivent le savoir, que pardon et rançon expriment des idées diamétralement
opposées :
Voici les définitions principales tirées (du Standard Dictionary
pour le texte anglais) du Petit Larousse ou du Petit Littré :
Racheter : « Payer rançon pour un prisonnier » ( Littré ) ;
« délivrer à prix d'argent » ( Larousse ).
Rançon : « prix qu'on donne pour la délivrance d'un captif »(
Littré ) ; « ce qu'on donne pour la délivrance d'un captif » (
Larousse ).
Comparez maintenant ces définitions avec celles de :
Pardonner : « Remettre la punition » ( Littré ).
« Renoncer à punir » ( Larousse ). « En droit : Libérer
d'une condamnation qui a été infligée par un verdict » ( Webster
- Trad.).
Notez aussi ici la définition d'un autre terme qui, bien que très étroitement
apparenté à pardon, n'a pas exactement le même sens :
Rémission, Remettre : « Faire grâce à un coupable de la peine qui
a été prononcée contre lui »
( Littré ) : « La loi ne connaît pas de rémission ».
L'intelligence la plus ordinaire doit discerner que la pensée exprimée
par « racheter » et « rançon » est opposée et contraire à celle
exprimée par le mot pardon. Mais puisque tous ces termes sont employés
dans les Écritures et ont trait aux transactions de Dieu avec l'homme déchu,
beaucoup de gens qui étudient la Bible pensent que ces termes sont employés
indifféremment et avec le même sens dans l'Écriture Sainte ; ils en
concluent alors qu'ils peuvent faire à leur grés, donner le sens de
« pardon » aux
termes ; « rançon » et « racheter », ou,
vice-versa, attribuer les définitions de « rançon » ,
et de « racheter » aux mots « pardon » et « rémission
». En procédant de cette
façon, on est loin de « dispenser droitement la parole de vérité, on
confond deux choses séparées et distinctes et il en résulte de la
confusion. Beaucoup de personnes paraissent ne pas désirer la vérité
sur cette question-là et ne la recherchent donc pas, craignant sans doute
que leurs doctrines niant la rançon ne soient, de ce fait, condamnées.
Il est démontré, avec une clarté absolue, que Dieu ne pardonna pas la
transgression d’Adam et ne lui remit pas sa condamnation ; tout ce qui
se passe autour de nous, la création gémissante et mourante, non moins
que le témoignage de la Parole de Dieu concernant « la colère de Dieu révélée
» — la « malédiction » de la mort qui est le salaire du péché
originel, tout témoigne avec force que Dieu ne pardonna pas au monde, ne
lui remit pas la condamnation de son péché, sous laquelle il a souffert.
depuis plus de six mille ans. Celui qui confond la justification des pécheurs
par les mérites du sacrifice d'expiation de Christ ( qui se substitua au
pécheur, paya la rançon ) avec le pardon sans paiement, n'a pas eu ses
sens convenablement exercés. Si Dieu avait pardonné à Adam, il l'aurait
rétabli dans les privilèges d'Eden au milieu des arbres qui
entretenaient la vie ; il y vivrait encore, et sa nombreuse famille ne
serait pas morte par la désobéissance
d'un seul ».
Si à, n'importe quel moment, Dieu devait venir au secours de l'homme et
lui pardonner, cela impliquerait la libération complète de toute
imperfection, maladie, douleur et mort : cela signifierait la pleine
restitution de tout ce qui fut perdu. Dès lors, il est évident que Dieu
n'a pas pardonné le péché originel, mais qu'il maintient encore les
rigoureuses exigences de sa sainte loi et de la condamnation prononcée
contre le pécheur. Pour le monde, il n'existe même aucun signe extérieur
indiquant qu'il a été racheté, que la rançon a été déposée (*)[ Voir
préface de l’auteur — Trad.]
Seuls. les croyants le savent et ils l'acceptent, non par la vue
mais par la foi dans la Parole de l'Éternel ; nous avons déjà cité de
nombreux textes bibliques confirmant cela Les preuves visibles de la rançon
seront discernables durant le Millénium, lorsque l’œuvre du rétablissement
sera en voie d'exécution, et que le Rédempteur commencera à exercer les
droits qu'il a rachetés afin d'être celui qui restitue et rétablit.
Les termes rémission et pardon sont employés non pas relativement au
monde et à son péché originel, mais concernent ceux qui, par la foi
dans le Rédempteur et dans son oeuvre, sont considérés comme étant
passés de la mort à la vie, de la condamnation à la justification. Le
grand Rédempteur qui les acheta, qui racheta aussi les accusations dressées
contre eux, leur pardonne gratuitement et les met de nouveau à l'épreuve
pour la vie, en les soumettant à l'esprit de la Loi divine et non à sa
lettre. Outre cette rémission du passé, il continue à leur pardonner et
à pardonner toutes leurs offenses ( lesquelles ne seront pas volontaires
tant qu'ils auront son nouvel esprit ou disposition — 1 Jean 3 : 9 ; 5 :
18 ). Il compte toutes ces imperfections involontaires de pensées,
paroles et actes comme faisant partie du péché originel et de sa dépravation
agissant encore dans leur chair par l'hérédité. De même, il est dit du
Père Céleste qu'il a de la miséricorde pour nous, qu'il pardonne nos
transgressions, et qu'il nous accorde sa grâce ( faveur ) , mais
l'explication en est que toute sa grâce nous est accordée par l'intermédiaire
du sacrifice de notre Seigneur Jésus : nous sommes justifiés
gratuitement par sa grâce, par la rédemption qui est dans le Christ Jésus
; lequel Dieu a présenté pour propitiation [ satisfaction ] par la foi
en son sang — afin de montrer sa justice par la rémission [ pardon ]
des péchés précédents ( Rom. 3 : 24, 25 — Glaire et Vigouroux
). Il est encore déclaré :
« Nous avons la rédemption par son sang, la rémission des fautes [ péchés
] selon les richesses de sa grâce ». —
Eph. 1 : 7 ; Col. 1 : 14.
« Nous avons été réconciliés avec Dieu par la mort de son Fils »
, c'est-à-dire que Dieu cessa de retenir contre nous nos péchés, parce
que le prix de notre rançon avait été payé, lui-même ayant pourvu à
la chose, car il nous a tant aimés qu'il a donné son Fils pour nous
racheter. C'est ainsi que « Dieu était en Christ réconciliant le monde
avec lui-même, en n'imputant point aux hommes leurs péchés ( mais les
imputant à son Fils bien-aimé qui se donna librement en se substituant
à nous ). Les péchés furent imputés à l'humanité jusqu'à la mort de
Jésus ; alors Dieu nous remit nos péchés, C'est-à-dire cessa de nous
imputer ce qui avait été payé par notre Rédempteur ou Substitut. Dieu
ne PARDONNA pas, c'est-à-dire « ne renonça nullement à l'exécution du
châtiment », mais Il fit « tomber lui [ notre Rédempteur ]
l'iniquité de nous tous » ( Es.
53 : 6 ). « Il porta [ le châtiment de ] nos péchés en son corps
sur le bois » ( 1 Pi. 2 : 24 ). Ainsi voyons-nous comment Dieu nous
pardonna gratuitement , « à cause de Christ » et parce qu'il paya
le châtiment qui était la pleine satisfaction de la justice. — 1 Jean
1 : 7 ; 2 : 12 ; Eph. 4 : 32 ; Actes 4 : 12 ; 10 : 43 ; 13 : 38 ; Luc
24 : 47.
Que l'on ne commette pas l'erreur de croire que Dieu contraignit le juste
à mourir pour les injustes. La Justice ne pouvait pas infliger le châtiment
du coupable à l'innocent, à moins que ce dernier ne se donnât librement
en se substituant au coupable ; c'est ce que fit notre Seigneur Jésus.
Les Écritures déclarent qu'il donna sa vie de son propre gré, non par
crainte de la colère divine, non parce qu'on l'y forçât, « mais pour
la joie qui était placée devant Lui la joie d'obéir au Père,[ la joie
de racheter et de rétablir l'humanité et d'amener beaucoup de fils à la
gloire ] il endura la croix . — Héb. 12 : 2.
