LA NOUVELLE CRÉATION
ETUDE VII
LA LOI DE LA
NOUVELLE CREATION
* *
*
Octroyer une loi implique de
POUVOIR l’observer — La loi divine écrite à l’origine — Une loi de vie
ne pouvait être donnée à une race déchue La rédemption, résultat non de
la loi mais de la grâce — L’alliance de la Loi accomplie et la Nouvelle
Alliance scellée par l’unique sacrifice de Christ — La Loi du Sinaï ne
concerne que l’Israël selon la chair — La loi de la Nouvelle Alliance —
Le commandement qui préside au développement des saints — La Nouvelle
Création séparée et distincte sur le plan de la relation et de
l’alliance avec Dieu — Croître dans l’appréciation de la Loi parfaite —
Courir vers le but et s’y tenir ferme — La Règle d’or — La loi parfaite
de la liberté.
* *
*
Quand
une autorité compétente impose une loi, cela implique la possibilité, de la
part de celui qui en est l’objet, d’observer cette loi ou que des
dispositions ont été prises pour régler les cas de non observance. Le fait
de donner une loi présuppose la probabilité de sa violation.
[394]
En
conséquence, une loi comporte toujours la prévision de pénalités encourues.
Ainsi, dans le cas d’Adam qui — nous est-il rapporté — fut créé à l’image et
à la ressemblance de Dieu et sur qui passa la sentence ou malédiction pour
désobéissance à la volonté divine, on peut déduire qu’une loi suffisamment
explicite doit lui avoir été communiquée. Autrement, son Créateur n’aurait
pu, en toute justice, le condamner en tant que transgresseur. Les Ecritures
précisent que le péché de l’Eden fut une désobéissance à un ordre divin.
L’équité de la sentence de mort prononcée contre Adam et, à travers lui, par
le jeu des lois de nature contre sa postérité, implique qu’il connaissait
parfaitement la loi à laquelle il était soumis et qu’il la viola sciemment.
Autrement la faute en incomberait à celui qui a prescrit le règlement :
Qu’Adam se soit trouvé on état de recevoir la loi divine et de s’y soumettre
se trouve confirmé par le fait qu’aucune disposition bienveillante ne fut
prévue en cas d’infraction — aucun médiateur. La pénalité lui fut appliquée
intégralement.
Rien
ne permet de supposer que le Créateur communiqua à Adam et à Eve un code
gravé sur la pierre ou par quelque autre moyen. Une telle codification étant
nécessaire aujourd’hui en raison des insuffisances humaines, nombreux sont
ceux qui ne voient pas de quelle manière l’homme parfait Adam a pu être régi
par une loi parfaite qui fut à l’origine de son épreuve et devint
l’instrument de sa condamnation. C’est une erreur de croire que les lois
doivent nécessairement être consignées par écrit, sur le papier, la pierre
ou autrement, et de ne pas réaliser qu’une forme supérieure d’écriture ait
pu être employée lorsque l’homme fut créé dans une relation si étroite avec
les principes de justice qu’il on fut pétri ou qu’en tout état de cause la
loi divine — l’appréciation du bien et du mal — fut comme écrite dans son
organisme parfait. C’est dans ce sens que la loi de Dieu est écrite dans la
personnalité de Dieu lui-même, dans celle de tous les anges et qu’elle le
fut dans la fibre même d’Adam et d’Eve. Ils n’étaient pas enclins au péché.
[395]
Ils
étaient au contraire portés vers la justice. Ils étaient justes et se
trouvaient dans une ambiance parfaite. Ils étaient conscients de leurs
obligations envers leur Créateur et du courant de leurs responsabilités. Ils
connaissaient, non pas vaguement mais avec précision, l’objet de ses
commandements. Leur transgression a donc été sans excuse. On pourrait, par
miséricorde, leur trouver des excuses, faire valoir leur inexpérience,
etc... sur le plan du châtiment. Mais le fait de n’avoir peut être pas tout
à fait mesuré la portée du salaire du péché ne modifie en rien cet autre
fait qu’ils faisaient la différence entre la bonne ligne de conduite et la
mauvaise. Ils savaient qu’ils faisaient bien en obéissant à Dieu et mal en
lui désobéissant. Et ceci n’a rien à voir avec l’appréciation des malheurs
consécutifs à leur désobéissance qu’ils ont pu se faire. L’Apôtre confirme
le récit de la Genèse dans tous ces détails lorsqu’il dit “qu’Adam ne fut
pas séduit” — qu’il se fit transgresseur, le sachant et le voulant, et
encourut la malédiction, la sentence frappant tout péché volontaire que son
Créateur lui avait signifiée auparavant: la mort.
En
regardant autour de nous de nos jours, on peut se rendre compte que le monde
en général a perdu énormément cette ressemblance à Dieu dans laquelle nos
premiers parents furent créés à l’origine. Les gens ont perdu dans une très
large mesure cette perception intuitive du bien et du mal. La loi divine,
autrefois enracinée dans la nature humaine, s’est terriblement effacée au
cours des six mille ans passés du “règne du péché et de la mort”. Grâce à
ses rapports avec quelques membres de la famille humaine, Dieu a fait
revivre cette loi originelle dans bien des cœurs et y a retracé plus ou
moins profondément les grands principes de justice. Malgré cela et même chez
les plus civilisés et les plus christianisés on n’ose pas formuler de
jugement certain quant au pour et au contre de bien des questions Nous avons
donc encore besoin d’avoir devant nous certains modèles divins qu’il nous
soit possible de consulter et sur lesquels on peut aligner se conception du
bien et du mal pour la
[396]
rapprocher de la norme divine. Toutefois on retrouve fréquemment chez les
plus dégradés du monde païen des restes de conscience et certaines idées
plus ou moins grossières sur le bien et le mal. Ce sont des débris faussés
et tordus de la loi originelle de l’être humain lorsqu’il fut créé à
“l’image de Dieu”. L’apôtre discute de cet état de choses parmi des païens
lorsqu’il écrit : “leurs pensées s’accusent et se défendent tour à tour”.
il déclare qu’ils “montrent que l’œuvre de la loi est écrite dans
leur cœur” ce qui subsiste de la loi originelle, preuves fragmentaires
qu’elle fut autrefois innée à la nature humaine. —
Romains 2 : 15.
Il
existe dans la société humaine des lois à l’adresse des criminels et des
dois pour ceux qui ne le sont pas :
1)
des lois civils qui garantissent la vie, la paix, da liberté, etc... à ceux
qui s’y conforment et menacent ceux qui les violent de privation de liberté
par la prison
2)
des lois intéressant ceux qui sont reconnus coupables et les traitent avec
plus ou moins de sévérité ou d’indulgence sans que jamais pourtant la
liberté leur soit rendue.
Il en
va de même avec la loi divine. Nous avons tout d’abord la loi originelle qui
devint la pierre de touche de l’épreuve d’Adam. Ce dernier disposait de la
vie, de la paix, du bonheur, de tout ce qui lui était utile, et la loi lui
garantissait tous ces biens aussi longtemps qu’il demeurerait dans
l’obéissance envers son Créateur. La peine de mort était prévue dans le cas
contraire, “Mourant, tu mourras” et devait s’étendre par voie
d’hérédité à la descendance. Dès sa transgression Adam devint donc un
coupable, un condamné, privé des perspectives de vie dont il jouissait
l’instant auparavant, privé de sa demeure édénique, privé de liaison
avec son Créateur. La terre non aménagée devint son pénitencier et la tombe
sa prison à perpétuité. La loi qui le concernait auparavant n’avait plus
d’objet dans le sens qu’elle ne représentait plus pour lui aucune
expectative de vie mais l’avait déjà condamné à mort. Il ne relevait plus de
la loi de vie, aucun de ses enfants ne naissait sous cette loi de vue.
[397]
Sans
plus aucun espoir de parvenir à la vie éternelle: tous étaient prisonniers.
Dans un sens figuratif le péché et la mort étaient devenus leurs capteurs,
leurs tourmentateurs, leurs geôliers.
Mais
si la loi originelle ne pouvait plus jouer en leur faveur puisqu’elle avait
déjà exprimé sa vengeance contre eux, par contre ils se trouvaient encore
soumis à certaines lois de nature, Celle-ci entre autres: toute violation de
leur conscience, tout engagement plus marqué dans ce qu’ils reconnaissaient
être le mal précipitait leur déchéance et leur mort; d’autre part, plus ils
s’efforçaient de se rapprocher de ce qu’ils reconnaissaient être le bien,
rendait plus favorable le climat de leur condition de prisonniers sans que
pour cela le moindre espoir d’échapper pût être escompté.
L’apôtre demie à entendre qu’il n’était pas possible que Dieu donna une loi
de vie à notre race tombée. Les humains étaient condamnés à juste titre et,
aussi longtemps que la sentence subsistait, aucune loi ne pouvait
être donnée dont d’observance aurait pu permettre d’échapper à la mort.
