LA NOUVELLE
CRÉATION
ETUDE VI
ORDRE ET DISCIPLINE DANS LA NOUVELLE CREATION
* *
*
Ce que veut dire L’ordination
— Seulement douze
ministres plénipotentiaires — “Clercs” et “Laïques” Le choix des Anciens
et des Diacres - Etablir des Anciens dans chaque Ecclésia - Qui peut
élire les Anciens et comment - La majorité ne suffit pas — Différents
ministères — Un ministère doit-il étire payé ? —Discipline dans
l’Ecclésia Où l’on se croit à tort appelé à prêcher — “Avertissez ceux
qui vivent dans le désordre” — L’avertissement ne doit pas être
l’affaire de tous — Les reproches publics doivent être rares “Que
personne ne rende à autrui le mal pour le mal” — Exciter d la charité —
“Nos assemblées” “Variété et caractère de nos réunions” — La doctrine,
encore nécessaire —Occasions de poser des questions — Exemple de
réunions utiles “Que chacun soit persuadé en son propre esprit” Services
funèbres — Dîmes, collectes, aumônes.
* *
*
Pour
examiner ce sujet il est bon d’avoir l’unité de l’Eglise présente à
l’esprit. Si, dans son ensemble et de par le monde, l’Eglise est une, chaque
groupement de croyants représente le tout. Chaque Ecclésia doit donc
considérer le Seigneur comme son chef et reconnaître les douze
apôtres comme étant les douze étoiles, les lumières, les enseignants, que le
Seigneur a spécialement tenus par la main et dirigés, se servant d’eux pour
instruire l’Eglise en tous lieux, dans chaque assemblée et pendant toute la
durée de l’âge de l’Evangile.
Chaque assemblée ou Ecclésia même composée de deux ou trois personnes
— doit se faire un devoir de reconnaître quelle est la volonté du Maître en
toutes choses. Elle doit se sentir à l’unisson avec toutes les chères
Ecclésias d’une “même foi” dans le sacrifice du Rédempteur et
dans les promesses de Dieu, se réjouir de ce qui leur arrive de bien et
admettre que le Seigneur, surveillant général de son œuvre, peut,
aujourd’hui comme à toutes les époques, utiliser des moyens particuliers
pour le service de l’Eglise tout entière en même temps qu’il
emploiera certains membres dans les petites assemblées locales. S’attendant
à l’Eternel et discernant le caractère de ses serviteurs —- humbles, zélés,
de bonne réputation ayant des idées claires sur la Vérité, marquant à
l’évidence qu’ils ont reçu l’esprit et se trouvent sous son onction —
elles seront prêtes à COMPTER SUR les dispositions générales nécessaires aux
besoins de l’Eglise et à chercher à prendre part à la bénédiction
collective, à la dispensation de la “nourriture au temps convenable” promise
par le Maître. Elles se rappelleront également qu’Il a promis une
bénédiction particulière à la fin de cet âge, qu’il attribuerait des choses
nouvelles et des choses anciennes à la maison de la foi, par les moyens
appropriés dont il ferait choix.
Matthieu 24 : 45 à 47 .
Les
moyens, les méthodes qu’il utilisera pour envoyer ces bienfaits, il les
surveillera et les dirigera lui-même.
[307]
Tous
les membres du Corps, d’accord avec la Tête doivent avoir confiance et
attendre l’accomplissement de ses promesses tout en “éprouvant les
esprits” — éprouvant les doctrines d’où qu’elles viennent. Cette épreuve
ou examen n’implique pas une méfiance à l’égard de ceux en qui l’on
reconnaît des éléments conduits par le Seigneur pour répandre la Vérité.
Elle témoigne plutôt en faveur d’une fidélité au Seigneur et à la Vérité,
au-dessus de tout ce que les hommes peuvent dire. Elle montre aussi que les
membres n’écoutent pas la voix de l’homme mais celle du Grand Berger, qu’ils
se régalent de ses paroles et les aiment — aiment à se les redire et à (se)
les assimiler. Ces membres là se fortifient plus rapidement dans le Seigneur
et dans la puissance de sa force que d’autres, étant plus attentifs à la
direction et à l’instruction de Dieu.
Cette
unité générale du corps, cette sympathie universelle, cet enseignement
uniforme répandu par un même canal auquel le Seigneur a pourvu en vue du
rassemblement de ses joyaux à sa seconde présence (Malachie
3 : 17 ;
Matthieu 24 : 31) ne contrarie pas la reconnaissance d’un
certain ordre qui doit exister dans chaque groupe ou Ecclésia. Si
petit que soit de groupe, l’ordre y est nécessaire. Par ce mot “ordre” nous
n’entendons nullement cependant évoquer une rigidité ou un formalisme.
L’ordre qui opère le mieux et à la satisfaction de tous est celui que ne
fait pas de bruit parce qu’on n’en soupçonne pas le mécanisme. Même si la
réunion ne rassemble que trois, ou cinq ou dix personnes, il faudrait
néanmoins demander au Seigneur la direction nécessaire pour trouver parmi
elles ceux qui seraient susceptibles d’être reconnus comme anciens parce que
plus avancés dans la Vérité et possédant les qualifications d’un Ancien
comme nous les avons déjà exposées d’après la Parole inspirée: clarté dans
la conception de la Vérité, aptitude à l’enseigner, vie sains reproche du
côté moral, disposition à maintenir l’ordre sans friction inutile comme dans
sa propre famille par exemple, etc.
[308]
Si le
petit groupe se laisse ainsi conduire par la Parole de l’Esprit de Dieu, ce
qui résulte de l’élection des serviteurs, après y avoir mûrement réfléchi,
devrait être admis comme représentant la pensée du Seigneur, les personnes
choisies au titre d’anciens étant, selon toute probabilité, les meilleurs
éléments de l’assemblée. Cependant, il convient d’y apporter du soin en
sorte que de tels choix ne se fassent pas sans mûre considération et sans
prière. C’est pourquoi, on ne peut que recommander d’annoncer la chose
suffisamment d’avance, et de faire en sorte que seuls ceux qui prétendent
être, de nouvelles créatures (hommes et femmes) soient appelés à exprimer la
pensée du Seigneur — par le vote. Il faut avoir dépassé le stade de la
repentance, de la restitution au prochain dans la limite du
possible, de l’acceptation du sacrifice de Christ comme condition
essentielle à un retour à l’harmonie avec Dieu, et avoir franchi le pas de
la consécration pleine et entière au Seigneur, pour avoir part à
l’onction et aux privilèges accordés à la “maison des f ils”. Eux seuls sont
compétents pour apprécier et exprimer la pensée, la volonté du Chef du Corps
de l’Eglise. Eux seuls forment l’Eglise, le Corps de Christ, tandis que les
autres, qui n’ont pas encore doublé le cap de la consécration mais se
confient néanmoins dans le sang précieux, doivent être considérés comme
appartenant à la “maison de la foi” dont on espère le progrès et au bien de
laquelle on s’emploie.
ORDONNER DES ANCIENS DANS CHAQUE
ECCLESIA
“Ils firent nommer des anciens dans chaque Eglise, et, après avoir prié et
jeûné, ils les recommandèrent au Seigneur”.
Actes 14 : 23 .
Cette
manière d’expression et autres références aux anciens dans toutes les
églises, établit que telle était la coutume invariable dans l’Eglise
primitive. Le mot “anciens” comprend les évangélistes, les pasteurs,
les
[309] docteurs et
les prophètes (ceux qui parlent en public). Il importe donc que nous
sachions ce que signifie ce mot “nommer” ou “ordonner”.
Habituellement il éveille l’idée d’une cérémonie d’installation. Mais tel
n’est pas le sens du terme grec KIROTONKO qu’on trouve ici. Il veut dire
“élire, designer par mains levées”, manière de voter d’ailleurs
encore en usage. Cette définition est donnée dans la concordance analytique
de la Bible du Professeur Young. Comme on pourrait suspecter la tendance
presbytérienne de cet ouvrage, mous citerons encore la définition de la “Concordance
Exhaustive de Strong” qui était méthodiste et qui spécifie le sens de la
racine de ce mot : “Celui qui lève la main, qui vote (en levant la main)”.
Notre
Seigneur se sert d’un mot grec tout différent lorsqu’il dit à ses apôtres
“Moi je vous ai choisi et je vous ai établis ordonnés” (Jean
15 : 16). C’est de ce même mot, TITHEMI, que se sert l’apôtre
lorsque parlant de sa propre ordination il dit : “J’ai été établi
(ordonné, dans la version anglaise seulement) comme prédicateur et
apôtre” (1
Timothée 2 : 7). Or, cette ordination, l’apôtre déclare qu’elle
ne provient “ni de la part des hommes, ni par un homme, mais par
Jésus-Christ et Dieu le Père” (Galates
1 : 1). Tous les membres du Corps Oint, unis à la Tête et animés
de son Esprit, sont par la même semblablement ordonnés (établis) non pas
dans la fonction d’apôtre comme le fut Paul, mais comme ministres ou
serviteurs de la Vérité chacun selon ses talents et les occasions dont il
dispose (Esaïe
61 : 1) — les douze seulement ayant été établis (ordonnés) au
titre d’apôtre, de représentants spéciaux de ministres plénipotentiaires.
Pour
en revenir à l’ordination ou nomination des anciens par le vote de
l’assemblée (Ecclésia) de la Nouvelle Création, à “main levée”,
ainsi que nous l’avons déjà exposé, on remarquera que telle était
l’habituelle manière de faire. L’apôtre se sert du même mot grec lors qu’il
raconte comment Tite est devenu son assistant. Il dit: “qui a aussi
été choisi par les églises pour
[310]
être notre compagnon de
voyage”. Cet “a été
choisi”traduit le grec KIROTONFO qui veut dire “élire à
main levée”. De plus, le “aussi” semblerait indiquer que l’apôtre lui-même a
été choisi par un vote similaire, non pas choisi comme apôtre, mais comme
missionnaire —représentant des églises en cette occasion et peut-être même à
leur frais.
Il
est évident que les tournées de l’apôtre n’ont pas été toutes patronnées par
l’église d’Antioche (2
Timothée 1 : 15). L’Eglise primitive laissait tout le monde
libre d’exercer ses dons et de s’organiser conformément à sa conscience. Les
Ecclésias (assemblées) pouvaient accepter ou refuser les services des
apôtres, même comme représentants. De leur côté les apôtres pouvaient
également vouloir ou ne pas vouloir s’engager, chacun exerçant son propre
jugement on toute liberté.
N’existe-t-il pas pourtant d’ordination d’anciens, dans le Nouveau
Testament, qui soit autre chose qu’une élection ? N’y a-t-il rien qui
paraîtrait conférer une autorité, une autorisation de prêcher, dans
le sens que le mot ordonner revêt actuellement dans le langage
ecclésiastique de toutes les dénominations lorsqu’il s’agit de
l’installation officielle, de l’ordination d’évêques, de prédicateurs,
etc... C’est ce que nous allons examiner.
Le
mot ordonner, au regard des Anciens, ne se retrouve dans la version
anglaise qu’en un autre endroit seulement et traduit un autre mot grec
différent, KATHESTEMI qui veut dire : “placer, établir”. Ce
mot se trouve dans
Tite 1 : 5 : “afin que tu mettes on ordre ce qui reste à
régler et que, selon mes instructions, tu établisses (tu ordonnes — vers.
ang.) des anciens dans chaque ville”. D’après ce texte il semblerait
que Tite avait autorité pour établir ces anciens sans tenir compte des
desiderata des assemblées (églises, Ecclésias). C’est sur cette conception
que repose toute la théorie épiscopalienne de l’ordre ecclésiastique. Les
Catholiques, les Episcopaliens, les Méthodistes, prétendent
tous que
[311]
leurs évêques disposent de l’autorité apostolique d’établir, de nommer des
anciens dans les églises, sans manifestation par un vote à mains lavées de
la part de l’assemblée.
C’est
ce texte qui constitue le bastion défenseur de cette idée. Or, il se révèle
bien faible quand on prend en considération le “selon mes instructions”
qui marque que l’apôtre n’aurait assurément pas donné à Tite l’autorisation,
“l’instruction” d’opérer autrement que ce que lui (l’apôtre) avait
l’habitude de faire. Or, la procédure de l’apôtre, traduite exactement, est
très explicite : “Ils firent nommer, par vote à main levée, des
Anciens dans chaque église et, après avoir prié et jeûné, ils les
recommandèrent au Seigneur”.
Actes 14 : 23 .
Sans
doute, les avis de l’apôtre, les avis de Tite qui avait été spécialement
recommandé en tant que ministre fidèle de la Vérité, devaient être non
seulement souhaités mais encore recherchés par les frères et très
généralement suivis. Malgré cela, l’apôtre et ceux qui suivirent son exemple
ne visèrent à rien d’autre qu’à laisser, la responsabilité où Dieu l’avait
placée c’est-à-dire sur l’Ecclésia dont le devoir consiste à “éprouver
les esprits (enseignements et enseignants) pour savoir s’ils sont de
Dieu” (1
Jean 4 : 1). “Si quelqu’un ne parle pas selon cette Parole,
c’est parce qu’il n’y a pas de lumière an lui”. “Détournez-vous d’eux”
conseille l’apôtre. Il ne faut pas voter pour eux ni les accepter
comme anciens, docteurs, etc...
