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Le baptême au second siècle
— Parrain et marraine
dans le baptême — Cérémonial du baptême dans l’Eglise de Rome — Le
baptême des enfants, pourquoi cet usage a commencé — Le témoignage de
l’Ecriture à propos du baptême — Point de vue de “Disciple” — Point de
vue “Baptiste” — Point de Vue véritable — Le baptême dans la mort de
Christ — “Vous avez tous été baptisés en un seul Esprit pour devenir un
seul corps” — Le baptême de feu — Baptême symbolique dans l’eau — Le
baptême symbolique est-il nécessaire ? — Le symbole correct — Qui peut y
procéder. Formule à employer — Renouvellement du symbole — “Baptiser
pour les morts”.
*
* *
Le
monde chrétien s’accorde à reconnaître que le Nouveau Testament enseigne
le baptême bien qu’il existe de nombreuses variantes et passablement de
confusion dans les idées sur ce qu’il est an réalité et sur ce qu’il
signifie.
[478]
La
grande apostasie de la foi à laquelle les apôtres ont fait allusion dans le
Nouveau Testament, a si bien pris le pas au second siècle, que toutes les
superstitions relatives au baptême ont pris cours dans la soi-disant église
à cette époque. On a pensé, non seulement que le baptême d’eau remettait le
sujet en relation avec Dieu en effaçant les péchés antérieurs, mais encore
qu’il lui conférait certaines grâces ou faveurs divines, au titre de membre
de l’Eglise de Christ, qu’il ne pourrait pas obtenir autrement. C’est
pourquoi, dés les premiers temps, les croyants demandèrent le baptême pour
eux-mêmes et pour leurs enfants. Et comme les enfants sont encore incapables
de croire ou de venir d’eux-mêmes sous le couvert des promesses de
l’alliance de grâce, on a fait ou sorte que d’autres que les parents
répondent pour les enfants et deviennent leurs “parents spirituels”. Ils
promettent solennellement que les enfants croiront au Seigneur et marcheront
dans ses sentiers, s’obligeant à veiller à leur éducation religieuse. Ce
sont les parrains et marraines.
A
cette époque, ceux qui enseignaient et ceux que l’on enseignait évoluèrent
rapidement dans le formalisme et l’élaboration de gestes symboliques. Au
troisième siècle on construisait des baptêmes en dehors des églises. C’était
un édifice auquel on accédait par un portail. Ce dernier était ouvert au
public qui pouvait entendre prononcer les vœux de baptême après quoi il
était procédé à la cérémonie sur les fonts. L’officiant exorcisait le
candidat au baptême, chassait les démons, en lui soufflant trois fois au
visage pour le Père, le Fils et le Saint Esprit. L’eau baptismale était
consacrée par une formule magique qui en faisait une eau sainte et
exorcisait l’eau elle-même pour en chasser les esprits mauvais. Le
catéchumène était dévêtu, ce qui représentait le dépouillement complet du
vieil homme, et était baptisé trois fois, une fois au nom du Père, une fois
au nom du Fils, une fois au nom du Saint Esprit. Tout ceci se faisait en
dehors de l’église pour faire comprendre que le catéchumène ne pouvait faire
partie de l’église tant qu’il n’avait
[479]
pas satisfait à cette obligation. Lorsque le baptême avait eu lieu le
candidat à l’admission dans l’église était revêtu d’un vêtement blanc qu’il
portait jusqu’au dimanche suivant. Plus lard on ne construisit plus de
baptistères en dehors des églises mais des fonts baptismaux à l’intérieur.
Les
églises catholiques romaine et grecque ont conservé presque en entier le
même cérémonial qu’au troisième siècle sauf légères modifications
d’adaptation à notre époque. Voici le rite des cérémonies de baptême de
l’Eglise de Rome, lesquelles ne sont pas pour autant universellement
appliquées:
1) On
tient l’enfant à l’extérieur de l’église pour marquer son exclusion réelle
du ciel que l’église représente.
2) Le
prêtre souffle trois fois sur le visage de l’entant, ce qui veut dire que le
démon ne peut être éloigné que par l’esprit de Dieu.
3) On
fait le signe de la croix sur le front et la poitrine de l’enfant.
4)
Après avoir exorcisé le sel, le prêtre l’introduit dans la bouche de
l’enfant ce qui veut dire que la sagesse le préservera de la corruption.
5)
L’enfant est exorcisé.
6) Le
prêtre lui touche la bouche et les oreilles de salive en prononçant le mot
EPHPHATHA.
7) On
enlève les vêtements de l’enfant, ce qui représente le dépouillement de la
vieille nature.
8)
Les parrain et marraine qui représentent l’Eglise en la circonstance,
présentent l’enfant.
9) On
formule les promesses de renonciation à Satan et à ses œuvres.
10)
L’enfant est oint d’huile.
11)
Suit la formulation de la profession de foi.
12)
On demande à l’enfant s’il veut être baptisé.
13)
On lui donne le nom d’un saint qui deviendra son exemple et son protecteur.
[480]
14)
On le trempe trois fois dans l’eau ou on lui verse trois fois de l’eau sur
la tète.
15)
On lui donne le baiser de paix.
16)
On le oint à la tête pour marquer que, par le baptême, il est devenu roi et
sacrificateur.
17)
On lui met au main le cierge allumé qui montre qu’il est devenu un enfant de
lumière.
18)
On le revêt de l’aube — robe blanche — qui marque sa pureté baptismale. —
ESQUISSE SUR LE ROMANISME par Elliotit. Volume 11, page 24. Voir aussi lie
Catéchisme romain.
Pendant plus de 1200 ans on a observé cette déformation du baptême avant
l’organisation des diverses dénominations protestantes actuelles. Sans doute
se trouva-t-il des enfants de Dieu qui eurent sur ce sujet une optique
meilleure, mais on peut raisonnablement admettre qu’ils n’ont pas dû être
très nombreux et que les pages de l’histoire n’en ont fait aucune mention.
Il n’est pas étonnant que les Protestants des 15e et 16e siècles, pétris
qu’ils étaient par toutes ces pratiques, soient demeurés pour une large part
sous leur influence. Bien que débarrassés de ce cérémonial excessif ils ont
conservé dans le fond les mêmes vues et les mêmes coutumes. De nos jours
même des gens, par ailleurs intelligents, éprouvent une crainte
superstitieuse à propos de ce que pourrait être l’avenir éternel de leur
enfant mourant en bas âge s’il n’était pas baptisé c’est-à-dire s’il n’avait
pas reçu la rémission des péchés et n’avait pas été reçu dans l’église.
D’accord avec ces idées inconséquentes et bien que dans toutes les églises
on admette volontiers que toute prérogative, droit et privilège demeurent
aux mains du clergé en en écartant les laïcs, cependant, dans les cas
extrêmes, si l’enfant naît non viable et s’il est impossible de faire venir
un ecclésiastique, n’importe qui peut baptiser, car il faut à tout prix que
l’avenir éternel de l’enfant ne soit point compromis. L’intervention d’un
laïc dans des circonstances aussi pressantes est parfaitement admise dans le
rite des églises catholiques romaine et grecque. Au
[481]
temps d’Edouard VI il en avait été ordonné de la manière suivante dans
l’Eglise d’Angleterre : “Les pasteurs et les vicaires avertiront les gens
qu’à moins de nécessité absolue ils ne baptisent plus les enfants dans leurs
maisons et n’administrent plus le baptême qu’au cas ou une nécessite
urgente les y oblige”.
Nous
tirons du catéchisme catholique romain (p. 248) l’explication suivante du
Baptême “Le premier sacrement et le plus nécessaire c’est le baptême...
parce qu’aucun autre sacrement ne peut être administré avant le baptême..,
et parce que sans le baptême personne ne peut être sauvé. Par le baptême le
péché originel et tous les péchés commis avant le baptême sont pardonnés.
Les châtiments temporel aussi bien qu’éternel sont levés pair le baptême.
Grâce au baptême nous ne sommes pas seulement purifiés de tout péché, nous
sommes aussi transformés dans un sens spirituel, nous devenons saints
enfants de Dieu et héritiers du ciel,” L’Eglise luthérienne exprime des vues
analogues.
L’Eglise d’Angleterre, avec une très légère variante dans le cérémonial
reconnaît la même signification au baptême des enfants. On peut lire dans le
“Livre de prières”
“Sanctifie cette eau pour le lavage mystique du péché et accorde à cet
enfant qui doit, y être baptisé la plénitude de ta grâce an sorte qu’il
demeure toujours au nombre de tes enfants fidèles et élus”.
“Nous
recevons cet enfant dans l’assemblée du troupeau de Christ et le marquons du
signe de la croix,
Puisque maintenant, mes bien aimés frères, cet enfant est régénéré et admis
dans le corps de l’Eglise de Christ remercions notre Dieu Tout-Puissant pour
“ses bienfaits”.
[482]
“Nous
te remercions de tout notre cœur, Père miséricordieux qu’il t’ait plu de
régénérer cet enfant par ton “saint esprit”.
La
conception presbytérienne est moins absolue. La Confession de Westminster,
article 28, dit : “Le baptême est un sacrement... un signe, le sceau de
l’alliance de grâce, l’introduction dans le Christ, la régénération, la
rémission des péchés”, etc... Elle déclare que le baptême peut se donner aux
enfants dont le père ou la mère ou les deux à la fois sont chrétiens mais
pas aux autres. Elle ajoute : “Bien que ce soit un grand péché de contester
ou d’ignorer cette ordonnance, cependant la grâce et le salut n’en dépendent
pas si exclusivement qu’il ne soit pas possible d’être régénéré et sauvé
sans lui ou que tous ceux qui sont baptisés soient nécessairement
régénérés”.
Tout
un attachant moins d’importance au baptême, la règle presbytérienne
ne permet qu’aux ecclésiastiques de l’administrer. Et comme ceux-ci
insistent sur l’importance du baptême et qu’il s’en trouve peu qui soient au
courant de ce qui est rapporté précédemment. Il en résulte que les
Presbytériens, tout comme les autres, craignent ce qui adviendrait au cas où
leurs enfants mourraient sans avoir reçu le baptême.
Les
Méthodistes, l’Eglise protestante épiscopale des Etats-Unis et la plupart
des institutions modernes admettent cette vue moins rigide, plus modérée,
concernant le baptême des enfants.
Pour
bien situer la question on raconte l’histoire d’un certain docteur appelé
tard dans la nuit au chevet d’un enfant mourant. Il précéda de très peu un
prêtre qu’on avait envoyé chercher en même temps. Le médecin ne
[483]
pouvant rien faire de plus pour l’enfant s’écarta immédiatement tandis que
le prêtre prit un bol d’eau, en aspergea quelques gouttes sur le visage de
l’enfant en prononçant les mots : “Je te baptise au nom du Père, du Fils et
du Saint Esprit”. Quelques instants après l’enfant mourait. Tandis que le
docteur et le prêtre quittaient la maison ensemble, le premier dit au second
: “Vous êtes vraiment arrivé pile... deux minutes de plus et vous étiez trop
tard... Puis-je vous demander quel genre de chaussures vous portez ?”. “Des
bottes” répondit le prêtre. “Quel bonheur repartît le docteur, si vous aviez
eu des bottines à lacets vous ne seriez pas arrivé à temps et pensez quel
désastre c’eut été pour l’enfant !”.