Avant qu’aucune loi de ce genre puisse être donnée à la famille humaine il
fallait que la malédiction ou condamnation de la première loi produisît son
effet puis fût levée. après cela, d’autres dispositions pourraient
être prises comportant des offres de vie éternelle sous centaines conditions
mais pas avant que propitiation pour la première transgression n’eut été
faite et que l’annulation de la sentence n’eut été prononcée. L’Eternel a
donné à entendre son intention de pourvoir à quelque moyen de propitiation
pour le péché, de façon à donner à l’humanité une autre occasion de vie
éternelle au lieu de celle qui fut offerte à Adam et que celui-ci perdit
pour lui et toute sa postérité. Cependant les promesses divines demeuraient
extrêmement vagues, tout juste assez pour faire naître l’espérance.
Pour cette raison, la famille humaine, prisonnière du Péché et de la Mort,
est considérée, vue sous l’angle des promesses divines, comme des “captifs
pleins d’espérance”.
[398]
L’une
de ces allusions à une propitiation se retrouve dans les termes dont se
servit l’Eternel lorsqu’il prononça la sentence, lorsqu’il déclara que la
postérité de la femme écraserait la tête du serpent (Genèse
3 : 15). Par cette figure de langage, l’Eternel annonçait un
renversement des puissances du Mal, une victoire qui viendrait à la famille
adamique et par son intermédiaire. Cette postérité de la femme, comme nous
le savons tous a trouvé sa réalisation dans le Christ. Quatre mille ans
après la chute, Dieu envoya son Fils, “né d’une femme” — par
conséquent membre de, identifié à la race condamnée — “afin que par la
grâce de Dieu, il goûtât la mort pour tous” — subît la peine
pour tous, renversât le cours de la malédiction, la sentence de mort,
pour que chaque être humain jouisse d’une condition juridique qui puisse
permettre qu’une loi de vie lui soit appliquée, loi dont l’observance lui
vaudrait la vie éternelle.
Avant
d’envoyer son Fils et de réaliser, par lui, la rédemption de l’homme, Dieu
observa une attitude particulière envers Abraham et sa famille connue plus
tard sous le nom d’Israël. Pour commencer, l’Eternel fit à Abraham, à Isaac
et à Jacob certaines promesses plus ou moins explicites par lesquelles il
les informait de ses intentions bienveillantes de bénir toutes les familles
de la terre. Un message de cette importance, venant de la part du grand Juge
qui avait condamné la race voulait dire beaucoup. Il annonçait soit une
violation de la Justice, soit la levée de la malédiction ou sentence, ou
encore que la Cour Suprême de l‘Univers avait un projet grâce auquel elle
demeurerait juste tout en exerçant la miséricorde envers ceux qui s’en
montreraient dignes et s’aligneraient sur ses directives. Les Patriarches se
réjouirent de ces promesses et entrevirent avec plus ou moins de netteté une
vie future par une résurrection des morts, ce qui serait une bonne chose non
seulement pour eux et leur descendance mais encore pour chaque être humain.
[399]
Dans
la ligne de cette promesse faite à Abraham, l’Eternel donna à ses
descendants, les Israélites, une Loi particulière au Mont Sinaï. Cette Loi
constituait la base d’une Alliance avec eux. S’ils observaient cette Loi,
alors toutes les promesses seraient leurs. Cette Loi fut reconnue être
parfaite, juste et bonne dans tous ses détails. Mais comme les Israélites
étaient, eux aussi, déchus, imparfaits, il fut nécessaire, d’abord, qu’un
médiateur, Moïse, fut établi; et qu’ensuite il fut trouvé un moyen grâce
auquel les infractions à cette Loi, commises par le peuple, pussent être
figurativement remises une fois chaque année. Une disposition de ce genre
permettrait ainsi à la masse de persévérer dans son effort à observer la
Loi, génération après génération. L’institution de cet office de médiateur —
Moïse — et des sacrifices typiques pour les péchés, tout cela montre que le
peuple à qui cette Alliance et cette Loi avaient été données, n’était pas
considéré comme capable d’y obéir avec toute la rigueur possible. Il y a ici
contraste évident avec la Loi originelle en Eden qui ne prévoyait aucun
médiateur ni aucune disposition en cas de faute. Et ce fait là atteste
absolument qu’Adam était parfait, à l’image et à la ressemblance de son
Créateur, capable d’une obéissance stricte à la Loi divine. Il prouve en
outre que la race, entre temps, avait beaucoup dégénéré, puisque La Loi
mosaïque tenait compte de la nature humaine déchue.
L’apôtre assure, d’autre part, qu’aucun Juif, sauf notre Seigneur Jésus, ne
réussit jamais à observer la Loi sans aucune défaillance. Lui seul, donc,
Jésus, avait gagné, ou aurait pu obtenir le bénéfice de l’Alliance de la Loi
conclue avec Israël. Voici ce que dit l’apôtre : “Nul ne sera justifié
devant lui par les œuvres de la Loi”. Cette Loi servait donc un double
but :
1)
montrer que personne n’est à la hauteur de la loi divine et que personne
n’est recevable devant Dieu ;
2)
déclarer en outre que notre Seigneur Jésus était parfait puisqu’il sut
satisfaire aux exigences de la Loi, ce dont aucun être imparfait n’était
capable. En accomplissant la Loi, il devenait l’unique héritier de
l’Alliance faite avec Abraham. Il
[400]
était ainsi désigné comme la postérité prédite d’Abraham par laquelle
toutes des familles de la terre seraient bénies. Cette Alliance, atteignant
son summum en Jésus Christ, prit fin, tout au moins en ce qui concerne la
parution de la postérité promise. Car, en examinant de plus près cette
promesse, nous la trouvons double à certains égards puisqu’elle désigne une
postérité spirituelle et aussi une postérité terrienne, comme il est écrit
“Ta postérité sera comme les étoiles du ciel et comme le
sable de la mer” —
Genèse 22 : 17 .
Ayant
accompli l’Alliance, Jésus détient en son pouvoir toute la question de la
bénédiction des familles de la terre. Conformément au plan divin selon
lequel il agit et agira, il lui plaira d’utiliser quelques membres de la
postérité terrienne, de l’Israël selon la chair, comme agents ou
intermédiaires dans cette œuvre de bénédiction. De ce fait, d’Alliance, sur
le plan de l’Israël naturel, n’est pas tout à fait écartée. Au contraire,
comme d’apôtre le déclare, une faveur attend l’Israël selon la chair après
que le Royaume des Cieux aura été établi à la seconde venue du Seigneur. Il
dit : “Dieu ne se repent pas de ses dons ni de son appel”, “En ce qui
concerne l’élection, ils sont aimés à cause de leurs pères”, “Afin que par
la miséricorde qui vous a été faite (à l’Eglise), ils obtiennent aussi
miséricorde", “Dieu les a tous renfermés dans la désobéissance pour faire
miséricorde à tous”. Il veut dire que le Libérateur qui viendra de Sion
pour la bénédiction du genre humain, détournera d’abord les iniquités de
Jacob et ainsi, Jacob — l’Israël selon la chair coopérera à la bénédiction
du monde
Romains 11 : 26 à 32 .
Ainsi
donc, jusqu’à la première venue du Maître, le monde se trouvait sans loi,
sauf celle de la nature — la loi qui règle notre condition de décrépitude et
d’emprisonnement, celle d’après laquelle nous pouvons précipiter notre fin
et nos misères sans pouvoir y échapper ou d’après laquelle, bien que la mort
soit à notre endroit une chose sûre et certaine, nous puissions, dans une
certaine mesure différer son exécution ou en atténuer les rigueurs.
[401]
Nous
avons vu également que l’unique autre Loi ou Alliance fut celle dont Israël
fut l’objet et à propos de laquelle Moïse a dit expressément qu’elle ne
concernait aucun autre peuple. “Ce n’est point avec nos pères que
l’Eternel a conclu cette alliance mais avec nous, nous qui nous trouvons
ici, aujourd’hui, tous vivants” (Deutéronome
5 : 3). Nous avons vu encore que cette Loi, loin de justifier
l’Israélite, et loin de lui assurer la jouissance des bienfaits de
l’Alliance garantis par cette Loi, n’a fait que mettre en relief l’échec de
tous sauf un — l’homme Jésus-Christ, notre Seigneur et Rédempteur. Voyons la
question de plus près pour nous rendre compte de qu’elle manière la Loi
divine opère maintenant.
Notre
Seigneur Jésus remplit - c’est-à-dire accomplit — le contrat sinaïtique de
la Loi divine par sa mort. Le fond de cette Loi du Sinaï peut se résumer
ainsi :“Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ta
force et de toute ta pensée et ton prochain comme toi-même”. Le Père
céleste avait tout arrangé de manière que son Fils bien-aimé, quittant la
gloire de sa condition spirituelle pour une mutation au degré inférieur de
l’homme parfait vivant dans le milieu d’hommes imparfaits, apprécia tout
d’abord la volonté du Père de devenir le rédempteur de l’homme. Il ne lui en
était pas fait obligation. Il était tout à fait libre de choisir de se
complaire à lui-même. Mais en agissant ainsi il n aurait pas accompli la Loi
qui commande d’aimer Dieu par dessus tout — plus que soi — et de prendre
plaisir à exécuter la volonté divine au point d’y sacrifier de plein gré sa
volonté propre et même sa vie.
