1912
LA
BATAILLE D'HARMAGUEDON
AVANT-PROPOS
* * *
« Et le sixième ange versa sa coupe sur le grand fleuve
Euphrate ; et son eau tarit, afin que la voie des rois qui viennent
de l'Orient fût préparée. Et je vis sortir de la bouche du
dragon, et de la bouche de la bête, et de la bouche du faux prophète,
trois esprits immondes, comme des grenouilles ; car ce sont des
esprits de démons faisant des miracles, qui s'en vont vers les rois
de la terre habitée tout entière, pour les assembler pour le
combat de ce grand jour de Dieu le Tout-Puissant. Voici, je viens
comme un voleur. Bienheureux celui qui veille et qui garde ses vêtements,
afin qu'il ne marche pas nu et qu'on ne voie pas sa honte. Et ils
les assemblèrent au lieu appelé en hébreu Armagédon (*) ».
(*) [Maredsous donne : Har-Magedôn,
Pirot et Clamer aussi ; Buzy, Crampon, Saci :
Armagédon ; Osty, Stapfer : Harmagédon (v.note) ; Segond
et Synodale : Harmaguédon [que nous adoptons ici —Trad.] ; Ostervald
et Martin : Armaqeddon ;
Lausanne : Armagueddon ; en hébreu : Réf.
Strong 2002 et 4023 : Har-Megiddon ou Megiddo.] — Apoc. 16 :
12-16 ( D.).
Harmaguédon est un terme hébreu qui signifie la Colline de Méguiddo,
ou la Montagne de la Destruction. Méguiddo occupait une position très
importante à la lisière sud de la plaine d'Eidraelon, et
commandait un défilé important conduisant à la partie montagneuse
de la contrée. Cet emplacement fut le grand champ de bataille de la
Palestine, sur lequel furent livrés nombre des célèbres combats
de l'histoire de l'Ancien Testament. C'est là que Gédéon et sa
petite troupe jetèrent l'alarme parmi les Madianites et mirent en déroute
leurs soldats qui s'entretuèrent Juges 7 : 19-23. C'est là que le
Roi Saül fut vaincu par les Philistins 1 Sam. 31 : 1-6. C'est
là aussi que le Roi Josias fut tué par le Pharaon Néco dans une
des batailles les plus désastreuses de l'histoire d'Israël 2 Chron.
35 : 22-25. C'est là encore que vivaient le Roi Achab et sa femme Jézabel,
dans la ville de Jizréel ou Jézabel trouva une Mort épouvantable.
— 2 Rois 9 : 30-37.
Dans un sens ces batailles étaient des types. Ainsi, la défaite
des Madianites libéra Israël du joug de Madian. Gédéon et sa
troupe représentaient notre Seigneur et l'Église qui libéreront
les humains de l'esclavage du péché et de la mort. La mort du Roi
Saül et le renversement de son royaume par les Philistins préparèrent
la voie du Roi David qui typifiait le Messie. Le Roi Achab fut le
type du gouvernement civil appelé, dans l’Apocalypse, d'une manière
symbolique : le « Dragon ». La Reine Jézabel fut une image
typique de la grande prostituée, Babylone, laquelle est même appelée
: Jézabel. « Tu laisses faire la femme Jézabel, qui se dit prophétesse
; et elle enseigne, et égare mes esclaves ». — Apoc. 2 : 20
(D.).
Dans les Écritures, Dieu a évidemment jugé à-propos d'associer
le nom de ce célèbre champ de bataille, Harmaguédon, à la grande
controverse entre la vérité et l'erreur, le bien et le mal, Dieu
et Mammon, conflit qui doit terminer l'Age de l'Évangile
et ouvrir l'Age millénaire.
C'est à dessein qu'il s'est servi, dans le dernier livre de la
Bible, d'expressions profondément symboliques, afin de cacher
certaines vérités importantes jusqu'au temps convenable (« due »)
où il les révélerait. Mais même au temps convenable, «
aucun des méchants ne comprendra, mais les sages comprendront »
Daniel 12 : 10. Aucun de ceux qui n'ont pas le cœur en
harmonie avec Dieu ne comprendra, mais seuls les sages parmi Son
peuple, la classe des vierges sages de la Parabole du Maître. —
Matt. 25 : 1-13.
Aussi, lorsque nous examinons notre texte, ne devons nous pas nous
attendre à ce que, littéralement, des gens se rassemblent sur la
Colline de Méguiddo. Nous devons plutôt rechercher ce qui est
symbolisé par cette montagne. Beaucoup de choses sont appelées «
La Bataille d'Harmaguédon » ; cette expression est employée de
beaucoup de manières et à de nombreux points de vue. Mais les chrétiens
se rendent compte que ce terme « Harmaguédon » appartient
spécialement à la Bible où il est employé dans un sens spirituel.
Si donc, actuellement, il est opportun de considérer la Bataille
d'Harmaguédon d'un point de vue politique, il est sûrement
opportun aussi de considérer ce terme de son vrai point de vue
religieux.
Tous, nous savons que le livre de l'Apocalypse est rempli de
symboles. Il semble que Dieu ait placé ce livre le dernier dans la
Bible afin d'y cacher de remarquables et importantes vérités.
