LA NOUVELLE CREATION
ETUDE III
L’APPEL DE LA
NOUVELLE CREATION
* *
*
Les “appelés” sont seuls
éligibles. — Quand cet
appel du “Grand salut” a-t-il commencé — L’appel à la repentance n’est
pas l’appel à la nature divine. —L’appel juif et l’appel de l’Evangile.
— Pourquoi il n’y a pas beaucoup de “grands” de “sages” de “puissants"
qui soient appelés. — L’exaltation récompense de la véritable humilité.
— Le caractère, condition de l’appel. — Pendant le Millénium le monde ne
sera pas appelé mais recevra des ordres. — Le temps de l’appel de
l’Evangile est limité. — La Nouvelle Création appelée ou attirée par Le
Père. — Christ notre sagesse. — Christ notre justification — Différence
entre la justification réelle ou estimée telle. — La “Nouvelle Création”
a-t-elle besoin de la justification ? — La base de la justification. —
La justification des Anciens Dignitaires différente de la nôtre — La
justification pendant l’Age millénial. — Christ fait sanctification pour
nous. — La sanctification pendant l’âge millénial. — Deux consécrations
distinctes dans les prototypes lévitiques. — Pas d’héritage dans le
pays. — La grande multitude. — Sanctification des deux parts. La part de
l’homme. La part de Dieu — Les expériences varient avec les
tempéraments. — La sanctification n’est ni une perfection ni une
émotion. — “Qui guérit toutes tes maladies”. —Aller au trône de la grâce
est une nécessité. Comment ta justification rejoint la sanctification. —
La consécration depuis la clôture du “haut appel” — Le salut ou
délivrance de l’Eglise.
* *
*
L’occasion de devenir membre de la Nouvelle Création et d’avoir part à ses
privilèges, à son exaltation, à sa gloire, n’a pas été jetée à la volée au
monde humain en général mais simplement adressée à une classe “appelée”. Et
ceci ressort positivement des Ecritures. Autrefois, Israël fut appelé par
l’Eternel pour devenir son peuple particulier, séparé des autres peuples ou
nations de la terre, selon qu’il est écrit : “Je vous ai choisis, vous
seuls, parmi toutes les familles de la terre” (Amos
3 : 2). L’appel d’Israël, pourtant, n’était pas le “haut appel”
ou “appel céleste”. C’est pour cela qu’il n’est fait aucune allusion aux
choses célestes dans aucune des promesses réservées à ce peuple. Leur appel
tendait à créer une condition préparatoire, un état d’esprit qui devait
préparer un reste parmi cette nation à recevoir et à profiter du haut appel
au “grand salut annoncé d’abord par le Seigneur et qui nous a été
confirmé par ceux qui l’ont entendu” (Hébreux
2 : 3).
Ainsi
ce n’est pas dans l’Ancien Testament mais dans le Nouveau qu’il faut
rechercher les clauses du haut appel ou appel céleste. Cependant à mesure
que nous comprenons les “choses profondes de Dieu”, il est possible de
dégager des relations et des bontés qu’il a eues pour Israël, certaines
leçons typiques utiles à la postérité spirituelle qui, elle, a fait l’objet
de l’appel céleste. Et, comme l’exprime l’apôtre, Israël selon la chair et
ses lois, le comportement de Dieu à son égard, étaient autant d’indications,
d’ombres ou de types des choses meilleures réservées à ceux qui sont appelés
à devenir membres de la Nouvelle Création.
[95]
Puisque, conformément au plan divin, Christ devait être en tout le premier,
il était nécessaire qu’il devînt le premier, le chef, le Souverain
sacrificateur, le conducteur de cette Nouvelle Création de fils de Dieu, le
capitaine de leur salut et leur exemple, celui qui leur servirait de modèle
et de qui ils suivraient les traces. On comprend pourquoi les Anciens
Dignitaires ne pouvaient en aucun sens, avoir une part quelconque dans cette
Nouvelle Création. Les paroles de notre Seigneur au sujet de Jean-Baptiste
le confirment : “Je vous le dis en vérité, parmi ceux qui sont nés de
femmes, il n’en a point paru de plus grand que Jean-Baptiste. Cependant, le
plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui” (Matthieu
11 : 11). Et tandis qu’il exalte la foi et la noblesse de
caractère de ces Saints du passé, l’apôtre fait cette remarque : “Dieu
ayant en vue quelque chose de meilleur pour nous, afin qu’ils ne parvinssent
pas sans nous à la perfection”. —
Hébreux 11 : 40.
Il
convient de se rappeler que nul ne peut être appelé tant qu’il demeure sous
l’effet de la condamnation du péché d’Adam. Pour être l’objet de ce “haut
appel” il faut d’abord pouvoir être libéré, justifié de la sentence
adamique. Or, cette justification ne pouvait être accordée à Israël selon la
chair sur la base du sacrifice des taureaux et des boucs parce que le sang
de ces animaux ne pouvait effacer le péché et n’était en fait qu’une image
des sacrifices plus excellents qui satisfont effectivement les exigences de
la Justice contre notre race. Il n’était donc pas possible que l’appel pût
commencer avant que notre Seigneur Jésus eut payé le prix de la rédemption -
— “il nous a achetés par son sang précieux”. Les apôtres eux-mêmes ne
furent appelés et acceptés dans cette Nouvelle Création que d’une manière
conditionnelle jusqu’au moment où le Rédempteur ayant payé le prix et étant
monté au ciel, eut offert celui-ci en leur faveur. Alors, et pas avant, le
Père, le Jour de Pentecôte, reconnut directement ces croyants et les
ENGENDRA de son Esprit Saint pour devenir de “nouvelles créatures”. Notre
Seigneur avait en effet dît aux
[96] Pharisiens
pendant son ministère “Je ne suis pas venu appeler des justes mais des
pécheurs” (Matthieu
9 : 13). Il y a même une grande différence entre appeler des
hommes à la repentance et les appeler en vue du haut appel à la nature
divine comme co-héritiers de Christ. A ce haut appel aucun pécheur n’est
convié. Il importe donc que nous — qui sommes “par nature des enfants de
colère” — soyons d’abord entièrement justifiés de toutes choses par le
sang précieux de Christ.
Et
ceci s’accorde avec le préambule de l’épître aux
Romains (1 : 7) adressée à tous ceux qui, à Rome, sont “bien
aimés de Dieu, appelés a être saints” —~ participant de la nature
divine. L’introduction à l’épître aux Corinthiens débute ainsi : “A l’Eglise
de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés en Jésus Christ,
appelés à être saints, et à tous ceux qui invoquent en quelque lieu que ce
soit le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, leur Seigneur et le nôtre” (1
Corinthiens 1 : 2). Un peu plus loin (verset
9) l’exclusivité de cet appel est encore accentuée par la mise
en cause de son auteur: “Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à la
communion de son fils, Jésus-Christ, notre Seigneur”. Cette manière
d’expression implique une association, une unité. La pensée qui s’en dégage
c’est que l’appel a pour but de trouver parmi les hommes ceux qui seront
unis au Rédempteur — deviendront “un” avec lui — comme Nouvelles Créatures,
partageant avec lui la gloire, l’honneur et l’immortalité qui lui ont été
attribués en récompense de sa fidélité.
Ici
l’apôtre nous rappelle que nous serons co-héritiers avec Christ sous
certaines conditions, si toutefois “nous souffrons avec lui, afin d’être
glorifiés avec lui” (Romains
8 : 17). Dans le même chapitre de la première épître aux
Corinthiens (verset
24) l’apôtre montre que l’appel dont il parle n’est en aucun
sens le même que celui qui avait été auparavant réservé aux Juifs. Il
précise même que tous ne sont pas appelés. Il dit: “Pour ceux qui sont
appelés, Christ est puissance de Dieu et sagesse de Dieu” — tandis que
pour les non-appelés
[97] Juifs il
est un scandale, une pierre d’achoppement et pour les non-appelés Grecs, une
folie. Dans sa lettre aux
Hébreux (9 : 14,15) l’apôtre établit que l’appel de cet âge de
l’évangile ne pouvait être promulgué avant que notre Seigneur fut devenu,
par sa mort le “garant” de la Nouvelle Alliance. Il explique : “C’est pour
cela qu’il est le médiateur d’une nouvelle alliance, afin que, la mort étant
intervenue pour le rachat des transgressions commises sous la première
alliance (l’Alliance de la Loi) ceux qui ont été appelés reçoivent
l’héritage éternel qui leur a été promis”. —
Hébreux 7 : 22 .
PAS BEAUCOUP DE NOBLES,
DE SAGES OU DE PUISSANTS PARMI LES APPELES
On
pourrait peut être penser que cet appel particulier, restreint par essence,
doit s’adresser aux plus distingués d’entre notre race déchue — aux plus
nobles, aux plus vertueux, aux plus talentueux. Or, l’apôtre détruit cette
idée lorsqu’il fait remarquer : “Considérez, frères, que parmi vous qui
avez été appelés il n’y a ni beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup
de puissants, ni beaucoup de nobles. Mais Dieu a choisi les choses folles du
monde pour confondre les sages ; Dieu a choisi les choses faibles du monde
pour confondre les fortes et Dieu a choisi les choses viles du monde et
celles qu’on méprise, celles qui ne sont point pour réduire au néant celles
qui sont, afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu” (1
Corinthiens 1 : 26 à 29). L’explication à cet état de fait,
l’apôtre la trouve dans l’intention divine de faire en sorte que personne ne
puisse se vanter de mériter, d’une façon quelconque, les bénédictions dont
il est l’objet. Toute cette action se déroule à l’intention et des anges et
des hommes pour leur montrer la puissance de Dieu, capable de changer des
caractères bas et méprisés jusqu’à en faire des caractères nobles et purs,
non par la violence, mais par la puissance transformatrice de la vérité qui
crée, chez les appelés, et grâce aux promesses et aux espérances qui leur
sont adressées, le vouloir et
[98] le faire
selon son bon plaisir. Cette manière de faire favorisera non seulement la
gloire du Père mais encore l’humilité et le bien éternel de ceux qu’il
bénira. Plusieurs fois, à travers le Nouveau Testament, nous rencontrons des
déclarations affirmant que l’appel et le salut ne sont un effet ni de
l’homme ni de ses aptitudes mais sont dus uniquement à la grâce de Dieu, et
il n’est pas difficile de comprendre pourquoi l’appel exerce plus d’attrait
sur les cœurs simples et sans détours que sur les grands personnages.
L’orgueil est un facteur qui intervient pour une large part dans notre
nature déchue et avec lequel il faut compter. Ceux qui sont moins marqués
par la déchéance que la majorité, qui ont une nature plus noble que la
moyenne, s’en rendent compte, ressentent une certaine supériorité par
rapport aux autres, et sont souvent portés à s’en enorgueillir. Ceux-là,
même s’ils recherchent le Seigneur et aspirent à sa faveur, pourraient
s’imaginer que le Seigneur les accueillerait dans de meilleures conditions
que les autres. Or, la norme de Dieu est la perfection et tout ce qui
n’est pas parfait est jugé inacceptable. Et tout être placé sous le coup de
la condamnation est dirigé vers le même Rédempteur, vers le même sacrifice
pour les péchés, qu’il ait été peu ou très atteint par la chute. Il est bien
certain que de telles conditions d’acceptation sont davantage faites pour
attirer les petits et les faibles de la famille humaine plutôt que les
nobles et les importants. Les premiers ressentent davantage leur besoin d’un
sauveur parce qu’ils sentent davantage le poids de leurs propres
imperfections ; tandis que les autres, moins dégradés, satisfaits
d’eux-mêmes dans une certaine mesure, ne sont pas tellement disposés à
s’incliner devant la croix de Christ, à accepter une justification qui se
présente sous la forme d’un don gratuit et à s’approcher, sur cette base et
sur cette base seule du trône de la grâce céleste pour en obtenir
miséricorde. Ils sont plus portés à s’en remettre à leur jugement personnel
et à rechercher ce sentiment d’approbation intérieure qui les empêchera en
réalité de passer par la porte étroite pour suivre l’étroit chemin.
[99]
Evidemment Dieu favorise l’humilité de ceux qu’il invite à devenir membres
de la Nouvelle Création. L’apôtre ne dit-il pas “Humiliez-vous sous la
puissante main de Dieu afin qu’il vous élève au temps convenable”(1
Pierre 5 : 6). Paul montre le modèle Jésus-Christ - comment il
s’est humilié, acceptant de descendre à une nature plus basse et souffrant
la mort, la mort ignominieuse de la croix, etc... En raison de cette
obéissance et de cette humilité Dieu l’a souverainement élevé. Et Pierre en
tire la leçon “Dieu résiste aux orgueilleux et il fait grâce aux humbles”
(1
Pierre 5 : 5). Considérez votre appel, frères : il n’y a pas
beaucoup d’importants, de suffisants, de raffinés qui soient appelés ; il y
a plutôt des pauvres au sens où le monde le comprend, mais riches en foi. Si
Dieu récompense l’humilité il récompense aussi la foi. Il veut avoir comme
nouvelles créatures ceux qui ont appris à se confier en lui, qui acceptent
sa grâce et qui forts de la force qu’Il communique, remportent la victoire à
laquelle Il les appelle.
‘LE CARACTERE, CEPENDANT,
EST UNE CONDITION DE L’APPEL
Bien
que Dieu n’appelle pas les sages, les puissants, les nobles, il ne faut pas
en conclure que son peuple soit un ramassis d’êtres vils ou ignorants au
sens le plus péjoratif d’une dégradation abjecte. Tout au contraire le
Seigneur porte très haut l’étendard devant ceux qu’il appelle. Ils sont
appelés à la sainteté, à la pureté, à la fidélité aux principes de justice.
Ils sont appelés à garder ces choses dans leurs cœurs et à les traduire dans
leurs vies à la gloire de celui qui les a appelés des ténèbres à sa
merveilleuse lumière (2
Pierre 1 : 3 ;
1 Pierre 2 : 9). Le monde ne peut que les connaître selon la
chair et, à ce point de vue, ils peuvent ne pas avoir plus d’apparence
extérieure que d’autres. Le contraire serait plutôt vrai. Mais leur
acceptation par le Seigneur ne dépend pas de leurs dehors mais de leurs
esprits, de leurs entendements, de leurs intentions, de leurs “cœurs”.
[100]
Dès
lors, à partir du moment où ils acceptent la grâce de Dieu en Christ, sont
pardonnés de leurs péchés et se consacrent à l’Eternel, ils sont considérés
comme débarrassés, lavés des souillures qui sont le lot de tous les enfants
d’Adam. Figurativement, ils sont revêtus de la robe du mérite de Christ qui
couvre toutes leurs imperfections. C’est le nouvel esprit, la nouvelle
volonté qui est la “Nouvelle Créature”, acceptée de Dieu, appelée, et c’est
elle seule qui entre en considération.
A la
vérité, le nouvel esprit, à mesure qu’il se développe, apparaît comme
empreint de noblesse, d’honorabilité, de droiture. Petit à petit il acquiert
un certain pouvoir sur le corps en sorte que ceux qui ne reconnaissent pas
les nouvelles créatures — tout comme d’ailleurs ils n’ont pas reconnu le
Maître — peuvent malgré tout s’étonner de leurs bonnes œuvres, de leur
comportement, de leur esprit de bon sens, bien que parfois ils puissent
prétendre y trouver quelque méprisable motif. Malgré que le nouvel esprit
croisse graduellement selon la pensée du Seigneur et en dépit des efforts
accomplis pour glorifier Dieu dans des corps et des esprits qui
lui appartiennent, il ne sera jamais possible d’arriver à un contrôle absolu
des corps mortels. —
1 Corinthiens 6 : 20 .
Examinons ensemble quelques-unes de ces qualifications et limitations
relatives au caractère dans la Nouvelle Création ”. S’adressant à l’un des
appelés — et, à travers lui, à tous les autres — l’apôtre écrit :
“Combats le bon combat de la foi, saisis la vie éternelle à laquelle tu as
été appelé” (1
Timothée 6 : 12). Les nouvelles créatures ne doivent pas
s’attendre à obtenir la victoire et la grande récompense sans un combat
contre l’adversaire et contre le péché qui s’infiltrent si facilement dans
toutes leurs associations, ni contre les faiblesses de leur propre chair
quoique cette dernière soit couverte du mérite de la justice de Christ aux
termes de l’Alliance de Grâce. Le même apôtre reprend, ailleurs, son
exhortation à “marcher d’une manière digne de Dieu qui VOUS APPELLE à son
royaume et à sa gloire”
[101]
(1
Thessaloniciens 2 : 12). La nouvelle créature n’a pas à se
préoccuper uniquement de son appel et de sa récompense définitive dans le
Royaume et la gloire; elle doit se rappeler que, dans la vie présente, elle
est devenue un représentant de Dieu et de sa justice et qu’elle doit marcher
conformément à ces principes. Nous lisons encore: “Puisque celui qui vous
a appelés est saint, vous aussi soyez saints dans toute votre conduite selon
qu’il est écrit : Vous serez saints car je suis saint” (1
Pierre 1 : 15,16). Dans la même épître (2
: 9) on peut encore lire: “afin que vous annonciez les vertus
de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière”.
Les
Israélites selon l’esprit de la Nouvelle Création n’ont pas été mis sous le
joug de lois spécifiques comme l’avaient été les Israélites selon la chair.
Ils sont soumis à la “loi de la liberté” de manière que leur amour pour le
Seigneur se manifeste, non seulement en évitant volontairement de faire ce
qui n’est pas approuvé par le Seigneur, mais encore en sacrifiant
volontairement leurs droits et leurs intérêts humains au service de la
vérité et de la justice pour le Seigneur et pour les frères. La déclaration
apostolique : “Dieu ne nous a pas appelés à l’impureté mais à la
sanctification” (1
Thessaloniciens 4 : 7) est bien dans la ligne. Il dit ailleurs :
“Vous avez été appelés à la liberté, seulement ne faites pas de cette
liberté un prétexte de vivre selon la chair” (Galates
5 : 13). Ne tirez pas de cette liberté comme une autorisation à
faire le mal mais considérez la plutôt comme le moyen de sacrifier vos
droits actuels au service de la vérité afin de devenir des prêtres du
sacerdoce royal qui régneront bientôt dans le Royaume de Dieu, comme
cohéritiers de Christ, dispensant au monde les bienfaits divins.
Nombreux sont les textes des Ecritures qui témoignent du fait que l’appel à
devenir de “Nouvelles Créatures” est un appel qui mène à la gloire,
l’honneur et l’immortalité (Philippiens
3 : 14 ;
2 Pierre 1 : 3 ; etc.). Mais partout le Seigneur indique que le
chemin qui conduit
[102]
à cette gloire est un étroit sentier d’épreuves, de sacrifice. Ainsi seuls
ceux qui sont engendrés de l’esprit et même remplis de l’esprit pourront
sortir victorieux à la fin et atteindront aux choses glorieuses auxquelles
ils ont été appelés. L’accès de ce chemin a été rendu possible aux appelés
par celui qui a fait la promesse : “Ma grâce te suffit, car ma force
s’accomplît dans la faiblesse”.
Il
n’est pas à croire que plusieurs appels existent puisque l’apôtre déclare :
(Ephésiens
4 : 4) “Vous avez été appelés à une seule espérance
par votre vocation” Il est donc faux qu’on puisse penser pouvoir exercer
un choix quelconque dans cette affaire. A la vérité, en ce qui concerne le
monde dans l’âge prochain, il n’y aura pas d’appel. Dieu ne cherchera pas
alors à sélectionner une classe spéciale séparée et distincte des autres en
vue d’une position particulière. Pendant l’Age Millénial au lieu
d’appeler le monde, le Seigneur ordonnera. Il commandera l’obéissance
aux lois, et aux principes de justice. Il sera exigé de chaque
créature qu’elle obéisse au gouvernement d’En haut sous peine de
corrections, voire de suppression définitive, comme il est écrit “Celui qui
n’écoutera pas (n’obéira pas) à ce prophète sera retranché du milieu du
peuple” il mourra de la Seconde Mort de laquelle il n’y a aucun espoir de
retour.
Et il
n’y a pas non plus de second appel pendant l’Age de l’Evangile bien que,
comme nous l’avons déjà vu, il existe une seconde classe de sauvés, choisie
pendant cet âge — la Grande Multitude (Apocalypse
7 : 9-14) “que personne ne pouvait compter, de toute nation, de
toute tribu, de tout peuple et de toute langue”. Cette Grande Foule servira
Dieu dans son temple et devant le trône par opposition à
l’Epouse qui sera sur le trône et fera partie du temple comme
pierres vivantes. Or, les membres de cette seconde multitude ne sont l’objet
d’aucun appel séparé et distinct. Ils auraient pu, aussi aisément et avec
beaucoup plus de satisfaction, parvenir aux gloires de la nature divine
s’ils s’étaient d’eux-mêmes
[103]
soumis à une obéissance plus prompte et plus franche. Ils sortent quand
même vainqueurs, à la fin, ainsi qu’en témoigne le fait de leur donner des
palmes ; mais leur manque de zèle s’est trouvé être un facteur qui les a
empêchés d’appartenir à la classe des plus que vainqueurs. Ils ont ainsi
compromis leur héritage et leur gloire éternels comme membres de la Nouvelle
Création tout en se privant au surplus d’une bonne partie de la joie, de la
paix et du contentement d’esprit auxquels participent les plus que
vainqueurs même dans la vie présente. La place à laquelle ils parviendront,
comme nous l’avons déjà vu, sera sans doute semblable à plus d’un égard à
l’échelon les anges.
Une
autre pensée qui vient se greffer sur cette notion de l’appel est que son
temps est limité. L’apôtre affirme “Voici maintenant le temps favorable,
voici maintenant le jour du salut”. “Aujourd’hui si vous entendez sa voix
n’endurcissez pas votre cœur” (2
Corinthiens 6 : 2 ;
Hébreux 3 : 15). Ce temps favorable, cette période ou époque
favorable a commencé à la consécration de notre Seigneur Jésus. Il fut
appelé. Il ne s’est pas attribué cette dignité et a continué depuis.
“Nul ne s’attribue cette dignité” (Hébreux
5 : 4). Téméraire serait en effet l’homme qui aurait la
prétention d’avoir droit à un changement de la nature humaine à la nature
divine, qui voudrait abandonner sa condition de membre de la famille d’Adam
dans son état de déchéance pour prendre part avec Christ à toutes les
richesses de gloire et d’honneur dont il est devenu en réponse à l’appel qui
lui fut adresse. L’héritier légitime à perpétuité.