A la
vérité, bon nombre de chrétiens éclairés récusent l’idée fausse et
superstitieuse d’après laquelle Dieu abandonnerait aux démons l’enfant non
baptisé aux fins de tourments éternels ou tout autre chose analogue. Malgré
tout — et l’on peut mesurer par là jusqu’à quel point nous ressentons encore
l’influence des croyances passées même à travers les siècles des âges des
ténèbres — ces mêmes personnes s’inquiéteraient réellement s’il arrivait que
leurs enfants mourussent sans cette cérémonie. Quant aux esprits plus
frustes, ils croient davantage à la nécessité du rite et seraient terrifiés
si celui-ci n’était pas accompli.
On
peut lire dans “l’HISTOIRE DES DOCTRINES” par Hagenbach les preuves que ces
conceptions erronées sur la nature, la nécessité et l’efficacité du baptême,
ont vu le jour dès le second siècle. Plus tard, au temps de Constantin et
défendu par Tertullien (DE BAPT. C. 18) on considéra que, puisque le baptême
possédait la vertu magique de purifier des péchés commis avant et non
après, il valait mieux y procéder au moment le plus proche de l’heure de la
mort si possible. Plus tard encore “l’extrême onction” devint la consolation
du mourant et l’on s’arrangea pour que tout le monde puisse entrer dans
l’église aussi tôt que passible. On attribue à Saint Augustin la phrase
“Hors de l’Eglise, pas de salut”. Ainsi
[484]
les enfants seraient donc “perdus” s’ils n’étaient pas admis dans l’Eglise.
C’est de cette époque et fondé sur cette théorie que date le baptême général
des enfants. Dès les origines l’esprit clérical s’est efforcé de réduire à
rien ce qui aurait pu faire rayonner l’influence du christianisme et
accroître le nombre des chrétiens. Le caractère et l’autorité :de notre
Créateur ont été dégradés de cette manière, le témoignage de sa Parole a été
vidé, la véritable chrétienté, “le froment”, s’est trouvé étouffé par cette
abondante semaille “d’ivraie” effectuée par l’Adversaire.
LE BAPTEME DES ENFANTS DESAVOUE PAR
CERTAINS
Au
nombre de ceux qui reconnaissent que le baptême est une obligation faite aux
croyants et qu’on ne peut croire pour un autre, Il s’en trouve qui
repoussent le baptême des enfants comme non scripturaire. Bien plus, ces
mêmes personnes prétendent qu’il n’y a baptême tel que l’ont commandé le
Seigneur et les apôtres que s’il y a immersion dans l’eau. Ils font
remarquer que le mot grec traduit par baptême, BAPTIZO comporte l’idée
d’immerger, de couvrir d’eau, de plonger) de mouiller complètement et que
des mots grecs tout à fait différents sont utilisés lorsqu’il s’agit
d’asperger, de verser on de faire tomber en pluie, d’arroser. Ces adeptes de
l’immersion dans l’eau procèdent en général à un seul plongement en arrière,
au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, tandis que quelques autres
immergent par trois fois, face en avant, une fois au nom du Père, une fois
au nom du Fils, une fois au nom du Saint Esprit. On explique cette dernière
manière de faire par le fait que lorsque Christ mourut il laissa retomber la
tête en avant et que par conséquent, ses disciples doivent être immergés
comme dans la mort, face en avait. Ces amis chrétiens ne se sont certes pas
demandé si Christ n’avait pas été mis au tombeau la face contre le sol. Ils
n’ont pas réfléchi que le Père et le Saint Esprit, eux, n’avaient été
[485]
ni morts ni ensevelis; que par conséquent, des symbolismes aussi subtils
n’avaient aucune raison d’être, et que “au nom du Père, du Fils et du
saint Esprit” voulait tout simplement dire : “par l’autorité du
Père, du Fils et du Saint Esprit”, que le Père, le Fils et le Saint Esprit
étaient d’accord pour astreindre les croyants au baptême.
Il
existe deux dénominations importantes pratiquant le baptême par immersion et
en arrière : les “Baptistes” et les “Disciples”. Cependant ils accomplissent
ce rite avec des idées très différentes quant à son sens et à son effet. Le
point de vue des “Disciples” qui se désignent eux-mêmes sous le nom de
“chrétiens” est que le baptême — par immersion dans l’eau — assure la
rémission des péchés et que ceux qui n’ont pas été immergés dans l’eau
sont encore dans leurs péchés, des enfants de colère. Envisager le sujet
sous cet angle équivaut à écarter la grande masse humaine à l’exception des
enfants (dont cependant on paraît passer sous silence le péché originel) et
même ceux qui confessent être chrétiens dans presque toutes les
dénominations religieuses : Congrégationalistes, Méthodistes, Presbytériens,
Presbytériens unis, Luthériens, Episcopaliens, Catholiques romains,
Catholiques grecs, etc... Tous seraient encore des pécheurs, non justifiés
devant Dieu et donc exposés à la colère de Dieu de quelque manière
qu’elle se traduise. Or, presque tous y compris les “Disciples”, comprennent
que ceci correspond à une éternité de tourments.
Cette
position est difficile à défendre non seulement à l’égard du monde mais
encore pour la masse de ceux qui se réclament du christianisme. Aussi
comprenons-nous que nos amis “Disciples” évitent en général de pousser à
fond la discussion sur le sujet bien que la logique de l’objection leur
apparaisse comme évidente, à eux comme à tous ceux qui l’examinent
attentivement. Nous ne pouvons admettre que ce soit la bonne manière de
comprendre le baptême. Elle nous apparaît comme non conforme à l’Ecriture et
à la raison. Nous ne pouvons en effet croire que le Seigneur ait fait
dépendre le bien
[486]
être éternel de notre race de sa connaissance et de son obéissance à une
institution comme celle-là ou à son analogue. Néanmoins, nos amis
“Disciples” s’appuient sur certains textes des Ecritures qu’il ne faut pas
méconnaître : Jean prêchant aux Juifs la repentance et le pardon des
péchés; les apôtres, lors de la Pentecôte, pressant les Juifs de croire
et d’être baptisés, pour la rémission de leurs péchés, d’invoquer le
Seigneur pour être laves de leurs péchés (Matthieu
3 : 6 ;
Jean 4 : 1, 2 ;
Actes 2 : 38, 41). Nous envisagerons ces passages de l’Ecriture
quand viendra le moment d’en discuter. Nous verrons alors pourquoi et
comment ces textes sont applicables aux Juifs seulement et jamais aux Païens
et que lorsque certains éléments païens de l’Eglise d’Ephèse eurent fait
connaître qu’ils avaient été baptisés du baptême de Jean pour la repentance
et la rémission des péchés — l’apôtre Paul leur recommanda de se faire
baptiser à nouveau au nom de Jésus. —
Actes 19 : 3 à 5
Nos
amis Baptistes, tout en se faisant les défenseurs non moins ardents de
l’immersion dans l’eau comme le seul baptême valable, adoptent un point de
vue tout à fait différent quant à sa vertu. Ils ne croient pas qu’il assure
la rémission des péchés laquelle, disent-ils, ne peut s’obtenir que par la
foi au Seigneur Jésus-Christ, le Rédempteur. Ils prétendent cependant que le
baptême est la porte d’entrée dans l’Eglise, que seuls ceux qui ont
été immergés sont vraiment entrés dans l’Eglise et que les autres ne doivent
pas s’attendre à jouir des privilèges et des bénédictions réservés à
l’Eglise, soit dans la vie présente soit dans celle qui est à venir.
D’accord avec cette idée, les Baptistes en général n’admettent pas à la
table de communion ceux qui n’ont pas été immergés dans l’eau pour lia
raison que la table de communion n’est pas pour le monde, qu’elle concerne
uniquement l’Eglise et que l’on ne peut appartenir à l’Eglise si l’on
n’est pas passé au préalable par la porte du baptême d’eau. Les
quelques églises baptises qui, ces dernières années, se sont montrées moins
rigides dans l’application de cette
[487]
règle, se trouvent en contradiction avec leur théorie. Pour le confirmer
nous extrayons ce qui suit d’un article récent paru sous la plume de J.’ T.
Lloyd dans le RELIGIOUS HERALD. Il dit:
“Le
baptême chrétien n’est pas autre chose que l’immersion du croyant dans l’eau
au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Les églises baptistes son, les
seules églises chrétiennes qui existent. Les pédobaptistes (ceux qui
baptisent les enfants) néant pas droit à la Sainte Cène. Là où ils y
participent, ils la prennent indignement, mangent et boivent leur propre
damnation,
Si la
théorie baptiste est la bonne, il s’ensuit que tous des membres des autres
dénominations de chrétiens qui n’ont pas été immergés dans l’eau se sont
fait des illusions sur leur appartenance à l’Eglise de Christ. Car,
prétendent nos amis baptistes, l’immersion est la porte d’entrée dans
l’Eglise et quiconque n’a pas été immergé n’est pas entré dans
l’Eglise, ne fait pas partie de l’Eglise de Christ qui est le Corps
de Christ. Nous ne nous étonnons pas que nos amis baptistes, et plus
particulièrement ceux qui se signalent par leurs qualités de cœur et
d’intelligence, hésitent à affirmer les seules conclusions logiques de leurs
croyances. S’ils le faisaient ils s’attireraient sans nul doute le dédain et
le mépris de bon nombre de personnes qu’ils sont cependant obligés de
respecter comme chrétiens malgré leurs opinions contraires. Et qu’elle
serait la conséquence si cette conception baptiste était vraie ? Selon tons
les credo de la chrétienté, seuls ceux qui ont été immergés seraient sauvés
et tout le reste, de toutes les dénominations, le monde étranger à toutes
les religions, tout cela serait perdu. Tous les credo ne prétendent-ils pas
en effet, que seule l’Eglise doit être sauvée et que tous les autres
s’acheminent vers la destruction, les peines éternelles ou quelqu’autre
avenir terrible et effrayant dont la destinée est fixée au moment de la mort
?
Nous
ne pouvons faire autrement que de nous dissocier de toutes les théories
humaines et imparfaites qui pré-
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cèdent étant données leurs inconséquences. Il suffit de les exposer pour que
tout esprit réfléchi et non averti se rende compte de leur caractère erroné.
Nous ne pouvons admettre que la dénomination des “Disciples”, ou des
“Baptistes”, ou des deux ensemble, soient seules à former l’Eglise du Dieu
vivant dont les noms sont écrits dans les cieux, tous leurs membres immergés
inclus et tous les autres, de toutes les dénominations, non immergés,
exclus. Nous ne pouvons admettre que lorsque le Fils de l’Homme est venu
semer la bonne semence de l’Evangile dans le champ, il ait rassemblé tout le
blé derrière la clôture baptiste tandis que l’ivraie se serait répandue
partout ailleurs. Et nous ne pouvons pas davantage admettre que le froment
tout comme l’ivraie, ne concerneraient que ceux qui ont été immergés en
sorte que toutes les autres dénominations demeureraient étrangères à la
parabole du Maître sur le blé et l’ivraie (Matthieu
13). Nous pensons que toutes ces théories contradictoires sont
fausses et ne sont pas approuvées par Dieu. Nous pensons que toutes les
sectes et les dénominations religieuses sont contraires à l’institution
divine qui ne prévoit qu’une seule Tête, un seul Corps, une seule Foi, un
seul Baptême. Nous ne prétendons pas que l’Eglise de Dieu, la Nouvelle
Création, comporte de nombreux membres. Nous croyons au contraire qu’elle
n’est qu’un “petit troupeau”.