L'opinion de tous ceux qui étudient la Bible est que ce dernier
livre renferme de précieuses vérités. Dieu les a si adroitement
voilées que Ses enfants, dans les temps passés, n'ont pas été
capables de les discerner complètement et clairement. Ceux qui étudient
la Bible croient que telle a été l'intention de Dieu, non
seulement parce que le temps n'était pas venu de comprendre ces vérités,
mais parce que Dieu désire cacher certains aspects de Sa Vérité
au monde. L'humanité s'est toujours fait une fausse idée du Plan
divin, car, dans Sa sagesse, Dieu le désire ainsi. Les vérités
que renferme l'Apocalypse ne sont pas pour le monde, ni pour les chrétiens
de nom seulement, mais pour l'Église — le Corps de Christ, les
saints — « l'Église des Premiers-nés dont les noms sont écrits
dans les cieux ». Pour ceux-là, la connaissance deviendra la «
nourriture au temps convenable ». « Les sages comprendront ».
Les Écritures abondent en allusions à Harmaguédon. Notre Seigneur
Jésus l'appelle « une grande tribulation [ou « détresse » —
Trad.], telle qu'il n'y en a point eu depuis le commencement du
monde jusqu'à maintenant, et qu'il n'y en aura jamais » Matt. 24 :
21. Le prophète Daniel le décrit comme « un temps de détresse
tel qu'il n'y en a pas eu depuis qu'il existe une nation jusqu'à ce
temps-là » Dan. 12 : 1. A cette déclaration, Daniel ajoute que le
Représentant de Dieu, « Micaël, se lèvera, le grand chef, qui
tient pour les fils d’Israël ». Le terme « Micaël » signifie
« celui qui est comme Dieu » — le Divin. Il se lèvera pour le
salut du peuple de Dieu, pour corriger l'erreur et le mal, pour établir
le bien et la vérité, pour apporter aux humains le grand Royaume
de Dieu qui a été prêché dès les jours d'Abraham.
TEMPS POUR L'ÉTABLISSEMENT DU ROYAUME DU MESSIE
L'Apocalypse de Saint Jean, étant un livre de symboles, ne sera pas
compris par le monde. Dieu Lui-même a dit que ce n'est qu’à une
certaine époque seulement que même l'Église peut espérer
comprendre. Lorsque le prophète Daniel questionna l'ange sur la
signification de sa vision, ce dernier lui répondit : « Va,
Daniel, car ces choses sont cachées et scellées jusqu'au Temps de
la Fin » — non pas la fin du monde, mais la fin de l'Age — la
fin de cette Dispensation. « La terre subsiste toujours ».
— Eccl. 1 : 4.
Saint Pierre nous dit que l'Age actuel doit se terminer dans une
grande conflagration, symbole du Temps de Détresse, dans lequel les
institutions actuelles seront englouties 2 Pi. 3 : 8-13. Ailleurs
dans les Écritures, ce terrible Temps de Détresse est
symboliquement représenté par un orage, un tourbillon, un feu, qui
consumera tout. Lorsque le présent ordre de choses aura disparu
dans le grand Temps de Détresse, Dieu Lui-même établira Son
Royaume, ce Royaume pour lequel nous prions : « Que Ton Règne
vienne ; que Ta volonté soit faite sur la terre comme elle est
faite au ciel ».
Si donc il se trouve quelque chose pour nous indiquer que nous
vivons à la fin de l'Age de l'Évangile, quelque chose pour
indiquer que les Vierges préparent leurs lampes, nous pouvons être
certains que le temps pour les Vierges sages d'entrer dans la gloire
est proche. Quel message béni est celui-ci pour « tous ceux qui
aiment Son apparition ! ».
Dans la même prophétie qui nous montre que le Temps de la Fin est
le temps où les sages à l'égard de Dieu comprendront, il nous est
dit que cette époque sera spécialement caractérisée par deux
traits particuliers : d'abord, « Beaucoup courront çà et là »
; ensuite, « la connaissance sera augmentée » Dan. 12 : 4.
Aujourd'hui, nous voyons que cette prophétie est accomplie. Dans le
monde entier, les gens courent çà et là comme jamais auparavant.
Chemins de fer, bateaux à vapeur, automobiles, tramways électriques
(dans la rue, ou au-dessous ou au-dessus), etc. [Écrit en 1897 —
Trad.], transportent les hommes partout. L'augmentation générale
de la connaissance caractérise notre merveilleuse époque. Tout
enfant de dix ans est capable de lire. Dans le monde entier, et dans
chaque foyer, il y a des livres, des journaux, des Bibles,
l'occasion de s'instruire comme jamais depuis que l'homme est sur
terre.
Le remarquable accomplissement de cette prophétie prouve que nous
sommes arrivés au Temps de la Fin dans lequel doit se terminer la
Dispensation actuelle et commencer la Nouvelle Dispensation — époque
à laquelle le peuple de Dieu sera capable de comprendre la
situation et de se tenir prêt pour ce changement.
NOUS DISCUTONS DE PRINCIPES ET NON DE PERSONNALITÉS
Tous les chrétiens croient, comme Saint Jean, que notre Seigneur
est l'auteur du livre de l'Apocalypse Apoc. 1 : 1. Nous ne sommes
donc pas responsable des symboles que renferme ce livre. Il y a tant
de manières d'être mal interprété, même par de bonnes personnes
chrétiennes, que nous sentons naturellement combien il est délicat
d'exprimer nos vues. Avant d'exposer comment nous comprenons les
symboles de l'Apocalypse, nous désirons déclarer avec force que
nous ne disons rien contre des chrétiens pieux, de tout pays, et de
toute époque, se rattachant à une église ou séparés de toute
confession religieuse. Nous n'avons rien à dire touchant les
personnes. Nous discutons de PRINCIPES, de DOCTRINES TOUJOURS,
d'individus JAMAIS ! Dieu ne nous a pas chargé de discuter des gens,
mais de Sa Parole.