De
toute façon la position de l’Ecclésia devait nécessairement être prise en
considération, qu’elle l’exprime par un vote ou non. A supposer que Tite ait
installé des anciens sans tenir compte de la pensée des frères, combien de
temps aurait duré la paix dans l’assemblée ? Quel service pastoral ou autre,
un Ancien, imposé à l’encontre des sentiments de l’église, pourrait-il
rendre ? — Pratiquement aucun.
[312]
C’est
aux intrigues des ecclésiastiques et non aux enseignements de notre Seigneur
et de ses douze apôtres qu’il faut imputer la division des saints en deux
catégories le “clergé” et “les laïques”. C’est l’esprit
clérical et l’esprit de l’antichrist qui cherchent encore à dominer sur
l’héritage de Dieu de toutes façons possibles selon le degré d’ignorance
prévalant dans les églises. Le Seigneur et les apôtres ne reconnaissent pas
les Anciens mais l’Eglise (l’Ecclésia) comme étant le Corps de Christ.
L’honneur ou dignité qui rejaillit sur les Anciens fidèles comme serviteurs
du Seigneur et de l’Eglise, n’a rien à voir avec le fait qu’ils se
considèrent comme Anciens ou le soient par d’autres Anciens. Ils doivent
être connus de l’assemblée qui les choisit. Les membres de l’assemblée
doivent, à la lumière de la Parole divine, reconnaître leurs grâces
chrétiennes, leurs aptitudes, là où elles font défaut cette position ou cet
honneur ne pourrait leur être octroyé. Ainsi donc, aucun Ancien n’exerce
aucune autorité par lui-même. En fait, la tendance à ignorer l’Eglise, le
Corps de Christ, et à estimer son jugement personnel comme supérieur à celui
de l’ensemble, constitue la preuve par excellence qu’un tel frère ne se
trouve pas dans les dispositions convenables, pour devenir Ancien. Etre
humble, admettre l’unité de l’Ecclésia comme Corps de Christ demeurent les
principes essentiels pour assurer ce service.
Et
aucun frère ne peut assumer d’obligation publique dans l’Eglise au titre de
conducteur ou de représentant, etc... sans avoir été l’objet d’une élection,
même si le résultat de cette dernière ne faisait aucun doute. La méthode
scripturale de nommer des anciens dans toutes les églises consiste en un
vote à main levée par l’assemblée. Vouloir une élection de ce genre avant de
servir, c’est aller dans le sens de l’ordre recommandé par les Ecritures.
Elle fortifie l’Ancien en même temps qu’elle rappelle à l’Ecclésia quels
sont ses devoirs et ses responsabilités lorsqu’elle choisit ses anciens au
nom et dans l’esprit du Seigneur, exprimant le choix de Dieu, la volonté de
Dieu. En plus de cela, cette manière d’opérer,
[313]
selon l‘Ecriture, intéressé les membres de l’Ecclésia à ce
que disent et font les Anciens qui les servent et les représentent. Elle
constitue un barrage à l’opinion trop courante que les anciens sont les
chefs et doivent gouverner les églises, en même tempe qu’elle met un point
final aux conceptions qui consistent à parler du troupeau
comme “mon troupeau” plutôt que comme “le troupeau du Seigneur que je
sers”.
Pourquoi donc ces questions pourtant si simplement scripturales, ne
sont-elles pas plus généralement comprises et exposées ? Parce qu’il plaît à
l’humaine nature d’être honorée et préférée et qu’elle accepte rapidement
les conditions d’erreur qui favorisent ces sentiments. Parce que les gens y
ont été habitués depuis dix-sept siècles et qu’en fait ils les préfèrent à
la liberté à laquelle Christ les a appelés. Et puis, bon nombre ont éprouvé
une telle confiance dans les coutumes de Babylone qui devaient être bonnes,
qu’ils n’ont jamais étudié la parole de Dieu à ce propos.
DUREE DE L’ANCIENNAT
Rien
n’étant dit, par inspiration au sujet de la durée du mandat d’un Ancien,
nous sommes donc libres d’exercer notre raison et notre jugement à cet
égard. Bien des personnes pourraient être anciens, des frères avancés dans
l’Eglise, être utiles et hautement appréciés, et pourtant ne pas se trouver
au nombre des anciens acceptés par l’Ecclésia pour la représenter comme
évangélistes, docteurs, pasteurs. Les “femmes âgées” 1) dont les apôtres
parlent favorablement en maintes circonstances, sont mentionnées sans la
moindre suggestion qu’aucune d’entre elles ait jamais été choisie comme
“anciennes” ou docteurs pour enseigner dans l’assemblée (Ecclésia). Parmi
ceux qui ont été choisis pour le service de
1) La
place de la femme dans l’Eglise est envisagée dans l’étude V
[314]
l’Ecclésia, il peut s’en trouver qui cessent d’offrir les qualifications
requises tandis que d’autres, sous l’impulsion divine, peuvent accéder à
plus d’activité dans le service de l’Eglise. Une année, une fraction d’année
— soit un semestre ou un trimestre paraissent être des périodes de services
appropriées la plus courte si la personne est moins expérimentée, la plus
longue si, au contraire, elle est suffisamment expérimentée et connue. En.
l’absence de règle et même d’avis ou de suggestion, il appartient à chaque
assemblée de décider au mieux quelle peut être la volonté du Seigneur
dans chaque cas.
DU NOMBRE DES ANCIENS
Le
nombre des anciens n’est pas limité par les Ecritures. Raisonnablement cela
doit dépendre de l’importance de l’Ecclésia et du nombre d’éléments
capables. Il ne faut tenir personne pour un croyant, pour quelqu’un
qui soit entièrement consacré, sans que par ses paroles et ses actes il ait
donné des preuves tangibles de sa foi et de sa consécration, et cela
longtemps avant de le choisir comme Ancien). Nous sommes d’avis d’accepter
tous ceux qui présentent toutes les qualifications désirées et de partager
les différents services entre eux. Si un zèle réfléchi les anime, quelque
œuvre de mission ou d’évangélisation les réclamera bientôt ainsi qu’une
partie du temps de chacun. Chaque Ecclésia devrait devenir un séminaire
théologique d’où partiraient des instructeurs de valeur sans cesse occupés à
élargir les champs d’activité. L’Ancien qui manifesterait de la jalousie à
l’égard d’autres et qui voudrait les empêcher de remplir leur ministère, ne
devrait pas être estimé digne de continuer le sien, et même il ne faudrait
choisir ni un incompétent ni un novice pour satisfaire sa vanité. L’Eglise,
les membres du Corps de Christ doit voter comme elle croit que son Chef
aimerait la voir voter.
Il
serait peut être bon de donner un avertissement pour ce qui est d’élire un
Ancien quand personne ne présente
[315]
les qualités nécessaires telles qu’elles sont définies pair l’apôtre: Mieux
vaut ne pas avoir d’Anciens que d’en avoir qui ne soient pas à la hauteur de
leur tâche. En attendant qu’un frère se désigne à l’attention des autres
membres, les réunions peuvent revêtir un caractère d’études avec la Bible et
avec Frère Russell présent par les Etudes des Ecritures — votre Ancien élu,
si vous le préférez ainsi.
QUI PEUT ELIRE LES ANCIENS ET
COMMENT ?
Seule
l’Ecclésia (le corps — hommes et femmes), les Nouvelles Créatures, peuvent
voter. La “maison de la foi” en général, les croyants qui
ne sont pas aller jusqu’à la consécration, n’ont rien à voir dans une
élection de ce genre parce que, ce que l’on recherche, c’est le choix du
Seigneur, par son “corps”, animé de son Esprit. Tous les
membres du Corps consacré doivent voter. Chacun d’eux a le droit de proposer
des noms lors d’une réunion spéciale convoquée à cet effet, de préférence
une semaine avant le vote de manière à laisser le temps de la réflexion.
Quelques-uns ont insisté dans le sens qu’il était préférable que le vote se
fasse au bulletin secret de manière que chacun soit plus libre d’exprimer un
choix réel A cela nous répondons que quel que soit l’avantage d’un tel
procédé, il se trouve compensé par un sérieux inconvénient puisqu’il aboutit
en fait à perdre le bénéfice de la discipline et de la formation du
caractère que contribue à développer la méthode apostolique du vote “à main
levée” Que chacun apprenne à être direct et sans détour tout on demeurant
aimable et patient. Le vote — on s’en souvient — est le choix
du Seigneur exprimé par les membres de son corps dans la mesure où ils le
discernent. Personne n’a le droit de se dérober à ce devoir ni de favoriser
tel ou tel de préférence à tel autre, à moins de croire avoir à le faire et
d’exprimer ainsi la pensée du Seigneur.
[316]
LA MAJORITE NE SUFFIT PAS
Dans
les décisions des assemblées humaines la voix de la majorité fait loi.
D’évidence, il ne devrait pas en être ainsi dans l’Ecclésia ou Corps du
Seigneur et il serait à souhaiter, autant que possible qu’une unanimité se
dégageât. Le frère sur le nom de qui, se réalise une simple majorité peut à
peine se sentir persuadé que tel est bien “le choix du
Seigneur” pas plus d’ailleurs que l’assemblée elle-même. Il vaudrait mieux
rechercher une autre candidature qui réunirait les suffrages de tous ou
presque, par des votes successifs, semaine après semaine, jusqu’à ce qu’on
ait trouvé, ou qu’on se soit décidé à y renoncer, ou encore que tous
s’accordent pour que deux ou trois ou plus, capables de servir, le fasse à
tour de rôle, de manière à rejoindre les idées de chacun. Là où un amour
ardent pour la Seigneur et la Vérité domine; si l’on prie pour être guidé ;
si, devant des compétences égales, on préfère voir honorer un autre que soi,
on trouvera très simple de distinguer la volonté divine. “Ne faites rien
par esprit de parti ou par vaine gloire”. “Efforcez-vous de conserver
l’unité de l’esprit par le lien de la paix”.
Philippiens 2 : 3 ;
Ephésiens 4 : 3.
Il
conviendrait de procéder de même lorsqu’il s’agit du choix des aides,
diacres et diaconnesses, dont le bon renom est indispensable. (Voir
1 Timothée 3 : 8 à 13). Ceux-ci peuvent en effet être appelés à
rendre n’importe quel service et à cause de cela doivent posséder, autant
que possible, les mêmes qualifications que les anciens, y compris l’aptitude
à l’enseignement et les grâces de l’Esprit.
VARIETE DE MINISTERES
Comme
nous l’avons déjà vu, les anciens peuvent être particulièrement qualifiés
pour telle activité plutôt que pour telle autre.
[317]
Les
uns excellent dans l’exhortation, d’autres dans l’enseignement, d’autres
encore pour prophétiser c’est-à-dire parler en public, comme évangélistes
pour intéresser les incroyants, comme pasteurs pour veiller aux différents
intérêts du troupeau sur le plan local ou sur un plan plus général. Ce que
l’apôtre Paul dit aux anciens de l’Ecclésia d’Ephèse dresse un tableau
général du ministère auquel chacun doit s’adapter et à l’égard duquel chacun
est économe de ses propres talents. Ses paroles méritent d’être prises
sérieusement en considération et dans la prière par tous ceux qui acceptent
les responsabilités d’un ancien pour un travail quelconque dans l’œuvre. Il
dit : “Prenez donc garde à vous-mêmes et à tout le troupeau sur lequel le
Saint Esprit vous a établis surveillants (mot qu’on
traduit souvent à tort par évêques) pour paître (nourrir) l’Eglise
(Ecclésia) du Seigneur” (Actes
20 : 28). C’est qu’en effet les anciens ont tout d’abord besoin
de se surveiller eux-mêmes de peur que le petit honneur qui rejaillit
sur eux en raison de leur position ne les rende orgueilleux, ne leur fasse
prendre des allures de seigneurs, de peur en un mot qu’ils n’a s’attribuent
à eux-mêmes l’autorité et l’honneur qui n’appartient qu’au Chef au Grand
Berger. Nourrir le troupeau est l’affaire du Seigneur ainsi qu’il est écrit
: “Comme un berger, il paîtra son troupeau” (Esaïe
40 : 11). Lors donc que quelqu’un est choisi pour devenir
Ancien, c’est pour qu’il puisse représenter le Grand Berger des brebis et
être l’instrument, l’intermédiaire par lequel le Berger fait parvenir aux
siens la “nourriture au temps convenable”, “des choses nouvelles et des
choses anciennes”. “Malheur aux pasteurs (bergers) qui détruisent
et dispersent le troupeau de mon pâturage dit l’Eternel. C’est pourquoi
ainsi parle l’Eternel, le Dieu d’Israël, sur les pasteurs (bergers)
qui paissent mon peuple: Vous avez dispersé mes brebis, vous les avez
chassées, vous n’en avez pas pris soin ; voici, je vous châtierai à cause de
la méchanceté de vos actions, dit l’Eternel... J’établirai sur elles des
pasteurs qui les paîtront; elles n’auront plus de crainte, plus de terreur”.
Jérémie 23 : 1, 2, 4 .
[318]
IMPOSITION DES MAINS DE L’ASSEMBLEE
DES ANCIENS
1)
“Ne néglige pas le don qui est ou toi et qui t’a été donné par prophétie
avec l’imposition des mains de l’assemblée des anciens”.
1 Timothée 4 : 14 .
2)
“Ils les (les six diacres choisis par l’Eglise) présentèrent aux apôtres
qui, après avoir prié, leur imposèrent les mains”.
Actes 6 : 6 .
3)
“Dans l’Eglise d’Antioche... le Saint Esprit dit Mettez-moi à part Barnabas
et Saul pour l’œuvre à laquelle je les ai appelés. Alors, après avoir jeûné
et prié, ils leur imposèrent les mains et les laissèrent partir”.