Nous
pensons qu’il nous faut inclure nos amis Baptistes, nos amis Disciples avec
nos amis presbytériens, méthodistes, luthériens, épiscopaliens et
catholiques romains dans cette grande chrétienté générale que les Ecritures
appellent par ailleurs Babylone. Le Fils de l’Homme et ses disciples fidèles
ont semé la bonne graine qui a produit du fruit dans toute la chrétienté que
l’on peut considérer comme le champ de cet Age de l’Evangile. De son côté
l’Adversaire a semé de l’ivraie avec une telle profusion que le blé s’en
trouve presque étouffé et qu’on peut dire à certains égards que le champ est
plus un champ d’ivraie qu’un champ de blé. Mais maintenant, en définitive et
conformément à la promesse du Maître.
[489]
La
moisson de cet Age de l’Evangile étant venue, il envoie ses moissonneurs
pour rassembler son blé—tous les grains de blé — dans son grenier. Or, il
est manifeste qu’il ne trouve pas tous ces grains de véritable froment dans
les seules dénominations baptiste et disciple mais encore parmi les
Presbytériens, les Méthodistes, les Episcopaliens, les Luthériens, les
Congrégationalistes, Catholiques romains et autres. Et c’est pour cela que
le message s’en est allé vers le peuple de Dieu dispersé partout dans
Babylone : “Elle est tombée Babylone la Grande” (la sentence divine s’est
abattue sur tous ses systèmes et ceux-ci sont rejetés par le Seigneur) :
... “Sortez du milieu d’elle mon peuple, afin que vous ne participiez point
à ses péchés et que vous n’ayez point de part à ses fléaux”. —
Apocalypse 18 : 2,4 .
Ceci
étant, il est bien évident que les Baptistes et les Disciples, tout comme
les autres, se sont lourdement trompés au sujet du baptême, sur ce qu’il est
en réalité, sur les bienfaits et les privilèges qu’il confère. Nous avons
rapidement envisagé toutes les conceptions ayant cours à présent de façon
qu’il apparaisse à tous qu’il y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas
rond dans toutes les théories actuelles à propos du baptême. Ainsi nous
pourrons tous être mieux préparés à nous arracher à toutes les traditions
humaines pour retourner, dans le respect et la prière, à la Parole de Dieu
qui, par ses après inspirés, affirme qu’il y a là une institution importante
et divine. Ce n’est qu’après nous être rendu compte de la confusion qui
prévaut dans toutes les idées de la chrétienté que nous apprécierons
vraiment la simplicité du message divin sur la question.
LE TEMOIGNAGE DES ECRITURES A
PROPOS DU BAPTEME
Le
rite juif prévoyait bien quelques formules concernant la purification des
ustensiles en usage, les ablutions et l’aspersion des personnes impures,
etc..., mais absolument rien du baptême (BAPTIZO, immersion) tel
[490]
que Jean le prêcha à la fin de l’Age juif. Le baptême de Jean ne s’adressait
qu’aux Juifs déjà figurativement purifiés par les offrandes pour le péché du
Jour de Propitiation. Pour eux, le baptême de Jean signifiait qu’ils se
repentaient de transgressions personnelles commises, de violations de
l’Alliance de la Loi. Le baptême les en lavait pour ainsi dire, leur
permettait de retourner à un état de justice du cœur, de l’intention ou du
désir. Les Juifs qui se repentaient de leurs fautes et étaient, d’une
manière symbolique, purifiés, lavés par ce moyen étaient censés rétablis
dans la condition d’accord avec Dieu dont ils jouissaient précédemment
d’après leur Alliance de la Loi. L’idée force de la prédication et du
baptême de Jean était de préparer le peuple au Royaume de Dieu et à la
révélation du Messie que Jean déclarait être imminente et pour laquelle le
peuple avait besoin de se trouver dans un état réceptif de cœur convenable
pour recevoir la bénédiction découlant de cet événement. Tout Juif soumis à
l’Alliance de la Loi était membre de la maison de Moïse. “Ils ont tous
été baptisés en Moïse dans la mer et dans la nuée” (1
Corinthiens 10 : 2). La maison de Moïse était une maison de
serviteurs selon qu’il est écrit : “Moïse a été fidèle dans toute sa
maison comme serviteur” (Hébreux
3 : 5). Dans la pensée divine, tout membre sincère de la
communauté typique d’Israël, de la maison de serviteurs, avec Moïse,
le médiateur de l’Alliance typique de la Loi, pour chef, se trouverait, de
ce fait, dans un état d’esprit et de cœur tel, que lorsque le Messie, le
Christ, paraîtrait, il serait prêt à l’accueillir et à voir en lui le plus
grand Moïse. Baptisés qu’ils étaient en Moïse dans la mer et dans la nuée,
le fait d’accepter Christ en lieu et place de Moïse sembleraient impliquer
qu’ils se trouvaient comme déjà en Christ, membres de son Corps, avec lui
pour chef, et étaient susceptibles de devenir, par une étroite collaboration
avec lui, ministres d’une Alliance Nouvelle dont le Christ glorifié et
complet, deviendrait le Médiateur.
C’est
pour cette raison que Jean ne baptisa pas ses croyants en Christ mais
simplement pour la repentance,
[491]
pour les ramener dans une condition d’accord avec Moïse, etc..., condition
dans laquelle, en tant que rameaux naturels de l’olivier (Romains
1l : 16 à 21), ils n’auraient pas eu besoin d’être entrés en
Christ puisque Christ aurait pris, à leurs yeux, la place de Moïse qui
n’était au demeurant qu’une simple image de Christ. Qu’on se souvienne donc
que ce baptême appelé aussi “le baptême de Jean”, l’appel à la repentance et
à la rémission des péchés, au lavage du péché, ne s’adressait qu’aux
seuls Juifs. Les Gentils, n’ayant pas été baptisés en Moïse et ne
faisant pas partie de la maison des serviteurs à aucun moment que ce soit,
ne pouvaient pas, par la repentance de leurs péchés revenir à une
position qu’ils n’avaient jamais occupée. Les Gentils qui crurent en Christ
devaient donc être introduits dans la maison des fils d’une autre manière.
Comme l’apôtre l’explique, ils étaient des rameaux d’olivier sauvage, “par
nature, des enfants de colère”, des étrangers à la communauté d’Israël, des
gens du dehors. Aucune repentance, aucune réforme intérieure, n’étaient
susceptibles de faire de ces étrangers des membres de la maison typique de
serviteurs. Ces derniers seuls pouvaient, avaient le privilège, de passer,
par la foi en Christ, de la maison des serviteurs à la maison des fils. Pour
que les Gentils deviennent des rameaux de l’olivier (Christ) dont la racine
était la promesse faite à Abraham (Galates
3 : 16, 29), il fallait qu’ils fussent entes aux places
laissées vacantes par le retranchement des “rameaux naturels” du premier
olivier: la maison des serviteurs. Leurs cœurs ne s’étant pas trouvés dans
la bonne condition pour accepter le Messie, celui-ci ne pouvait les
accueillir dans sa maison de fils. “Il est venu chez les siens (le
peuple d’Israël) et les siens (en tant que nation) ne l’ont pas
reçu. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, à ceux qui croient en son nom, il a
donné le pouvoir (privilège) de devenir enfants de Dieu, lesquels
sont nés, non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de
l’homme, mais de Dieu — et deviennent ainsi membres de la Nouvelle Création,
spirituellement”. —
Jean 1 : 12.
[492]
L’Israël du type oublia l’Egypte (symbolique du monde) pour suivre la
direction donnée par Moïse. Lorsqu’il arrivèrent au lieu de la grande
épreuve, à la Mer Rouge, qui aurait pu devenir leur tombeau si Dieu, par
Moïse, n’était intervenu, ils furent tous, en image, baptisés en Moïse dans
la mer et dans la nuée — la mer de chaque côté, la nuée au-dessus d’eux. Ils
devinrent sa maison, sa famille. Moïse les représentait, était leur chef.
Ils sortirent de la mer, liés à Moïse, engagés, à le suivre et à lui obéir.
Ils l’étaient d’autant plus que Moïse était au surplus Médiateur de
l’Alliance de la Loi conclue au mont Sinaï, que toutes leurs espérances
étaient centrées sur lui qui avait déclaré: “L’Eternel votre Dieu
suscitera d’entre vos frères un prophète comme moi : vous l’écouterez dans
tout ce qu’il vous dira” (Deutéronome
18 : 15, 18 ;
Actes 3 : 22). Ainsi consacré et lié à Moïse jusqu’à la mort,
avec toutes ses espérances de vie ancrées en lui, c’était peu de chose pour
un véritable Israélite de déplacer le centre de son idéal en acceptant
Christ à la place de Moïse, en comprenant que ses obligations envers la Loi
et envers Moïse se trouvaient transférées, par volonté divine, en Christ, la
garantie certaine de l’Alliance Nouvelle qu’il était engagé à servir.
2 Corinthiens 3 :6 .
En ce
qui concerne les Gentils, la question était toute différente. Pour eux,
accepter Christ, c’était donner son accord à tout ce que le Juif avait
consenti à Moïse et qui se trouva par la suite centralisé en Christ. Il ne
peut donc pas nous surprendre de trouver que les Ecritures enseignent aux
croyants qui n’étaient pas Juifs, qui n’étaient pas sous la Loi, qui
n’étaient pas en Moïse et ne pouvaient par conséquent pas passer de Moïse à
Christ un sens beaucoup plus large et, beaucoup plus profond à propos du
baptême. Pour eux, le (baptême c’était tout le changement radical qu’a
illustré l’apôtre Paul (Romains
11) quand il a parlé du greffage de rameaux d’olivier sauvage
sur l’olivier franc. C’était une transformation complète.
[493]
BAPTEME EN LA MORT DE CHRIST
“Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés dans le Christ Jésus, c’est en sa mort que nous avons été baptisés
?”
Nous
avons donc été ensevelis avec lui par le baptême dans la mort, afin que,
comme Christ est ressuscité des morts, par la gloire du Père, de même nous
aussi mous marchions en nouveauté de vie.
“En effet, si nous lui avons été unis par la conformité à sa mort, nous
aurons part aussi à la conformité à sa résurrection”
—
Romains 6 : 3 à 5 .