En présentant notre interprétation des symboles de l'Apocalypse,
nous concevons nettement que la Parole de Dieu prononce une terrible
accusation contre certains des grands systèmes de notre époque,
certains que nous avons respectés et estimés parce que nous avons
pensé que bon nombre de leurs adeptes sont pieux en paroles et en
actions. Par conséquent, faisons la distinction entre les individus
et les systèmes. Nous ne disons rien contre ceux qui, individuellement,
sont pieux, mais en interprétant la Parole de Dieu, ce que nous
avons à dire a trait uniquement à ces systèmes. En vérité,
nous croyons que ces symboles ne font pas allusion aux fidèles
enfants de Dieu, probablement parce que les saints de Dieu sont très
peu nombreux, si on les compare aux centaines de millions d'humains,
ainsi que Jésus le dit : « Ne crains point, Petit Troupeau ».
Nous en arrivons à l'interprétation des symboles d'Apoc. 16 :
13-16. Nous trouvons qu'il y a trois facteurs ou éléments qui
concourent au rassemblement des armées pour cette Bataille
d'Harmaguédon. Nous lisons que, de la bouche de la Bête, de la
bouche du Faux Prophète et de la bouche du Dragon sortirent trois
esprits impurs semblables à des grenouilles, et que ces trois
esprits impurs, semblables à des grenouilles, s'en allèrent à
travers le monde entier pour le rassembler dans la Bataille
d'Harmaguédon.
Il est donc convenable pour nous de chercher à savoir quels sont
les systèmes auxquels font allusion ces termes symboliques : le
Dragon, la Bête et le Faux Prophète. Après que nous aurons découvert
ce que signifient ces termes, nous demanderons ce que symbolisent
les grenouilles qui sortirent de leur bouche.
D'un bout à l'autre de la Bible, une Bête est le symbole employé
pour représenter un gouvernement. Dans la prophétie de Daniel, les
grands empires universels sont symbolisés par des animaux :
Babylone par le Lion, la Médo-Perse par l'Ours, la Grèce par le Léopard
et Rome par le Dragon Dan. 7: 1-8. L'empire romain existe toujours.
La chrétienté fait partie de ce grand Empire romain qui prit
naissance au jour de César et qui, selon les Écritures, existe
encore dans le monde.
En pratique, tous les exégètes de la Bible s'accordent pour dire
que le Dragon de l'Apocalypse représente le pouvoir purement civil,
quel qu'il puisse être. Nous ne déduisons pas de ceci que tous les
pouvoirs du monde sont mauvais ou viennent du Diable, mais que l'Éternel
a trouvé bon de se servir du symbole du Dragon pour représenter
le pouvoir civil.
La Bête d'Apoc. 16 :13 est la même que celle qui est
mentionnée en Apoc. 13 : 2, et qui est semblable à, un léopard
(tacheté). Des interprètes protestants de l'Apocalypse s'accordent
à dire que ce symbole se rapporte au système papal : non pas au
Pape, ni aux congrégations catholiques, ni aux catholiques
individuellement, mais au système dans son ensemble
qui existe depuis des siècles.
Dans Sa Parole, il a plu à Dieu de considérer la Papauté comme un
système, un gouvernement. La Papauté prétend que le Royaume de
Dieu, le Royaume du Messie, fut établi en 799 ap. J. C., qu'il a
duré un millier d'années, exactement comme la Bible indique que
serait la durée du Royaume de Christ, et qu'il prit fin en 1799 ap.
J.C. La Papauté prétend également que depuis 1799, ce Royaume de
Christ (c'est-à-dire le système papal, représenté dans
l'Apocalypse comme étant la Bête) a souffert la violence. Elle prétend
également que, depuis 1799, le Diable a été relâché, en
accomplissement d'Apoc. 20 : 7.
L'histoire rapporte que la période (« era ») se terminant en
1799, marquée par la campagne de Napoléon en Égypte, scella le
terme de la domination papale sur les nations. En effet, Napoléon
emmena même le pape prisonnier en France où il mourut. D'après
les catholiques romains, cette profonde humiliation de la papauté
marque le temps où Satan est relâché, en accomplissement d'Apoc.
20 : 7.
Nous ne pouvons souscrire à l'interprétation de la prophétie
ainsi faite par nos frères catholiques. Notre Seigneur avait
certainement raison quand Il déclara que « Satan est le prince de
ce monde», et que notre époque est « le présent monde [ou Age]
mauvais ». La raison pour laquelle il y a tant d'abus de
confiance (« graft »), de fausses doctrines, de tromperies,
d'ignorance, de superstition partout, c'est que Satan est l'être
puissant qui séduit le monde. Selon les Écritures, Satan doit être
lié pour mille ans, afin qu'il ne séduise plus les nations Apoc.
20 : 3. Lorsque les mille ans seront accomplis, Satan sera délié
pour un peu de temps, afin que les humains soient mis à l'épreuve.
Ensuite, il sera détruit dans la Seconde Mort, avec tous ceux qui
seront en harmonie avec lui.
Ceux qui étudient la Bible commencent seulement à ouvrir les yeux
et à voir la longueur, la largeur, la hauteur et la profondeur de
l'Amour de Dieu : les merveilleuses dispositions qu'Il a prises,
d'abord en faveur de l'Église qui doit avoir part à la gloire du
Royaume, et ensuite pour les humains qui recevront la bénédiction
d'une élévation à la perfection humaine durant ces mille ans.