La
conclusion de cet appel ou “jour du salut” ou “temps favorable” viendra
aussi certainement qu’il a commencé. Un nombre positif, défini, a été fixé
par Dieu pour constituer la Nouvelle Création ; aussitôt que ce nombre sera
complet l’œuvre de cet Age de l’Evangile sera accompli. Ceci revient à dire
que, dès que le nombre prévu aura été appelé, l’appel cessera. Il ne serait
en effet pas logique de la part de Dieu d’appeler, ne
[104]
serait-ce qu’un seul individu de plus que ce qu’il a prédestiné, même en
sachant d’avance combien d’appelés ne seraient pas obéissants jusqu’au bout,
n’affermiraient pas leur vocation et leur élection et devraient en
conséquence être remplacés par d’autres. Il semblerait rationnel de penser
que le Tout Puissant n’a même pas l’air de plaisanter avec ses créatures au
point de proposer une seule invitation qui ne serait pas susceptible
d’aboutir si elle venait à être acceptée. Les Ecritures laissent à penser
que pour ce nombre élu, limité de membres du Sacerdoce Royal il a été pourvu
à un nombre de couronnes. A celui qui accepte l’appel du Seigneur et se
consacre à lui sur cette base, il est attribué une couronne qui lui est
réservée. Il serait donc outré de supposer que le Seigneur appellerait
quelqu’un, que ce quelqu’un accepterait l’appel mais qu’aucune couronne
n’étant disponible il lui faudrait attendre qu’un autre perde la sienne.
L’exhortation du Seigneur “Tiens ferme... afin que personne ne prenne ta
couronne” paraît impliquer non seulement qu’il y a un nombre limité de
couronnes mais encore qu’à la fin de cet âge il viendrait un temps où ceux
qui n’ont pas vécu conformément à leur alliance seraient rejetés tandis que
d’autres seraient prêts à les remplacer. —
Apocalypse 3 : 11 .
Comme
nous le comprenons, l’appel général en vue de l’association à notre
Rédempteur comme membres de la Nouvelle Création de Dieu, a pris fin en
1881. Cependant nous pensons qu’un grand nombre de personnes (dans toutes
les dénominations de la chrétienté probablement vingt à trente mille) ayant
fait à cette époque une consécration complète de leur être, ne sont pas
demeurés fidèles à leur alliance par le sacrifice. L’un après l’autre, une
fois leur épreuve achevée, ont été éliminés, en cas d’infidélité, de la
compagnie des élus, pour que d’autres qui entre-temps se sont consacrés,
tout en n’étant pas de l’appel général, puissent de ce fait être admis dans
la communion de Christ et des siens. Si ces derniers deviennent à leur tour
infidèles ils sont de même écartés tandis que d’autres, attendant déjà dans
une attitude de
[105]
consécration, leurs sont substitués Considéré dans cette optique, il n’est
évidemment pas nécessaire de supposer que l‘appel général se soit prolongé
depuis 1881. Ceux qui sont admis maintenant peuvent goûter leurs privilèges
sans relever de l’appel général qui a cessé en 1881. Ils sont reçus à
l’essai et selon que l’occasion se présente, prennent la place de ceux qui
se retirent. Nous pensons que ce va et vient de sorties et d’entrées
continuera jusqu’à ce que le dernier membre du nouvel ordre de création aura
été trouvé digne et que toutes les couronnes auront été attribuées pour
l’éternité.
L’apôtre déclare : “Vous frères vous n’êtes pas dans les ténèbres pour
que ce jour vous surprenne comme un voleur” (1
Thessaloniciens 5 : 4). D’accord avec les textes qui précèdent
nous avons tendance à croire qu’en ce temps de moisson de l’âge de
l’Evangile l’attention des consacrés au Seigneur sera attirée par une
certaine connaissance de la vérité sur le divin plan des âges, la présence
du Fils de l’Homme et l’œuvre de la moisson. Nous pensons que, sous cet
angle, la “vérité présente” constituera une épreuve qui manifestera les
réelles conditions de cœur parmi les consacrés, tout comme le message de la
présence du Seigneur et la moisson de l’âge juif ont mis à l’épreuve
l’Israël selon la chair lors de la première venue. Nous sommes persuadés que
ceux qui, à l’heure actuelle, ont des idées claires sur la vérité et la
comprennent, témoignent d’une sincérité évidente dans leur foi au sang
précieux et d’une consécration profonde au service du Seigneur et à qui il
est accordé d’avoir une vue d’ensemble sur le plan divin, ceux-là devraient
être considérés comme apportant la preuve qu’ils ont été acceptés par le
Seigneur comme héritiers en perspective avec Jésus-Christ même s’ils se sont
consacrés après 1881. Si leur consécration remonte à une date plus reculée,
avant la cessation de l’appel, on peut en déduire qu’après un laps de temps
aussi prolongé ils en arrivent quand même à l’attitude convenable dans le
domaine de la consécration et que la connaissance de la vérité présente leur
a été communiquée telle une bénédiction et
[106]
une démonstration qu’ils s’ont parvenus à la communion d’esprit avec le
Seigneur. S’ils ne se trouvaient pas au nombre des consacrés en 1881 ou
avant, il faut en conclure qu’ils ont été accueillis dans la classe élue en
remplacement d’autres qui ont été appelés mais dont le zèle a fait défaut
qui n’ont été ni froid ni bouillant et ont en conséquence été rejetés. Ces
derniers connaîtront le temps de trouble qui approche et qui leur apprendra
par la discipline et le châtiment les leçons qu’ils auraient pu apprendre
par la Parole de Dieu. Par un temps de grande tribulation ils acquerront une
place dans la Grande Multitude” alors qu’ils auraient pu parvenir, de plein
gré et dans la joie, quoique par la tribulation également, à une place avec
Christ sur le trône.
COMMENT DIEU APPELLE
“C’est par lui que vous, êtes en Jésus-Christ, lequel de par Dieu, a été
fait pour nous sagesse, justice
(justification) et
sanctification et rédemption (délivrance)” 1
Corinthiens 1 : 30 .
CHRIST, NOTRE SAGESSE
La
sagesse vient en premier lieu parce que le plus important des échelons qui
mènent au salut. Le témoignage du Sage s’accorde avec ce qui précède
lorsqu’il dit : “La Sagesse est la chose principale.., au prix de tout ce
que tu possèdes, acquiers l’intelligence”. Si bien disposés que nous
soyons, si faibles ou si forts, la sagesse demeure essentielle chaque
fois qu’il s’agît de prendre une décision. C’est un principe reconnu par
tout le monde et chacun essaie d’acquérir toujours plus de connaissances ou
de sagesse. Même ceux qui s’engagent dans les voies les plus insensées y
parviennent généralement par des cheminements qui ne leur paraissent pas du
tout déraisonnables. Ce fut le cas pour Eve. Elle désirait connaître,
devenir sage, et le fait que le fruit de l’arbre défendu lui paraissait être
le moyen d’acquérir cette sagesse la poussa à désobéir au Créateur. Comme il
est
[107] nécessaire
de disposer d’un conseiller sage pour guider dans les sentiers d’une sagesse
agréable et paisible
Et si
Eve, toute parfaite qu’elle fût, aurait eu besoin d’un guide sûr à bien plus
forte raison nous, qui sommes ses enfants imparfaits. En nous appelant à
faire partie de la Nouvelle Création notre Père Céleste a prévu tous nos
besoins. Il a prévu que notre propre sagesse ne nous suffirait pas et que la
sagesse de l’Adversaire et de ses rusés acolytes se tournerait contre nous
pour donner à la lumière l’apparence des ténèbres et aux ténèbres
l’apparence de la lumière. Pour cette raison et d’après notre texte, Christ
est notre sagesse. Avant de venir à Dieu, avant de recevoir le bénéfice de
la propitiation par laquelle nous devenons des fils, nous avons besoin
d’aide, de direction, de sagesse, de faculté de compréhension qui nous
permette de discerner ce à quoi le Seigneur a pourvu par son Fils.
Pour
écouter la sagesse qui vient d’en haut, un cœur fervent est nécessaire. Il
faut être modeste sans quoi nous serions portés à nous croire plus que ce
que nous sommes, à ne pas reconnaître nos propres faiblesses, souillures et
indignités au regard de la norme divine. Il faut aussi avoir une certaine
honnêteté, une certaine candeur, pour savoir admettre les défauts, qu’un
esprit humble discerne. Partant de là ceux qui souhaitent retrouver la paix
avec Dieu et être justes devant lui, sont invités par lui-même à regarder à
Jésus le Sauveur. Même en ne comprenant qu’imparfaitement le fond de la
propitiation accomplie à notre endroit, il faut quand même se rendre compte
que nous “n’étions par nature que des enfants de colère comme les autres”,
autrement dit des pécheurs ; que le sacrifice de Christ a été juste, que
Dieu y a pourvu et l’a accepté en notre faveur ; que par ses meurtrissures
nous pouvons être guéris et que par son obéissance nous pouvons être agréés,
par le Père nos péchés lui ayant été imputés et ayant été portés par lui en
sorte que sa justice et son mérite ont pu nous recouvrir comme une robe de
justice. Il faut comprendre
[108]
cela du cœur et c’est ainsi que Christ est fait pour nous sagesse —
avant de nous décider en toute connaissance pour être ensuite, après avoir
reconnu son mérite, justifié devant le Père, reçu, sanctifié puis délivré et
glorifié. Cependant, Christ ne cesse pas d’être notre sagesse lorsque
franchissant le pas suivant, il devient notre justification. Nous avons
encore besoin de lui. Il continue d’être notre Sagesse, notre sage
Conseiller. Sous sa direction nous apercevons que la plus sage voie à suivre
est celle de la pleine consécration suivie d’une vie de sanctification en
faisant la volonté du Père. En tout la sagesse demeure la chose principale.
A toutes les étapes de notre vie de consécration ou de sanctification à
toutes les étapes du voyage vers la Cité Céleste nous avons besoin de la
sagesse d’En haut, laquelle, comme l’apôtre l’exprime “est premièrement
pure, ensuite paisible, modérée, conciliante, pleine de miséricorde et de
bons fruits, exempte de duplicité, d’hypocrisie” (Jacques
3 : 17). La sagesse de conception humaine gravite autour de
sentiments égoïstes, d’entêtement, de considération personnelle, de
satisfaction de soi, d’honorabilité parfaite. Tout cela dit l’apôtre
engendre un esprit d’envie amère et de dispute. Cette sagesse-là n’est pas
d’En haut, elle est “terrestre, sensuelle, diabolique”. La sagesse céleste,
au contraire, s’accorde avec le caractère divin dont la marque distinctive
est l’amour qui “ne se vante point, ne s’enfle point d’orgueil, ne
recherche peint son intérêt, ne se réjouit peint de l’injustice mais se
réjouit de la vérité”.
Mais
il existe un classement dans le mode d’opération de cette sagesse. Tandis
qu’elle agit sur tous les plans que mentionne l’apôtre Jacques, cependant
ceux-ci ne revêtent pas une égale importance. La sagesse d’en haut est
paisible, pacifique, dans le sens qu’elle désire la paix et s’emploie à la
créer; pourtant elle ne considère pas la paix comme une condition première
mais la pureté — “d’abord pure, ensuite pacifique”. C’est la sagesse
terrestre qui veut la “paix à tout prix” et recommande à la conscience de se
tenir tranquille pour
[109]
conserver une paix confortable. La sagesse qui est pure est aussi simple,
sans artifice, honorable, ouverte. Elle aime la lumière ; elle n’appartient
pas aux ténèbres ni au mal ni à quoi que ce soit qui ait besoin d’être caché
elle considère au contraire que ce que l’on cache, comme ce que l’on tient
secret, a souvent de mauvaises racines. Elle est paisible pour autant que la
paix ne s’obtienne pas au prix de l’honnêteté et de la pureté. Elle
recherche la paix, l’accord, l’unité. Puisque la paix ne vient pas en
premier lieu, la sagesse ne peut qu’être en paix moralement et conformément
à ce qui est honnête, pur et bon.
Cette
sagesse d’en haut est encore modérée. Elle n’est ni rude ni incorrecte pas
plus dans ses plans que dans ses méthodes. Sa modération, néanmoins, vient
après la pureté et la paisibilité. Ceux qui la possèdent ne sont pas
d’abord, modérés, puis purs et pacifiques, mais premièrement purs,
sanctifiés par la vérité. Ils veulent la paix ; c’est pourquoi ils sont
modérés et conciliants. Cependant, ils ne peuvent être conciliants que si la
pureté, la paix, la modération sont satisfaites. Ils ne peuvent être
conciliants s’il s’agit de tremper dans une mauvaise action. L’esprit de
sagesse d’en haut interdit un tel comportement.
La
sagesse d’en haut est pleine de miséricorde et de bons fruits: elle se
réjouit d’exercer la miséricorde car la miséricorde est un élément essentiel
du caractère divin qu’il importe d’imiter. Il est certain que le cœur dans
lequel la sagesse d’en haut s’est installée, développera la miséricorde et
mûrira tous les bons fruits du Saint Esprit du Seigneur. Mais tandis que
cette miséricorde s’exercera à l’endroit de l’ignorant ou de celui qui
perpètre le mal sans intention mauvaise, elle ne pourra sympathiser avec
celui qui fait le mal de propos délibéré. L’esprit de sagesse n’est pas fait
d’abord de miséricorde mais de pureté. La miséricorde de cette sagesse ne
peut donc intervenir qu’au bénéfice des pécheurs ignorants ou involontaires.
[110]
La
sagesse d’en haut est encore “exempte de duplicité” ou de “partialité”. La
partialité implique l’injustice. Or, la pureté, la paix, la modération, la
miséricorde et les bons fruits de l’esprit de sagesse d’en haut nous conduit
à ne faire acception de personne si ce n’est au niveau du caractère.
L’apparence extérieure de l’individu, la couleur de sa peau, etc...
n’entrent pas en ligne de compte pour l’esprit du Seigneur. L’esprit de
sagesse qui vient d’en haut est impartial et recherche ce qui est pur,
paisible, modéré, véridique où que ce soit et sous quelque dehors que ce
soit.
La
sagesse d’en haut est, de plus, “sans hypocrisie”. Elle est si pure si
pacifique, si modérée, si conciliante et miséricordieuse envers tous, que là
où elle existe il n’est aucun besoin d’avoir recours à l’hypocrisie. Et
tandis qu’elle se trouve en état de rupture avec tout ce qui est péché,
qu’elle n’accepte d’engagement qu’avec ce qui est pur, paisible et modéré,
on conçoit que dans ces conditions l’hypocrisie ne puisse intervenir.
Sur
chacune de ces considérations Dieu nous a donné la sagesse d’en haut par son
Fils, non seulement par le message de son œuvre rédemptrice mais encore par
la démonstration qu’il a apporté des grâces de l’Esprit et de l’obéissance
au Père, nous enseignant ainsi par la parole et par l’exemple. De plus,
cette sagesse nous est communiquée par les apôtres, les représentants de
Christ et par leurs écrits — ainsi que par tous ceux qui, ayant reçu cet
Esprit de sagesse d’En haut, cherchent à faire briller leur lumière chaque
jour pour glorifier leur Père qui est aux Cieux.
CHRIST, NOTRE JUSTIFICATION
Nous
avons déjà, jusqu’à un certain point, discuté de la réconciliation entre
Dieu et l’homme par laquelle notre Seigneur Jésus, a été fait la
Justification (1) de
(1)
Voir volume V. chapitre XV.
[111]
tous
ceux qui le reconnaissent et l’acceptent. Ce mot de Justification, souvent
imparfaitement compris a besoin d’être examiné plus particulièrement. La
première idée qui se dégage de ce mot Justification est celle de (1)
justice, d’un niveau en droit; (2) que quelque chose est au-dessous de ce
niveau, au-dessous de ses exigences (3) remettre à ce niveau ce qui est
déficient. On pourrait illustrer ceci par une balance. Sur un des plateaux,
un poids représenterait la Justice ; sur l’autre plateau, un objet
quelconque figurant l’obéissance humaine devrait faire équilibre à la
Justice. De ce côté l’écart est plus ou moins important. Il faut le combler
en y ajoutant ce qui manque pour en assurer la justification ou
compensation. Plus particulièrement, Adam fut créé, à l’origine, parfait, en
complète harmonie avec Dieu. Telle était sa condition normale, régulière,
juste dans laquelle il aurait dû persévérer. Or, par le péché, il encourut
la sentence divine de condamnation et fut rejeté parce qu’il n’était plus
conforme à la règle divine. Depuis lors sa postérité est “née dans le péché
et a été formée dans l’iniquité”. Elle est venue à la vie sur un plan encore
plus bas que celui de son père Adam — plus bas que le niveau exigé par la
Justice divine. Partant de là, il est bien inutile qu’aucun être humain
sollicite du créateur une nouvelle pesée, une nouvelle épreuve, pour se
rendre compte si oui ou non il est à même d’atteindre au niveau de l’infinie
justice. Une épreuve de ce genre serait en effet superflue. Car si l’homme
parfait Adam, par sa désobéissance, n’a pas su maintenir sa position, à
combien plus forte raison nous qui, dès le départ, sommes imparfaits,
tombés, ne pourrons nourrir aucun espoir de satisfaire aux exigences de la
Justice, autrement dit, de nous faire équilibre à nous-mêmes et de nous
justifier devant Dieu. “Tous ont péché et sont privés de la gloire de
Dieu”.
Si
donc, pris dans l’ensemble, et en tant que race, nous sommes tous injustes,
tous imparfaits ; si personne ne peut, par ses œuvres, répondre devant la
Justice, on comprend que le psalmiste ait écrit “Ils ne peuvent
[112]
se racheter l’un l’autre ni donner à Dieu le prix du rachat” (Psaume
49 : 8). Personne ne peut combler la déficience du prochain car,
non seulement il n’a aucun poids, aucun mérite, aucune vertu à donner mais
il n’en a pas assez pour lui-même puisque “tous ont péché et sont privés”.
Nous demandons donc : Dieu peut-il agréer ou accueillir des injustes
pécheurs, des êtres déchus, qu’Il a déjà condamnés et déclarés indignes de
sa faveur, indignes de la vie éternelle ? Or, Il nous montre qu’il a un
moyen de réaliser cette impossibilité — un moyen qui lui permet de demeurer
égal à lui-même tout en justifiant celui qui croit en Jésus. Il montre qu’Il
a établi Christ comme Médiateur de la Nouvelle Alliance et que Christ a
acheté le monde par son sang précieux — par son sacrifice. Lorsque le moment
sera venu, pendant l’Age Millénial, Christ assumera son grand pouvoir,
régnera sur la terre dont il bénira toutes les familles par la connaissance
de la vérité en leur offrant l’occasion d’un retour à la condition qu’avait
connu Adam avant sa chute, à l’image de Dieu — avec, en plus, les leçons de
l’expérience. Cette œuvre consistant à ramener l’humanité à la perfection
sera une œuvre de justification — de justification réelle, par
opposition à la justification estimée telle, la “justification par la foi”
imputée à l’Eglise au cours de l’Age de l’Evangile. La justification réelle
commencera en même temps que le règne Millénial du Seigneur et progressera
pas à pas jusqu’à ce que “tout homme” ait joui de toutes les occasions
nécessaires pour recouvrer tout ce qui avait été perdu par Adam. Remercions
Dieu pour cette période de justification positive — où tout sera rendu
authentiquement conforme à la règle — où les hommes de bonne volonté et
obéissants seront effectivement hissés de l’imperfection à la perfection —
au physique comme au mental et au moral !
Mais
pour l’instant nous considérons surtout la Nouvelle Création ainsi que les
dispositions prises par Dieu pour la justification de cette fraction de
l’humanité appelée à la mature divine, à la gloire et à l’immortalité. Tout
comme le monde, les membres de cette Nouvelle
[113]
Création ont besoin d’être justifiés parce qu’ils sont par nature “des
enfants de colère comme les autres”. De même que Dieu ne peut avoir de
rapport avec le monde soumis au péché et à la sentence de mort, il ne
pouvait pas davantage — sur une base identique — traiter avec ceux qu’il
appelle à former la Nouvelle Création. Si le monde doit être justifié —
rendu juste par un retour à la perfection — avant que Dieu ne reprenne
contact avec lui, comment l’Eglise, appelée à devenir cohéritière avec son
Fils ne devrait-elle pas elle aussi, être d’abord justifiée ? Il est évident
qu’une justification demeure une condition essentielle à notre appel à la
Nouvelle Création. Mais comment la justification peut-elle s’appliquer à
nous ? Devons-nous être rétablis à la perfection absolue, véritable —
physiquement, mentalement et moralement ? - —Non, sans doute. Dieu n’a pas
envisagé une justification intégrale à notre endroit, mais il a pourvu à une
justification d’un autre genre que les Ecritures appellent “justification
par la foi” — qui n’est pas une justification effective mais reconnue
comme telle. Dieu admet que tous ceux qui, pendant ce règne du péché et de
la mort, entendant le message de sa grâce et de sa miséricorde en Christ, se
rangeront du côté de la sagesse d’en haut, se repentiront et répareront
leurs torts dans la mesure du possible, ceux-là verront leurs imperfections
couvertes par le mérite de Christ. Dans ses rapports avec eux le Seigneur
les considérera comme justes, justifiés par la foi.
Cette
justification consentie ou justification par la foi est valable pour autant
que la foi persiste et se démontre par la continuité dans les efforts à
réaliser la volonté du Seigneur. Si la foi et l’obéissance viennent à
cesser, la justification cesse également. Par contre elle ne cesse pas si le
pas suivant, la sanctification est franchi.
Elle
nous accompagne, en tant que Nouvelles Créatures, et nous couvre, non
seulement de la condamnation adamique, mais de toutes les faiblesses et
imperfections en paroles, en pensées, en actions, imputables à la chair, en
raison de l’hérédité, à condition que la volonté ne soit pas
[114]
engagée. Elle continue de couvrir les enfants du Seigneur jusqu’à la fin de
leur voyage, à travers les vicissitudes et les épreuves qui leur sont
nécessaires puisque candidats et membres en perspective de la Nouvelle
Création. Dans cet esprit l’apôtre assure “Il n’y a donc aucune
condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ, qui marchent non selon
la chair mais selon l’esprit”. Et cela malgré que ce trésor de la
nouvelle nature soit dans un vase de terre, constamment terni par les fautes
involontaires dont la moindre suffirait à nous rendre indignes de la vie
éternelle à quelque degré que ce soit si nous n’étions couverts des mérites
de notre robe de noce, la robe de la justice de Christ, la justification
reconnue telle, la justification par la foi. Nous aurons besoin de cette
justification et elle demeurera notre vêtement, notre robe, tant que nous
demeurerons en Christ et dans la chair. Mais elle n’aura plus de raison
d’être lorsque nos épreuves auront pris fin, que nous aurons été accueillis
en vainqueurs et qu’il nous aura été donné d’avoir part à la Première
Résurrection.