Nous
qui, par notre naissance, appartenons à la gentilité, nous ne pouvons mieux
faire que d’accepter cette très complète explication du véritable baptême
qu’a donnée l’apôtre Paul aux croyants de Rome, dont la plupart, si pas
tous, étaient des Gentils, des “enfants de colère”. Ici, en trois versets,
l’apôtre va au fond du sujet du baptême tel qu’il s’applique à nous. On
s’appuie très généralement sur eux pour trouver toutes les différentes
conceptions du baptême et plus particulièrement nos frères qui considèrent
le baptême comme une immersion dans l’eau. Or, on remarquera que l’apôtre ne
dit pas un mot du baptême d’eau. Le Baptême d’eau n’est qu’un symbole, une
illustration du baptême réel. Dans ces versets, l’apôtre explique ce qu’est
le vrai baptême, le baptême essentiel, celui sans lequel il n’est pas
possible de devenir un membre du Corps ou l’Eglise de Christ, celui grâce
auquel, quiconque le reçoit, quelque soit son nom, son pays, sa couleur ou
son sexe, devient membre de l’Ecclésia, membre de la Création Nouvelle.
L’apôtre s’adresse à ceux qui, déjà, sont membres de Christ. Il dit :
“Ignorez-vous que nous tous qui avons été baptisés dans le Christ Jésus”.
Arrêtons-nous ici pour remarquer qu’il ne dit pas : nous tous qui avons été
aspergés
[494]
d’eau, ou encore: nous tous qui avons été immergés dans l’eau, mais bien
“Nous tous qui avons été baptisés (immergés) dans le Christ Jésus.
Qu’est-ce qu’être immergés dans le Christ Jésus ? Il est bien certain que
l’apôtre développe ici la même pensée que celle qu’il expose dans
1 Corinthiens 12 : 27 : “Vous êtes le corps de Christ et vous
êtes ses membres, chacun pour sa part”. Et comment sommes-nous
introduits dans le corps de Christ ? L’apôtre répond que nous avons été
baptisés en lui, que depuis lors nous sommes comptée comme membres de notre
Seigneur, membres soumis à Lui qui est notre chef, membres de “l’Eglise qui
est son corps”.
Enquérons nous plus particulièrement de la manière, du processus par lequel
nous sommes devenus membres du Christ Jésus. L’apôtre répond au verset
suivant : “Nous tous qui avons été baptisés dans le Christ Jésus,
c’est en sa mort que nous avons été baptisés”. Pas un mot qui
constaterait que nous avons été baptisés en lui parce que nous aurions été
baptisés dans l’eau. Non et non ! Et comme il devient évident que nous
pourrions être mille fois baptisés dans l’eau sans que nous soyons admis
pour cela comme membres du corps de Christ! D’après l’apôtre, notre union
avec Christ, notre condition de membre de son Eglise ou Ecclésia dont
les noms sont écrits dans les cieux, date du moment où nous avons été
baptisés dans sa mort. Mais, quand et comment avons nous été baptisés
dans la mort du Seigneur ? Ce baptême dans la mort du Seigneur, cet
écrasement, cet ensevelissement de nous-mêmes, de notre chair, résultant en
notre acceptation par lui comme membres de son corps et nouvelles créatures
a eu lieu au moment où nous lui avons consenti le complet abandon de notre
volonté, sacrifiant notre tout pour le suivre et lui obéir jusqu’à la mort.
La volonté c’est toute la personne, c’est tout ce qu’elle possède. La
volonté contrôle l’organisme tout entier, les mains, les pieds, les yeux, la
bouche et le cerveau.
[495]
Elle
contrôle le portefeuille, le compte on banque, le rang. Elle contrôle notre
temps, notre talent, notre influence. Nous ne possédons rien, de quelque
valeur que ce soit, qui ne relève de la volonté. Ainsi donc lorsque nous
abandonnons notre volonté au Seigneur et, comme l’Ecriture le dit parfois,
notre cœur, nous lui donnons en réalité tout ce que nous sommes, notre tout.
Cet ensevelissement, cette fusion de notre volonté humaine dans la volonté
de Christ signifie notre mort en tant qu’êtres humains. “Vous êtes morts
et votre vie est cachée avec Christ en Dieu” (Colossiens
3 : 3). C’est cela notre baptême en la mort. A partir de
ce moment et d’après la manière divine de concevoir, nous ne devons plus
nous considérer comme des êtres humains, à l’échelon humain, de la terre,
terrestre, avec des buts, des objectifs, des visées, des espérances
terrestres, mais comme de nouvelles créatures en Jésus-Christ.
L’instant de l’ensevelissement ou immersion de notre volonté dans celle de
Christ est suivi par notre engendrement a une nouveauté de vie, à une vie
nouvelle — à une nouvelle nature. De même que notre Seigneur sacrifia sa
nature humaine dans la mort, en accomplissant la volonté du Père, mais ne
demeura pas dans les liens de la mort et fut relevé d’entre les morts à une
nature nouvelle, nous aussi qui, par notre consécration sommes “morts
avec lui”, nous ne sommes pas laissés dans un état de mort mais relevés
instantanément par la foi à une réalisation de notre parenté avec le
Seigneur comme nouvelles créatures. C’est pour cette raison que l’apôtre
déclare: “Vous n’êtes pas dans la chair, mais dans l’Esprit si du moins
l’esprit de Christ habite en vous” (Romains
8 : 9). Tout ceci, pour le monde, est un mystère caché (1). Les
hommes on général ne comprennent pas notre justification par la foi devant
Dieu mais nous regardent comme d’autres hommes tout pareils à eux. Ils ne
voient aucune raison de sacrifier, de consacrer an volonté au Seigneur, de
mourir en tant qu’êtres humains –
(1)
Volume 1, Chapitre 5
[496]
pour
avoir part avec lui comme nouvelles créatures. Et ils ne voient pas non plus
notre consécration et son acceptation, pas plus qu’ils n’assimilent notre
résurrection figurative à une vie nouvelle, à des espoirs nouveaux, à des
ambitions nouvelles, à une parenté nouvelle avec Dieu en Christ. Sans doute
espérons nous qu’ils pourront se rendre compte que quelque chose est changé
dans notre vie mais nous ne pouvons attendre qu’ils estiment ces changements
normaux ou profitables dans les conditions actuelles. “Le monde ne nous
connaît pas (comme nouvelles créatures) comme il ne l’a pas connu”.
——
1 Jean 3 : 1 .
Dans
tout ceci, les croyants ne font que suivre les traces de Jésus — prendre
leur croix et le suivre. Saint, innocent, sans tache, séparé de la race
pécheresse il n’avait nul besoin d’être couvert par un sacrifice pour les
péchés, puisqu’il “ne connaissait pas le péché”. Mais dès qu’il eut
atteint l’âge d’homme d’après la Loi (trente ans), il se hâta de se
consacrer complètement lui-même, de sacrifier entièrement ses intérêts
terrestres, ses espérances, ses désirs, pour ne faire que la volonté du
Père. Tandis qu’il venait vers Jean au Jourdain, son cœur disait comme dans
le psaume prophétique : “Voici je viens dans le rouleau du livre il est
question de moi — pour faire ô Dieu, ta volonté. C’est mes délices ô mon
Dieu de faire ton bon plaisir, et ta loi est au fond de mon cœur” (Psaume
40 : 7, 8 ;
Hébreux 10 : 7). En s’offrant ainsi à la volonté du Père, notre
Seigneur se rendit compte que son baptême extérieur traduisait l’abandon de
sa vie terrestre et de sa nature déjà immergée, déjà ensevelie dans la
volonté du Père jusqu’à la mort même. Son immersion dans l’eau n’était
qu’une représentation symbolique du baptême, de l’ensevelissement de sa
volonté qui l’avait précédé. A ce point de vue son baptême était lourd de
sens pour lui, mais pas pour Jean qui s’émerveilla que celui qui ne
connaissait pas le péché vint pour être baptisé, alors que son baptême à
lui, Jean ne s’adressait qu’à ceux qui avaient transgressé l’Alliance de la
Loi, pour la rémission des péchés.
[497]
Personne d’autre que notre Seigneur Jésus lui-même ne comprenait tout à fait
pourquoi il lui “convenait” d’accomplir ainsi toute justice. Personne
d’autre que lui ne réalisa que, si une immersion (image de la purification
du péché) n’était pas nécessaire à son endroit, cependant il lui convenait,
à lui la Tête en perspective d’un corps qui allait se constituer, de donner,
à travers lui, un exemple qui servirait de leçon riche de signification à
tous ses disciples — non seulement aux membres du “Corps” qui proviendraient
de da maison d’Israël selon la chair ,mais encore aux membres qui n’étaient
que des étrangers et des gens du dehors. Il lui convenait de témoigner de la
pleine consécration de sa volonté et de tout ce qu’il avait, jusqu’à la
mort, pour que nous, qui venions après, puissions suivre ses traces.
On
peut démontrer que notre Seigneur ne reçut pas son immersion réelle des
mains de Jean lequel ne lui administra que l’immersion dans l’eau, simple
figure ou illustration de la première. Remarquons à ce sujet les
paroles qu’il prononça vers de temps de la dernière pâque. “Il est un
baptême dont je dois être baptisé et. combien il me tarde qu’il soit
accompli !” (Luc
12 : 50). Ici notre Seigneur montre bien que son baptême n’était
pas un baptême d’eau mais le baptême de la mort — le baptême dans la mort
conformément aux dispositions divines, le prix rédempteur de l’homme,
l’offrande pour le péché.
S’étant offert pour ce baptême de mort, dès que possible et lorsqu’il fut
parvenu à l’âge de trente ans, pendant les trois ans et demie de son
ministère, il accomplit ce dernier avec soin “mourant chaque jour”, versant
son âme à la mort, usant sa vie, son énergie, sa vigueur au service du Père,
an service de ses disciples et même, dans un sens assez étendu, au service
de ses ennemis.. Finalement, se rendant compte lui-même qu’il approchait du
terme de ce baptême de mort qui allait se consommer, ressentant le poids
toujours plus lourd des épreuves et des difficultés, sans personne avec qui
sympathiser “il n’avait personne avec lui” personne qui comprit
[498]
les circonstances et les conditions, personne qui pût atténuer sa peine par
la sympathie, l’encouragement ou la consolation, aspirent la fin de
l’épreuve il exhala “ et combien il me tarde qu’il (mon baptême de
mort) soit accompli!” (Luc
12 : 50). Son baptême prit fin peu de temps après lorsqu’il
mourut en s’écriant: “Tout est accompli !”.
Le
monde entier meurt tout comme le Seigneur et l’Eglise qui est son corps.
Mais le monde n’a pas de part à la mort de Christ comme y participe
l’Eglise. Il y a une grande différence. Le monde entier meurt avec Adam
frappé par la même sentence ou malédiction. Mais notre Seigneur Jésus
n’était pas du monde, il n’était pas du nombre de ceux qui meurent en Adam.
Nous avons vu déjà que sa vie était sainte, séparée de celle de tous les
pécheurs et que, malgré sa mère (1), il n’était pas soumis à la
condamnation. Pourquoi donc mourut-il alors? Les Ecritures répondent
“qu’il est mort pour nos péchés” et que sa mort fut une mort
sacrificielle. Et ainsi en va-t-il de l’Eglise, de son corps, dont les
membres sont baptisés en lui par le baptême dans SA mort et
participent avec lui à sa mort sacrificielle. Enfants d’Adam par voie
naturelle, “enfants de colère comme les autres”, ils sont tout
d’abord justifiés, libérés de la mort adamique pour la vie par
la foi en notre Seigneur Jésus et dans son œuvre rédemptrice. S’ils sont
justifiés pour la vie et libérés de la condamnation à la mort adamique c’est
pour leur offrir le privilège d’être baptisés en Jésus-Christ, rendus
membres de son corps, de son Ecclésia en étant baptisés dans sa mort, et
goûtant la mort avec lui au titre de co-sacrificateurs. Ah ! quelle
différence entre mourir en Adam et mourir en Christ!