Les termes grecs ( apoluo, aphiemi et aphesis ) traduits dans le Nouveau
Testament par, « rémission », « acquitté »
et « remettre », et aussi, improprement par « pardon
», ont le sens de « Libérer d'un châtiment, cesser d'avoir du
ressentiment à l'égard de ». Ces termes ne signifient cependant
pas, comme on le croit souvent, qu'il s'agit
d'une libération, d'une remise gratuite sans une contrepartie équivalente,
ainsi que le mot français pardon le laisserait entendre. Ce n'est pas que
Dieu laissera partir le pécheur sans conditions, mais comme le déclarent
les Écritures, Dieu fera
sortir les prisonniers de la fosse ( de la mort ), parce qu'il a trouvé
une rançon ( Job 33 : 24 ). L'homme
Christ Jésus se donna en rançon ( prix correspondant ) pour tous ( 1
Tim. 2 : 6 ). C'est pourquoi tous ceux qui sont dans leurs sépulcres
( les prisonniers dans la fosse ) entendront sa voix et sortiront ( en
temps voulu ) lorsque le Rédempteur « prendra sa grande puissance et son
règne ».
Bien que le mot pardonner ne se trouve pas dans le texte grec du Nouveau
Testament, il y a un terme grec d'une signification presque identique
charizomai (*) [ Référence Strong N°5483 — Trad.] Il veut dire remettre gratuitement. Nous allons donner
quelques exemples de l'emploi de ce terme et l'on verra ainsi qu'il ne
s'oppose pas, mais confirme au contraire la déclaration que notre Père
ne pardonne pas, ou ne libère pas inconditionnellement les pécheurs du
châtiment du péché. Le mot charizomai se trouve en tout douze fois
seulement, comme par exemple : « Vous pardonnant les uns aux autres
comme aussi Christ vous a pardonné » : ( Col. 3 : 13 ). «
Et comme ils n’avaient pas de quoi payer, il leur remit ( Darby «
quitta » Trad.) à, tous deux leur
dette » ; Celui
… auquel il a le plus remis »
Luc 7 : 42, 43.
Voilà donc quatre exemples dans lesquels il est question de rémission
gratuite ou pardon. Mais remarquez que ce n'est pas Jéhovah, mais Christ
Jésus et les disciples qui
accordent le pardon gratuit. Notre Seigneur Jésus était en train de
pourvoir au prix de la rançon de Simon, de Marie et des autres, et se
rendant compte que la Justice serait satisfaite par son acte, il pouvait
en qualité d'acheteur, leur pardonner gratuitement. Le but même de son
rachat des pécheurs était de pouvoir les libérer gratuitement de la
condamnation du péché. Si notre Seigneur Jésus n'avait pas été disposé
à pardonner à ceux qu'il avait rachetés de son propre sang, s'il avait
toujours retenu contre eux le salaire du péché d'Adam, son sacrifice
aurait été sans valeur pour eux ; ils seraient restés ce qu'ils étaient,
« maudits », condamnés. D'autre part, si le Père nous avait pardonné
la mort de Christ aurait été inutile, sans valeur, puisqu'elle
n'aurait rien accompli.
Tous admettront que Dieu est juste ; s'il en est ainsi, il n'infligea pas
un châtiment trop sévère à l'homme quand il le priva de la vie. Si
donc cette condamnation était juste il y a six mille ans, elle l'est
encore maintenant, et le sera toujours pendant les temps futurs. Si la
condamnation fut trop sévère et que Dieu pardonne au pécheur ( le libère
de la prolongation de la peine ), cela prouve soit que Dieu fut alors
injuste, ou qu'il l'est maintenant. S'il était juste, il y a six mille
ans, qu'il prive de la vie l'humanité à cause du péché, il serait
injuste, maintenant encore, de lui restituer la vie à moins que la peine
prononcée n'ait été justement annulée par le paiement d'un prix équivalent.
Cela ne pouvait être accompli seulement que par le sacrifice volontaire
d'un autre être de la même nature dont le droit à la vie était intact,
se donnant lui-même comme substitut ou rançon.
« Ta
justice est ferme à jamais
Comme les monts inébranlables »
Ce principe même de justice, qui dirige tous les actes de Dieu, est le
fondement de notre ferme confiance dans toutes ses promesses. Les Écritures
déclarent qu'il est le même hier, aujourd'hui et éternellement, et que
chez lui, « il n'y a ni variation, ni ombre de changement »
( Jacq. 1 : 17 ). S'il était changeant au point de condamner à
mort la race au jour d'Adam puis, six mille ans après, de révoquer
sa décision, quelle assurance pourrions-nous avoir que dans six
mille ans, plus ou moins, il ne pourrait changer de nouveau, et nous
renvoyer dans la prison de la mort en retirant, son pardon à quelques-uns
ou à tous ? Comme race de pécheurs
nous n'avons aucune raison d'espérer une vie éternelle future, sinon le
fait que, par la grâce de Dieu, Christ mourut pour nous et satisfit ainsi
aux exigences de la Justice contre nous.
Ainsi donc, pour autant que cela concerne Jéhovah, nous obtenons la rémission
de nos péchés par le moyen qu'il a choisi, c'est-à-dire par Christ. En
ce qui concerne nos rapports avec notre Seigneur Jésus qui nous acheta,
il pardonne gratuitement à tous ceux qui veulent aller au Père par lui.
Et en ce qui nous concerne, nous sommes très favorisés par la réalisation
des dispositions divines ou du plan de Dieu ; en fait, cela revient au même
que si le Père avait pardonné sans condition et sans rançon, à cela près
que la connaissance du fait nous permet d'apprécier les dispositions
divines par la raison, et de comprendre comment, bien que nos péchés étaient
comme le cramoisi, nous sommes faits maintenant plus blancs que la neige,
et comment Dieu est juste tout en nous justifiant et en nous libérant.
Ainsi Dieu nous a-t-il fourni un sûr fondement pour notre foi et notre
confiance.
LA MORT N'ANNULE-T-ELLE PAS
LA DETTE DE L'HOMME
Lorsque, à un moment donné, on a saisi que le salaire du péché c'est
la mort ( et non le tourment
éternel ), il y a chez beaucoup une tendance à raisonner faussement sur ce sujet, ce qu'encourage,
évidemment, le grand Adversaire. Ce faux raisonnement amène à
dire ; Si le salaire du péché c'est la Mort, chaque homme qui
meurt, paie donc le châtiment de son péché, et par conséquent,
argumente-t-on, il n'est pas besoin d'un Rédempteur ni d'un prix de la
rançon, chacun se rachetant lui-même en payant le prix de son propre châtiment.
Autre argument : la Justice n'a plus rien à prétendre de l'homme après
la mort puisqu'elle a exercé toutes ses rigueurs et satisfait tous ses
droits sur lui en le détruisant. En conclusion, prétend-on, l'étape
suivante doit être forcément une résurrection des morts, la prochaine
chose convenable à attendre. Cette manière de voir ferait de
l’exigence divine demandant un sacrifice de rançon pour le péché de
l'homme une injustice, un double paiement du châtiment.
Que ce raisonnement soit vrai ou faux, il est en violente opposition avec
les Écritures qui déclarent, au contraire , que nous avions besoin
d'un Sauveur et qu'il était essentiel qu'il donnât le prix de notre rançon,
avant que nous puissions être libérés de la condamnation du péché
d'Adam et avoir un droit quelconque à une vie future. Nous avons déjà
fait mention de ces passages bibliques, et ils sont trop nombreux pour être
répétés maintenant : nous
nous bornerons donc à dévoiler la fausseté de cette conception précitée
en nous efforçant de montrer que le raisonnement correct sur les faits
est en accord absolu avec le témoignage des Écritures
selon lequel la mort de notre Seigneur, comme prix de notre rançon
était essentielle, afin que Dieu pût être juste tout en justifiant
celui qui croit en Jésus et l'accepte comme son Rédempteur.
Si le châtiment du péché avait simplement été d'être mourant, si l'Éternel
avait dit à Adam : Parce que tu as péché, tu devras subir l'épreuve pénible
de demeurer dans une condition mourante, alors, en vérité, Adam et, les
autres mourants auraient satisfait à cette condamnation en subissant
cette condition mourante. Mais cette condamnation est toute autre : c'est
la mort, et non le fait d'être mourant (*) (*)[ Trad. Littérale du texte
original en hébreux : « Mourant, tu mourras » ( Référence :A
new old Testament » — Interlinear, par George Ricker Berry).] ; or
la mort, c'est l'absence de la vie, la destruction. Ainsi donc, si l'homme
paie le prix de sa condamnation, cela signifie qu'il doit rester mort,
privé de vie à toujours. « L'âme » [ l'être ] qui pèche, celle-là
mourra ». Comme nous l’avons déjà fait ressortir, cette
destruction de l’âme (être), conformément à la sentence, aurait été
éternelle, sans la rédemption accomplie par notre Seigneur. C’est en
considération de cette rédemption que la mort est transformée en ce
qui, au figuré, est appelé un « sommeil » ; en effet,
grâce à cette rédemption, il y aura un réveil de ce sommeil de la mort
en temps voulu, effectué par le Rédempteur, en plein accord avec la
Justice divine dont il a satisfait à toutes les exigences. Si donc, comme
nous l’avons vu, il n’y avait pas eu de rédemption [ rançon ], la
mort adamique eût été ce que doit être la Seconde Mort, c’est à
dire « la destruction éternelle de devant la présence du Seigneur
et de devant la gloire de sa force » ( 2 Thess. 1 : 9 ) .
