LA NOUVELLE CRÉATION
ÉTUDE XII
PRIVILÈGES
ET DEVOIRS
MATRIMONIAUX ET AUTRES
DE LA NOUVELLE-CREATION
* *
*
Obligations diverses de la Nouvelle-Création. — “Vous êtes un dans le
Christ Jésus”. — Cela n'implique pas une association en commun. —
L'homme et la femme dans l'ordre divin. — L'homme est la “tête” (Chef)
et non un tyran. — Mariage de la Nouvelle-Création. — Avis aux
Nouvelles-Créatures dans tes diverses conditions d'union conjugale. — En
cas de désertion. — La conscience, le critérium décisif. — Eunuques,
vierges, célibat. — “Seulement dans le Seigneur”. — Responsabilités des
parents.
* *
*
“Vous tous, qui avez été baptisés dans le Christ [voir note Goguel et
Monnier], vous avez revêtu le Christ. Il n'y a plus ni Juif, ni Grec, ni
esclave, ni homme libre, ni homme ni femme : à vous tous, vous ne faites
qu'un dans le Christ Jésus”
—
Gal. 3 : 27, 28 (G. et M.).
[554]
La
Nouvelle-Créature ne consiste simplement, au début, que d'une volonté
nouvellement engendrée qui a la promesse d’un corps nouveau, parfait,
spirituel dans la résurrection si elle prouve sa loyauté à ses obligations
d'alliance avec l'Eternel. La Loi d'Amour l'oblige, en tout premier lieu,
envers Dieu, ce qui signifie une obéissance de tout cœur à la volonté divine
en toutes choses. Sa seconde obligation l'engage envers ses frères de la
Nouvelle-Création pour leur faire du bien. La troisième obligation consiste
à faire du bien à tous les hommes selon qu'elle en a l'occasion favorable,
et dans la mesure où peuvent le permettre les deux premières obligations.
Bien que la Nouvelle-Créature, la nouvelle volonté, n'ait pas son propre
corps convenable au moyen duquel elle puisse agir et s'exercer, elle n'est
pas sans corps ; en effet, comme successeur de la volonté de la chair et de
la mentalité (“mind”) naturelle, elle jouit, comme faisant partie de son
actif, à la fois des privilèges et des obligations du corps charnel dans
lequel il lui faut temporairement résider, et par lequel seul elle peut se
manifester.
Même
si le corps humain était parfait en tous points, la nouvelle volonté
éprouverait des difficultés à s'en servir, parce qu'il est de la terre,
terrestre. Il est adapté à des conditions terrestres, et ses ambitions et
ses désirs sont terrestres, si purs et si nobles qu'ils puissent être,
tandis que les ambitions et les désirs de la nouvelle volonté sont
d'inspiration céleste grâce aux grandes et précieuses promesses du message
divin. Tel fut exactement le cas de notre Seigneur Jésus dont le corps était
“saint, innocent, sans tache et séparé des pécheurs”. Néanmoins,
conformément à son alliance, et selon les conditions dans lesquelles cette
nouvelle nature croîtrait rapidement et serait prête pour le nouveau corps
dans la résurrection, il fut obligé de crucifier la chair — de s'opposer à
elle,
[555] de la
consacrer, la soumettre, l'assujettir à sa nouvelle volonté. Il lui a fallu
même sacrifier ses goûts, préférences et désirs naturels convenables, chaque
fois qu'ils s'opposaient à la volonté du Père, à son arrangement, à ses
directions providentielles ; et tout cela engageait le sacrifice de la
chair, jusqu'à la mort même, comme étant nécessaire à la pleine adoption de
la Nouvelle-Créature et à sa glorification sur le plan divin.
Les
autres membres de la Nouvelle-Création, la Sacrificature royale, ayant des
corps imparfaits dont le sacrifice ne serait pas acceptable par Dieu à cause
de leurs tares, de leurs péchés, de leur imperfection, ont besoin en tout
premier lieu d'être justifiés par le sacrifice de leur Seigneur Jésus. Grâce
au mérite de sa réconciliation, les péchés et les imperfections de leurs
corps mortels sont couverts et ne sont plus imputés, et de cette manière
leurs corps sont considérés comme des sacrifices acceptables. L'Apôtre
proclame cette justification disant : “Je vous exhorte donc, frères, par les
compassions de Dieu [couvrant vos péchés, par la foi en Christ], à présenter
vos corps en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, [ce qui est] votre
service intelligent”. —
Rom. 12 : 1 (D).
Ce
fut lorsque ce sacrifice de notre chair considérée comme [“reckonedly”]
justifiée eut lieu, que nous fûmes individuellement engendrés de l'Esprit
pour être des fils de Dieu — des fils sur le plan spirituel au lieu de
l'être sur le plan humain. Ce fut alors que la volonté consacrée fut
acceptée comme la Nouvelle-Créature, qu'elle commença son existence,
laquelle doit prospérer dans la mesure où elle demeure fidèle à Dieu et à
l'alliance faite de sacrifier le corps mortel et ses intérêts. Le corps
mortel ainsi sacrifié et considéré comme [“reckoned”] mort avec Christ doit
être “vivifié” ou “stimulé” par la nouvelle volonté (la Nouvelle-Créature),
et gouverné par elle, à tel point qu'il est parlé au figuré du reste de la
vie comme d'une vie de résurrection. La Nouvelle-Création, la nouvelle
volonté, agissant dans ces corps mortels et par eux, est dite en langage
figuré être ressuscitée avec Christ, vivant pour les choses d'en haut et les
recherchant —
Col. 3 : 1.
[556]
C'est
en parlant de cette nouveauté de vie, de cette résurrection figurée, dans
laquelle la nouvelle volonté se sert du corps mortel pour servir Dieu, que
l'Apôtre déclare :
“Et
si l'Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en
vous, celui qui a ressuscité le Christ d'entre les morts vivifiera vos corps
mortels aussi, à cause de [“par” — note D.] son Esprit qui habite en vous” (Rom.
8 : 11). Dans la mesure donc, où la nouvelle volonté parvient
ainsi à gouverner notre corps mortel et à s'en servir dans la vie présente
comme du meilleur et du seul remplaçant qu’elle a du corps spirituel qu’elle
ne pourra obtenir qu'à la résurrection, dans cette mesure il ne pourrait
être inconvenant de considérer les corps mortels de la Nouvelle-Création
comme des remplaçants temporaires des corps spirituels attendus.
Cependant, toute cette question d'estimation (“reckoning” : de “to reckon” :
au figuré : regarder comme, estimer, tenir pour, compter pour, considérer
comme — Trad.) est spirituelle, et ne peut être comprise et appréciée que
par ceux qui sont engendrés de l'Esprit et qui sont ainsi rendus capables de
considérer les choses du point de vue divin. Du point de vue du monde, tout
ceci est faux, chimérique — de la “folie”. Les gens du monde discernent bien
une différence entre leurs buts, leurs ambitions, leur conduite et ceux des
engendrés de l'Esprit, mais ils ne savent pas comment l’interpréter. Ils
sont enclins à la considérer comme une marotte, ou une manie, ou une
attitude de “plus-saint-que-toi”, ou comme de l'hypocrisie. Nous ne pouvons
nier que, selon toute apparence, il existe de nombreuses contrefaçons de la
Nouvelle-Créature, de l'ivraie qui ressemble extérieurement au froment, mais
en diffère par le cœur. La Nouvelle-Créature ne doit pas être surprise ou
déçue de ne pas être comprise par le monde, mais elle doit se souvenir de
l'avertissement divin, que le monde ne nous connaît pas, tout comme il n'a
pas connu notre Seigneur. C'est un critérium de notre fidélité à Dieu que,
pour suivre les traces de Jésus, il nous faille être mésestimés par ceux que
nous aimons et dont nous pouvons raisonnablement désirer l'estime. Le fait
que l'amitié du monde et son estime constituent l'inimitié contre Dieu et
l'infidélité à l'alliance de la consécration, doit régler la chose pour les
Nouvelles-Créatures.
“A mon Seigneur, je dois être
fidèle,
A Lui qui m'a racheté par son
sang”.
[557]
La
recherche que nous faisons présentement concerne la ligne convenable de
conduite de ces Nouvelles-Créatures, de ces nouvelles volontés qui agissent
dans ces corps consacrés et par leur moyen, qui ont certains rapports avec
d'autres êtres humains et donc, certaines responsabilités envers eux, selon
la chair. C'est la volonté de Dieu que la Nouvelle-Créature respecte ces
obligations de sa chair mortelle dans toutes les questions de justice :
honnêteté, devoir, responsabilités incombant à juste titre à sa chair
mortelle. Dans les conditions actuelles, par conséquent, la
Nouvelle-Créature ne peut pas agir sur tous les points comme elle
préférerait le faire, mais dans certains cas il lui faut être gouvernée par
les obligations de la chair, parce que l'ordre divin est de “rechercher les
choses honnêtes devant tous les hommes”. De plus, “si quelqu'un n'a pas soin
des siens, il a renié la foi, et il est pire qu'un infidèle” —
Rom. 12 : 17 ;
1 Tim. 5 : 8 (Martin).
Étant
donné ces faits, on se rendra rapidement compte que la nouvelle volonté a
devant elle une tâche ardue :
(1)
Plaire à Dieu dans l'accomplissement du sacrifice de la chair ;
(2)
discerner distinctement quels désirs et quelles exigences de la parenté
charnelle doivent être pris en considération et satisfaits ;
(3)
jusqu'à quel point ces exigences:et ces concessions peuvent être satisfaites
d'une manière convenable sans enfreindre et annuler l'alliance qui est à la
vie ou la mort : “Si nous vivons selon la chair, nous mourrons ; mais si par
[l'] Esprit nous faisons mourir [tuons] les actions du corps, nous vivrons”,
nous atteindrons définitivement la perfection à la résurrection. Ici surgit
une autre difficulté. La chair ne meurt pas volontairement : il faut que la
volonté, la mentalité, la Nouvelle-Créature, la mette à mort, et ainsi
trouvant qu'on doit faire certaines concessions, selon la volonté de Dieu,
la chair est très prompte à profiter de ces concessions et à revendiquer non
seulement une plus grande admission que “les choses nécessaires”, mais aussi
des libertés et des droits dans des domaines qui ne sont pas des
obligations, et qui par contre seraient des entraves à l'alliance par le
sacrifice.
