ÉTUDES
DANS LES ÉCRITURES
Volume
V —
RÉCONCILIATION ENTRE DIEU ET L'HOMME
ÉTUDE
V
LE SOUVERAIN SACRIFICATEUR
DE LA RÉCONCILIATION
« RENDU SEMBLABLE A SES FRÈRES »
PEUT
« COMPATIR A NOS INFIRMITÉS
»
Qui sont « ses frères » ?
— En quoi consista la ressemblance ? — Comment fut-il « tenté en
toutes choses comme nous, sans commettre le péché » ? — Les
tentations au désert. — Leur ressemblance aux nôtres. — Certaines
d'entre elles « séduiraient, s'il était possible, les Élus mêmes ».
— En quel sens notre Seigneur fut-il rendu parfait par les
souffrances ? — Quoique Fils, il apprit l'obéissance. — Comment
fut-il fait en ressemblance de chair de péché, et cependant sans péché
? — « Il s'est chargé de nos infirmités ». — Comment fut-il
« touché » ( de compassion) ?
« C'est pourquoi il dut , en toutes choses, être rendu semblable à ses
frères, afin qu'il fût un miséricordieux et fidèle Souverain
Sacrificateur dans les choses qui concernent Dieu, pour faire propitiation
(réconciliation) pour les péchés du peuple ». — Héb.
2 : 17.
Il existe deux conceptions populaires opposées, qui, toutes deux, entrent
en conflit avec toutes les diverses déclarations de la Bible concernant
les rapports de notre Seigneur avec l'humanité ; une troisième, savoir
l'opinion de la Vérité, est seule capable de concilier les divers
passages des Écritures, ou
de satisfaire la raison sanctifiée. Des deux conceptions fausses, mais
populaires, l'une prétend que notre Seigneur Jésus était le Dieu
Tout-Puissant, Jéhovah, qui se revêtit simplement de chair humaine, sans
éprouver réellement la sensibilité des épreuves, des tentations et des
conditions ambiantes de la nature humaine. L'autre prétend qu'il était
un pécheur, ayant part aux imperfections de notre race, comme les autres
humains, mais qu'il combattit le péché et lui résista avec plus de succès
que les autres humains. Nous allons essayer de montrer que ces deux
conceptions sont erronées, et que la vérité se trouve entre les deux :
en effet, le Logos « étant en forme de Dieu »,
un êtreesprit, fut réellement un homme quand il fut « fait
chair », « l'homme
Christ Jésus », mais « séparé
des pécheurs », un homme parfait
préparé pour être le « prix correspondant » du premier homme parfait
dont la chute engloba notre race, et dont la rédemption englobe également
la race.
Il est donc tout à fait convenable, sous ce rapport, en cherchant à démontrer
la vue biblique exacte sur ce sujet, que nous examinions diverses
citations des Écritures qui ont été faussées et mal employées pour
prouver que notre Seigneur avait des défauts, et était sujet aux mêmes
passions que les membres de la race déchue. Nous soutenons que s'il avait
été dans cette condition, il lui aurait été impossible, comme il l'est
pour nous, d'observer parfaitement chaque détail de la loi divine qui déterminait
la pleine mesure des capacités de l'homme parfait ; cette loi ne
pouvait donc être observée par des humains imparfaits. C'est pourquoi,
le fait même qu'en notre Seigneur il n'y avait pas de péché, le fait même
qu'il plaisait au Père, et fut acceptable comme offrande pour le péché,
comme prix de la rançon d'Adam (et la race perdue en lui), prouvent
indirectement sa perfection, comme nous soutenons que la Bible l'enseigne
partout.
Mais les « frères » de
notre Seigneur n'étaient pas immaculés, ils n'étaient pas séparés des
pécheurs. Comment, dans ces conditions, pouvait-il à la fois être «
fait semblable à ses frères », et être séparé des pécheurs ? On
trouve la réponse à cette question lorsque l'on reconnaît le fait que
ce ne sont pas les humains, les pécheurs en général, qui sont visés
comme étant « ses frères ». Adam,
à la vérité, fut reconnu comme fils de Dieu à sa création, et
jusqu'au moment de sa transgression (Luc 3 : 38) , mais pas après. Tous les membres de sa race sont appelés
dans les Écritures des « enfants de colère » (Eph. 2 : 3). Seuls, ceux
qui ont « échappé à la condamnation qui est sur le monde »,
et qui sont rentrés en accord avec Dieu, par Christ, sont autorisés
par les Écritures à se
considérer des fils de Dieu (Jean 1 : 12). Des autres, notre Seigneur déclare
: « Vous avez pour père le diable, et vous voulez faire les convoitises
de votre père» (Jean 8 : 44). Notre Seigneur Jésus ne se compta jamais
comme l'un des enfants du diable, ni comme un des « enfants de colère »,
mais il déclara qu'il « procédait et venait de Dieu ».
Il ne reconnut pas non plus comme « ses frères »
aucun de ceux qui étaient encore des « enfants de colère ».
Les seuls considérés comme « les frères du Seigneur » sont ceux qui, ayant échappé à la condamnation qui pèse
sur le monde, ont été rapprochés du Père par le sang de Christ, ont reçu
« l'esprit d'adoption » (*)
[« Sonship »— grec : huiothesias
« filiation » — Diaglott
(Réference Strong N°
5206 — Trad .).] dans la
famille de Dieu, et la promesse de la « filiation »
complète à l'établissement du Royaume (Rom. 8 : 15, 23 ; Gal. 4:
5). Puisqu'ils sont justifiés, considérés comme libérés de la
culpabilité adamique, considérés comme rendus justes par le sang de
Christ, ils sont semblables à notre Seigneur Jésus, « ses frères » dans tous les sens du mot, dans une position analogue de
faveur divine et de séparation du monde. Des consacrés de cette classe,
notre Seigneur déclare : « Ils ne sont pas du monde, comme je ne suis
pas du monde ». « Je vous ai choisis du monde »
(Jean 15 : 19 ; 17 : 16). On peut voir aisément de ce point de vue
que notre Seigneur fut « fait semblable à ses frères »,
exactement, en tout point. Non pas que ses « frères »
fussent dans cette condition au moment où il s'humilia et fut fait
chair, car il n'avait aucun frère à cette époque, sauf que cette classe
était préconnue de
Dieu Eph. 1 : 5, 11 ; Rom. 8 : 9) ; mais l'arrangement divin était
tel que Dieu prévit qu'il pouvait être juste, et cependant justifier
ceux de la race des pécheurs qui accepteraient sa grâce par Christ ; de
ce fait leurs péchés seraient couverts, ne leur seraient plus imputés,
mais seraient imputés à celui « qui porta nos péchés en son corps sur
le bois ». Dieu arrangea
d'avance, préconnut, son dessein d'appeler les membres de l'Église de l'Évangile
pour être « cohéritiers avec Jésus-Christ, notre Seigneur »,
d'un héritage incorruptible, sans tache, immarcescible, réservé
dans les cieux. C'est en considération de ce plan arrangé d'avance, que
les prophètes parlèrent, par anticipation, de tous ceux qui
constitueraient cette classe, comme étant les « frères »
de Christ. Prophétiquement, notre Seigneur est représenté comme
disant au Père : « J'annoncerai ton nom à mes frères ; je te
louerai au milieu de l'Église » (Ps.