Lorsqu’on a bien compris ce sujet, il ne peut subsister aucun doute dans
l’esprit de tout homme raisonnable que le paiement du châtiment du péché
enlève à l’homme tout ce qu’il a, et ne lui laisse rien pour
souffrir, ni pour se réjouir. D’autre part, plus nous approfondissons
ce sujet d’après ce point de vue, plus clairement nous pouvons voir
dans quelle grave difficulté fut englobée notre race frappée par la
sentence divine, et plus nous apprécions la nécessité de la rançon.
Lorsque nous avons bien
compris cette partie du sujet, il devient évident pour nous que notre
Seigneur Jésus, en devenant notre Rédempteur, en se donnant comme prix
de notre rançon, fut frappé de la même condamnation originelle que
l'humanité, à savoir que « l'homme
Christ Jésus » goûta la mort pour nous, dans le sens le
plus absolu du terme qui est celui de la « destruction éternelle ».
C'est pourquoi nous ne connaissons plus Christ selon la chair. La chair,
la nature humaine, fut donnée comme le prix de notre rançon, et le fait
qu'elle ne fut pas reprise nous garantit que tous les avantages bénis de
cette rançon seront valables pour la famille humaine entière sous les
conditions de la Nouvelle Alliance, que toutes les perfections et tous les
droits qui appartenaient à notre cher Rédempteur comme homme furent donnés
en échange des droits semblables d'Adam qui avaient été perdus par sa désobéissance,
et que ces droits devront donc être donnés à tous ceux qui voudront les
accepter aux conditions divines pendant les « temps du rétablissement de
toutes choses dont Dieu a parlé par la bouche de tous ses saints prophètes
de tout temps ». — Actes 3 : 19-21.
« QUI VEUT QUE TOUS LES HOMMES SOIENT SAUVÉS »
« Qui veut que tous les hommes soient sauvés et qu'ils parviennent à la
connaissance de la vérité ». — 1 Tim. 2 : 4.
Un autre danger de faux raisonnement sur le sujet de la rançon embarrasse
le sentier de quelques-uns. Il y a beaucoup de gens qui, à un moment donné,
ajoutaient facilement foi au témoignage des hommes, sans aucune preuve
scripturale, à savoir que le salaire du péché est le tourment éternel,
destiné à tous les humains à l'exception de « ceux qui ont le cœur
pur », le « Petit Troupeau », « l'Église élue » ; après
avoir été délivrées de cette terrible erreur, ces personnes sont portées
à aller à l'extrême opposé, et à accepter sous quelque forme ou façon
la doctrine du salut éternel universel.
La
grande majorité de ceux qui adoptent cette erreur « universaliste »
nient la rançon d'une manière absolue, mais certains ; se rattachent à
l'universalisme à cause de leur foi dans la rançon dont ils n'arrivent
pas cependant à comprendre clairement la mise en oeuvre. Ces derniers
s'appuient volontiers sur le texte cité plus haut et ils raisonnent ainsi
: si Dieu veut que tous les hommes soient sauvés, tout est résolu, car
le temps vient où sa volonté sera faite sur la terre comme au ciel. Nous
comprenons donc, disent-ils, que la rançon donnée pour tous les hommes
par l'homme Christ Jésus a pour effet d'obtenir le salut de tous et, de
ce fait, d'accomplir la volonté de Dieu. Et ils se fortifient dans leur
erreur en disant : lorsque nous considérons cela, étant donné que Dieu
a accepté le sacrifice de la rançon de Jésus, il est tenu, en toute
justice, de sauver tous les pécheurs, et de leur rendre à nouveau la vie
éternelle perdue en Eden. Nous établissons leur position aussi fortement
que possible, de manière à pouvoir leur répondre d'une manière
satisfaisante et sans trace d'esprit de contestation.
La
difficulté touchant ce raisonnement est qu'il n'est pas suffisamment
compréhensible. Il retient quelques points des Écritures, mais en néglige
beaucoup d'autres auxquels il faudrait prêter l'oreille et dont le témoignage
devrait influencer fortement la conclusion finale. En outre, ce
raisonnement cite partiellement et interprète mal les Écritures supposées
l'appuyer d'une manière particulière.
Notre
Père céleste déclare : « Je ne prends point plaisir à la mort de
celui qui meurt, dit l'Eternel Dieu. Revenez donc et vivez », ( Ezéch.
18 : 32 ). Cette grande faveur d'une offre de vie, par le moyen d'un Libérateur
au monde condamné, n'est pas une chose nouvelle de la part de notre Père
céleste. Il ne change pas ; il a toujours eu cette bonne volonté envers
ses créatures. Il aurait pu en faire de simples machines,
intellectuellement et moralement, sans être libres de vouloir ou d'agir
contrairement à son bon plaisir : mais il voulut faire non pas des
machines humaines, mais des hommes à sa propre image, à sa propre
ressemblance, ayant la liberté de choisir, de vouloir, pouvant choisir le
bien ou le mal. Il ne cherche pas, pour l'adorer, des êtres qui ne
pourraient faire autrement ou qui devraient le faire par force, mais comme
il le déclare : « Il cherche des adorateurs qui l'adorent en esprit et
en vérité », volontairement, par amour et appréciation de ses
principes de justice et de sa personne elle-même, que ces principes représentent.
— Jean 4 : 23.
Néanmoins,
c'est dans le même temps où Dieu avait cette même bonne volonté envers
les hommes, qu'il permit à Adam de faire son propre choix entre l'obéissance
et la désobéissance, et lorsque ce dernier eut choisi la désobéissance,
ce même Dieu, qui ne prend aucun plaisir à la mort de celui qui meurt,
prononça la condamnation et, depuis six mille ans, en fait assurer l'exécution.
Maintenant qu'il a pourvu à une rédemption en Christ Jésus, et à une
occasion pour chaque membre de la famille humaine de rentrer en harmonie
avec lui et d'obtenir par Christ la vie éternelle, il a, en même temps
et d'une manière indiscutable, fixé des conditions nécessaires pour
obtenir cette vie éternelle. Selon les termes de la Nouvelle Alliance,
tout homme devra renouveler son cœur, avoir un esprit droit envers Dieu,
et lui obéir entièrement. L'exécution des exigences de cette Nouvelle
Alliance n'est seulement possible que grâce à l'aide du Médiateur de
cette Alliance ; c'est pourquoi il est déclaré que celui qui a le Fils
peut avoir la vie, et que celui qui n'éprouve aucun intérêt pour le
Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui. —
Jean 3 : 36.
Cela
est en plein accord avec la déclaration faite que Dieu ne prend point
plaisir à la mort de celui qui meurt, et d'accord aussi avec l'exposé du
Nouveau Testament que « Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et
parviennent à la connaissance de la vérité ». Néanmoins, les Écritures
indiquent que ceux qui repoussent la miséricorde divine offerte en
Christ, dédaignent, ce faisant, la faveur divine et mourront sûrement de
la Seconde Mort qui est le salaire ou le châtiment du péché qu'ils ont
préféré à la justice.
page
558 Remarquez en outre que le texte, que nous examinons, indique
simplement que c'est la volonté de Dieu que tous les hommes soient, sauvés
de l'ignorance, de l'aveuglement et de la dégradation qui se sont
abattus, sur la race par le fait du péché d'Adam. Il n'y a pas ici, la
moindre allusion à un salut éternel ; il s'agit simplement de rentrer en
possession de ce qui fut perdu par Adam ; on ne doit
pas oublier qu'Adam le père n'a pas perdu la vie éternelle, car
bien qu'il possédât une vie parfaite affranchie de tout élément de
mort, il fut néanmoins placé en Eden pour être mis à l'épreuve, afin
de montrer si, par son obéissance à Dieu, il développerait un caractère
en harmonie avec Dieu, et serait ainsi estimé digne de la vie éternelle.