Actes 13 : 1 à 3.
4)
“n’impose les mains à personne avec précipitation et ne participe pas
aux péchés d’autrui”.
1 Timothée 5 : 22 .
5)
“Lorsque Paul leur eut impose les mains, le Saint Esprit vint sur eux
et ils parlaient en langues et prophétisaient (prêchaient)”.
Actes 19 : 6 .
6)
“Alors ils (les apôtres) leur imposèrent les mains et ils
reçurent le Saint Esprit”.
Actes 8 : 17 - 19 .
7)
“...ranimer le don de Dieu que tu as reçu par l’imposition de mes mains”.
2 Timothée 1 : 6.
Nous
avons ici rassemblé les textes portant témoignage à l’imposition des mains
dans l’Ecclésia de la Nouvelle Création. Les trois derniers (5, 6, 7)
signalent l’attribution de “dons ”répandus dans l’Eglise primitive. Les
apôtres imposaient les mains à tous les croyants consacrés et ceux-ci
recevaient un ou plusieurs dons, celui des “langues” par exemple ou
d’autres. “A chacun la manifestation de l’Esprit est donnée pour
l’utilité commune” 1). Les quatre premiers textes (1, 2, 3, 4) revêtent
[319]
un caractère d’ordre général, comme un signe d’approbation ou d’admission,
mais non pas comme un signe d’agrément ou d’autorisation.
1)
Timothée, le “fils” spirituel de Paul dans le ministère avait déjà été
baptisé et avait déjà reçu la communication d’un don du Saint Esprit par les
mains de l’apôtre Paul (voir 7) lorsqu’il se rendit avec lui à Jérusalem (Actes
21 : 15 - 19). Là, “Jacques et tous les anciens”,
apôtres, anciens, reconnaissant sans aucun doute le dévouement de Timothée
et sa collaboration étroite avec Paul, s’unirent dans une bénédiction
commune et lui imposèrent les mains en manière d’approbation. Le récit
laisse à penser que ceci ne se passa pas comme d’habitude ni que tous les
compagnons de Paul furent l’objet d’une manifestation semblable, mais “par
prophétie” c’est-à-dire qu’ils y furent amenés par quelque prédiction ou
instruction venant du Seigneur.
2)
Les diacres dont il est question n’avaient pas reçu la mission, n’avaient
pas été autorisés à prêcher par imposition des mains des apôtres. Ils
n’avaient pas été élus pour parler en public mais pour servir aux tables.
Malgré cela, ils avaient déjà, de par leur onction du Saint Esprit, toute
autorité de parler au mieux de leurs facultés et des occasions qui leur
étaient offertes. D’ailleurs, sans qu’il soit question d’une autorisation
quelconque ou d’une ordination par quiconque, nous trouvons Etienne, l’un de
ces diacres, prêchant d’une ardeur telle qu’il fut le premier après le
Maître à sceller son témoignage de son sang. L’imposition des mains n’avait
donc évidemment d’autre signification que l’approbation et la bénédiction
apostoliques.
3)
L’imposition des mains à Paul et Barnabas ne pouvait pas être le signe
extérieur d’une autorisation de prêcher puisque déjà, ils avaient été
reconnus anciens et avaient enseigné dans l‘Eglise d’Antioche pendant plus
1)Voir volume V, chapitre 8.
[320]
d’un
an. En outre, ils avaient tous deux prêché ailleurs auparavant. (Comparer
Actes 9 : 20 - 29 et
11 : 26). Cette imposition des mains ne pouvait signifier que
l’endossement, le patronage de l’œuvre missionnaire que Paul et Barnabas
étaient sur le point d’entreprendre — que l’Ecclésia d’Antioche se déclarait
solidaire de la mission engagée et peut être même prenait en charge les
dépenses qui en résulteraient.
4)
Ici l’apôtre donne à entendre que l’imposition des mains de Timothée à un
collaborateur dans l’œuvre signifie que lui, Timothée, s’en porte garant de
telle manière que si l’autre échouait lamentablement, Timothée
pourrait se sentir en partie responsable. Il doit donc, autant que possible,
s’assurer qu’il n’use pas de son influence pour introduire un élément qui
ferait tort aux brebis du Seigneur, soit sur le plan moral, soit sur le plan
de lia doctrine.
Il ne
peut être question de courir des risques mais bien plutôt de s’entourer de
toutes garanties avant de donner une lettre de recommandation ou de
souhaiter bonne chance au public. Cet avis de l’apôtre vaut encore
aujourd’hui pour tout le peuple de Dieu et cela d’autant plus qu’il s’agit
de quelqu’un exerçant une grande influence. Mais rien dans tout ceci
n’implique qu’il fallait l’assentiment de Timothée pour avoir le droit
d’annoncer l’évangile. Ce droit est accordé par le Seigneur à tous ceux qui
reçoivent l’onction de l’Esprit Saint.
UN MINISTERE DOIT-IL ETRE RETRIBUE
?
La
coutume du ministère rétribué si généralement répandue et que bon nombre de
personnes considèrent comme inévitable et indispensable, n’était pas d’usage
dans la primitive Eglise. Pour autant qu’on puisse on jugez d’après les
textes notre Seigneur et les douze qu’il avait choisis étaient pauvres, sauf
peut-être Jacques, Jean et Matthieu qui devaient être un peu plus aisés.
Habitués
[321]
aux offrandes volontaires pour les Lévites, les Juifs étaient naturellement
portés à aider tout ce qui revêtait un caractère religieux et leur
paraissait venir de Dieu. Les disciples avaient un trésorier général Judas (Jean
12 : 6 ;
13 : 29) et n’ont évidemment jamais manqué de rien bien qu’ils
n’aient jamais sollicité d’aumônes. Absolument aucune allusion à la
question matérielle n’est faite dans les comptes-rendus des actes du Maître.
Il s’en rapportait à son Père et plusieurs femmes de bien pourvoyaient à
leurs besoins. Voir
Matthieu 27 : 55,56 ;
Luc 8 : 23.
Si
les sermons et les paraboles de notre Seigneur avaient été farcis de
demandes d’argent, ils auraient perdu leur prix et leur saveur. Rien n’en
appelle comme le désintéressement tangible du Maître et de ceux qu’il
s’était choisis, à l’exception de Judas dont l’avarice causa la perte (Jean
12 : 5, 6). L’amour de l’argent, du tape à l’œil, le système de
mendicité organisée de Babylone se retournent contre son énorme influence.
Mais le détachement des richesses qu’on rencontre chez les enfants de Dieu
maintenant tout comme au moment de la première venue du Maître, parle mieux
en leur faveur auprès de ceux qui les observent, même s’ils ne partagent pas
tout à fait leurs vues. Il est très remarquable que le Seigneur ait mis en
route l’œuvre de sa “moisson” sans qu’une seule demande d’argent n’ait été
formulée. Et nous avons confiance qu’il n’en sera jamais autrement puisque
nous croyons que telle est la pensée du Seigneur.
Que
ceux qui ont soif de luxe et de richesses les recherchent dans les
entreprises commerciales et les professions lucratives. Mais que personne ne
devienne ministre de l’Evangile de Christ s’il est animé pair un autre
mobile que celui de l’amour pour Dieu, pour Sa vérité et pour ses frères, un
amour qui ira jusqu’à se réjouir de sacrifier l’aisance, la fortune et les
honneurs, non pas à regret mais de bon cœur. Hélas ! le christianisme de nom
s’est répandu et s’est mondialisé. Ses serviteurs ont été honorés de titres
pompeux comme Révérant,
[322]
Très Révérend, Excellence, Très Saint Père, Docteurs en Théologie est ces
honneurs et ces titres ont été accompagnés d’émoluments calculés, non pas
d’après les besoins du ministre, mais sur la base commerciale de son
aptitude à attirer de vastes auditoires et de riches personnes. Ce qui
devait arriver est arrivé . “Les prêtres enseignent pour un salaire et
les prophètes prédisent pour de l’argent. Et ils osent s’appuyer sur
l’Eternel, ils disent: L’Eternel n’est-il pas au milieu de nous ? Le malheur
ne nous atteindra pas”. “Ses gardiens sont tous aveugles, sans
intelligence ; ils sont tous des chiens muets, incapables d’aboyer ; ils ont
des rêveries, se tiennent couchés, aiment à sommeiller (aiment leurs
aises). Ce sont des chiens voraces, insatiables; ce sont des bergers qui
ne savent rien comprendre ; tous suivent leur propre voie, chacun selon son
intérêt, jusqu’au dernier”. “...Mais, ayant la démangeaison d’entendre des
choses agréables (flatteries et louanges) ils se donneront une foule de
docteurs selon leurs propres désirs, détourneront l’oreille de la vérité et
se tourneront vers les fables”.
Michée 3 : 11 ;
Esaïe 56 : 10, 11 ;
Philippiens 3 : 2 ;
2 Timothée 4 : 3, 4.
On
pourrait dire qu’il faut éviter les deux extrêmes — les rémunérations trop
importantes ou pas de rémunération du tout — et rappeler les paroles du
Seigneur : “Tout ouvrier est digne de son salaire”, ainsi que
celles de l’apôtre : “Si nous avons semé parmi vous les biens
spirituels, est-ce une grosse affaire si nous moissonnons vos biens
temporels ?”. Cependant il convient de se rappeler que ces déclarations
de l’Ecriture, si directes soient-elles, ne visent pas à des rétributions
princières mais à de strictes et indispensables nécessités. C’est d’ailleurs
ce que l’apôtre fait ressortir lorsqu’il rappelle le principe : “Tu ne
muselleras pas le bœuf quand il foule le grain”. Le bœuf devait être
libre de satisfaire à ses besoins vitaux mais pas plus. Et l’apôtre nous
donne la raison expliquant la grande réussite de son ministère lorsqu’il dit
: “Je ne vous serai point à charge ; car ce ne sont pas vos biens que je
cherche mais vous-mêmes.., et je me dépenserai moi-même pour vos âmes,
dussé-je, en
[323]
vous aimant davantage,
être moins aimé de vous”.
2 Corinthiens 12:14,15 .
Suivre le Maître ne nous conduira pas dans la direction des appointements,
pas plus que l’imitation de Paul, son principal apôtre. Ce dernier, tout on
reconnaissant que ce n’est pas faire violence à la justice que d’accepter
une rémunération matérielle pour des services spirituels, expose sa propre
Ligne de conduite:
“Je n’ai désiré ni l’argent, ni l’or, ni les vêtements de personne. Vous
savez vous-mêmes que ces mains (celles de l’apôtre) ont pourvu à mes besoins
et à ceux des personnes qui étaient avec moi. Je vous ai montré de toutes
manières que c’est on travaillant ainsi qu’il faut soutenir les faibles et
se rappeler les paroles du Seigneur qui a dit lui-même : Il y a plus de
bonheur à donner qu’a recevoir”.
Actes 20 : 33 - 35.
“Mais nous n’avons point usé de ce droit (sur vous, de recevoir des biens
matériels en échange des biens spirituels) ; au contraire, nous souffrons
tout, afin de ne pas créer d’obstacle à l’Evangile de Christ”.
(1
Corinthiens 9 : 12 .). “Et lorsque j‘étais chez vous et que
je me suis trouvé dans le besoin, je n’ai été à charge à personne; car les
frères venus de Macédoine ont pourvu (volontairement) à ce qui me
manquait”
2 Corinthiens 11 : 9 .
Nous
sommes aujourd’hui tout à fait dans les mêmes conditions que les apôtres à
cet égard et notre fidélité à la cause devrait nous conduire à les imiter en
cela comme sur les autres questions. Le Seigneur, les apôtres et leurs
compagnons qui voyagèrent et donnèrent tout leur temps au ministère de la
vérité acceptèrent les participations volontaires des frères à leurs
dépenses. Comme nous l’avons déjà donné à entendre, il est très probable que
l’imposition des mains par l’Eglise d’Antioche sur Paul et Barnabas au
moment de se mettre en route pour leur premier voyage missionnaire, ait
voulu dire que l’Eglise assumerait leurs frais de route et prendrait part à
leur travail dans la même proportion.
[324]
Rien
dans ce qui est écrit ne donne à penser — soit directement ou indirectement
— que les anciens servant l’Eglise sur place, recevaient un salaire, ou une
indemnité compensatrice pour leurs frais. Nous croyons au contraire qu’on
trouvera avantageux, dans chaque Eglise locale, d’utiliser les services
volontaires des membres fréquentant l’assemblée — peu ou très nombreux,
brillants ou ternes. Cette méthode scripturale est saine du point de vue
spirituel. Elle tend à faire sortir tous les membres d’eux-mêmes et à
les inviter à exercer leurs dons spirituels. Elle rapproche du Seigneur, le
Grand Berger, plus que l’autre méthode consistant à louer les services de
quelqu’un. Si le nombre des instructeurs qualifiés augmente, on peut imiter
l’exemple de l’Eglise d’Antioche et en envoyer au titre de missionnaires, de
colporteurs, de pèlerins, etc...