Comme
l’apôtre l’explique — il est semé corruptible, méprisable, infirme mais il
ressuscite incorruptible, dans la force, dans la gloire, conforme à notre
Seigneur, l’Esprit vivifiant qui est l’expresse image de la personne du
Père. Lorsque cette perfection sera acquise il n’y aura plus besoin d’une
justice imputée puisque nous serons alors vraiment justes, réellement
parfaits. Il n’importe que la perfection de la Nouvelle Création soit sur un
plan plus élevé que celui du monde; autrement dit, au regard de la
justification, cela n’entre pas en ligne de compte. Ceux qui recevront la
grâce de Dieu sous la forme d’un rétablissement à la perfection dans la
nature humaine seront également justes ou parfaits lorsque cette
œuvre sera achevée mais justes ou parfaits sur un plan d’existence inférieur
au plan spirituel. Ceux qui sont maintenant appelés à la nature divine et
qui sont justifiés par la foi avant le temps de manière à rendre possible
leur appel et leur épreuve comme f ils de Dieu, ne seront vraiment
justifiés, rendus parfaits qu’à la Première Résurrection
[115]
lorsqu’ils auront atteint cette plénitude de vie et de perfection où ne
subsistera plus la moindre trace de l’imperfection actuelle.
LA BASE DE NOTRE JUSTIFICATION
Sur
ce sujet il s’est créé une confusion dans beaucoup d’esprits en raison d’une
certaine négligence ou omission dans le rapprochement des déclarations de la
Parole de Dieu. Ainsi par exempte, puisque l’apôtre affirme que nous sommes
“justifiés par la foi” “ (Romains
5 : 1 ;
3 : 28 ;
Galates 3 : 24) certains prétendent que la foi a une si grande
valeur devant Dieu qu’elle couvre nos imperfections. D’autres
relèvent la parole de l’apôtre que nous sommes “justifiés par la grâce
Dieu” (Romains
3 : 24 ;
Tite 3 : 7) et affirment que Dieu justifie qui il veut, d’une
manière tout arbitraire, sans se préoccuper d’aucune qualité, mérite, foi ou
œuvres de personne. D’autres encore font intervenir la déclaration
scripturaire que nous sommes “justifiés par son Sang” (Romains
5 : 9 ;
Hébreux 9 : 14 ;
1 Jean 1 : 7) pour en déduire que la mort de Christ a justifié
tous les hommes sans mettre en cause leur foi et leur obéissance. Une autre
catégorie s’appuie sur le texte où il est dit que Christ a été “ressuscité
pour notre justification ”(Romains
4 : 25) et s’en prévaut pour prétendre que la justification nous
vient par la résurrection de Christ. D’autres enfin, s’appuyant sur le texte
de
Jacques 2 : 24 où il est dit que “l’homme est justifié par
les œuvres”, trouvent qu’après tout, devant Dieu, nos œuvres sont
déterminantes pour ou contre nous.
Le
fait est que toutes ces expressions sont vraies et représentent différents
aspects de la même question, de même qu’on peut voir un grand bâtiment de
face, de derrière, de côté ou sous des angles opposés. En s’exprimant comme
ils l’ont fait, les apôtres, dans des circonstances distinctes, ont présenté
le même sujet à des points de vue divers. Il nous appartient de les
rassembler, de les comparer et de dégager la vérité sur le sujet de la
justification.
[116]
Tout
d’abord, nous sommes justifiés par la grâce de Dieu. Le Créateur
n’était pas dans l’obligation de faire quoique ce soit pour nous libérer du
juste châtiment qui pèse sur nous. Ce fut un effet de sa propre faveur ou
grâce que, prévoyant la chute avant notre création, il eut compassion de
nous et pourvut, dans son plan, à notre rédemption, par l’Agneau immolé dès
avant la fondation du monde. Cette question de notre réconciliation avec le
Père, par quelque moyen qu’il lui ait plu de la réaliser, était au demeurant
un effet de sa seule grâce.
En
second lieu, nous sommes justifiés par le sang de Christ, par son
œuvre rédemptrice, par sa mort. Ainsi, la grâce du Créateur se manifesta
envers nous en prenant toute disposition nécessaire : “Jésus-Christ, par la
grâce de Dieu, goûta la mort pour tous” et paya ainsi le rachat d’Adam.
Puisque le monde entier est condamné en Adam, la mort de Christ aura pour
effet l’annulation du péché du monde entier. Pour réunir ces deux
considérations nous dirons que la grâce de Dieu n’opère que par cette
unique voie et que “celui qui a le Fils a la vie ; celui qui n’a pas
le Fils n’a pas la vie et demeure sous le coup de la sentence de
condamnation”. —1
Jean 5 : 12.
Troisièmement, il est également vrai que Jésus-Christ ait été ressuscité des
morts pour notre justification. Il entrait dans le plan divin, non seulement
que le Messie soit de rédempteur du peuple mais encore qu’il devînt le
bienfaiteur et celui qui relèvera tous ceux qui désireront se rapprocher du
Père. Si donc la mort de Jésus était d’une importance essentielle pour
servir de base à notre réconciliation il n’aurait pu devenir l’instrument de
notre bénédiction et de notre rétablissement s’il était resté dans les liens
de la mort. C’est pourquoi le Père qui avait pourvu au prix rédempteur par
sa mort, pourvut
[117]
aussi à sa résurrection d’entre les morts pour qu’il devienne, lorsque le
moment sera venu, celui par qui s’opérera la justification de l’homme — le
retour de l’humanité à une condition de recevabilité par Dieu.
Quatrièmement nous (l’Eglise) sommes justifiés par la foi dans le sens des
dispositions prises par le Seigneur pendant cet âge et qui ne sont pas
celles d’une justification ou rétablissement réels mais simplement un
rétablissement estimé tel et par la foi. Ceci, évidemment, ne peut
s’appliquer qu’à ceux qui exercent la foi. Ni notre foi ni notre incroyance
n’ont d’influence sur ce que Dieu a décidé, sur ce qu’il a déjà réalisé ni
sur ce qu’il accomplira en son temps. Mais notre participation aux faveurs
qui nous sont offertes en avance sur le monde dépend de notre foi. Pendant
l’Age Millénial la longueur et la largeur du divin plan de salut sera connu
de tout le monde. Le Royaume de Dieu sera établi sur la terre et Celui qui a
racheté l’humanité et a reçu le pouvoir de communiquer aux humains la
connaissance de sa vérité, justifiera pour de bon, réellement ,
rendra la perfection à tous ceux qui le désireront et accepteront la faveur
divine conformément aux normes fixées par Dieu.
A la
vérité on peut dire que, même alors, la FOI sera indispensable dans le sens
du relèvement vers la vraie justification. “Sans la foi il est
impossible d’être agréable à Dieu”, ce qui veut dire que même les
bénédictions du rétablissement seront accordées en raison de la foi.
Evidemment, la foi qu’il faudra alors manifester sera d’une autre nature que
la foi qui habite maintenant ceux “qui sont appelés à être saints”,
“co-héritiers avec Jésus”, de “Nouvelles Créatures”. Lorsque le Royaume de
Dieu sera complètement installé, que Satan sera lié et que la connaissance
de l’Eternel aura rempli la terre, tous se rendront compte que les promesses
divines, auront été réalisées. A ce moment la connaissance, la vue,
saisira ce qui ne peut être discerné maintenant que par la foi. Pourtant la
foi sera nécessaire
[118]
malgré tout pour s’acheminer vers la perfection. Ainsi la perfection
réelle, qui ne sera acquise que vers la fin de l’Age Millénial, ne sera
obtenue que par ceux qui, avec persévérance, auront joint leurs œuvres à
l’exercice de leur foi. Bien qu’il soit écrit, parlant de cette époque: “Et
les morts furent jugés selon leurs œuvres, d’après ce qui était écrit
dans ces livres” par opposition à la période actuelle de jugement de
l’Eglise “selon votre foi”, cependant leurs œuvres n’iront pas
sans la foi, de la même façon que notre foi ne va pas sans les œuvres dans
la mesure de nos possibilités.
La
déclaration de l’apôtre d’après laquelle Dieu justifiera les païens par la
FOI (Galates
3 : 8) veut dire - le contexte le montre - que la
réconciliation, fruit du rétablissement, ne sera pas en elle-même le
résultat de l’Alliance de la Loi mais de la grâce par la Nouvelle Alliance
en laquelle il faudra croire, qu’il faudra accepter et à laquelle il faudra
se soumettre si l’on veut en profiter. Maintenant, en raison de leur foi,
par une justification reconnue telle, les croyants retrouvent sur
l’heure la communion avec le Père; mais dans l’âge prochain et en dépit
de conditions plus favorables, la foi n’agira plus dans le sens d’une
justification reconnue mais dans celui d’une justification effective,
d’un retour à la communion avec Dieu qui ne deviendront positifs qu’à la f
in du Millénium. Entre-temps le monde sera aux mains du Grand Médiateur dont
la tâche consistera à faire comprendre aux hommes ce qu’est la volonté
divine, à s’occuper d’eux, à les redresser, à les rétablir dans la mesure où
ils lui obéiront jusqu’au moment où il les aura ramenés à une position de
justice réelle. Alors il les présentera, sans défauts au Père
lorsqu’il lui remettra le Royaume. —
1 Corinthiens 15 : 24 .
Pour
l’instant le Seigneur recherche une classe particulière qui constituera la
Nouvelle Création. Personne n’a été invité à cet appel céleste si ce n’est
ceux qui ont connu la grâce de Dieu en Christ et ont accepté l’arrangement
[119]
divin par la foi. Ceux-là ont une telle confiance dans l’ultime résultat
du Plan de Dieu que leur foi dans ce Plan exerce une influence, une
orientation sur le cours de leur vie terrestre au point qu’ils estiment
comme transcendante la vie à venir et que la vie actuelle et ses intérêts
leur apparaît comme une perte. A notre sombre époque où le mal prévaut et
lance comme un défi à la sagesse, à l’amour et à la puissance du Créateur,
les croyants sont considérés par Dieu comme s’ils vivaient pendant le
Millénium, comme s’ils passaient déjà par le rétablissement à la perfection
humaine. Cette position, considérée comme acquise, ne l’est en fait que pour
offrir en sacrifice cette perfection humaine à laquelle ils parviendraient
bientôt sous la direction d’en haut. De cette manière ils peuvent présenter
leurs corps (considérés comme parfaits) et tous leurs privilèges de
rétablissement, leurs espoirs, leurs buts terrestres, en sacrifice vivant.
Ce faisant, ils échangent ceux-ci contre les espérances et les promesses
célestes auxquelles ils sont attachés ce dont ils donnent la preuve en
acceptant les conditions de souffrance et de perte de leurs intérêts humains
et des honneurs qu’ils pourraient recueillir de leurs semblables.
Cinquièmement, cette classe maintenant justifiée par sa foi, ne doit
évidemment pas la renier en commettant des actes volontairement contraires.
Elle doit savoir que, tandis que Dieu traite avec elle d’après sa foi, ne
lui imputant pas ses transgressions prises en charge par son Rédempteur au
Calvaire — ne lui imputant pas ses offenses mais ne tenant compte que de
l’esprit, de la volonté ou intention et non de ce que fait la chair
—néanmoins, le Seigneur considère qu’il importe que la chair soit assujettie
au nouvel esprit autant que faire se peut, “autant qu’il dépend de nous” et
que toute œuvre bonne soit réalisée selon les occasions et les possibilités.
A ce niveau et dans ce sens, nos œuvres entrent en ligne de compte dans
notre justification. Elles deviennent un témoignage, une preuve de la
sincérité de notre dévouement. Cependant, notre jugement par le
[120]
Seigneur ne se formule pas sur la base de nos œuvres mais sur celle de
notre foi. Si nous étions jugés d’après nos œuvres nous serions tous “privés
de la gloire de Dieu”. Mais lorsqu’elles sont jugées d’après leurs cœurs
leurs intentions, les Nouvelles Créatures peuvent être approuvées par Dieu
aux termes de l’Alliance de Grâce par laquelle le mérite du sacrifice de
Christ couvre leurs souillures involontaires. Assurément on ne peut trouver
à redire au fait que le Seigneur nous demande de porter les fruits de
justice que nous sommes en mesure de produire dans les conditions
d’imperfection actuelle. Il ne demande pas plus mais il ne faut pas attendre
qu’il accepte et récompense moins que cela.
Pour
imager cette opération générale de la justification par la grâce, par le
sang, par notre foi ainsi que sa relation avec les œuvres, considérons le
service des tramways électriques. La centrale énergétique pourra jusqu’à un
certain point illustrer la source de notre justification la grâce de Dieu.
Le fil qui transporte le courant figurera imparfaitement notre Seigneur
Jésus, l’agent actif du Père dans notre justification. Les véhicules
représenteront les croyants et les trolleys seront l’image de la foi qui
doit demeurer au contact du fil conducteur d’une manière permanente. (1)
Tout dépend du courant électrique. (2) Vient ensuite en importance le fil
qui apporte le courant. (3) Sans la perche de la foi qui touche et assure le
contact avec le Seigneur Jésus, le moyen de notre justification, nous
n’aurions à prétendre à aucune bénédiction. (4) La bénédiction qui nous
vient du contact avec le Seigneur Jésus peut correspondre à
l’éclairement du véhicule par le courant dont la présence se trouve ainsi
manifestée; mais (5) le mécanicien conducteur et son rhéostat figurent la
volonté humaine tandis que (6) le moteur lui-même représente notre activité,
notre énergie fécondée par l’énergie qui nous vient par la foi. Tout cela
réuni est nécessaire à notre progrès qui consiste à parcourir le circuit
pour parvenir en définitive au “dépôt” lequel, dans cette image, correspond
à notre place dans la Nouvelle Création et la maison de
[121]
notre Père laquelle comporte de nombreuses demeures ou conditions
assignées aux nombreux fils de nombreuses natures.
LA JUSTIFICATION ET LES ANCIENS
DIGNITAIRES
En
jetant un coup d’œil en arrière et par les déclarations apostoliques nous
apprenons que, dans un lointain passé et avant que le sang précieux eut été
versé pour notre justification, des anciens dignitaires ont paru:
Enoch, Noé, Abraham, Isaac, Jacob, David et plusieurs autres saints
prophètes qui ont été justifiés par la foi. Puisqu’ils n’ont pu avoir foi
dans le sang précieux, quelle sorte de foi a pu les justifier ? Nous
répondons par ce qui est écrit: “Ils crurent en l’Eternel qui le leur
imputa à justice (justification)”. Dieu ne leur avait pas révélé comme
il nous l’a révélé, la philosophie de son Plan. Nous pouvons comprendre
comment Il peut demeurer juste tout en justifiant celui qui croit en Jésus
mais eux ne pouvaient être tenus pour responsables de ne pas avoir cru ce
qui n’avait pas encore été révélé. Pourtant ils ont cru ce que Dieu avait
révélé à leur époque et qui renfermait, en somme, tout ce que nous avons
maintenant, mais sous une forme réduite, de la même manière qu’un gland
contient un chêne en puissance. Enoch annonça la venue du Messie et les
bénédictions qui en résulteraient. Abraham crut en l’Eternel qui lui avait
dit que sa postérité serait tellement favorisée que, par elle, toutes les
nations seraient bénies. Cette promesse impliquait une résurrection des
morts puisque bien des générations étaient déjà descendues dans la tombe. Or
Abraham crut que Dieu était capable de ressusciter les morts. Il 1e croyait
même tellement que lorsqu’il fut mis à l’épreuve il consentit à se séparer
d’Isaac sur qui pourtant reposait la promesse, pensant que Dieu était
capable de le ressusciter des morts. Jusqu’à quel point lui et d’autres
pénétrèrent exactement les moyens grâce auxquels Dieu établirait son Royaume
dans le monde, ramènerait la justice éternelle en justifiant
[122]
tous ceux qui obéiraient au Messie, nous l’ignorons. Mais nous avons les
paroles mêmes de notre Seigneur d’après lesquelles nous apprenons qu’Abraham
du moins, avec une clarté suffisante, a entrevu la venue du Jour Millénial
et peut être même l’idée du sacrifice pour les péchés que Jésus allait
offrir. Il dit : “Abraham a tressailli de joie de ce qu’il verrait mon jour
: il l’a vu et il s’est réjoui”
Jean 8 : 56 .
Bien
des personnes n’assimilent pas la différence qui existe entre la
justification d’Abraham et autres figures du passé, justification à
l’amitié avec Dieu avant que celui-ci eut complété la fondation de cette
amitié sur le sacrifice de Christ, et la justification à la vie de
cet Age de l’Evangile. Elle est pourtant sensible bien que, dans le domaine
des bénédictions qui s’y rattachent, la foi ait été de part et d’autre
nécessaire. Tous étaient assujettis à la sentence de mort et par conséquent
personne ne pouvait être libéré de cette sentence, “justifié à la vie” (Romains
5 : 18) tant que le grand sacrifice pour les péchés n’ait été
accompli par notre Rédempteur. Comme l’apôtre le précise, ce sacrifice était
nécessaire d’abord pour que “Dieu demeurât juste” dans
cette affaire (Romains
3 : 2, 6). Mais la Justice, prévoyant l’exécution du Plan de
rédemption, ne pouvait faire objection à ce qu’il fût annoncé
d’avance; c’était au contraire le signe de la faveur divine envers ceux qui
possédaient la foi requise et les justifiaient, en proportion, à un
certain degré d’amitié avec Dieu.
L’apôtre parle d’une “justification qui donne la vie” (Romains
5 : 18). Cette “justification pour la vie” constitue la
voie, le moyen agrée par Dieu et par Christ qui sera éventuellement ouverte
à tous les hommes. C’est à cette justification pour la vie que ceux
qui sont appelés à la Nouvelle Création sont considérés maintenant comme y
étant parvenus, en avance sur le monde et par l’exercice de la foi. Non
seulement c’est une justification qui leur permet de rentrer en accord avec
Dieu et d’être considérés par lui comme des amis et non plus comme des
[123]
étrangers, et des gens du dehors, mais c’est une justification qui, par la
même foi, les met à même de saisir les droits à la vie que leur
assurent le rétablissement et le sacrifice du Rédempteur, dans le but de
sacrifier ces droits à la vie terrestre au titre de co-sacrificateurs et en
association avec le Souverain sacrificateur de notre profession,
Jésus-Christ.
Tandis que les Anciens Dignitaires purent retrouver l’accord avec Dieu par
la foi dans l’accomplissement d’un plan qui ne leur fut révélé qu’en partie
et n’avait même pas encore reçu un commencement d’exécution, il semblerait
impossible que la Justice divine consentît à outrepasser de telles limites
tant que la propitiation pour le péché n’eût été effectivement réalisée par
le sacrifice de Christ. Et ceci s’accorde avec la déclaration de l’apôtre
d’après laquelle “Dieu... a eu en vue quelque chose de meilleur pour nous
(l’Eglise de l’Evangile, la Nouvelle Création) afin qu’ils (les
humbles et fidèles — Anciens Dignitaires) ne parvinssent pas sans nous à
la perfection” (Hébreux
11 : 40). Et c’est également d’accord avec la déclaration de
notre Seigneur au sujet de Jean-Baptiste qui, bien que considéré comme le
plus grand prophète qui soit paru, cependant, puisqu’il est mort avant que
le sacrifice de propitiation ait été effectivement accompli, le plus petit
dans le Royaume de la classe céleste, la Nouvelle Création justifié à la
vie (après que le sacrifice pour le péché ait été offert) et appelé à
souffrir et à régner avec Christ, serait plus grand que lui. —
Matthieu 11 : 11 .
Nous
avons déjà examiné le fait que Christ et l’Eglise dans la gloire
effectueront, en faveur du monde une œuvre de justification (restauration)
pendant l’Age Millénial. Ce ne sera pas une justification par la foi
(justification admise comme telle) comme l’est la nôtre maintenant mais une
justification effective — par les œuvres, dans le sens que, bien
qu’une certaine foi y soit adjointe, l’épreuve finale se fera sur la base
des œuvres “selon leurs œuvres” (Apocalypse
20 : 12).
[124]
Pour
le moment la Nouvelle Création doit marcher par la foi et non par la vue. Sa
foi est éprouvée et doit “demeurer ferme comme voyant celui qui est
invisible”, comme croyant des choses qui, malgré les apparences extérieures,
demeurent improbables à l’esprit naturel, voire déraisonnables. Mais cette
foi qui repose sur nos œuvres imparfaites repose aussi sur les œuvres
parfaites du Seigneur et se trouve ainsi acceptable par Dieu d’après le
principe que si, en dépit de conditions mauvaises, nous nous efforçons, au
mieux de notre pouvoir, de plaire au Seigneur et de partager l’esprit de
Christ au point de prendre plaisir à souffrir pour ce qui est juste, ceci
démontre que, dans des conditions meilleures, nous ne serions pas moins
loyaux et fidèles. Quand la connaissance de l’Eternel aura rempli la
terre et que l’obscurité et la bruine qui entourent maintenant le peuple de
Dieu auront disparu ; quand le grand Soleil de Justice aura inondé le monde
de la lumière de vérité dans l’appréciation absolue de Dieu, de son
caractère et de son plan ; quand les hommes verront agir la faveur et
l’amour de Dieu et la réconciliation par Christ dans le sens du relèvement
graduel de tous ceux qui chercheront, à revenir vers Dieu ; quand le
rétablissement mental, physique et moral sera devenu évident, alors
la foi revêtira un aspect considérablement différent de la foi aveugle
demandée maintenant. Alors les hommes ne verront plus “comme dans un miroir
(avec plus ou moins de netteté)”. Par contre la foi ne sera plus tendue
comme elle l’est maintenant pour apercevoir les évidences des choses
glorieuses réservées actuellement à ceux qui aiment Dieu, car ces choses
seront plus ou moins connues des hommes. Tandis qu’alors les hommes croiront
en Dieu et auront foi en lui, il y aura une énorme différence entre
croire ce que l’on voit et dont on peut se rendre compte et la foi qu’exerce
la Nouvelle Création à propos de choses invisibles. La foi que Dieu
recherche actuellement dans son peuple est précieuse à sa vue parce qu’elle
sert de pierre de touche et marque une catégorie peu nombreuse et
particulière; c’est pourquoi il la récompense particulièrement. Lorsque
l’Age Millénial sera en
[125]
cours et en action il ne sera plus possible de douter des faits positifs
qui existeront alors. Il sera donc hors de propos de continuer à offrir une
récompense spéciale à ceux qui ne douteront pas.
Si la
connaissance de l’Eternel remplira toute la terre et s’il n’y aura plus
besoin de dire à quiconque connais l’Eternel ! cependant l’homme aura
à subir l’épreuve, non de la foi, mais des œuvres et de l’obéissance, car
“ il arrivera que celui qui n’écoutera pas (n’obéira pas à) ce
prophète sera retranché du milieu du peuple” (Actes
3 : 23). C’est maintenant, pendant le temps d’obscurité qui
entoure l’accomplissement du plan divin, tandis que le péché abonde et que
Satan est le prince de ce monde, que notre Seigneur récompense la foi. Il
dit “Qu’il vous soit fait selon votre foi” (Matthieu
9 : 29) et encore “La victoire qui triomphe du monde c’est notre foi
(1
Jean 5 : 4). Mais pour ce qui concerne l’épreuve du monde, son
jugement dans l’Age Millénial ou Jour du Jugement, il est dit que tous
seront jugés d’après leurs œuvres appuyées par la foi. Il leur sera
fait selon leurs œuvres et seront approuvés ou désapprouvés à la fin de
l’Age Millénial. —
Apocalypse 20 : 12 .