22 : 22 ; Héb. 2 : 12). Puisque le programme divin était que notre Seigneur
fût non seulement le Rédempteur du monde, mais aussi un modèle pour les
« frères », qui seraient ses cohéritiers,
il était donc convenable en accomplissant le programme divin, que
dans toutes ses épreuves et expériences, il fût « fait semblable à
ses frères ».
« IL A ÉTÉ TENTÉ EN TOUTES CHOSES COMME NOUS,
A PART LE PÉCHÉ ».
— Héb. 4 : 15 —
On
remarquera que cette expression ne veut pas du tout dire que Jésus fut
tenté en toutes choses comme le monde est tenté, mais bien comme nous,
ses disciples, le sommes. Il ne fut pas tenté, dans le domaine des appétits
dépravés pour des choses coupables, reçus par hérédité, d'une lignée
terrestre ; mais étant saint, innocent, sans souillure et séparé des pécheurs,
il fut tenté de la même manière que le sont ses disciples de cet Age de
l'Évangile qui marchent non
selon la chair, mais selon l'esprit, et qui sont jugés, non selon les
infirmités de leur chair, mais selon l'esprit de leur entendement, selon
leur nouvelle volonté, leur nouveau cœur. — Rom. 8 : 4 ; 2 Cor. 5 : 16
; Jean 8 : 15.
On voit cela très clairement à propos des tentations de notre Seigneur
dans le désert, immédiatement après sa consécration et son baptême au
Jourdain. — Matth. 4 : 1-11.
(1) La première tentation fut la suggestion présentée par Satan qu'il
fit usage du pouvoir divin qu'il venait de recevoir au Jourdain, pour
satisfaire ses propres besoins, en changeant les pierres en pains. Ce n'était
pas là une tentation imputable en aucun sens à l'hérédité ou à
l'imperfection. Notre Seigneur avait passé quarante jours sans prendre de
nourriture, étudiant le plan divin, cherchant à la lumière du saint
Esprit qu'il venait de recevoir, à déterminer quelle serait sa propre
ligne de conduite dans la vie, afin d'accomplir la grande mission pour
laquelle il était venu dans le monde, savoir la rédemption du monde. La
suggestion qui lui était faite d'employer le pouvoir spirituel qui lui
avait été conféré et qu'il savait être en sa possession, pour
satisfaire aux nécessités de sa chair, pouvait, à première réflexion,
paraître raisonnable ; mais notre Seigneur discerna immédiatement qu'un
tel usage de son don spirituel serait mauvais, ce don ayant une autre
destination ; aussi repoussa la suggestion en disant : « Il est écrit
: L'homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de
la bouche de Dieu ». Les «
frères» du Seigneur ont parfois de semblables tentations de l'Adversaire,
des suggestions d'utiliser des dons spirituels pour la poursuite
d'intérêts temporels. Des suggestions de ce genre sont insidieuses, et
constituent des canaux par lesquels très souvent le peuple consacré de
Dieu est détourné par l'Adversaire
vers des abus de plus en plus grands de bénédictions divines.
(2) L'Adversaire suggéra à
notre Seigneur des moyens de fakir pour inaugurer sa mission envers le
peuple : il se précipiterait du pinacle du temple au fond de la vallée,
aux yeux de la multitude qui, le voyant sain et sauf, aurait ainsi la
preuve de son pouvoir surhumain, serait amené à l'accepter comme Messie
et à collaborer avec lui à l’œuvre
à accomplir. Mais notre Seigneur vit de suite que de pareilles méthodes
étaient entièrement en désaccord avec le plan divin ; il réfuta même
l'emploi abusif d'un passage des Écritures cité par Satan (apparemment
pour mieux insinuer le mal). Rien ne put faire dévier notre Seigneur des
principes de justice. Il répliqua immédiatement qu'une telle manière de
faire serait tenter la providence divine de façon totalement
injustifiable, et partant, indigne de la moindre considération. Lorsque
le devoir ou le danger l'appelait, le Maître n'hésitait pas, mais se
rendait compte de la capacité du Père de préserver ses intérêts ;
toutefois la vraie confiance en Dieu n'implique pas de s'exposer au
danger, sans l'ordre divin, et uniquement pour une exhibition, et dans un
esprit de fanfaronnade.
Les frères du Seigneur ont aussi des tentations de cette nature ; ils ont
besoin de se rappeler cette leçon et cet exemple donnés par le Prince de
notre Salut. Nous ne devons pas nous précipiter sans réflexion dans le
danger, et nous estimer ainsi de vaillants soldats de la croix. Des
« exploits téméraires » peuvent ne pas paraître insensés aux
enfants du malin, mais ils sont totalement inconvenants chez des enfants
de Dieu. Ces derniers soutiennent une guerre qui exige un courage encore
plus grand. Ils sont invités à accomplir des services auxquels le monde
n'applaudit pas, qu'il n'apprécie même pas, mais souvent persécute. Ils
sont appelés à endurer l'ignominie, les sarcasmes du monde ; et même à
supporter que les incirconcis de cœur « disent toute sorte de mal »
faussement contre eux à cause de Christ. A cet égard, les disciples du
Chef de notre salut suivent le même chemin que leur Maître, et marchent
sur les traces de leur Chef. Il faut un plus grand courage pour surmonter
la honte et l'ignominie subies dans le monde, où le service de Dieu est
si peu en honneur, que pour quelque grand et merveilleux exploit qui
provoquerait l'étonnement et l'admiration de l’homme naturel.
L'un des plus importants combats de ceux qui marchent dans ce sentier étroit
est celui qu'ils mènent contre leur propre volonté, afin de l'amener à
la plus complète soumission à la volonté du Père céleste et de l'y
maintenir ; c'est la lutte pour gouverner leur propre cœur, pour écraser
les ambitions qui naissent et sont naturelles même chez un homme parfait,
pour éteindre ces feux ardents, et pour présenter leur corps et tous les
intérêts terrestres en sacrifices vivants au service de Dieu et de sa
cause. Telles furent les épreuves dans lesquelles notre Chef gagna la
victoire et ses lauriers, et telles sont également les épreuves de ses
« frères ». « Qui gouverne son esprit [l'amenant en complète
soumission à la volonté de Dieu] est plus fort que celui qui prend une
ville »(*) [ Prov. 16 : 32.