Ce
mystère qui entoure notre union avec Christ dans le sacrifice, maintenant
dans le baptême de mort, et plus tard dans la gloire qui doit suivre est
incompréhensible
(1)
Voir volume V. chapitre 4.
[499]
pour
le monde. Cependant les enfants de Dieu doivent l’apprécier puisque les
Ecritures affirment solennellement: “Si nous souffrons avec lui, nous
règnerons avec lui”, “si nous sommes morts avec lui, nous vivrons aussi avec
lui”. Nous sommes “héritiers de Dieu et cohéritier de Christ si
toutefois nous souffrons avec lui (si nous passons avec lui par le
baptême de la mort comme membres de son corps) afin d’être glorifiés avec
lui”.
2 Timothée 2 : 12 ;
Romains 6 : 8;
8 : 17 .
Au
quatrième verset du texte dont nous poursuivons l’examen, l’apôtre répète la
même pensée sous un angle différent. Il dit: “Nous avons donc été
ensevelis avec lui par le baptême dans la mort”. Toujours pas d’allusion
au baptême d’eau mais par contre une déclaration des plus positives sur le
baptême dans la mort, la consécration jusqu’à la mort. Puis l’apôtre va plus
loin et fournit le pourquoi, la raison de notre baptême dans la mort de
Christ, disant : “Afin que, comme Christ est ressuscité des morts par la
gloire du Père, de même nous aussi nous marchions en nouveauté de vie”.
Ce n’est qu’indirectement que l’apôtre fait allusion ici à notre
participation à la Première Résurrection lorsque nous aurons part à la
gloire de notre Seigneur dans son Royaume. Il veut surtout parler de la vie
actuelle. Tous ceux qui ont consacré leur vie au Seigneur, pour mourir comme
lui, pour devenir des sacrificateurs adjoints avec lui, au service de la
Vérité doivent, tout en vivant dans le monde, se reconnaître séparés et
distincts de ceux qui les entourent. Ils se sont engagés à mourir aux choses
de la terre qui font tellement le souci des autres et, ne peuvent s’en
servir que dans la mesure où elles servent la Nouvelle Création. Les
nouvelles créatures deviennent vivantes, par leur Rédempteur aux choses et
aux perspectives célestes que le monde ne voit pas et ne comprend pas.
D’accord avec ceci nos vies dans le monde prennent une orientation nouvelle
distincte séparée de celles de ceux qui nous côtoient pour la raison que
nous sommes animés d’un esprit nouveau, d’espoirs nouveaux, d’aspirations
nouvelles, célestes.
[500]
Au
cinquième verset, l’apôtre ne fait pas davantage la moindre allusion au
baptême d’eau bien que, dès l’abord certains puissent croire qu’il en soit
autrement. “En effet, si nous lui avons été unis par la conformité à sa
mort, nous aurons part aussi à la conformité à sa résurrection” S’il
fallait comprendre ce “lui être unis par la conformité à sa mort” comme
voulant dire le baptême d’eau, il faut convenir que ce serait donner au
baptême d’eau une importance telle qu’aucun docteur au monde n’a jamais
songé à lui reconnaître. Qu’espérons-nous, nous chrétiens, avec le plus
d’ardeur? N’est-ce pas d’avoir part à la résurrection du Seigneur, à la
Première Résurrection ? L’apôtre l’exprimait comme idéal et l’espérance
supérieurs de sa pensée, disant : “Afin de connaître Christ et la
puissance de SA résurrection (comme membre de son Corps, de son
Eglise) et la communion de ses souffrances, on devenant conforme à lui
dans se mort, pour parvenir, si je puis à la résurrection d’entre les morts”
(Philippiens
3 : 10 et 11). Or, comprendre le texte de
Romains 6 : 5 dans le sens que l’immersion dans l’eau assurerait
la participation à la résurrection de Christ, ce serait créer une
contradiction entre ce texte et les autres, ce serait un défi au bon sens.
Pour quelle raison, une union, un ensevelissement dans l’eau garantirait-il
une part dans la Première Résurrection ? Nous sommes bien certains de ne pas
nous tromper on avançant que parmi les millions qui ont été ensevelis,
immergés dans l’eau, bon nombre n’auront aucune part à la Première
Résurrection, à la Résurrection de Christ.
Mais
lorsqu’on comprend ce verset dans le cadre des deux autres qui le précèdent,
du baptême dans la mort, de l’union dans la mort, de la
conformité dans la mort de Christ, alors tout devient clair et
raisonnable. Appelés par l’Eternel à être cohéritiers avec son Fils, à
souffrir avec Lui, à mourir avec lui; à vivre avec lui et à régner avec lui
nous pouvons être certains que si nous demeurons fidèles à cet appel, si
nous sommes unis, ensevelis dans sa mort comme lui-même fut enseveli dans la
mort, si nous demeurons de vaillants soldats de
[501]
Dieu et des serviteurs de la Vérité, nous obtiendrons la pleine récompense
que Dieu a promise, nous aurons part à la première résurrection, à la
gloire, à l’honneur, à l’immortalité.
Le
baptême dans la mort est le vrai baptême de l’Eglise comme il fut celui de
notre Seigneur. Le baptême d’eau n’est qu’un symbole, une image pour nous
comme il le fut pour lui. Telle est la conclusion qui se dégage de la
réponse que fit un jour le Maître à deux de ses disciples, Jacques et Jean,
venus lui demander de les assurer qu’ils seraient assis l’un à sa droite et
l’autre à sa gauche dans le Royaume. “Vous ne savez ce que vous demandez”
leur répondit-il. “Pouvez-vous être baptisés du baptême dont je serai
baptisé ?”. Sur leur réponse traduisant leur bonne volonté à partager
non seulement son ignominie mais encore son baptême de mort le Maître
répondit : “Vous boirez en effet la coupe que je bois et vous serez
baptisés du baptême dont je vais être baptisé” (Marc
10 : 35 à 39). Il en est ainsi pour tous les appelés acceptant
du fond du cœur de partager ces expériences. Le Maître leur en accorde le
privilège et aussi son aide. Tous seront immergés dans la mort de Christ et
auront part, en conséquence, à la Première Résurrection et aux gloires du
Royaume qui en résultent. Il est bien évident que notre Seigneur n’a fait
dans cet entretien aucune allusion au baptême d’eau. Les deux disciples en
cause l’avaient suivi dès le début de son ministère et, à s place, avaient
baptisé des foules dans l’eau “pour la repentance et la rémission des
péchés” ... le baptême de Jean (Jean
3 : 22, 23 ;
4 : 1,2 ;
Marc 1 : 4). Ce que le Seigneur leur demanda pour ce qui était
de savoir s’ils consentaient à avoir part à son baptême, les autres apôtres
ne purent pas mal comprendre. Ils ne purent pas imaginer que le Maître leur
demandait de se refaire baptiser dans l’eau. Ils comprirent bien au
contraire qu’il s’agissait du baptême de leurs volontés dans celle du Maître
et dans celle du Père, autrement dit de leur participation avec lui dans son
sacrifice — mourant jour après jour, laissant leurs vies pour les frères,
jusqu’à la f in, jusqu’à la mort réelle.
[502]
“EN UN SEUL ESPRIT, NOUS AVONS
ETE BAPTISES POUR DEVENIR UN SEUL CORPS”
1 Corinthiens 12 : 12, 13
Que
personne ne comprenne mal l’apôtre quand il parle de notre baptême dans la
mont avec notre Seigneur — “en sa mort” — comme s’il voulait parler
du baptême de l’esprit saint. La Mort et l’Esprit Saint sont deux choses
différentes et les deux baptêmes distincts et séparés. Le baptême dans la
mort est une affaire individuelle où, pour devenir membre du Corps de
Christ, il faut se consacrer personnellement et sacrifier sa volonté. Par la
suite et une fois le sacrifice accepté, le Seigneur aide par son esprit
celui ou celle qui a abandonné sa vie en service de la Vérité et des frères,
jusqu’à la mort. Le baptême du saint esprit a été un baptême qui a réuni en
un tout l’Eglise tout entière. Il a eu lieu dans la chambre haute le jour de
Pentecôte et n’a pas eu besoin d’être renouvelé parce qu’il n’a pas cessé
d’accompagner l’Eglise depuis lors jusqu’à maintenant. Quelques
manifestations extérieures ont eu lieu à propos du cas de Corneille mais ce
n’était là que pour montrer à Pierre, à tous les croyants juifs, à Corneille
lui-même et à tous les croyants de la gentilité depuis, que Dieu ne fait
aucune différence, aucune distinction entre les Juifs et les Gentils.
L’immersion de Pentecôte s’opéra, nous est-il rapporté, quand la chambre
haute fut remplie de l’Esprit Saint. A ce moment les 120 frères présents
“furent tous immergés dans le Saint Esprit”, les apôtres recevant une
marque supplémentaire de la faveur divine sous la forme de langues de feu se
posant au-dessus de leurs têtes.
Cette
onction par le Saint Esprit correspondait à l’onction des souverains
sacrificateurs et des rois d’Israël avec l’huile sainte. On versait l’huile
sur la tête et elle se répandait sur le corps. Le réel épanchement sur la
tête eut lieu lors de l’effusion de l’Esprit saint sur notre
[503]
Seigneur au moment de sa consécration, à l’âge de trente ans, quand le Père
lui donna l’esprit “sans mesure” (Jean
3 : 34). Quand la Pentecôte fut arrivée, que notre chef glorifié
eut paru en la présence du Père et eut fait propitiation pour les péchés de
son peuple, il lui fut permis “d’envoyer” l’Esprit saint de Pentecôte
immergeant son Eglise ce qui marquait son acceptation et par lui-même et par
le Père comme membres de son Ecclésia, de son corps, de la Nouvelle
Création. Son Eglise, son Corps a continué depuis et l’Esprit saint lui est
toujours demeuré attaché. Tandis que de nouveaux membres venaient s’ajouter
à l’Eglise, chacun d’eux avait sa part de l’unique baptême de l’esprit qui
appartient et pénètre le Corps, l’Eglise.