Néanmoins, si une assemblée considérait que son champ d’activité est
important et qu’il serait avantageux qu’un frère donnât tout son temps à
l’œuvre de mission, si cette assemblée, de bon gré et sans contrainte,
décide de lui donner l’argent nécessaire pour couvrir ses frais, nous ne
connaissons aucun texte qui s’opposât à son acceptation. Mais l’Ancien qui
sert et l’Ecclésia qui se porte garant ne doivent pas aller au-delà de ce
qui est raisonnable et nécessaire comme dépenses vitales pour le
serviteur et ceux qui dépendent de lui. Ensemble ils doivent veiller en
sorte que TOUS les membres de l’Ecclésia s’exercent surtout ceux qui
possèdent des qualifications à l’anciennat. S’il en était autrement l’esprit
de Babylone, d’ecclésiasticisme, s’implanterait à coup
sûr.
DISCIPLINE DANS L’ECCLÉSIA
Matthieu 18 : 15-18
L’application d’une règle n’est pas la fonction des seuls anciens, mais de
l’Eglise tout entière. S’il apparaît que quelqu’un a commis une erreur ou
une faute grave,
[325]
ce qu’il a fait de mal devrait lui être signalé par celui qui a subi le
dommage ou par celui qui, le premier, s’est rendu compte du méfait. Si celui
qui est en tort ne rectifie pas se ligne de conduite mais persévère
dans sa faute ou sa mauvaise action, on pourrait demander à deux ou trois
frères non prévenus d’écouter l’exposé des faits et de donner leur avis aux
contestants. (Ceux-ci peuvent être ou ne pas être anciens ; s’ils l’étaient
cela ne conférerait aucun caractère plus sérieux sauf si leur jugement se
révélait plus mûr et leur influence plus décisive dans le sens du règlement
du différent) si ce comité restreint décide à l’unanimité en faveur de l’une
ou l’autre des parties, la partie adverse devrait admettre ses torts et les
réparer dans la mesure du possible et cela rapidement soit en restituant
soit en rectifiant ses propos. Et l’on ne devrait plus parler de rien. Ce
serait une affaire classée. Si, au contraire, l’un des contestants persiste
dans sa mauvaise voie, celui qui, au départ, a soulevé le différend, ou l’un
de ceux qui ont été appelés pour juger de la question, ou mieux encore
l’ensemble de ce petit comité, peut alors (mais pas avant) en appeler
à l’Ecclésia, au Corps, à l’Eglise. Il est donc bien évident que les Anciens
ne doivent en aucun sens être les juges des membres. C’est à l’assemblée
locale ou Eglise qu’il appartient d’entendre et de juger.
Les
deux premières démarches dont il a été question plus haut ayant été
effectuées, les faits ayant été certifiés aux anciens, il incombera à
ceux-ci de provoquer une réunion générale de l’Ecclésia des consacrés qui
siégera comme un tribunal. On y entendra le cas et on prendra une
décision au nom et dans le respect du Maître. Tout devrait être si clair et
celui qui a été désavoué devrait être l’objet de tant de générosité, que la
décision devrait pouvoir être unanime on presque. Ainsi seraient préservées
la paix et l’unité du Corps (l’Ecclésia). Même il est toujours possible de
se repentir au moment précis où la condamnation de l’Eglise est sur le point
d’intervenir. Car, là est le but de toute cette procédure, provoquer le
repentir et l’amendement, en un mot ramener le transgresseur.
[326]
Le
but à atteindre n’est pas du tout son châtiment. Il ne nous
appartient pas de punir. C’est l’affaire de Dieu. “A moi la vengeance, à
moi la rétribution, dit l’Eternel” (Romains
12 : 19). Si, à un moment quelconque, le coupable fait un retour
sur lui-même, ce sera pour tous ceux qui sont animé par l’Esprit du Seigneur
une occasion de rendre grâce et de se réjouir. Et seuls ceux-là sont membres
de son Corps.
Romains 8 : 9.
Et si
le transgresseur refuse d’écouter, d’obéir à la décision de l’Eglise tout
entière, on n’essaiera même pas de lui infliger quoi que ce soit. Que faire
alors ? L’Eglise doit tout simplement se retirer et s’abstenir de toutes
marques de fraternité à son égard. C’est ainsi que l’offenseur sera “comme
un païen et un publicain”
Matthieu 18 : 17 .
A
aucun moment, les fautes commises ne doivent être rendues publiques, ce qui
serait une occasion de scandale pour le coupable, pour l’Eglise et pour le
Seigneur qui est son Chef. Il ne convient pas non plus d’en parler en termes
malveillants même après la séparation de même que nous n’avons pas à
déblatérer ni à railler les païens et les publicains, mais plutôt “ne
dire de mal de personne” et “faire du bien à tous les hommes”
(Tite
3 : 2 ;
Galates 6 : 10). L’amour insiste pour la plus stricte obéissance
à ces deux dernières exigences en faveur de “tous les hommes”. Et à bien
plus forte raison à l’égard d’un “frère”, membre
de la même Ecclésia. Non seulement il ne faut lui créer aucun dommage par
des déclarations fausses ou inexactes mais encore cacher ses faiblesses non
seulement à un monde qui n’est pas sympathique mais aussi à la “maison
de la foi” et à l’Eglise, tant qu’il ne devient pas absolument nécessaire de
le “dire à l’Eglise”. A tout moment l’esprit d’amour espérera
que le pécheur agit sous le coup d’une compréhension fâcheuse et priera pour
que la sagesse et la grâce détournent le pécheur de sa mauvaise voie pour
sauver (si possible) une âme de la mort.
Jacques 5 : 20 .
[327]
Ah!
si le Saint Esprit, l’esprit d’amour pouvait habiter chaque membre de
l’Ecclésia dans une plénitude telle qu’on ne pourrait supporter, sans en
être chagriné, une conversation malveillante à propos de n’importe qui et
surtout à propos d’un autre chrétien ! La moitié des causes de friction —
peut-être davantage — serait évitée du même coup et la manière de procéder
dont il a été question précédemment et que le Seigneur lui-même a
préconisée, ne conduirait pas à de fréquentes épreuves devant
l’Eglise. Tout au contraire, écartant les raisons aux animosités, elle
imposerait un certain respect pour le jugement de l’Eglise, équivalant au
jugement du Seigneur, et la voix de l’Eglise n’en serait que mieux entendue
et obéie. De plus, dans l’ordre et dans l’amour, on peut être certain que
chacun, dans la mesure du possible, chercherait à “s’occuper de ses propres
affaires”, n’essaierait pas de reprendre ou de redresser son frère, ni de
porter le cas devant un comité ou devant l’Eglise à moins que la chose ne
revête quelque importance soit pour lui-même, pour l’Eglise ou pour la
Vérité.
Il
est constant que dans la plupart des cas de troubles dans l’Eglise (comme
d’ailleurs dans toute société et dans les familles) il n’y a pas, à
l’origine, la volonté de faire tort ni même de faire tort sans le vouloir.
On s’est tout simplement mal compris ou on a mal interprété les intentions
ou les mobiles d’autrui. Souvent la langue est la cause, de tout le mal. Il
importe donc — c’est le bon sens — de mettre une garde à la porte de ses
lèvres tout comme à son cœur d’où procèdent les mauvais sentiments que les
lèvres expriment et qui mettent le feu aux passions extrêmes. La Nouvelle
Création l’Eglise — a reçu des instructions précises de son Seigneur et
Maître sur cette importante question. C’est son esprit d’amour qui doit
animer celui qui, seul, en privé, va trouver celui qui lui fait mal
sans en avoir parlé à personne au préalable. Il ne va pas le (ou la) voir
pour lui faire des reproches sur sa conduite, le gronder, le châtier,
mais pour obtenir que le mal cesse et peut-être quelque compensation pour le
dommage éprouvé.
[328]
En
parler aux autres, avant comme après, n’est pas faire preuve de gentillesse.
C’est même contraire à la Parole et à l’Esprit de notre chef. Le fait même
de prendre avis équivaut à en parler. N’avons nous pas l’avis
du Seigneur qu’il importe de suivre ? Si le cas était très particulier on
pourrait prendre l’avis de l’ancien le plus éprouvé on demeurant dans le
domaine des suppositions de manière à ne découvrir ni le fond du problème ni
celui qui le provoque.
A
moins que le trouble ne soit très sérieux, le premier appel personnel au
responsable, soit qu’il écoute ou évite d’entendre, de céder, doit pouvoir
mettre un terme au différend. S’il faut aller plus loin, on ne donnera
aucune explication préalable à ceux qui seront appelés à conférer tant
qu’ils ne seront pas en présence de l’accusateur et de l’accusé. De cette
manière on évitera les paroles tendancieuses ou de médisance ; les frères
appelés à trancher la question viendront avec des esprits non prévenus et
seront mieux à même de conseiller sagement les deux parties, car les torts
peuvent être partagés et même se retourner contre l’accusateur. De toutes
façons, l’accusé ne peut qu’être favorablement impressionné par cette
manière de faire et être disposé à reconnaître le bien fondé des décisions
prises même si les torts lui sont effectivement imputés. Que celui à qui le
petit comité n’a pas donné raison admette ses torts ou non, l’affaire
demeure encore strictement privée et il ne faut en parler à personne tant
qu’elle ne vient devant l’Eglise si toutefois cela en vaut la peine. Mais,
pour la première fois elle sera évoquée devant les saints et seulement
devant eux. Dans la mesure où ils sont saints ils auront à cœur de ne
rien dire de plus que ce qui est nécessaire sur les faiblesses et les
manquements de quiconque 1).
Pour
ce qui est de l’application des conclusions du tribunal de l’Eglise, chacun
doit tout garder pour lui-même et discerner le bien fondé de la décision qui
sera
1)Voir en plus l’étude IX — “Si ton frère a péché contre toi”
[329]
intervenue. Le retrait de l’amitié fraternelle est une mesure de correction
dans la justice que le Seigneur a présente. Elle sert de protection pour
l’Eglise, pour écarter ceux qui vivent dans le désordre et non selon
l’esprit d’amour. Il ne faut pas la considérer comme une mesure définitive
de séparation. Elle n’intervient que jusqu’au moment où celui qui en est
l’objet aura reconnu son tort et aura fait amende honorable dans les limites
de ce qu’il peut faire.
ACCUSATIONS CONTRE LES ANCIENS
“Ne reçois point d’accusation contre un ancien, si ce n’est sur la
déposition de deux ou de trois témoins”.
1 Timothée 5 : 19.
Dans
cette déclaration l’apôtre tient compte de deux principes.
1) Un
Ancien est un élément qui a déjà été reconnu par l’assemblée comme ayant un
bon et noble caractère, dévoué à Dieu et défenseur de la Vérité.
2) De
tels éléments, en raison même de leur position dans l’Eglise, se trouvent
marqués par l’Adversaire et deviennent les principaux objets de ses
attaques, objets de jalousie, de malice, de haine de la part de certains.
Notre Seigneur nous en a avertis : “Ne vous étonnez pas si le monde vous
hait”. “Il m’a haï avant vous”. “S’ils ont appelé le Maître Beelzébul,
à bien plus forte raison appelleront-ils ainsi les gens de sa maison !”.
(Matth.
10 : 25 ;
1 Jean 3 : 13 ;
Jean 15 : 18). Plus le frère est dévoué et capable, plus il
devient à l’image de son Maître, plus son choix comme Ancien est judicieux
et plus il est fidèle, plus il est certain d’avoir des ennemis non pas
seulement Satan et ses messagers mais encore tous ceux qu’il pourra abuser
et tromper.
Ces
raisons devaient suffire à garantir un Ancien contre toute condamnation sur
la base de ce que peut rapporter une seule personne, si par ailleurs sa vie
apparaissait comme normale. Quant aux oui-dire ou autre
[330]
rumeur il ne fallait même pas s’y arrêter. Aucun frère, copartageant du
même joug, au courant de la règle donnée par le Seigneur (Matthieu
18 : 15) ne pourrait se mettre à faire circuler des
bruits malveillants ni avoir confiance dans la parole de ceux qui veulent
ignorer les directives du Maître. Pour être écoutés les accusateurs devaient
avoir été témoins. Et même si deux témoins ou plus devaient accuser
il n’y aurait pas d’autre procédure pour en entendre que celle qui a été
exposée précédemment. Toute personne accusant un Ancien devait d’abord aller
le voir seule. Si sa démarche n’aboutissait pas, elle devait la renouveler
en compagnie de deux ou trois autres qui devenaient ainsi témoins du
refus de rentrer dans l’ordre. Alors, si l’affaire n’aboutissait pas encore,
elle pouvait être portée devant l’Eglise par Timothée ou par tout autre.
En
fait, par cette accusation devant deux ou trois témoins qui était une règle
valable pour tous les membres, l’Apôtre réclamait, pour l’Ancien, le même
droit et le même privilège que celui qui était garanti à n’importe quel
frère. Il se peut que certains étaient portés à croire que, puisque l’Ancien
devait jouir d’une bonne réputation tant dans l’Eglise qu’au dehors, on
pouvait le poursuivre pour le plus petit motif étant donnée sa position
influente. L’Apôtre précise que l’Ancien doit jouir des mêmes circonstances
et conjonctures que les autres.
Cette
présence de témoins est une notion qui a besoin d’être profondément
enracinée dans l’entendement des Nouvelles Créatures. Ce que l’on prétend
avoir appris ou ce que l’on raconte dans une pensée de médisance ou de
calomnie ne doit même pas être pris en considération et ne doit pas
être reçu. Si deux ou trois, se conformant aux instructions du Seigneur,
portent une accusation contre quelqu’un sans hargne devant l’Eglise, même à
ce moment ils ne doivent pas être crus. C’est alors seulement que
vient le moment où l’Eglise écoute la chose, écoute les deux parties
en présence de l’une et de l’autre. Alors elle décide et avertit de telle
[331]
manière que le coupable sera aidé vers un retour à ce qui est juste et non
pas poussé dans les ténèbres du dehors.