Comme
nous l’avons vu, la justification c’est le retour du pécheur en complet
accord avec son Créateur. Nulle part, nous ne lisons qu’il soit besoin, pour
le pécheur, d’être justifié devant Christ mais plutôt que, par les mérites
de Christ, il doit être justifié devant le Père. En examinant la raison pour
laquelle il en est ainsi nous serons mieux à même de comprendre le sujet
dans son ensemble. En fait le Créateur est le représentant de sa propre loi.
Dès le commencement il a placé Adam et sa race sous cette loi en précisant
que sa faveur, sa bénédiction et la vie éternelle dépendaient de leur
obéissance, mais que par contre leur désobéissance entraînait de plein droit
la suppression de toutes ces faveurs. Il n’y a pas à revenir
là-dessus. C’est pourquoi, avant que l’humanité retrouve son harmonie avec
Dieu et la vie éternelle, elle doit, d’une manière ou d’une autre revenir à
un accord
[126]
complet avec son Créateur, revenir à cette perfection seule capable de
soutenir le regard scrutateur de l’inspection divine et l’épreuve
déterminante de l’obéissance. Ainsi le monde, pour ainsi dire, se trouve
hors de la zone d’influence du Tout-Puissant dont les lois sont telles que,
dans ces conditions, un arrangement assurant une rédemption et un
rétablissement devient nécessaire, autrement dit une justification, un
retour à la perfection des bonnes volontés et des obéissants grâce au
Rédempteur opérant en Médiateur.
Le
Médiateur, bien que parfait, n’a pas de loi propre à faire respecter. Il n’a
prononcé aucune sentence contre Adam et sa race qui l’empêche d’user de
clémence à l’endroit de leurs imperfections. Tout au contraire il a acheté
le monde dans son état de péché et d’imperfection en se rendant parfaitement
compte de sa condition. Il prend l’humanité telle qu’elle est et, au cours
de l’Age Millénial, traitera chaque être humain selon son cas particulier,
exerçant la miséricorde à l’égard des faibles, réclamant davantage des
forts, se mettant à la portée de tous et adaptant les règles de son
Royaume à tous les cas d’espèce, aux tares, aux faiblesses, etc. qui se
présenteront. “Le Père..., a remis tout jugement au Fils” (Jean
5 : 22). Le Fils montrera à l’humanité le niveau élevé de la loi
divine auquel elle doit atteindre pour devenir juste et acceptable devant
Dieu à la fin de l’Age Millénial. Mais il ne sera pas intransigeant à
l’égard de ce niveau et ne tiendra pas pour transgresseur celui qui n’y
parviendra pas absolument parce qu’il aura besoin de grâce et de démence
pour couvrir ses manquements même involontaires et non prémédités. La
propitiation pour toute violation de la loi parfaite et immuable de Dieu
aura été faite avant même qu’il ne prenne en mains les rênes du
gouvernement.
Déjà
Christ a payé le prix par son sacrifice. Déjà il a appliqué une partie de ce
mérite en faveur de la maison de la foi. A la fin de cet Age de l’Evangile
il appliquera le reste du mérite de l’offrande pour le péché en faveur
[127]
de “tout le peuple” tout le monde humain. Grâce à la typologie du
Jour des Expiations Dieu a montré que le sacrifice serait accepté. La preuve
en sera que Christ et son Eglise assumeront le gouvernement du monde dans le
cadre de ce que l’on pourrait appeler une loi martiale, une loi despotique
qui mettra de côté les lois ordinaires en raison des exigences et appliquera
sa loi d’une manière appropriée, non pas envers ceux qui se trouvent dans
une condition parfaite par rapport aux règles de l’empire de Jéhovah, mais
en rapport avec la situation de rebellions et d’anarchie créée dans le monde
par le péché. Cette domination d’urgence dans laquelle le Roi sera également
juge et souverain prêtre, a pour objectif, comme nous l’avons vu, de rendre
juste le monde qui, pour l’instant n’est même pas reconnu, de le justifier
par des œuvres dignes du niveau normal et par une épreuve finale basée sur
la foi. Cette justification effective sera réalisée non pas au commencement
de l’Age Millénial mais sur sa fin.
La
justification par la foi du temps présent a pour but de permettre à ceux que
Dieu a appelés pour un service spécial, de prendre part à l’Alliance
Abrahamique au titre de Postérité de la promesse comme co-sacrificateurs
et partant co-héritiers avec Jésus. Et même avec ceux-ci, Dieu ne peut
passer directement aucun contrat. Même après avoir été justifiés par la foi
et en vertu de leur Rédempteur, ils sont encore considérés comme
incompétents et ne sont agréés que dans le Bien Aimé — en Christ. Leurs
contrats d’alliance par le sacrifice, s’ils ne sont endossés par lui, sont
nuls et non avenus.
Il
devient donc bien évident que l’unique objet de cet Age de l’Evangile est de
tirer de l’humanité un petit troupeau qui composera la Nouvelle Création. Il
se démontre aussi que le fait de justifier des croyants, à la vie et
par la foi, n’existe que dans le but de leur donner devant Dieu une position
qui leur permette d’envisager les obligations d’alliance exigées des
candidats à la Nouvelle Création. Comme nous l’avons déjà noté, ils ne
[128]
sont acceptés en vue de la Nouvelle Création qu’à la condition de se
sacrifier. Et puisque Dieu ne peut recevoir en sacrifice ce qui est impur,
nous qui appartenons à une race souillée et condamnée ne pouvons être
acceptables qu’après avoir été d’abord lavés de tout péché. De cette
manière, comme l’apôtre l’exprime, nous pouvons “offrir nos corps comme
un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de notre
part un culte raisonnable”. —
Romains 12 : 1 .
Face
à tout ceci, que dire de ceux qui ont foi en Dieu et sont justifiés en
conséquence, mais qui, se rendant compte que, aller plus avant dans la voie
du Seigneur, c’est consentir au sacrifice de soi, à l’abnégation, etc...,
s’abstiennent, ne pénètrent pas par la porte étroite et ne s’engagent pas
dans le chemin resserré d’une consécration pleine et entière — jusqu’à la
mort ? Dirons-nous que Dieu est courroucé contre eux ? — Non. Il est plutôt
à supposer que, jusqu’à un certain point, leurs progrès dans les sentiers de
la justice a fait qu’ils ont plu à Dieu et ont même reçu une certaine
bénédiction. L’apôtre dit: “Etant donc justifiés par la foi nous avons la
paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ”. Cette paix
implique un discernement partiel du plan divin au sujet de l’effacement
futur des péchés du croyant (Actes
3 : 19) ; elle sous-entend aussi une adhésion aux principes de
justice car la foi justifiante est toujours réformatrice. Nous nous
réjouissons avec ceux qui sont parvenus jusque là et qui déjà possèdent cet
avantage sur les masses humaines que le dieu de ce siècle a aveuglées en
sorte qu’elles ne voient pas maintenant et n’apprécient pas la grâce de Dieu
en Christ. Nous les pressons de demeurer dans la faveur divine en
s’acheminant vers la complète obéissance.
“NE PAS RECEVOIR LA GRACE DE DIEU EN
VAIN”
Quelle que soit la joie que nous puissions éprouver à propos de ces
croyants, quelles que soient la paix et la
[129]
joie qu’ils puissent ressentir du fait qu’ils s’efforcent de marcher dans
la voie de la justice, en évitant le chemin étroit du sacrifice ils “reçoivent
la grâce de Dieu en vain” (2
Corinthiens 6 : 1). Car la grâce de Dieu reçue par eux sous la
forme de la justification, est la marche qui leur permet d’accéder aux plus
grands privilèges, aux bénédictions supérieures du haut appel à la Nouvelle
Création. Ils reçoivent la grâce de Dieu en vain parce qu’ils n’utilisent
pas cette occasion unique dont l’équivalent n’a jamais été offert à personne
et qui, pour autant que les Ecritures paraissent l’indiquer, ne sera plus
jamais offerte à nouveau. Ils reçoivent la grâce de Dieu en vain parce que
l’occasion d’avoir part au rétablissement qui leur sera offerte dans l’âge
prochain sera de même accordée à tous les autres membres de la race
rachetée. La grâce de Dieu pendant cet âge c’est de connaître sa bonté en
avance sur le monde et, par la justification, de parvenir à l’appel et à la
participation au prix glorieux qui doit être attribué au Corps du Christ
élu, au sacerdoce royal.
Si
nous jetons un coup d’œil sur le “monde chrétien” ainsi appelé il paraît
évident que la grande masse de croyants même sincères ne soit jamais
allée au delà du stade préliminaire de la justification. Ils ont “goûté que
le Seigneur est bon” et cela leur a suffi. Ils auraient dû plutôt s’éveiller
plus complètement, avoir plus faim et soif de justice et de vérité, tendre à
une connaissance plus approfondie du caractère et du plan divins, croître
davantage en grâce, en connaissance et en amour, parvenir à une meilleure
compréhension de ce que Dieu réclame de ses enfants, ce que nous allons
d’ailleurs bientôt envisager sous le sous-titre de la Sanctification.
Pour
autant qu’on puisse en juger, ces croyants justifiés ne tirent avantage de
cette justification dans la vie présente qu’autant qu’ils y trouvent un
réconfort puisqu’ils apprennent que Dieu usera de bonté à leur égard dans
ses relations futures avec eux.
[130]
En
réalité leurs connaissances sont si rudimentaires que leur état d’esprit est
bien précisé par les vers du poète
Souvent ma pensée s’interroge
Et voudrait qu’Il se révélât
Mon cœur même parfois déroge
Suis-je sien ou ne le suis-je pas.?
En
fait, bien que Christ ait été leur sagesse au point de leur faire sentir
leur besoin d’un Sauveur et même de leur découvrir un certain aspect du
salut qu’il apporte, cependant il ne semble pas que l’intention divine soit
de continuer à être leur sagesse et à les guider dans “les choses profondes
de Dieu” à moins que par la consécration ils ne deviennent ses disciples
suivant ses traces. Le croyant justifié n’est en aucun sens une nouvelle
créature même si, percevant quelque peu les voies de Dieu et ses exigences
il se borne à vivre une vie morale, raisonnable, honnête selon ce monde. Il
est encore de la terre, terrestre. Il n’est pas allé au delà pour échanger
ses droits (assurés en Jésus) humains et terrestres contre les choses d’En
haut sur lesquelles, par la justification, le Seigneur leur a ouvert la
porte. Tout comme dans le type il n’était pas permis aux Lévites de pénétrer
dans le sanctuaire du Tabernacle ni même de jeter un regard à l’intérieur
sur les objets qu’il contenait, ainsi les croyants justifiés ne peuvent
scruter les choses profondes de Dieu ni sentir et en apprécier toute la
grandeur si tout d’abord ils ne deviennent membres du Sacerdoce royal par
une complète consécration d’eux-mêmes.
S’attendre à être pris en considération et favorisé plus spécialement par le
Seigneur pendant l’Age Millénial parce qu’on aurait déjà été l’objet de sa
faveur pendant la vie présente et cela en vain, pour rien, revient à espérer
une bénédiction particulière parce qu’une bénédiction précédente aurait été
négligée et tenue pour nulle. Ne serait-il pas plutôt conforme au
comportement de Dieu dans le passé de voir que ceux qui n’ont pas été
favorisés pendant cet Age de l’Evangile le seraient davantage dans l’Age
futur ? Et ne serait-ce pas beaucoup
[131]
plus d’accord avec la parole du Maître “Il y a des derniers qui seront
les premiers et des premiers qui seront les derniers”. En fait l’apôtre
semblerait plutôt marquer que lorsque la Nouvelle Création aura été
constituée et que l’Age Millénial aura été introduit, la faveur spéciale de
Dieu retournera au peuple d’Israël à qui elle fut retirée au commencement de
l’Age de l’Evangile. —
Romains 11 : 25 à 32 .
Ceux
qui, avant cet âge, ont été justifiés à l’amitié avec Dieu, qui ont gardé
cette justification et qui trouveront leur récompense dans le fait de
devenir “princes sur toute la terre” sous le contrôle du Royaume
céleste, ne l’ont gardée qu’au prix d’abnégations quant aux choses de la
terre (Hébreux
11 : 35). Les justifiés de l’âge présent qui demeureront dans la
ligne de la justification et utiliseront celle-ci pour ce à quoi elle est
destinée, ne le pourront que par le sacrifice de la chair. Le petit
troupeau, fidèle dans toute la mesure du possible, laissera sa vie au
service de la vérité et des frères pour devenir conforme au Prince de son
salut. La seconde classe, considérée par ailleurs comme la “Grande
Multitude”, devra malgré tout gagner sa récompense au prix du sacrifie de sa
chair, mais, ayant montré moins de zèle dans l’accomplissement de ce
sacrifice, perdra la grande récompense de la Nouvelle Création et de ses
privilèges royaux. Ces trois classes paraissent être les seules à tirer
avantage, au delà de la vie présente, des occasions spéciales offertes
pendant cet âge de la justification par la foi.
Le
Royaume, à la lumière d’une connaissance plus approfondie et sur le plan des
œuvres, pour différentes raisons, en appellera évidemment avec plus de force
à Israël selon la chair. Lorsque son aveuglement aura pris fin, il deviendra
extrêmement zélé pour l’Oint de l’Eternel et dira comme dans la prophétie:
“C’est notre Dieu en qui nous avons confiance et c’est lui qui nous sauve”
(Esaïe
25 : 9). Mais tandis qu’Israël sera le premier à prendre contact
avec le nouvel ordre de choses,
[132]
les bénédictions du Royaume, Dieu merci, s’étendront rapidement au reste du
genre humain au point que toutes les nations pourront devenir des enfants
d’Abraham puisqu’elles auront part aux grâces, qui lui ont été promises
selon qu’il est écrit : “Je ferai de toi le père d’une multitude de
nations ; en ta postérité toutes les familles de la terre seront bénies”.
CHRIST FAIT SANCTIFICATION POUR
NOUS
La
sagesse et la connaissance de l’Eternel nous sont venues en raison du
sacrifice de Jésus en notre faveur. La justification nous a été donnée par
son mérite lorsque, après avoir accepté la réconciliation offerte, nous nous
sommes tournés du péché vers la justice. De même notre sanctification est
par lui. Personne ne peut se sanctifier de lui-même c’est-à-dire se faire de
lui-même accepter et adopter dans la famille de Dieu, la Nouvelle Création,
et être engendré de son esprit (Jean
1 : 13;
Hébreux 5 : 4). Comme le mérite de Christ a été nécessaire à
notre justification, il est indispensable qu’il nous accepte comme membres
de son corps, et nous assure d’une aide continuelle pour que notre appel et
notre élection soient affermis. L’apôtre condamne ceux qui ne “s’attachent
pas au Chef” (Colossiens
2 : 19) car il est essentiel que chaque membre de l’Eglise
reconnaisse Jésus-Christ non seulement comme Rédempteur mais encore comme
Chef, représentant, guide, instructeur et protecteur du Corps de l’Eglise.
Le Seigneur insiste sur cette nécessité de demeurer sous sa garde. Plusieurs
fois il dit : “Demeurez en moi... Comme le sarment ne peut de lui-même
porter du fruit s’il ne demeure attaché au cep, ainsi vous ne le pouvez non
plus, si vous ne demeurez en moi” (Jean
15 : 4). “Si vous demeures en moi et que mes paroles demeurent
en vous, demandez ce que vous voudrez et cela vous sera accordé” (Jean
15 : 7). L’apôtre souligne cette même nécessité de demeurer en
Christ lorsqu’il dit : “C’est une chose terrible que de tomber entre les
mains du Dieu vivant” (Hébreux
10 : 31).
[133]
Il
explique ce qu’il veut dire en empruntant au langage prophétique cette
phrase: “Car notre Dieu est aussi un feu dévorant”. L’amour de Dieu
tout autant que sa justice est ardent contre tout péché. Or “toute
injustice est un péché”. “Il ne peut voir (reconnaître, admettre,
tolérer) le péché”. Il n’agit donc pas dans le sens de protéger les
pécheurs mais dans le sens de les aider à sortir de la maladie et de la
sentence de destruction qui pèse sur eux.
Et
ceci nous assure — d’accord avec plusieurs déclarations de l’Ecriture — que
le moment vient où le péché et les pécheurs avec tout ce qui gravite autour
du péché la peine, la douleur et la mort cesseront d’exister. Dieu merci,
nous pouvons nous réjouir même de ce trait distinctif du caractère divin,
qu’il soit un feu dévorant, puisqu’il a pourvu à un refuge en Christ pour le
temps de nos imperfections involontaires, et qu’il a pourvu aussi à notre
délivrance définitive du péché, de la mort et de toute faiblesse pour nous
réveiller . Sa glorieuse ressemblance : en ce qui concerne la Nouvelle
Création à la perfection de la nature divine et à sa plénitude; pour ce qui
est de la “Grande Multitude” à la perfection sur un plan d’existence voisin
de celui des anges pour être les envoyées, les compagnes de l’Eglise
glorifiée —“suivie des jeunes filles, ses compagnes qui sont amenées
auprès de toi” (Psaumes
45 : 15). Les Anciens Dignitaires ensuite, parfaits sur le plan
humain, images de Dieu dans la chair, représentants glorieux du Royaume
céleste, intermédiaires par lesquels la bénédiction divine visitera toutes
les familles de la terre. Plus tard lorsque les méthodes d’éducation et les
épreuves de l’Age Millénial auront conduit les hommes de bonne volonté et
obéissants à la perfection de la nature divine et à sa plénitude; d’un loyal
attachement à l’Eternel, alors on pourra dire qu’ils auront recouvré la
perfection humaine et seront redevenus des images de Dieu dans la chair.
Chez eux la volonté divine sera si parfaitement comprise et exécutée — et
cela de grand cœur — que l’Eternel cessera d’être pour eux un feu dévorant.
Ils auront en effet perdu toute
[134]
leur gangue sous la règle du grand Médiateur à qui tout a été confié par
l’amour et la sagesse du Père. Alors Christ “verra le travail de son âme et
sera satisfait” des résultats.
Sanctification veut dire mise à part pour un service saint. Les pécheurs ne
sont pas appelés à la sanctification mais à la repentance. Les pécheurs
repentants ne sont pas astreints à la consécration mais doivent croire
en Jésus-Christ le Seigneur pour parvenir à la justification. La
sanctification ne s’impose qu’à ceux qui sont justifiés, qui croient aux
promesses faites par Dieu, centrées en Christ et rendues certaines par son
sacrifice de rançon. Ceci ne veut pas dire que la sanctification ne soit pas
ce qui convienne à toute l’humanité. Cela signifie tout simplement que Dieu
a prévu que tant qu’un homme se trouverait dans la position d’un pécheur non
repenti il serait complètement inutile de l’inviter à se mettre à part pour
vivre une vie de sainteté. Il doit tout d’abord se rendre compte de son état
de péché c’est-à-dire de sa condition de rupture avec Dieu et s’en repentir.
Cela ne veut pas dire que le pécheur repenti ne doive pas en venir à la
sanctification, à sa mise à part pour une vie de sainteté, mais bien plutôt
qu’une sanctification qui ne tiendrait pas compte de la justification
n’aurait aucune portée. Dans l’ordre des dispositions prises par Dieu il
nous faut d’abord reconnaître la bonté divine à l’égard de nos péchés,
accepter son pardon comme un don gratuit en Christ. Sur cette base nous nous
trouverons dans une attitude favorable pour envisager la consécration et
nous sanctifier à son service. En outre il ne faut pas oublier l’objet de
tout cet arrangement de l’Age de l’Evangile. L’appel à la repentance, la
bonne nouvelle d’une justification possible, l’invitation faite au justifié
de se sanctifier, de se consacrer à Dieu, sont autant d’éléments faisant
partie de l’unique grand dessein que Dieu est en train de réaliser : le
développement de la Nouvelle Création. Dieu a déterminé que ceux qui
feraient partie de la Nouvelle Création seraient tous des sacrificateurs —
appartiendraient tous au “Sacerdoce Royal”
[135]
et auraient tous quelque chose à lui offrir à l’exemple de notre Souverain
Sacrificateur qui “s’est offert lui-même” (Hébreux
7 : 27 ;
9 : 14). Les membres du sacerdoce doivent tous s’offrir,
à Dieu, eux aussi. L’apôtre dit: “Je vous exhorte frères (frères
parce que justifiés et admis de cette manière dans la communion de Dieu)
par les compassions de Dieu (le pardon des péchés déjà expérimenté) à
offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu,
ce qui sera de votre part un culte raisonnable” (Romains
12 : 1). Remarquons donc que, puisque nos corps ne sont pas
effectivement “saints ”, il est nécessaire qu’ils soient estimés tels
avant de pouvoir être “acceptables à Dieu”, comptés comme “saints”.
Autrement dit il faut être justifiés par la foi en Christ avant
d’avoir quoi que ce soit de saint et d’acceptable à placer sur l’autel de
Dieu. Et ce quelque chose d’acceptable doit être mis sur l’autel de Dieu,
sacrifié et accepté de lui, venant des mains de notre grand souverain
sacrificateur avant de pouvoir être compté comme incorporé au “Sacerdoce
Royal”.
La
sanctification sera exigée par le grand Roi pendant l’Age Millénial. Le
monde entier sera invité à se sanctifier, à se mettre à part à se séparer de
toute impureté, de quelque péché que ce soit pour obéir à la volonté divine
présentée sous la forme du Royaume et dans la personne de ses princes. Il se
peut que certains observent une sanctification ou sainteté de la vie toute
extérieure sans que celle-ci pénètre le cœur. Ceux-là pourront réaliser des
progrès tant au mental qu’au moral et au physique jusqu’à la perfection. Et
ce faisant ils jouiront des bienfaits et des joies qui caractériseront cet
âge glorieux du rétablissement jusqu’à son terme. Mais si la sanctification
ne va pas au delà et ne fécond pas leurs pensées et les intentions intimes
de leurs cœurs ils ne résisteront pas aux conditions éternelles de l’au-delà
de l’Age Millénial où rien ne sera admis qui ne soit rigoureusement conforme
à la règle divine en pensée, en parole et en acte.