Cette glorieuse Époque est imminente, et non du passé. La
condition des humains, à la fin du Royaume du Messie, sera si belle
que tout ce qu'on aurait jamais pu imaginer ne pourra lui être
comparé. L’œuvre grandiose de Dieu ne sera cependant pas achevée
avant que chaque être humain n'ait atteint la perfection, ou n'ait
été détruit dans la Seconde Mort pour avoir refusé de se
soumettre aux exigences des lois de la justice. Alors, on entendra
toutes les créatures dans le ciel et sur la terre s'écrier :
« A celui qui est assis sur le trône, et à l'Agneau, la bénédiction,
et l'honneur, et la gloire, et la force, aux siècles des siècles ! »
— Apoc. 5 : 13.
Le Dragon symbolise donc le pouvoir romain, représenté par
le pouvoir civil dans le monde. La Bête est le système papal de
gouvernement. Il reste à interpréter le troisième symbole, le
Faux Prophète. Faux Prophète est, croyons-nous, un autre nom pour
le système appelé ailleurs « l'image de la Bête » Apoc. 13
: 14. Selon les Écritures, cette Image est une représentation très
exacte de la Bête. Nous comprenons que le Faux Prophète, ou Image
de la Bête, signifie la Fédération des Églises protestantes.
L'IMAGE DE LA BÊTE
Afin de comprendre pourquoi la Fédération protestante des Églises
doit être symbolisée par l'Image de la Bête et comme le Faux
Prophète, nous devons examiner d'autres passages bibliques
symboliques. En Apoc. 17 : 5, notre attention se porte sur un
grand « mystère ». Le terme « prostituée » dans
le symbolisme biblique, ne désigne pas une personne immorale. Il désigne
l'église qui devait être le Royaume de Dieu, mais qui a perdu sa
virginité en s'associant à un époux terrestre, au lieu de son Époux
céleste. A quel époux terrestre l'Église s'est-elle unie ? A
l'Empire romain. Dans l'esprit de Luther et dans celui d'autres réformateurs,
il y avait certitude absolue qu'une union étroite existait entre l'Église
et le monde. Pendant un certain temps, l'Église déclara qu'elle
attendait le retour de Christ pour établir Son Royaume. Finalement,
elle dit : « Je n'attendrai pas jusqu'à la Seconde Venue de Christ, je vais m'unir à l'Empire romain ».
Chacun connaît le résultat. L'église catholique romaine fut élevée
au pouvoir et régna en reine durant des siècles. Cette union de l'Église
et de l'État est représentée en Italie dans un tableau célèbre.
Sur un trône, le Pape et l'Empereur sont assis côte à côte. D'un
côté se trouvent des cardinaux, des évêques, le bas clergé et
les laïcs, chacun selon son rang. De l'autre côté se trouvent des
généraux, des lieutenants, des soldats, jusqu'au commun peuple.
Ainsi l'union de l'Église et de l'État fut donc admise.
Sur la base de cette union, tous les gouvernements terrestres ont été
appelés chrétiens, car tous prétendent à l'unité comme faisant
partie intégrante de l'Église. L'histoire nous dit que, durant des
siècles, l'Église a établi les souverains terrestres. Ceux à qui
le Pape désirait donner la couronne étaient couronnés. Pour
prouver la suprématie de l'Église, on raconte l'histoire de
l'Empereur d'Allemagne, Henri IV, qui avait encouru la disgrâce
papale et qui, par châtiment, fut obligé de rester trois jours
devant les portes du Château de Canossa, les pieds nus, vêtu
seulement de la chemise de crin des pénitents et exposé aux
rigueurs du froid, au cœur de l'hiver. Il dut ensuite ramper sur
les mains et les genoux pour arriver jusqu'au pontife, dont le bas
de soie fut enlevé, afin que l'empereur pût baiser le gros orteil
du pape et qu'ainsi les paroles du Ps. 2 : 12 fussent accomplies «
[ô rois... juges de la terre... ] Baisez le Fils ».
Nous croyons que c’est là une fausse application de l'Écriture.
« Le Fils » n'est pas le Pape. La « sainte montagne » est le
Royaume de Dieu. Ses représentants sont symbolisés par la sainte
montage de Sion. Le grand Messie renversera complètement toutes les
choses du temps actuel, et établira le Royaume de Justice et de Vérité
qui libérera l'humanité du péché et de la dégradation.
Les catholiques romains croient que le Pape est le « vicaire » de
Christ et qu' Il règne à Sa place. Ils croient que c'est
maintenant que Satan est délié pour séduire les nations ; que
bientôt l'Église obtiendra de nouveau plein pouvoir dans le monde,
avec pour résultat la destruction de tous ceux qui ne lui obéiront
pas. Cette interprétation nous fait penser aux 13 et 20e chapitres de
l'Apocalypse. Les protestants ne comprennent pas dans quel temps
nous vivons. Sans nul doute, tous ceux qui réfléchissent ont
remarqué que les premiers pas en vue d'une union sont faits par les
protestants, jamais par les catholiques.
La question se pose maintenant : pourquoi les Écritures représentent-elles
le Protestantisme comme une Image de la Bête ? Quand et comment
cela s'est-il produit ? Depuis la Réformation les Protestants se
sont efforcés individuellement de sortir des ténèbres du passé,
et ainsi établirent-ils de nombreux credo et organisèrent-ils de
nombreuses « dénominations » (ou « sectes religieuses » dict.
— Trad.). Mais vers le milieu du siècle dernier, les chefs (ou
conducteurs) religieux commencèrent à se rendre compte que, si
chacun continuait à étudier la Bible individuellement, le temps
viendrait où chacun aurait un credo individuel, personnel. Pour éviter
ce qui leur semblait être une diminution de puissance, ils projetèrent
une union des Protestants en un système appelé Alliance évangélique.