Le
texte que nous considérons lie ce baptême de l’Esprit de la Pentecôte à
notre baptême individuel dans la mort et nous montre la relation qui les
joint. C’est comme hommes déjà justifiés que nous sommes baptisés dans la
mort et c’est comme membres de la Nouvelle Création que nous sommes oints de
l’esprit saint et membres reconnus l’Ecclésia du Corps de Christ. Comme nous
l’avons déjà vu, il nous faut tout d’abord être justifié, libérés du péché
et de la mort adamique par la foi au Rédempteur, avant que notre
sacrifice puisse être agrée et être comptés comme “morts avec lui” —avec
notre Seigneur et chef. Tout pareillement il nous faut tout d’abord faire
cette consécration ou sacrifice de nos êtres justifiés, pour être
acceptés comme membres de la Nouvelle Création avant que ne commence en nous
ce processus de mort graduelle qui aboutira,, par la grâce du Seigneur, à
notre complet baptême dans la mort lequel nous garantira une part à
la “Première Résurrection”. Et ceci demeure en accord avec ce que nous avons
appris déjà, savoir que ce n’est pas notre justification qui fait de nous de
nouvelles créatures des membres du Corps de Christ — mais notre baptême dans
la mort avec lui. L’apôtre n’écrit-il pas: “Car, comme le corps est un et
a plusieurs membres, ainsi on est-il de Christ Nous avons tous, en effet,
été baptisés dans un seul Esprit.., et nous avons tous été abreuvés d’un
seul Esprit”. —
1 Corinthiens 12 : 12 et 13 .
[504]
Cet
Age de l’Evangile est le moment favorable de l’Eternel, celui où il est
disposé d’accepter les sacrifices des croyants, leur pleine
consécration à la mort. Chacun de ceux qui ont fait ce vœu de sacrifice et
répondu à l’Appel de cet âge (Romains
12 : 1) ont sur le champ été admis à une position de membre dans
“l’Eglise des premiers-nés dont les noms sont écrits dans les cieux”.
Cette admission, ainsi que nous l’avons examiné, ne constitue pas une fin en
soi. Ce qui est exigé de tous ceux qui se consacrent c’est de “mourir
jour après jour”, c’est-à-dire de persévérer chaque jour dans cette
disposition de pleine consécration en sorte qu’à la fin ils pourront aussi
dire : “tout est accompli” Ce qui est indispensable, dans la consécration
c’est que cette persévérance dans l’esprit du sacrifice et du bien-être
demeure constante dans la patience et ta fidélité, jusqu’à la fin, jusqu’à
la mort réelle, pour nous comme pour notre Seigneur et Maître. Comme il est
écrit : “J’ai dit: vous êtes des dieux (ELOHIM, des puissants),
vous êtes tous des fils du Très-Haut ; cependant vous mourrez comme des
hommes, vous tomberez comme un des princes” non pas comme le prince
Adam, comme coupables mais comme le prince Jésus —. ayant part à sa mort (Psaume
82 : 6, 7). Cette fidélité, cette mort quotidienne est de toute
nécessité pour affermir notre vocation et notre élection. Et c’est à ceux
qui suivent fidèlement ses traces que le Seigneur promet la gloire,
l’honneur et l’immortalité réservés aux vainqueurs constants qui composeront
les “élus mêmes” de la Nouvelle Création. Le Seigneur a dit : “Soit
fidèle jusqu’à la mort et je te donnerai la couronne de vie” (Apocalypse
2 : 10). Il en est donc de l’Eglise comme de son Seigneur et
Maître: la consécration apporte les prémices de l’Esprit; la fidélité
journalière poursuit et complète la bénédiction de l’Esprit par des joies et
des vertus toujours plus nombreuses; tandis que l’achèvement, la
consommation intégrale de l’alliance jusque dans la mort effective est
essentielle
[505]
pour obtenir l’abondante entrée dans l’héritage la participation à la
Première Résurrection, à ses gloires et à ses honneurs. —
Ephésiens 1 : 12 - 14 ;
Romains 8 : 16, 17.
LE BAPTEME DE FEU
Nous
avons déjà envisagé dans le détail (1) la déclaration que Jean le Baptiseur
fît aux Juifs au sujet de Jésus : “Il vous baptisera de saint Esprit et
de feu” (Matthieu
3 : 11). C’était l’annonce de la bénédiction de Pentecôte sur
les Israélites véritables mais encore la venue du feu de la colère de Dieu,
“la colère définitive” (1
Thessaloniciens 2 : 16) qui finit par s’abattre sur le reste de
cette nation. Le baptême de feu n’est pas un bien et c’est inconsidérément
que certains chrétiens prient pour en être les objets. De même qu’un baptême
de feu s’appesantit lors de la conclusion de l’Age Juif sur “la bale” que
recelait cette nation, de même il y aura à la fin de cet âge un semblable
“feu” qui consumera “l’ivraie” de la chrétienté un baptême de feu, de
trouble terrifiant, “un temps de trouble comme il n’y en a jamais eu
depuis qu’il existe une nation”. —
Daniel 12 : 1 .
LE SYMBOLIQUE BAPTEME D’EAU
Nous
avons déjà parlé des différentes espèces de baptêmes d’eau en usage chez les
chrétiens, ce que presque tout le monde imagine à tort être le véritable
baptême. Nous avons signalé l’erreur et l’inconséquence de ces cérémonies
rituelles qui entourent ces baptêmes d’eau, qui ne touchent en rien le cœur,
qui sont tout au plus des gestes symboliques dont leurs défenseurs eux-mêmes
ne pénètrent pas la portée parce qu’ils ne discernent pas le réel baptême
dans la mort avec Christ. Mais
(1)
Voir volume V chapitre 9.
[506]
comme
il devient simple et hautement significatif ce modèle de baptême réel au
sujet de l’Eglise de Christ, du “Corps”, de l’Ecclésia, dont les noms sont
écrits dans les cieux, et qui ne laisse aucune trace sur les registres de
celte terre ! Il est bien exact que ce véritable baptême soit la porte
d’accès à l’Eglise véritable puisque personne n’y est admis comme membre du
Corps de Christ dont les noms sont écrits dans les cieux, s’il n’a, au
préalable passé par le baptême de sa volonté, de son cœur, dans la mort
avec Christ, en “achevant ce qui manque aux souffrances de Christ”
(Colossiens
1 : 24). Eh oui ! ces croyants-là, acceptant une consécration
aussi profonde, un tel baptême dans la mort avec le Seigneur, doivent
nécessairement être tous du bon “blé” personne parmi eux ne doit être de
l’ivraie. La porte du baptême d’eau peut aussi bien livrer passage à
“l’ivraie” comme au “blé” dans l’Eglise baptiste. Mais pour ce qui est du
baptême dans la mort considéré comme porte d’entrée, celui-là ne s’ouvrira
qu’à la véritable classe du véritable blé dans la véritable Eglise parce que
les autres ne se soucieront pas de remplir de telles conditions bien que
toujours, dans une certaine mesure, “l’ivraie” ressemble au “froment”.
A ce
point de vue on remarquera qu’il peut se trouver des membres de la vraie
Eglise — baptisés en Jésus-Christ parce que baptisés en sa mort — chez les
Presbytériens, les Méthodistes, les Luthériens, les Episcopaliens, les
Congrégationalistes, les Catholiques romains, etc... aussi bien que parmi
les Disciples et les Baptistes. D’autre part il n’est pas douteux que
l’immense majorité de toutes les dénominations (y compris les Disciples et
les Baptistes immergés dans l’eau) n’a ni part ni sort dans le Corps de
Christ, l’Ecclésia réelle, parce qu’elle n’est pas entrée par la porte
vraie dans la véritable église par le vrai baptême “en sa mort”.
Cette proposition ne souffre aucune équivoque.
Après
avoir insisté comme il convenait et comme l’apôtre l’a fait également sur le
vrai baptême, venons- en à son symbole, le baptême d’eau. Nous nous
demanderons tout d’abord si le symbole est nécessaire pour ceux qui ont reçu
le baptême réel ? Et dans l’affirmative quel est sa forme appropriée.
[507]
LE BAPTEME SYMBOLIQUE EST-IL
NECESSAIRE ?
Le
témoignage du Seigneur et de ses apôtres marque clairement la propriété du
baptême symbolique ou baptême d’eau. Non seulement parce qu’eux-mêmes ont
été baptisée dans l’eau, mais encore parce qu’ils ont enseigné le baptême
d’eau pour les autres, tant pour les Juifs que pour les convertis d’entre
les Gentils. Déjà nous avons précisé que le baptême de notre Seigneur Jésus
était séparé et distinct du baptême que Jean administrait aux Juifs en
général. Ce n’était pas un baptême pour la repentance et la rémission des
péchés. Jean lui-même ne comprit pas de quoi il s’agissait et notre Maître,
en instituant le symbole de sa propre mort, n’essaya pas d’expliquer ce que
ni Jean ni aucun autre à ce moment ne pouvaient comprendre parce que
l’Esprit n’avait pas encore été donné, que Jésus n’avait pas encore accompli
son sacrifice pour nos péchés ni n’avait encore été glorifié pour offrir ce
sacrifice en notre faveur. Relevons la mission donnée par notre Maître aux
apôtres et, à travers eux, à nous, telle qu’elle est rapportée dans
l’évangile de
Matthieu 28 : 19,20 : “Allez, enseignez toutes les nations,
baptisant au nom (par l’autorité) du Père, du Fils et du Saint
Esprit”. Cette mission a été observée dans tout cet Age de l’Evangile et
l’est encore aujourd’hui par tous les propagateurs de la Vérité. Le Maître
ne parle pas ici du baptême de l’Esprit à la Pentecôte car il n’était pas au
pouvoir des apôtres de baptiser quiconque dans ces conditions. Le Seigneur
lui-même et lui seul détenait cette autorité et la gardait. Cependant il fut
donné aux apôtres et à tous les enseignants fidèles de sa Parole d’instruire
les gens de la grâce de Dieu manifestée en Christ, de leur
justification, de leur sanctification, de leur consécration ou baptême
[508]
dans la mort avec Christ, s’ils veulent avoir part à sa nouvelle nature et à
sa gloire prochaine. L’acte du baptême comportait également le baptême
symbolique ou baptême d’eau qui devait être le signe extérieur par lequel le
croyant faisait connaître à ceux qui l’entourent sa consécration
intérieure, celle du cœur. Le Seigneur avait pareillement fait d’abord sa
consécration de cœur au Père, puis l’avait symbolisée dans l’eau,.
Il
ressort de tous les enseignements inspirés des apôtres que ceux-ci ont
toujours compris dans ce sens leur mission et la nôtre. Ils parlaient
d’abord au peuple de ta grâce de Dieu dans l’œuvre de rédemption pressant
les gens de croire pour la justification de la vie. Ensuite ils abordaient
la pleine consécration du cœur: “Je vous exhorte, frères,
(donc plus pécheurs et étrangers mais justifiés par la foi on Christ et par
conséquent faisant partie de la maison de la foi” ou “frères”) par les
miséricordes de Dieu, (que vous avez déjà reçues on partie par votre
justification) à offrir vos corps en sacrifices vivants, saints
(justifiés), agréables à Dieu, ce qui sera de votre part un culte
raisonnable”. C’était l’invitation à se consacrer à se sacrifier, à être
“baptisé dans sa mort”. Tous ceux qui entendirent cette parole avec
joie, dans la bonne condition de cœur, dans un plein esprit d’appréciation
furent baptisés, non seulement vraiment baptisés dans leur vœu de
consécration, mais encore baptisés figurativement, dans l’eau, en témoignage
extérieur du précédent.