[136]
Nous
parlons ici de la sanctification en tant que principe général et de son
action sur le monde dans l’avenir. N’oublions pas cependant que les
Ecritures ont surtout été écrites “pour notre instruction” — pour
l’instruction de la Nouvelle Création. Lorsque sera venu le temps de
l’instruction du monde dans le sens de la sanctification, le Grand Maître,
le Soleil de Justice sera là pour inonder la terre de la connaissance de
Dieu. Il n’y aura plus de Babel aux théories et doctrines confuses car le
Seigneur a promis qu’en ce jour là : “Je donnerai au peuple des lèvres
pures, afin qu’ils invoquent tous le nom de l’Eternel, pour le servir d’un
commun accord” (Sophonie
3 : 9). C’est à la Nouvelle Création seule que l’apôtre
s’adresse lorsqu’il déclare que “Jésus Christ, de par Dieu, a été fait
pour nous sagesse, justice, sanctification et délivrance”.
Accordons donc une attention soutenue aux choses qui ont été écrites pour
notre instruction et qui nous sont évidemment nécessaires si nous
voulons affermir notre appel et notre élection pour faire partie de la
Nouvelle Création.
De
même que le Seigneur dit aux Israélites typiques : “Sanctifiez-vous et Je
vous sanctifierai” (Lévitique
20 : 7,8 ;
Exode 31 : 13) ainsi il invite l’Israélite selon l’esprit à se
consacrer, à s’offrir à Dieu grâce à et par les mérites de la réconciliation
en Christ. Le Seigneur n’accepte que ceux qui se comportent dans ce sens
pendant le “temps favorable”. Il les met à part comme saints, écrit leurs
noms dans le livre de vie de l’Agneau (Apocalypse
3 : 5) leur attribue des couronnes de gloire d’honneur et
d’immortalité qu’ils recevront effectivement s’ils demeurent fidèles à tous
leurs engagements, ce qui n’est au demeurant que leur “service raisonnable”
—Apocalypse
3 : 11 .
Dans
le type, la consécration des Lévites se trouvait être, dans une certaine
mesure, une consécration pour manifester une volonté de suivre la justice
mais n’était
[137]
pas une consécration en vue du sacrifice. Mais, pour ceux qui acceptent
l’appel de Dieu pour faire partie du Sacerdoce Royal, le franchissement du
pas de la sanctification était symbolisé dans le type par l’installation
d’Aaron et de ses fils dans la fonction sacerdotale — une consécration en
vue du sacrifice. Ceci était figuré par leurs robes blanches de lin fin qui
représentaient la justice ou justification, par l’huile d’onction et par
l’office de sacrificateur auquel tous les prêtres prenaient part. —Hébreux
8 : 3.
Dans
les symboles du Lévitique il est fait état de deux sortes de consécration
(1) la consécration générale de tous les lévites (2) la consécration
particulière d’un nombre restreint de lévites promus au rang de
sacrificateurs ou prêtres. La première de ces consécration figure la
consécration générale que tous les croyants font et qui consacre une vie de
sainteté et d’obéissance à Dieu. Par la grâce de Dieu et par Christ cette
consécration leur apporte la “justification de la vie” et la paix
avec Dieu. C’est ce que tous les croyants véritables comprennent et qu’ils
expérimentent au cours de cet âge. Mais, comme l’apôtre l’exprime, “le
but du commandement, c’est un amour venant d’un cœur pur” (1
Timothée 1 : 5). Dieu prévoit que notre acceptation d’une
première consécration, notre acceptation des termes de notre justification
pendant l’âge présent, nous conduira en définitive comme à un but, à
la seconde consécration en tant que prêtres pour le sacrifice.
Et
comment cela? Parce que une vie de sainteté — à part de celle adoptée
d’ordinaire par le monde — et d’obéissance à Dieu sous-entend un “amour
venant d’un cœur pur” pour Dieu et pour les autres hommes. L’amour pour Dieu
ne peut qu’être un amour “de tout notre cœur, de toute notre pensée, de tout
notre être, de toute notre force”. Un tel amour n’attend pas qu’on lui donne
des commandements mais va au devant des occasions de servir. Il dit :
“Seigneur, que faut-il que je fasse?”. Tous les “véritables Israélites”
fidèles à la première
[138]
venue de Christ avaient cette première consécration de base représentée par
celle des lévites. C’est à eux que le Seigneur adressa l’appel spécial de
l’Evangile, celui qui conduit à la consécration à la mort, au sacrifice des
intérêts terrestres pour les richesses célestes, à devenir des disciples
suivant les traces de Jésus, le Capitaine de leur salut sur le chemin qui
conduit à la gloire, l’honneur et l’immortalité. Ceux qui répondirent à
cette invitation furent agréés comme sacrificateurs, membres du
corps du Souverain Sacrificateur de notre profession et “Fils de Dieu”
Jean 1 : 12.
Pendant tout l’âge de l’Evangile la même filière a prévalu. Tout d’abord
c’est la consécration pour l’obéissance et la justice qui fait de nous des
lévites corrélatifs. On découvre ensuite que la justice comporte en
elle-même un amour suprême pour Dieu, un désir de connaître et de faire sa
volonté. Plus tard on se rend compte que, pour l’instant, tout ce qui nous
entoure est dévié, tordu, en désaccord avec ce que Dieu a voulu et qu’en
fait, être en accord avec Dieu c’est être en désaccord avec toute injustice
tant celle qui habite en nous que celle qui existe chez les autres. On
interroge Dieu à l’effet de savoir pourquoi il nous a appelés, pourquoi il a
agréé notre consécration alors que selon toute apparence, rien de tout cela
ne devient effectif que si nous acceptons notre propre sacrifice. A ce cri
Dieu répond : “Vous avez été appelés à une seule espérance par votre
vocation” (Ephésiens
4 : 4). Il précise que cet appel a pour objet le co-héritage
avec notre Seigneur dans la gloire, l’honneur et l’immortalité du Royaume (Luc
12 : 32 ;
Romaine 2 : 7) et que le chemin est étroit et difficile parce
qu’il est indispensable de passer les épreuves avec succès. (Matthieu
7 : 14 ;
Romains 8 : 17). Ce n’est qu’après avoir entendu l’appel de Dieu
en accord avec l’expression de l’apôtre “Je vous exhorte donc frère... à
offrir vos corps en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu, ce qui sera
de votre part un culte raisonnable”, après avoir répondu à cet appel et
après nous être consacrés jusqu’à la mort que nous avons
[139]
été accueillis comme sacrificateurs du “Sacerdoce Royal”,
membres du Grand Souverain Sacrificateur Jésus-Christ Nouvelles Créatures.
Les
croyants qui, après s’être rendu compte que “le but du commandement c’est
l’amour provenant d’un cœur pur”, refusent d’aller jusqu’à ce but, refusent
de répondre à l’appel au sacrifice, refusent par conséquent de se soumettre
à ce que Dieu a envisagé en les justifiant, ceux-là échouent dans leur
alliance d’obéissance à la justice en raison de l’étroitesse du chemin et
repoussent la “seule espérance de leur vocation”. Ne reçoivent-ils pas la
grâce, de Dieu (la justification pour la vie) en vain ? Quand on
jette un coup d’œil en arrière vers les Anciens Dignitaires, qu’on pense à
ce qu’il leur en a coûté pour “recevoir le témoignage qu’ils étaient
agréables à Dieu” et garder cette justification à l’amitié (Hébreux
11 : 5,32-32) peut-on espérer que la justification à la vie
accordée pendant cet âge de l’Evangile à ceux qui deviennent des lévites
antitypiques, soit maintenue à ceux qui manifestent un moindre degré de
loyalisme de cœur au Seigneur et à la justice? La conclusion s’impose à coup
sûr. Ceux qui ont été agréés comme croyants justifiés (lévites antitypiques)
et qui, “comptant le prix” (Luc
14 : 27,28) auquel les entraînera leur consécration déjà conclue
pourtant, se récusent, refusent d’apporter foi au secours promis par le
Seigneur, négligent d’accomplir leur “service raisonnable” en faisant une
consécration intégrale — jusqu’à la mort — ceux-là ont reçu la faveur de
Dieu en vain. On ne peut sûrement pas considérer qu’ils ont gardé cette
justification à la vie ni même la justification à la communion spéciale avec
Dieu. Par leur attitude ils se retirent de leur position privilégiée de
lévites antitypiques et ne doivent par conséquent plus être considérés sous
cet angle.
Parmi
ceux qui apprécient la faveur divine et dont les cœurs répondent en toute
loyauté aux privilèges qui découlent du “service raisonnable”
de la consécration et
[140]
qui acceptent l’alliance d’obéissance à Dieu et à la justice jusqu’à la
MORT, il y a deux classes
(1)
Les lévites antitypiques qui, joyeusement, délibérément donnent leurs
vies” dans la recherche des moyens de servir le Seigneur, les frères et la
Vérité qui considèrent comme un plaisir et un honneur de sacrifier
les avantages terrestres, le temps, l’influence, les moyens et tout ce qui
fait la vie pressente. Ces sacrificateurs volontaires, sacrificateurs
antitypiques seront glorifiés et, avec leur Seigneur, formeront le
“Sacerdoce royal”. Leurs sacrifices accomplis ils ne seront plus
corrélatifs d’Aaron et de ses fils offrant des sacrifices pour le peuple
mais de Melchisédek — prêtre-roi —répandant sur le monde pendant le
Millénium, les bienfaits assurés par les “sacrifices plus excellents”
offerts au cours du Jour de Propitiation antitypique — l’Age de l’Evangile.
(2)
Une autre catégorie de croyants loyaux de cœur répondent et consacrent
joyeusement leur tout au Seigneur. Ils ne reculent pas devant leur “service
raisonnable” et apportent ainsi la preuve qu’ils sont dignes d’être des
lévites antitypiques puisqu’ils ne reçoivent pas la grâce de Dieu en vain.
Mais hélas, bien qu’ayant répondu à l’appel et ayant part à “la seule
espérance de notre vocation” ainsi qu’à tous les privilèges réservés aux
élus, cependant leur amour et leur zèle ne sont pas assez ardents pour les
contraindre à accomplir le sacrifice qu’ils avaient promis de faire. A cause
de cela ils manquent de placer ou de maintenir leur sacrifice sur l’autel.
On ne peut les considérer comme des “copies” ou images de notre Grand
Souverain Sacrificateur qui prit une joie extrême à réaliser la volonté du
Père. De ce fait ils ne peuvent être assimilés aux “plus que
vainqueurs” qui auront part avec leur Seigneur au Royaume céleste au
titre de membres du “Sacerdoce royal”. Ils manquent d’affermir leur vocation
et leur élection en ne réalisant pas complètement les termes de leur
alliance.
[141]
Et
qu’en est-il donc de ceux-ci ? Ont-ils tout perdu du fait qu’ils ont couru
pour le prix et l’ont manqué en n’arrivant pas à surmonter l’épreuve de zèle
et d’amour qu’ils auraient dû vaincre ? Non Dieu merci. Si, soumis à des
épreuves cruciales, leur foi et leur zèle n’ont pas été jugés suffisants
pour les ranger parmi les sacrificateurs, néanmoins, s’étant consacrés
jusqu’à la mort, leur foi et leur zèle suffisent à démontrer la sincérité de
leur cœur en tant que lévites. Par contre il ne suffit pas qu’ils se soient
pleinement consacrés ; ils doivent montrer que leur cœur aime Dieu et
qu’ils ne le renieraient à aucun prix malgré qu’ils ne soient pas
assez fidèles pour aller jusqu’au sacrifice à son service. Quelle épreuve
montrera qu’ils sont dignes d’une portion de lévite dans le Royaume? Et
comment sera-t-elle appliquée ?
Nous
avons déjà fait allusion à cette “Grande multitude” de
véritables consacrés au Seigneur dont l’image se trouve rapportée en
Apocalypse 7 : 13 à 15 . “Ce sont ceux qui viennent de la
grande tribulation ; ils ont lavé leurs robes et ils les ont blanchies dans
le sang de l’Agneau. C’est pour cela qu’ils sont devant (et non pas SUR)
le trône de Dieu et le servent jour” et nuit (continuellement) dans son
temple (l’Eglise). Celui qui est. assis sur le trône dressera sa tente sur
eux” (se les associera ainsi qu’à son Epouse glorifiée, dans la
condition spirituelle et ses services). “Vierges folles”. Elles ont
laissé échapper l’occasion de devenir membres de l’Epouse; néanmoins elles
sont vierges, pures dans les intentions de leurs cœurs. Elles
manquent le prix mais obtiennent plus tard, et par de sévères
épreuves, d’avoir part au festin nuptial de l’Epoux et de l’Epouse, “les
vierges ses compagnes qui la suivent” Elles sont aussi amenées devant le
Roi. “On les introduit au milieu des réjouissances et de l’allégresse.
Elles entrent dans le palais du Roi” (Psaume
45 : 16). En tant que lévites elles ont manqué de s’assurer le
prix de la Royale Sacrificature, mais elles sont encore lévites et peuvent
servir Dieu dans son temple glorifié, l’Eglise, sans être ni des “colonnes”
ni
[142] des “pierres
vivantes” dans ce temple (Apocalypse
3 : 12 ;
19 : 6, 7.
Psaume 45 : 15 et 16). Le verset qui suit la dernière citation
attire notre attention sur les Lévites typiques du passé qu’Israël selon la
chair appelait “les pères” et affirme qu’ils seront récompensés en
devenant “princes sur toute la terre.”
Les
trois fils de Lévi (Kehath, Guerschon et Mérari) paraissent, représenter
quatre classes.
(1)
Moïse, Aaron et toute la famille sacerdotale d’Amram (fils de Kéhath) dont
les tentes s’élevaient devant (côté est) le Tabernacle. Ils avaient la
charge de toutes les questions religieuses — leurs frères, les lévites mêmes
— étant leurs aides ou serviteurs honorés.
(2)
(2) Campée sur le côté sud se trouvait la famille de Kéhath, leurs proches
parents qui, eux, avaient la charge des objets sacrés — les autels, le
chandelier, la Table et l’Arche.
(3)
(3) Campés au nord du Tabernacle se trouvaient les lévites de la famille de
Mérari qui suivaient dans l’ordre et qui avaient la charge des planches
recouvertes d’or du tabernacle, des pieux et des bases, etc...
(4)
(4) A l’arrière se trouvaient les lévites de la famille de Guerschon. Ils
avaient la charge des services les moins importants — celui de transporter,
etc... les cordages, les toiles, rideaux et portes, etc...
Ces
familles de lévites bien distinctes peuvent très bien représenter quatre
classes différentes de justifiés quand l’œuvre de réconciliation sera
achevée : les saints ou Sacrificature Royale, les Anciens Dignitaires, la
“Grande Multitude” et le monde relevé. Comme il arrive souvent en
matière de typologie ou symbolique, les noms ont un sens :
(1)
La famille d’Amram titulaire de la dignité sacerdotale. Le nom Amram veut
dire peuple élevé ou exalté. Quel nom bien adapté pour la
figure du “petit troupeau” dont le chef est Jésus-Christ !
“Hautement élevé” “Grandeur” tels sont les indicatifs des
Ecritures se rapportant à ces sacrificateurs.
(2)
KEHATH signifie allié, camarade. C’est de la famille de Kéhath que
les fils d’Amram furent choisis pour devenir une nouvelle maison de
sacrificateurs.
[143]
La
famille kéhathite de lévites pourrait donc représenter les anciens
Dignitaires dont la foi, l’obéissance, le loyalisme à Dieu, le bon vouloir à
souffrir pour la cause de la justice, ont été manifestés et avec qui nous
nous sentons si apparentés. Ils ont été vraiment les alliés du Seigneur et
les nôtres et, à certains égards, se sont approchés plus près de Christ que
d’autres.
(3)
MERARI veut dire amer. La famille mérarite de lévites semble
illustrer la “ grande multitude ” des engendrés de l’esprit
qui n’ont pas gagné le prix du Sacerdoce Royal, ont été sauvés comme au
travers du feu ” et sont parvenus par une “grande tribulation”
et des expériences. Amères à la position d’honneur et de service qui
sera la leur.
(4)
GUERSCHON a le sens de réfugies, secourus. La famille guersehonite de
lévites paraîtrait illustrer avec à propos, l’ensemble des humains sauvés
qui seront tous secourus et délivrés de l’aveuglement et de l’esclavage de
Satan.
Ainsi
donc, tant dans l’ordre que dans le rang, en premier lieu parmi ces lévites
antitypiques ou justifiés, il y aura le Sacerdoce Royal à qui sera confié le
soin d’administrer le Royaume Millénial. A leur droite seront leurs plus
proches parents — les Anciens Dignitaires qui deviendront “princes
sur toute la terre”. A leur gauche se trouveront leurs frères fidèles de la
Grande Multitude (1). Et pour finir viendront tous ceux qui seront libérés
du péché et de la mort pendant le Millénium et dont le loyalisme aura été
démontré dans la grande épreuve qui terminera l’Age Millénial. —
Apocalypse 20 : 7 à 9 .
(1)
La dernière pensée de l’auteur est que certains textes des Ecritures
paraissent enseigner que les ANCIENS DIGNITAIRES n’auront pas la préséance
mais occuperont un rang inférieur — la GRANDE MULTITUDE pendant le Millenium
mais recevront la nature spirituelle et de plus grands honneurs à la fin.
[144]
Toutes ces classes de lévites, seront celles qui auront été éprouvées et
auront affirmé dans leurs épreuves le loyalisme de leurs cœurs. Mais
ceci n’implique pas que ceux qui sont, maintenant, justifiés par la foi, en
avance sur le monde, qui négligent ou refusent d’aller jusqu’au bout,
jusqu’au but du commandement — l’amour venant d’un cœur pur — et qui
reçoivent par conséquent cette grâce de Dieu en vain n’auront pas une
nouvelle occasion. Si en “comptant le prix” de la
participation au service sacerdotal du sacrifice, ils déclinent l’offre qui
leur est faite, il est bien certain qu’on ne puisse songer a louer ou
récompenser une appréciation aussi sommaire que la leur du “service
raisonnable” envers Dieu, mais ceci ne signifie pas que leur manque
de sagesse doive justement encourir un châtiment. Autrement l’appel à la
gloire, l’honneur et l’immortalité ne serait plus une grâce mais une
nécessité, non plus une invitation mais un commandement, non plus un
sacrifice mais une obligation. La mise en suspens ou annulation de leur
justification leur laisse une part avec le monde racheté et les place dans
la situation où ils se trouvaient avant d’accepter Christ par la foi, sauf
que leur connaissance en augmentant, augmente aussi leur responsabilité pour
ce qui est de faire le bien. En d’autres termes l’épreuve pour la vie ou la
mort éternelle dans le temps présent ne concerne que ceux qui, de plein gré,
ont consacré tout leur être au Seigneur “jusqu’à la mort”. Le reste de
l’humanité n’est pas encore en jugement pour la vie ou la mort éternelle et
ne le sera pas avant que le Royaume Millénial ait été établi. Pourtant, même
maintenant, chaque être humain en proportion de l’éclairement de son esprit,
construit ou détruit son caractère et rend sa position, dans les conditions
futures de l’Age Millénial et par rapport aux perspectives de la vie
éternelle, soit meilleure soit plus mauvaise selon qu’il obéit à ou fait
taire sa conscience.
Pour
ce qui est de ceux qui se sont consacrés sans réserve la chose se présente
sous un jour différent. Par leur consécration pleine et entière, jusqu’à
la mort ,
[145]
ils ont renoncé en totalité à la vie terrestre, l’ont échangée contre une
vie sur le plan spirituel qu’ils recevront s’ils sont fidèles jusqu’à la
mort et pas autrement. Pour eux, devenir déloyal ou infidèle est synonyme de
mort éternelle comme il en sera d’ailleurs pour tous les êtres humains, qui,
à la fin du Millénium, manqueront à la justice et à la fidélité.
Aucun
lévite n’avait droit à aucune possession ou héritage dans la terre de
Canaan. Ce fait est significatif. Ayant tout abandonné pour servir le
Seigneur, étant dans leur cœur en accord avec les règles de son empire, les
conditions imparfaites de l’état actuel de péché ne sont pas leur lot.
Le pays de Canaan figurait un état de luttes et d’épreuves, de combats
et de victoires sur les ennemis et les maux qui assaillent etc... plus
particulièrement pendant le Millenium. Mais Dieu a pourvu à un héritage
meilleur, parfait, d’où le péché est exclu pour tous ceux qu’Il justifie
complètement au titre de lévites antitypiques. Les premiers à entrer en
possession de cet héritage plus excellent seront les sacrificateurs qui
auront part à la première résurrection et recevront la perfection dans la
nature divine. Les “Anciens Dignitaires” viendront ensuite et entreront dans
leur parfait héritage par la résurrection comme êtres humains parfaits (1).
La “Grande Multitude” suivra dans l’ordre et sera rendue
parfaite sur le plan spirituel. Après viendra la classe de Guerachon,
éduquée, relevée, éprouvée pondant le Millénium. Elle entrera dans son
héritage par une résurrection graduelle, un relèvement de la mort à
la vie pour y accéder dans une pleine mesure vers la fin du Millénium.
Seuls
les croyants qui se consacrent jusqu’à la limite extrême “jusqu’à la
mort” — sont engendrés de l’Esprit saint et considérés comme membres du
Grand Souverain Sacrificateur. Les figures typiques s’accordent avec cette
[146]
donnée car les lévites en général ne recevaient pas la sainte huile
d’onction, image du Saint Esprit, mais les sacrificateurs, les prêtres
seuls. Ils étaient tous aspergés d’huile mêlée au sang ce qui montre que le
saint esprit dispensé aux membres de Christ ne leur est accordé qu’en vertu
du sang répandu (1) le sacrifice de Jésus-Christ qui les justifie et (2)
leur engagement à prendre part au sacrifice avec Christ — en déposant leurs
vies à son service. —
Exode 29 : 21 .
L’onction du Souverain
Sacrificateur était encore à part. Elle représentait l’unité, la solidarité
de l’Eglise élue. Car cette onction n’était répandue que sur celui qui
devait assumer la dignité sacerdotale comme sacrificateur principal — sur
Aaron seul d’abord — et sur chacun de ses fils comme ceux-ci remplissaient
l’office de prêtre principal pour être “à mon service dans le
sacerdoce” (Exode
28 : 41 ;
40 : 13,15). Christ-Jésus notre Seigneur, la Tête de l’Eglise
qui est son corps a été “oint d’une huile de joie (le saint esprit)
au-dessus (la tête est au-dessus) de tes égaux” ou
co-héritiers, les membres du “Sacerdoce Royal”. Ce saint esprit lui a été
communiqué en totalité et “nous avons tous reçu de sa plénitude (abondance)
et grâce pour grâce”. Ce fut un “don ineffable” d’être pardonné et justifié
par le mérite de son sacrifice. Et maintenant même il paraît impossible de
croire que nous soyons appelés à devenir co-héritiers avec lui du
Royaume et que notre consécration soit scellée, par une aspersion de sang et
d’huile en ayant part à l’onction de notre Tête.