L'Alliance évangélique est une union de différentes confessions
protestantes, fondée en 1846 dans le but précis d'accomplir de
leur côté ce que le Catholicisme avait fait du sien. Voyant la
grande puissance que les Catholiques romains exerçaient à cause de
l'unité de leur système, les Protestants dirent : « Nous sommes
divisés. Nous n'avons aucune puissance. Nous allons nous organiser
». Sur le champ, selon les Écritures, ils firent une Image de la Bête.
La
Bible déclare, toutefois, que l'Image ne peut faire aucun mal avant
d'avoir été animée [litt. avant de recevoir la vie — Trad. ]
par la Bête à deux cornes Apoc. 13 : 15. Nous croyons que cette «
Bête à deux cornes semblable à un agneau », mais « parlant
comme un dragon », représente l'église d'Angleterre qui ne fait
pas partie de l'Alliance évangélique. L'église d'Angleterre prétend,
comme l'église de Rome, être la véritable église ; elle déclare
que toutes les autres sont fausses, que seule elle possède la
succession apostolique originelle, et que personne n'est autorisé
à prêcher s'il n'a pas reçu l'imposition de mains apostoliques.
Telle a été, durant des siècles, la prétention de l'église
d'Angleterre, et c'est ce qui fait la différence entre cette église
et toutes les autres confessions (ou sectes) protestantes.
Bien que l'Alliance évangélique soit organisée depuis 1846, elle
n'a pas encore pu arriver au but qu'elle s'était proposé, car elle
n'a pas su comment il fallait agir. Les « dénominations » (nous
emploierons désormais le terme « secte » — Trad.) faisant
partie de cette Alliance n'étaient unies que de nom, et en conséquence,
ont travaillé les unes contre les autres. Les sectes qui restèrent
en dehors de cette Alliance furent déclarées non-autorisées, et
à leur tour, mirent au défi les églises évangéliques de pouvoir
leur montrer de qui elles avaient reçu l'autorité de prêcher. Le
résultat fut que l'image n'eut aucun pouvoir pour agir, et fut foulée
aux pieds. Pour avoir de la vitalité, la vie, elle avait besoin de
la succession apostolique, elle devait avoir une base pour
travailler à son œuvre.
Les Écritures montrent que l'église d'Angleterre deviendra l'amie
de l'Alliance évangélique et lui donnera l'autorité apostolique
pour prêcher. A cause de cette union, l'Alliance pourra dire :
« Nous avons l'autorité apostolique pour prêcher ; que
personne ne parle s'il n'a notre autorisation ». C'est ce que
nous enseigne Apoc. 13 : 17. Il ne sera permis à personne d'acheter
ou de vendre des choses spirituelles, au marché spirituel, sans
avoir reçu la marque de la Bête ou celle de son Image.
En Apoc. 16 : 13, il est fait allusion au Faux Prophète, autre représentation
de l'Image, le produit vitalisé de l'Alliance évangélique, qui a
pris la forme de la Fédération des églises et possède
aujourd'hui beaucoup de vitalité. Il nous reste à savoir si sa
vitalité augmentera encore. Les Écritures nous indiquent
clairement que l'Image de la Bête est appelée à avoir une si
grande puissance qu'elle agira comme le fit l'église catholique
romaine dans le passé ; ces deux systèmes, catholique et
protestant, gouverneront le monde civilisé d'une manière
autoritaire, par l'intermédiaire du pouvoir civil, le Dragon [Note
1].
« TROIS ESPRITS IMPURS COMME DES GRENOUILLES »
Les Écritures nous disent que ce résultat sera atteint par les
paroles de la puissance combinée de l'église et de l'État. « Et
je vis sortir de la bouche du Dragon, et de la bouche de la Bête,
et de la bouche du Faux Prophète, trois esprits impurs (« immondes
» — Darby), comme des grenouilles ». Dans ce passage,
l'esprit est une doctrine — une doctrine impure — une fausse
doctrine. Chacun de ces systèmes exprimera les mêmes choses, et
ces paroles auront pour effet d'assembler les royaumes de la terre
pour la grande Bataille d'Harmaguédon.
Le symbolisme de l'Écriture, bien compris, est très significatif ;
il y a toujours une ressemblance étroite entre le symbole lui-même
et la chose qu'il représente. Lorsque le Saint Esprit emploie une
grenouille pour représenter certaines doctrines ou certains
enseignements, nous pouvons être sûrs que l'application conviendra
bien. Bien qu'une grenouille soit une petite créature, elle s'enfle
jusqu'à ce qu'elle soit près d'éclater dans ses efforts pour paraître
importante. Une grenouille a l'apparence d'être très sage, lors même
qu'elle ne sait pas grand-chose. En outre, une grenouille coasse
chaque fois qu'elle émet un son !
Les trois caractéristiques les plus marquantes d'une grenouille
sont donc : la suffisance, un air de sagesse et de connaissance supérieures,
et un coassement continuel. En appliquant ces caractéristiques à
la figure donnée dans la Parole divine, nous apprenons que du
pouvoir civil, de l'église catholique et de la Fédération des églises
protestantes sortiront les mêmes enseignements. Tous auront le même
esprit de jactance ; tous prendront un air de connaissance et de
sagesse supérieures ; tous prédiront les terribles conséquences
qu'entraînerait la désobéissance à leurs conseils. Malgré les
profondes divergences existant entre les diverses confessions de foi,
tout sera passé sous silence, car le mot d'ordre général sera de
ne rien changer à l'ancien état de choses, de ne rien approfondir
et de ne rien rejeter.