[558]
Ces
efforts faits par notre corps mortel, parfois pour excuser le péché et
parfois pour éviter le sacrifice, rendent fréquemment la Nouvelle-Créature
perplexe ; elles la font assez souvent trébucher temporairement jusqu'à ce
que, petit à petit, elle apprenne à connaître la nature trompeuse de sa
propre chair et ses faiblesses, que graduellement elle croisse dans la grâce
et dans la sagesse qui vient d'en haut et qu'elle arrive de plus en plus à
maîtriser le corps, en le tenant “assujetti”, à la nouvelle mentalité (“mind”)
—
1 Cor. 9 : 27 . Ainsi, souvent par l'expérience amère, la
Nouvelle-Créature apprend à apprécier ce que dit la Parole de l'Eternel, à
savoir que le cœur naturel (la volonté de la chair), bien que mis à mort et
en aucun sens autorisé à diriger, est “trompeur par-dessus toutes choses” et
parfois, “désespérément malin” [Jérémie
17 : 9 — Martin], désespérément résolu dans son effort à
renverser l'autorité de la nouvelle volonté, et ainsi de détruire la
Nouvelle-Créature afin que la vieille créature puisse revivre, et marcher
selon la chair et non selon l'Esprit.
“TOUS UN” N'IMPLIQUE PAS UNE
ASSOCIATION EN COMMUN
Le
Seigneur nous enseigne clairement, par l'intermédiaire de l'Apôtre, que ses
préférences et ses faveurs sont semblables pour toutes les
Nouvelles-Créatures, selon leur zèle, selon l'amour qu'elles ont pour Lui et
pour les principes qu’il représente ; que les conditions de sexe, de race,
de couleur, etc., du corps mortel n'ont aucun poids quand il juge son
peuple, quand il l'apprécie et quand il attribue les récompenses finales.
Connaissant ainsi l'opinion du Père sur ce sujet, il faut que tous les
membres de la Nouvelle-Création aient une opinion semblable ; ils doivent
estimer toutes les Nouvelles-Créatures en Christ Jésus comme des “frères”,
témoigner une tendre affection envers toute, chercher à les servir toutes,
ne montrer aucune partialité parmi les frères, sauf celle que le Seigneur
lui-même a montrée en favorisant et en honorant ceux qui manifestaient le
plus de zèle pour sa cause. Cependant, toute cette impartialité qui ne tient
pas compte du sexe, de la couleur, de la race, etc.,
[559]
ne nous concerne qu'en tant que membres de la Nouvelle-Création et n'affecte
qu'en partie nos corps mortels et leur rapport les uns avec les autres et
avec le monde ; C'est pourquoi il faut que la Nouvelle-Création maintienne
les convenances dans la conduite et les relations entre les sexes.
En
vérité, ces nouvelles-créatures devraient posséder beaucoup plus de sagesse
et de prudence que le monde, en raison même de leur engendrement à l'esprit
de sobre bon sens. Elles devraient, en conséquence, se rendre compte que,
faisant partie de la Nouvelle-Création, cherchant à marcher non selon la
chair, mais selon l'Esprit, il serait convenable pour elles, d'être même
plus circonspectes que l'homme du monde, l'homme naturel, quant à la
faiblesse de leur chair et touchant la convenance de certaines limites et
mesures de conduite convenable, de modestie, de réserve, etc. entre les
sexes. Dans la mesure où la Nouvelle-Créature recherche la vie spirituelle,
et dans la mesure où elle discerne que les appétits sexuels font la guerre
aux intérêts de la Nouvelle-Création, dans cette même mesure, elles
devraient (même plus que ne le fait le monde en général) s'efforcer de
“faire droits les sentiers à leurs pieds”, et d’élever tous les obstacles
formidables possibles entre elles et les tentations.
La
même démonstration s'applique aux distinctions raciales. Il y a une parenté
de l'Esprit et une unité de l'Esprit totalement différentes d'une parenté et
d'une unité dans la chair. Nous croyons que les intérêts de la
NouvelleCréation seront en général conservés en maintenant une certaine
mesure de séparation dans la chair, parce que les idéaux, les goûts, les
désirs, les dispositions, etc. d’une race, sont nécessairement plus ou moins
en conflit avec les idéaux, etc., d'une autre race ; c'est pourquoi les
diverses races de l'humanité trouveront probablement leurs intérêts
spirituels de Nouvelles-Créatures mieux préservés par une certaine mesure de
séparation. Il n'y aura aucune difficulté ce sujet si l'on discerne
clairement la distinction entre les Nouvelles-Créatures et les corps
charnels. De même que les paroles de l'Apôtre ne sauraient sanctionner une
vie en commun d'hommes et de femmes sous prétexte qu'ils sont “tous un”,
tous frères en Christ Jésus, ainsi ne doit-on les comprendre comme
impliquant l'association entre différentes races. Cependant, ces paroles
établissent pour nous le modèle d'appréciation spirituelle, de parenté et
d'obligation pour chacun et pour tous dans les questions tant spirituelles
que temporelles.
[560]
L'HOMME ET LA FEMME DANS L'ORDRE
DIVIN
L'Apôtre déclare que “le chef (tête — voir note D.) de tout homme, c'est le
Christ et que le chef de la femme, c'est l'homme, et que le chef du Christ,
c'est Dieu” (1
Cor. 11 : 3). Tel est l'enseignement uniforme des Écritures.
Comme le montre l'Apôtre, la création de l'homme d'abord et de la femme
ensuite, comme partie séparée de l'homme, indique l'intention divine de
faire de l'homme, le chef. Discutant ce sujet même, l'Apôtre déclare :
“l'homme est l'image et la gloire de Dieu, tandis que la femme est la gloire
de l'homme. En effet, l'homme n'a pas été tiré de la femme, mais la femme a
été tirée de l'homme, et l'homme n'a pas été créé à cause de la femme, [et
pour être son aide à elle] ; mais la femme a été créée à cause de l'homme
[pour être son aide à lui]. C'est pourquoi la femme doit avoir sur la tête
une marque de l'autorité dont elle dépend”. —
1 Cor. 11 : 7 - 12 .
On
observera qu'il ne s'agit pas ici d'un exposé touchant les relations qui
existent par contrat entre maris et femmes, mais d'une démonstration plus
large encore, basée sur la parenté des sexes selon l'ordre de la création et
de l'instruction divines. Il n’y a rien dans ce que l'Apôtre dit ici ou dans
ce que les Écritures prescrivent ailleurs, qui suggère que l'homme est un
maître et la femme son esclave ; c'est là une idée fausse que d'aucuns
soutiennent parfois, mais jamais, croyons-nous, ceux qui ont “la pensée de
Christ”. Selon l'arrangement divin la famille est, dans le temps présent,
l’unité, et tout homme parvenu à l’âge adulte, a le privilège de fonder une
famille dont il devrait être le chef responsable et le représentant devant
Dieu et devant les hommes.
[561]
L'HOMME, UN CHEF MAIS NON UN TYRAN
Que
cette position de chef n'implique pas une tyrannie ressort de toute évidence
de la déclaration faite par l'Apôtre, que Christ est le chef (Tête) de
l'Église, le chef (Tête) de l'homme, et aussi que Dieu, le Père, est le Chef
(Tête) de Christ. Nous ne trouvons aucune tyrannie dans les relations du
Fils à l'égard de l'Église, pas plus que dans celles du Père à l'égard du
Fils. Toutefois, la position de chef implique bien une responsabilité, une
charge, une sollicitude, une prévoyance. C'est ainsi que le Père céleste a
pris des dispositions pour le Fils, et quelles dispositions splendides ! Il
est vrai que l'exécution du plan divin a entraîné des souffrances et le
sacrifice du Fils ; cependant le Père aimant ne fit le plan ni plus
douloureux, ni plus crucial qu'il n'était nécessaire dans l'exécution du
grand et merveilleux dessein dans lequel le Fils, exalté maintenant
au-dessus des principautés, des puissances et de tout nom qui se peut
nommer, a une si honorable part. Le Fils s'est réjoui du privilège qu'il a
eu de se sacrifier et d'obéir au plan du Père, et il se réjouit également
des gloires dans lesquelles il est entré, et de celles qui sont à venir.
Ainsi en est-il de la position du Seigneur Jésus comme Chef (Tête) sur
l'Église. Bien loin que sa position de chef signifie pour nous une tyrannie,
elle est synonyme d'amour, de sollicitude et d'assistance pour tous les
membres de la NouvelleCréation. D'une manière semblable, la position du mari
en tant que chef (tête) sur la femme et les enfants signifie une
responsabilité, une sollicitude spéciale pour pourvoir, prévoir, régler,
protéger, guider, donner l'exemple. Oh ! Puissent tous les pères discerner
comme il convient leurs devoirs, leurs responsabilités, leurs privilèges
naturels sous l'arrangement divin, et les comprenant, puissent-ils en user
et non en abuser !
[562]
Lorsque dans Genèse, nous lisons cette partie de la malédiction ou sentence
qui frappa Ève, la mère, et indirectement toutes ses filles “Ton désir sera
[tourné] vers ton mari, et lui, dominera sur toi”, et qu'ensuite nous
regardons pour voir comment cette règle a été appliquée à travers le monde,
nous trouvons que dans de nombreux cas, elle a été une règle tyrannique, et
que la force mentale et physique de l'homme déchu s'est fréquemment exercée
au détriment de la femme et des enfants au lieu de l'être pour leur
bien-être et à leur profit. Tous les hommes et toutes les femmes, au cœur
bon et noble, doivent désapprouver un tel état de choses ; nous ne pouvons
pas supposer non plus qu'un tel abus de pouvoir soit autre chose qu'une
offense et une ignominie aux yeux du Créateur.
L'abus de la force physique et mentale de la part de certains maris et pères
a provoqué sans nul doute une réaction contre leur propre bonheur et a
favorisé la dégradation générale de la race : si, en effet, la femme est par
nature, portée à s'attendre à un chef (tête), à rechercher ce qu'elle admet
comme étant une autorité juste (“son désir envers son mari”) et à lui obéir,
toutefois les abus de la position de chef et les mauvais exemples de part et
d'autre ont détourné, à un degré notable, ce qui était et est encore, le
substratum de la disposition naturelle de la femme. Celle-ci étant forcée
par la nécessité de se défendre contre des exigences déraisonnables,
d'égoïsme et de tyrannie, le résultat général a eu un effet démoralisant
pour la race entière ; c'est pourquoi si l'on admet d'une manière très
générale l'ordre naturel et l'ordre scripturaire, ni les hommes, ni les
femmes dans l'ensemble, ne savent comment s'adapter aux conditions actuelles
confuses et désordonnées des affaires sociales.