Le
Seigneur a guidé le prophète David pour nous donner une description écrite
de l’onction déversée en totalité sur notre Tête pour s’écouler ensuite de
lui jusqu’à nous (Psaume
133 : 1 à 3 ;
45 : 8 ;
Luc 4 : 18). Les membres de l’Eglise sont les “frères” que
l’esprit oblige à “demeurer ensemble dans l’unité” Tous ceux qui sont
un avec la Tête doivent se trouver en relations de sympathie avec les autres
membres de l’Eglise qui est son corps et ce n’est qu’en proportion où ils le
sont qu’ils
[147]
reçoivent le saint esprit d’onction (1). Cette huile d’onction sainte
représentait le saint esprit et l’éclairement qu’il apporte à ceux que Dieu
accepte comme membres en perspective du Sacerdoce Royal, la Nouvelle
Création, membres qui sont “scellés” c’est-à-dire marqués par
l’esprit saint qui lui a été donné ainsi que nous l’avons montré
précédemment (2).
Tous
ceux qui sont marqués du saint esprit comme membres probables de la
Nouvelle Création, le Seigneur l’affirme: “ne sont pas du monde comme je ne
suis pas du monde”. Je vous ai choisis (hors du monde) et je vous
ai établis afin que vous alliez et que vous portiez du fruit et que votre
fruit demeure”. “Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui est à lui
; mais parce que vous n’êtes pas du monde et que je vous ai choisis du
milieu du monde, à cause de cela le monde vous hait” (Jean
15 : 16,19 ;
17 : 16). Et, bien que jusqu’à un certain point, le monde puisse
se rendre compte des signes distinctifs qui marquent la
sanctification, il ne faut pas attendre qu’il approuve ou admire. Tout au
contraire il considérera plutôt le résultat de cette action du saint esprit
sur les nouvelles créatures comme autant d’évidences de faiblesse ou de
débilité. Le monde appréciera et louera ce qu’il considère comme une
vie énergique et bien remplie — sans plus de justice qu’il n’en faut. Le
Seigneur explique pourquoi le monde n’applaudit pas ses disciples, parce que
les ténèbres haïssent la lumière, parce que le niveau, le plan sur lequel
ils évoluent en pensée, en parole et en action est tellement plus élevé que
le plan humain en général, qu’il constitue une réprobation plus ou moins
vive à l’adresse des hommes. Le monde aime plutôt être félicité, flatté et
tout ce qui le contrarie sous ce rapport, il l’écarte s’il ne s’y oppose
pas. Cette animadversion des sages
(1)
Volume V, chapitre IX.
(2)
Voir Volume V, chapitre IX.
[148]
de ce
monde de chrétienté est un aspect de l’épreuve du Sacerdoce Royal, car si la
consécration n’a pas de puissantes racines dans le cœur, non seulement le
chrétien manquera l’amitié du monde mais souhaitera à tel point son
approbation qu’il ne réussira pas à réaliser dans un esprit convenable le
sacrifice des intérêts terrestres qu’il aura entrepris et, de ce fait, ne
deviendra ni sacrificateur ni membre de la Nouvelle Création. Ceux-là, en
raison même de leurs bonnes intentions, pourront être acheminés par le
Seigneur et par de sévères épreuves, à la destruction de la chair
qu’ils n’auront pas eu le zèle de sacrifier. Ils pourront être jugés
dignes d’avoir part aux bénédictions et récompenses réservées à la Grande
Multitude qui sortira de la grande tribulation et servira devant le trône
sur lequel le petit troupeau siègera avec le Seigneur.
La
sanctification ne se compose pas seulement de deux parties : la part de
l’homme qui se consacre absolument et la part de Dieu qui accepte sans
réserve, elle comporte aussi un élément de progrès. Notre consécration au
Seigneur qui doit être sincère et complète pour pouvoir être admise,
s’accompagne d’une somme de connaissance et d’expérience relativement
restreinte. Il nous faut donc croître jour après jour dans la sanctification
en même temps qu’en connaissance. Au début, nos cœurs étaient remplis, nous
rejetions toute volonté propre ; or, nos cœurs étaient petits. A mesure
qu’ils s’élargissent la sanctification doit suivre et les combler. L’apôtre
nous exhorte à être “remplis de l’esprit” et encore “que l’amour de Dieu
soit répandu dans nos cœurs et y abonde de plus en plus”. Cet
élargissement du cœur, c’est ce que notre Rédempteur a exprimé dans sa
prière pour nous : “Sanctifie-les par ta vérité ; ta Parole est la
vérité”. —
Jean 17 : 17.
C’est
la Parole ou message de Dieu, “sagesse” de Dieu par Christ, qui a
commencé à manifester en nous la faveur divine et nous a conduit pas à pas
au moment de notre consécration. Et c’est encore cette même Parole,
[149]
ce message de Dieu par Christ, qui élargit nos cœurs et les remplit. Alors
que Dieu apporte la vérité qui nous comble et nous sanctifie, il nous
appartient de montrer que nous avons faim et soif de cette vérité
sanctifiante dont nous nous nourrirons chaque jour pour devenir forts dans
le Seigneur et dans la puissance de sa force. Il ne suffit pas de se
consacrer au Seigneur. Ce qu’il désire ce ne sont pas de flegmatiques
candidats à la Nouvelle Création mais des candidats qui auront été
entraînés, disciplinés et éprouvés dans le sens de former, de tremper les
traits du caractère soumis à l’épreuve d’un complet loyalisme envers Dieu.
Ainsi ces nouvelles créatures seront trouvées fidèles à celui qui les a
“appelés”, dignes d’entrer dans les joies glorieuses de leur Seigneur par la
Première Résurrection.
De
même que la justification a apporté un profond sentiment de paix avec Dieu
ainsi en est-il de l’étape suivante de la pleine consécration au Seigneur de
toute notre vie, de nos espoirs et de nos désirs. Echanger ses espoirs, ses
ambitions, son bien être terrestres contre les célestes, apporte un grand et
souverain réconfort, un immense repos du cœur qui s’accentue à mesure qu’on
se rend compte de la portée des promesses infiniment supérieures et
précieuses que Dieu a faites à la Nouvelle Création. Ces promesses se
trouvent condensées dans celle-ci : “Tout concourt au bien de ceux qui
aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein” (Romains
8 : 28). Telle est bien la seconde bénédiction au vrai sens du
terme. Non pas qu’elle veuille marquer que tout irait bien du côté matériel
mais plutôt qu’elle communiquerait au cœur un repos complet dans une
confiance parfaite en Dieu en faisant siennes les grandes promesses des
Ecritures.
Par
suite de différences dans les tempéraments il doit nécessairement se
produire des différences dans les expériences propres à chacun sur ce
chapitre de la pleine consécration. Pour les uns, le complet abandon au
Seigneur, le fait de se savoir l’objet d’un soin particulier
[150]
comme membres de la future Eglise élue, leur apporte une joie sereine et le
repos du cœur tandis que chez d’autres, d’une nature plus exubérante, c’est
une joie qui explose de toutes manières. Il convient de se rappeler ces
dissemblances de complexions et de sympathiser avec ceux dont les
expériences diffèrent des nôtres en nous rappelant que des disparités
analogues existèrent parmi les apôtres ; que certains d’entre eux — Pierre,
Jacques et Jean — furent plus démonstratifs que les autres même lors de la
Pentecôte. Que les frères pas trop expansifs apprennent la modération que
l’apôtre recommande et que, par ailleurs, ceux qui sont d’une nature plus
froide et plus prosaïque prient et cherchent à apprécier davantage pour
devenir plus communicatif, lorsqu’il s’agit d’annoncer les louanges de celui
qui nous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. Rappelons-nous que
Jacques et Jean, deux des apôtres particulièrement chers à notre Maître,
appelés “fils du tonnerre” justement à cause de leur zèle et de leur
impétuosité, eurent besoin, en une circonstance du moins, d’être rappelés à
l’ordre pour leur faire souvenir de quel esprit ils étaient animés (Luc
9 : 54, 55). L’apôtre Pierre, autre disciple cher et zélé,
approuvé pour avoir promptement reconnu le Messie, est considéré comme un
adversaire en raison d’une activité intempestive. Le Seigneur a pourtant
marqué sa prédilection pour les tempéraments ardents de ces trois disciples
qui l’approchèrent de plus près, qui l’accompagnèrent sur la montagne de la
Transfiguration et dans la chambre où reposait la fille de Jaïrus que le
Maître réveilla du sommeil de la mort, et qui furent aussi plus près de lui,
que les autres dans le jardin de Gethsémané. La pensée qui se dégage de tout
ceci c’est que le zèle est agréable au Seigneur et rapproche de Lui, mais
qu’il a besoin d’être éclairé par Sa Parole et son esprit pour ne pas
manquer d’égard envers notre Chef.
Sanctification ne veut pas dire perfection humaine comme certains l’ont
expliqué à tort. Elle ne modifie ni la qualité ni le fonctionnement de notre
cerveau, ni n’enlève miraculeusement les tares qui peuvent affliger nos
[151]
corps. C’est une consécration ou renoncement à notre volonté propre
laquelle, par Christ, est acceptée par le Seigneur comme parfaite. C’est
aussi une consécration de notre corps en sacrifice — “jusqu’à la
mort”. Ce corps, nous l’avons vu, n’est pas rendu effectivement parfait
en raison de la justification par la foi, mais simplement reconnu parfait
sous l’angle de notre volonté, de notre cœur, de nos intentions. La nouvelle
volonté, comme le recommande l’apôtre, doit assujettir la force, les talents
dont dispose le corps pour les amener dans la ligne du Seigneur. Elle doit
aussi chercher à exercer sur tous ceux qui l’approchent une heureuse
influence orientée dans le même sens. Ceci ne veut pas dire que dans
l’espace de quelques courtes années cinq, dix, vingt, cinquante — de la vie
présente, on soit capable d’amener son propre corps imparfait (ou les corps
imparfaits des autres dont nous sommes un spécimen chacun pour notre compte)
à la perfection. Tout au contraire l’apôtre affirme, par rapport à l’Eglise,
que dans la condition de mort il est “semé dans la corruption, semé dans
la faiblesse, semé méprisable, semé corps naturel (imparfait)” ; que ce
n’est qu’à la Résurrection que nous aurons de nouveaux corps, pleins de
force, parfaits, glorieux, immortels ; que nous serons parvenus à la
perfection que nous cherchions et que le Seigneur nous a promise si dans
notre vie présente de faiblesse et d’imperfection nous lui manifestons le
loyalisme de nos cœurs.
De
quelque manière que ce soit, le loyalisme du cœur envers le Seigneur se
concrétisera sous la forme d’un effort continu pour soumettre le
comportement de nos vies, nos pensées intimes et les intentions de nos
cœurs, à la volonté divine (Hébreux
4 : 12). Tel est notre premier devoir, notre devoir de tous les
jours et cela jusqu’à la fin parce que “ce que Dieu veut c’est notre
sanctification”. “Soyez saints ; car Je (le Seigneur) suis saint”
(1
Thessaloniciens 4 : 3 —
1 Pierre 1 : 16). La sainteté absolue doit être l’objectif que
nos ESPRITS peuvent et
[152]
doivent considérer, qu’ils doivent essayer de vivre mais auquel nous ne
parviendrons jamais tant que nous serons soumis aux fragilités de nos
natures déchues et aux attaques du monde et de l’Adversaire. Cependant, jour
après jour, nous sommes “enseignés de Dieu” et parvenons à une
connaissance plus approfondie de son caractère. A mesure que celle-ci emplit
nos cœurs, le nouvel esprit se fortifie et prend une option toujours plus
importante sur les faiblesses de la chair quelles qu’elles soient. Ces
faiblesses ne sont pas toutes pareilles pour tous les membres du corps.
La
véritable sanctification du cœur au Seigneur créera un désir d’être à son
service d’apporter la bonne nouvelle à d’autres, de se promouvoir les uns
les autres dans la foi, de faire du bien à tous les hommes quand l’occasion
s’en présente et plus particulièrement à la maison de la foi. La véritable
sanctification c’est que, de toutes façons notre vie consacrée au Seigneur,
soit dépensée au bien des frères (1
Jean 3 : 16) chaque jour, au fur et à mesure des occasions qui
se présentent; c’est que notre amour pour le Seigneur, pour les frères, pour
nos familles, pour l’humanité, emplisse nos cœurs en même temps que nous
nous développons en grâce, en connaissance et en obéissance à la Parole
divine et à l’exemple du Maître. Toutes ces préoccupations au service des
autres sont autant de moyens d’action qui, sous la direction du Seigneur,
contribuent à former notre propre sanctification. Comme l’acier
affûte l’acier, ce que nous faisons pour les autres rejaillit sur
nous-mêmes. Et tout en approchant de cet état d’âme où nous aimons notre
prochain comme nous-mêmes — surtout la maison de la foi — rappelons nous que
ce qui est à la base de tout ceci doit être un amour suprême pour notre
Créateur et Rédempteur, un ardent désir d’être et de faire ce qui lui est
agréable. Ainsi donc notre sanctification doit d’abord être pour Dieu,
intéresser notre cœur et notre volonté et trouver un moyen d’expression dans
l’intérêt que nous portons aux frères et à tous les hommes.
[153]
SANCTIFIE PAR LA VERITE
Il
ressort de ce qui précède que la sanctification que Dieu veut — la seule
admise pour prendre place dans la Nouvelle Création — ne sera possible qu’à
ceux qui, à l’école de Christ, sont enseignés par lui, “sanctifiés par la
vérité”. L’erreur ne sanctifie pas, et l’ignorance ne sanctifie pas
davantage. De plus il ne faut pas commettre l’erreur de supposer que toute
vérité, dans un domaine quelconque, tend uniformément à la sanctification.
Tandis que la Vérité prise au sens le plus général est grande en elle-même
et est appréciée par tous ceux qui aiment la vérité et repoussent l’erreur
dans la même proportion cependant les paroles du Maître apportent une
précision: ce n’est que “Ta vérité” qui sanctifie. Le monde entier
est entré en compétition à qui trouvera la vérité. Les géologues fouillent
une partie du terrain de recherches, les astronomes une autre, les
chimistes une autre encore, les médecins aussi, les hommes d’état également,
etc... Or, aucun de ces compartiments de recherche après la vérité ne mène à
la sanctification. Ils conduisent même en règle générale dans une direction
opposée. Ce qui s’accorde avec la déclaration de l’apôtre: “Le monde,
avec sa sagesse, n’a point connu Dieu” (1
Corinthiens 1 : 21). Au cours des quelques brèves années de
notre existence, dans notre condition imparfaite et déficiente où nos moyens
d’acquisition se trouvent réduits il n’est pas possible d’accéder à toute la
vérité dans tous les domaines. Ceux qui réussissent sont ceux qui se sont
spécialisés dans une partie ou dans une autre. Celui qui s’intéresse à
l’astronomie aura bien assez à faire en ne s’occupant que de cela. Il lui
restera peu de temps pour approfondir la géologie, la chimie, la botanique,
la médecine ou même la plus élevée de toutes les sciences: “ta vérité”,
celle du divin Plan des Ages. C’est dans cet ordre d’idées que l’apôtre, qui
était pourtant un homme très instruit pour son époque, recommande à Timothée
de se “garder des philosophies humaines” (théories et sciences)
fausses. Le mot science est synonyme de vérité
[154]
et il est bien certain que l’apôtre ne suspectait pas la sincérité des
hommes de science de son époque. Il voulait plutôt dire — ce que la science
elle-même confirme d’ailleurs — que bien qu’il y ait dans chaque science une
certaine somme de vérité, cependant il n’est aucune théorie humaine appelée
science qui soit l’expression d’une vérité absolue. Les différentes sciences
ne sont à tout prendre que les meilleures suppositions des chercheurs les
plus attentifs sur tel ou tel plan. Il arrive même — l’histoire le prouve —
que parfois leurs déductions se contredisent. Les savants d’il y a cinquante
ans ont rejeté la science d’autrefois et leurs conclusions, leurs
raisonnements sont à leur tour repoussés par les savants d’aujourd’hui.
Non
seulement l’apôtre Paul n’était pas un sot, mais un homme qui s’était dévoué
absolument à son Seigneur et Maître, un membre du Sacerdoce Royal mieux
qualifié par ses dons naturels pour suivre les traces du grand Souverain
Sacrificateur qu’aucun de ceux qui l’accompagnaient. Il était encore un des
“douze apôtres de l’Agneau”, choisi en remplacement de Judas. A ce titre
il fut l’objet d’une direction divine particulière — surtout en matière
d’enseignement — désigné par le Seigneur pour devenir l’instructeur de la
maison de la foi pendant tout l’Age de l’Evangile. Les paroles d’un pionnier
de la foi tel que lui, l’exemple qu’il donne d’une consécration complète,
est d’un grand poids quand on vient à considérer le chemin dans lequel nous
nous sommes engagés en tant que consacrés, membres acceptés du Sacerdoce
Royal. Il nous exhorte à rejeter tout fardeau et le péché qui nous enveloppe
si étroitement, à courir avec persévérance dans la carrière qui nous est
ouverte en ayant les regards sur Jésus, le chef de notre foi, en attendant
qu’il en soit le consommateur (Hébreux
12 : 2). Et tel un conseil il résume sa propre expérience dans
cette courte phrase : “Je fais une chose”. J’ai trouvé que ma complète
consécration au Seigneur ne permettait pas la dispersion de mes dons, pas
même pour étudier toutes les sortes de vérités qui se présentent.
[155]
La
vérité de la révélation divine qui a pénétré mon cœur et a pris la direction
de mes dons naturels déjà sanctifiés et consacrés, m’a montré le chemin ; si
je veux obtenir le grand prix je dois y apporter toute mon attention de même
qui recherchent des avantages terrestres doivent s’en préoccuper
exclusivement. “Je fais une chose : oubliant ce qui est en arrière
(ce à quoi je voulais parvenir lorsque je faisais mes études, oubliant mes
ambitions légitimes en tant que citoyen de Rome et homme d’un savoir
exceptionnel, oubliant l’attrait des sciences diverses ainsi que les
lauriers qu’elles attribuent à qui les cultivent) et me portant vers ce
qui est en avant (gardant ma foi, mon espérance et mon amour tendus vers la
perspective d’une association avec mon Seigneur sur le plan divin et dans
l’œuvre du Royaume pour la bénédiction du monde” “Je cours vers le but pour
remporter le prix de la vocation céleste”—
Philippiens 3 : 13, 14 .
L’EMOTION N’EST PAS LA
SANCTIFICATION
Il
existe chez les chrétiens une grande confusion dans les idées pour ce qui
est de reconnaître les preuves ou évidences d’approbation que le Seigneur
accorde à ceux qui suivent ses traces. Les uns se trompent lorsqu’ils
attendent une manifestation extérieure dans le genre de celle qui s’est
produite et fut donnée à l’Eglise, tout au début, à la Pentecôte (1).
D’autres s’attendent à ressentir en eux-mêmes d’heureuses sensations
lesquelles, si elles ne se produisent pas, portent avec elles la déception
et un doute qui dure toute la vie pour ce qui est de leur acceptation par le
Seigneur. Ces espérances reposent pour une large part sur ce qu’en disent
des frères d’une nature généralement plus exubérante. Il importe donc que
nous sachions que les Ecritures ne garantissent nulle part des
manifestations de cette nature, que nous sommes “tous appelés à une
seule espérance par notre vocation”, que les mêmes promesses de pardon des
péchés passés,
(1)
Voir Volume V, chapitre IX
[156]
du
sourire du Père, de son aide dans la course pour obtenir le prix qu’il
offre, de sa grâce assurée au moment du besoin, sont pour tous ceux qui ont
rempli les conditions de l’appel. Les enfants de Dieu diffèrent beaucoup
entre eux pour ce qui est de la manière qu’ils reçoivent une promesse
quelconque, soit matérielle soit spirituelle, qu’elle vienne de l’homme ou
qu’elle vienne de Dieu. Certains sont plus émotifs que d’autres et par
conséquent plus démonstratifs tant en gestes qu’en paroles tout en parlant
des mêmes choses. Outre cela, le comportement du Seigneur à l’égard de ses
enfants n’est pas invariable. Pour autant que nous le sachions, lorsque à
trente ans, le grand chef de l’Eglise, notre Seigneur Jésus, se donna tout
entier, jusqu’à la mort, pour réaliser la volonté du Père, et fut oint de
l’esprit saint sans mesure, il ne semble pas qu’il y ait eu la moindre
manifestation d’exubérance à son endroit. Pourtant, on ne peut douter qu’il
ait eu la certitude d’avoir adopté la meilleure ligne de conduite, que le
Père l’approuvait et qu’il aurait en définitive la bénédiction d’En haut
quelques que soient les expériences que cela pouvait entraîner. Au lieu de
se laisser aller au sommet de la joie il fut conduit par l’esprit dans le
désert et ses premières expériences comme nouvelle créature engendrée de
l’esprit, furent celles d’une extrême tentation. L’Adversaire put
l’assaillir. Il tenta de le détourner de son dévouement à la volonté de son
Père en lui suggérant des plans et des manières d’opérer pour réaliser
l’œuvre qu’il était venu accomplir mais des plans qui ne l’entraîneraient
pas à une mort sacrificatoire. Et nous croyons qu’il en est de même pour
certains disciples du Seigneur au moment et pour un certain temps après leur
consécration. Ils sont submergés de doutes et de craintes — autant de
suggestions en provenance de l’Adversaire — contestant la sagesse et l’amour
divins face à cette nécessité de sacrifier les choses de la terre. Ne nous
jugeons point mutuellement là-dessus et si quelqu’un se réjouit en un
transport de ses sentiments que tous les autres consacrés se réjouissent
avec lui. Par contre, si quelqu’autre, après s’être consacré, se trouve face
à l’épreuve et à la tentation dans son entourage,
[157]
que les autres sympathisent avec lui et se réjouissent en considérant
combien son expérience ressemble à celle de notre Maître.
Les
chers hommes de Dieu, John et Charles Wesley étaient sans aucun doute des
consacrés. Cependant leurs conceptions quant aux résultats de la
consécration, si elles firent du bien à certains firent, dans un certain
sens, du mal à d’autres ; car, en créant un climat d’attente émotionnelle
non conforme à l’Ecriture et que tous d’ailleurs ne pouvaient expérimenter,
c’était, par le découragement, leur apporter le trouble. Ce fut une grave
erreur de leur part de supposer et d’enseigner que la consécration au
Seigneur fait naître dans tous les cas et au même degré la même joie
débordante. Ceux qui sont nés de parents chrétiens, élevés dans l’ambiance
d’un foyer chrétien, instruits de la vie dans l’optique de la foi de leurs
parents au contact de la Parole de Dieu et qui, dans ces circonstances, à
l’âge où l’on réfléchit personnellement, se décident à faire la volonté de
Dieu on se consacrant à l’Eternel, il est peu probable que ceux-là
connaissent la même joie démonstrative que celui qui, jusqu’alors est
demeuré en dehors, étranger aux choses saintes.