] ; il est aussi plus grand
que celui qui, par une fausse conception de la foi, sauterait du pinacle
d'un temple, ou ferait quelque autre chose d'une folle témérité. La véritable
foi en Dieu ne consiste pas en une crédulité aveugle et en suppositions
extravagantes touchant sa sollicitude providentielle ; mais elle consiste,
au contraire, en une confiance tranquille dans les infiniment grandes et
précieuses promesses que Dieu a faites, confiance qui rend les fidèles
capables de résister aux divers efforts tentés par le monde, la chair et
le diable pour détourner leur attention, confiance qui suit avec soin les
lignes de la foi et de l'obéissance tracées pour nous dans la Parole
divine.
(3) La troisième tentation présentée à notre Seigneur par l'Adversaire
avait trait à la domination terrestre qui lui était offerte avec
la perspective d'un succès rapide dans l'établissement de son royaume,
sans avoir à souffrir, ni à mourir — sans la croix, à la condition de
passer un compromis avec l'Adversaire. Ce dernier prétendait — et sa prétention ne fut pas
contestée — qu'il possédait le gouvernement du monde ; il offrait sa
collaboration pour que le Royaume de Justice que notre Seigneur venait
pour établir, puisse l'être rapidement. Satan sous-entendait qu'il était
las de conduire le monde dans le péché, l'aveuglement, la superstition,
l'ignorance ; que dès lors, il éprouvait de la sympathie pour la mission
de notre Seigneur qui consistait à venir en aide à la pauvre race déchue.
Ce qu'il désirait conserver, toutefois, c'était une influence maîtresse
ou directrice dans le monde ; c'est pourquoi le prix à payer pour qu'il
le ramenât dans la voie de la justice, le prix de sa collaboration avec Jésus
dans une oeuvre de bénédictions
du rétablissement, était que Jésus le reconnût lui, Satan, comme le
gouverneur suprême du monde, dans sa condition régénérée ; de ce
fait, Satan voulait que notre Seigneur lui rendît hommage.
Nous devons nous souvenir que la rébellion de Satan contre l'autorité
divine avait eu pour cause l'ambition d'être lui-même un monarque — «
semblable au Très-Haut » (Es. 14 : 14). Nous rappelons que ce fut là le
principal mobile des assauts qu'il livra avec succès à nos premiers
parents en Eden, en vue de les aliéner, de les séparer de Dieu, et d'en
faire ainsi ses esclaves. Nous pouvons aisément supposer qu'il aurait préféré
être le monarque de sujets plus heureux que « la création gémissante
» : il aurait préféré des
sujets ayant la vie éternelle. Il semblerait même que, jusqu'ici, il
n'ait pas discerné le fait que la vie éternelle et le vrai bonheur ne
sont possibles qu'en vivant en harmonie avec la loi divine. Satan voulait
donc devenir un réformateur dans tous les domaines, à l'exception d'un
seul ; il voulait satisfaire son ambition, il ne voulait rien de moins que
d'être le maître suprême des hommes ; n'était-il pas déjà « le
Prince de ce monde » et reconnu comme tel par l'Écriture
Sainte ? (Jean 14 : 30 ; 12 : 31 ; 16 : 11 ; 2 Cor. 4 : 4) Non pas
qu'il eût reçu une charge divine quelconque pour être « le prince de
ce monde », mais il prit possession de l'humanité en faisant régner
l'ignorance, en présentant l'erreur pour la vérité, les ténèbres pour
la lumière, le mal pour le bien ; il avait si bien su déconcerter, égarer,
aveugler les humains qu'il lui a été facile d'accaparer la position de
maître ou « dieu de ce monde, agissant maintenant dans le cœur des
enfants de la désobéissance » qui forment la grande majorité.
Ainsi, la suggestion de Satan renfermait-elle une tentation particulière
en paraissant offrir une nouvelle solution à la question du rétablissement
de l'homme, par la délivrance de ce dernier de sa condition de péché.
Et qui plus est, elle semblait impliquer au moins une repentance partielle
chez Satan, et la possibilité d'un retour à, une vie de justice, à la
condition toutefois que son ambition fût satisfaite, qu'il pût régner
sur des sujets plus heureux et plus prospères que lorsqu'il maintenait
les hommes dans l'erreur et dans l'esclavage du péché pour conserver
leur fidélité à sa cause. Il est certain que plus les humains rejettent
le péché et apprécient la sainteté, et plus ils sont désireux de
servir et d'adorer Dieu.
Notre Seigneur Jésus n'hésita pas longtemps. Il avait une confiance
absolue que la Sagesse du Père avait adopté le meilleur plan et le seul
adéquat. C'est pourquoi, non seulement il ne discuta ni avec la chair ni
avec le sang, mais il ne voulut pas davantage négocier avec l'Adversaire une collaboration dans l’œuvre de relèvement du
monde.
Nous voyons là aussi un des assauts spéciaux de l'Adversaire
contre les « frères » du Seigneur. Il a réussi rapidement à
tenter l'Église nominale, l'amenant à abandonner le chemin de la croix,
le chemin étroit de la séparation d'avec le monde, et à s'associer avec
les pouvoirs civils, à acquérir ainsi graduellement une influence dans
la politique du monde. En collaboration avec les « princes de ce monde »,
encouragée et aidée secrètement par l'Adversaire, elle a cherché à établir le règne de Christ sur la terre,
par le truchement d'un représentant, d'un pape qu'on prétendit être le
vicaire de Christ. Nous avons vu quelles influences pernicieuses en résultèrent
: comment cette contrefaçon du Royaume de Christ devint réellement un
royaume du diable, accomplissant son œuvre. Nous avons vu les fruits, au
cours des « siècles de ténèbres », de ce règne que Dieu appelle
le système « Antichrist »(*)
[Voir vol. II Chap. IX. Référence
Strong N° 500
« antichristos », un adversaire du Messie — Trad. ]
Bien que la Réformation eût un départ énergique, nous trouvons que
l'Adversaire présenta de
nouveau la même tentation aux Réformateurs, qui ne résistèrent qu'en
partie, étant disposés à compromettre la vérité pour gagner la
protection et l'assistance des « royaumes de ce monde », dans l'espoir
que ces royaumes deviendraient de quelque manière le Royaume de notre
Seigneur. Mais nous constatons que la combinaison de l'Église et de
l'influence du monde, telle qu'elle est représentée par le
Protestantisme, bien que moins néfaste dans ses résultats que celle de
la Papauté, est néanmoins
très nuisible, et constitue une lourde entrave à tous ceux qui subissent
son influence. Nous voyons que la lutte constante des « frères »
a pour objet de vaincre cette tentation de l'Adversaire
et de tenir ferme dans la liberté par laquelle Christ nous a
rendus libres — n'étant pas du monde, mais séparés de lui.