C’est
du moins ce qu’impliquent les paroles : “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu
de tout ton cœur, de toute ta force et de toute ta pensée”. Un amour
pour Dieu aussi profond que celui-là n’hésite pas à déposer sa vie, tout son
être, sa vigueur en sacrifice vivant pour la réalisation du plan divin.
Comme l’apôtre l’explique, s’étant trouvé être humain et pénétrant la portée
du programme divin, Jésus se donna sans réserve pour être le sacrifice de
l’homme. Et il le fit avec joie comme il est écrit :
[402]
“Je veux faire ta volonté ô mon Dieu, et ta loi est au fond de mon cœur”
(Psaume
40 : 9). Sans doute l’amour pour les hommes auxquels il était
apparenté du fait de sa naissance, fut aussi un facteur. Cependant les aimer
comme lui-même n’allait pas jusqu’à se sacrifier pour eux. Aller jusqu’à ce
point c’était aimer les hommes plus que soi. Ce fut donc son obéissance à
cette première partie de La Loi qui fut à l’origine du sacrifice de l’homme
Jésus-Christ. Et comme nous le voyons tout ceci gravitait autour de
l’Alliance de la Loi, car il était né sous la Loi et soumis à ses exigences.
Il n’aurait pu devenir héritier de cette promesse abrahamique sans cette
obéissance jusqu’à la mort.
La
mort réalisa autre chose. Outre le fait de se démontrer digne, d’être
considéré comme la postérité promise d’Abraham, avec la compétence de bénir
le monde, il assura la Rédemption d’Adam et de sa descendance de la
sentence de mort prononcée contre lui à l’origine. Dans les dispositions
divines, les deux faits s’établirent simultanément, grâce au même sacrifice.
Cependant il faut distinguer clairement entre les deux. Non seulement notre
Seigneur accomplit l’Alliance de la Loi par son obéissance jusqu’à la
mort, mais encore il garantit une Alliance Nouvelle par cette même
mort. Comme nous l’avons vu, l’Alliance de la Loi déterminait sa dignité
personnelle tandis que la Nouvelle Alliance se rapporte à l’humanité. La
sentence de mort pesait sur la race humaine et la bénédiction permanente ne
pouvait lui être assurée que si, d’abord, la peine originelle était
accomplie et levée. Avant cela personne n’avait ni n’était susceptible
d’avoir le droit de secourir la race adamique et de la relever de La mort à
la vie: la sentence divine lui était appliquée et Dieu ne pouvait d’aucune
manière innocenter le coupable aux dépens de sa propre Loi. Admirons
l’arrangement divin qui, dans la même action, non seulement éprouva le
Rédempteur quant à sa dignité de devenir le libérateur, celui qui relèvera
l’humanité, mais encore paya la rançon d’Adam et par voie de conséquence
celle de toute sa descendance entraînée à sa
[403]
suite dans le péché et dans la mort! Nous avons déjà traité (1) ce sujet
et nous n’irons pas ici dans le détail.
Nous
nous bornons ici à envisager la Loi divine. La Loi du Sinaï ne concernait
que la postérité d’Abraham. Le reste du monde était laissé sans Dieu, sans
espérance, sans but, sans encouragements, sans promesses — des étrangers et
des gens du dehors (Ephésiens
2 : 12). L’Alliance du Sinaï a pris fin pour ce qui est de la
grande épreuve et du prix qui lui était attaché. Nous avons encore considéré
qu’une nouvelle alliance avait été garantie (Hébreux
7 : 22) et rendue efficace par le sang de Christ. Nous nous
demandons maintenant si oui ou non, cette nouvelle alliance est entrée en
action, et, dans l’affirmative, si une nouvelle Loi l’accompagne de même que
la Loi du Sinaï servait de complément à l’Alliance de la Loi. Nous répondons
que La Nouvelle Alliance n’est pas devenue effective pour ce qui est du
monde. Elle n’entrera en vigueur et ne jouera à plein qu’à la seconde venue
de Christ. Alors, comme nous venons de le voir, l’Israël selon la chair, se
trouvera parmi les premiers humains à profiter de l’Alliance Nouvelle.
La
Nouvelle Alliance ne parlera pas seulement de paix sous le rapport de la
malédiction originelle en la déclarant annulée par le Rédempteur, ainsi que
la possibilité de revenir au Père, par lui, et par une obéissance possible,
d’être affranchi de la condamnation première, mais encore elle usera de
miséricorde envers l’Israël naturel condamné supplémentairement par
l’Alliance de la Loi. Elle fera connaître à chaque créature qu’il a été
pourvu, non seulement à une rédemption pour les péchés passés, mais encore
que toutes les faiblesses et les imperfections qui entravent l’humanité
seront prises en considération ; que les hommes seront traités d’après ce
qu’ils sont réellement ; qu’ils seront aidés, par les lois du Royaume
médiational de Christ à se relever, petit à petit, des conditions de mort
mentale, morale et physique jusqu’à l’épanouissement complet de la
perfection humaine qui leur permettra
(1) Voir volume V. chapitres
14 et 15.
[404]
d’affronter l’épreuve devant le Tout Puissant pour démontrer s’ils sont
dignes ou non de la vie éternelle sous les lois de son empire. Cette
nouvelle alliance comporte donc toute la somme de miséricorde et de
faveur que Dieu veut accorder au monde humain pendant l’Age Millénial. C’est
l’alliance du pardon, de la faveur et du relèvement pour tous ceux qui, une
fois leurs yeux ouverts et leurs oreilles débouchées, profiteront de cette
grâce de Dieu en Jésus-Christ.
LA LOI DE LA NOUVELLE ALLIANCE
Une
Loi accompagnera cette Nouvelle Alliance. Ce sera la même Loi divine qui ne
change pas mais se présente différemment suivant les moments. Ce sera encore
la même Loi d’opposition au péché, de faveur et de bénédiction pour ce qui
est juste. Cette norme absolue existera toujours pour le monde pendant l’Age
Millénial et il faudra que chacun atteigne et se rapproche le plus possible
de cette norme. Cependant il y aura des facilités pour celui qui aura
choisi d’obéir et selon ses faiblesses. Celle-ci disparaîtront petit à petit
sous les influences bienfaisantes du climat de relèvement qui existera alors
et à mesure qu’il progressera dans la voie de l’obéissance. Il est écrit à
ce propos : “Mais voici l’alliance que je conclurai avec la maison
d’Israël après ces jours-là, dit l’Eternel, Je mettrai ma Loi au dedans
d’eux et je l’écrirai dans leur cœur... et je ne me souviendrai plus de leur
péché” —
Hébreux 8 : 10 ;
Jérémie 31 :33, 34.
Dans
ces textes, il est question de l’effacement des péchés et iniquités passés,
et de l’œuvre graduelle de l’Age Millénial consistant à retracer, à
réécrire, la Loi divine dans le cœur des hommes qui le voudront. Cette
réécriture de la Loi de Dieu dans le comportement des hommes, n’est qu’une
autre manière d’annoncer “le rétablissement de toutes choses dont Dieu a
parlé par la bouche de tous ses saints prophètes” qui s’accomplira au
grand jour du règne de Christ. N’oublions pas cette autre déclaration
positive “Et il arrivera que celui qui
[405]
n’écoutera pas ce
Prophète (celui qui
n’acceptera pas que cette Loi divine soit à nouveau écrite dans son
caractère) sera retranché du milieu du peuple” —
Actes 3 : 23 .
Mais
revenons un instant sur nos pas. Nous avons envisagé l’action de la Nouvelle
Alliance pendant l’Age Millénial, pendant le temps où Celui qui a racheté
l’humanité exercera son pouvoir et son autorité de grand Prophète, de grand
Maître occupé à relever le monde et à réécrire la Loi divine dans le cœur
des hommes. Voyons maintenant ce qui s’est passé entre temps, entre le
moment de la cessation de l’Alliance de la Loi réalisée en Jésus-Christ et
celui de l’inauguration de la mise on place de la Nouvelle Alliance dans
l’Age Millénial. Existe-t-il pendant ce temps une Alliance quelconque régie
par une Loi en relation avec elle ? Nous répondons qu’au cours de cet
intervalle de l’Age de l’Evangile, le Seigneur choisit les membres de la
Nouvelle Création, qu’une Alliance se trouve maintenant on vigueur et qu’une
Loi la gouverne. Pour comprendre ceci il faut se rappeler les paroles de
l’apôtre : “La Loi a été ajoutée à cause des
transgressions, jusqu’à ce que vint la postérité à qui la promesse avait été
faite”. Ainsi, l’Alliance de la Loi donnée au Sinaï, fut une ajoute à
une Alliance précédente. Cette dernière ne pouvait être que l’Alliance
abrahamique qui avait eu force pendant quatre cent trente ans avant que
l’Alliance de La Loi ne fut ajoutée. L’apôtre attire l’attention sur
ce fait que “la Loi survenue quatre cent trente ans plus tard”
ne pouvait annuler l’Alliance précédente ni la rendre inefficace —
Galates 3 : 19,17 .