Si donc Adam et sa race sont rachetés de la malédiction de la mort,
cette rédemption, ce salut qui les libère de la sentence de mort ne leur
confère pas la vie éternelle, mais leur octroie simplement le droit aux
conditions favorables perdues par Adam, et leur offre une nouvelle mise à
l'épreuve pour obtenir la vie éternelle.
Cette
nouvelle épreuve, procurée à Adam et à toute sa race, sera vraiment
plus favorable, à certains égards, que ne le fut l'épreuve originelle
d'Adam, à cause de la connaissance très augmentée des humains. L'homme
a eu une occasion d'apprendre l'excessive culpabilité du péché, et il
aura celle d'apprendre la félicité de la justice, et de la grâce de
Dieu en Christ. Cette connaissance sera d'un grand secours à tous ceux
qui s'en serviront durant la nouvelle mise à l'épreuve pour obtenir la
vie éternelle dans l'Age millénaire, lorsque, pendant mille ans, le
monde entier sera mis en jugement ou à l'épreuve, devant le grand trône
blanc, pour obtenir la vie éternelle. —
Apoc. 20 : 4.
Ce salut qui libère de la « malédiction », cette reprise de
position face à des occasions favorables de connaissance, c'est cela que
Dieu veut ; et c'est pour cela qu'il a désigné comme Médiateur
entre Dieu et l'homme, l'homme Christ Jésus, qui se donna lui-même en
rançon pour tous, témoignage rendu en son propre temps.
Cette
déclaration que c'est la volonté de Dieu que « tous les hommes
soient sauvés » de la sentence adamique, trouve un parallèle dans la déclaration
faite par le même Apôtre en Rom. 11 : 26 : « Et ainsi, tout Israël
sera sauvé ». La pensée exprimée dans ce dernier passage, n'est
pas que tout Israël sera sauvé éternellement, mais simplement que tout
Israël sera sauvé de son aveuglement, sera délivré de l'aveuglement
qui s'abattit sur le peuple dans son ensemble, parce que la nation rejeta
le Messie. Ainsi, la pensée du texte examiné est également de portée
restreinte et s'applique seulement au désastre adamique : Dieu veut que
tous les hommes soient sauvés, non seulement de la juste sentence qu'il
prononça et qui coupa court à l'épreuve d'Adam ( il a déjà accompli
ceci avec la mort de son Fils ), mais il veut aussi que tous les
hommes soient délivrés de l'ignorance et de l’aveuglement par
lesquels, depuis la chute, Satan a obscurci leur esprit : « Le dieu de ce
siècle a aveuglé les pensées des incrédules pour que l'Evangile de la
gloire du Christ, qui est l'image de Dieu, ne resplendit pas pour eux » ( 2 Cor. 4 : 4
). Dieu veut que tous soient ainsi délivrés de tout le cortège de maux
qui suivirent le péché d'Adam et sa malédiction, afin de parvenir à la
connaissance de la vérité. Pourquoi veut-il cela ? Afin qu'ayant une
claire connaissance de la vérité, ils puissent faire le meilleur usage
possible de la nouvelle mise à l'épreuve pour la vie que le sacrifice (
la rançon ) de leur Rédempteur a obtenue pour eux. C'est pour accomplir
ce programme, la volonté de Dieu, que le Rédempteur inaugurera son
Royaume millénaire, en liant d'abord Satan ( en supprimant toutes les
mauvaises influences extérieures et ensuite il libérera l'homme de son
aveuglement, comme il est écrit
« les yeux des aveugles s'ouvriront » ( Es. 35 : 5 ).
Pour la même raison, à savoir que la nouvelle épreuve sera des
plus favorables à l'homme, Dieu a disposé que cette oeuvre
se fera graduellement et
exigera un millier d'années.
LA JUSTICE N’ A PAS D'OBLIGATION
DU FAIT DE LA RANCON
Une
autre erreur est celle de prétendre que Dieu est maintenant tenu, par sa
propre justice, de rétablir chaque humain. Nous trouvons, au contraire,
que Dieu n'a contracté aucune obligation ; il a simplement vendu la
race au Seigneur Jésus Christ qui, nous l'avons vu précédemment, «
nous acheta avec son sang précieux ». Le Père céleste n'a assumé
aucune responsabilité à l'égard de la race ; il n'a pas de rapports
avec elle ; il n'a même pas l'intention d'en juger les membres, pour
savoir si oui ou non, ils seront dignes d'obtenir la vie éternelle ; la
Parole nous assure, au contraire, qu'il a remis toute cette affaire au
Fils : c'est ce dernier qui acheta la race ; par suite, il en est le
Seigneur, le maître, le gouverneur, le possesseur, le Juge, le Prophète,
le Sacrificateur et le Roi ; en harmonie avec le plan du Père, il dispose
toutes choses pour rendre conforme à lui-même l'Église élue de cet Age
de l'Évangile ; celle-ci doit participer à l’œuvre grandiose
consistant à éclairer le monde et à rétablir ceux qui seront obéissants.
Le
fait que le Père céleste disposa de la race entière en faveur de notre
Seigneur Jésus ne veut pas dire qu'il n'éprouve aucun intérêt pour
elle, mais il a ainsi disposé les choses pour satisfaire aux exigences de
sa loi. Les lois divines sont inflexibles et ne tolèrent pas la plus légère
imperfection, le plus petit péché, car ces lois sont faites pour des êtres
parfaits, et notre Père céleste ne créa jamais rien d'imparfait. Tout
ce qu'il y a d'imperfection et de péché est venu de la dépravation qui
survint après l'achèvement de l’œuvre créatrice de Dieu. Si donc, il
devait admettre le péché chez les humains, et entrer en relation directe
avec l'homme imparfait, cela signifierait : (1) que tous seraient
promptement condamnés comme imparfaits et indignes de vivre ou bien (2)
que Dieu ne tiendrait pas compte de nos fautes, ne les condamnerait pas et
pardonnerait nos imperfections, ce qui serait en violation des lois de son
empire. C’est donc pour le bien de l'homme, aussi bien que pour préserver
intactes ses propres lois, que le Père a remis toute la race entre les
mains de Jésus, son Rédempteur. Jésus, par contre, peut traiter avec la
race de manière à être miséricordieux ( non pas « juste » )
envers les êtres imparfaits recherchant
la perfection, jusqu'à ce qu'il les ait amenés degré par degré,
plus haut, plus haut, plus haut, à la perfection à la fin du Millénium.
A ce moment-là, ceux qui auront obéi au grand Prophète seront prêts à
être remis par le Médiateur entre les mains du Père, car ils auront
atteint, par le moyen de Christ, la perfection, conforme au modèle divin,
tandis que tous les autres seront retranchés dans la Seconde mort ( Actes
3 : 23 ). Si donc, même avec nos péchés passés effacés, nous étions
mis à l'épreuve devant le tribunal de la justice absolue du Père, nos
imperfections actuelles entraîneraient une nouvelle condamnation à mort
; c'est pour cette raison que l'Apôtre, nous mettant en garde contre le
danger qu'il y a de se jouer des occasions qui nous sont offertes en
Christ, déclare : « C'est une chose terrible que de tomber entre les
mains du Dieu vivant » ( Héb. 10 : 31 ). Les dispositions
divines à l'égard des pécheurs ne connaissent aucune miséricorde,
sinon en Christ et par lui, par son oeuvre de réconciliation et de rétablissement
en qualité de Rédempteur : en dehors de cette disposition, la loi de
Dieu est la justice rigide, sans aucune indulgence, prête à consumer
comme un feu tout ce qui souillé.
Qui
ne peut voir que si Dieu pouvait traiter avec les pécheurs et que,
pardonnant leurs péchés, il pouvait accepter leurs meilleurs efforts,
malgré leurs imperfections. il n'y aurait pas eu besoin d'un Rédempteur,
ni d'une Nouvelle Alliance en son sang ? En outre, chacun des saints anges
pourrait logiquement, s'il le voulait, dire : Dieu a bien pardonné un péché
dans la famille humaine, il ne saurait être moins miséricordieux envers
nous , si donc nous en avons le désir, nous serons libres de commettre un
péché, et il nous est permis de compter sur la miséricorde divine pour
nous le pardonner et d'espérer que Dieu ne nous rejettera pas en nous
privant de sa communion. Ainsi donc, tous ceux qui n'avaient pas encore
participé au péché seraient en danger de le commettre, pendant toute l'éternité.