En outre, nous trouvons que, bien que la même tentation se présente à
tous les « frères », elle vient de temps en temps sous une forme légèrement
modifiée ; dans chaque cas, le grand Adversaire essaie avec une habileté
très subtile de faire avec nous comme avec le Seigneur : il se présente
comme un chef à propos de réformes qu'il défend ; il semble manifester
une sympathie sincère pour l’œuvre qui doit bénir le monde. Sa dernière
tentation de ce genre se présente sous la forme de « relèvement social
» qu'il fait miroiter avec succès aux yeux de beaucoup de « frères ».
Il suggère maintenant que, si nécessaire qu'il était autrefois de
marcher dans le « sentier étroit », le sentier de la croix, il n'est plus nécessaire de le faire
maintenant, mais que nous en sommes venus à un point où toute l'affaire
peut être facilement et rapidement faite, et le monde en général élevé
à un plus haut niveau ou « standing »
social, intellectuel, moral et religieux. Toutefois, les plans
qu'il propose entraînent toujours la coopération avec lui : ici, par
exemple, il recommande à tous ceux qui voudraient être des
collaborateurs dans le relèvement social de se joindre aux mouvements sociaux
et politiques qui amèneront le résultat désiré. Il est
devenu si hardi et si confiant dans l'appui de la majorité, qu'il ne préconise
plus comme réforme la conversion individuelle des pécheurs, leur salut
hors de la condamnation, et leur réconciliation avec le Père par une foi
et une consécration personnelles au Seigneur Jésus Christ : sa
proposition est un relèvement social qui ignore les responsabilités et
les péchés individuels, qui ne considère seulement que les conditions
sociales et l'édification d'une Société dont l'extérieur est «
purifié ». Il voudrait que
nous laissions de côté l'enseignement du Seigneur que seuls ceux qui
viennent au Père par Jésus sont des « fils de Dieu »,
et ses « frères ». Au
lieu de cela, il voudrait nous faire croire que tous les hommes sont frères,
que Dieu est le Père de toute l'humanité,
qu'il n'y a point d' « enfants de colère », et qu'il est
criminellement antichrétien et peu charitable d'ajouter foi aux paroles
de notre Seigneur, savoir, que certains ont pour « père, le diable ».
Satan voudrait ainsi, sans toujours le dire aussi formellement,
nous faire ignorer et nier la chute de l'homme dans le péché,
ignorer et nier la rançon pour le péché, et toute l’œuvre de
la réconciliation en se servant d'expressions spécieuses et illusoires
telles que : « la paternité de Dieu et la fraternité des hommes »,
et la Règle d'Or.
Cette tentation de l'Adversaire qui
assaille « les frères aujourd'hui, en séduit beaucoup, et probablement
les séduira tous, sauf les « vrais élus » (Matth.
24 : 24). Ces « frères » ces
vrais élus sont ceux qui marchent fidèlement sur les traces du Maître
et qui, au lieu de prêter l'oreille aux suggestions de l'Adversaire,
s'en tiennent à la Parole de l'Éternel.
Ces « frères» ces vrais élus, au lieu de se fier à leur propre
intelligence et aux sophismes de Satan, ont foi en la sagesse supérieure
de Dieu et en son divin plan des âges. C'est pourquoi ceux-là sont tous
« enseignés de Dieu », et par là, savent que l’œuvre de l'Age
actuel est la sélection des « frères » de Christ, leur mise à l’épreuve
et finalement leur glorification avec le Seigneur dans le Royaume, en
devenant la semence ou postérité d'Abraham pour bénir le monde ; ils
savent que, dans l'Age prochain,
viendra le « propre temps » de Dieu pour le relèvement mental, moral et
physique du monde. Les élus ne peuvent donc être trompés par aucun des
arguments spécieux ou des sophismes de leur ennemi rusé. De plus, les «
frères » n'ignorent pas ses
desseins, car ils ont été mis en garde à ce sujet, et ils regardent à
Jésus qui, non seulement est l'Auteur de leur foi, par son sacrifice, mais doit en être aussi le
consommateur, lorsqu'il leur accordera une part à la première résurrection,
et les rendra participants de sa gloire sublime et de la nature divine.
Tels sont les points essentiels de tentation des « frères », et tels
furent ceux de leur chef. Il fut « tenté en toutes choses comme nous
le sommes » ; il sait
comment secourir ceux qui sont tentés, et qui désirent recevoir son
secours sous la forme où il le donne, par les enseignements de sa Parole
et par ses infiniment grandes et précieuses promesses. Aucune des
tentations de notre Seigneur ne provint de faiblesses héréditaires
analogues aux nôtres ; il n'eut pas les penchants d'un buveur, ni la
passion d’un meurtrier, ni la cupidité d'un voleur ; il était saint,
innocent, séparé des pécheurs. Ses « frères »
n'ont pas non plus des tentations de cette nature. Ceux qui sont
devenus ses « frères » par
la foi, la consécration et l'engendrement du saint esprit de filiation,
ont perdu la disposition qui les porte à nuire aux autres ; ils ont reçu
à la place le nouvel esprit, la pensée de Christ, l'esprit de Christ,
l'esprit de sobre bon sens, le saint Esprit — l'esprit d'amour, qui
recherche avant tout la volonté du Père, et qui cherche ensuite à
pratiquer le bien envers tous les hommes, en toute occasion, particulièrement
à la maison de la foi. — Gal. 6 : 10.
Ces « nouvelles – créatures », en possession de la
nouvelle disposition ou nouvelle volonté, ont encore dans la chair
certaines faiblesses héréditaires, une tendance à la passion ou à la
querelle, de sorte que continuellement, ils ont besoin de s'en garder et
peuvent occasionnellement être surpris en faute, contrairement à leur
volonté ; néanmoins, ces faiblesses non intentionnelles ne leur sont pas
comptées comme péchés, ni comme des actes de la « nouvelle-créature
», mais simplement comme des
imperfections de la vieille nature. Aussi longtemps que la nouvelle nature
s'y oppose, ces imperfections sont considérées comme couvertes par le mérite
de la rançon, la grande offrande pour le péché offerte par le Chef de
notre Salut. C'est la « nouvelle-créature » seule qui est éprouvée,
examinée, perfectionnée, polie et préparée pour l'héritage avec
Christ dans son Royaume, et non le corps de chair qui, pour ceux-là, est
considéré comme mort.
« RENDU PARFAIT PAR LA SOUFFRANCE »
« Il convenait pour lui [le Père], à cause de qui sont toutes
choses et par qui sont toutes choses que, amenant plusieurs fils à la
gloire, il consommât (*) [« consommer » ;
ou rendre parfait, dans l’épître aux Hébreux, c'est faire tout
ce qui est nécessaire pour rendre propre à remplir un office »
(Note D.).] le Chef de leur salut par la souffrance ». — Héb. 2 : 10.