Comme
conséquence, nous trouvons fréquemment les hommes déchus faisant tous leurs
efforts pour obtenir une autorité et une direction qui dépassent largement
leur compétence : ils le font à seule fin d'en abuser pour satisfaire leurs
intérêts égoïstes dans le même temps qu'ils ne savent discerner l'autorité
et la responsabilité qu'ils détiennent à bon droit en tant que protecteurs
de la famille. Nous voyons la femme, également dépravée et égoïste, disposée
non seulement à se rebeller contre une autorité maritale déraisonnable et
inconvenante, mais même à s'opposer à toute proposition,
[563]
à discuter et à se quereller sur tout ; tout en ne prétendant pas pourvoir
aux besoins de la famille, néanmoins elle s'efforce, d'une manière directe
ou indirecte, d'usurper l'autorité du chef de la maison et de s'accaparer de
la bourse et de la direction de la famille. Partout où ces conditions
prévalent, contraires à l'intention divine et à ses arrangements, elles
produisent, tôt ou tard, des fruits plus ou moins amers, quelque sages ou
nécessaires qu'elles puissent paraître pour le moment. On ne peut espérer
les fruits paisibles de la justice [droiture — Trad.] que si l'on observe
l'ordre naturel divin. On peut prétendre que, dans les conditions actuelles
des choses, les troubles de ce genre sont inévitables : les hommes égoïstes
franchiront les limites de l'ordre et des desseins de Dieu et les femmes
égoïstes en feront autant ; en conséquence, la paix, l'ordre et la
bénédiction destinés à l'homme parfait ne peuvent être obtenus par ses
enfants déchus, et le seul remède en vue pour les afflictions actuelles de
la famille à cause de la chute d'Adam et du manque d'appréciation du plan
divin, c'est le rétablissement. Nous sommes bien de cet avis, et nous nous
joignons de tout cœur à la prière du Seigneur : “Que ton règne vienne, que
ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel”.
Nous
n’allons pas étudier maintenant les possibilités de faire sortir l'ordre du
désordre qui règne parmi les humains, mais quel est l'arrangement, la ligne
convenable de conduite pour la Nouvelle-Création en rapport avec le foyer,
la famille, etc., et les devoirs réciproques entre le mari et la femme, les
parents et les enfants. Nous pourrions à bon droit examiner ce sujet sous le
titre des devoirs et des obligations des chrétiens et des chrétiennes, si le
terme “chrétien” n'avait pas tant perdu de son sens primitif, qu'aujourd'hui
on l'emploie pour désigner quiconque n'est ni juif, ni païen. Au sens strict
du terme, “chrétien” signifiant un croyant en Jésus de Nazareth et un de ses
disciples, ne peut s'appliquer qu'à la Nouvelle-Création. C'est à cause de
cette déviation de sens si courante, si générale, que nous tenons à
différencier les croyants vraiment consacrés comme étant la Nouvelle
Création.
[564]
L'Apôtre montre distinctement que l'alliance du mariage parmi les humains
est un arrangement divin destiné à figurer ou. à illustrer l'alliance qui
unit Christ et l'Église, son Épouse — son corps. Ses déclarations sont des
plus explicites : “Femmes, [soyez soumises] à vos propres maris comme au
Seigneur ; parce que le mari est le chef de la femme, comme aussi le Christ
est le chef de l'assemblée, lui, le sauveur du corps. Mais comme l'assemblée
est soumise au Christ, ainsi que les femmes le soient aussi à leurs maris en
toutes choses. Maris, aimez vos propres femmes, comme aussi le Christ a aimé
l'assemblée et s'est livré lui-même pour elle, afin qu'il la sanctifiât, en
la purifiant par le lavage d'eau par [la] parole ; afin que lui se présentât
l'assemblée à lui-même, glorieuse, n'ayant ni tache, ni ride, ni rien de
semblable, mais afin qu'elle fût sainte et irréprochable. De même aussi, les
maris doivent aimer leurs propres femmes comme leurs propres corps ; celui
qui aime sa propre femme s'aime lui-même. Car personne n'a jamais haï sa
propre chair, mais il la nourrit et la chérit comme aussi le Christ
l'assemblée : car nous sommes membres de son corps. “C'est pour cela que
l'homme laissera son père et sa mère et sera joint à sa femme ; et les deux
seront une seule chair”. Ce mystère est grand ; mais moi je parle
relativement à Christ et à l'assemblée. Toutefois, que chacun de vous aussi
en particulier aime sa propre femme comme lui-même ; et quant à la femme,
qu'elle craigne son mari” —
Eph. 5 : 22-33 (D).
Le
fait que des unions, dans le type, soient en général si imparfaites et si
peu satisfaisantes, n'annule pas l'idée que le mariage devait servir de
type, de même que nombre des sacrifices des Israélites étaient imparfaits et
insuffisants mais constituaient néanmoins des types du vrai sacrifice. La
Nouvelle-Création devrait estimer le mariage-type, terrestre et les devoirs
et responsabilités qui s'y attachent à juste titre, à un degré d'autant plus
élevé qu'elle apprécie l'union-antitype entre Christ et son Église. Le
mariage étant considéré de cette manière, chaque chrétien trouve l'exemple
le plus sublime de ses devoirs et de ses responsabilités envers sa femme,
dans la sollicitude du Seigneur pour l'Église, pour chacun de ses intérêts
temporels, spirituels, présents et futurs, jusqu'à sacrifier sa propre vie
pour elle.
[565]
Pareillement, la femme qui apprécie les devoirs et es responsabilités de
l'Église envers le Seigneur, se fait une idée plus élevée de son devoir de
femme et de sa position d'aide à l'égard de son mari. Cependant nous ne
devons pas espérer que ces relations spéciales et leur application
convenable puissent être discernées clairement sauf par ceux qui ont la
pensée de Christ. C'est pourquoi, tout en recommandant à tous ceux qui se
marient de concevoir le plus complètement possible l'idéal divin, nous
remarquons néanmoins que nul ne peut saisir, apprécier et appliquer tous les
principes et idéaux liés à ce type sauf ceux qui ont été engendrés de
l'Esprit — La Nouvelle-Création — parce qu'eux seuls ont la pensée (“mind”)
de Christ.
On
pourrait alléguer que les individus de la race humaine n'étant pas tous
déchus au même degré, il arrive assez souvent que la femme possède des
qualités d'esprit et de cœur supérieures à celles de son mari. La question
se pose alors : Dans de telles circonstances où une femme est douée d'un
talent, d'un jugement et de capacités supérieurs, devrait-on la considérer
comme le chef de la famille, et le mari comme son aide ? Nous répondons :
non. Les instructions divines ont été négligées dans un tel mariage, car
aucune femme ne devrait épouser un homme qui lui soit inférieur en caractère
et en talents, quelqu'un qu'elle ne pourrait pas considérer à juste titre
comme son “chef” (tête). Et nul homme ne devrait épouser une femme qui lui
soit supérieure. Celui ou celle qui est devenu(e) une Nouvelle-Créature en
Jésus Christ ne devrait pas non plus s'unir inégalement avec quelqu'un qui
est encore de la terre, terrestre, quelque noble et honorable que puisse
être la personne. Que la Nouvelle-Créature se marie “seulement dans le
Seigneur” est un conseil qu'on ne devrait pas négliger. Le fait de ne pas
l'avoir suivi a attiré de sérieuses difficultés à nombre d'enfants de Dieu.
[566]
MARIAGE DES NOUVELLES-CREATURES
Cependant, une fois le mariage conclu, il est trop tard pour le regretter,
et il ne reste rien d'autre à faire pour l'enfant de Dieu que d'observer
implicitement l'alliance du mariage, dans la lettre et dans l'esprit, dans
la mesure de sa capacité. Si les deux époux sont de Nouvelles-Créatures, et
qu'ils sont bien assortis, il ne devrait y avoir aucune difficulté d’un côté
comme de l’autre pour décider des arrangements et des règles dans la maison
; néanmoins, il convient de prendre en juste considération la compatibilité
dans les dispositions naturelles et les goûts de chacun. Le mari vraiment
chrétien, possédant l'esprit de Christ, aimera sa femme, se souviendra qu'il
s'est engagé à la chérir, à avoir soin d'elle, à pourvoir à ses besoins non
seulement matériels mais également à ceux de son cœur et de ses affections.
Un tel mari ne croira pas qu'il a fait tout son devoir en assurant purement
et simplement les choses nécessaires et le bien-être matériel en nourriture,
en vêtements et en logement, mais il comprendra qu'il se doit de prendre
aussi en considération les intérêts mentaux, moraux et spirituels de sa
femme. Il ne supportera pas que son temps soit entièrement absorbé par les
devoirs et les soucis de la famille, mais il cherchera dans la mesure de sa
capacité, à cultiver son esprit, son cœur ; pour ce faire, il usera de sa
position de mari pour arranger les affaires de la famille de manière à ce
que sa femme ait un temps raisonnable pour la communion spirituelle et
l'étude de la Vérité. Un tel mari n'oubliera pas que, comme pour tout le
reste de la famille, l'égoïsme est plus ou moins retranché dans sa chair
mortelle, et en sa qualité de Nouvelle-Créature, il prendra garde que cette
disposition ne cause de souffrance ou de tort aux autres, et surtout à sa
femme et à ses enfants qui sont chair de sa chair et os de ses os.
L'autorité de chef de famille ainsi exercée en favorisant le bien-être de
ceux qui sont confiés à ses soins, en guidant, en conseillant, etc., aussi
bien qu'en pourvoyant aux choses qui leur sont nécessaires, sera loin d'être
de la tyrannie. L'esprit d'amour d'un tel mari n'ignorera pas volontairement
non plus ce qu'aime ou ce que n'aime pas sa femme, ni les conseils sages
qu'elle peut lui donner. Il admettra le fait que si Adam parfait possédait
toutes les qualités d'un être humain, la séparation d'Ève impliquait aussi
la séparation de quelques-unes de ces qualités : il admettra aussi que, si
par arrangement divin, l'homme possède la force de l'esprit et du corps qui
fait de lui le chef de famille, néanmoins la femme possède tout spécialement
certaines qualités de caractère.
[567]
L'humilité qui appartient à l'esprit d'amour empêchera le mari d'être
aveugle quant aux estimables qualités dont le Créateur a doté la femme et il
admettra que ses propres qualités de cœur et d'intelligence ont besoin
d'être complétées par les autres qualités que, par nature, la femme possède
en particulier. En conséquence, dans la mesure où il a “l'esprit de sobre
bon sens”, il désirera l'aide de sa femme, sa coopération, ses opinions, sa
sympathie, son amour, et il les appréciera hautement.