Ainsi
donc, lorsque l’Alliance de la Loi fut accomplie par notre Seigneur Jésus,
l’ancienne Alliance abrahamique demeura tout comme avant que l’Alliance de
la Loi ne fut ajoutée. Cette Alliance abrahamique est celle qui règle la
formation de la Nouvelle Création. En voici les termes: “En toi et en ta
postérité, toutes les familles de La terre seront bénies”. L’apôtre
explique que cette postérité d’Abraham dont il est question dans la promesse
c’est Christ — Jésus—Christ notre Seigneur. Puis il ajoute : “Si donc
vous êtes à Christ (Si vous êtes devenus
[406]
membres du Corps de Christ) vous êtes la postérité d’Abraham et
héritiers selon la promesse” ou Alliance—
Galates 3 : 16,29.
Et
voici nos déductions car l’apôtre dit plus loin “Vous, frères, comme
Isaac, vous êtes enfants de la promesse” dans un sens tout différent que
l’étaient les Juifs sous la Loi. Il marque nettement la distinction entre
cet Israël selon l’esprit et l’Israël naturel. Il précise que les
descendants de Jacob ne sont pas les enfants d’Abraham dont la promesse fait
état mais que les enfants de la foi constituent la Postérité. Il explique
qu’Abraham était une figure du Père céleste; que Sara, sa femme représentait
cette Alliance de laquelle devait procéder tant de bienfaits. Mais, comme
Sara fut stérile pour un temps et ne porta pas la postérité promise, ainsi
l’Alliance de Dieu fut stérile pendant près de deux mille ans et ne commença
à produire la Postérité de la Promesse que lorsque notre Seigneur ressuscita
des morts. A ce moment La Tête de la Postérité d’Abraham naquit, et plus
tard, l’Isaac antitypique, sera délivré (“naîtra d’entre les morts”)
dans la condition spirituelle. Alors la Postérité étant formée, la Promesse
ou Alliance pourra se réaliser : toutes les familles de la terre seront
bénies.
Ce
fut au cours de la stérilité de cette première Alliance qu’une autre
Alliance fut ajoutée : l’Alliance juive du Sinaï ou Alliance de la
Loi. Elle produisit des enfants, une postérité charnelle ne se rapportant
pas à la promesse et inapte à la remplir. L’apôtre montre que cette Alliance
de la Loi était représentée par la servante de Sara, Agar, et que les Juifs
soumis à l’Alliance de la Loi étaient représentés en Ismaël, son fils. Comme
le fils de la femme servante (Agar) ne devait pas hériter avec le fils de la
femme libre (Sara), cela voulait dire que les Juifs assujettis à l’Alliance
de la Loi n’hériteraient pas de la promesse faite à Abraham laquelle devait
aller à l’Israël selon l’esprit. Toute cette question est joliment exposée
ou détail par l’apôtre dans sa lettre aux
Galates (chapitre 4). Son argumentation est dirigée contre ceux
qui prétendaient à tort que les chrétiens devaient se faire Juifs et se
soumettre à l’a loti de M6ise pour hériter de La promesse faite à Abraham.
[407]
Au
contraire, dit l’apôtre Paul tous ceux qui se mettent sous la Loi se mettent
sous le joug de la servitude alors que la Postérité spirituelle d’Abraham
doit être libre comme l’était Isaac — ce qu’Ismaël n’était pas. Il va plus
loin et affirme que si un païen, qui n’a rien à voir avec la Loi, se
considère comme assujetti à cette Loi, il se sépare lui-même de la véritable
Postérité d’Abraham et se range au nombre des Ismaélites antitypiques. Voici
ce qu’il écrit : “Moi, Paul, je vous dis que si vous vous faites
circoncire Christ ne vous servira de rien. Et je proteste encore à tout
homme qui se fait circoncire, qu’il est tenu de pratiquer la Loi tout
entière. Vous êtes séparés de Christ, vous tous qui cherchez la
justification dans la Loi ; vous êtes d’échus de la grâce”. De toutes
ses forces il insiste auprès des Juifs qui ont été libérés de la Loi par la
mort de Christ, et auprès des Gentils qui n’ont jamais connu l’Alliance de
la Loi mais ont accepté Christ et l’Alliance de la grâce. “Demeurez donc
fermes dans la liberté par laquelle Christ nous a affranchis et ne vous
laissez pas mettre sous le joug de la servitude” —
Galates 5 : 1 à 4.
C’est
donc la “Nouvelle Création” avec Christ comme Tête qui constitue la
Postérité d’Abraham conformément à cette Alliance première ou abrahamique
grâce à laquelle le monde doit être béni par la rédemption et le
rétablissement. Il n’y a donc pas lieu de s’étonner que, soit dans le type
lui-même, soit dans les figures utilisées par le Seigneur et les apôtres,
cette Nouvelle Création soit comparée à un homme accompli dont la
tête est Jésus-Christ tandis que les membres de l’Eglise sont les membres do
son Corps (Ephésiens
4 : 13 ;
Colossiens 1 : 18). “Pour vous frères, comme Isaac, vous êtes
enfants de La promesse” — membres de l’Isaac réel dont Jésus est le
Chef. Notre Seigneur se représente aussi sous les traits d’un époux, et son
Eglise fidèle comme sa fiancée, attendant la célébration du mariage pour
devenir son épouse. L’apôtre se sert de la même illustration quand il écrit:
“Je vous ai fiancés à un seul époux pour vous
[408]
présenter à Christ
connue une vierge pure”
(Apocalypse
21 : 2 ;
2 Corinthiens 11 : 2). Cette même image du mariage entre Christ
et l’Eglise se retrouve également dans le type lui-même. Abraham envoya son
serviteur Eliézer (représentant le saint esprit) dans le but de trouver une
épouse pour Isaac. Rébécca, acceptant l’offre, fut conduite vers Isaac et
devint se femme. Nous sommes de même appelés à devenir héritiers de Dieu et
cohéritiers avec Jésus-Christ notre Seigneur dans un héritage incorruptible
qui ne se peut ni souiller ni flétrir. Qu’elle que soit l’image considérée,
l’idée force est la même : le Christ, Tête et Corps, Epoux et Epouse faits
un, est l’héritier de l’Alliance abrahamique, de toutes les promesses et de
toutes les grâces qu’elle comporte.
L’Apôtre signale encore que le Mont Sinaï et la Jérusalem terrestre
représentaient l’Israël selon la chair qui manqua d’atteindre à la
bénédiction spirituelle. Le reste de l’Israël naturel qui fut trouvé digne
de cette bénédiction spirituelle, fut séparé de l’Israël selon la chair,
pour devenir membres du véritable Israël de Dieu, cohéritiers, avec le
Christ ressuscité, des choses célestes que Dieu tient en réserve pour ceux
qui l’aiment. Ce reste de l’Israël selon la chair et tous ceux appartenant à
la même classe spirituelle que Dieu a appelés du milieu des Gentils,
relèvent de symboles plus élevés que le Sinaï et Jérusalem. Pour eux c’est
la Montagne de Sion et la Jérusalem céleste, dont
l’Apocalypse chapitre 21 fournit une description symbolique qui
s’attache à en montrer la gloire.
La
Nouvelle Création se trouvant dans l’arrangement et les alliances de Dieu,
séparée et distincte, non seulement du monde en général mais encore de
l’Israël selon la chair ; et n’étant pas soumise d’autre part à l’Alliance
die lia Loi ou du Sinaï mais relevant de l’Alliance première, nous nous
demandons quelle Loi régit l’Alliance abrahamique, quelle Loi par conséquent
gouverne la Nouvelle Création ? L’apôtre répond à cette question: “Nous
ne sommes pas sous la Loi mais sous la grâce”. Quoi donc! Est-ce
possible? Les Nouvelles Créatures en Jésus-Christ n’auraient-elles à obéir à
aucune Loi d’ordonnances ?
[409]
Les
dix commandements du Décalogue ne leur seraient-ils pas applicables ? Pour
répondre à ceci nous poserons une autre question : Les Dix Commandements
avaient-ils force de loi sur Abraham ou sur Isaac, si la réponse est
négative, si l’on reconnaît que ces commandements ne leur ont pas été donnés
et que par conséquent ils ne se trouvaient pas obligés par l’Alliance de la
Loi, notre réponse est que les Commandements n’ont pas été donnés non plus à
la Nouvelle Création et que tous ceux qui rentrent en accord avec Dieu
connue membre de la classe spirituelle appelée Corps de Christ et “Nouvelle
Créatures en Jésus-Christ” sont libres à l’égard de la condamnation et
libres à l’égard de l’Alliance de la Loi.