En se rappelant ce qui précède, il est facile de voir que Jésus ne
fut pas rendu parfait comme homme par les choses qu'il souffrit comme
homme, ni qu'il souffrit quoi que ce fût avant de devenir un homme. La
pensée exprimée dans ce passage est que notre Seigneur, quand il était
dans le monde alors qu'il était déjà parfait comme homme, l'image même
du Père dans la chair, saint, innocent, sans souillure et séparé des pécheurs,
atteignit par ses expériences et ses souffrances, une autre perfection,
une perfection sur un autre plan d'existence, et qu'il réalisa complètement
depuis lors. C'était une chose que le Logos fût parfait quand il
était avec le Père avant que le monde fût, parfait dans son être, dans
son cœur et dans sa volonté, parfaitement loyal envers le Père ; ce fut
une autre chose que, lorsqu'il s'humilia volontairement pour être fait
chair et prendre notre nature, une nature inférieure, il fût parfait
comme homme, séparé des pécheurs et c'est encore une troisième chose
qu'il soit maintenant parfait dans sa condition de haute
exaltation, participant de la nature divine. C'est à cette dernière que
notre texte se rapporte. Avant d'accorder une si haute élévation à «
la gloire, l'honneur et l'immortalité » de « la nature divine », la
sagesse divine trouva convenable d'appliquer certaines mises à l'épreuve
dont l'ensemble rendrait parfait le titre de Fils Unique Engendré
de Dieu pour participer à toutes les richesses de la grâce divine, «
afin que tous les hommes honorent le Fils comme ils honorent le Père ».
Nous devons nous souvenir qu'en regard de ces mises à l'épreuve
de son obéissance au Père, il y avait aussi pour Jésus la perspective
d'une certaine joie ou récompense, comme il est écrit : « A cause de la
joie placée devant lui, a enduré la croix, ayant méprisé la
honte » ( Héb. 12 :
2). Nous pouvons raisonnablement supposer que cette joie offerte était :
(1) La joie de rendre un service qui serait agréable au Père.
(2) La joie de racheter l'humanité, et de rendre possible sa délivrance
du péché et de la mort.
(3) La joie à la pensée que, par l'accomplissement de cette rédemption,
il serait estimé digne par le Père d'être le puissant gouverneur et
bienfaiteur, le Roi et Sacrificateur du monde, de révéler au monde la
connaissance du plan divin et d'élever de la condition du péché à la
faveur divine quiconque accepterait les conditions de la Nouvelle
Alliance.
(4) La joie que le Père lui avait promise : non seulement un retour à la
gloire de l'être-esprit qu'il avait auprès du Père avant que le monde fût,
mais une gloire plus excellente, celle d'être élevé bien au‑dessus
des anges, principautés, puissances et de tout nom qui se nomme, et d'être
fait associé dans le Royaume de l'Univers,
auprès du Père, — à la droite de la majesté dans les cieux,
et participant de la nature divine avec sa vie inhérente ou immortelle.
Mais toute cette joie proposée à notre Seigneur était conditionnelle ;
elle dépendait de son entière obéissance à la volonté du Père. En
fait, il avait toujours été obéissant au Père, et avait trouvé ses délices
dans les voies du Père, mais jamais auparavant, il n'avait été soumis
à une telle épreuve. Jusque là il avait toujours estimé agréable et
honorable de faire la volonté du Père ; à présent, l'épreuve était
de savoir s'il ferait ou non cette volonté dans des conditions
affligeantes, pénibles, humiliantes ; des conditions qui l'amèneraient
finalement non seulement à mourir, mais à mourir ignominieusement
sur la croix. Il sortit vainqueur de cette épreuve, et jamais il
ne chancela, ni ne trembla, mais il manifesta dans tous les détails et
jusqu'au bout, la foi dans la Justice, l'Amour, la Sagesse et la Puissance
du Père ; il endura sans hésiter toutes les oppositions et les
contradictions des pécheurs contre lui-même, avec toutes les autres
attaques de l'Adversaire ; par ce moyen, par la souffrance, il « rendit
parfait » son titre à
toutes les joies placées devant lui, et, en conséquence, fut rendu
parfait comme un être, du plus élevé de tous les ordres, à savoir de
« la nature divine ». Ainsi,
fut-il vrai de l'Unique Engendré du Père que :
« QUOIQU'IL FUT FILS,
IL A APPRIS L'OBÉISSANCE
PAR LES CHOSES QU'IL A SOUFFERTES,
ET AYANT ÉTÉ CONSOMMÉ (RENDU PARFAIT),
IL EST DEVENU
POUR TOUS CEUX QUI LUI OBÉISSENT,
L'AUTEUR DU SALUT ÉTERNEL »
— Héb. 5 : 8-10 —
C'est ainsi que l'Apôtre inspiré
explique que notre Seigneur, déjà sans tache, parfait, qui était déjà
un « Fils », qui obéissait
déjà parfaitement au Père dans des conditions favorables, apprit
ce qu’était l'obéissance dans les conditions les plus adverses. Après
cette mise à l'épreuve, il fut jugé digne de recevoir la perfection sur
le plan d'existence le plus élevé, la nature divine, qu'il obtint sur ce
plan quand le Père le ressuscita d'entre les morts. Il eut la gloire
excellente qui lui avait été promise, savoir d'être d'abord le Libérateur
de l'Église qui est son corps, et, plus tard « au propre temps »
le Libérateur de tous ceux qui, étant amenés à la connaissance de la Vérité,
lui obéiront.
Remarquez l'accord parfait entre ceci et le témoignage de L'Apôtre
Pierre : « Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus... Lui que Dieu a
exalté par sa droite, Prince et Sauveur ».
— Actes 5 : 30, 31.
Ainsi, notre Seigneur Jésus démontra devant le Père, devant les anges
et devant nous ses « frères », sa
fidélité au Père et aux principes du gouvernement du Père. Ce faisant,
il magnifia la loi du Père et la rendit honorable, démontrant qu'elle n'était
pas trop exigeante, qu'elle n'était pas au-dessus de la capacité d'un être
parfait, même dans les conditions les plus défavorables. Nous, ses
disciples, pouvons bien nous réjouir avec toutes les créatures obéissantes
et intelligentes de Dieu, en disant : « Digne est l'Agneau
qui a été immolé, de recevoir la puissance, et richesse,
et sagesse, et force, et honneur, et gloire, et bénédiction ».
— Apoc. 5 : 12.
Notre Seigneur glorifié étant le Chef de notre Salut, cela implique que
tous ceux qui veulent être des soldats de la croix, des disciples de ce
Chef et ses cohéritiers dans
le Royaume, doivent obligatoirement être rendus parfaits comme «
nouvelles-créatures » , par
l'épreuve et la souffrance. De même que toutes les souffrances, par
lesquelles le Chef fut rendu parfait comme nouvelle ‑créature,
furent les choses qu'il endura à cause de l'opposition du monde, de la
chair et du diable, et par le fait de la soumission de sa propre volonté
à la volonté du Père, ainsi en est-il pour nous nos souffrances ne sont
pas les souffrances habituelles des maux de la « création gémissante »
et que nous partageons dans une certaine mesure, comme membres du monde.