OU L’ON SE CROIT A TORT APPELE A
PRECHER
Bien
des personnes déclarent avoir été APPELEES par le Seigneur à prêcher
l’Evangile. Peut être même que l’instant d’après, elles ajouteront qu’elles
n’ont jamais su pourquoi, qu’elles n’ignorent pas qu’elles n’ont aucune
aptitude spéciale pour ce genre d’occupation ou que les circonstances ont
paru toujours empêcher qu’elles s’y engagent. Si on les questionne sur la
nature de cet appel on s’aperçoit souvent que c’était une idée comme cela,
une imagination pure. A un certain moment (peut être même avant de devenir
chrétien) on a ressenti l’impression qu’il fallait se mettre au
service de Dieu et que le plus haut idéal du service divin c’était d’être
connu le prédicateur dont on écoutait les sermons quand on allait en famille
aux offices d’une église de confession quelconque. Chez d’autres, c’est le
désir d’approbation qui entre on ligne de compte. On s’est dit : Comme
j’aimerai porter la robe et être à même de recevoir l’hommage, les titres,
les émoluments d’un prédicateur fut-il de seconde ou de troisième zone ! Et
même si l’on possède une assez bonne dose d’amour de soi, on peut aller
jusqu’à s’imaginer que puisque les apôtres choisis étaient “des hommes sans
instruction”, qui sait si Dieu n’a pas des intentions
particulières en raison même d’un manque de capacité et d’éducation. Dieu a
certainement favorisé de telles personnes, en même temps que sa cause, en ne
permettant pas la réussite d’ambitions personnelles qu’elles considéraient
comme un appel du Seigneur à la prédication.
Comme
nous l’avons déjà montré, tous les membres de la Nouvelle Création sont
appelés à prêcher, non pour satisfaire leurs visées ou donner libre
cours à leur imagination, mais pour mettre en avant la Parole qui appelle
tous ceux qui ne reçoivent pas la grâce de
[332]
Dieu en vain à “annoncer les vertus de Celui qui nous a appelés
des ténèbres à son admirable lumière”. (1
Pierre 2 : 9). Cet appel concerne donc tous ceux qui sont
engendrés de l’esprit de Vérité homme ou femme, esclave ou libre, riche ou
pauvre, instruit ou non, noir, métis, rouge, jaune ou blanc. De quelle plus
belle mission que celle-ci : “Il a mis dans ma bouche un cantique nouveau”,
“une louange à notre Dieu” aurions-nous besoin d’être investis ?
Psaume 40 : 4 ;
107 : 43.
Il
est vrai que le Seigneur a appelé et choisi spécialement les douze
apôtres en vue d’un travail particulier. Il est également vrai qu’il a
disposé que, dans la mesure où son peuple écouterait ses paroles, il “établirait
les membres du Corps comme il lui plairait”, l’un à tel service, l’autre
à tel autre, “à chacun selon sa capacité”. (Matthieu
25 : 15). Mais il avertit aussi que bon nombre tenteront de “s’installer”
eux-mêmes comme prédicateurs et que le devoir de l’Eglise consiste à
s’attacher et à regarder uniquement à Lui, le Chef et te Conducteur sans
favoriser en rien les frères ambitieux qui se recherchent eux-mêmes.
Négliger ce devoir conduira à sous estimer l’importance de ses paroles, à
manquer dans le sens de l’amour et de l’obéissance, ce qui contribuera à
l’amoindrissement spirituel de l’Ecclésia et de celui qui s’est institué
prédicant.
La
règle du Seigneur à ce propos se dégage clairement : “Celui
qui s’abaisse sera élevé et celui qui s’élève sera abaissé”. (Luc
14 : 11). L’Eglise doit suivre cette règle cette tendance de
l’Esprit, dans tout ce à propos de quoi elle cherche à connaître la volonté
de son Seigneur pour la réaliser. Le Seigneur a pour principe d’avancer
celui dont le zèle, la fidélité, la persévérance à bien faire se sont
manifestés dans les petites choses. “ Celui qui est fidèle dans
les petites choses l’est aussi. dans les grandes”. (Luc
16 : 10). “Tu as été fidèle on peu de choses, je te confierai
beaucou”. (Matthieu
25 : 21,23). On ne se bouscule pas au bas des marches qui
conduisent aux honneurs. Celui qui le veut ne tardera pas à trouver des
occasions
[333]
de servir de Seigneur, la Vérité et les frères dans les plus humbles
circonstances, dans celles que dédaignent et ne voient pas les vaniteux en
quête de services plus honorables à la vue des hommes. Le fidèle prend
plaisir à rendre n’importe quel service et c’est à lui que le Seigneur
ouvrira les portes ou occasions de servir de plus on plus grandes. C’est
ainsi que sa volonté, exemplifiée par la sagesse d’En-haut, sera suivie
scrupuleusement par chaque membre de la Nouvelle Création, surtout lorsqu’il
sera question d’un vote, de lever la main comme membre du Corps de Christ
traduisant la volonté de son Chef.
Un
frère qui cherche à se complaire, même capable, devrait être laissé de côté
et un frère moins capable, mais modeste, lui être préféré comme Ancien. Une
réprobation de ce genre sera un bien pour tous, même si aucune explication
n’est donnée sur les raisons qui ont poussé à voter de la sorte. Et si un
Ancien, capable, manifestait un esprit dictatorial ou avait tendance à se
considérer au-dessus de l’Eglise, d’un niveau supérieur, ou tirant son droit
d’enseigner directement de Dieu et non pas par l’intermédiaire de l’Ecclésia
(Eglise), ce serait lui rendre service en même temps que faire son devoir à
son égard que de l’écarter pour un temps de tout service particulier ou de
ne lui confier qu’un service moins en vue jusqu’à ce qu’il ait compris la
réprobation et se soit dégagé du piège de l’Adversaire.
Rappelons-nous que, comme toutes les autres facultés, l’ambition est
utile dans l’Eglise aussi bien que dans le monde. Toutefois sur le plan de
la Nouvelle Création, ce ne doit pas être une ambition égoïste qui vise à se
grandir ou à s’assurer une prépondérance, mais l’ambition saine de servir le
Seigneur et les siens, même les plus humbles. Tous, nous savons comment
l’ambition a conduit Satan à sa perte —- perte de la faveur de Dieu et du
service de Dieu pour devenir l’ennemi de son Créateur et l’adversaire de
toute réglementation juste. De la même manière, tous ceux qui s’engagent sur
la même voie et tiennent le même langage que lui : “Je monterai au-
[334]
dessus des étoiles de
Dieu. (Je m’établirai
moi-même au-dessus des autres fils de Dieu). Je serai semblable au
Très-Haut (un gouverneur au milieu d’eux, un usurpateur de l’autorité
divine sans avoir été autorisé à l’exercer et contrairement aux principes
divins)”, il est certain que ceux-là ne seront pas approuvés
de l’Eternel et souffriront de l’éloignement du Seigneur dans la même
proportion l’influence qu’ils exerceront, comme celle de Satan sera
pernicieuse. Et de même que Satan serait un docteur qui ne présenterait
aucune garantie, de même ceux qui sont animés de dispositions pareilles aux
siennes ne peuvent que conduire dans les ténèbres au lieu de la lumière
puisqu’ils ne se trouvent pas dans la bonne attitude pour recevoir cette
lumière et en faire profiter d’autres.
Ainsi
donc, si un frère, quel qu’il soit se sent certain d’avoir été appelé à
prêcher en public alors qu’aucune occasion de service ne se présente à lui
dans les formes prescrites ; s’il a quelque propension à s’imposer à
l’Eglise sans la demande presque unanime de cette dernière; si, ayant été
choisi comme Ancien, il cherche à conserver une position qu’il considère
comme lui revenant de droit sans votes réguliers de l’Eglise sollicitant la
continuité de son service, on peut être persuadé, soit que le frère ne
comprend pas le sérieux de la question, soit qu’il est animé d’un état
d’esprit qui le rend impropre à tout service dans l’Ecclésia. De
toute manière il sera bon d’opérer un changement à la première
occasion de procéder à une élection. Comme il a déjà été suggéré, le premier
dimanche de l’année ou le premier dimanche d’un trimestre sont des moments
appropriés et des dates faciles à retenir.
AVERTISSEZ CEUX QUI VIVENT DANS LE
DESORDRE
“Nous
vous en prions aussi frères avertissez ceux qui vivent dans le désordre
consolez les esprits abattus supportez
[335]
les faibles usez de
patience envers tous. Prenez garde que personne ne rende à autrui le mal
pour le mal; mais poursuivez toujours le bien soit entre vous soit envers
tous les hommes”.
1 Thess. 5 : 14, 15 .
Cette
exhortation ne s’adresse pas aux anciens seulement mais à toute l’Eglise y
compris les anciens. Elle tient compte du fait que, bien, que l’Eglise dans
son ensemble, en tant que Nouvelle Création de Dieu, jouisse d’une position
de perfection comme nouvelles créatures en Jésus-Christ, cependant chacune
d’elle et toutes ensemble traînent après elles les imperfections de la
chair. Elle exprime de plus ce que nous savons déjà tous, qu’il existe des
différences dans les degrés et les sortes d’imperfections. Tout comme dans
une famille ordinaire, les parents ne doivent pas traiter tous leurs enfants
de la même manière mais tenir compte des particularités de chacun d’eux;
ainsi dans la famille de Dieu, il existe des différences de dispositions
telles qu’une considération spéciale pour l’une ou pour l’autre s’impose.
Remarquer les imperfections de l’une ou de l’autre dans un esprit de
critique aboutirait à nous faire tort à nous-mêmes, à développer en nous
cette manie de trouver à redire à tout en nous rendant
vigilants lorsqu’il s’agit des défauts et des imperfections d’autrui et sans
doute aveugles lorsqu’il s’agit de nos propres côtés faibles. Une critique
de ce genre est tout à fait étrangère à l’esprit et au sens de l’exhortation
de l’apôtre.
Ceux
à qui elle s’adresse sont ceux qui ont été engendrés de l’esprit de vérité,
l’esprit de sainteté, l’esprit d’humilité, l’esprit d’amour. Ceux-là qui
sont occupés à croître dans les grâces de l’esprit se critiqueront surtout
eux-mêmes en même temps que leur amour pour les autres les inclinera à
l’indulgence et à l’excuse pour eux, dans la mesure du possible. Et tandis
que l’esprit d’amour pardonne les offenses et les faiblesses des frères, il
va plus loin encore et leur fait du bien, conformément à la Règle d’or de
l’Amour, sans qu’il soit question de se quereller, de se chicaner, de se
gourmander, de se
[336]
reprocher, de se chamailler, de se tracasser les uns les autres. Avec
gentillesse, douceur et patience on cherchera à excuser les
défaillances des uns et des autres, on s’aidera l’un l’autre à les surmonter
en se rappelant ses propres imperfections de quelque nature que ce soit.
Il ne
faut pas ni favoriser ni encourager dans leur mauvaise voie ceux qui
vivent dans le désordre. Il conviendrait plutôt de leur rappeler avec
bonté que Dieu est un Dieu d’ordre et que si nous voulons vivre comme lui et
gagner sa faveur il nous faut observer sa règle et son ordre. Il faudrait
les avertir que rien n’est plus éloigné de l’ordre divin que l’anarchie et
que, puisque les peuples de la terre eux-mêmes reconnaissent que La plus
mauvaise forme imaginable de gouvernement vaut mieux que l’anarchie, à bien
plus forte raison le peuple do Dieu qui a reçu un esprit de bon sens,
l’esprit saint, doit-il admettre le bien fondé du principe d’ordre dans
l’Eglise. L’apôtre nous invite également à nous soumettre les uns aux autres
dans l’intérêt de la cause du Seigneur. Si nous étions tous parfaits et que
nous comprenions tous parfaitement la volonté de Dieu, nous penserions tous
exactement de la même manière et il n’y aurait aucune nécessité de se
soumettre l’un à l’autre. Mais puisque nos jugements ne sont pas tous
semblables il devient indispensable de prendre les autres en considération,
leurs points de vue, leurs observations, leurs idées. Et même de céder à tel
ou tel dans l’intérêt du bon accord, de tout céder si besoin est pour que
soit préservée l’unité de l’esprit dans les liens de la paix dans le corps
de Christ, sauf, bien entendu, si une raison fondamentale et
supérieure s’y opposait.
Ceux
qui vivent dans le désordre ou l’extravagance ne sont peut être pas tout à
fait à blâmer. Bon nombre de personnes sont nées comme cela et ont tendance
à l’excentricité dans leur toilette et leur comportement général. Cette
extravagance fait partie de leurs faiblesses. Considérons les donc avec
sympathie et bienveillance sans cependant permettre à leur bizarrerie de
faire tort à
[337]
L’Eglise de Dieu, de mettre obstacle à son action, de créer un empêchement
à l’étude et au service de la Vérité. Dieu ne demande pas que son peuple
fasse preuve d’une douceur équivalant à la faiblesse vis-à-vis des personnes
originales. Gentiment, aimablement mais fermement il faut leur rappeler que
l’ordre étant la première loi des cieux, celui-ci doit être en honneur parmi
ceux qui s’attachent aux choses d’En-haut, et que ce serait une faute pour
une assemblée de tolérer qu’un ou deux ou d’avantage de ses membres fassent
violence aux dispositions divines exprimées dans la Parole et que
l’assemblée à laquelle ils appartiennent a unanimement admises.