Cela
ne veut pas dire que rechercher le conseil de sa femme, c'est dans tous les
cas, suivre sa manière de voir : il appartient au mari de peser, de
considérer, de comparer, de décider, en interprétant les sentiments de sa
femme convenablement, raisonnablement et avec bienveillance. La
responsabilité de la direction incombe au mari qui doit l'assurer. C'est une
chose qui lui est imposée par Dieu, une partie de sa charge pour laquelle,
finalement, il devra rendre des comptes.
Pareillement, la femme qui est une Nouvelle-Créature, qui s'est mariée “dans
le Seigneur” et qui, ayant exercé un bon discernement, est bien assortie,
devrait avoir peu de difficulté à comprendre les devoirs, les
responsabilités et les privilèges de sa position selon la chair. “Que la
femme respecte” (D). : “craigne” ; Cr., Martin, v. anglaise et Diaglott :
“révère” ; Stapfer : “doit respecter” ; Maredsous, Segond : “respecter” ;
Goguel et Monnier : “ait du respect” ; Lausanne : “craigne”) son mari” dit
l'Apôtre [voir
Eph. 5 : 33 — Trad.]. Elle ne doit pas attendre que les autres
lui fassent observer qu'elle n'a pas le respect d'une femme pour son mari ;
elle ne doit pas non plus attendre que son mari lui fasse comprendre qu'elle
ne le traite pas avec le respect qui lui est dû selon le contrat de mariage
et selon les indications scripturaires touchant le devoir d'une femme. Au
contraire, en considérant pour elle-même quels sont les devoirs et les
responsabilités d'une femme, qu'elle veille à respecter son mari et à
comprendre que c'est là le sens de son voeu de mariage conforme aux
Écritures — quelle que soit la signification qu'en donnent le monde et
diverses conceptions humaines. Le respect à l'égard du mari a une grande
signification ; il pénètre réellement toutes les affaires de la vie ; il
concerne et influence chaque action, chaque parole et chaque pensée ayant
rapport au foyer et à ses intérêts.
[568]
L'Apôtre Pierre appelle l'attention sur ce même sujet, en employant des
expressions quelque peu semblables [à celles de l'Apôtre Paul — Trad.],
disant : “Pareillement, vous, femmes, soyez soumises à vos propres maris...
d'un esprit doux et paisible qui est d'un grand prix devant Dieu ; car c'est
ainsi que jadis se paraient aussi les saintes femmes qui espéraient en Dieu,
étant soumises à leurs propres maris, comme Sara obéissait à Abraham,
l'appelant seigneur” (1
Pi. 3 : 1-6). De même que l'homme qui honore sa femme s'honore
lui-même, ainsi la femme qui respecte son mari s'honore elle-même. Pourtant,
cette révérence [v. note précédente — Trad.] pour le mari comme pour le
seigneur ou maître ou chef de la maison ne signifie pas esclavage, car
l'Église n'occupe pas devant le Seigneur une position d'esclave, elle
n'éprouve pas non plus une crainte d'esclave, mais une révérence d'amour, de
dévotion, et c'est là l'exemple.
Cette
révérence pour le mari implique non pas que la femme ne doive pas exercer
son jugement ni porter à l'attention de son mari les épreuves ou les
difficultés ou les fardeaux trop lourds pour elle, etc., mais qu'elle ne
devrait pas présenter sa façon de voir, ses espérances et ses désirs d'une
manière impérative, mais avec déférence, reconnaissant son mari en tant que
chef (tête) et cherchant à être heureuse et satisfaite de ses décisions
après qu'elle lui aurait exposé ses pensées sur des sujets d'intérêt mutuel.
Elle devrait chercher à être si prévenante, si sage dans la direction des
affaires de la maison que le mari lui a confiées, qu'elle gagnerait de plus
en plus sa confiance et serait de plus en plus capable de remplir au foyer,
grand ou petit, les tâches importantes d'une compagne. La pensée qu'elle est
une aide et le désir qu'elle a d'être approuvée par son mari, se révéleront
être en accord étroit avec la suggestion que fait l'Apôtre à propos de
l'attitude convenable de l'Église à l'égard du Seigneur, dans la fidélité,
et le désir de recevoir son approbation.
[569]
Mais
de même que, dans l'Église, ce serait une grave offense que d'ignorer
volontairement le Chef (Tête), le Seigneur, à un degré quelconque, touchant
l'oeuvre et ses intérêts, ainsi la femme devrait sentir que sa conduite
serait gravement offensante et en violation de son alliance si elle essayait
de régler le foyer terrestre et d'ignorer volontairement à un degré
quelconque celui qu'elle s'est engagée à respecter comme chef de la famille.
Dans
le cas de deux Nouvelles-Créatures mal assorties — où la femme est
manifestement supérieure — il y a danger de difficulté à arranger les
choses. Si la femme a un meilleur jugement pour diriger son foyer, pour les
dépenses du ménage, pour l'éducation des enfants, etc., elle n'a pas pour
autant la liberté de prendre la direction de la famille, de donner des
ordres à son mari ou de le diriger comme s'il était l'un de ses enfants au
un domestique. Une telle violation de l'arrangement divin ne peut que
produire à coup sûr un préjudice spirituel, sinon financier et dans les
affaires temporelles, non seulement pour l'homme mais aussi pour la femme.
Dans
de telles conditions, l'homme perdrait petit à petit la virilité qu'il
possédait ; il abandonnerait graduellement toutes choses entre les mains de
sa femme, et deviendrait purement et simplement son instrument, son esclave
juste bon à assurer la subsistance et à exécuter les ordres de sa femme.
Pareille condition ne serait pas à l'avantage du mari dans sa qualité de
Nouvelle-Créature ; pareille dégradation de sa chair réagirait sûrement sur
lui d'une manière défavorable, le découragerait et l'empêcherait de croître
en grâce, en connaissance et dans le service de la Vérité. Sur la femme,
également, l'effet se révèlerait désastreux dans la proportion où la
conduite suivie est plus ou moins mauvaise. S'il s'agit d'un cas extrême —
soit que le mari laisse tomber tout, petit à petit, sur sa femme, soit que
la femme ait graduellement usurpé les responsabilités d'un mari — la femme
sent tout le poids de ce fardeau sur elle, en plus de ses obligations
maternelles. Dans sa tentative d'être à la fois le mari et la femme, le père
et la mère, elle est certaine de devenir plus ou moins une “ femme
d'affaires ”, plus ou moins têtue et imbue de son rôle. Il est possible que
ses amies admirent la force de caractère qu'elle manifeste, considèrent
qu'elle ne peut pas agir autrement et même qu'elles l'encouragent et la
proposent comme exemple louable de “femme de caractère” ;
[570]
pourtant, aucune d'elles ne l'aimera comme on l'aurait aimée si elle avait
développé les caractéristiques d'une vraie femme et d'une vraie épouse. En
outre, les qualités naturelles que développerait cette ligne de conduite
réagiraient défavorablement sur elle en tant que Nouvelle-Créature en
Christ, et d'une manière inconsciente, elle deviendrait moins spirituelle et
se donnerait plus d'importance personnelle dans les choses concernant
l'Église.
En
cas de mariage mal assorti entre Nouvelles-Créatures, le mieux pour le mari,
est de se dire : “J'ai pris une femme sans tenir compte de l'arrangement
divin. J'ai couru ainsi le grand risque d'être malheureux en ménage. La
seule chose possible, maintenant, est de faire tout ce que je peux pour
atteindre à l'idéal le plus élevé pour moi du vrai mari, en imitant autant
que possible l'exemple du Seigneur. J'aurai d'autant plus besoin de
surveiller toutes mes paroles et toutes mes actions, de rechercher d'autant
plus ardemment la sagesse qui vient d'en haut afin que je puisse m'acquitter
le mieux possible des devoirs de chef de cette maison, tâche pour laquelle
je ne me sens pas qualifié naturellement”.
En
pareil cas, la femme devrait se dire : “J'ai négligé d'observer les
instructions divines de l'Eternel et je suis mal mariée dans le sens que je
ne puis révérer mon mari, me rendant instinctivement compte que j'ai plus de
talents naturels que lui. Il me faut tirer le meilleur parti de la
situation. Je dois remplir mon rôle avec fidélité, et dans la mesure où je
verrai mon mari inférieur à sa tâche, j'agirai avec tact et je prierai pour
obtenir la sagesse d'en haut afin de savoir comment l'aider, comment
l'élever afin d'en faire un caractère noble et d'augmenter ses capacités le
plus possible, en sorte que je puisse ainsi l'aimer et le révérer davantage.
Tel est mon strict devoir d'épouse ; je le ferai fidèlement comme pour le
Seigneur. Quant à ses faiblesses et à son pauvre jugement, non seulement je
les cacherai à ceux du dehors, mais autant que possible à moi-même ; si je
dois en faire part à mon mari, je chercherai à éviter de lui en faire aucun
reproche ou de faire étalage de mes capacités supérieures. Je veux espérer
qu'avec le temps, ses propres échecs lui recommanderont de faire appel à mon
jugement plus sûr que, toutefois, je ne veux pas lui imposer, ni le pousser
à adopter, mais que je lui exposerai simplement, d'une manière aimable,
comme une compagne doit le faire.
[571]
J'espère qu'avant peu il recherchera mon avis et lui accordera de plus en
plus de poids dans toutes les affaires de sa vie, et qu'ainsi, jour après
jour, année après année, nous pourrons croître ensemble en harmonie avec le
divin modèle de l'alliance entre Christ et l'Église. Je serai bénie comme
femme en cultivant l'humilité et la soumission à l'arrangement divin : mon
mai sera béni par l'influence ennoblissante que je pourrai avoir sur lui ;
ainsi, le mariage mal assorti qui parut tout d'abord si désavantageux
pourra, par la grâce de l'Éternel — suivant les instructions de sa Parole —
avoir pour résultat de nous amener tous les deux plus près du modèle divin
présenté par l'Apôtre”.
Un
autre cas différent peut se présenter : celui, par exemple, de deux
Nouvelles-Créatures, bien assorties selon la chair, qui, après des années de
communion et d'assistance, pourraient se désunir. Une telle conclusion après
un début si favorable impliquerait que l'un ou l'autre a perdu le saint
esprit d'amour, sinon entièrement, du moins dans une très grande mesure ;
que l'un ou l'autre a négligé l'injonction de l'Apôtre et toute la
réglementation divine des devoirs du mari envers sa femme et de la femme
envers son mari. Si la faute incombait au mari et qu'il cessait de subvenir
aux besoins de sa femme, de la chérir et si, au contraire, il l'abandonnait
soit dans son cœur, soit dans son affection ou réellement, cela impliquerait
qu'il est sérieusement éloigné du Seigneur, de la direction de son Esprit et
de “la sagesse qui vient d'en haut, laquelle est premièrement pure, ensuite
paisible, modérée, traitable, pleine de miséricorde et de bons fruits”. Dans
de telles circonstances nous ne pourrions pas considérer une telle personne
comme étant approuvée de l'Éternel, comme un “vainqueur”, à moins qu'elle ne
se réforme.