Ceux qui se confieraient dans une miséricorde divine dominant la justice
et la loi divines, excusant et pardonnant leur péché, seraient un
exemple déplorable invitant les saints anges à goûter aussi au péché
et à se confier dans le pardon divin. Dans de telles conditions, il
n'est, pas surprenant pour nous que Dieu, dans l'intérêt de toutes ses
saintes créatures, aussi bien que pour son propre plaisir, ait décidé
qu'il n'admettrait que la perfection absolue chez toutes ses créatures,
et qu'il fait de la Justice la base de son trône. — Ps. 89 : 14 (D.).
« AUCUN AUTRE NOM... PAR LEQUEL IL NOUS FAILLE ÊTRE SAUVÉS »
De
ce point de vue, nous comprenons plus clairement que jamais auparavant que
toutes les miséricordes divines envers la race déchue sont obtenues en
Christ et par lui, que le Père céleste n'accorde personnellement, ou indépendamment
du Fils, aucune miséricorde et qu' il n'y a point d'autre nom sous le
ciel, qui soit donné aux hommes, par lequel il nous faille être sauvés »
( Actes 4 : 12 ). Nous comprenons aussi que l’œuvre du Sauveur n'est
pas accomplie simplement en rachetant la race, mais qu'après l'avoir
achetée, il est nécessaire qu'il soit le Grand Médecin, pour la guérir
de la maladie du péché, et pour la rétablir à la vie et à toutes les
perfections de la nature humaine ; ainsi, éventuellement, par l’œuvre
graduelle du rétablissement au cours des mille ans de son règne, Christ
achèvera la préparation finale de tous ceux qui lui obéiront, pour les
présenter absolument parfaits au Père, à la fin du Millénium.
Nous tournant alors
vers le Sauveur, à qui a été donnée « toute puissance » pour
sauver, nous nous demandons si oui ou non il se propose de sauver pour l'éternité
tous ceux qu'il a rachetés, ou bien, si oui ou non, il a fait des réserves
à cet égard. Nous constatons que les Écritures exposent clairement
qu'il y a des restrictions : par exemple, elles nous décrivent l'Age millénaire
comme le temps où la malédiction adamique sera levée et ne reposera
plus sur les hommes, le temps où n'aura plus cours le proverbe qui dit :
les pères ont mangé des raisins verts et les dents des enfants en ont été
agacées, « car en ce
temps-là, chacun de ceux qui mourront, mourra pour son propre péché et
non pour celui d'un autre » ( Jér. 31 : 29, 30 ). Nous trouvons également
la déclaration que lorsque le Seigneur régnera sur les nations, « ceux
qui font le mal seront retranchés » ( Ps. 37 : 9 ). D'autre part, l'Apôtre
Pierre, après avoir parlé de ces « temps de rétablissement », ou
Age millénaire, déclare qu'alors «
toute âme qui n'écoutera [ n'obéira ] pas [ à ] ce Prophète, [ le
Christ glorifié — tête et corps ] sera exterminée d'entre le peuple »
( Actes 3 : 19-23). Faisant
allusion à ce même type, un autre des Apôtres déclare « Si quelqu'un
a méprisé la loi de Moïse, il meurt sans miséricorde : ... d'une
punition combien plus sévère sera jugé digne celui qui a foulé aux
pieds le Fils de Dieu, et qui a estimé pro-fane [litt. commun, ordinaire]
le sang de l'alliance [de sacrifice] par lequel il avait été sanctifié
[non pas justifié] (*)[ Reprints 4435 — Trad. ]
et qui aura outragé l'Esprit de grâce [divine] ! ... C'est une
chose terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant ». « Car si
nous péchons volontairement après avoir reçu la connaissance de la Vérité
[ la connaissance de la grâce de Dieu en Christ, à laquelle Dieu veut
que tous viennent à un certain moment ] il ne reste plus de sacrifice
pour les péchés, [ l'expiation pour le péché adamique ne couvrira pas
les péchés volontaires contre la lumière et la connaissance ], mais une
certaine attente terrible de jugement [ rétribution ] et l'ardeur d'un
feu qui va dévorer les adversaires ». — Héb. 10 : 26-31.
Il
nous est clairement montré ici que les adversaires du Moïse-antitype (
le Christ glorifié ) seront dévorés ou détruits d'une manière plus sévère
encore que ne le furent ceux qui s'opposèrent à Moïse. Mais si ceux qui
s'opposèrent à Moïse furent punis de mort, comment ceux qui s'opposent
à Christ peuvent-ils être traités plus sévèrement ? Nous répondons
que la mort infligée par Moïse affectait simplement le reste de vie
adamique possédé par les condamnés, mais ne pouvait toucher l'être, ou
âme, véritable que Dieu s'était proposé de racheter et qu'il racheta
effectivement par le sacrifice de la rançon de Christ. Cependant, celui
qui, après avoir eu la connaissance de sa rédemption, refusera d'obéir
au Moïse-antitype, sera puni plus sévèrement, car il perdra non
seulement quelques années de sa vie condamnée, mais encore son âme, son
être, son existence pour toujours, et cela sans aucun espoir de délivrance
; ceux-là et tous les adversaires seront dévorés, consumés comme du
chaume, des épines et des
chardons qui encombrent le sol.
D'une
manière semblable, tout le Nouveau Testament témoigne catégoriquement
que la loi de Dieu contre le péché sera rigoureusement appliquée par le
Médiateur, les seules exceptions à cette règle absolue, étant faites
pour tenir compte des faiblesses et de l'ignorance des humains ; nous
avons le témoignage également que du fait que ces faiblesses et cette
ignorance seront vaincues durant l'Age millénaire, par l’œuvre
graduelle du rétablissement, les exigences de la loi de Justice
deviendront de plus en plus strictes jusqu'à ce que, finalement, le
jugement par lequel notre Seigneur éprouvera, à la fin de l'Age millénaire,
tous ceux qui resteront, ne sera pas moins sévère, pas moins crucial,
que celui du Père céleste ; dans cette épreuve, tomberont dans la
Seconde Mort tous ceux qui pratiqueront le péché ou sympathiseront avec
lui sous quelque forme et à quelque degré que ce soit. La perfection
ayant été alors réalisée par les humains qui en auront été dignes
sous l'action de l’œuvre graduelle du rétablissement, les exigences de
la Justice seront rigoureusement conformes à toutes les prescriptions de
la droiture, à l'égard de toute parole, de toute action et de toute pensée.
Nous
pouvons voir ainsi que la volonté de Dieu sera faite sur la terre comme
au ciel — nous souvenant : (1) que c'est la volonté de Dieu que tous
soient délivrés de la malédiction adamique et parviennent à la
connaissance de la vérité ;
(2) que c'est la volonté de Dieu que la vie éternelle soit donnée à
tous ceux qui obéissent ; (3) que c'est également la volonté de Dieu
que tous ceux qui désobéissent « soient détruits du milieu du
peuple ». Cet accomplissement de la volonté de Dieu aura lieu sur la
terre, également, et nul ne pourra l'empêcher.
La
rançon ayant été fournie à l'effet que tous les hommes puissent être
délivrés de la transgression adamique,
certains supposent qu'on doit s'attendre à un rétablissement
instantané à la perfection complète de la nature humaine pour le genre
humain. Mais une telle attente n'est ni scripturale ni raisonnable. Les Écritures
ne laissent en rien entendre que l’œuvre du rétablissement sera
instantanée, mais au contraire elles montrent qu'elle sera graduelle. La
tendance à s'attendre à un rétablissement instantané à la perfection
absolue de la nature humaine est le résultat d'un faux raisonnement par
lequel on suppose que la race ne pourrait être convenablement mise à l'épreuve
pour la vie éternelle, sans être placée dans des circonstances aussi
favorables que le fut Adam le père, c'est-à-dire sans être rendue aussi
parfaite qu'il l'était. Nous allons prouver que cela est faux, que les
hommes peuvent recevoir une épreuve beaucoup plus favorable pendant
qu'ils sont imparfaits. Ce faux raisonnement précité suppose aussi que
les faiblesses et les imperfections, communes à tous les hommes par suite
de la chute, seraient des obstacles insurmontables qui empêcheraient les
rachetés d'obéir à la loi divine, mais nous verrons que Dieu a
abondamment pourvu à toutes les exigences de la situation. Si, au
contraire, l’humanité en général était rétablie instantanément à
la perfection de la nature humaine identique à celle dont jouissait Adam,
cela signifierait pour les humains :
(1)
Qu'étant des êtres parfaits, il serait exigé d'eux l'obéissance
parfaite à la loi parfaite de Dieu, et qu'aucune excuse ne serait admise
de même qu'aucune ne le fut pour Adam, le père. S'il est vrai qu'un
petit nombre d'humains pourrait passer favorablement une épreuve de ce
genre, à cause de l'expérience présente du péché et des leçons
apprises sous cette expérience, nous devons néanmoins nous souvenir que
la majorité des humains seraient tout aussi déficients sous le rapport
de la connaissance du péché et de son châtiment que le fut Adam, le père,
parce que le plus grand nombre des humains sont morts dans la première
enfance, et les autres, dans une grande proportion, sont morts dans une
ignorance relativement grande des différences entre la droiture et,
l'iniquité.