Remarquons les témoignages qui vont suivre et qui montrent que le baptême
était une coutume commune à tous les apôtres, non seulement dans leurs
rapports avec les Juifs mais aussi avec les Gentils. Nous lisons à propos
des habitants de Samarie : “Quand ils eurent cru Philippe... hommes et
femmes (pas les enfants) se firent baptiser” (Actes
8 : 12). L’eunuque éthiopien converti par la prédication de
Philippe fut aussi baptisé dans l’eau
Actes 8 : 35 à 38). Après que Pierre eut annoncé l’évangile à
Corneille et à toute sa maison , “le Saint Esprit
[509]
descendit sur tous ceux
qui écoutaient (et
appréciaient) la parole (pas sur les enfants par conséquent).., et
il ordonna qu’ils fussent baptisés” (Actes
10 : 44 à 48). Nous lisons encore : “Et plusieurs Corinthiens
qui avaient entendu crurent et furent baptisés” (Actes
18 : 8). “Lydie, marchande de pourpre de la ville de Thyatire,
était une femme craignant Dieu et elle écoutait. Le Seigneur lui ouvrit le
cœur pour qu’elle fut attentive à ce que disait Paul... Elle fut baptisée et
tonte sa famille” (Actes
16 : 14 et 15). Le geôlier de Philippe, après avoir cru, fut
baptisé par Paul et Silas dans la prison (Actes
16 : 33). On peut lire encore : “J’ai encore baptisé la
famille de Stéphanas”.
1 Corinthiens 1 : 16.
A la
vérité l’apôtre fait remarquer ici qu’il a peu baptisé, sans doute en raison
de son écharde dans la chair, de sa mauvaise vue. Les quelques-uns qu’il
baptisa le furent par lui parce que personne d’autre n’était plus à même de
remplir l’office. Il remerciait Dieu de n’avoir pas beaucoup baptisé de
personnes mais cela n’implique pas qu’il ait modifié son point de vue quant
à la raison d’être du baptême réel ou de son symbole. C’était parce qu’une
dispute s’était élevée dans l’Eglise: un esprit sectaire et factieux s’était
fait jour, certains disaient “Je suis de Paul” ; d’autres “Je suis
d’Apollos” ; d’autres enfin “Je suis de Pierre”, etc... et
l’apôtre se félicitait de pouvoir dire qu’il n’avait pas baptisé beaucoup de
monde en sorte qu’on ne pouvait guère prétendre qu’il avait fait œuvre
personnelle, baptisant en son nom propre, plutôt que de faire des disciples
pour Christ et de les baptiser au nom de Christ.
A la
lumière de ces déclarations précises de (l’Ecriture sur le principe et la
manière de faire du Seigneur et des apôtres, il faudrait être bien
présomptueux pour prétendre que le baptême symbolique ou baptême d’eau n’est
pas enseigné dans l’Ecriture, ou encore qu’il ne s’appliquait qu’aux Juifs
ou même qu’il n’était qu’une introduction au christianisme naissant. Tout au
contraire, on l’a
[510]
enseigné et on l’a pratiqué dès le commencement de l’âge et jusqu’à
maintenant bien qu’il l’ait été sous des formes et des cérémonies diverses,
avec des vues plus ou moins incorrectes sur sa signification, mélangeant le
symbole et perdant de vue le baptême véritable. Très certainement les
chrétiens ont de bonnes raisons de respecter le baptême d’eau et d’y voir
une institution divine. S’il s’en trouvait qui malgré tout, voudraient
continuer à controverser là-dessus, nous entendons ne pas nous engager dans
une discussion de ce genre avec eux mais nous croyons que, s’ils sont
honnêtes et ont fait dans leurs cœurs le vrai baptême de leurs volontés dans
celle du Seigneur, s’ils sont morts à eux-mêmes, morts au monde et vivants
pour Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur, l’Eternel les éclairera quand il
en sera temps… —
Philippiens 3 : 15.
Nous
nous réjouirons donc avec ceux qui ont compris le baptême fondamental et y
ont pris part car il vaut mieux voir et s’engager dans le baptême réel tout
en demeurant aveugle sur le symbole, que de ne voir que le symbole en
perdant de vue la réalité. Ceci dit, et tout en étant très fortement
favorable au baptême symbolique, nous ne pouvons en faire une condition
formelle de communion chrétienne laquelle ne s’appuie que sur le baptême
réel dans la mort avec Christ. Tous ceux donc qui confessent le Seigneur
comme leur Rédempteur, qui professent une consécration complète du cœur et
de la vie, nous Les acceptons comme frères an Jésus-Christ, membres de
l’Ecclésia dont les noms sont écrits dans les cieux, nouvelles créatures an
Christ, qu’ils soient Juifs ou Gentils, esclave ou Libre, homme ou femme,
baptisé dans l’eau ou non.
D’autre part n’oublions pas qu’à une augmentation de connaissance correspond
une augmentation de privilège et de joie et aussi de responsabilité.
Quiconque en vient à voir, à comprendre la beauté et le sérieux du baptême
d’eau, en vient au même instant à mesurer jusqu’où sa volonté est morte
sur le plan de son véritable baptême
[511]
dans la mort avec le Seigneur. Dans ces circonstances, on comprendra vite
que refuser le baptême d’eau, équivaut à se retirer du sacrifice, à faillir
dans l’affermissement de sa vocation et de son élection.
LE SYMBOLE CORRECT DU BAPTEME
Nous
n’essaierons pas d’une discussion entre tout les pour et les contres en
faveur de l’aspersion, de l’effusion et de l’immersion ainsi que de la
manière apostolique de procéder au baptême symbolique à l’origine. Cependant
nous suggérerons qu’il ne pouvait pas être possible qu’aucun enfant se
trouvât dans l’état d’esprit et de cœur qui le mit à même de faire une
consécration ou baptême de sa volonté dans celle de Christ, de mourir avec
lui à soi et au monde. Nous insisterons de plus sur le fait que, pour être
valable, le baptême symbolique ne pouvait pas avoir lieu avant le baptême
réel, car le baptême figuratif n’est que la manifestation extérieure,
l’expression, la confession de ce qui s’est déjà produit, dans le secret,
entre nos cœurs, nos volontés et le Seigneur.
Ceci
étant, il s’ensuit que la grande majorité des chrétiens n’a jamais vraiment
reçu le baptême symbolique ou baptême d’eau puisque celui-ci ne pouvait leur
être administré qu’après avoir, en toute conscience, pris leur vœu de
consécration. L’immersion des adultes avant la consécration n’est pas
autre chose qu’un bain ordinaire. Ce n’est pas plus un baptême symbolique
que ne l’est l’aspersion d’un enfant inconscient. Il importe donc de
s’enquérir diligemment de la formule du véritable baptême d’eau, du symbole
désigné à l’origine par le Seigneur, pour nous y conformer. Tout cœur
consacré, “mort vraiment” à sa volonté propre et à l’opinion du monde,
voudra connaître et faire la volonté de Dieu sous ce rapport comme en tout
autre chose. C’est d’ailleurs le sens de l’expression: “Vivants pour Dieu
en Jésus-Christ”. —
Romains 6 : 11.
[512]
Supposons que la confusion quant à la manière de baptiser soit si complète,
que les renseignements sur la manière d’opérer dans l’église primitive
soient à ce point diffus que nous ne disposions de rien poux déterminer de
quelle façon procédaient les apôtres pour baptiser d’eau, par aspersion
effusion ou immersion, Puisque l’on voit clairement en quoi consiste le vrai
baptême, on peut voir aussi ce qui peut ou ce qui ne peut pas en être un
symbole ou image appropriée. En passant en revue toutes les formules, une
seule nous paraît convenir à illustrer la mort et l’ensevelissement
avec Christ. Nous ne voyons pas en effet une quelconque image de la mort au
monde à soi-même, avec Christ dans quelques gouttes d’eau aspergées sur le
front ni même dans le contenu d’un seau d’eau vidé sur quelqu’un. Nous ne
voyons pas qu’il y ait dans ces manières de faire quoi que ce soit qui
éveille l’idée de la mort. Par contre, devant l’immersion complète, nous
saisissons d’emblée la merveilleuse, la frappante, la remarquable image de
tout ce qu’implique le baptême réel dans la mort. Non seulement le mot grec
BAPTIZO veut dire submerger, recouvrir, plonger, mais l’action d’immerger,
en arrière, dans l’eau, au nom de Christ, en fait une image frappante
d’enterrement au suprême degré. En la circonstance, celui qui baptise
représente le Seigneur. Le candidat va vers lui, tout comme, dans nos cœurs,
nous allons vers le Seigneur en vue du baptême. Reconnaissant que nous ne
pouvons pas, par nos propres moyens, mourir à nous-mêmes et au monde, nous
nous abandonnons aux mains du Seigneur, nous lui demandons d’agréer notre
volonté en lieu et place de nos actions, nous lui demandons une fois nos
volontés offertes, de nous ensevelir dans sa mort, et de faire en
sorte que nos expériences, disciplines, aides et châtiments contribuent à
nous permettre de réaliser notre alliance de consécration. Quand le candidat
au baptême a reconnu avoir remis toute sa volonté, celui qui officie
l’entraîne doucement dans l’eau. Dans cette position, sur le dos, dans
l’élément liquide, il représente bien notre impuissance à nous tirer de la
mort. Et tandis que l’officiant le relève et l’aide à se remettre debout,
l’image se
[513]
présente à nous du Seigneur promettent de nous relever d’entre les morts au
temps marqué et par Sa puissance Nous ne prétendons pas contraindre la
conscience de ceux qui pensent autrement que nous, mais il ne nous paraît
pas possible que l’auteur d’un symbole ai merveilleusement adapté soit autre
que le Seigneur même. Qui d’autre aurait pu trouver une image aussi
scrupuleusement au point ?
Celui
qui a déjà passé par le vrai baptême et s’est abandonné aux mains du Maître,
pour mourir avec lui et être enseveli dans la conformité à sa mort, en
contemplant l’admirable beauté du symbole, ne peut manquer, croyons-nous, de
ressentir l’immense désir de s’y soumettre. Son cœur dit très expressément
: “Je prends mon plaisir, ô mon Dieu, à faire ta volonté !”.
Et
quels avantages résulteront de l’obéissance au symbole ? A cela nous
répondons que le profit ne consiste pas en une dispense ou un
accomplissement d’une partie quelconque de notre vœu de consécration. Cet
avantage ne peut nous être acquis que par l’observation complète de toutes
les exigences, petite et grande, tout ce qui est inclus dans la renonciation
de notre volonté pour accepter celle du Maître en un effort ininterrompu
pour suivre ses traces. Mais si le plein avantage ne se recueillera qu’au
terme du voyage, dans la Première Résurrection, sa gloire, son honneur et
son l’immortalité, néanmoins on peut jouir dès maintenant d’un certain
avantage: la satisfaction de l’esprit, la paix du cœur, le fait qu’à
l’exemple de notre Seigneur, nous nous sommes efforcés “d’accomplir ce qui
est juste”. Cela conduit à cette paix de Dieu qui coule tel un fleuve, avec
régularité, confiance et force, tout au travers des vies de ceux qui lui
appartiennent, la paix de Dieu qui surpasse toute intelligence dans nos
cœurs.