La
difficulté pourrait venir du côté de la femme. Elle pourrait devenir
rebelle, orgueilleuse, prétentieuse et graduellement perdre toute
considération pour son mari ; elle pourrait même le montrer sous un faux
jour, le desservir, et dire faussement toute sorte de mal. Un tel état de
choses indiquerait une très mauvaise condition de cœur, bien éloignée de
celle qu'inculque la Parole, et impliquerait certainement un déclin
spirituel, peu importe à quel degré une forme extérieure de piété pourrait
être conservée. Une telle personne serait sûrement dans une triste condition
pour paraître devant l'Époux céleste avec le moindre espoir de recevoir son
approbation, car une telle conduite à l'égard de l'époux terrestre
signifierait certainement une piètre appréciation des devoirs de l'Église
envers son Seigneur.
[572]
Si
elle est infidèle au mari qu'elle voit, cela prouverait et impliquerait
certainement l'infidélité à l'Époux céleste qu'elle ne voit pas. Les
relations terrestres comme mari ou femme, entre une Nouvelle-Créature et une
qui ne l'est pas, sont pour certains, un sujet de grande perplexité, et
nombreux sont ceux qui se trouvent dans cette condition. Lorsque les deux
conjoints se trouvent bien assortis selon la chair, le problème est déjà
assez difficile, mais lorsqu'ils ne sont assortis ni physiquement, ni
spirituellement, les difficultés en sont multipliées. Si l'époux fait partie
de la Nouvelle-Création et que la femme a l'esprit du monde, sa vraie
religion à lui et “l'esprit de sobre bon sens” qu'elle donne petit à petit
sur tous les sujets, et la modération qu'elle inculque dans toutes les
affaires, devraient le grandir de plus en plus dans l'estime de sa femme
mondaine, à condition qu’elle soit, par nature, noble de caractère et bien
disposée. Les prévenances qu'il aura pour elle, la pleine liberté de
conscience qu'il lui accordera de plein gré et son attachement personnel au
principe, tout tendra à faire de cette union une union heureuse, sauf que le
mari ne trouvera pas chez sa femme cette communion spirituelle qu'en tant
que Nouvelle-Créature, il doit apprécier pardessus toute autre communion.
Pourtant ses prières en faveur d'une telle épouse à l'esprit noble, son
exemple personnel, la présentation raisonnable qu'il fera de la Vérité,
gagnera selon toute probabilité, une telle femme au Seigneur et fera d'elle
une compagne spirituelle aussi bien qu'une compagne naturelle. De cette
manière, la patience du mari et sa fidélité à ses obligations maritales
pourraient être grandement récompensées, tandis que la fidélité de sa femme
aux principes apporteraient également à cette dernière la bénédiction et le
bonheur.
[573]
Si
c'est la femme qui est un membre de la NouvelleCréation et que le mari a
l'esprit du monde, si d'autre part ils sont bien assortis, le problème sera
de même comparativement facile à résoudre. Le mari d'un caractère noble,
même s'il est mondain, respectera les actions raisonnables de sa femme
faites par motif de conscience ; son désir de pourvoir à ses besoins
mentaux, moraux et spirituels, comme se le doit un mari, lui fournirait tout
ce qu'elle désirerait en tant que femme, sauf la compagnie spirituelle de
son époux. Avec un tel époux à l'esprit noble, la fidélité de sa femme
envers le Seigneur et envers lui-même dans tous les devoirs de la vie,
pourrait éventuellement être bénie en déterminant la consécration du mari au
Seigneur, la femme pourrait avoir des désirs et des ambitions louables
d'ordre temporel ou même spirituel que son mari ne pourrait apprécier,
quelque noble qu'il pût être. Dans ce cas, elle devrait prendre en
considération le conseil que le Seigneur donne à son peuple, d'être modéré
en toutes choses ; elle devrait estimer la grande libéralité de son mari, et
tout en ne faisant aucun compromis de conscience ou de principe, elle
devrait se souvenir que, parmi ses obligations de femme reconnues par le
Seigneur, il en est une qui exige d'elle qu'elle réserve à son mari une
partie de son temps pour lui tenir compagnie. Ceci pourrait — mais ce ne
serait pas inconvenant — l'empêcher d'assister à quelques-unes des réunions
de l'Église, mais elle devrait, par contre, prendre garde dans son désir de
plaire à son mari, à ne pas violer sa propre conscience ni à mettre entrave
à ses responsabilités et à son obéissance au Seigneur, Son Époux céleste.
Elle devrait se rappeler son injonction de ne pas oublier le rassemblement
de nous-mêmes. Tout ce que nous recommandons ici, c'est la modération, la
considération pour son mari, etc., de manière à partager dans une certaine
mesure le temps avec lui en lui réservant une part raisonnable de sa
compagnie.
Lorsque les conjoints sont mal assortis — l'un incroyant et l'autre une
Nouvelle-Créature — et qu'en plus ils le sont selon la chair en sorte que la
femme est intellectuellement supérieure à son mari, etc. — le cas est
beaucoup plus compliqué et exige plus de sagesse et de grâce encore de la
part du croyant.
[574]
S'adressant spécialement à ceux qui se trouvent dans cette situation, il
leur donne le conseil suivant : “Si une femme a un mari incrédule, et qu'il
veuille habiter avec elle, qu'elle ne l'abandonne pas... Mais si l'incrédule
s'en va, qu'il s'en aille ; le frère ou la sœur ne sont pas asservis en
pareil cas : mais Dieu nous a appelés [à marcher] dans la paix. Car que
sais-tu, femme, si tu ne sauveras pas ton mari ? ou que sais-tu, mari, si tu
ne sauveras pas ta femme ?” —
1 Cor. 7 : 13 - 16 .
Le
seul point qui est tout à fait clair touchant le devoir du croyant, c'est
qu'il doit faire son devoir, et chercher de toutes manières convenables et
honorables à conserver la paix du foyer et son bien-être général, en évitant
tout sujet de dispute sans compromettre son propre attachement au principe
et à sa conscience. S'il y a une cause réelle de séparation, le croyant doit
veiller à ce que la cause ne soit pas son fait à lui. L'Esprit de Christ
qu'il possède doit le rendre jour après jour plus aimable, plus humble, plus
pacifique, plus prudent, plus sage, plus longanime, plus patient, plus
affectueux et plus bienveillant. Tout ceci, cependant, ne suffira pas
toujours à faire face à la situation. Parfois, l'incroyant a des
dispositions naturelles si viles et leur donne libre cours, au point d'être
tout à fait irascible ; alors, de même que les agissements bienveillants de
Dieu à l'égard du Pharaon ne faisaient qu'endurcir son cœur, ainsi l'Esprit
de Dieu dans ses enfants, brillant dans toute la mesure du possible de
l'éclat des grâces et des fruits de cet Esprit, peut parfois ne rencontrer
que cette haine que les ténèbres ont pour la lumière et à laquelle notre
Seigneur faisait allusion, disant : “Les hommes ont mieux aimé ainsi les
ténèbres que la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises” (Jean
3 : 19 - 20). En pareils cas, il se peut que la séparation
s'ensuive, ainsi que l'indique l'Apôtre, qu'elle soit ou non accompagnée
d'un jugement de divorce rendu par des tribunaux terrestres. En aucun cas,
cependant, la NouvelleCréature n'est libre de se remarier tant que le
divorce n'est pas accordé et cela dans le seul cas mentionné par notre
Seigneur : Celui de l'adultère du conjoint —
Matt. 19 : 9 .
[575]
Dans
le texte précité, l'Apôtre déclare : “Si l'incrédule s'en va, qu'il s'en
aille”, mais il ne faut pas en déduire que la désertion d'un des conjoints
accorde à l'autre la liberté de se remarier : elle indique purement et
simplement que le croyant devrait considérer cette désertion comme l'une des
circonstances de la vie permise par la providence divine que Dieu est
abondamment capable de diriger pour son bien ; en l'acceptant ainsi, il doit
s'attendre à avoir des occasions favorables correspondantes pour se rendre
utile au service du Seigneur. Bien que l'Apôtre souligne très expressément
que le croyant ne doit pas être celui qui abandonne l'autre, nous croyons
que les tribunaux humains ont sagement compris et interprété la situation en
l'appelant un “abandon implicite” — c'est-à-dire qu'il est possible qu'un
conjoint abandonne complètement l'autre dans la vie tout en ne se séparant
pas d'une manière absolue. La femme incrédule pourrait exercer (et dans
certains cas a exercé) tant de petites tracasseries dans le foyer, qu'elle
en arriverait à détruire tout ce qui en fait la douceur pour le changer en
un véritable purgatoire ; elle pourrait ainsi en arriver à détruire les
publications religieuses de son mari, à s'efforcer de l'empêcher totalement
de lire ou d'étudier, ou de réfléchir, à cause de l'agitation provoquée à
dessein parmi les enfants influencés par elle à ne faire aucun cas des
paroles et des conseils de leur père, et à le traiter d'une manière indigne.
Une
telle femme peut ne pas abandonner réellement son mari, mais avec un esprit
plus vil, elle peut préférer l'employer comme son esclave, afin que, par son
travail, elle puisse jouir de tout le bien-être matériel de la vie. Les lois
humaines ont assimilé une telle ligne de conduite à une désertion —
l'abandon de l'alliance et des obligations du mariage et des devoirs
raisonnables de la vie. Une telle personne devient un obstacle et un
offenseur au lieu d'être une compagne. Dans ce cas, nous croyons que le mari
est parfaitement justifié à se considérer comme abandonné et à prendre un
domicile séparé où il pourrait avoir ceux des enfants qui n'auraient pas été
complètement empoisonnés par la mauvaise conduite de la mère. Ses
obligations envers une telle femme ont déjà eu leur terme à cause de sa
conduite ; c'est elle qui a déserté et rompu le contrat de mariage, et en
lui retirant son soutien, il ne fait purement et simplement qu'accéder aux
exigences de sa conduite.