La
position de cette Nouvelle Création devant Dieu et relativement à sa Loi,
etc... est séparée et distincte de celle des autres. Elle jouit devant Dieu
d’un statut nouveau - par la foi - d’un état de justification, de droiture
reconnue ainsi que nous l’avons déjà vu. Cette rectitude reconnue, imputée
grâce au mérite du sacrifice de Christ, ne couvre pas seulement les
imperfections passées, mais continue — telle une robe de justice qui
recouvre et justifie — à cacher les fautes involontaires, les taches faites
en parole, en pensée ou en action. Les Nouvelles Créatures sont toutes
figurativement représentées vêtues de vêtements blancs — la justice des
saints, la justice imputée du Rédempteur, leur Chef. Elles sont acceptées
dans l’état de membres du Corps de Christ sur la base de leur confession
d’Amour. Leur consécration est comme une déclaration d’après laquelle elles
apprécient à ce point la miséricorde et la grâce de Dieu manifestées dans la
mort de son Fils et leur justification par Lui, qu’elles aiment le
Dispensateur de toutes les faveurs dont elles sont l’objet et prennent
plaisir à offrir leurs corps en sacrifice vivant conformément à l’invitation
divine.
Cette
consécration ou sacrifice d’intérêts, d’espoirs, de visées, d’ambitions de
cette terre, trouve son point de départ non dans la crainte ni dans la
recherche égoïste d’une récompense, mais dans un amour sincère issu d’une
appréciation de l’amour divin, dans un amour réfléchi
[410]
qui veut se donner à Dieu et collaborer à la réalisation de son dessein.
Ces déclarations d’amour et de dévouement une fois acceptées par le
Seigneur, celui-ci communique son esprit et ceux à qui il leur a été
communiqué deviennent enfants de Dieu, engendrés de l’esprit saint.
“Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu et ce que nous serons
n’a pas encore été manifesté (quelle sorte de changement nous
connaîtrons lorsque nous recevrons les nouveaux corps de résurrection promis
par le Seigneur) mais nous savons que lorsqu’il paraîtra nous serons
semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est (et cette
pensée nous satisfait)”
1 Jean 3 : 2.
Le
Père céleste a-t-il soumis ses fils angéliques à la Loi du Sinaï ? Les
avertit-il de ne point avoir d’autres dieux, de ne pas se tailler d’images
et de les adorer, de ne pas convoiter, voler, porter de faux témoignage, ni
de se rendre coupable de meurtre, etc...? Notre réponse est négative. Il n’a
assurément pas imposé une telle loi à ses fils angéliques. Alors pour quelle
raison l’imposerait-il à la Nouvelle Création ? Le Père céleste n’a-t-il pas
accepté ces nouvelles créatures comme ses fils ? Ne leur a-t-il pas donné
son esprit ? Dès lors, peut-il être nécessaire de proposer des lois de cette
nature à ceux que le saint esprit anime et chez qui il a vaincu la
disposition naturelle ou volonté égoïste ? Il peut être légitime
d’assujettir des serviteurs à des règlements parce qu’ils ne sont pas
directement intéressés au bien général de la famille qu’ils servent et
peuvent ne pas partager complètement l’esprit ou disposition de leur maître.
Mais imaginez un maître de maison parfait, des fils parfaits, animés du même
esprit que leur père, prenant plaisir à faire ce qu’il veut et à collaborer
avec lui dans la réalisation de ses desseins, comment pourrait-il se faire
qu’un tel père astreignît ses fils à l’observance de règles ?
“Moïse fut en vérité fidèle comme serviteur sur toute sa maison”.
Cette maison de serviteurs fut à juste titre placée sous la juridiction de
la Loi mosaïque ajoutée par suite des transgressions jusqu’à l’apparition de
la Postérité promise . En tant qu’homme, Jésus ne brigua aucune gloire et
fut soumis, comme un serviteur, à la Loi
[411]
Il put ainsi démontrer non seulement que la Loi était juste mais il put
encore établir sa propre perfection et sa capacité de racheter le monde. Ce
fut quand il se releva d’entre les morts et devint “les prémices de ceux
qui sont morts”, qu’il devint aussi le premier né d’entre plusieurs
frères, le chef de la Nouvelle Création. Selon la chair, il était assujetti
à la Loi, mais la Nouvelle Créature, le Seigneur ressuscité, n’est pas
soumis à la Loi. Il est devenu le Chef de la nouvelle maison de fils.
“Christ est fidèle comme Fils sur sa maison (de fils) et sa maison,
c’est nous, pourvu que nous retenions jusqu’à la fin, etc...”. Et bien
que nous soyons encore dans la chair, en tant que nouvelles créatures
nous n’appartenons plus à la chair et ne sommes plus traités comme si nous
étions encore de la chair. Dieu ne nous considère pas comme le reste
du monde mais comme de nouvelles créatures séjournant provisoirement dans la
chair comme dans un tabernacle ou tente et attendant l’adoption, la
délivrance de notre corps entier pour être avec notre Chef glorifié et
semblables à lui. “Mais vous, vous n’êtes pas (considérés par Dieu
comme) des êtres charnels, mais spirituels, s’il est vrai que l’esprit de
Dieu habite en vous”
Romains 8 : 8 et 9 .
Personne ne peut se faire une idée sur cette question à moins de l’envisager
du point de vue divin. Ces nouvelles créatures engendrées de l’esprit saint
ne pourraient envisager d’avoir tout autre dieu que le véritable. Elles ne
pourraient songer à se tailler des images pour les adorer, à blasphémer le
nom de Dieu. Elles ne pourraient penser à voler les autres mais bien plutôt
à donner. Elles ne pourraient porter de faux témoignage contre quiconque
puisque l’amour qui est en elles les porte à couvrir et à cacher les fautes
non seulement des frères, mais encore du monde en général. Il ne saurait
être question qu’elles tuent un de leurs semblables: elles donneraient
plutôt la vie aux autres avec abondance. Même le saint esprit qui les anime
les engagerait à donner leur vie pour les frères tout comme le même saint
esprit a poussé le Capitaine de notre salut à se donner en rançon pour tous.
Ne voyons nous pas que si Dieu avait donné à la Nouvelle
[412]
Création, à la maison des fils, une Loi du genre de celle qu’il a donnée à
la maison des serviteurs, c’eut été une anomalie tout à fait incohérente ?
Les membres de cette “maison de fils” ne pourraient relever de cette
loi que s’ils perdaient l’esprit saint et cesseraient d’être la Nouvelle
Création. “Si quelqu’un n’a pas l’esprit (la pensée, la
disposition) de Christ, il ne lui appartient pas” —
Romains 8 : 9.
Mais
comment se peut-il que ces nouvelles créatures ne soient sous aucune loi
sans une règle quelconque à observer ? A cela nous répondons que la norme la
plus élevée de la Loi divine c’est l’Amour. Les commandements de Dieu sont
si précis si pénétrants si scrutateurs du for intérieur le plus secret de
l’être - jointures et moelles - qu’ils ne peuvent être obéis dans un sens
intégral et absolu que par l’Amour. S’il était possible de supposer chaque
détail de la Loi observé au sens le plus rigoureux qui soit si l’esprit
de dévouement à Dieu par amour pour lui est absent la Loi divine n’est pas
satisfaite. Tout au contraire l’Amour accomplit la Loi et là où l’Amour
règne, on s’intéressera de chaque élément de l’arrangement divin, pour s’y
conformer, au mieux des possibilités de la créature, non par contrainte mais
avec joie et dans l’amour.
Un
tel amour pour Dieu et sa justice, la Nouvelle Création l’a confessé lors de
sa consécration. L’Amour est devenu sa Loi et cette Loi d’Amour la tient,
liée, jusqu’à la mort. Toute défaillance dans l’obéissance à cette Loi
constitue, au même degré, une violation de la relation d’Alliance. Par
contre, tout acte de soumission à cette Loi d’amour — d’après la
connaissance reçue et la capacité — devient un sacrifice de soi, une
victoire sur l’esprit du monde, les faiblesses de la chair et l’opposition
de l’Adversaire. La grâce du Seigneur pourvoit aux fautes involontaires et
en fait sortir vainqueur par son nom et par son mérite. Mais la
désobéissance volontaire à cette Loi d’Amour, sa violation délibérée et
constante, entraîne la perte de l’esprit d’adoption, l’extinction du saint
esprit, ce qui veut dire que la Nouvelle Créature est morte, a cessé
d’exister.
[413]
L’apôtre entreprend l’examen du comment la grâce met le poids à toutes nos
imperfections en posant une question singulière à laquelle il répond :
“Allons-nous demeurer dans le péché afin que la grâce abonde. Evidemment
non. Nous qui sommes morts au péché comment pourrions-nous vivre encore en
lui” (Romains
6 : 1,2). En acceptant le pardon en Christ nous avons formulé
que nous en avions assez du péché et que, pour autant que cela dépendait de
notre volonté, nous étions morts au péché et avions commencé une vie
nouvelle dans la justice. Notre vie en Dieu et dans sa justice, comme
Nouvelles Créatures, implique notre mort au péché. Si donc, volontairement
et dans notre cœur, nous redevenions vivant quant au péché et à l’injustice,
cela voudrait dire que nous sommes morts comme nouvelles créatures, que Dieu
ne nous reconnaît plus comme appartenant à son peuple de nouvelles créatures
en Jésus-Christ grâce à qui, les choses anciennes avaient été effacées et
pour qui - du moins dans le vouloir — elles étaient devenues nouvelles.