Les souffrances qui comptent dans le développement de la « nouvelle-créature
» sont celles endurées de propos délibéré à cause du
Seigneur, de sa Parole et de son peuple — les difficultés que nous
endurons comme de bons soldats du Seigneur Jésus Christ, tandis que nous
cherchons à faire, non pas notre propre volonté, mais à rendre parfaite
en nous, la volonté de notre Chef, la volonté de notre Père céleste.
Ainsi, devons-nous marcher dans ses traces, nous rendant compte de ses
soins vigilants, et recourant au trône de la grâce céleste pour y
trouver du secours au cours de notre route ; nous avons confiance en Sa
promesse que toutes choses concourront ensemble à notre bien, et qu'il ne
permettra pas que nous soyons tentés au-delà de nos forces, mais qu'il
pourvoira au moyen d'échapper dans chaque tentation, et nous accordera,
dans chaque épreuve, la grâce suffisante, au moment du besoin. Ainsi,
ses « frères sont-ils aussi à l’épreuve maintenant pour être rendus
parfaits comme nouvelles-créatures en Christ, « rendus capables de
participer à l'héritage des saints dans la lumière ». — Col. 1 :
12 (S.)
« EN RESSEMBLANCE DE CHAIR DE PÉCHÉ »
Ce que la Loi ne pouvait accomplir parce qu'elle était impuissante à
cause de la chair [parce que la chair était dépravée par la chute et
incapable de rendre une obéissance absolue à la Loi], Dieu l'a accompli
en envoyant son propre Fils dans une chair semblable à celle de l'humanité
[qui était tombée sous la domination du Péché] comme une offrande pour
le péché, laquelle, bien qu'elle condamnât le péché dans la chair,
ouvrit un nouveau chemin de vie dans lequel la justice de la Loi pût être
accomplie en nous [qui marchons non selon la chair, mais selon l'Esprit].
Pour ceux-là, il n'y a donc maintenant aucune condamnation, parce
que la Loi de l'esprit de vie en Christ Jésus [sous le précieux sang]
nous a libérés de l'Alliance de
la Loi qui convainquait tous les hommes imparfaits de péché, et les
condamnait à mort. Rom. 8 : 1-4, paraphrasé.
Ceux qui sont plus ou moins disposés à considérer notre Seigneur comme
un pécheur, un membre de la race déchue, se sont emparés de ce passage
de l'Écriture, et ont essayé
de prouver qu'il est en désaccord avec la raison et en contradiction avec
les autres passages des Écritures pour appuyer leur théorie, pour
prouver que Christ fut fait exactement « chair de péché », et non
comme une chair qui n'avait pas péché, c'est-à-dire comme celle d'Adam
avant sa transgression. Cependant, d'après le texte paraphrasé ci-dessus,
la pensée de l'Apôtre est clairement exposée devant l'esprit du lecteur.
Notre Seigneur quitta la gloire de la nature-esprit, et fut « fait
chair », fait d'une nature
semblable à celle de la race qu'il venait racheter ; cette race dont la
nature ou la chair était tombée dans l'esclavage du péché, fut vendue
au péché par la désobéissance de son premier parent, Adam. Rien ne
laisse entendre ici (sauf dans l'interprétation qui est donnée par la
traduction) que notre Seigneur était lui-même un pécheur. C'est, à la
vérité, une des plus simples propositions imaginables que, s'il avait été
un pécheur ou, en un sens quelconque, un participant de la malédiction
qui pesait sur la famille humaine, il n'aurait pu être notre offrande
pour le péché, car un pécheur ne peut être une offrande pour un autre
pécheur. Sous la loi divine, le « salaire du péché, c'est la mort ».
Si notre Seigneur avait été en un sens ou à, un degré quelconque un pécheur,
il aurait perdu sa propre vie, et aurait été sans valeur comme prix
de rançon pour Adam ou pour tout autre pécheur.
« IL A PRIS NOS INFIRMITÉS »
— Matth. 8 : 17 (S.) —
« Cependant, ce sont nos souffrances qu'il a portées. C'est de nos
douleurs qu'il s'est chargé. Et nous l'avons considéré comme puni,
frappé de Dieu et humilié. Mais il était blessé pour nos péchés ;
brisé pour nos iniquités ; le châtiment qui nous donne la paix est tombé
sur lui. Et c'est par ses meurtrissures que nous sommes guéris »
Es. 53 : 4, 5 (Segond).
La perfection est l'opposé de l'infirmité, et le fait que Jésus avait
des infirmités pourrait, logiquement, être invoqué comme une preuve
qu'Il n'était pas parfait, qu'il avait hérité certaines des
imperfections de la race déchue. On se souviendra que la nuit de son
agonie, au Jardin de Gethsémané, notre
Seigneur sua « comme des grumeaux de sang ». Ceci est considéré par
certaines autorités médicales comme une maladie qui, bien que très
rare, a été constatée chez d'autres membres de la famille humaine. Elle
est la preuve d'une grande tension et d'une grande faiblesse nerveuses. La
tradition rapporte aussi que, sur le chemin de Golgotha, notre Seigneur
fut contraint de porter sa croix, qu'il fléchit sous son poids, et qu'à
cause de cela Simon le Cyrénéen fut obligé de la porter sur le reste du parcours (Matth. 27 : 32). On prétend
encore que la mort de notre Seigneur sur
la croix, survenue beaucoup plus rapidement que d'ordinaire, fut
occasionnée par une rupture littérale de son cœur, des muscles du cœur,
et que cela est confirmé par l’écoulement à la fois de sang et d'eau
sortant de la blessure faite à son côté par la lance, après sa mort.
En tout cas, notre Seigneur ne manifesta pas cette plénitude de vigueur
qui fut manifestée par Adam, le premier homme parfait, dont la vitalité
était telle qu'elle lui permit de vivre neuf cent trente ans. La question
se pose : Toutes ces preuves d'infirmité (*) [« infirmity (au
pluriel : « — ties ») : 1. faiblesse, 2. maladie » (dict.
américain — Trad.). ]
chez notre Seigneur n'étaient-elles un indice d'imperfection, que, soit
par hérédité, soit de toute autre manière, il manquait des forces d'un
homme parfait et était donc un homme imparfait ?