[576]
Si,
pourtant, elle se repent à un moment quelconque, il devrait se montrer
généreux en accordant le pardon et en rétablissant l'arrangement familial
sur une base convenable. Rien, dans cet avis, ne devrait être compris comme
étant un encouragement à cultiver l'impatience ou la promptitude à se
trouver offensé et à se sentir lésé. L'amour exige que tout ce qui est
supportable soit supporté, et que si le mal a été rendu pour le mal, en
parole ou en action, le tort soit considéré comme compensé et pardonné.
Dans
d'autres cas, l'abandon peut être le fait du mari incrédule. Son caractère
abject peut faire de lui un tyran brutal, sans égard pour la santé et le
bonheur de sa femme, et particulièrement hostile à ses convictions
religieuses. Comme nous l'avons déjà indiqué, le croyant doit chercher à
obtenir la grâce de l'esprit d'amour qui lui permettra d'endurer
pratiquement “toutes choses” et d'en profiter, celui de croître en grâce
dans ces circonstances en cultivant l'Esprit du Seigneur et ses diverses
grâces. Toutefois, il y a une limite à tout, limite au delà de laquelle il
ne serait pas convenable d'aller. Au delà de cette limite, l'influence sur
le compagnon injuste lui rendrait un mauvais service au lieu de l'aider.
Chacun doit décider pour lui-même la juste limite de la soumission dans de
telles circonstances. Il faut que sa propre conscience décide après qu'elle
ait été instruite tant par la lettre que par l'esprit de la Parole divine. A
mesure que l'on croît en grâce, il est possible que les épreuves deviennent
d'autant plus pénibles, mais la douceur devrait permettre une plus grande
force d'endurance, et une plus grande mesure d'“esprit de sobre bon sens”
devrait permettre de déterminer quand a été atteint le point où la rigueur
et l'offense ne seraient plus supportables. Dans de telles conditions, la
grâce d'en haut est nécessaire; elle est promise et doit être recherchée
avec ardeur —
Jacques 1 : 5.
Il
existe des maris ignobles et brutaux, qui n'ont aucune juste conception,
soit des devoirs du mari, soit des libertés légitimes d'une femme, mais dont
la seule conception d'une femme est celle d'une esclave corvéable à merci,
meilleure qu'une domestique à gages, ou celle d'une remplaçante de
prostituée à bon marché.
[577]
Pareille manière d'agir de la part d'un mari constitue une désertion de sa
part, et la loi de Dieu telle que l'expose ici l'Apôtre est, bien
interprétée, en plein accord selon nous, avec les lois humaines, lesquelles
déclarent que pour un tel homme, le nom de mari est une appellation inexacte
; que si jamais il a, en toute connaissance de cause et réellement,
contracté un mariage avec une femme, il l’a absolument et incontestablement
rompu, comme il le prouve d'une façon convaincante par sa manière d'agir.
Une femme dans de telles circonstances est libre de se considérer comme
abandonnée et de prendre toutes dispositions meilleures pour elle selon
qu'elle en a le moyen ; toutefois, ni par les lois humaines, ni par les lois
divines, il ne lui est permis de se remarier. En pareil cas, elle devrait
s'attendre au Seigneur soit pour adoucir sa condition, soit si possible,
pour procurer un moyen d'y échapper. Elle devrait prendre en considération
l'âge de ses enfants, ce qui pourrait être fait pour eux aussi bien que pour
elle-même et bien peser avec soin et dans la prière, les circonstances,
avant de prendre une décision. Cependant, si sa situation est supportable,
qu'elle reste, comme le dit l'Apôtre, dans l'espoir qu'en montrant l'esprit
de douceur, de gentillesse, de patience, d'amour, elle puisse regagner le
cœur de son époux et peut-être le gagner pour le Seigneur.
Nous
avons traité ce sujet longuement, sachant, d'après une importante
correspondance privée, que bon nombre d'enfants du Seigneur les plus fidèles
vivent dans une fournaise matrimoniale d'affliction. Dans les conditions de
l'appel de la Nouvelle-Création, nul ne devrait s'attendre à ce que la vie
présente soit un rêve paisible et agréable de félicité terrestre, car notre
Seigneur, parlant spécialement des Nouvelles-Créatures, a déclaré : “Les
ennemis d'un homme seront les gens de sa maison” (Matt.
10 : 36). Elles ne devraient pas être surprises d'être appelées
à beaucoup endurer pour la cause de la Vérité, et ainsi, de prouver au
Seigneur leur fidélité envers lui et envers sa Parole : leur bonne volonté à
endurer toutes les épreuves ardentes qu'il jugera les meilleures pour faire
développer en elles les grâces de l'Esprit. Elles devraient se rendre
compte, aussi, qu'il ne leur appartient pas de choisir le genre d'épreuves
ardentes qui les développeront, les prépareront et les rendront propres pour
le Royaume, mais qu'elles doivent remettre toutes choses entre les mains du
Seigneur.
[578]
Il
est cependant de notre devoir de montrer à toutes celles d'entre elles qui
souffrent, qu'après un temps raisonnable d'épreuve et de développement,
elles doivent s'attendre à la délivrance divine, à l'ouverture pour elles
d'une voie permettant d'échapper à des choses trop difficiles à endurer.
Ceci s'accorde avec l'exhortation de notre Seigneur : “Quand on vous
persécutera dans cette ville, fuyez dans l'autre” —
Matt. 10 : 23 ;
2 : 13 ;
4 : 12 ;
12 : 15.
LA CONSCIENCE, CRITÉRIUM DÉCISIF
En
rapport avec ces choses, nous avons fait allusion à la conscience, et il
peut être à propos d'appeler ici l'attention sur ce que nous entendons par
ce terme. Nous voulons dire : la conviction quant à ce qui est juste, ce
qu'est le devoir. Chez l'homme parfait, la conscience serait un guide absolu
; il connaîtrait d'instinct le droit et le devoir ; mais les six mille ans
de chute ont amené la race dans une condition telle que la conscience est
certainement déréglée, faussée par des idées erronées. La conscience
chrétienne se fonde sur la foi en Dieu, sur l'acceptation de sa volonté
comme étant absolument droite, et l'aveu de notre propre obligation d'obéir
totalement et de bon cœur à la volonté divine. La conscience a donc
justement besoin de l'instruction telle que la donne la Parole de Dieu, et
pour cette raison, la Nouvelle-Créature doit avoir “l'esprit de sobre bon
sens” : sa conviction sur ce qui est bien et sur ce qui est mal doit se
développer et s'éclairer au fur et à mesure que la. Nouvelle-Créature croît
en grâce, en connaissance et en esprit d'amour. Obéir à la conscience, c'est
pour la Nouvelle-Créature faire ce qu'elle croit que le Seigneur voudrait
lui voir faire ; cependant, elle ne doit pas tirer trop vite une conclusion
sur ce sujet, mais elle doit peser avec soin le témoignage de la Parole
divine et décider en conséquence. Il y a des gens qui permettent à la
crainte et à la soumission servile de dominer leur conscience et de la
corrompre en tant que vraie conseillère. La ligne de conduite convenable à
suivre pour le peuple du Seigneur est de guider leur conscience,
c'est-à-dire de guider leurs convictions par ce qui est bien et ce qui est
mal, par la Règle d'or et toutes les instructions secondaires qu'offrent les
Écritures.
[579]
EUNUQUES, VIERGES, CÉLIBAT
Les
questions de sexologie sont parmi celles qui causent certainement la plus
grande perplexité à la Nouvelle-Création ; c'est pourquoi on ne doit pas les
négliger ici. Ceux qui ont été engendrés de l'Esprit aux joies et
bénédictions spirituelles, à l'amitié et à la communion spirituelles, se
rendent compte d'instinct que les rapports sexuels n'élèvent pas
spirituellement, mais que leur tendance est plutôt dans la direction
opposée. Il est bon que tous les consacrés du Seigneur non mariés examinent
ce sujet à fond avant d'entrer dans les liens du mariage et d'assumer ses
responsabilités. Le Seigneur semblait faire allusion au célibat d'une
manière approbatrice quand il dit : “Il y a des eunuques qui sont nés tels
dès le ventre de leur mère ; et il y a des eunuques qui ont été faits
eunuques par les hommes ; et il y a des eunuques qui se sont faits eux-mêmes
[au figuré] eunuques pour le royaume des cieux” (Matt.
19 : 12). Cela veut dire que certains, par l'exercice de leur
volonté ont pris après leur consécration au Seigneur, la détermination de ne
pas se marier, mais de rester vierges en vivant une vie de célibat. Le
Seigneur lui-même fut un de ceux-là et il est sûrement notre plus noble
exemple dont nous devrions suivre tous les pas aussi près que possible.
L'Apôtre attire instamment notre attention sur ce sujet disant:
“Or,
pour ce qui est de ceux qui sont vierges [jeunes hommes ou jeunes filles],
je n'ai pas d'ordre du Seigneur ; mais je donne mon opinion comme ayant reçu
miséricorde du Seigneur pour être fidèle. J'estime donc que ceci est bon, à
cause de la nécessité présente (Seg. : “des temps difficiles qui
s'approchent” ; Goguel et Monnier : “des calamités imminentes”)
[c'est-à-dire, dans les conditions présentes : d'une part, nos propres
imperfections et celles des autres, et d'autre part, les privilèges,
occasions favorables et devoirs spéciaux de ceux qui ont fait une pleine
consécration au Seigneur], qu'il est bon [dis-je] à l'homme d'être tel qu'il
est [de demeurer dans la condition où la Vérité a pu le trouver, marié ou
célibataire].
[580]
Es-tu
lié à une femme, ne cherche pas à en être séparé. N'es-tu pas lié à une
femme, ne cherche pas de femme. Toutefois, si même tu te maries, tu n'as pas
péché ; et si la vierge se marie, elle n'a pas péché.