Et il
est tout à fait à propos de noter ici la différence qui existe entre un
simple trébuchement de la chair et un abandon volontaire de la grâce
après avoir goûté la bonne Parole de Dieu et les puissances du siècle à
venir, après avoir reçu l’esprit saint — chute dont il est impossible de se
relever (Hébreux
6 : 4 à 6 ;
10 : 26). Il est essentiel d’établir une nette différence car
les deux cas n’ont rien de commun entre eux. Nous trébuchons dans la chair
quand nos corps mortels sont surpris en faute par la faiblesse qu’entraîne
l’hérédité ou par les attaques de l’Adversaire. Mais en aucun cas notre
volonté, notre cœur n’ont consenti, en tout ou en partie, de compromission
avec la chair. On ne peut que déplorer de tels achoppements et s’efforcer de
lutter contre eux, etc..., bien que, parfois, par la grâce de Dieu, ils se
révèlent être d’un grand secours dans le développement du caractère. Nous
apprenons grâce à eux, à ne pas nous fier à nous-mêmes, à ne pas nous
targuer de notre force mais à nous rendre compte que la victoire qui
triomphe du monde s’obtient par la foi. Lors donc qu’avec chagrin
[414]
la nouvelle créature constate qu’elle a failli, elle doit tâcher de se
fortifier contre la faiblesse à laquelle elle a succombé, devenir plus forte
dans le Seigneur et dans la puissance de sa force pour être moins
susceptible de broncher à l’avenir.
Ainsi, pas à pas, nous apprenons à ne pas mettre notre confiance dans la
chair mais à regarder à l’Eternel de qui procède l’aide dont nous avons
besoin au moment opportun. Rappelons-nous que, dans ces moments, nous sommes
toujours de nouvelles créatures, et que, nous confiant toujours par la foi,
au mérite du sacrifice de Christ, nous efforçant toujours de remplir notre
Alliance d’Amour jusqu’au sacrifice de nous-mêmes, “le Père lui-même nous
aime” comme l’a affirmé le Maître. Il nous faut reprendre courage et
nous rappeler que la nouvelle créature ne pèche pas, que le péché ne lui est
pas imputé et qu’aussi longtemps qu’elle fait effort contre lui, personne ne
peut accuser l’élu de Dieu. “C’est Dieu qui justifie... Christ est mort”
—
Romains 8 : 33, 34 .
PROGRESSER DANS L’APPRECIATION DE
LA LOI PARFAITE
Bien
que la Loi d’Amour ait été la base de notre Alliance avec le Seigneur
1orsque nous sommes devenus de nouvelles créatures, il faut convenir que
nous ne l’avons pas comprise à fond tout de suite. Nous sommes allés depuis
à l’école de Christ où nous avons appris le sens profond qui s’attache au
mot Amour dans sa plénitude dans la croissance en vertus et en connaissance,
en ajoutant à notre foi, l’amour sous ses différents aspects: douceur,
patience, bonté fraternelle, etc... Nous sommes mis à l’épreuve sur le plan
de l’Amour qui deviendra la pierre de touche lors de notre examen. Seuls
ceux qui atteindront à l’Amour parfait, à l’Amour qui se sacrifie, seront
estimés dignes de faire partie de la Nouvelle Création, des membres
du Corps de Christ.
COURIR VERS LE BUT ET Y DEMEURER
FERME
Empruntant une autre image, l’apôtre illustre nos expériences du présent par
une piste de course. Il nous
[415]
exhorte à nous débarrasser de tout fardeau, du péché qui nous tenaille, de
toute faiblesse de la chair, de toute ambition de la terre, pour courir,
avec patience, dans la lice qui nous est ouverte dans l’Evangile, atteindre
le but et nous y tenir ferme après avoir tout surmonté: fidèle
au terme complet en Christ (Philippiens
3 : 13,14 ;
Hébreux 12 : 1 ;
Ephésiens 6 : 13). Cette figure éveille la pensée d’un parcours
de course avec sa première, seconde, troisième et quatrième étapes, ses
obstacles, ses mauvais passages, ses embûches. Elle nous montre aussi à
nous-mêmes prenant le départ dans cette course, avec le désir d’arriver au
but de l’Amour parfait et sachant bien que, faute d’y parvenir nous ne
serons pas des copies du cher Fils de Dieux, que, partant, nous ne pourrons,
au sens le plus large, plaire à Dieu et ne pourrons être faits cohéritiers
avec Jésus dans son Royaume. Le parcours de la course, c’est l’Amour, depuis
la ligne de départ jusqu’à la ligne d’arrivée. Nous prenons le départ animés
d’un amour reconnaissant envers Dieu pour sa miséricorde manifestée pour
nous en Christ par le pardon de nos péchés. C’est cet amour par devoir
qui, au début de la carrière, nous conduit à offrir nos corps en
sacrifices vivants. Nous tenons le raisonnement suivant : puisque Dieu a
tant fait pour nous, il est normal et nous devons lui montrer à quel
point nous estimons ce qu’il a fait. Christ a donné sa vie pour nous, nous
devons donner notre vie pour les frères.
Cet
amour par devoir, obligé, est tout à fait juste raisonnable, vrai mais il ne
suffit pas. Il doit nous acheminer vers une forme d’Amour plus élevée.
Pendant ce temps nous sommes parvenus au terme de la première étape. Nous
éprouvons toujours cet amour par devoir mais déjà nous apprécions plus
profondément l’Amour divin. Nous nous rendons compte que l’Amour manifesté
par Dieu n’est pas égoïste mais est l’expression de son caractère tout de
noblesse et de magnanimité. Nous entrevoyons quelque peu la justice divine,
sa sagesse, sa puissance, son amour, et tout en réfléchissant à ces qualités
de notre Créateur, nous en venons à les aimer. Dès lors nous pratiquons ce
qui est juste, non pas simplement parce que c’est notre devoir, mais parce
que nous aimons ce qui est juste.
[416]
En
poursuivant notre course nous parvenons à la seconde étape. Et nous nous
apercevons qu’entre temps nous n’avons pas seulement appris à aimer la
justice mais que, dans la même proportion, nous en arrivons à haïr le péché.
Nous sentons croître en nos cœurs une inclination pour le programme de Dieu
qui veut refouler la grande vague du péché qui a recouvert le monde et lui a
valu son salaire de mort. Cette seconde étape crée en nous une énergie et
fait jaillir l’étincelle qui nous rend actif pour la justice et contre le
péché.
Notre
Amour grandit et nous nous acheminons vers la troisième étape. Lorsque nous
y arrivons notre amour par devoir, augmenté de l’amour pour les principes de
justice, s’est étendu non seulement au caractère divin mais se prend
d’aversion pour tout ce qui fait tort à l’humanité et contredit au caractère
et au dessein divins. Parvenus à ce stade nous éprouvons une plus grande
sympathie pour autrui, nous commençons à partager le sentiment de Dieu
d’hostilité envers le péché, d’amour pour tous ceux qui recherchent la voie
qui conduit à la Justice et à la sainteté. Là nous voyons les frères sous un
jour différent. Nous les voyons comme nouvelles créatures et nous faisons la
différence entre eux et leurs corps mortels dont les imperfections
nous sautent aux yeux. Nous apprenons à les aimer et à sympathiser avec eux
en dépit de leurs faiblesses et de leurs errements. Notre amour pour eux
devient tel qu’il nous plaît de sacrifier notre vie, chaque jour, à chaque
heure, de mettre de côté nos propres intérêts plaisirs, préférences, et de
donner notre temps, notre influence, et quoi encore, pour les aider et les
servir.
Cependant nous poursuivons notre course et tendons vers le but car il existe
une forme supérieure d’amour que nous devons atteindre, la quatrième et
dernière étape , “le prix de la vocation céleste”. De quel Amour
s’agit-il ? Que peut-il y avoir de plus grand que de se sacrifier par amour
pour les frères dans le cadre d’un complet
[417]
dévouement à Dieu et aux principes de justice ? A cela nous répondons que
ce genre d’Amour, porté au summum, est celui dont a parlé le Maître quand il
a dit que nous devions apprendre à aimer même nos ennemis. Ce fut tandis que
nous étions ennemis, étrangers et gens de dehors pour Dieu, on raison de nos
œuvres mauvaises que “Dieu a tellement aimé le monde”. Ce fut tandis que
nous étions encore des pécheurs qu’Il a donné son Fils unique, en notre
faveur. Tel est le modèle de l’amour parfait en deçà duquel il ne
faut pas demeurer. Quiconque veut être agréé par le Seigneur comme membre de
la Nouvelle Création et reçu dans la gloire doit accéder à cet amour des
ennemis.