(2)
Une telle manière de procéder annulerait, dans une large mesure du
moins, la grande leçon que Dieu a enseignée au monde pendant six mille
ans pour lui faire comprendre combien le péché est exécrable et doit être
évité, car jusqu'ici la plupart des humains n'ont eu vraiment que bien
peu de connaissance de la justice. Le cours d'instruction ne sera achevé
pour l'humanité, que lorsqu'elle aura reçu. durant l'Age millénaire,
les leçons portant sur le côté opposé de la question, montrant combien
il est sage et profitable de pratiquer la justice.
(3)
La race, si elle était rétablie instantanément à la perfection, serait
pratiquement une nouvelle race qui aurait perdu, pour ainsi dire, tout, le
bénéfice de ses expériences, car aucun de ses membres ressuscités
parfaits, avec des facultés et des pouvoirs parfaits, ne serait capable
de s'identifier complètement avec l’être qui, antérieurement,
possédait des facultés et des capacités imparfaites ; quant aux
enfants qui n'auraient jamais eu de connaissance, même d’eux-mêmes, il
serait, impossible de les identifier. Si donc, tel était le plan de Dieu,
il aurait pu tout aussi bien créer tout d'abord en Eden millions
d'êtres humains, et les mettre alors tous à l'épreuve, que d’
adopter un plan qui, par un rétablissement instantané, placerait des
millions d’êtres dans des conditions identiques, sans aucun profit que
soit de leurs expériences
actuelles avec le péché.
(4)
Si chaque individu était ainsi rendu parfait, instantanément,
il n'y aurait pour l'Église son Seigneur, comme postérité
d'Abraham, aucune occasion de bénir le monde, ni de remplir envers lui la
mission de la « Sacrificature royale » ( Gal. 3 : 16, 29
). La disposition prise par Dieu pour former une « Sacrificature
royale » implique qu'il y a des faiblesses, des imperfections chez
certains de ceux que les sacrificateurs doivent aider et instruire.
Ceux-ci auront aussi à accepter sacrifice et offrandes pour le péché,
présentés par les humains, qui recevront d'eux, en retour, la miséricorde
et le pardon des péchés. Il n'y aurait aucune raison de former une telle
sacrificature, si le plan de Dieu comportait un rétablissement instantané
au second avènement.
(5)
Si le rétablissement devait être une oeuvre
instantanée, pourquoi
le « temps de rétablissement », aurait-il dû être fixé de mille
ans, alors qu'une seule année serait un temps largement suffisant pour un
rétablissement instantané à la perfection l'humaine et pour une mise à
l'épreuve comme celle que subit Adam ?
(6)
Si les humains devaient être amenés instantanément à la perfection
absolue, cela impliquerait qu'il n'y aurait plus désormais aucune
possibilité de miséricorde en
leur faveur. Ils seraient sans excuse à l'égard de toute transgression
volontaire, délibérée, intentionnelle. De plus, tout individu coupable
de transgression, serait frappé personnellement par la sentence de mort,
comme pécheur volontaire. Il n'y aurait plus de rédemption possible pour
ceux-là ; ce ne serait plus du tout comme pour Adam, lorsque par « la
désobéissance d'un seul », une race entière fut comprise dans la
condamnation, et qu'ainsi un autre homme parfait devint le rédempteur de
cette race. Dans notre cas particulier, chaque individu, serait un
transgresseur personnel, et
serait frappé personnellement par la sentence de mort. Si l'on voulait
alors libérer de nouveau un transgresseur individuel du châtiment même
d'une seule transgression, il faudrait une vie pour racheter sa vie :
s'il y avait un million de transgresseurs,
il faudrait qu'un million d'humains parfaits et saints meurent en
sacrifice pour expier leurs péchés ; mais Dieu, ayant pris des
dispositions complètes pour tous en Christ, n'a pris aucune disposition
en vue de n'importe quel autre sacrifice pour les péchés. Les humains,
une fois rétablis à la perfection par Christ, ne pourraient prétendre
à rien de plus par le mérite de son sacrifice parce que tous auraient reçu
tous les dons miséricordieux projetés et assurés par sa rançon. Ceux
qui auraient subi un rétablissement complet n'auraient plus, dès lors,
aucun droit à bénéficier du sacrifice pour les péchés.
Mais
considérons maintenant le caractère raisonnable du plan divin d'un rétablissement
graduel qui progresse en proportion du développement de la réconciliation
de l'homme avec le Créateur et sa loi, et les bienfaits de ce plan pour
l'humanité :
(1)
Tous, en vertu de la rançon donnée, doivent être réveillés de la mort
adamique, comme s'il s'agissait d'un sommeil, ce sera le premier stade des
bénédictions du rétablissement. Ils seront dès lors sous les soins,
sous la garde, sous la haute surveillance des membres de la sacrificature
royale, que l'expérience du péché et la victoire sur le péché, dans
cet Age de l'Évangile, auront formés et préparés à être patients et
secourables envers ceux sur lesquels ils règneront, comme Rois aussi bien
que comme Sacrificateurs. — Apoc. 5 : 10.
L'identité
de l'individu sera conservée, par le fait qu'il sera réveillé
exactement aux mêmes conditions que celles perdues à sa mort. Les
diverses étapes de son affranchissement progressif du péché et des
faiblesses du temps présent, seront pour lui des leçons très
profitables en ce qui concerne le péché et en ce qui concerne les
bienfaits de la justice. Ainsi, pas à pas, le grand Rédempteur élèvera
vers la perfection les humains qui feront des progrès pour l'obtenir, et
cela dans la proportion où ils voudront suivre cette voie ; ceux qui, par
contre, ne feront pas de progrès malgré toute la connaissance et les
occasions qui leur seront alors accordées, seront, à l'âge de cent ans,
retranchés de la terre des vivants, dans la seconde mort, sans aucun
espoir d'un rétablissement ou d'une occasion futurs ; en effet, ayant eu
cette occasion, et étant parvenus à une connaissance notable du bien et
du mal, ils auront repoussé la grâce de Dieu en Christ, en ne tenant pas
compte des instructions du Grand Prophète, et auront refusé de marcher
dans le grand chemin de la sainteté ( Es. 65 : 20 ; 35 : 8 ). Néanmoins,
comme l'indique le Prophète, en mourant à l'âge de cent ans, ils
pourront être considérés simplement comme des enfants, parce que tous
ceux qui voudront faire quelque progrès, pourront continuer à vivre au
moins jusqu'à la fin de l'Age millénaire.
(2)
Dans, cette marche ascendante et
progressive sur le grand chemin de la sainteté, au cours de l'Age millénaire,
les humains, bien que toujours imparfaits, seront dans cette mesure
couverts encore par les mérites du sacrifice de la rançon pendant qu'ils
apprendront graduellement des leçons précieuses et qu'ils cultiveront
divers fruits de l'Esprit ; dans l'intervalle, nombre d'infractions ou d'écarts
se produiront encore, dûs à l'imprudence ou à la suite d'essais
d'autres méthodes : ces fautes seront encore considérées comme des
faiblesses adamiques et seront à ce titre, pardonnables le Souverain
Sacrificateur.
Prétendre que la
perfection physique ou la perfection de la connaissance soient nécessaires
pour une mise à l'épreuve pour la vie éternelle ou la mort éternelle,
c'est nier que l'Église soit maintenant à l'épreuve dans ces
conditions, alors que tous doivent, concéder que les Écritures
affirment le contraire. Des perfections de ce genre ne seront pas
davantage essentielles pour la mise à l'épreuve du monde. Les humains
seront amenés, comme nous, d'abord à la connaissance de la grâce de
Dieu en Christ avant qu'aucune mise à l'épreuve puisse commencer, et
cette connaissance, Dieu a promis qu'ils l'auraient. Pendant qu'ils
subiront l'épreuve, et pour couvrir leurs faiblesses héréditaires, ils
auront les mérites de Christ, le Médiateur de la Nouvelle Alliance et
cela pendant le temps fixé pour parvenir à la perfection ( *). [ « … while
attaining perfection »— Trad.] Ce
n'est pas avant la fin du règne du Messie que les humains obéissants
parviendront à la perfection complète.