Pour
ce dernier, la conversion est un changement radical, un retournement vers
Dieu de toutes les tendances et des forces de la vie qui auparavant s’en
écartaient vers le péché et l’égoïsme. Mais l’autre dont les sentiments ont
été, dès sa plus tendre enfance, orientés vers le Seigneur et sa justice par
des parents pieux, ne connaîtra pas de cassure aussi nette, de modification
aussi violente dans ses sentiments ni rien de semblable. Enfants de parents
croyants ils ont été protégés par la faveur divine jusqu’au jour de leur
responsabilité personnelle. Leur acceptation à ce moment là correspond à une
reconnaissance de leur appartenance passée à Dieu, de leur consécration, de
leurs dons, de leurs forces et de leur influence engagés au service du
Seigneur, de sa vérité et de son peuple. Ils doivent se rendre compte que
leur
[158] consécration
n’étant que leur service raisonnable et qu’ayant offert à Dieu leur humanité
déjà justifiée, ils peuvent d’autant plus faire leur les grandes promesses
des Ecritures qui n’appartiennent qu’aux consacrés et à leurs enfants. Si,
en plus de cela, il leur est donné de pénétrer plus avant dans
l’intelligence des Ecritures ils ne peuvent qu’y voir une évidence
supplémentaire de la faveur divine envers eux sous le rapport du haut appel
de cet Age de l’Evangile et ne peuvent que s’en réjouir.
La
manière d’expression de l’apôtre “Nous marchons par la foi et non par la
vue” s’applique à toute l’Eglise de cet Age de l’Evangile. Ce que le
Seigneur veut c’est affermir notre foi en sorte que nous ayons confiance en
lui, même si nous en venions à le perdre de vue. Pour cela il laisse nombre
de questions dans une obscurité relative à vues et à jugements humains. De
cette manière la foi trouve à se développer comme il ne serait pas possible
si des signes et des merveilles frappaient nos sens. Notre compréhension
doit s’élargir vers Dieu grâce aux promesses de sa Parole — par un
discernement de la vérité — et faire naître en nous la joie de la foi dans
ce que nous n’avons encore ni vu ni reconnu.
Cette
compréhension même est graduelle explique l’apôtre. Il prie pour ceux qui
font déjà partie de l’Eglise de Dieu, “saints” ou consacrés, en sorte que
leur entendement soit ouvert, qu’ils puissent comprendre avec tous les
saints (aucun autre ne le pouvant) la longueur, la largeur, la hauteur et la
profondeur de la connaissance et de l’amour de Dieu. Cette pensée que les
bénédictions spirituelles réservées à la Nouvelle Créature ne concernent pas
ses sens terrestres mais uniquement sa foi, se trouve illustrée dans les
images du Tabernacle dont le voile, obturant l’entrée du lieu “saint”,
cachait, même à la vue des lévites (types des justifiés), le mobilier sacré,
prototypique des vérités profondes. Celles-ci ne sont connues ou appréciées
que par ceux qui ont été admis dans le lieu saint, les membres du Sacerdoce
Royal
[159] Il est assez
fréquent que l’exubérance sentimentale qui s’empare de certains ; (étant
donné leur tempérament) les abandonne de la même manière. Mais les
bénédictions et les joies qui peuvent les animer constamment s’ils demeurent
dans le Seigneur et continuent à suivre ses traces, sont les pures joies
de la foi que les nuages et les troubles provenant de la terre ne
peuvent obscurcir. Ces joies, Dieu veut qu’elles ne soient jamais assombries
sauf, peut être, pour un instant comme ce fut le cas pour notre Maître
lorsque, sur la croix, il s’écria: “Mon Dieu! Mon Dieu ! Pourquoi
m’as-tu abandonné!”. Prenant la place de l’homme sur qui pèse la sentence il
était nécessaire que notre Maître goûtât à l’expérience d’Adam en tant que
pécheur, ne fut-ce qu’un moment. Et qui peut dire si un moment aussi noir ne
peut pas être le lot des plus dignes disciples de l’Agneau ? Des passages
comme ceux-là ne peuvent sûrement durer bien longtemps. L’âme qui se confie
en l’Eternel dans ces sombres moments se sentira payée de retour lorsque
cette épreuve de foi sera passée et que le soleil de la présence du Seigneur
sera revenu.
Mais
tout autre est la raison de l’obscurité que suggère ces lignes du poète :
“Qu’aucun nuage s’élevant de la
terre”
“Ne te cache à mon cœur”
“Ne m’enlève ta paix”.
Les
nuages qui s’interposent entre les enfants de Dieu, leur Père Céleste et
leur Frère aîné, sont souvent nés de la terre. Ils proviennent du fait que
nous permettons à nos affections de graviter autour des choses de cette
terre plutôt que de les centrer sur les choses d’en haut nous négligeons
notre voue de consécration ; nous négligeons de nous dépenser au service du
Seigneur, de donner notre vie pour les frères et de faire du bien à tous les
hommes quand l’occasion s’en présente. Dans ces moments-là nous nous
écartons du Seigneur et de sa direction, les nuages s’amoncellent vite et,
avant peu la
[160]
clarté de la communion, de la foi, de la confiance et de l’espoir s’en
trouve obscurcie. C’est un instant où l’âme est malade et tourmentée. Le
Seigneur permet de telles afflictions sans pour cela nous ôter sa faveur.
Lorsqu’il nous voile sa face c’est pour mieux nous faire sentir combien nous
serions seuls et malheureux sans sa présence qui éclaire notre sentier et
rend légers les fardeaux de la vie. Le poète l’a exprimé dans ces vers
“Heureux de contempler Sa face”
“Il est mon Roi, Il est mon tout”
“Il est celui dont tout l’amour m’enlace”
“Celui qui me maintient debout.”
“Auprès de cet amour sans borne”
“Un palais n’est plus qu’un jouet”
“Le cachot lui-même n’est plus morne”
“Quand, dans ses murs, Jésus est’ près”.
“QUI GUERIT TOUTES TES MALADIES”
“Mon âme, bénis l’Eternel et n’oublie aucun de ses bienfaits ! C’est lui qui
pardonne toutes tes iniquités, qui guérit toutes tes maladies ; c’est lui
qui délivre ta vie de la fosse, qui te couronne de bonté et de miséricorde ;
c’est lui qui rassasie de biens ta vieillesse et te fait rajeunir comme
l’aigle”. —
Psaume 103 : 2 à 5 .
Tandis que le Seigneur permet que les Nouvelles Créatures soient atteintes
de maladies du genre de celles dont nous venons de parler, il se tient prêt
à les guérir dès que ces Nouvelles Créatures reviennent à l’attitude de cœur
convenable. Il faut s’approcher du trône de la grâce céleste dès qu’il
s’agit de ces maladies de l’âme - faiblesse, défaillance de la Nouvelle
Créature — de manière que la vie spirituelle, la santé, reviennent à la
chaleur de la faveur divine. L’apôtre nous encourage à nous “approcher avec
assurance (avec courage et confiance) du trône de la grâce, afin d’obtenir
miséricorde et de trouver grâce pour être secourus dans nos besoins !
[161]
(Hébreux
4 : 16). Toutes les Nouvelles Créatures ont connu des
expériences à cet égard et celles qui en profitent se fortifient dans le
Seigneur. Même leurs trébuchements, leurs défaillances, leurs besoins
d’appeler à l’aide et de s’appuyer par la foi sur le bras du Seigneur,
deviennent de puissants moyens de bénédiction spirituelle et produisent de
meilleurs résultats que s’ils ne connaissaient ni épreuves ni difficultés,
si le Seigneur ne leur faisait pas sentir qu’il s’écarte d’eux lorsqu’ils
deviennent froids, trop préoccupés d’autres choses ou négligents de leurs
privilèges spirituels. Chaque fois qu’une Nouvelle Créature sent le besoin
de rechercher aide et miséricorde, elle se rappelle l’œuvre de
réconciliation du Rédempteur. Elle réalise que le sacrifice de Christ ne
couvre pas seulement les péchés passés — celui d’Adam et les siens propres
avant de venir au Père par les mérites de son Fils mais encore toutes les
souillures d’ordre mental, moral et physique à condition qu’elles ne soient
pas volontaires. Ainsi pendant tout son cheminement sur l’étroit sentier, la
Nouvelle Créature se voit continuellement rappeler qu’elle a été rachetée à
un grand prix, celui du précieux sang de Christ. Et ses expériences, même
ses insuccès, la rapproche toujours du Seigneur: Rédempteur quand on
considère son œuvre passée. Aide et Libérateur quand on considère son œuvre
présente.
Bon
nombre de Nouvelles Créatures n’ont pas appris comment agir lorsqu’elles
sont atteintes d’une de ces maladies de l’âme. Elles sont plutôt enclines à
se dire “J’ai mal fait et ne puis m’approcher du trône de la grâce avant
d’avoir démontré au Seigneur la pureté de mes intentions en obtenant une
victoire”. Ce faisant, elles remettent à plus tard ce par quoi elles
devraient commencer. Chercher à gagner une victoire par sa propre force en
ayant l’esprit déjà affaibli par une défaite précédente, ce n’est pas se
mettre dans la bonne condition pour “combattre le bon combat de la foi” soit
contre soi même soit contre l’Adversaire. Le revers est alors plus que
probable. Même on prendra graduellement l’habitude de cesser de faire appel
au Seigneur, d’accepter les
[162]
nuages qui cachent le clair soleil de la faveur divine et d’estimer en fin
de compte que, dans son cas individuel il ne peut en être autrement.
Il
conviendrait au contraire d’adopter une manière de procéder tout à fait
inverse. Aussitôt qu’on s’est rendu compte d’avoir manqué soit en paroles
soit en action et qu’on s’est efforcé de réparer le tort commis dans la
mesure du possible, recherchons immédiatement le Seigneur par la prière,
avec foi et sans douter. Ne pensons pas que le Seigneur cherche à nous faire
des reproches ou à nous juger avec rudesse. rappelions nous plutôt que c’est
sa bonté et sa miséricorde qui ont fait qu’il a pourvu à notre Rédemption
tandis que nous étions pécheurs . Il est certain qu’après être devenus
ses enfants et avoir été engendrés de son esprit, cherchant et tombant, en
dépit de nos meilleurs efforts à marcher sur ses traces — selon l’esprit et
non selon la chair — il est bien certain que son amour pour nous doit nous
entourer plus encore que lorsque nous étions “des enfants de colère comme
les autres”. Rappelons nous que comme un père humain aime ses enfants,
ainsi le Seigneur est pitoyable pour ceux qui le craignent. Considérons nos
amis humains, leur sympathie, leur amour, leur compassion pour en tirer une
analogie et disons-nous que Dieu est plus secourable et fidèle qu’aucune
autre de ses créatures. Il invite à avoir foi et confiance en Lui et
récompense cette foi et cette confiance. Tous ceux qui ont une foi
suffisante pour rechercher tout de suite le Seigneur ont assez de foi pour
aller à lui chaque jour exposer leurs épreuves, leurs difficultés, leurs
erreurs. Mais ceux qui laissent s’accumuler les nuages, qui n’ont pas
recours à cette invitation de rechercher auprès du trône de la grâce le
retour à la paix et à l’harmonie, ceux-là finiront par être considérés comme
indignes d’occuper une place parmi la classe particulière que le Seigneur
choisit. “Ce sont là les adorateurs que le Père demande” — ceux qui
l’aiment et se confient en lui. “Sans la foi il est impossible de lui
être agréable”. “Et la victoire qui triomphe du monde, c’est notre foi”. —
Jean 4 : 23 ;
Hébreux 11 : 6 ;
1 Jean 5 : 4 .
[163]
Evidemment, le chemin n’est pas sans ses difficultés mais le Seigneur
pourvoit au secours et aux conseils nécessaires, par Sa Parole et par les
frères qu’Il “établit” dans le corps à cet effet (1
Corinthiens 12 : 18). N’est-ce pas une aide par exemple de
comprendre en quoi pèche le comportement auquel nous avons fait allusion ?
en n’ayant pas recours à la prière pour obtenir miséricorde avant d’avoir de
quoi nous justifier, c’est montrer que nous n’apprécions pas à sa juste
valeur la grande leçon que Dieu apprend à l’humanité depuis des siècles, que
nous sommes tous imparfaits, que nous ne pouvons faire ce que nous voudrions
et qu’il fallait qu’un Rédempteur vint pour nous tirer de ce mauvais pas.
Celui qui essaie de se justifier lui-même tente l’impossible et plus tôt il
l’apprend mieux cela vaut. Nos rapports avec le Seigneur doivent être
journaliers. Que la difficulté soit d’importance ou seulement légère, si le
cœur du consacré est sensible et habitué à une communion ininterrompue avec
le Seigneur, il éprouvera de la joie à se réfugier promptement dans
la prière dès que l’obstacle se présente sans attendre même la fin de la
journée. Ne remettons pas au lendemain alors que le trône de la grâce nous
est accessible à tout instant. L’ignorer c’est montrer un état d’esprit
contraire à celui de la Parole du Seigneur.
L’entrave pour certains réside dans le fait qu’après avoir prié ils n’ont
pas l’impression d’avoir reçu ce qu’ils recherchaient : le pardon des péchés
et la réconciliation avec le Père. Cette entrave peut avoir trois causes :
(1) le manque de foi ; et puisque, pour l’instant, l’action du Seigneur
porte sur la foi, on ne peut rien obtenir sans elle. “Qu’il te soit fait
selon ta foi”.
(2)
Il se peut encore qu’on n’ait pas réparé le tort qu’on a commis, qu’on n’ait
pas fait amende honorable à l’égard de celui à qui on a causé préjudice ;
enfin si l’offense est contre le Seigneur lui- même, il est assez difficile
de retrouver sa paix si au préalable on ne lui a pas confessé sa faute et
demandé son pardon. (3) Enfin il n’est pas rare que la raison en soit
l’absence d’une pleine consécration à l’Eternel. Comment en effet
rechercher la
[164]
paix de Dieu, la joie, le clair soleil de sa faveur — rechercher en réalité
les bénédictions figurées par la lumière du chandelier d’or et la Table des
Pains de propositions du Tabernacle — si l’on est en dehors de ces choses,
en dehors de la consécration, en dehors du Sacerdoce Royal; si l’on est
demeuré un lévite qui a pour autant reçu la grâce ou privilège du temps
présent en vain.
Le
remède au manque de foi consiste à la cultiver par l’étude de la Parole de
Dieu, par un rappel de sa bonté passée et du moment, par une réalisation du
fait qu’il est “infiniment” plus miséricordieux que nous ne pourrions le
penser. Dans le second cas le remède réside en une prompte remise en ordre
des excuses sérieuses et s’il est nécessaire une compensation pour les
dommages causés; après quoi, un retour au trône de la grâce dans une pleine
assurance de foi. Pour ce qui est du troisième cas, le moyen est de faire
cette consécration que le Seigneur réclame de tous ceux qui veulent goûter
aux privilèges spéciaux de cet Age de l’Evangile.
Considérons maintenant une autre catégorie de consacrés malades au
spirituel. Ceux-ci apparemment justifiés par la foi et sincères dans leur
consécration paraissent faire peu ou pas du tout de progrès dans le contrôle
de leur individualité. En fait et dans quelques exemples il semblerait que
leur foi dans la bonté et la miséricorde divines, rompant les liens de la
crainte, les ait laissés plus exposés à la tentation des faiblesses de la
chair qu’ils ne l’étaient auparavant alors qu’ils connaissaient moins le
Seigneur. Leurs expériences sont dures non seulement pour eux-mêmes mais
elles affectent également toute la maison de la foi qu’ils approchent. Leur
vie paraît être une succession de chutes et de repentances, les uns toujours
impécunieux, les autres moralement et socialement répréhensibles.
Quel
est le remède à cet état de chose ? Assurément il faut attirer leur
attention sur le fait que la Nouvelle
[165]
Création ne sera pas simplement constituée par ceux qui acceptent les
abnégations, les sacrifices dans les choses de la terre et de marcher non
selon la chair mais selon l’esprit mais par ceux qui, en raison de leur
ténacité dans l’effort volontaire à observer leur alliance, seront
estimés vainqueurs par Celui qui lit dans les cœurs. Il faut leur dire que
le comportement normal de tous les consacrés consiste — étant libérés par le
Fils — à profiter de toutes les bénédictions découlant de sa faveur divine
en se mettant au service des autres, en s’imposant à eux-mêmes des
restrictions des limitations dans leurs paroles, leurs conduites, leurs
lignes de pensées, et en désirant ardemment, et par la prière, l’aide qui
leur est promise et que l’apôtre a vigoureusement rapportée dans ces
paroles: “Ma grâce te suffit car ma force s’accomplit dans la faiblesse”.
Chaque fois qu’ils se seront rendus coupables d’un méfait, non seulement ils
devront faire amende honorable envers qui ils auront faibli mais encore se
confesser au Seigneur et obtenir par la foi, son pardon. Qu’ils s’engagent
à faire plus attention dans l’avenir et se donnent à eux-mêmes des
limites se rapportant à leurs irrégularités.
Ainsi
veillant et priant, mettant une garde aux actes et aux paroles, “amenant
toute pensée captive” à la volonté de Dieu en Christ (2
Corinthiens 10 : 5) ils pourront rapidement se confirmer à
eux-mêmes et aux frères la sincérité de leurs cœurs. Ils marcheront
dans la vie avec une telle circonspection qu’on pourra voir, non seulement
qu’ils ont été avec Jésus mais encore qu’ils ont reçu ses enseignements, ont
recherché et utilisé son aide pour lutter victorieusement contre leurs
propres défauts. Ce sont des cas où ces frères ou sœurs vivent dans le
désordre” comme le dit l’apôtre c’est-à-dire contrairement à l’exemple du
Seigneur et des apôtres. Nous examinerons dans un autre chapitre quelles
sont les instructions du Seigneur au sujet du comportement des frères
vis-à-vis de ceux qui, faibles selon la chair, déshonorent et jettent le
discrédit sur la cause du Maître.
[166]
Remarquons toutefois que tant qu’ils donnent des marques de repentance sur
leur conduite, qu’ils témoignent du désir de leur cœur de faire mieux à
l’avenir et de demeurer dans la foi, nous devons continuer à les considérer
comme frères. Cependant il se peut qu’il soit nécessaire de ne leur
témoigner qu’une amitié réservée tant qu’ils n’ont pas donné une preuve
tangible d’un changement dans leur genre de vie. Néanmoins il faut continuer
à les encourager à croire que le Seigneur use de miséricorde envers ceux qui
se confient en lui et recherchent ses sentiers, sans toutefois leur donner à
penser qu’ils ont des chances d’appartenir à la classe des vainqueurs, à
moins qu’ils marquent un zèle si ardent pour la justice qu’il devienne
évident que leur chair est absolument soumise au Nouvel Entendement.
Nous
avons rencontré des chrétiens chétifs et affamés au spirituel, désirant
ardemment goûter une communion profonde avec le Seigneur mais ne sachant
comment y parvenir et y demeurer à vrai dire ils possédaient la Bible mais
s’en rapportaient trop aux docteurs et aux catéchismes, etc... Suivant les
traditions des hommes et non la Pensée ou l’Esprit de Dieu ils ne
recueillaient pas la nourriture spirituelle nécessaire. Résultat : ils
n’étaient pas satisfaits dans leur formalisme sans pour cela apprendre
comment approcher le Seigneur de tout son cœur parce qu’ils ignoraient sa
bonté, les richesses de sa grâce en Jésus-Christ, le grand plan de salut en
faveur du monde, l’appel de l’Eglise à une nouvelle nature. Cette condition
d’inanition spirituelle exige, tout d’abord, le “lait non frelaté de la
Parole” et, par la suite, la “nourriture solide” de la révélation
divine. Il ne faut ni sous estimer ni négliger ce genre de personnes même
si, s’étant rendu compte du vide de la chrétienté en général, elles ont
cherché quelque chose d’autre voire même certaines distractions du monde,
etc... Nous en avons connues qui en étaient arrivées au stade d’une
indifférence apparente pour les choses spirituelles après avoir vainement
tenté de trouver de quoi satisfaire les besoins de leur cœur. Un jour,
comprenant la “Vérité présente”
[167]
elles se sont développées en connaissances et en grâces spirituelles d’une
façon des plus remarquables. Nous pensons qu’il existe bon nombre de
personnes de ce genre dans les différentes dénominations et qu’il est du
privilège de ceux qui ont déjà reçu la lumière de la Vérité présente de leur
tendre la main, de les tirer de l’obscurité dans la lumière, de l’état de
famine spirituelle en celui d’une surabondance de grâce et de vérité. Pour
devenir l’instrument du Seigneur en un pareil cas il est doublement
nécessaire de rechercher dans la Parole la grâce et la sagesse d’en haut
pour l’exercer avec douceur, dans la vérité et la persévérance.
LA JUSTIFICATION SE CONFOND
DANS LA SANCTIFICATION
Nous
avons déjà indiqué que la justification ne consiste pas simplement à
reconnaître mentalement que Christ est mort pour racheter l’homme et que
cette mort est devenue la base d’une réconciliation entre Dieu et la race
humaine. Il y a plus. Devenir un croyant justifié sous entend une certaine
consécration. La justification implique la reconnaissance du fait que
le péché est foncièrement mauvais (Romains
7 : 13) et la volonté d’en finir avec lui, d’être libéré de son
emprise, libéré de la sentence qui le frappe ; le désir, en un mot, de
retrouver l’accord avec le Créateur et sa loi de justice. La justification
suppose encore que le croyant a engagé son entendement, sa volonté dans
la voie de la justice dans toutes les affaires de la vie. La foi au
Rédempteur, jointe à une telle décision de consécration produit la
justification sans pour cela que l’idée de sacrifice en découle. Dieu a le
droit de demander que toutes ses créatures se rangent du côté de la justice
et haïssent l’iniquité et dans le cas contraire qu’elles lui deviennent
étrangères — ses ennemis. Dieu ne demande pas que nous sacrifions nos
vies à son service ni pour aucune autre cause. Dans les Ecritures le
Sacrifice est présenté comme un acte volontaire et aucune loi ne le demande
[168]
bien que, comme le déclare l’apôtre ce soit un “service raisonnable”.
“Je vous exhorte, frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps
comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part
un culte raisonnable”
Romains 12 : 1 .
Pour
certains, la consécration au sacrifice peut intervenir rapidement après
avoir engagé sa foi au Seigneur et s’être décidé à marcher dans les sentiers
de la justice. Mais elle doit suivre. Elle ne peut précéder car, comme nous
l’avons déjà vu, nous devons être justifiés par la foi avant d’avoir
à offrir à Dieu quelque chose qu’il puisse accepter sur son autel en co-sacrifice
avec celui de notre Rédempteur. D’autres demeurent un certain temps dans la
position de “justifié” avant même que soit envisagée l’idée d’une
consécration pleine et entière c’est-à-dire du sacrifice des intérêts
terrestres au service du Seigneur et de sa cause. Quoiqu’il en soit, dans
les conditions actuelles, ceux qui se sont engagés dans la voie de la
justification, de la justice et du retour à l’harmonie avec Dieu ne
tarderont pas à rencontrer de l’opposition sur leur chemin soit du dedans,
soit de la part du monde, soit de l’Adversaire.