En apparence, il semble qu'il en soit ainsi, et ce n'est que sous la
direction de la Parole divine qu'il nous est possible d'expliquer, d'une
façon satisfaisante pour notre esprit ou pour celui des autres,
l'harmonie entre ces faits et l'assurance de la Bible qu'il était «
saint, innocent, sans souillure et séparé des pêcheurs ». La
solution nous en est fournie dans le texte de l'Écriture
que nous examinons. Le prophète déclare, comme nous et d'autres
le penserions aussi à première vue que notre Seigneur, comme tout le
reste de la race, fut battu, fut sous la sentence de mort, qu'il fut frappé
de Dieu et affligé ; la sentence de mort semblait destinée autant à lui
qu'au reste de la race humaine ; mais Esaïe nous montre ensuite que ces
faits qui nous apparaissent ainsi ne sont, pas la réalité ; il explique
que ce fut pour nos péchés et non pour les siens propres que notre
Sauveur souffrit ; que ses infirmités provenaient de ce qu'il portait nos
afflictions et supportait le poids de nos douleurs ; qu'il mourut parce
qu'il prit notre place devant la loi de Dieu et qu'il souffrit, lui le «
juste pour les injustes, afin qu'il puisse nous amener à Dieu ». Parlant pour le peuple réel d'Israël au premier avènement,
le Prophète déclare : « Nous l'avons considéré comme battu
frappé de Dieu et affligé », et expliquant qu'une telle opinion était
inexacte, il ajoute : « Mais il a été blessé pour nos péchés, brisé
pour nos iniquités ; le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur
lui. Et c'est par ses meurtrissures que nous sommes guéris ».
Matthieu attire I'attention sur l'accomplissement de cette même prophétie,
déclarant : « On lui apporta beaucoup de démoniaques ; et il chassa les
esprits par une parole, et guérit tous ceux qui se portaient mal ; en
sorte que fût accompli ce qui a été dit par Esaïe le prophète, disant
: « Lui-même a pris nos langueurs, et a porté nos maladies ». —
Matth. 8 : 16, 17.
La relation existant entre la guérison de la maladie, par notre Seigneur,
et le fait qu'il prit sur lui le fardeau de nos infirmités, n'apparaît
pas très clairement à la majorité de ceux qui lisent le récit. On
suppose généralement que notre Seigneur exerça simplement un pouvoir de
guérison qui ne lui coûtait rien, qu'il disposait d'un pouvoir inépuisable
provenant d'une source spirituelle, invisible, permettant toutes sortes de
miracles sans la moindre déperdition de sa propre force, de sa propre
vitalité.
Nous ne mettons pas en doute que « la puissance du Très-Haut »,
accordée sans mesure à notre Rédempteur lui aurait permis de
faire beaucoup de choses tout à fait surnaturelles et, par conséquent,
n'entraînant aucun épuisement de ses forces ; nous ne doutons pas
davantage que notre Seigneur se servit de ce pouvoir surhumain, par
exemple, lorsqu'il changea l'eau en vin et lorsqu'il nourrit
miraculeusement des foules. Mais, d'après le récit des Écritures, nous
comprenons que la guérison des malades, telle que l'opérait notre
Seigneur n'avait pas lieu par le moyen du pouvoir surhumain mis à, sa
disposition, mais qu'au contraire, en guérissant les malades, il dépensait
pour eux une partie de sa propre vitalité ; de sorte que plus il
en guérissait, plus importante était sa perte de vitalité, de force.
Comme preuve qu'il en fut bien ainsi, souvenez-vous comment, dans le récit,
la pauvre femme qui avait « une perte de sang depuis douze ans, et qui
avait beaucoup souffert d'un grand nombre de médecins, et avait dépensé
tout son bien, et n'en avait retiré aucun profit, mais plutôt allait en
empirant », etc.
Rappelez-vous comment, avec foi, elle s'approcha de très près de notre
Seigneur et toucha le bord de son vêtement, se disant : « Si je touche
ne fût-ce que ses vêtements, je serai guérie ».
Le récit dit « aussitôt son flux de sang tarit, et elle connut
en son corps qu'elle était guérie du fléau. Et aussitôt Jésus,
connaissant en lui-même la puissance [vitalité] qui était sortie de lui,
se retournant dans la foule, dit : Qui a touché mes vêtements ? Et Ses
disciples lui dirent : Tu vois la foule qui te presse et tu dis : Qui m'a
touché ? Et il regardait tout à l'entour pour voir celle qui avait fait
cela... et il lui dit : « Ma fille, ta foi t'a guérie va en paix et sois
guérie de ton fléau ». —
Marc 5 : 25-34.
Notez aussi le récit de Luc (6 :19) qui déclare « et toute la
foule cherchait à le toucher, car il sortait de lui de la puissance [vitalité]
et elle les guérissait tous ». C'est
donc dans ce sens que notre cher Rédempteur prit les infirmités de
l'humanité, se chargeant de nos maladies. Le don de sa propre vitalité,
jour après jour, pour la guérison des autres, ne pouvait avoir pour résultat
qu'un effet débilitant sur sa propre force, sa propre vitalité. Nous
devons nous rappeler que cette oeuvre de guérisons, cette dépense de
vitalité à profusion, se faisait en même temps que ses prédications et
ses voyages, et que ce fut là l’œuvre presque continuelle de notre
Seigneur durant les trois ans et demi de son ministère.
Ceci ne nous semble pas tellement étrange non plus lorsque nous considérons
nos propres expériences : quel est celui qui, ayant une nature profondément
compatissante, n'a pas, à certaines occasions, constaté qu'il est
possible de partager les difficultés d'un ami, et de soulager dans une
certaine mesure l'affligé par la sympathie, de lui communiquer à un
certain degré, une nouvelle vitalité et de ranimer son moral ? Mais une
telle influence bienfaisante et un tel sentiment des infirmités des
autres, dépendent très largement de l'intensité de la compassion qui
anime celui qui visite le malade ou l'affligé. Non seulement cela, mais
certains animaux éprouvent de la sympathie à des degrés divers ; la
colombe, par exemple, étant un des oiseaux les plus doux et les plus
sympathiques, fut une des représentations types de notre Rédempteur dans
la dispensation mosaïque. On a remarqué qu'il a été utile, en de
nombreux cas, d'introduire des colombes dans la chambre de malades qui y
ont trouvé quelque soulagement. Peut-être qu'en raison de sa nature
sympathique, la colombe prend une certaine part de la maladie et
communique en retour une certaine mesure de sa propre vitalité. On
constate cela du fait que les oiseaux deviennent malades (leurs membres se
raidissent comme s'ils avaient des rhumatismes, etc.), tandis que le
malade est soulagé dans une mesure correspondante.
Quand nous nous souvenons que notre amour et notre sympathie ne sont que
ce qui a survécu de ces sentiments-là, au cours de six mille ans de
chute, et sachant, par contre, que notre Rédempteur était parfait et que,
de ce fait, cette qualité d'amour compatissant abondait en Lui dans la
plus grande mesure, nous pouvons comprendre, faiblement, il est vrai,
comment il « était ému de compassion à la vue de nos infirmités ».