(3)
Les Écritures montrent que le Millénium est le Jour du Jugement du
monde, disant : « Dieu
a établi un jour auquel il doit juger en justice la terre habitée, par
l'homme [ le Christ, Tête et corps ] qu'il a destiné à cela »
( Actes 17 : 31 ). Si
le plan de Dieu était de contraindre le monde entier ou de sauver éternellement
tous les membres de la race d'Adam, pourquoi appellerait-on l'Age prochain
un Jour de Jugement ? Jugement signifie mise à le épreuve, test ( ou
examen, ou essai - Trad. ), et cela implique le rejet de ceux qui ont été
jugés impropres au but proposé et, par contre, l'acceptation et la bénédiction
de ceux qui se sont prouvés dignes. Le Jugement est pour la vie éternelle
ou pour la mort éternelle.
Il
est à remarquer que la parabole de notre Seigneur sur les brebis et les
boucs est applicable, non à l'Age de l'Évangile, mais au monde dans le
Millénium. Elle débute ainsi (**)[ Matth. 25 : 31 — Trad. ] :
« Quand le Fils de l'Homme viendra dans sa gloire », — et
s'assiéra sur son trône glorieux quand, selon sa promesse, son épouse,
l'Église « élue prendra part à son trône et à sa gloire — « alors
toutes les nations seront rassemblées devant lui » ; et il les jugera,
et séparera les brebis, les
mettant à la droite de sa faveur, et les boucs à la gauche de sa défaveur.
Cette séparation et ce jugement occuperont tout l'Age millénaire, et à
la fin, les « brebis » seront toutes accueillies dans la faveur du
Père — la vie éternelle — et les « boucs » désobéissants,
avec leur chef Satan et tous les méchants, seront punis de la «
destruction éternelle, retranchés, de la vie pour toujours, destruction
symbolisée par un étang de feu et de soufre, la Seconde Mort.
Les
Écritures montrent le jugement de ce grand jour de Jugement millénaire
comme ayant lieu devant un grand trône blanc de pureté et de justice ;
elles nous font voir quelle sera la décision du Juge : ceux qui auront,
durant ce temps, cultivé et développé l'esprit du Père céleste,
l'esprit d'amour, jusqu'à la perfection, seront comptés comme étant le
peuple du Seigneur et recevront le « Royaume [ le Royaume terrestre] préparé
pour eux dès la fondation du monde ». Les autres qui, pendant cette
occasion favorable, n'auront pas développé, au plus haut degré,
l'esprit d'amour dans leur caractère, à la ressemblance de celui du
Seigneur, seront comptés comme des adversaires du Seigneur et, avec
Satan, seront détruits. — comparez Apoc. 20 : 9-13.
RANÇON - SUBSTITUTION
La
doctrine de la substitution, clairement enseignée dans les Écritures, et
fermement, défendue pendant des siècles
par les chrétiens, tend aujourd'hui à être abandonnée par ceux qui
croient au tourment éternel : raisonnant plus clairement que par le passé,
ils discernent en général que si le tourment éternel est le salaire du
péché et si notre Seigneur Jésus fut notre substitut dans le paiement
de notre condamnation, cela impliquerait que, comme substitut, il faut
qu'il soit dans le tourment éternel, autrement nous ne pourrions être
libérés du péché. Ce raisonnement est assez juste, la difficulté est
que les prémisses en sont fausses, car le tourment éternel n'est pas le
salaire du péché ni la peine infligée à l'homme. Néanmoins, dans
l'esprit de beaucoup, il reste un
préjugé général contre l'idée de substitution,
même après qu'ils ont compris que le salaire du péché c'est la
mort, que notre Seigneur pouvait être et fut le substitut de l'homme dans
la mort, et qu'il souffrit exactement ce que l'homme devait souffrir, dans
le sens le plus positif et le plus absolu. Beaucoup de gens ont un préjugé
contre ce mot substitution et demandent : Est-ce que le terme « substitution »,
est employé dans les Écritures ? Sinon, pourquoi l'employer ?
Voici
notre réponse : Le mot « substitution » est un terme français [
et anglais également - Trad. ] et aucun mot français [ ni anglais ---
Trad. ] n'est employé dans les Écritures qui furent écrites en grec et
en hébreu. Pourtant, si les traducteurs de nos versions françaises
avaient voulu le faire, ils pouvaient, avec une parfaite convenance,
employer le mot « substitution » parce qu'indubitablement,
le texte grec contient l'idée de substitution et de substitut en
de nombreux endroits. Le fait que le mot ne s'y rencontre pas provient
simplement de ce que les traducteurs ne l'ont pas employé ; cependant, étant
donné que nous cherchons à nous pénétrer de la pensée des Écritures
dans les textes originaux, il est convenable que ce mot « substitut »
soit utilisé parce que tout ce qui est en opposition à l'idée renfermée
dans le substitut est également en opposition avec l'idée contenue dans
le mot rançon. Comme nous l'avons déjà vu, les Écritures abondent en déclarations
que nous avons été achetés par le précieux sang de Christ qui nous a délivrés
en livrant sa propre âme à la mort pour payer la rançon de la nôtre.
Qu'est-ce ceci, sinon une substitution ?
Lorsqu'une
chose est achetée, ce qui est payé pour la chose achetée est substitué
à cette dernière. Par exemple, si nous achetons un pain avec une pièce
de monnaie, nous échangeons l'argent pour le pain, autrement dit nous
substituons l'argent au pain. Si un fermier porte un sac de blé au
moulin, et reçoit en échange une valeur équivalente en farine, le blé
a été substitué à la farine et la farine a été substituée au blé.
L'un est un prix correspondant (*)[ ou équivalent —Trad.], une rançon, un substitut pour
l'autre. C'est ainsi que dans le sens le plus absolu du mot, notre
Seigneur, l'homme Christ-Jésus, se livra lui-même à la mort comme une
rançon, en se substituant dans la mort à Adam le père ( et à la race
qui avait perdu la vie en lui ) ; il fut une rançon pour tous, un
substitut, un prix correspondant. A la vérité, dans ce dernier exemple,
les faits sont plus précis que dans presque n'importe quel autre exemple
que nous pourrions supposer, sauf
dans le cas d'un échange de prisonniers de guerre, où l'on procède généralement
avec grande minutie : celle d'échanger soldat pour soldat. colonel pour
colonel, général pour général, chaque adversaire exigeant un prix équivalent,
homme pour homme. L'achat du pain avec de l'argent n'est pas un exemple
aussi parfait, parce que le pain et l’argent, quoique de même valeur,
ne sont pas de la même espèce. Dans le cas de la rédemption de l'homme,
Dieu exigea qu'il y eût correspondance absolue en nature, en perfection,
en toutes choses : un parfait substitut, un prix parfaitement
correspondant devait être payé avant que la race pût être libérée de
la sentence divine.
Un
emploi du mot « substitut »,
commun parmi les hommes, a servi à jeter la confusion à cet égard. En
temps de guerre, lorsqu'un contingent est nécessaire, et qu'un homme est
pris pour servir dans l'armée, il est parfois. autorisé à chercher un
substitut qui le remplace, sert à sa place dans l'armée l'homme qui
fournit le substitut est ensuite libéré de toute obligation militaire.
Cet emploi particulier du mot « substitut » dans les choses militaires
convient assez bien dans le sens que l'homme qui est accepté par
l'officier, comme substitut de celui qui est libéré, doit répondre aux
exigences physiques du moment ; en second lieu, il faut qu'il soit lui-même
un homme non appelé et, par conséquent, libre de s'offrir comme
substitut. Ces détails correspondent au cas que nous considérons. Notre
Seigneur s'offrit pour être le substitut à la place d'Adam le père ;
il répondait à toutes les exigences du gouvernement divin, en ce qu'il
était, de toutes manières, qualifié pour être le substitut d'Adam, Il
répondait aussi à l'exigence qu’il n'était pas déjà sous la
sentence de mort quand il prit notre place, s'offrir lui-même et fut
accepté. Il avait une vie libre à donner, pour la vie perdue d'Adam.