L'autorité divine de l'église et le droit divin des rois, en
dehors de l'église, ne pourront se combattre, car tous deux seront
également soutenus. Toute personne ou tout enseignement qui ne
seront pas d'accord avec ces proclamations orgueilleuses,
antibibliques, seront couverts de mépris, par la bouche des
grenouilles, coassant des chaires et des tribunes, et à travers la
presse tant religieuse que profane. Les plus nobles sentiments de
certains seront étouffés par la philosophie procédant du même
esprit mauvais qui parla par la bouche de Caïphe, le souverain
sacrificateur, à l'égard de notre Seigneur Jésus. Comme Caïphe déclara
qu'il était opportun de commettre un crime, de violer ainsi la
justice tant humaine que divine, afin de se débarrasser de Jésus
et de Ses enseignements, ainsi l'esprit de grenouille approuvera
toute violation de principe nécessaire pour sa sauvegarde
personnelle.
Tout vrai chrétien éprouve un sentiment de honte, en lisant
l'histoire, d'y voir quels terribles forfaits furent commis au nom
de Dieu et de la justice, et au nom de notre Seigneur Jésus. Nous
ne devons pas penser un seul instant que ces esprits de grenouilles,
ou doctrines, sont tous mauvais, mais ce sont plutôt des doctrines
pompeuses et ampoulées de gens qui se prétendent être très sages
et très grands, ayant pour eux des siècles d'histoire. C'est de la
bouche du Dragon que sort la doctrine du droit divin des rois : « Ne
soulevez pas le voile du passé pour voir comment les rois ont reçu
ce droit. Acceptez la doctrine, car si vous ne le faites pas, et que
les hommes examinent le sujet de près, il y aura une terrible révolution
et tout s'écroulera ! ».
La Bête et le Faux Prophète poussent des coassements semblables.
L'église catholique dit : « Ne regardez pas en arrière ! Ne vous
informez pas de ce qui a trait à l'église ! ». Le
protestantisme dit : « Nous sommes grands, nous sommes sages, nous
sommes instruits. Restez tranquilles ! Personne alors ne saura que
vous ne connaissez rien ». Tous déclarent (en coassant) : «
Nous vous disons que si vous soulevez la moindre objection contre l'état
de choses actuel, il arrivera des choses terribles ! ».
Les partis politiques y ont aussi leur part. Tous déclarent : « Si
le moindre changement devait arriver, cela entraînerait un terrible
désastre ! ». Certains sont soutenus par la fermeté de caractère,
d'autres par le pouvoir civil, mais ils sont tous unanimes à
coasser au peuple que tout changement signifiera la ruine du présent
ordre de choses. Selon la manière de s'exprimer de nos jours, le
mot d'ordre donné dans l'église et dans l'état est : « Pas de
changement ! », mais le peuple commence à éprouver de la crainte.
C'est ce coassement de la Bête, du Dragon et du Faux Prophète, qui
poussera les rois de la terre à se rassembler pour la Bataille
d'Harmaguédon et pour la destruction.
Les souverains et princes ecclésiastiques, avec leur suite —
clergé et fidèles adhérents — se grouperont en une solide
phalange (protestants et catholiques). Les rois, princes et sénateurs
politiques, et les gens « haut-placés »,
avec leurs partisans et leurs soutiens, se rangeront aussi du
même côté. Les rois de la finance et les princes du commerce, et
tous ceux qu'ils peuvent influencer grâce à la puissance
gigantesque telle qu'elle ne fut jamais exercée jusque là dans le
monde, se rangeront également du même côté, selon cette prophétie.
Pourtant, ces gens-là ne se rendent pas compte qu'ils se dirigent
vers Harmaguédon, et chose extraordinaire, leur cri de ralliement
renferme implicitement l'expression « Allons ensemble vers Harmaguédon
! ».
En parlant de notre époque, notre Seigneur déclara : « Les
hommes rendant l'âme de peur et à cause de l'attente des choses
qui viennent sur la terre habitée, car les puissances des cieux
seront ébranlées » Luc 21 : 26. Les souverains d'Europe
ne savent que faire. Tout esprit de secte est ébranlé. Beaucoup
d'enfants (« people ») de Dieu sont perplexes.
Le coassement des esprits de grenouilles, ou doctrines, rassemblera
en une grande armée les rois et les princes de la finance, de la
politique, de la religion et de l'industrie. L'esprit de crainte,
inspiré par le coassement, fouettera les passions d'hommes
habituellement bons et raisonnables ; ils deviendront furieux et
agiront, poussés par le désespoir. Dans leur aveuglement, ils
suivront ces mauvais esprits, ces mauvaises doctrines, et ils seront
ainsi prêts à, sacrifier la vie et toutes choses sur ce qu'ils
supposent à tort être l'autel de la Justice, de la Vérité et de
la Droiture (« righteousness ») selon un arrangement divin.
Beaucoup de gens au cœur noble, qui feront partie de cette grande
armée, prendront une attitude tout à fait contraire à celle
qu'ils préféreraient. Pendant un certain temps, les roues de la
liberté et du progrès feront marche arrière, et l'on considérera
comme nécessaire à, sa propre conservation, d'apporter des
restrictions semblables à celles du Moyen Age pour maintenir le présent
ordre de choses et pour empêcher l'avènement du nouvel ordre que
Dieu a décrété et qui est proche. Il en est même qui peuvent
faire partie du peuple de Dieu et qui ne s'arrêtent pas à considérer
si c'est ou non la volonté de Dieu que Ies choses doivent continuer
comme elles sont, depuis six mille ans. La Bible dit que telle n'est
pas la volonté de Dieu qu'il doit y avoir au contraire un grand
bouleversement sur la terre, et qu'un nouvel ordre est en train de
s'introduire.