Le
sentier de la justice monte graduellement en devenant plus abrupt, plus
difficile. Suivre ce sentier dans les conditions de péché actuelles aboutit
nécessairement à la perte, au sacrifice des intérêts matériels, des
ambitions, des amitiés terrestres, etc... C’est d’ici que partent tous les
chemins. Celui-ci, qui monte et conduit à la gloire, l’honneur et
l’immortalité, on ne peut y accéder que par la porte basse de l’humilité, de
l’abnégation et du sacrifice de soi. Une fois qu’on y est engagé on
s’aperçoit que le sol en est raboteux. Cependant des esprits invisibles
aident les pèlerins. Les promesses de Christ notre Guide, brillant de loin
en loin les encouragent, les assurent du ministère de la grâce et de l’aide
nécessaire jusqu’à la fin du voyage. En persévérant, ils se rendront compte
que tout concours à leur bien, à leur admission dans la Nouvelle création et
à leur participation au
[169]
glorieux œuvre du Royaume Millénaire. A cette porte qui marque la
consécration totale jusqu’au sacrifice — jusqu’à la mort — de nombreux
croyants justifiés stationnent un certain temps. Ils comptent le prix avant
d’entrer. Ils écoutent la voix qui, dans la Parole, les invite et fortifient
leurs cœurs pour entreprendre le voyage sur la foi des assurances qui leur
sont données.
En
dehors de cette porte se trouvent bien des chemins de traverse grâce
auxquels bon nombre s’imaginent vainement trouver un passage plus facile
pour arriver à la gloire, l’honneur et l’immortalité. Il existe des
centaines de ces sentiers dont quelques uns montent un peu et réclament un
certain don de soi ; d’autres descendent vers les biens et les perspectives
du monde. Mais sur aucun de ces sentiers on ne trouve les promesses qui
inspirent ceux seuls qui se sont courbés et sont entrés par la porte du
sacrifice sur “l’étroit sentier” de la communion avec le Maître dans le
renoncement aux aspirations de la terre pour parvenir à une union intime
avec Christ dans la gloire qui doit suivre.
La
joie et la paix viennent à partir du moment où l’on a foi dans le Seigneur,
où l’on accepte la réconciliation qu’il offre, où l’on se résout à suivre la
justice et à tourner le dos au péché. Cette joie et cette paix sont
complètes jusqu’au jour où l’on parvient à cette porte basse qui mène au
chemin étroit. Mais quand vient le moment où cette poursuite de la justice
entraîne le sacrifice du moi et que ce sacrifice n’est pas consenti et qu’on
n’entre pas par la porte, la joie et la paix de la faveur divine s’en
trouvent obscurcies. Elles ne seront pourtant pas retirées complètement tant
que le croyant justifié ne cherchera pas d’autres moyens de servir la
justice mais continuera à l’aimer, à apprécier la faveur divine. La
plénitude de la joie et de la paix ne peut être leur partage puisqu’ils ne
font que comprendre, sans aller au delà, qu’une complète consécration au
Seigneur n’est qu’un “culte raisonnable”, c’est-à-dire une reconnaissance
d’un retour rationnel de la faveur divine déjà obtenue par le pardon des
péchés.
[170]
Bon
nombre continuent pendant des années dans cette attitude tandis que d’autres
s’écartent et vont rebattre les sentiers du monde. Or, personne ne devient
candidat à la Nouvelle Création s’il n’entre au préalable par la porte
étroite du sacrifice de soi. Pendant bien longtemps le Seigneur ne leur
retire pas ces privilèges spéciaux qui ne leur ont été accordés que pour les
diriger jusqu’à la porte étroite. En n’y entrant pas c’est, comme s’ils
déclaraient qu’ils ont “reçu la grâce de Dieu (le pardon des péchés et
l’acheminement jusqu’à cette porte) en vain puisque, parvenus à cette
condition ils refusent ou négligent de profiter de la “seule espérance de
notre vocation”. Le Seigneur pourrait leur dire à juste titre:
Je
vous retire immédiatement tout privilège particulier. En réalité, vous
n’êtes pas plus dignes de ma faveur que le reste du monde. Vous disposerez
pendant l’Age Millénial des mêmes circonstances et des mêmes occasions que
toute l’humanité, mais n’attendez de ma part ni privilèges, ni soins, ni
attentions particulières dans la vie présente, ni préférence dans la vie à
venir. Cependant il ne le fait pas de suite et use d’une longue patience à
l’égard de beaucoup.
Les
grandes et précieuses promesses de la Parole de Dieu comme par exemple celle
qui nous assure que “tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu”, sont
pour ceux qui, ayant reçu la faveur divine, ayant été conduit à la porte du
sacrifice, y sont entrés d’enthousiasme. Ceux-là aiment Dieu
plus que tout plus qu’eux-mêmes. “Tout est à eux, et ils sont à Christ et
Christ est à Dieu”. Ils sont entrés à l’école de Christ et toutes les
leçons, les encouragements, les disciplines de la vie seront en définitive
ordonnés en vue de leur préparation au Royaume. Ces leçons, ces bénédictions
ne sont pas destinées à ceux qui ne veulent pas aller dans cette école et
refusent de plier leurs volontés à celle du grand Docteur.
[171]
Pour
parler net, ceux qui ont reçu la grâce de Dieu en vain n’ont aucune raison,
aucune base pour s’approcher du Seigneur même par la prière. Pourquoi en
effet s’attendre à être l’objet de soins et de privilèges spéciaux de sa
part, quand on a refusé de répondre aux bienfaits déjà reçus? Imaginerait-on
par hasard que, du fait d’avoir reçu des bénédictions du Seigneur dans le
sens de la sagesse et de la justification, celui-ci soit en quelque sorte
contraint d’en accorder davantage ? Ne conviendrait-il pas plutôt de penser
qu’ayant reçu ces bénédictions avant le temps de la faveur générale pour
toute la race rachetée on a reçu plus que sa part ? Ne faudrait-il pas
plutôt penser que, traitant avec indifférence la volonté du Seigneur, ses
miséricordes et ses faveurs iraient à ceux qui, n’ayant pas bénéficié de ces
privilèges n’ont pas dédaigné pour autant l’offre gracieuse du Seigneur ?
Mais l’Eternel est patient et sa miséricorde est immense. C’est pourquoi,
tant que l’on demeure dans la foi, il est probable que le Seigneur ne
rejette jamais complètement.
Que
faire quand on se trouve dans cette situation et qu’on désire cependant
appartenir au Seigneur et jouir de ses faveurs? La conduite à tenir
est de se consacrer pleinement à Dieu, de lui remettre sa volonté propre en
toutes choses: ses aspirations, ses espoirs, ses perspectives, ses moyens.
Les amitiés terrestres mêmes devraient être toutes abandonnées au Seigneur.
En échange, accepter la direction de sa Parole, de son Esprit, de sa
Providence comme la loi de son être et la règle de sa conduite future,
assuré que tout contribuera au bien non seulement dans la vie à venir en de
glorieux résultats mais encore dans la vie présente en de plus riches
bénédictions du cœur.
Et
comment faire ? — Avec cœur, avec respect, dans la prière. Le contrat
devrait être passé définitivement avec le Seigneur et, si possible, à haute
voix. On demandera ensuite la grâce, la miséricorde, la bénédiction divines,
l’aide nécessaire pour accomplir ce sacrifice.
[172]
Et
que faire si l’on se sent “attiré vers Dieu” sans toutefois l’être assez
pour consentir à cet abandon complet de notre volonté? Le mieux est
d’exposer le fait au Seigneur par la prière, de Lui demander son aide dans
l’étude de la Vérité de manière à mieux se rendre compte, en premier lieu
combien un tel culte est raisonnable ; en second lieu combien est certaine
la bénédiction qui doit en résulter ; en troisième lieu combien est engagée
sa fidélité dans l’accomplissement des promesses faites à la classe qui se
sacrifie. On peut encore demander au Seigneur qu’il rende capable de peser
et d’évaluer exactement les choses de la terre, de faire en sorte qu’on se
rende compte et, si besoin est, qu’on expérimente le caractère passager et
peu satisfaisant de tout ce qui a rapport à l’égoïsme des temps actuels, —
tout ce a quoi tend l’esprit humain — de manière à se consacrer
effectivement en appréciant le privilège de s’affectionner aux choses d’en
haut et non à celles d’en bas, de sacrifier ces dernières pour les
premières.
Une
autre question se soulève. Etant donné que le “haut appel” est clos et que
par conséquent celui qui se consacre ne peut être pleinement assuré de
pouvoir obtenir le prix de la nouvelle nature, de sa gloire, de son honneur
et de son immortalité, quelle incidence ceci peut-il exercer sur la
consécration ? Notre réponse est que cela ne peut faire intervenir aucune
espèce de différence. De quelque façon que ce soit, la consécration demeure
la seule ligne de conduite raisonnable pour les enfants de Dieu. La
consécration entière et rien de moins sera exigée de tous ceux qui voudront
vivre et jouir des bienfaits de l’Age Millénial. Pour ce qui est des
occasions et des récompenses en résultant, nous avons déjà expliqué que, à
notre compréhension, nombreux seraient ceux qui pourraient encore être admis
à avoir part au “haut appel” en prenant les places de ceux qui s’étant
consacrés, n’ont pas “couru de manière à remporter” le prix et ont été
exclus de la course. Mais il est bien certain que personne ne peut être
admis à jouir de ces privilèges ai, au préalable il n’est entré par la porte
étroite de la consécration et du sacrifice
[173]
On peut très probablement dire de tous ceux qui ont franchi la porte
étroite, qu’ils n’ont ni bien vu ni bien compris tout de suite la portée des
hautes bénédictions que Dieu envisage pour sa Nouvelle Création fidèle. Ils
ont considéré d’abord que leur service n’était que raisonnable et ce n’est
qu’après qu’ils se sont mieux rendu compte de la longueur, de la largeur; de
la hauteur, de la profondeur de la bonté divine et des faveurs du haut
appel. Ainsi en est-il de ceux qui entrent maintenant. Ils ne peuvent
entrevoir les choses spirituelles et célestes tant qu’ils n’ont pas accepté
d’accomplir leur culte raisonnable dans une consécration entière. Et nous
pouvons être assurés que tous ceux qui se consacrent et s’immolent à la
cause du Seigneur, même après que la classe céleste aura été complétée,
verront que Dieu dispose encore d’autres bienfaits de nature différente
allant à ceux qui s’en remettent à lui. Peut-être seront-ils comptés au
nombre des anciens Dignitaires qui ont manifesté cette disposition au
sacrifice de soi avant qu’il soit question du “haut
appel”.
CONCEPTIONS ERRONEES DE LA
SANCTIFICATION
Considérant la grande imprécision des idées parmi les chrétiens au sujet du
divin plan, la justification et la sanctification auxquelles les Ecritures
convient, il n’est pas étonnant qu’une confusion si considérable prévale.
Une erreur retenue il est vrai par un très petit nombre d’enfants de Dieu et
cela à leur propre dommage — c’est de prétendre à une sainteté et une
perfection réelles. “Je n’ai pas péché depuis des années” disent-ils.
Ceux-là se rangent sous la même étiquette que les pharisiens du temps de
Jésus. S’estimant justes et méprisant les autres, forts de leur propre
justice ils négligèrent les privilèges et les bienfaits que leur offrait le
Seigneur par son œuvre rédemptrice.
[174]
Ces
gens “sans péchés” et “saints” ont en réalité l’esprit détourné — en raison
même de leur erreur —de la foi en Dieu, de la foi dans son œuvre de
rachat, de la foi apportée au mérite de son sacrifice. Pourquoi en effet
s’en remettre à son mérite ou à sa grâce s’ils peuvent réaliser et
accomplissent effectivement la loi de Dieu comme elle doit l’être ? De fait
ils manquent de respect pour le Seigneur et ont d’eux-mêmes une opinion très
avantageuse. Un respect mieux compris pour le Seigneur leur permettrait de
voir sous une meilleure optique sa grandeur, sa majesté, le niveau élevé de
sa sainteté et la perfection de son caractère. Une estimation plus sobre de
leur propre valeur les convaincrait rapidement (comme elle convainc les
autres) qu’ils sont bien en deçà de l’élévation divine en paroles, en
actions et en pensées.
Une
autre catégorie de soi-disant “saints” ne vont pas jusqu’à un extrême aussi
absolu pour ce qui est de prétendre à être sans péché. Cependant tout en
reconnaissant leur imperfection, ils revendiquent la condition de sainteté,
de sanctification intégrale, etc... puisqu’ils évitent le péché et cherchent
à vivre sans pécher, etc... Comme nous l’avons déjà montré, nous abondons
dans le sens que tous les véritables consacrés doivent chercher à éviter le
péché de toutes manières. L’erreur de ceux dont nous faisons la critique
consiste dans le fait qu’ils considèrent que éviter de faire le mal est le
seul objet et le but de leur consécration. Ils sont tout à fait à côté de la
question car aucune créature n’eût jamais le droit de commettre le mal.
Ainsi donc, s’abstenir de pécher — s’abstenir de faire ce qu’on n’a pas le
droit de faire —ne peut en aucun sens être appelé ou considéré comme
un “sacrifice”. La Parole de Dieu ne nous invite nulle part à
sacrifier des péchés. Ces chers amis dont la consécration se borne à éviter
le péché ne vont pas plus loin en réalité que les justifiés. Ils ne sont pas
encore entrés par la porte basse du sacrifice de soi qui est plutôt le
renoncement volontaire à ce qui est juste, légitime et normal pour
mieux servir le Seigneur et sa cause.
[175]
CHRIST, FAIT, POUR NOUS, REDEMPTION
Le
mot rédemption, ici, est employé dans le sens de délivrance, de salut
considéré comme résultat de l’œuvre rédemptrice, d’une rançon versée, d’un
prix correspondant acquitté. L’idée contenue dans ce mot nous transporte à
l’acte final de la victoire de l’Eglise, la naissance de la Nouvelle
Création, bien qu’on puisse y voir également toutes les délivrances dont les
fidèles sont les objets tout au long du chemin étroit pour aboutir au “salut
éternel” dans la gloire, l’honneur et l’immortalité de la Première
Résurrection.
L’apôtre nous assure que le sacrifice de notre Seigneur a obtenu pour nous
une “rédemption éternelle”, une délivrance éternelle de l’esclavage du péché
et de la sentence qui s’y attache : la mort (Hébreux
7 : 25 ;
9 : 12). Cette rédemption concerne le monde dans son ensemble.
En son temps le Seigneur accordera à tous ceux qui voudront retrouver
l’accord avec les exigences divines une Rédemption éternelle du péché
et de la sentence qui frappe celui qui le commet: la mort. Mais comme nous
l’avons déjà vu (1), cette délivrance éternelle qui, dans l’âge prochain,
intéressera le monde entier en mettant chaque être humain en état de
connaître la vérité sous la règle du Royaume de Dieu, est, à présent,
exclusivement applicable à la maison de la foi et, parmi ceux-ci,
positivement à ceux qui gravissent le sentier du sacrifice sur les traces du
Souverain Sacrificateur comme membres du “Sacerdoce Royal”. Leur “rédemption
éternelle” du péché et de la mort sera acquise au titre de membres de la
Nouvelle Création couronnés de gloire, d‘honneur et d’immortalité.
Examinons quelques autres textes dans lesquels le même mot grec APOLUTROSIS
(délivrance, salut) est traduit par rédemption. Notre Seigneur, parlant du
salut
(1)
Voir les “Figures du Tabernacle” page 92.
[176]
qui
doit nous venir par la Première Résurrection, dit à ceux qui, vivant
à la fin de l’âge, discerneront les signes des temps: “Levez vos têtes
car votre Rédemption approche” (Luc
21 : 28). L’apôtre exhorte la même classe de nouvelles créatures
et dit: “N’affligez pas le saint esprit de Dieu par lequel vous avez été
scellés pour le jour de la Rédemption” (Ephésiens
4 : 30). Ces textes ne se rapportent pas à l’œuvre de rédemption
effectuée par le sacrifice de notre Seigneur mais aux résultats de cette
œuvre à mesure qu’ils deviendront effectifs avec le perfectionnement de
l’Eglise qui est son Corps dans la Première Résurrection. Dans la même
épître (1
: 7) l’apôtre déclare : “Nous avons la rédemption par son
sang”. Ici il parle évidemment des bienfaits dont nous jouissons dans la
vie présente en raison des mérites du sacrifice de Jésus qui couvre nos
fautes et produit au delà de toute mesure un poids éternel de gloire en
créant en nous le vouloir et le faire selon le bon plaisir de Dieu. La
pensée que nous aimerions dégager c’est que Christ est fait pour nous
délivrance dans le temps actuel, nous donnant la victoire dans les
combats présents comme il nous donnera la complète victoire lorsqu’il nous
rendra parfaits et à sa ressemblance.
La
même pensée est encore exprimée par le même apôtre lorsqu’il nous assure (Romains
3 : 24) que nous sommes justifiés gratuitement par sa grâce (et
que nous continuons de l’être tant que nous demeurons en Christ) “par le
moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ”. Cette rédemption sera
complète, pour ce qui nous concerne, lorsque nous lui serons faits
semblables, que nous le verrons tel qu’il est et que nous partagerons
la gloire au jour de la rédemption (délivrance). Dans la même épître (8
: 23) l’apôtre parle encore de l’achèvement de notre rédemption
ou délivrance, comment nous devons l’attendre jusqu’au moment fixé par Dieu.
Après avoir établi que “la création tout entière soupire et souffre les
douleurs de l’enfantement, dans l’attente de la manifestation des fils de
Dieu (la Nouvelle Création glorifiée)” il ajoute : “Et ce n’est
pas elle seulement mais
[177]
nous aussi
(les appelés et les engendrés pour la Nouvelle Création) qui avons les
prémices de l’Esprit, nous aussi nous soupirons en nous-mêmes en attendant
l’adoption, la Rédemption (délivrance) de notre corps” —
du corps de Christ, l’Eglise, dont Jésus est la Tête et nous, les membres en
perspective. Et ceci sera l’a conclusion de l’œuvre de rédemption à notre
endroit, car bien qu’ayant part à nombre de bénédictions et
d’avantages dans le présent, notre rédemption ne sera pas complète ou
définitive avant ce moment là. —
Romains 8 : 20 à 23.
Au
sujet de notre condition présente — la part dans la rédemption qui déjà est
nôtre — notre Seigneur déclare “Celui qui croit en moi a la vie
éternelle” (Jean
6 : 47) et l‘apôtre: “Celui qui a le Fils a la vie” (1
Jean 5 : 12). Cette croyance nous ne devons pas comprendre
qu’elle soit simplement un acquiescement mental à certains faits se
rapportant au divin plan de salut, mais plutôt une foi dans le sacrifice de
propitiation accompagnée d’une conduite orientée dans le sens de
l’opposition au péché en un mot d’une foi vivante se manifestant par une
obéissance du cœur. De même il ne faut pas comprendre que ces textes
signifient que les croyants ONT la vie éternelle dans le plein sens du
terme, telle qu’ils l’auront éventuellement par une participation à la
Première Résurrection. Il convient plutôt d’entendre par là que les croyants
consacrés sont engendrés à une nouveauté de vie, que la vie nouvelle a
commencé en eux dans le sens que leurs volontés acceptées de Dieu sont
considérées par lui comme des commencements de nouvelles créatures qui
deviendront réelles par la vertu de la Première Résurrection.
Les
déclarations précédentes s’accordent avec ce que dit l’apôtre : “Nous
sommes sauvés en espérance” —par la foi — considérés comme sauvés et non
pas absolument sauvés. C’est pourquoi nous devons attendre avec patience
l’achèvement de la bonne œuvre que Dieu a commencée en nous — attendre “la
grâce (salut) qui nous sera apportée lorsque Jésus-Christ apparaîtra”
— [178]
“lorsqu’il viendra
pour être glorifié dans ses saints”. —
1
Pierre 1 : 13 ;
2
Thessaloniciens 1 : 10 .
La
rédemption (délivrance) qui est en Jésus-Christ —celle dont nous jouissons
maintenant aussi bien que celle qui sera bientôt achevée en nous — est
partout identifiée dans l’Ecriture au sacrifice que notre Seigneur a
consenti en notre faveur. Tandis que sa mort constituait le prix libérateur
de la sentence qui pèse sur nous, sa résurrection était indispensable. Un
Sauveur mort n’aurait pu aider le racheté à retrouver ce qui était perdu.
Les expériences que fit le Seigneur lui-même sur le plan du sacrifice, le
qualifie hautement pour mener à bien la grande délivrance de la création
gémissante qu’il s’est acquise par son sang. L’apôtre le signale: “Ayant
été tenté lui-même dans ce qu’il a souffert, il peut secourir ceux qui sont
tentés” — il peut les délivrer des tentations qui autrement
risqueraient de les dominer. “Il ne permettra pas que nous soyons tentés
au delà de nos forces; mais avec la tentation il préparera aussi le moyen
d’en sortir”. Il se peut que nous connaissions la chute, mais tant que
nous nous confions en lui il ne permettra pas que nous soyons définitivement
rejetés —dans la seconde mort.
Hébreux 2 : 18 ;
1 Corinthiens 10 : 13 .
Nous
laisser trébucher peut constituer parfois un de ses moyens pour nous
inculquer quelque leçon importante à propos de nos faiblesses et de notre
besoin de regarder à lui comme à un Berger aussi bien que comme à un
Rédempteur. Sentir notre faiblesse pour devenir fort dans le Seigneur et
dans la puissance de sa force. Il se tient devant nous comme notre Souverain
Sacrificateur qui a connu nos infirmités et possède le pouvoir de secourir à
l’heure de la tentation. Il est “indulgent pour les ignorants et les égarés
”. Il peut –“ sauver parfaitement” ceux qui s’approchent de Dieu par son
intermédiaire et demeurent en lui en une foi vivante qui implique
l’obéissance dans la mesure de la compréhension. Réjouissons-nous donc en
notre Rédempteur et Sauveur
[179]
présent, le Libérateur qui nous affranchira bientôt de la tombe par la
résurrection, le Consommateur de notre foi. —
Hébreux 2 : 17 et 18 ;
4 : 15 et 16;
5 : 2 ;
7 : 25 et 26.
O toi, Dieu de mon salut
Mon Rédempteur, mon Maître
Par ton pouvoir j’accède au but
Que tu m’as fait connaître.
Sur tes traces, ô mon Sauveur
Je veux marcher, te suivre
Par ton aide je suis sans peur
Pour toi seul je veux vivre.
Autour de moi je veux crier
Combien ta grâce est grande
Du péché tu m’as retiré
Accepte mon offrande.