Mais
ici s'arrête l'analogie entre les deux substitutions, parce que, dans le
cas du soldat, l'appel ou sentence était de prendre part à la guerre et
à ses épreuves et difficultés, etc.. tandis que dans le cas d'Adam,
l'appel, la sentence était pour la mort. L'harmonie entre ces deux
emplois du mot « substitut »
finit quand le soldat est accepté et part pour l'armée, ceci
correspondant à l'acceptation par Dieu de l'offrande de notre Seigneur Jésus
et, à son départ pour la mort. Le soldat substitué ayant été accepté
à l'armée, le nom de l'appelé était donc rayé des listes d'appel,
comme exempté ; quand Christ entra dans la mort pour Adam, le nom
d'Adam fut rayé de la liste de la condamnation divine. Le parallèle ne
va pas plus loin.
Nous
agirons certainement avec sagesse en ne cherchant pas sans nécessité à
imposer ce terme « substitution » à ceux qui, déjà, sont
victimes du préjugé, par suite d'une mauvaise compréhension du sujet et
qui, en raison même de ce préjugé, se trouveraient empêchés
d'accorder à cette question toute l'attention convenable et tout le sérieux
qu'elle mérite. Néanmoins, nous devons veiller spécialement dans notre
propre cœur, à ce que nous soyons entièrement fidèles à l'idée de
substitution laquelle est l'idée de la rançon. Quiconque, après avoir
convenablement compris le sujet, ne croit pas que Christ fut notre
substitut, n'exerce pas la foi en la rançon et, partant, ne possède pas
la foi qui justifie devant Dieu.
UN AUTRE PLAN DE SALUT N'ÉTAIT-IL
PAS POSSIBLE?
Beaucoup
de gens qui ne comprennent qu'imparfaitement le sujet de la rançon, ont
tendance à le discuter, et à dire qu'ils ne peuvent voir pourquoi Dieu
n'aurait pu sauver le monde de quelque autre manière que par la mort de
Son Fils, comme substitut ou prix de la rançon de l'homme. Nous leur répondons
qu'ils ne voient pas le sujet de la manière qui convient. La question
qu'ils devraient se poser n'est pas de savoir si Dieu n'aurait pas pu
adopter quelque autre moyen, mais bien : a-t-il adopté quelque autre
moyen, ou a-t-il adopté le plan de la rançon?
Sans
aucun doute, la sagesse de Dieu aurait pu adopter un autre plan de salut
pour l'humanité, mais nous pouvons, tout aussi positivement, poser en
principe qu'aucun autre plan, qui aurait été élaboré, n'aurait été
meilleur et, pour autant que notre jugement et notre connaissance peuvent
nous porter à le concevoir, aucun autre plan n'aurait pu être fait, même
par le Tout-Puissant, qui eût
été aussi bon que celui qu'il adopta, toutes les circonstances et les résultats
s'y rattachant étant pris en considération. Le fait que Dieu adopta un
plan différent à l'égard des anges déchus prouve, pourrions-nous
dire, qu'il aurait pu adopter un plan différent à l'égard de
l'homme déchu. Il aurait pu faire avec l'homme ce qu'il fit avec les
anges, mais (*) [ Voir « Le
spiritisme Ancien et Moderne » ], nous l'avons vu, cela n'aurait pas été
plus favorable, mais aurait peut-être été moins désirable, selon le
jugement de beaucoup de personnes.
Même
si nous devions supposer que par de tels plans, Dieu aurait béni et
finalement rétabli un aussi grand nombre d'humains, nous verrions
d'autres désavantages de cette méthode, à savoir : (1) combien
plus terrible aurait été la dégradation morale de notre race, si elle
avait été laissée en possession de toutes ses facultés mentales et
physiques, et s'il lui avait été simplement permis de tomber moralement !
Quelle somme de péchés peut être apprise à fond dans la courte période
de dix, vingt, cinquante ou cent ans, et quels abîmes de méchanceté
auraient pu être explorés, et exploités, si les humains avaient continué
à vivre avec des facultés intactes pendant six mille ans, séparés de
Dieu, mais non condamnés à mort !
(2)
Si même un tel plan de salut arrivait à sauver, éventuellement, un
nombre aussi grand d'humains que le fera le plan adopté par Dieu, il ne
nous aurait jamais révélé au même degré les qualités du caractère
divin : (a) Nous voyons la Justice de Dieu dans l'infliction de la peine
de mort, « même sur ceux qui ne péchèrent pas selon la
ressemblance de la transgression d'Adam » mais qui naquirent simplement
dans le péché, furent conçus dans l'iniquité et enfantés pécheurs,
par hérédité ( Rom. 5 : 14, 12 , Ps. 51 : 5 ), Dieu nous a ainsi révélé
une justice qui, en aucun sens, n'acquittera le coupable, et n'acceptera
rien qui ne soit absolument, parfait. (b) Il nous a ainsi révélé un
amour, infiniment plus grand que celui que nous aurions pu concevoir
autrement, un amour qui nous suivit et qui prit possession de nous «
alors que nous étions encore des pécheurs », en payant pour nous
le grand prix de la rançon de notre délivrance. (c) L'adoption de ce plan qui consista à condamner l'homme à
mort, à le racheter de la mort, et ensuite, en temps voulu, à le rétablir
en le délivrant de la mort par une résurrection,
fournit à Dieu l'occasion de déployer sa puissance à un degré
qui surpasse de beaucoup tout ce qui avait trait à sa création antérieure,
si merveilleuse fût-elle ; il est incontestable en effet, qu'il faut
une puissance plus grande pour accomplir la promesse divine de la résurrection
de millions d'êtres qui ont vécu et qui sont, morts — pour les faire
revenir avec leur propre identité, leur personnalité consciente étant
ce qu'elle était — que celle qui fut nécessaire pour la création du
premier homme. (d) Après son complet achèvement, ce plan divin révélera
la sagesse divine d'une manière telle qu'aucun autre plan n'aurait pu la
montrer, pour autant que nous soyons aptes à considérer d'autres plans.
Il montrera comment Dieu connaissait la fin dès le commencement, et
comment il a exécuté toutes choses selon le conseil de sa propre volonté,
même quand les anges et les hommes ne comprenaient pas le but et
l'intention de ses opérations, et même quand les anges déchus et Satan
supposaient qu'ils déjouaient la volonté divine. Il démontrera
d'une manière indubitable que Dieu peut faire concourir toutes choses au
bien, et à la réalisation du dessein divin. En fin de compte, il démontrera
que la Parole qui sort de sa bouche ne retourne pas à lui sans effet,
mais qu'elle exécute tout ce qui est son bon plaisir et accomplit les
choses pour lesquelles il l'a envoyée. — Esaïe 55 : 11.
En
outre, si, à l'égard de l'homme, Dieu avait suivi le même plan qu'avec
les anges qui péchèrent, ou tout autre plan concevable, jamais Dieu
n'aurait offert une occasion aussi splendide pour l'élection de l'Église
de l'Evangile qui doit être le corps de Christ ; il n'y aurait pas
eu, en effet, la même occasion magnifique pour le Logos d'être éprouvé,
de démontrer sa fidélité, son obéissance au Père céleste, puis à
cause de cela, d'être souverainement élevé et rendu participant de la
nature divine. Il n'y aurait eu aucune occasion non plus pour le petit
troupeau des rachetés de marcher sur les traces du Maître. Et
finalement, nous voyons que ces leçons ne sont pas destinées à
l'humanité seule, mais aussi à toutes les créatures intelligentes de
Dieu sur chaque plan d'existence ; ces leçons ne serviront pas pour
quelques siècles seulement, mais pour toute l'éternité.
« O profondeur des richesses et de la sagesse et de la connaissance
de Dieu ! Que ses jugements sont insondables, et ses voies
introuvables ! Car qui a connu la pensée du Seigneur, ou qui a été Son
conseiller ?.. ... Car de Lui, et par Lui, et pour Lui, sont toutes choses !
A Lui soit la gloire éternellement ! Amen ! » — Rom, 11 :
33-36.
Le précieux sang
NON, tout le sang
des bêtes
Aux
antiques autels
Ne
rendait la paix aux mortels,
Non
plus leurs âmes nettes.
Mais Christ l'Agneau
céleste
Ota
tous nos péchés ;
Sacrifice
aux noms recherchés,
Sang
plus riche, du reste.
Vois, mon âme, en
arrière,
Le
fardeau qu'Il porta.
Quand
pour moi sa vie Il quitta ;
Ta
rançon considère !
(Hymne 190)
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