Selon notre compréhension des Écritures, ces forces combinées
d'Harmaguédon triompheront pendant un court laps de temps. On ne
pourra ni parler, ni correspondre librement cette liberté et
d'autres qui sont devenues comme le souffle vital même des masses
de nos jours seront brutalement supprimées, sous prétexte de nécessité,
pour la gloire de Dieu, pour obéir aux commandements de l’église,
etc. La soupape de sûreté sera bloquée, et cessera ainsi de
troubler les rois de la terre avec le bruit de la vapeur qui s'échappe
tout paraîtra calme, jusqu'au moment où aura lieu la grande explosion
sociale décrite dans l'Apocalypse sous l'image d'un tremblement
de terre. Dans le symbolisme biblique, un tremblement de terre
signifie une révolution sociale, et selon la déclaration des Écritures,
il n'y en aura jamais eu de semblable Apoc. 16 : 18, 19. Voyez
l'allusion qu'en fait notre Seigneur en Matt. 24 : 21.
LA GRANDE ARMÉE DE L'ÉTERNEL
Les Écritures montrent qu'à ce moment-là la puissance
divine interviendra, et Dieu rassemblera les armées rangées à
Harmaguédon, à la Montagne de la Destruction Apoc. 16 : 16.
La chose même qu'elles cherchaient à éviter par leur union, leur
fédération, etc., sera précisément celle qu'elles précipiteront.
D'autres passages des Écritures nous disent que Dieu sera représenté
par le Messie, et qu'Il se tiendra du côté des masses. « En ce
temps-là se lèvera Micaël [celui qui est semblable à Dieu..
c'est-à-dire le Messie] » Dan. 12 :1. Il exercera l'autorité.
Il prendra possession
de Son Royaume d'une manière bien inattendue par nombre de ceux qui
avaient prétendu par erreur être Son Royaume et être autorisés
par Lui à régner en Son nom et à Sa place.
Notre Seigneur Jésus a dit : « Vous êtes esclaves
de celui à qui vous obéissez [ou à qui vous rendez service] ».
Il est possible que certains rendent service à Satan et à
l’erreur, alors qu'ils prétendent servir Dieu et la justice, et
d'autres peuvent comme le fit Saul de Tarse, servir par ignorance,
« pensant rendre service à Dieu » en persécutant l'Église.
Le même principe est encore vrai en sens inverse. De même qu'un
roi de la terre ne prend aucune responsabilité à l'égard du
caractère moral de chaque soldat qui combat pour lui, ainsi l'Éternel
ne répond pas du tout du caractère moral de ceux qui s'enrôlent
dans Son armée et combattent de Son côté, quel qu'en soit le
sujet. Ils sont Ses serviteurs puisque c'est à Lui qu'ils rendent
service, quel que soit le mobile ou le but qui les pousse à agir.
Le même principe s'appliquera à la Bataille d'Harmaguédon qui
vient. Dans cette bataille, Dieu sera du côté du peuple, et c'est
cette armée indescriptible même, le peuple, qui se rangera au début
de la bataille. Les anarchistes, les socialistes et les extrémistes
exaltés, venus de tous les horizons raisonnables ou déraisonnables,
marcheront les premiers. Celui qui a quelque connaissance de la vie
militaire sait qu'une grande armée est composée de toutes les
classes de la société.
Les masses s'agiteront sous les restrictions apportées à leurs
libertés, mais elles seront conscientes de leur faiblesse vis-à-vis
des rois et des princes de la finance, de la société, de la
religion et de la politique alors au pouvoir. La majorité des
pauvres et de la classe moyenne préfère la paix, pour ainsi dire
à tout prix. Les masses populaires n'ont aucune sympathie pour
l'anarchie. Elles se rendent compte, avec raison, que la plus
mauvaise forme de gouvernement est préférable à l'anarchie. Elles
chercheront la délivrance au moyen du vote, et le rajustement
pacifique des affaires de la terre pour éliminer le mal et pour
remettre entre les mains du peuple et dans l'intérêt de tous, les
monopoles, les services publics et les richesses naturelles. La
crise surviendra lorsque les défenseurs de l'ordre social établi
en viendront à violer la loi et à s'opposer à la volonté de la
majorité exprimée par le vote. La crainte de l'avenir poussera
les masses bien intentionnées au désespoir, et l'échec du
socialisme sera suivi de l'anarchie.
Les saints du Seigneur n'ont pas du tout à prendre part à cette
bataille. Le peuple consacré de Dieu désire ardemment le Royaume
du Messie et la glorieuse année du Jubilé et du Rétablissement
qu'il inaugurera ; il attend avec patience et sans murmurer les
temps marqués par Éternel. Leurs lampes étant préparées et
allumées, les enfants de Dieu ne seront pas dans les ténèbres
concernant les événements importants de la bataille imminente ; au
contraire, ils seront pleins de courage, sachant que l'issue a été
annoncée par la « sûre parole prophétique » à laquelle
ils ont bien fait « de prêter attention, comme à une lampe qui
brille dans un lieu obscur, jusqu'à ce que le Jour vienne à paraître
». — 2 Pi. 1 : 19.