L’AVERTISSEMENT NE DOIT PAS ETRE
L’AFFAIRE DE TOUS
Ce
serait une grosse erreur de supposer que l’apôtre, s’adressant en ces termes
à l’Eglise, ait voulu dire que chaque membre de l’Eglise était qualifié pour
avertir ou réprimander ceux qui ont besoin de l’être. Avertir avec sagesse
et d’une manière qui soit utile, est une affaire très délicate et bien rares
sont ceux qui ont naturellement la bonne manière de s’y prendre. Lorsqu’une
assemblée élit ses anciens, elle choisit ceux qui sont reconnus pour avoir
atteint un certain niveau de développement spirituel conjointement avec les
qualifications naturelles susceptibles de les désigner pour être de bons
représentants de l’assemblée. Et ceci non seulement pour ce qui est de la
conduite des réunions, etc... mais encore pour maintenir l’ordre dans les
réunions, admonester ceux qui vivent dans le désordre avec sagesse,
bienveillance et fermeté. Les deux versets qui précèdent témoignent que
telle était bien la pensée de l’apôtre. Il dit :
“Or nous vous prions frères, de connaître ceux qui travaillent parmi vous,
et qui sont à la tête parmi vous dans le Seigneur et qui vous avertissent,
et de les estimer très haut en amour à cause de leur œuvre. Soyez on paix
entre vous”.
1 Thessaloniciens 5 : 12, 13 (D).
[338]
Si
l’on s’est appliqué à rechercher la sagesse d’En-haut et à la suivre dans le
choix des anciens de l’assemblée, il en résulte que ceux qui ont été élus
l’ont été en raison de la haute estime dont ils étaient les objets. Et
puisqu’il ne faut pas choisir de nouveaux convertis, il s’ensuit que les
anciens sont ceux qui se sont signalés par leur travail et que les frères
ont distingués comme ayant reçu une grande mesure du saint esprit d’amour,
de sagesse et de douceur outre certaines qualités et aptitudes naturelles
pour ce service. Le “soyez en paix entre vous” de l’apôtre veut dire
que, ayant élu des anciens pour représenter l’assemblée, celle-ci doit
les laisser accomplir la mission pour laquelle ils ont été choisis sans
que personne ne se mêle de réprimander ou d’avertir, etc... Comme nous
l’avons déjà vu les enfants de Dieu ne doivent pas se juger l’un l’autre
personnellement. Seule l’assemblée entière peut exclure l’un de ses membres
de l’intimité fraternelle et des privilèges de la réunion des frères. Et
ceci même — nous l’avons vu — ne peut se faire qu’après avoir procédé aux
différentes démarches à titre privé, après que tous les efforts pour faire
rentrer dans l’ordre ont échoué et si les intérêts supérieurs de l’Eglise se
trouvent menacés par la mauvaise conduite de l’offenseur. Dans le texte que
nous étudions l’apôtre recommande à l’assemblée de “connaître ”,
c’est-à-dire de reconnaître, d’admettre de regarder vers ceux qu’elle a
désignés pour la représenter, pour veiller aux intérêts de l’Eglise et
s’occuper d’avertir les déréglés jusqu’au moment où les choses deviendront
assez sérieuses pour qu’il faille les porter devant l’Eglise siégeant comme
un tribunal.
LES REPROCHES PUBLICS DOIVENT ETRE
RARES
Dans
certaines circonstances il devient nécessaire que cet avertissement ou
admonestation soit donné publiquement devant l’assemblée ainsi que le
conseille l’apôtre à Timothée: “Ceux qui pêchent (publiquement),
reprends-les devant tous afin que les autres aussi éprouvent de la crainte”
(1
Timothée 5 : 20).
[339]
Un
reproche fait en public, comme celui-là, implique nécessairement un péché
d’une nature particulièrement grave et que tout le monde connaît.
Certes, pour les petits manquements aux règles du bon ordre, les anciens,
conformément à la règle d’or de la loi d’amour, veilleront à exciter à la
charité et aux bonnes œuvres. Dans cet ordre d’idées ils devraient ne
pas ignorer qu’un mot dit, seul à seul, ferait beaucoup plus qu’un reproche
public lequel risquerait de blesser, de formaliser une nature sensible, sans
aucune nécessité, et alors que l’amour dicterait une manière d’être toute
différente. Et même si un Ancien se trouve dans l’obligation de réprouver
publiquement une conduite blâmable, il doit le faire avec tact et amabilité,
dans le désir de corriger et d’aider le coupable à se ressaisir plutôt que
de le discréditer aux yeux de tous et de le rejeter ostensiblement. Il
n’appartient pas à l’Ancien de réprimander quelqu’un au point de l’exclure
des privilèges de l’assemblée. La réprimande allant jusqu’à cet extrême,
ainsi que nous l’avons vu, ne peut venir que de l’Eglise tout entière, après
un exposé complet au cours duquel l’accusé aura toute occasion de
s’expliquer, de s’amender et d’être pardonné. L’Eglise, l’Ecclésia, les
consacrés du Seigneur, représentent, dans leur ensemble, le Seigneur
lui-même tandis que l’Ancien n’est que le représentant de l’Eglise, la
meilleure conception que l’Eglise se soit faite du choix du Seigneur. Ainsi
donc, d’Eglise, et non les Anciens, juge en dernier ressort toutes les
questions de ce genre. C’est pourquoi toute action d’un Ancien est toujours
sujette à caution et peut être revue ou corrigée par l’Eglise conformément à
la conception du jugement élaboré en commun quant à
la volonté de Dieu.
Pendant que nous en sommes à considérer cet aspect du sujet, nous pourrions
nous arrêter un instant pour examiner jusqu’à quel point l’Eglise, soit
directement ou indirectement par (l’intermédiaire de ses anciens, peut
exercer ce devoir de réprimande à l’adresse des déréglés allant
éventuellement jusqu’à les exclure de l’assemblée.
[340]
Il
n’appartient pas à l’Eglise d’exclure définitivement. Le frère qui en a
offensé un autre, membre comme lui du Corps de l’Eglise, fait un retour sur
lui-même et dit “Je me repens de ma mauvaise attitude et
promets de mieux faire à l’avenir” ou tout autre propos
équivalent, doit être pardonné, complètement, librement, avec autant de cœur
que le Seigneur pardonne nos transgressions à tous. Personne d’autre que le
Seigneur lui-même n’a le pouvoir ni l’autorité de retrancher quiconque pour
toujours — le pouvoir de supprimer le sarment de la vigne. Il nous est dit
qu’il existe un péché qui mène à la mort et pour lequel il est
inutile de prier (1
Jean 5 : 16). Et l’on peut penser qu’un péché comme celui-là, où
la volonté se trouve engagée au point d’encourir la Seconde Mont, serait si
flagrant, si incontestable, si criant, que ceux qui vivent dans la communion
du Seigneur l’apprécieraient sans équivoque. Nous n’avons pas à juger du
cœur de personne car nous n’avons pas le pouvoir de lire dans les cœurs mais
si nous sommes en présence d’un cas où le péché qui mène à la mort se commet
sciemment, volontairement nous pouvons être certains que la manifestation en
deviendra probante: par des déclarations positives reniant le sang précieux
de la propitiation ou par de grosses immoralités si le sujet s’est remis à
vivre selon la chair et, comme le dit l’Ecriture, est devenu “comme la
truie lavée qui est retournée dans son bourbier”. C’est en vue de cas
semblables dont il est encore parlé dans l’épître aux
Hébreux chapitre 6 versets 4 à 8 et
chapitre 10 versets 26 à 31 que l’apôtre nous recommande de
n’avoir aucun lien, de ne pas manger avec eux, de ne pas les recevoir dans
nos maisons, ni de les saluer (2
Jean 9 à 11) parce que s’associer à eux, autrement dit, les
saluer, revient à se ranger au nombre des ennemis de Dieu, à prendre part à
leurs mauvaises œuvres ou à répandre leurs doctrines fausses suivant le cas.
En ce
qui concerne les autres “ceux qui vivent dans le désordre”,
c’est bien différent. Tel frère ou sœur exclu ne doit pas être traité en
ennemi, ni même être considéré comme tel mais plutôt comme un frère égaré.
[341]
Comme
le dit l’apôtre un peu plus loin et dans la même épître “Si quelqu’un
n’obéit pas à ce que nous disons par cette lettre (s’il est désordonné,
non décidé à se soumettre à la règle de l’ordre pourtant raisonnable,
logique et généreuse) notez-le et n’ayez point de communication avec lui,
afin qu’il en éprouve de la honte. Ne le regardez pas comme un ennemi mais
avertissez-le comme un frère” (2
Thessaloniciens 3 : 14 et 15). Dans ce cas-ci qui semblerait
sous-entendre quelque opposition ouverte et publique de la part du frère aux
règles données par l’apôtre agissant comme porte-parole du Seigneur, il
conviendrait que l’assemblée le réprimandât, si toutefois elle décidait que
le frère s’est tellement écarté de la ligne à suivre qu’il ait besoin d’être
admonesté. Et s’il ne se range pas aux sages indications données par notre
Seigneur et par son apôtre, il faudrait le considérer comme n’étant plus du
même avis au point que la communion des frères lui soit retirée jusqu’à ce
qu’il consente à se plier aux mêmes exigences raisonnables que tous. Il ne
s’agit pas de le croiser dans la rue en faisant semblant de ne pas le
connaître, mais d’être simplement courtois à son égard. L’exclusion ne se
rapporte qu’aux privilèges de l’assemblée et à toute autre réunion ou
association de frères, etc... ne concernant que les fidèles. C’est également
ce qu’impliquent les paroles du Maître : “Qu’il soit pour toi comme un
païen et comme un publicain”. Il n’a certes pas voulu inviter ses
disciples à traiter durement un païen ou on publicain ni même à le
désobliger, mais simplement à ne pas avoir de relations avec lui en tant que
frère, à ne pas rechercher son intimité et comme Nouvelle Créature, à
ne pas lui accorder la nôtre. Les membres de la maison de la foi doivent
être unis entre eux par un courant d’amour et de sympathie allant de l’un à
l’autre et faisant de cette maison un seul bloc. C’est de la privation de
cette chaleur, de ces bienfaits, que le frère exclu doit souffrir jusqu’à ce
qu’il se sente dans l’obligation de réformer sa conduite pour réintégrer le
cercle de famille et retrouver la cordialité, la vraie fraternité qui doit
régner au sein des membres du Corps de Christ.
[342]
CONSOLEZ LES ESPRITS PUSILLANIMES
Poursuivons l’examen des paroles de l’apôtre dans notre texte pour remarquer
que l’Eglise doit encore réconforter, consoler, ceux dont l’esprit est
pusillanime. Et ceci nous amène à découvrir que le fait de recevoir le saint
esprit ne transforme pas nos corps mortels au point de vaincre entièrement
leurs faiblesses. Il en est dont l’esprit est faible et timide tout comme
d’autres ont des corps peu robustes. Chacun a besoin de sympathie dans le
cadre de sa propre faiblesse. Ceux dont l’esprit était disposé à la
pusillanimité ne devaient pas en être guéris comme par miracle. Pas plus
d’ailleurs qu’il ne faille conclure que tous ceux dont l’esprit n’est pas
capable de saisir toute la portée, la longueur la largeur, la hauteur est la
profondeur du plan divin, ne peuvent pas faire partie du corps pour cela. Au
contraire. Et tout comme le Seigneur ne recherche pas pour son Eglise que
des hommes physiquement bien développés, forts et robustes, de même il ne
recherche pas que ceux dont l’esprit est vif et fort, capables de raisonner
et d’analyser à fond chaque trait particulier du plan divin. Certes il se
trouvera dans le corps des éléments qualifiés à ce point, mais d’autres
seront d’un esprit timoré et faible qui ne leur permettra pas de parvenir à
un niveau moyen de connaissance.
Que f
aire pour eux ? Comment les consoler, les réconforter ? Nous répondons que
les Anciens, lorsqu’ils exposent la Vérité, et même tous les membres de
l’Eglise dans leurs relations entre eux, se doivent de réconforter ces
éléments-là, non pas nécessairement en faisant ressortir leur infériorité et
en ayant l’air de les en excuser mais plutôt par un comportement général qui
n’espérerait pas trouver le même avancement, le même discernement
intellectuel chez tous les membres de la famille de Dieu. Personne ne
devrait prétendre que ceux qui ont contre eux de telles incapacités,
n’appartiennent pas au Corps.
[343]
L’idée est très voisine si l’on considère cette autre façon de traduire :
“Consolez les esprits abattus”. Certains manquent, par nature, de
courage et d’entrain. Tout en étant d’une égale bonne volonté et de cœurs
également loyaux, ils ne peuvent, autant que d’autres membres du Corps
“être forts dans le Seigneur” ni “combattre le bon combat de la foi”
ouvertement. Le Seigneur considère sans doute leur volonté, leur intention
d’être courageux et sincères et les frères doivent faire de même s’ils
veulent devenir des vainqueurs.
Il
importe de reconnaître que le Seigneur juge ses enfants d’après leur cœur et
que, si ces âmes faibles, ces esprits abattus, ont ou assez d’idée et de
volonté pour saisir les principes fondamentaux du plan divin de rédemption
par Christ ainsi que leur justification devant Dieu par la foi au
Rédempteur, et si, sur cette base, ils sont allés jusqu’à consacrer leur
tout au Seigneur, ils doivent être traités de toutes façons de manière à
leur permettre de sentir qu’ils sont absolument et complètement membres du
Corps de Christ. Bien plus, le fait de n’être pas capable d’exposer ou même
de ne pouvoir discerner intellectuellement les détails du plan divin, de ne
pouvoir en discuter aussi courageusement que d’autres, ne doit pas être
considéré comme un indice mettant en doute leur acceptation par le Seigneur.