Non
pas qu’il faille aimer ses ennemis comme on aime les frères. L’idée
n’est pas là. Dieu n’aime pas ses ennemis comme il aime ses fils, ses
amis. Jésus n’a pas aimé ses ennemis autant que ses disciples. Dieu a aimé
ses ennemis dans le sens qu’il était prêt et disposé à faire pour eux tout
ce qui pouvait l’être. Jésus a aimé ses ennemis en leur faisant du bien et
de grand cœur. Il ne leur a pas porté d’inimitié ou de rancune en réponse à
leur haine. Il est prêt au contraire à répandre sur eux ses bienfaits, le
moment venu, de façon qu’ils parviennent à la connaissance de la vérité et
que, même ceux qui l’ont percé, le voient et pleurent sur Lui lorsque Dieu
aura mis en eux un esprit de prière et de supplication (Zacharie
12 : 10). Nous devons aimer nos ennemis de la manière dont le
Seigneur le dit lui-même : “Aimez vos ennemis, bénissez ceux qui vous
maudissent, faites du bien à ceux qui vous haïssent, priez pour ceux qui
vous outragent ou qui vous persécutent” (Matthieu
5 : 44). Nous ne devons permettre à aucune amertume, aucune
animosité, aucune rancune d’aucune sorte d’habiter dans nos cœurs. Nous
devons être remplis d’amour au point que, même un ennemi, ne doit pouvoir
éveiller en nous de sentiment mauvais ou malveillant.
Quelle longanimité et bonté fraternelle représente une élévation de
caractère telle que même un ennemi ne soit capable de faire naître la
malice, la haine, l’antipathie et c’est là le “but” que nous devons
atteindre comme
[418]
Nouvelles Créatures. Nous avons prétendu apprécier cet esprit d’amour et y
être acquis. Nous avons consacré nos vies en accord avec ses principes. Nous
sommes maintenant mis à l’épreuve pour voir jusqu’où nos déclarations
tiendront. Dans sa bonté le Seigneur nous accorde le temps de courir cette
course, de développer ce caractère. “1l connaît nos faiblesses, il se
souvient que nous ne sommes que poussière”. Néanmoins il est essentiel
de mous conformer à cet arrangement si nous tenons à devenir, cohéritiers
avec le cher Fils de Dieu comme membres de la Nouvelle Création.
Notre
Seigneur Jésus, le Chef de notre salut n’eut pas besoin de courir cette
course, n’eut pas besoin de progresser dans cette acquisition des
différentes physionomies de l’amour. Parfait, il les possédait toutes dès le
début de sa carrière. Son épreuve se fit sur le point de savoir s’il
demeurerait fermement attaché aux principes, s’il continuerait à aimer Dieu
et la justice par dessus tout, s’il aimerait les frères au point de donner
sa vie pour eux et ses ennemis au point de prendre plaisir à leur faire du
bien, s’il ne se détacherait pas de l’idéal de l’amour parfait. Nous savons
à quel point il donna la preuve de sa fidélité à la règle d’Amour à tous ses
degrés puisqu’il donna sa vie, non seulement pour ses amis mais encore pour
ses ennemis qui le crucifièrent. Cette expérience doit aussi être la nôtre.
Nous devons atteindre au niveau idéal de l’Amour parfait dans nos
cœurs même si, dans notre chair, nous ne sommes pas toujours capables d’en
exprimer les sentiments profonds.
Certains arrivent à effectuer la course très rapidement. Ils passent l’une
après l’autre ces bornes jalonnant les étapes et arrivent rapidement à
l’Amour parfait. D’autres, moins zélés on ayant les regards moins
attentivement fixés sur l’Auteur de notre foi, ne réalisent que de plus
lents progrès dans la course. Pendant des années ils se cantonnent dans
l’amour par devoir ou vont peut être un peu plus loin et aiment le caractère
divin ainsi que les principes de justice. Il y en a relativement peu qui
aillent au delà jusqu’à l’amour des frères, jusqu’à accepter avec joie
l’abnégation pour servir la maison de
[419]
la foi. Moins encore vont jusqu’à l’Amour parfait, l’amour des ennemis
qui, non seulement empêche de leur faire injure, en parole ou en action,
mais se satisfait du bien qui leur arrive. Si le Seigneur a usé de patience
à notre égard en nous accordant tout le temps nécessaire pour parvenir au
“but”, réjouissons-nous de sa compassion et redoublons d’énergie pour
atteindre le “prix de la vocation” ou nous rappelant que le temps est court
et que rien de moins que ce caractère d’amour parfait ne sera agréé du Père
dans la Nouvelle Création.
De
même que notre Seigneur fut mis à l’épreuve au “but”, ainsi chacun d’entre
nous sera mis à l’épreuve une fois que nous l’aurons atteint. Il n’est donc
pas question d’arriver à ce “but” dans les derniers jours de la vie mais
aussi tôt que possible. Notre zèle et notre amour pour Dieu et pour les
frères se mesurera à la vitesse avec laquelle nous parviendrons à toucher ce
“but”.
Ce
que l’apôtre dit: “Tenez ferme après avoir tout surmonté” (Ephésiens
6 : 13) semble signifier qu’après être parvenus au “but” de
l’Amour parfait, nous serons soumis à quantité d’épreuves de foi, de
patience et à propos de tous les différents aspects de l’Amour. Le monde
n’est pas un ami qui nous encourage à la vertu ou nous aide dans la bonne
direction. Satan demeure notre Adversaire capable de susciter tout obstacle
dans le but de nous détacher de la position acquise. Telle est notre
épreuve. Il est indispensable de retenir avec fermeté ce à quoi nous sommes
arrivés, de “courir droit au but”, dût-il nous en coûter la vie -— donnant
notre vie au service de Dieu pour les frères et faisant du bien à tous selon
que l’occasion nous en est offerte. “Celui qui nous a appelés est fidèle”
et il nous a promis le secours et l’aide, chaque fois qu’il on sera besoin,
dans ce domaine. Sa grâce nous suffit —
1 Thessaloniciens 5 : 24 ;
2 Corinthiens 12 : 9).
Comme
nous l’avons vu, cette Loi d’Amour est aussi celle qui commande aux fils
angéliques de Dieu. Leur obéissance à la volonté divine, la bonne entente
entre
[420] eux, repose
sur elle. Au cours de l’Age Millénial des lois et des ordonnances, des
règlements et des exigences seront imposés au monde des hommes pour les
conduire aux douces influences du Royaume. Ceux qui, à la fin de cet Age
Millénaire seront jugés dignes de la vie éternelle seront allés — on
peut en être sûr — au delà de la simple obéissance contrainte aux lois et
aux ordonnantes: la Loi de Dieu aura été écrite dans leurs cœurs, cette Loi
d’Amour qui fait partie du caractère divin. Ces fils du rétablissement, sur
le plan humain acceptés par l’Eternel, seront également animés par cet
esprit d’amour sans lequel il n’est pas possible de plaire à Dieu, celui-ci
ne recherchant que des adorateurs qui le servent en esprit et en vérité. On
peut donc voir que si le ciel aussi bien que la terre doivent être soumis à
une loi et s’y ranger absolument, le niveau divin de la discipline est
infiniment plus élevé que nos idées et conceptions terrestres imparfaites.
Un seul mot: Amour, exprime toute la Loi divine à laquelle tous les fils de
Dieu, sur tous les plans d’existence, seront subordonnés. Qu’ils sont
merveilleux et glorieux le caractère et les desseins de notre Dieu. L’Amour
est l’accomplissement de sa Loi et l’on ne peut concevoir de Loi plus élevée
que celle-là.
Jusqu’ici nous avons envisagé le sujet au demeurant dans l’abstrait. Or, la
Nouvelle Création, tout en demeurant dans ce tabernacle de chair, plus ou
moins sujette à ses faiblesses, à ses résistances, etc... doit observer,
dans les rapports de ses membres entre eux et à l’égard du monde, une règle
de conduite ordonnée par cette Loi d’Amour, le Commandement nouveau donné
par le Seigneur à ses disciples. On l’a appelé avec à propos
LA REGLE D’OR
L’or
- nous l’avons déjà vu — symbolise ce qui est divin. La règle d’or est donc
une règle divine et la règle divine est une Loi d’Amour. L’idée la plus
voisine de cette Loi d’Amour que l’homme non régénéré puisse se faire,
l’idéal le plus élevé qu’il puisse en avoir se retrouve dans la pensée :
“Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais
[421]
pas qu’on te fît”. Cette bonté est au fond négative. La Règle d’or de
l’Amour que le Seigneur donne à la Nouvelle Création et que celle-ci est
seule à pouvoir apprécier ou comprendre pour l’instant est de nature plus
solide “Fais aux autres ce que tu voudrais qu’ils te fassent”. Cette bonté
là est positive. C’est de l’Amour en action, agissant. Que des membres de la
Nouvelle Création se trouvent en faute à l’égard d’un point quelconque de
cette Règle d’or, la Loi de leur être même, ce ne sera pas sans un sérieux
regret et sans tristesse à moins qu’ils ne soient de “tout jeunes enfants”
sur la route nouvelle. Et si toute infraction à cette règle engendre le
mécontentement et la peine, c’est la preuve que la transgression n’a pas été
volontaire, n’est pas venu du cœur, n’a pas été le fait de la Nouvelle
Créature, mais s’est trouvé être le résultat d’un concours de circonstances,
d’un entraînement de la nature contraire aux désire de l’esprit, à
l’intention. Il n’empêche que dans la proportion où le nouvel esprit vit
selon Dieu et exécute sa volonté avec zèle, il sera prompt à garder le “
vase de terre” dans lequel il habite. Il revêtira l’armure de Dieu qui lui
permettra de combattre le bon combat contre ses propres faiblesses. S’il a
commis une erreur, en parole ou en action, il s’obligera à un dédommagement
avec intérêt si possible, de telle sorte que le “ vase de terre” rencontrant
un vif désaveu, devienne à l’avenir moins virulent dans son opposition au
nouvel entendement.