L’apôtre porte ce témoignage : “Il y a un seul Seigneur, une seule foi,
un seul baptême, un seul Dieu et
[514]
Père de tous”
(Ephésiens
4 : 4 à 6). Il s’ensuit donc qu’il n’existe qu’un seul véritable
baptême et qu’un seul véritable symbole. En général, les chrétiens
s’accordent à reconnaître que l’immersion dans l’eau correspond le mieux au
langage de l’Ecriture. Notons par exemple les commentaires suivants émanant
de personnes qui, vraisemblablement baptisées pour de bon dans la mort de
Christ, n’ont cependant pas des idées claires et qui ne sachant pas comment
identifier le symbole dans l’eau ont conclu à son immatérialité.
QUELQUES TEMOIGNAGES PRECIS
Jean
Calvin, presbytérien, dit : “Le mot“ “BAPTIZO”veut dire immerger. Il est
certain que l’immersion était pratiquée dans “l’Eglise primitive”. —
Institution chrétienne, Livre IV, chapitre XV § 19.
Dr.Macknight, presbytérien : “Dans le baptême la personne baptisée est
ensevelie sous l’eau”. “Christ se soumit au baptême c’est-à-dire qu’il
disparut sous l’eau”.
Dr.
Philip Schaff, presbytérien : “L’immersion, et non pas l’aspersion, fut sans
discussion possible la formule du début, normale. C’est ce qu’indique le
sens des mots grecs BAPTIZO, BAPTISMA, BAPTISMOS”. — HIST. DE L’EGLISE
APOSTOLIQUE.
Dans
un ouvrage paru plus tard (1885) il écrit que ces “comparaisons militent
toutes en faveur de l’immersion plutôt que l’aspersion ainsi que l’admettent
les meilleurs exégètes catholiques et protestants, anglais et allemands”. —
ENSEIGNEMENT DES DOUZE APOTRES, pages 55 et 56.
Martin Luther, luthérien : “Baptême” vient du mot grec qu’on pourrait
traduire par “immersion”.
[515]
“il faudrait que tous ceux qui doivent être baptisés soient ensemble
immergés dans l’eau”. — ŒUVRES DE LUTHER, volume I page 336.
Jean
Wesley méthodiste : “Enseveli avec lui par le baptême est une allusion à
l’ancienne coutume de l’immersion”.
Wall
épiscopalien : “L’immersion est de toute probabilité la manière dont notre
bien aimé Sauveur fut baptisé et très certainement aussi la méthode
ordinaire par laquelle le baptême fut administré aux premiers chrétiens”. —
HISTOIRE DU BAPTEME DES ENFANTS, volume I page 671, Oxford 1862.
Dean
Stanley, épiscopalien : “Pendant les treize premiers siècles, la pratique
universelle du baptême fut celle que nous lisons dans le Nouveau Testament
et que comporte la signification même du mot “baptiser”. Ceux qui recevaient
le baptême étaient plongés, submergés, immergés dans l’eau”. — INSTITUTIONS
CHRETIENNES, page 17.
Brenaver, catholique romain : “Pendant treize cents ans on baptisa en
général et régulièrement en immergeant la personne dans l’eau”. — EXPOSE
HISTORIQUE DE L’ADMINISTRATION DU BAPTEME, page 306.
“Le
corps entier de la personne était immergé dans l’eau”. — ENCYCLOPEDIE DE
KITTO.
“Baptême veut dire plonger, c’est une immersion”. — ENCYCLOPEDIE AMERICANA.
“Le
baptême était donné, à l’origine, par immersion”. — ENCYCLOPEDIA DE BRANDE.
[516]
Baptême signifie “immersion”. — DICTIONNAIRE BIBLIQUE DE SMITH.
Baptizo, plonger dans ou sous l’eau. — LEXIQUE GREC DE LIDDELL ET SOOTT.
“Immerger, plonger”. — LEXIQUE GREC DE ROBINSON.
“Immerger, submerger plonger dans”. — LEXIQUE DE GREENFIELD.
QUI PEUT ADMINISTRER LE BAPTEME
D’EAU?
Tous
les consacrés étant baptisés dans la mort de Christ, constituant le
Sacerdoce Royal et membres du Corps oint du Seigneur, il s’ensuit que non
seulement ils ont reçu mission, en vertu du texte de
Matthieu 28 : 19, d’enseigner les nations et de conduire ceux
qui le désirent au baptême, à l’ensevelissement de leurs volontés dans le
Seigneur, mais encore de leur administrer le symbole de cette consécration,
le baptême d’eau. Bien plus, si l’on ne pouvait trouver une personne
consacrée, apte à remplir ce service, nous ne pensons pas qu’on puisse
soulever la moindre objection à ce qu’il y soit procédé par un croyant non
consacré, voire même par un incroyant Car le contact réel ne concerne et ne
se passe qu’entre le Seigneur et celui ou celle qui se consacre. Le baptême
d’eau n’étant pas le baptême réel mais seulement une image, celui qui
l’administre n’est pas le Seigneur, mais simplement un homme, bon ou
mauvais, qui n’agit que comme représentant en bénéfice de celui qui est
immergé ; Néanmoins, ce serait faire preuve de délicatesse et de respect de
l’ordre que de faire appel, dans cette affaire comme dans toutes celles qui
intéressent l’Ecclésia, aux anciens choisis pour ce genre de service.
[517]
FORMULE A EMPLOYER
Il
n’existe pas de termes établis pour ce service et qui soient précisés par
l’Ecriture. D’ailleurs on peut facilement se rendre compte que les mots ont
ici peu d’importance. Le baptême aurait toute sa valeur même si l’on ne
disait rien. Ainsi que nous venons de le faire remarquer, l’accord
contractuel se passe entre le Seigneur et celui qui est baptisé. L’ACTE du
baptême d’eau n’en est que la confession publique. Il ne peut donc être
matériellement question de ce que l’officiant croit ou ne croit pas, de ce
qu’il dit ou ne dit pas. Ce qui importe c’est l’état d’esprit et l’intention
du cœur de celui qui reçoit le baptême symbolique. Cependant, en nous basant
sur les paroles du Maître d’après
Matthieu 28 : 19 et ce qu’en dit l’apôtre dans son épître aux
Romains (6 : 3) nous recommandons la simple formule suivante:
“Frère Jean (ou tout autre prénom), au nom du Père, du Fils et du Saint
Esprit, par cette autorité, je te baptise en Christ”.
RENOUVELLEMENT DU SYMBOLE
En
raison du fait que le véritable sens du baptême a été depuis longtemps perdu
de vue, de nombreuses personnes ayant déjà été immergées dans l’eau, se sont
enquis de savoir si leur baptême dans l’eau était valable et si, en
particulier, il ne vaudrai pas mieux le refaire. Nous répondons que le
symbole n’a pas besoin d’être renouvelé. Mais puisqu’il n’a pas plus de
signification et de vertu qu’un bain tout ordinaire s’il ne vient pas APRES
la pleine consécration jusqu’à la mort, il appartient à chacun de juger pour
son compte personnel s’il a ou non obéi à ce principe. Si le baptême d’eau a
suivi la consécration, le baptême dans la mort, il ne paraît pas nécessaire
de s’y soumettre une seconde fois — même dans le cas où les idées sur la
question auraient manqué de précision.
[518]
LE BAPTEME POUR LES MORTS
“Autrement que feraient ceux qui se font baptiser pour tes morts ? Si les
morts ne ressuscitent absolument pas”.
1 Corinthiens 15 : 29 .
Une
fâcheuse compréhension de ce que l’apôtre a voulu dire par le texte qui
précède, a conduit au cours des “âges de ténèbres” au baptême par
substitution: des chrétiens ayant des amis morts hors-baptême se faisaient
baptiser pour eux. Une vue correcte du baptême véritable nous montre
rapidement l’inconséquence de pareils procédés. On ne peut pas plus se
consacrer à la place d’un autre qu’on ne peut lui transmettre sa vie
naturelle ou spirituelle. Cette fâcheuse interprétation des paroles de
l’apôtre a jeté la perturbation dans la pensée de bien des gens qui n’ont
pas réalisé jusqu’à quel point la simplicité de l’évangile s’était
rapidement détériorés après la mort des apôtres et combien de théories et de
coutumes bizarres et déraisonnables s’étaient introduites alors.
L’apôtre discutait de la résurrection des morts, doctrine qu’il élaborait et
dont il démontrait la consistance. On avait naturellement livré de sérieux
assauts contre la foi de l’Eglise de Corinthe au sujet de la résurrection
des morts. Pour étayer son argumentation, dans le verset que nous examinons,
il attire l’attention de l’Eglise sur le fait qu’ils ont tous été baptisés
et que leur baptême voulait dire ou symbolisait la mort, ainsi que nous
l’avons vu précédemment. Et pour démontrer ce que la position nouvelle
comportait de faux en elle-même, il demande ce qu’il pourrait bien y avoir
de sage et de valable dans leur consécration à la mort, ainsi que leur
baptême le suggère, si la nouvelle théorie d’après laquelle les morts ne
ressusciteraient pas était exacte. Ils s’étaient consacrés pour être membres
les uns des autres, pour mourir l’un avec l’autre et l’un pour l’autre dans
une même fraternité avec Christ, mourir avec lui comme membres de son Corps,
membres du grand sacrifice de propitiation en faveur du monde mort,
parce qu’ils espéraient la résurrection promise.
[519]
L’argumentation de l’apôtre tend à établir que la position chrétienne
demeure ou tombe, l’un ou l’autre. S’il n’y a pas de résurrection des morts,
alors ceux qui se sont endormis en Christ ont péri tout comme le reste du
monde. Et s’il en est ainsi, s’il n’y a aucun espoir futur pas plus pour
l’Eglise que pour le monde par l’Eglise, à quoi cela serait-il de consacrer
sa vie jusqu’à l’a mort? Nous sommes baptisés dans la mort avec Christ,
baptisés pour les morts, pour lui être bientôt associés, à lui qui donnera
la, vie au monde, la Postérité d’Abraham.
MON SACRIFICE
Je suis sur ton autel, ô mon Seigneur mon Père,
Veuille accepter ce don pour l’amour de Jésus ;
Je n’ai pas de joyau, d’ornement de la terre,
Acceptable à tes yeux, non je n’ai rien de plus.
Mais je t’apporte, ô Dieu, d’une main bien tremblante,
Toute ma volonté; ce don paraît petit,
Tu me comprends toujours, pensée édifiante,
Tu vois que c’est mon tout et cela me suffit
Ton regard qui me sonde a pu voir dans mon âme
Mes luttes, mes penchants, les visions que j’aimais,
Tu vois ce que je suis: ma plus secrète flamme,
Mon amour est pour toi, mon espoir à jamais.
Les yeux mouillés de pleurs je t’ai fait ma requête,
A toi je suis venu, j’ai déposé mon tout
A tes pieds et j’ai dit: ta volonté soit faite,
Je te suivrai Seigneur, conduis-moi jusqu’au bout.
Ma volonté Seigneur, que ce soit bien la tienne,
Garde-Là, que jamais je n’en reprenne rien.
A toute heure, en tout temps, qu’à toi mon Dieu je vienne,
Puissé-je entendre un jour : Bon serviteur, c’est bien.
Que caché, Christ en toi, je ne puisse plus dire
Sur cette, terre, encore une chose est à moi.
Qu’encouragé toujours par ton divin sourire,
Je vive auprès de toi, désormais ô mon Roi !