Il convient plutôt de les encourager à persévérer dans la voie du sacrifice
au service de Dieu en faisant ce que leurs mains trouvent à faire à
la gloire du Seigneur et pour le bien de son peuple... de les
encourager on rappelant que, lorsque viendra le temps, tous ceux qui
demeurent en Christ et produisent les fruits de son Esprit en marchant sur
ses traces, recevront des corps nouveaux, dotés de capacités parfaites,
grâce auxquels il leur sera possible de connaître comme ils auront été
connus. Mais auparavant le Seigneur nous assure que sa force se manifeste
d’autant plus que nous sommes plus faibles.
[344]
SUPPORTEZ LES FAIBLES
Ce
conseil implique que, dans l’Eglise, il s’en trouve de plus faibles que
d’autres, non seulement plus faibles au physique mais aussi plus faibles au
spirituel. Dotés d’organismes humains déchus, ils éprouvent, en tant que
nouvelles créatures, de sérieuses difficultés à croître dans le domaine
spirituel. Ces éléments-là ne sont pas à rejeter du Corps, au contraire. Si
le Seigneur les a estimés dignes d’avoir connaissance de sa grâce, c’est
qu’il peut en faire des vainqueurs par celui qui nous a aimés et nous ai
rachetés par son sang précieux. Il faut les supporter, les soutenir par les
promesses des Ecritures. Si nous sommes faibles par nous-mêmes, nous pouvons
être forts dans le Seigneur et dans la puissance de sa force, en rejetant
sur lui tous nos soucis et, par la foi, en saisissant sa grâce, en sorte
qu’à l’heure de la tentation la promesse se réalise : “Ma grâce te suffit
; ma force s’accomplit dans la faiblesse”. Toute l’assemblée peut aider
à cette œuvre de soutien et de réconfort, bien que, évidemment,
celle-ci incombât surtout aux anciens sur qui reposent une charge et une
responsabilité spéciales, étant les représentants choisis de l’Eglise et du
Seigneur lui-même par voie de conséquence. Tout en dissertant des différents
membres du Corps et après avoir parlé des pasteurs et docteurs, l’apôtre
mentionne le don de “secourir” (1
Corinthiens 12 : 28). De toute évidence il serait très agréable
au Seigneur que chaque membre de l’Eglise s’employât à venir en aide de
toutes manières, non seulement à seconder les anciens choisis
et représentant l’Eglise, mais encore à s’assister les uns les autres en
faisant du bien à tous les hommes lorsque l’occasion s’en présente, surtout
à la maison de la foi. –
[345]
USEZ DE PATIENCE ENVERS TOUS
En
obéissant à cette exhortation d’user de patience envers tous et en toutes
circonstances, les Nouvelles Créatures se rendront compte que non seulement
elles observent le comportement qu’elles se doivent l’une à l’autre mais
encore qu’elles développent en elles-mêmes l’une des plus grandes grâces de
l’esprit saint : la patience. La patience est un fruit de l’Esprit qui
trouvera à s’exercer en de très nombreuses circonstances de la vie, tant à
l’endroit de ceux qui sont en dehors de l’Eglise qu’à l’égard de
ceux qui lui appartiennent. Et il est bon de se rappeler que tout le monde a
un droit sur notre patience. Nous ne nous en rendons compte qu’à
partir du moment où nous saisissons vraiment la condition de la création qui
gémit dont parle l’Ecriture. Alors surgit l’histoire de la chute et de
toutes ses conséquences rejaillissant sur tous. Alors nous discernons la
patience de Dieu à l’égard des pécheurs, son grand amour pour assurer leur
rédemption, les dispositions prises par Lui non seulement pour bénir et
retirer l’Eglise du bourbier et de d’horrible fosse du péché et de la mort
mais encore tout le genre humain. Alors nous nous rendons compte que la
grande difficulté du monde c’est que les hommes sont victimes des menées et
intrigues de notre Adversaire, le “dieu de ce monde” qui les aveugle et les
mystifie.
2 Corinthiens 4 : 4 .
Ce
genre d’instruction de connaissance, ne produirait— il pas on nous la
patience ! Et si nous avons de la patience pour le monde, à combien plus
fortes raisons devons nous on éprouver à l’égard de ceux qui ne sont plus du
monde et qui, par la grâce de Dieu, ont goûté son pardon en Jésus-Christ,
ont été accueillis dans sa famille et cherchent à suivre ses traces. De
quelle patience aimante et à toute épreuve ne devrions nous pas
témoigner envers ces co-disciples, membres du Corps de Christ ! Nous ne
pourrions très certainement que manifester une patience inépuisable
envers eux. Il est même avéré que notre Seigneur et Maître ne manquerait pas
de désapprouver et même de réprimander celui qui agirait autrement envers
les siens. De plus, nous avons aussi grand besoin de patience vis-à-vis de
nous-mêmes en raison des conditions actuelles défavorables, de nos
faiblesses et de nos luttes contre le monde, la chair et l’Adversaire.
Apprécier tout cela comme il le faut contribuera à noue rendre plus patients
envers tous.
[346]
PRENEZ GARDE QUE PERSONNE
NE RENDE LE MAL POUR LE MAL
Ce
CONSEIL déborde le cadre individuel. C’est un ordre donné à l’Eglise tout
entière et applicable à chaque assemblée d’enfants de Dieu. Il suppose que
si quelqu’un appartenant à la maison de la foi manifeste quelque disposition
à se venger, à rendre la pareille, à rendre le mal pour le mal soit à
l’égard des frères ou envers ceux du dehors, l’Eglise n’a pas à jouer le
rôle de mêle tout en prenant acte d’un tel comportement. Le devoir de
l’Eglise est de prendre garde à cela, de voir à cela. “Prenez
garde que personne ne rende le mal pour le mal” veut dire: Veillez en
sorte que cet état d’esprit règne parmi vous et entre frères. Si donc les
Anciens venaient à apprendre que la conduite de certains se trouvait on
opposition à cet ordre de l’apôtre, il leur incomberait de rappeler
gentiment aux frères ou aux sœurs quelle est la directive de la Parole de
bien et si ces derniers refusent d’écouter il sera du devoir des Anciens de
porter le cas devant l’assemblée, etc... etc... Telle est la charge de
l’Eglise d’avoir à connaître de la conduite répréhensible de quiconque de
ses membres. Et non seulement nous devons ainsi prendre garde, veiller l’un
sur l’autre, avec bienveillance, pour éviter tout retour en arrière mais
encore veiller pour qu’au contraire, tous marchent de l’avant vers ce qui
est bien. Il est bon de signaler tout progrès réalisé et de s’en réjouir, de
marquer “notre approbation non seulement sur le plan individuel mais
également dans le cadre des assemblées des enfants de Dieu. En faisant
ainsi, comme l’apôtre le suggère, nous pourrons toujours nous réjouir avec
raison. En s’aidant mutuellement les membres du Corps de Christ s’élèveront
dans l’amour, croîtront dans la ressemblance à leur chef et deviendront de
jour on jour plus aptes au co-héritage avec Lui dans le Royaume.
[347]
VEILLONS “LES UNS SUR LES AUTRES
POUR
NOUS EXCITER A L’AMOUR ET AUX BONNES ŒUVRES
Hébreux 10 : 24
Quelle expression aimable et excellente que celle-ci ! Tandis que, dans la
vie courante, on cherche à trouver en faute, à décourager les autres ou même
à tirer parti de leurs infériorités, par égoïsme, la Nouvelle Création est
invitée à faire exactement le contraire, à apprendre à mieux connaître (les
autres pour éviter de dire ou de faire ce qui est susceptible de blesser
inutilement, de provoquer la colère, etc... dans de but d’occasionner
l’amour et le bien.
Et
pourquoi pas ? Toute la manière d’être et de faire du monde, de la chair et
du diable ne porte-t-elle pas à l’envie, à l’égoïsme, à la jalousie, à tout
ce qui détermine le mal dans la pensée, la parole ou l’action ? Pourquoi
donc les nouvelles créatures en Christ ne s’abstiendraient-elles pas de
telles tendances tant à leur égard propre qu’à l’égard d’autrui pour
s’engager dans une voie diamétralement opposée — dans la voie de l’amour et
des œuvres bonnes? Il est bien certain que cet avis tout comme toutes les
autres exhortations de la Parole de Dieu s’avèrent
aussi raisonnables que profitables.
NOTRE REUNION
“Ne désertons pas nos réunions comme quelques-uns on ont pris l’habitude,
mais exhortons nous réciproquement, et cela d’autant plus que vous voyez
s’approcher le jour”.
Hébreux 10 : 25.
L’invite du Seigneur, par son apôtre, de se réunir, s’accorder avec ces
propres paroles:
[348]
“Là où deux ou trois
sont réunis en mon nom je suis au milieu deux”
(Matthieu
18 : 20). L’objet de ces rassemblements est bien précisé. Ils
doivent contribuer au progrès mutuel dans les questions spirituelles,
fournir l’occasion de croître dans l’amour pour le Seigneur et l’un pour
l’autre, de se développer dans les bonnes œuvres de toute nature qui
honoreraient notre Père, exalteraient le sentiment de fraternité, et
porteraient à faire du bien à tous les hommes selon que l’occasion s’en
présente. Ceux qui prétendrait aimer Dieu et haïrait son frère, ne saurait
pas ce qu’il dit et s’illusionnerait lui-même (1
Jean 4 : 20). Ils s’abuseraient aussi, croyons nous, ceux qui
diraient “Il me tarde d’être avec le Seigneur et de jouir de sa présence”si,
dans le même temps, ils négligeaient de se rencontrer avec les frères et
d’apprécier leur compagnie et leur amitié.
[349]
Il
est dans la nature des choses de rechercher la société et l’expérience
atteste la vérité du proverbe “Qui se ressemble, s’assemble”. Si donc on
n’apprécie pas la compagnie de ceux dont l’esprit est orienté vers le
spirituel, si on ne la recherche pas, si on ne la goûte pas, on peut voir I&
des indications révélatrices de la condition spirituelle de la personne en
cause. L’homme en général aime et recherche la société et la compagnie. Il a
des projets et s’associe à d’autres dans le domaine des affaires et des
distractions, quand bien même ses espérances et ses buts soient très
restreints en comparaison de très grands et très riches espoirs de la
Nouvelle Création. A mesure que nos entendements se transforment par le
renouvellement de l’Esprit Saint, notre besoin de compagnie n’est pas
supprimé mais simplement orienté dans de nouvelles directions où se découvre
un autre champ non moins merveilleux pour la recherche, la discussion
l’amitié, la joie. L’histoire du péché, de la création qui gémit dans le
passé comme au présent, l’intervention de Dieu pour la rédemption et la
délivrance du genre humain, notre haut appel au co-héritage avec le
Seigneur, les signes annonciateurs de notre libération etc... quel domaine
exceptionnel pour l’exercice de la pensée, pour l’étude dans l’amitié et la
communion.
Il
n’est pas étonnant que nous affirmions que celui qui n’estime pas le
privilège de se réunir avec d’autres pour s’entretenir de ces sujets est, à
certains égards, malade spirituellement, qu’il soit capable ou non de
diagnostiquer son mal. Il se peut qu’il soit atteint d’une sorte d’orgueil
ou de suffisance qui le conduise à se tenir les arguments suivants: Je n’ai
pas besoin d’aller à l’école de Christ avec tout le monde et de recevoir le
même enseignement que tous ses autres disciples.. Le Seigneur me donnera des
leçons particulières à la maison il m’enseignera à part des leçons plus
approfondies et plus spirituelles. A la vérité il en est bien peu qui
paraissent affligés de cet égoïsme spirituel au point de s’imaginer qu’ils
valent mieux que les autres frères du Seigneur et que celui-ci se
départirait de sa manière de faire habituelle et des directives de sa
Parole, pour les servir tout exprès, tout simplement parce qu’ils se
prennent plus au sérieux qu’ils ne le devraient et qu’ils en ont exprimé le
“désir. Ces frères là devraient se rappeler qu’ils n’ont pas l’ombre d’une
promesse de bénédiction par le Seigneur tant qu’ils demeureront dans cette
disposition de cœur et garderont leur ligne de conduite. Tout au contraire
“le Seigneur résiste aux orgueilleux et fait grâce aux humbles”. Il
bénit ceux qui prennent garde et obéissent à ses instructions. “Si vous
m’aimez, gardez mes commandements”. Pour ceux qui se trouvent dans la
bonne condition du cœur, il leur suffit que le Seigneur ait ordonné de se
réunir en son nom qu’il ait promis des bénédictions spéciales à si peu que
ce soit, d’eux ou trois qui lui obéissent. Il leur suffit de savoir que
l’Eglise représente son Corps, qu’elle doit progresser en un solide
assemblage pourvu de nombreuses jointures et s’édifier, “chaque membre selon
ses forces”, dans toutes les grâces et fruits de l’Esprit.
Parfois la difficulté ne réside pas en un égoïsme spirituel pur mais en une
négligence partielle de la Parole de Dieu, en trop de confiance dans
l’intelligence individuelle supposant que La
[350]
promesse “ils seront tous enseignés de Dieu” sous entend un
enseignement particulier. Cependant l’habitude des apôtres et de leur
enseignement, l’expérience des enfants de Dieu, contredisent une telle
pensée.