“Mais
ceux qui font ainsi [qui sont mariés] auront de l'affliction pour ce qui
regarde la chair ; mais moi je vous épargne. Or, je dis ceci, frères : le
temps est court : au reste, c'est pour que ceux mêmes qui ont une femme
soient comme n'en ayant pas [ignorant volontairement les rapports terrestres
autant que possible, et mettant les affections spécialement sur des choses
célestes] et ceux qui pleurent [qui se trouvent dans des afflictions
terrestres] comme ne pleurant pas [s'efforçant d'oublier les épreuves, les
déceptions et les difficultés de la condition terrestre, pour profiter de la
joie et de la réjouissance dans les meilleures promesses qui nous
appartiennent pour l'avenir], et ceux qui se réjouissent [dans la prospérité
terrestre] comme ne se réjouissant pas [leur réjouissance dans les choses
spirituelles dépassant grandement toutes les autres sources de joie] ; et
ceux qui achètent comme ne possédant pas [ne plaçant pas leurs affections
sur les choses terrestres] ; et ceux qui vivent de ce monde, comme n'en
vivant pas à leur gré [permettant à la modération et aux intérêts de. la
Nouvelle-Nature d'exercer un contrôle sur toutes les affaires de la vie] :
car la figure de ce monde passe [comme Nouvelles-Créatures, nous devons
vivre en accord avec nos nouvelles espérances, et non continuellement pour
la satisfaction de la chair, nous devons plutôt chercher à tout prix à
affermir notre appel et notre élection pour être des cohéritiers de Christ
dans la glorieuse dispensation du monde à venir].
“Mais
je voudrais que vous fussiez sans inquiétude [terrestre ; c'est pourquoi, en
plus de l'exhortation que je viens de vous donner concernant le changement
des affections et du renouvellement de l'entendement, j'attire maintenant
votre attention sur certains faits incontestables]. Celui [pleinement
consacré] qui n'est pas marié a le cœur occupé des choses du Seigneur,
comment il plaira au Seigneur ;
[581]
mais celui qui s'est marié a le cœur occupé des choses du monde, comment il
plaira à sa femme [il se trouvera dans un danger continuel de partager ses
affections et il aura continuellement besoin d'être sur ses gardes, de
crainte que les affections terrestres n'absorbent tout son temps, son amour
et ses intérêts, et cela en violation de son alliance avec le Seigneur ; or,
les intérêts de la Vérité doivent tout primer s'il veut être un disciple
vainqueur et un cohéritier dans le Royaume]. Il y a [de même] une différence
entre la [condition de la] femme et [celle d'] une vierge : celle
[pleinement consacrée] qui n'est pas mariée, a le cœur occupé des choses du
Seigneur, pour être sainte, et de corps et d'esprit ; mais celle qui s'est
mariée a le cœur occupé des choses du monde, comment elle plaira à son mari.
“Mais
je dis ceci pour votre propre avantage [sans chercher à vous mettre sous le
joug de la servitude ou pour ajouter de quelque façon à vos fardeaux, mais
afin que vous qui n'êtes pas mariés, vous puissiez bien peser la chose et
prendre en considération vos intérêts et vos privilèges spirituels que vous
perdrez en vous mariant], non pour vous enlacer dans des liens [pour vous
limiter dans l'exercice de vos libertés], mais en vue de ce qui est
bienséant [le plus favorable pour vous comme Nouvelles-Créatures], et pour
que vous vaquiez au service du Seigneur sans distraction. Mais si quelqu'un
estime qu’[en demeurant célibataire] il agit d'une manière inconvenante
envers sa vierge [envers une jeune fille à qui il a donné des espérances de
mariage], et qu'elle ait passé la fleur de son âge [en sorte qu'elle aurait
laissé passer d'autres occasions de se marier à cause de son engagement
vis-à-vis de lui], et qu'il faut que cela soit ainsi [si elle a besoin d'un
protecteur ou d'un soutien], qu'il fasse ce qu'il veut [qu'il se marie ou
non] : il ne pèche pas ; qu’ils se marient [si le cas semble l'exiger]. Mais
celui qui tient ferme dans son cœur, et qui n'est pas sous l'empire de la
nécessité, mais qui est maître de sa propre volonté [pour exercer la
maîtrise de soi et vivre une vie de célibat afin de pouvoir se donner plus
complètement au Seigneur et à son Service] et a décidé dans son cœur de
garder sa propre virginité [pureté] fait bien. Ainsi, et celui qui se marie
[qui donne sa virginité en mariage] fait bien, mais celui qui ne se marie
pas [qui ne donne pas sa virginité en mariage — voir note D.] fait mieux.
[582]
“La
femme est liée pendant tout le temps que son mari est en vie ; mais si le
mari s'est endormi, elle est libre de se marier à qui elle veut, seulement
dans le Seigneur ; mais elle est, à mon avis, plus heureuse si elle demeure
ainsi : or, j'estime que moi aussi j'ai l'esprit de Dieu [la pensée de Dieu
sur le sujet, comme je l'ai déjà déclaré. Je ne parle pas sur un
commandement reçu ou par inspiration directe, mais selon ma conviction ou
jugement de la volonté divine]” —
1 Cor. 7 : 25 - 40.
Après
le mariage il est trop tard de décider si l'on préfère ou non vivre une vie
de célibat. L'Apôtre souligne ceci d'une manière très claire, en déclarant
que le mari ne dispose pas de son corps pas plus que la femme ne dispose du
sien, mais que dans le mariage, chacun des conjoints s'est donné à l'autre
au point que tout refus des droits maritaux raisonnables serait une
injustice et une violation du contrat de mariage. L'Apôtre appelle cela “se
frustrer l'un l'autre” (1
Cor. 7 : 5). C'est avant le mariage que l'on doit examiner ces
sujets. Il ne serait pas convenable non plus que l'on essaie de lier
l'autre, ni que les deux fassent le voeu de célibat dans les liens du
mariage. La modération en cela comme en tout autre sujet terrestre doit être
la loi, le frein par lequel la Nouvelle-Nature cherchera à maintenir son
ascendant sur la chair (Voir les restrictions judaïques de
Lév. 20 : 18 ;
15 : 25), en amenant même toutes les pensées du cœur captives à
l'obéissance du Seigneur. Aussi désirable que la continence absolue puisse
être, l'Apôtre montre qu'elle ne doit pas être imposée par l'un ou l'autre,
de crainte qu'elle ne devienne un piège et une tentation à violer les
obligations du mariage. Il déclare :
[583]
“Que
le mari rende à la femme ce qui lui est dû [ce qu'elle pourrait exiger dans
les limites raisonnables, naturelles et justes], et pareillement aussi la
femme à son mari. La femme ne dispose pas de son propre corps, mais le mari
; et pareillement aussi le mari ne dispose pas de son propre corps, mais la
femme. Ne vous frustrez pas l'un l'autre, à moins que ce ne soit d'un
consentement mutuel, pour un temps, afin que vous vaquiez à la prière, et
que vous vous trouviez à nouveau ensemble, afin que Satan ne vous tente pas
à cause de votre incontinence. Or je dis ceci par indulgence, non comme
commandement, car je voudrais que tous les hommes fussent comme moi
[continent et libre, pratiquement un eunuque] .... Or, je dis à ceux qui ne
sont pas mariés et aux veuves qu’il est bon de demeurer comme moi. Mais
s'ils ne savent pas garder la continence, qu'ils se marient, car il vaut
mieux se marier que de brûler” — que d'être consumé par une passion
irrésistible qui gênerait leur communion avec le Seigneur et pourrait se
révéler un piège pour eux —
1 Cor. 7 : 3-9 .
“SEULEMENT DANS LE SEIGNEUR”
Comme
les injonctions du Seigneur sont raisonnables ! Comme elles sont sages ! Et
comme elles sont profitables à ceux qui ont une oreille pour les entendre et
pour s'y soumettre ! Que les enfants de Dieu doivent se marier “seulement
dans le Seigneur”, peut tout d'abord sembler une restriction, une
contrainte, une servitude : eh bien ! non ; c'est purement et simplement un
conseil. Quiconque suit ce conseil trouvera en fin de compte qu'il en a été
béni, et quiconque en fera peu de cas, d'une manière générale, apprendra
plus tard, par de pénibles expériences, combien il a manqué de sagesse en
agissant ainsi.
Aucun
autre contrat, aucun autre arrangement touchant les choses de cette vie
présente ne revêt l'importance du contrat de mariage ; et pourtant des
personnes à l'esprit assez bien équilibré semblent le traiter d'une manière
légère et frivole. Certains parents paraissent réfléchir avec plus de soin
et de jugement à l'achat d'une ferme, à l'élevage de leurs bestiaux, de
leurs moutons, de leurs chevaux, de leurs chiens et de leurs porcs qu'à la
part importante qu'ils doivent prendre à la propagation de l'espèce humaine.
[584]
Un
tel manque de sagesse est difficile à expliquer à moins de supposer qu'ils
considèrent le mariage comme une sorte de loterie, où la chance intervient
au lieu de la raison ; ou bien qu'ils considèrent que Dieu est le créateur
de chaque membre en particulier de la race humaine ; ce faisant, ils
manquent de discerner que, touchant notre race, Dieu accomplit une oeuvre
parfaite dans le premier couple à qui il donna le pouvoir de procréer,
pouvoir qui passa à sa descendance. La juste conception de la nature humaine
est qu'elle est le type le plus élevé de la création animale, et qu'elle a,
comme le reste de cette création, été dotée du pouvoir de se reproduire
selon son espèce. De ce point de vue, il devient tout de suite évident que
Dieu n'est le Créateur direct d'aucun individu de la famille humaine
actuellement vivant, et que les diverses faiblesses, imperfections et
faiblesses d'esprit dont souffre la race, ne peuvent en toute équité être
imputables à l'oeuvre divine, mais à la chute de notre race dans le péché,
et aux effets naturels du péché qui tendent de plus en plus à la chute dans
l'imperfection, la dégradation, et la mort.
Ainsi, donc, même l'homme et la femme naturels devraient bien réfléchir à
propos du mariage, afin qu'ils puissent personnellement contrebalancer dans
toute la mesure du possible les influences dégradantes qui affectent la
race. Ils devraient, par exemple, discerner la nécessité des lois de
consanguinité, afin d'éviter le mariage entre personnes de même sang. De
tels règlements n'étaient pas nécessaires au commencement, quand les fils et
les filles d'Adam se mariaient entre eux librement et sans dommage car, la
race étant encore presque parfaite, aucune faiblesse particulière ne pouvait
se transmettre aux enfants ; mais à présent que la race s'est grandement
corrompue et que non seulement les maladies mais également les
caractéristiques mentales, les traits et les idiosyncrasies se transmettent
par hérédité dans les familles, c'est un acte de sagesse — bien plus, c'est
un devoir, c'est un acte de justice à l'égard des enfants qu'on voudrait
mettre au monde — non seulement d'éviter des unions consanguines de très
proche parenté qui pourraient augmenter les particularités et les
idiosyncrasies physiques et mentales, mais en outre, l'on devrait autant que
possible admettre combien il est à propos de choisir un conjoint qui soit
d'un tempérament différent du sien. La nature semble dans une certaine
mesure, aider en cette affaire, si bien que de vrai(e)s blond(e)s ou de
vrai(e)s brun(e)s préfèrent un conjoint de tempérament contraire.