Sa compassion était émue, parce qu'il était de nature distinguée,
parfaite, sensible, douce ; elle n'avait pas
été endurcie par l'égoïsme
et le péché, que ce fût par hérédité, ou par acquisition personnelle.
Nous lisons encore à son sujet qu'il était « ému de compassion » et
« qu'il eut compassion de la foule »
et ailleurs quand il vit les Juifs pleurer et Marthe et Marie en
larmes, il fut profondément ému : « Jésus pleura ». Loin que
cette sympathie eût été un signe de faiblesse de caractère, elle
indiquait le contraire, car le véritable caractère de l’homme, à
l'image et à la ressemblance du Créateur, n'est pas dur, sans pitié et
insensible, mais tendre, aimable, affectueux, sympathique. Toutes ces
choses concourent donc à nous montrer que celui qui parla « comme jamais
homme n'a parlé », compatissait aux conditions de déchéance, aux
détresses et aux afflictions de l'humanité, comme aucun des membres de
la race déchue ne pourrait le faire.
Indépendamment de cela, nous devons nous rappeler l'objet même de la
venue de notre Seigneur dans le monde. Ce ne fut pas seulement pour
manifester une puissance sans qu'il ne lui en coûtât rien, mais, ainsi
qu'il l'expliqua lui-même, le Fils de l'Homme vint pour servir les autres
et pour donner sa vie en rançon pour beaucoup. En vérité, le
salaire du péché n'était pas la souffrance, mais la mort ; c'est
pourquoi souffrir de la part de notre Seigneur n'aurait pas payé pour
nous le salaire du péché ; il était absolument nécessaire qu'il
« goûtât la mort pour tous ».
C'est pourquoi nous lisons que « Christ est mort pour nos péchés,
selon les Écritures » (1 Cor. 15 : 3). Néanmoins, il convenait que, prenant la
place du pécheur, notre Seigneur fît l'expérience de tout ce qu'impliquait la malédiction, la peine de mort ;
et étant donné que la famille humaine meurt par un processus de perte
graduelle de la vie, par suite de faiblesses, de maladies, d'infirmités,
il était approprié que, d'une manière correspondante, notre cher Rédempteur
passât aussi par cette expérience. Puisqu'il n'était pas lui-même le pécheur,
tous les châtiments du péché qui pouvaient tomber sur lui, devaient l'être
du fait qu'il prenait la place du pécheur et supportait pour nous
les coups de la Justice.
Notre Seigneur fit cela, en ce qui concerne la maladie, la douleur
et la faiblesse, de la manière la meilleure et la plus utile, c'est-à-dire
en répandant volontairement sa vie, jour après jour, durant les trois
ans et demi de son ministère, faisant le don de sa vitalité à ceux qui
n'appréciaient pas ses mobiles (sa grâce, son amour). Ainsi est-il écrit
: « Il a livré son âme [son être, son existence] à la mort ».
« Il a livré son âme [son être] en sacrifice pour le péché »
(Es. 53 : 10, 12). Nous pouvons voir rapidement que depuis le moment de sa
consécration, à l'âge de trente ans lorsqu'il fut baptisé par Jean
dans le Jourdain, jusqu'au Calvaire, il répandit constamment son
âme ; sa vitalité sortait continuellement de lui pour aider et guérir
ceux qu'il servait. Et bien que tout cela n'aurait pas été suffisant pour
payer le prix de nos péchés, toute fois cela faisait partie de l'action
graduelle de la mort s'exerçant
sur notre cher Rédempteur, action qui atteignit son point culminant au
Calvaire lorsqu'il s'écria « Tout est accompli », et que sa dernière
étincelle de vie S'éteignit.
Il semblerait qu'il fût tout aussi nécessaire que Jésus sacrifiât, dépensât
ses forces vives et fût touché par les expériences de notre processus
de mort, qu'il fût, d'autre part, obligé d'expérimenter, ne fût-ce
qu'un instant, la condition de séparation complète du pécheur
d'avec le Père Céleste, sans aucun secours divin, lorsqu'il s'écria :
« Mon Dieu ! Mon Dieu ! Pourquoi m'as-tu abandonné ? »
S'étant substitué au pécheur, il devait supporter le châtiment
infligé à celui-ci dans tous ses détails ; sa mission de sacrifice ne
pouvait être achevée avant que tout cela eût été accompli — avant
qu'il ait passé par toutes les épreuves estimées nécessaires par le Père
Céleste pour son élévation audessus des anges, principautés et
puissances et son association avec le Père sur le trône de l'Univers.
Toutes ces expériences par lesquelles le Père Céleste fit,
passer son Fils Bien-aimé avant de l'élever à la droite de sa majesté
et de lui confier la grande oeuvre de bénir toutes les familles de la
terre, n'étaient pas simplement des épreuves (« tests »)
de la fidélité de l'Unique Engendré,
du Logos. Les Écritures nous
assurent qu'elles étaient également nécessaires afin que notre Seigneur
pût compatir aux faiblesses de ceux qu'il rachetait ainsi, afin qu'il pût
éprouver de la compassion pour tous ceux qui voudraient revenir à une
pleine communion avec Dieu par lui, et les « secourir » : l'Église
durant l'Age actuel, et le monde pendant l'Age millénaire : « Afin qu'il fût un miséricordieux et
fidèle souverain sacrificateur dans les choses qui concernent Dieu »,
« qui a été tenté en toutes choses comme nous le sommes »,
« quelqu'un qui pût avoir compassion des ignorants et de ceux qui
sont égarés ; puisque lui-même a été assiégé de faiblesses ». «
C'est aussi pour cela qu'il peut sauver parfaitement ceux qui s'approchent
de Dieu par lui ». Vraiment, « il nous convenait, en effet, d'avoir un
Souverain Sacrificateur comme lui », — saint, innocent, sans souillure,
séparé des pécheurs et plus élevé que les cieux ». — Héb. 2 : 17,
18 ; 4 : 15, 16 ; 5 : 2 ; 7 :
25, 26. — (D. et S.)
Échec aux doutes
Christ est ton sûr Rocher ;
De ce bon fondement
pas un instant ne doute.
Ne crains pas la
fureur des vagues en déroute,
De ce Roc aucun vent
ne saurait t'arracher.
Christ est ton seul Ami.
Il connaît ta
faiblesse et fait Sa force tienne.
Crois ! En son nom
puissant la victoire est certaine
Il combattra pour
toi, tu gagneras par Lui.
Christ est ta douce Paix :
C'est Lui qui te
sauva de la mort et du vice,
Et qui, par le
manteau de sa haute justice,
T'épargne le
courroux des célestes décrets.
Christ est ta SURETTE,
Renonce donc à toi
et fais-Lui confiance,
Et tu pourras entrer
contre toute émergence,
Dans les lieux
bienheureux de la félicité.
(Extraits du Poème de l'Aurore N° 25)
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