La question se pose alors : pourquoi Dieu n'a-t-il pas établi
Son Royaume plus tôt ? Pourquoi Harmaguédon est-il nécessaire
? Nous répondons que Dieu a Ses propres temps et saisons, et
qu'il a fixé le grand Jour du septième millier d'années pour le règne
de Christ. La Sagesse divine a retenu jusqu'à notre époque la
grande connaissance et la technique qui multiplient en même temps
des millionnaires et des mécontents. Si Dieu avait levé le voile
de l'ignorance il y a mille ans, le monde se serait rangé pour
Harmaguédon mille ans plus tôt. Dieu a caché ces choses jusqu'au
temps actuel, parce que Son Plan comprend diverses parties qui,
toutes, convergent vers le même point chronologique. Dans Sa bonté,
Dieu a voilé les yeux des humains jusqu'à ce que le rassemblement
pour Harmaguédon précède immédiatement le moment où le Messie
prendra Son Pouvoir souverain et commencera à régner. — Apoc. 11
: 17, 18.
Les enfants de Dieu devraient être grandement reconnaissants envers
le Dispensateur de tous biens. Ils devraient se préparer pour la
grande tempête qui se lève, et demeurer très calmes, ne s'ingérant
pas mal à propos ni du côté des riches, ni du coté des pauvres.
Nous savons d'avance que l'Éternel est aux cotés du peuple. C'est
Lui qui combattra dans la Bataille d'Harmaguédon, et Ses agents
seront les soldats de cette armée spéciale, formée de toutes les
classes. Lorsque ce grand « tremblement de terre » de la révolution
sociale se produira, ce ne sera pas simplement une poignée
d'anarchistes, mais tout le peuple qui se lèvera pour renverser le
grand pouvoir qui l'étrangle. L'égoïsme est à la base de toute
l'affaire.
PAS ENCORE, MAIS BIENTÔT
Il y a quarante ans que les forces se rassemblent des deux côtés
pour la Bataille d'Harmaguédon. Grèves, fermetures d'ateliers et
émeutes grandes et petites, ont été simplement des escarmouches
secondaires au moment où l'un des belligérants franchissait le
terrain de l'autre. Des scandales judiciaires et militaires en
Europe, des scandales dans les assurances, dans les trusts et dans
les tribunaux en Amérique, ont ébranlé la confiance du public.
Des attentats à la dynamite, mis sur le compte tantôt des patrons,
tantôt des employés, ont fait que ces deux classes n'ont plus
confiance entre elles. Des sentiments d'amertume et de colère des
deux partis se manifestent de plus en plus. Les lignes de bataille
se dessinent de jour en jour davantage. Néanmoins, la Bataille
d'Harmaguédon ne peut pas encore être engagée.
Le Temps des Gentils doit durer encore deux années [édition
anglaise de 1915 — Trad.]. L'image de la Bête doit encore
recevoir la vie, le pouvoir. Elle doit être transformée d'un
simple mécanisme, elle doit devenir une force vivante. La Fédération
protestante se rend compte que son organisation continuera à être
sans utilité à moins qu'elle ne reçoive la vie, c'est-à-dire à
moins que son clergé soit, directement ou indirectement, reconnu
comme possédant l'ordination et l'autorité apostoliques pour
enseigner. Selon la prophétie, cela proviendra de la Bête à deux
cornes qui, nous le croyons, représente symboliquement l'église
d'Angleterre. L'activité arbitraire, tyrannique du protestantisme
et du catholicisme, agissant conjointement pour supprimer les libertés
humaines, attend cette vivification de l'Image. Il est possible que
ceci s'accomplisse bientôt, mais Harmaguédon ne peut pas précéder
cet accomplissement, au contraire, il doit le suivre, peut-être un
an après, selon notre compréhension de la Parole prophétique (*)
[Quand l'Auteur écrivit ceci, il pensait, que la détresse ne
durerait que trois ou quatre ans].
Une autre chose encore intervient. Bien que les Juifs se répandent
graduellement en Palestine, se rendant graduellement maîtres du
pays de Canaan, et quoique selon des rapports, dix-neuf
millionnaires y seraient déjà, néanmoins, la prophétie exige
qu'un nombre évidemment beaucoup plus élevé de riches Hébreux
s'y trouve avant qu'Harmaguédon n'éclate. En vérité, nous
comprenons que la « détresse de Jacob » en Terre sainte, se
produira à la fin même d'Harmaguédon. Alors commencera à se
manifester le Royaume du Messie. Désormais, Israël dans le pays de
la promesse s'élèvera graduellement des cendres du passé à la
grandeur dont parlent les prophètes. Par l'intermédiaire de ses
princes établis par Dieu, le Royaume du Messie, tout puissant mais
invisible, commencera à enlever la malédiction, à relever
l'humanité, et à lui donner « un diadème au lieu de la cendre ».
Notre Roi est en
Marche
Mon oeil peut voir
l'éclat de la présence du Seigneur
Le voici foulant la
cuve du vin de la fureur ;
Je vois l'effet de
sa prompte épée aiguë en lueur,
Notre Roi est en
marche.
Je puis voir Ses
jugements venant par tout l'univers
De gémissements et
de signes sont remplis les airs
Je lis la sentence
dans les trônes branlants, pervers,
Notre Roi est en
marche.
Les « Temps des
Nations » cessent, leurs rois ont eu leurs jours
Et quant aux pleurs
comme aux douleurs, ils s'en vont pour toujours
Les saints du Lion
de Juda vont régner sans détours
Notre Roi est en
marche.
Au son de la [7e]
trompette, le Roi marche le premier ;
Il va sonder tout cœur
à son grand jugement dernier
Réjouis-toi, mon
âme, sois prompte à le saluer,
Notre Roi est en
marche.
CHŒUR
Gloire ! Gloire ! Alléluia !
Gloire ! Gloire !
Alléluia !
Gloire ! Gloire !
Alléluia !
Notre Roi est en
marche.