[585]
Cependant, bien que ces règles qui sont le propre de l'homme naturel
s'appliqueraient à la Nouvelle-Créature, si celle-ci décidait qu'il est plus
sage et mieux de toutes manières pour elle de se marier, l'Apôtre fait
encore une autre exhortation pour guider le mariage de la Nouvelle-Création
selon la chair : c'est pour elle de choisir “dans le Seigneur”. C'est ainsi
qu'elle serait bien assortie tant dans les choses spirituelles que sur le
plan naturel. Certains pourraient faire valoir que si des mariages entre
proches parents selon la chair pourraient produire des extrêmes chez les
enfants, ainsi des parentés étroites selon l'esprit pourraient aussi se
révéler néfastes — de nature à produire des enfants excentriques dans les
questions morales et religieuses. Nous répondons : non. Dans la mesure où la
nouvelle mentalité (“mind”) est reçue, son influence est contraire aux
excentricités de la chair. L'Apôtre déclare : “nous avons la pensée de
Christ”, “l'esprit de sobre bon sens” — nous considérons les choses du point
de vue de Christ. La Nouvelle-Création est engendrée de son Esprit, bien
qu'elle soit toujours imparfaite selon la chair ; elle est guidée par
l'Esprit au moyen de la Parole pour comprendre la pensée divine en toutes
choses.
Il
est vrai que cette nouvelle mentalité doit s'exercer au moyen du corps
mortel et de son organe cérébral imparfait : néanmoins, bien que les
imperfections de la chair puissent, dans une certaine mesure, présenter la
nouvelle mentalité sous un faux jour et déformer sa sublime et admirable
symétrie, la volonté est supérieure ; la chair est plus ou moins influencée
par elle, formée, façonnée, guidée et transformée graduellement, en sorte
que quiconque reçoit la disposition (“mind”) de Christ est certain d'avoir,
dans la même proportion, un jugement plus sûr, un raisonnement solide sur
toutes les questions et sur tous les intérêts de la vie. Ceci peut ne pas
vouloir dire que ce membre de la Nouvelle-Création sera estimé par le monde
comme étant plus sage qu'auparavant, mais ce qui est vrai c'est qu'il sera
réellement plus sage et que si le monde ne discerne pas que ce membre est de
plus en plus sage, c'est parce qu'il est aveugle, manque lui-même de
sagesse, n'a pas la disposition de Christ, et considère généralement les
choses d'un point de vue déformé par la déchéance et l'égoïsme.
[586]
La
sagesse que nous voulons est celle qui vient d'en haut ; c'est celle, comme
l'explique l'Apôtre, qui nous rendra plus purs, plus pacifiques, plus
miséricordieux, meilleurs envers les frères, envers la famille, envers les
humains en général — voire même envers les animaux. La sagesse de ce monde,
comme l'explique l'Apôtre, est terrestre, sensuelle, diabolique, non pas que
tous les gens du monde, hommes et femmes soient sensuels et diaboliques,
mais que la tendance générale de la sagesse mondaine pousse dans cette
direction ; cela signifie aussi que les humains quoique aveuglés, combattent
les lois de l'égoïsme qui les tiennent captifs, tout en cherchant à cacher
les chaînes de son esclavage à eux-mêmes aussi bien qu'aux autres.
Par
“dans le Seigneur”, on devrait comprendre que cette expression signifie
beaucoup plus qu'une simple croyance au Seigneur, des lèvres, beaucoup plus
qu'à une simple appartenance à l'église nominale. Les gens du monde
devraient se marier avec des gens du monde, les gens de l'église nominale
devraient se marier avec des gens de l'église nominale; des croyants
justifiés [Édit. : de simples croyants] qui se confient au sang précieux
[Édit.: au sang méritoire] de Christ devraient se marier avec des compagnes
[Édit.: semblables] justifiées. Mais ceux qui ont franchi le pas d'une
pleine consécration et deviennent des membres du corps de Christ, de la
NouvelleCréation, engendrés de nouveau, ne devraient se marier qu'avec des
Nouvelles-Créatures — avec ceux-là qui sont “dans le Seigneur” comme membres
acceptés du corps de Christ participants de son esprit de sainteté; en plus,
comme nous l'avons déjà montré, chacun devrait veiller à ce que les
relations convenables entre sexes soient maintenues. La femme devra veiller
à ne marier seulement qu'un homme “dans le Seigneur, qu'elle puisse
considérer des points de vue moral, intellectuel, spirituel, comme le chef
de la famille — quelqu'un qu'elle puisse “révérer” ; l'homme devrait veiller
à marier une personne “dans le Seigneur” qui serait, pour autant qu'il est
capable d'en juger, une vraie compagne, pure d'esprit, aimante, douce,
serviable, qui ne lui soit pas supérieure ce qui naturellement, l'obligerait
à la considérer comme le véritable chef de la famille.
[587]
La
Nouvelle-Création, en possession de l'esprit de sobre bon sens, devrait
observer toutes ces règles du mariage, même si elles sont négligées par les
gens du monde qui, eux, ne sont pas guidés par la pensée de Christ mais sont
disposés à n'en faire qu'à leur tête, à être guidés par leurs propres
caprices ou leur imagination, ou à se tromper mutuellement. Si des doutes
surviennent, ne courez pas de risques inutiles, attendez qu'ils se
résolvent.
On
pourrait objecter que si l'on envisageait le mariage d'un point de vue aussi
difficile à satisfaire, les unions seraient beaucoup moins fréquentes. Nous
répondons que cela est possible, mais que bon nombre de ceux qui sont
présentement mariés, en particulier ceux qui, par la grâce du Seigneur, en
sont venus à comprendre plus clairement leur relation avec le Seigneur, en
tant que Nouvelles-Créatures, et à avoir connaissance du conseil qu'il donne
dans l'intérêt de leur développement spirituel sur des sujets concernant la
chair, ils ne se marieraient plus comme ils l'ont fait. Ils sont plus sages
maintenant. Pour nombre de personnes mondaines, il semble que la possibilité
d'obtenir, des tribunaux terrestres, et selon les coutumes, le plein divorce
et le remariage, les rende moins prudentes, moins circonspectes touchant le
choix d'un époux ou d'une épouse. La Nouvelle-Créature, elle, devrait se
souvenir que son union matrimoniale est semblable à celle qui existe entre
le Seigneur et l'Église, c’est-à-dire perpétuelle ; qu'elle n'est pas
annulée par un tribunal terrestre quelconque au point de permettre un autre
mariage sauf pour l'unique raison spécifiée en
Matt. 19 : 9 . Pour le peuple du Seigneur, le mariage “dans le
Seigneur” est donc un engagement très important qui ne devrait être pris
qu'après avoir considéré, et examiné dans la prière et la réflexion chaque
aspect de la situation dans la mesure de son propre discernement.
La
Nouvelle-Création a une autre sécurité dans cette affaire. En raison de son
alliance avec le Seigneur, la Nouvelle-Créature a abandonné sa propre
volonté et accepté celle de son chef (Tête), le Seigneur ; si telle est son
attitude d'esprit — un désir sincère de connaître la volonté de Christ (1) à
savoir si oui ou non elle doit se marier et
[588]
(2) quel est le choix du Seigneur pour elle ; après avoir exercé son
meilleur jugement et sa liberté d'agir, elle remettra toute l'affaire au
Seigneur et le priera de la diriger selon sa sagesse, acceptant avec le
contentement du cœur, les directives ultérieures de la providence divine —
qu'elles soient favorables ou contraires à ce que son meilleur jugement
avait approuvé. C'est en agissant ainsi et pas autrement que le peuple du
Seigneur peut être certain de prendre la bonne manière d'agir. D'après ce
qui précède, nous voyons combien il est important que la Nouvelle-Création
doive avoir clairement à l'esprit les instructions que donne la Parole du
Seigneur sur ce sujet ; qu'elle doive avoir l'esprit même de la Vérité ;
qu'elle conserve constamment en mémoire le fait que ses membres sont des
Nouvelles-Créatures ; qu'elles ne vivent pas comme le fait le monde, pour
jouir simplement de la vie présente, pour élever une famille selon la chair,
mais que leur but (ou leur objet ou leur effort) le plus élevé devrait être
de marcher selon l'esprit et de suivre les instructions de l'Eternel dans
toutes les affaires temporelles aussi bien que spirituelles. Elles devraient
avoir toujours à l'esprit le fait qu'elles sont consacrées à l'Éternel,
mortes avec Christ aux choses du monde, et que désormais leur but, leur
objet essentiel, devrait être d'user de la vie présente et des vases
terrestres comme sacrifices de la manière la plus sage possible, dans
l'intérêt de la Nouvelle-Créature et de l'oeuvre générale qu'elle accomplit
pour servir et glorifier le Seigneur, pour s'édifier elle-même et pour
édifier les autres de la même foi précieuse dans les grâces spirituelles.
Combien il est important que ceux qui sont mariés, que ceux qui ne le sont
pas et que ceux qui envisagent le mariage, se souviennent que leur “tout”
est déposé sur l'autel, et le seul moyen d'obtenir les choses glorieuses
promises ne peut venir qu'en consommant le sacrifice, et par conséquent, que
toutes les affaires de la vie présente devraient être ordonnées selon tous
leurs moyens, de manière à concourir au mieux de leur propre prospérité
spirituelle, de la prospérité des frères et de la gloire de notre Chef !
Il sait
J’ignore ma destinée,
Dieu me voile les yeux.
Il fait sans cesse ma journée
Agréable en tous lieux,
Et par quelque faveur donnée,
Comble mon cœur joyeux.
J'avance voyant à peine ;
C'est assez pour ma foi.
Dieu me rend la route certaine,
Quand j’observe sa loi,
Tandis que je sens qu'il me mène,
En me disant : Suis-moi.
Protégé par sa sagesse,
C'est un bien d'ignorer,
Sa main me dirige sans cesse,
Et m'empêche d'errer.
Mon âme jamais en détresse,
N'a de quoi murmurer.
Je vais donc sans rien connaître,
Ni désirer savoir,
Dans l'ombre avec Dieu mieux vaut être,
Que seul chercher à voir,
Et marcher se fiant au Maître,
Que sans foi se mouvoir.
Cœur
Oui, n'importe où Dieu me guide,
Je le suis satisfait,
Toujours sûr de son égide,
Je chante : “Il sait, Il sait”.
Toujours sûr de son égide,
Je chante : “Il sait, Il sait”.
“Il sait, Il sait, Il sait”.
(Hymne 110)
* * *