Cette
loi de la Nouvelle Créature intéresse sa relation avec Dieu. Elle sent toute
la portée de l’expression: “Aimer l’Eternel de tout son cœur, de
toute sa pensée, de tout son être, de toute sa force”.
Elle n’y trouve pas de place pour elle-même sauf dans la mesure où elle se
confond avec Dieu. Cette même loi règle encore son rapport avec les frères.
Comment aimerions-nous en effet Dieu que nous ne voyons pas (si ce n’est par
la foi), si nous n’aimons pas les frères, animés de l’esprit de Dieu, que
nous voyons de nos yeux ? (1
Jean 4 : 20, 21). A mesure que la Nouvelle Créature avance dans
sa liaison avec eux, qu’elle fait pour eux et à leur endroit tout ce qu’elle
voudrait qu’ils fassent pour elle et à son endroit,
[422]
elle s’aperçoit qu’une telle manière d’être entraîne une importante
transformation de la vie et que la loi à laquelle elle s’est soumise n’a
rien à voir avec la loi ou règlement des hommes.
Elle
aimerait que les frères soient cordiaux à son égard et lui parlent
gentiment, aussi leur parlera-t-elle et agira-t-elle envers eux de la même
manière. Elle aimerait qu’on supportât ses imperfections, ses faiblesses et
qu’on recouvrit ses défauts du manteau de la charité, aussi fera-t-elle de
même pour eux. Elle n’aimerait pas que les frères parlassent mal d’elle,
même si cela était vrai1, aussi leur témoignera-t-elle une attention franche
et ouverte, ne “dira de mal de personne” et “fera du bien à tous les
hommes”, plus particulièrement à la maison de la foi. Elle n’aimerait pas
que d’autres attendent d’elle plus qu’elle ne peut raisonnablement faire ou
offrir, aussi n’attendra-t-elle pas des autres plus qu’ils ne peuvent
raisonnablement faire. En suivant le même principe dans les relavions avec
le monde et ses occupations, tout le cours de la vie se trouve modifié petit
à petit. Comme l’apôtre le fait remarquer, ce changement intervient à
mesure que nous “contemplons la gloire du Seigneur”, dans la
proportion où nous nous exerçons à observer et à imiter la grandeur du
caractère divin mû lui-même par cette Règle d’or de l’Amour- —
2 Corinthiens 3 : 18.
Selon
que notre nouvel entendement notre nouvelle volonté, engendrée par l’esprit
saint, progresse, nous sommes graduellement “changés de gloire en gloire”
dans le domaine du cœur. Transformés dans nos cœurs, dans nos esprits, dans
nos volontés, dans nos intentions et autant que possible dans notre
comportement extérieur nous devenons “mûrs”, conformément à la promesse
divine, pour le grand changement final de la résurrection lorsque ce
qui est semé dans la faiblesse et la corruptibilité sera relevé dans la
puissance et dans la gloire pour devenir une Nouvelle Création spirituelle:
le Christ de Dieu. Les apôtres nous donnent de sages et précieux avis, des
exhortations, des suggestions que les frères reprennent à leur compte et
répètent parce qu’ils sont utiles à notre correction, à notre amélioration,
etc...
[423]
En
fait, la Loi, toute la Loi sous laquelle la Nouvelle Création a été placée
par son chef, est cette Loi d’Amour, la Règle d’or. Tout bien considéré cela
voudrait dire que bien des actes exécutés maintenant par la Nouvelle
Création ne devraient plus l’être, tandis que bien des points négligés
jusqu’ici devraient être réalisés avec zèle et
continuité.
LA LOI PARFAITE DE LA LIBERTE
Si
quelqu’un avait tendance à croire que la Nouvelle Création est laissée trop
libre par le Seigneur, sans retenues et règlementations appropriées, il
changerait vite d’avis en se rendant compte de la longueur, de la hauteur,
de l’extrême portée de cette Loi de Dieu résumée brièvement par ce seul mot:
Amour. “Une loi de liberté”comme l’apôtre l’appelle (Jacques
1 : 26). Or, cette loi de liberté Dieu ne l’applique qu’à la
Nouvelle Création engendrée de son Esprit. Elle ne peut s’appliquer à
personne d’autre. Les autres se trouvent encore, soit sous la Loi de Moïse
comme serviteurs, indignes de la “liberté par laquelle Christ nous a
affranchis”, nous les fils; ou encore sous la condamnation de la loi
universelle, condamnation à mort, et comme tels, sont toujours considérés
comme étrangers et gens du dehors, sans Dieu et sans espérance dans le
monde. Ils ne connaissent pas la grâce de Dieu qui apportera, le moment
venu, le salut au monde, mais qui, pour le présent, n’a été manifestée qu’à
un nombre relativement restreint, l’immense majorité continuant à être
distraite par l’Adversaire pour ne pas entendre le message de l’amour et de
la rédemption divins. Il enténèbre les esprits et bouche les oreilles de la
majorité des humains par des doctrines de démons, etc... —
2 Corinthiens 4 : 4 ;
1 Timothée 4 : 1.
La
Liberté n’est pas pour ceux dont l’esprit est mal disposé ainsi qu’en
témoigne la société elle-même quand elle emprisonne. De même la Loi parfaite
de la Liberté n’est pas pour ceux dont l’esprit est tourné vers le mal mais
pour ceux dont l’esprit est tourné vers le bien —Pour ceux qui sont
parfaits Le monde ne sera
[424]
pas abandonné à une Loi d’Amour pendant le Millénium mais dirigé avec
justice et miséricorde dans le cadre d’une loi d’obéissance aux règles du
Royaume. Ce ne sera pas avant la fin du Royaume, lorsque les méchants
volontaires auront été retranchés dans la seconde mort, que l’humanité, qui
aura dès lors établi sa perfection, son accord avec les normes divines,
retrouvera la Loi de la Liberté, l’Amour et Sa Règle d’or. Tant que les
humains montreront par leur attitude qu’ils ne sont encore que des enfants
mineurs, ils demeureront plutôt sous un régime de serviteurs (Hébreux
13 : 17). La Nouvelle Création relevant actuellement de cette
Loi de Liberté, n’y est soumise que parce que, pour elle, “les choses
anciennes sont passées, toutes choses sont devenues nouvelles. Elle a la
haine du péché et l’amour pour la justice. Elle se sert de sa liberté, non
pour se satisfaire elle-même non pour se complaire, mais pour sacrifier ses
intérêts terrestres en collaboration avec l’Eternel pour effacer le péché,
en débarrasser le monde et le délivrer de son salaire de mort. Les engendrés
à cet esprit nouveau à cette nouvelle disposition — l’Esprit de Dieu, — ceux
qui sont devenus élèves à l’école de Christ, sont enseignés par lui et
marchent sur ses traces... ceux-là et ceux-là seuls peuvent relever de la
Loi de Liberté. S’ils venaient à perdre leur esprit d’adoption, ils
cesseraient d’être des fils et ne demeureraient plus sous cette Loi de
Liberté.
Ceux
qui maintenant, apprennent à user de cette liberté par laquelle Christ les a
rendus libres; ceux qui, par la consécration, se rangent sous cette Loi
d’Amour et donnent leur vie pour les frères, pour la cause de la vérité et
de la justice, ces fidèles-là seront estimés dignes de devenir les agents et
cohéritiers du Seigneur avec son Fils bien-aimé dans le grand œuvre de
relèvement du monde. Et comme elle est nécessaire cette qualification pour
ce grand travail ! Comme il est nécessaire que ceux qui seront les
éducateurs, les aides, les juges et les conducteurs du monde en bénissant
toutes les familles de la terre pendant l’Age Millénial, soient entraînés à
plein et mis à l’épreuve sur le plan de l’Amour pour devenir des
Sacrificateurs royaux compatissants et fidèles.