D’un
autre côté, il ne faut pas rechercher le nombre, l’étalage, la popularité;
mais se rappeler que la bénédiction promise par le Seigneur concerne “deux
ou trois assemblés en mon nom” et que, par l’apôtre, il est question
exclusivement de “ces réunions”. Ce n’est pas un esprit de secte que le
Seigneur et l’apôtre expriment ici. Ils ne veulent pas parler de
réunions, d’assemblées ordinaires et publiques mais d’assemblées
chrétiennes, de réunions entre ceux qui ont connu la grâce de Dieu et ont
accepté celle-ci en se consacrant complètement à lui et à son service. Il ne
convient pas d’inviter d’une manière pressante ceux du monde à assister à
ces réunions. Ils ne sont pas “des nôtres”, tout comme “vous
n’êtes pas du monde”. Si on les attirait soit par de la musique ou tout
autre moyen l’esprit dans lequel a été donné cet ordre de se réunir serait
méconnu. Car là où s’infiltre et abonde l’esprit du monde, le désir de
plaire et d’attirer à soi, l’objet même de la réunion serait très rapidement
perdu de vue. Cet objet c’est de “s’édifier les uns les autres dans la
très sainte foi,” de “s’édifier réciproquement”, de “s’exciter
les uns les autres à la charité et aux bonnes œuvres”.
Jude 20 ;
1 Thessaloniciens 5 : 11 ;
Hébreux 10 : 24.
Que
ceux dont l’esprit est tourné vers le mal s’assemblent; que ceux qui
sont de bonne moralité s’assemblent selon leurs affinités; que les
engendrés de l’esprit s’assemblent également en vue de leur édification
et conformément aux directives de la Parole de Dieu. Si ceux-ci le
négligent, que les conséquences fâcheuses n’en soient pas imputées au chef
de l’Eglise ni à ses apôtres fidèles qui ont dit avec précision ce qu’il
fallait faire et en ont eux-mêmes donné l’exemple.
[351]
Il ne
faut pas déduire de ce qui précède que l’entrée aux réunions de l’Eglise
doit être interdit à ceux du dehors surtout s’ils manifestent assez
d’intérêt pour désirer entrer, voir ce qui s’y fait, entendre ce qui s’y
dit, les exhortations aux bonnes œuvres, à la charité, les explications de
la divine Parole de la Promesse, etc...
L’Apôtre l’envisage en termes positifs dans sa
première épître aux Corinthiens chapitre 14 verset 24 . Ce qu’il
faut comprendre c’est que “notre réunion” ne doit vas être une assemblée
d’incroyants que l’on tâche constamment de sermonner pour les convertir.
L’homme de la rue doit pouvoir y assister librement sans doute et, observer
tranquillement l’ordre et la nature des liens qui unissent les enfants de
Dieu en sorte que, tout en ne comprenant qu’en partie, il se rende compte de
l’état d’esprit qui anime les chrétiens, juge personnellement de ses erreurs
et établisse une comparaison entre celle-ci et l’harmonie des idées
scripturales exposées au sein du peuple de Dieu. — Voir le texte de
1 Corinthiens 14 : 23 à 26 .
Ceci
nous conduit à considérez- le
CARACTERE GENERAL DES REUNIONS
du
peuple de Dieu. Et tout d’abord remarquons que, sur cette question comme à
propos des autres “sujets, il n’existe pas de lois et de règlements rigides
et intangibles”, d’où liberté absolue de s’adapter aux conditions variables
de temps et de lieux, liberté de se laisser guider par l’esprit de bon sens,
de rechercher la sagesse d’En-haut, de témoigner de son attachement et de
ses efforts pour ressembler au caractère du Maître sous la discipline de la
Loi d’Amour. Cette Loi d’Amour conduira à une grande prudence lorsqu’il
s’agira d’innovations, de changements à apporter aux coutumes de l’Eglise
primitive. S’il faut absolument apporter quelque modification ce ne sera pas
sans hésitation et encore cherchera-t-on à garder intact l’esprit
d’exhortation et d’instruction qui animait la première Eglise.
[352]
Dans
cette Eglise nous avons l’exemple des apôtres considérés comme enseignants.
Nous avons l’exemple des anciens dans l’œuvre pastorale, dans l’œuvre
d’évangélisation, dans l’œuvre de prophétisation c’est-à-dire l’exercice de
la parole en public. Au
chapitre 14 de la première épître aux Corinthiens, une image
nous permet de comprendre que chaque membre de l’Eglise était encouragé, par
les apôtres, à développer tout talent, tout don naturel qu’il pouvait
“posséder pour l’employer à la cause du Maître et servir les frères”. En
s’exerçant de cette manière on se fortifie dans le Seigneur et dans la
Vérité, on aide les autres qui vous aident à leur tour. Cet exposé d’une
réunion ordinaire de l’Eglise aux temps apostoliques ne peut être suivi
parfaitement et dans le détail! aujourd’hui en raison même des dons de
l’Esprit accordés pour un temps à l’Eglise naissante pour convaincre ceux du
dehors et encourager les premiers chrétiens en un temps où, sans ces dons il
leur eût été impossible de s’édifier et de s’affermir. Cependant nous
pouvons retirer de cette manière de faire du début du christianisme
certaines leçons utiles et de grande valeur dont peuvent s’inspirer les
petites assemblées du. peuple de Dieu réunies un peu partout selon les
circonstances.
L’idée essentielle qui se dégage est celle d’une assistance mutuelle :
“s’édifier réciproquement dans la très sainte foi”. Il n’appartenait pas
à un seul ou même à plusieurs anciens de faire un discours régulièrement ni
de se réserver exclusivement l’œuvre d’édification. Chaque membre faisait sa
part, celle des anciens demeurant la plus importante en raison de leurs
capacités et de leurs dons naturels. Et cette, manière de faire devait
assurément se révéler très utile et apporter un avantage non seulement à
ceux qui écoutaient mais à tous ceux qui y prenaient une part active. Et qui
ne sait que celui qui s’exprime avec le plus de difficulté, le plus illettré
même, n’est pas capable, si son cœur déborde pour le Seigneur,
[353]
d’énoncer de précieuses pensées bienfaisantes pour tous. Les activités
d’une assemblée, comme l’apôtre les expose, étaient évidemment un exemple de
la manière dont se déroulait une réunion en général à l’origine. Le texte
montre qu’elle était variée. Et si nous devions adapter cette description de
réunion à notre époque actuelle, l’un pourrait exhorter, un autre expliquer,
un autre prier, un autre encore proposer un cantique, lire un poème
traduisant ses sentiments et ses expériences, le tout dans la ligne du sujet
examiné au cours de la réunion. On pourrait encore citer des textes se
rapportant au sujet en discussion et ainsi le Seigneur se sert de chacun et
de tous en vue de l’édification commune de l’instruction commune.
Nous
ne pensons pas du tout qu’il n’y avait jamais de prédication dans l’Eglise
primitive. Au contraire, partout où les apôtres se rendaient, on voyait en
eux des éléments particulièrement qualifiés pour exposer la Parole de Dieu
et qui ne seraient là que pour peu de temps ; aussi est-il probable qu’on
leur laissait presque tout le soin de la prédication en public
indépendamment des autres réunions à caractère plus restreint tout en étant
ouvertes à tous. Cette même manière de travailler adoptée par les apôtres
devait aussi être employée par ceux qui n’étaient pas apôtres comme Barnabas,
Timothée, Apollos, Tite, etc... et même par quelques-uns qui, profitant des
mêmes facilités, s’en servirent pour influencer dans le mauvais sens comme
Hyménée, Philète et d’autres.
Quand
le Seigneur ne pose pas lui-même d’indications précises, il ne convient pas
que nous ni d’autres n’apportions une règle. Nous offrons néanmoins quelques
suggestions dans le sens des besoins spirituels de l’Eglise qu’il est
nécessaire d’assurer
1) L’enseignement
est nécessaire: dans les questions d’ordre plus spécialement prophétiques et
aussi pour ce qui est des doctrines dans leur application au développement
des vertus chrétiennes.
[354]
2) En
raison même des différentes manières de s’exprimer, plus ou moins heureuses,
des uns et des autres; en raison aussi de la plus ou moins grande facilité
de comprendre et des différents degrés de perception spirituelle entre ceux
qui sont encore des enfants en Christ et ceux qui sont parvenus déjà à un
développement plus marqué tant en connaissance qu’en vertu, il est
souhaitable que des occasions soient offertes où chacun pourrait et serait
même encouragé à exprimer ce qu’il comprend des leçons qu’il a apprises tant
par la lecture que par audition, de manière que si sa conception était
inexacte ou pas tout à fait au point, elle puisse être rectifiée par les
autres.
3) Il
devrait exister de fréquentes réunions régulières où une occasion complète
et raisonnable serait donnée à quiconque d’exposer ce qu’il pourrait croire
être une manière différente de voir la vérité que celle peut être
généralement reconnue et admise par l’Ecclésia.
4)
Non seulement il devrait y avoir dans toutes les réunions du peuple de Dieu
un moment de recueillement intérieur pour tous mais l’expérience montre
qu’il est utile que chacun, devant ses frères, confesse en parole,
soit par le témoignage ou par la prière, son attachement au Seigneur.
LA DOCTRINE EST ENCORE NECESSAIRE
Voici
notre première proposition Nous vivons an un temps où l’on se moque des
doctrines en général et où bon nombre de gens prétendent que la doctrine et
la foi ne sont rien à côté des œuvres et des principes moraux. Nous ne
pouvons être de cet avis parce que cette conception se trouve en opposition
à la Parole divine qui met la foi en première ligne et les œuvres en second.
C’est notre foi que le Seigneur accepte et c’est selon notre foi qu’il nous
récompensera bien qu’il sache parfaitement qu’une foi bien équilibrée
produira autant d’œuvres
[355]
bonnes que les faiblesses du vase de terre le permettront. Voici la règle
de foi partout mise on relief dans l’Ecriture : “Sans la foi il est
impossible de plaire à Dieu”“La victoire qui triomphe du monde c’est
votre foi” (Hébreux
11 : 6 ;
1 Jean 5:4). Ainsi donc, personne ne peut être un vainqueur sans
avoir foi en Dieu et dans ses promesses. Pour avoir foi dans les promesses
divines il faut d’abord les comprendre. Et la possibilité de se fortifier
dans la foi dépend du degré de compréhension du Plan des Ages ainsi que des
grandes et précieuses promesses qui s’y rattachent. Ainsi la doctrine
d’enseignement — est une chose importante, non seulement du point de vue de
la connaissance que les enfants de Dieu doivent posséder et dont ils doivent
jouir par privilège sur ce que le monde connaît de Dieu, mais surtout en
raison de l’influence que cette connaissance est appelée a exercer sur les
espérances, les buts et le comportement. “Quiconque a cette
espérance en lui se purifie comme lui-même est pur”, (1
Jean 3 : 3) est une expression scripturale qui confirme tout à
fait ce qui précède. Celui qui veut s’efforcer de se purifier, d’assainir sa
conduite, doit, pour y réussir, commencer comme les Ecritures commencent
elles-mêmes, par le cœur puis progresser en utilisant les promesses
inspirées comme moyen de purification. Or ceci sous-entend une compréhension
des doctrines de Christ.
Il
est vital d’établir une différence une distinction très nette entre les
doctrines de Christ et les doctrines des hommes. Les doctrines de Christ ont
été formulées par lui-même et ses apôtres inspirés dans le Nouveau
Testament. Les doctrines des hommes se retrouvent dans les divers credo dont
bon nombre déforment sérieusement et parfois grossièrement les doctrines du
Seigneur quand ils ne s’opposent pas l’un à l’autre. De plus il n’est pas
pensable de recevoir d’emblée toute la doctrine. Comme l’apôtre le dit, nous
recevons le trésor de la grâce de Dieu dans de pauvres vases de terre
fuyants. Si donc nous cessons de recevoir nous cessions aussi de conserver
c’est la raison pour laquelle il est utile d’acquérir ligne
[356]
sur ligne, précepte sur précepte , de revoir, de réviser
notre étude du divin plan des âges en nous aidant de tous les moyens que la
providence divine met à notre disposition tout en prenant garde au conseil
de l’apôtre de ne pas être des auditeurs oublieux mais de se mettre à
l’œuvre, à l’œuvre de la Parole.
Jacques 1 : 22-25.
Notre
seconde proposition peut ne pas être immédiatement si bien saisie que la
première. Il se peut que la plupart pensent — sinon tous — que ceux qui sont
le mieux à même d’expliquer la vérité clairement, couramment,
exactement, devraient être les seuls à le faire tandis que les autres
devraient écouter et apprendre en silence. Cette conception est exacte à
plus d’un égard. Et nous ne voudrions pas suggérer que n’importe qui soit
autorisé à enseigner, soit considéré comme instructeur et que ses
déclarations fassent autorité surtout s’il est incapable d’instruire ou n’a
pas des idées nettes sur le plan divin. Mais il existe une grande différence
entre établir de tels éléments pour enseigner — comme c’est le cas
des anciens — et tenir une réunion où tous les membres de la Nouvelle
Création auraient l’occasion de faire connaître leurs idées brièvement ou
de poser des questions étant donné que lieurs questions, l’exposé de
leurs doutes ou leurs manières de s’exprimer peuvent ne pas aller dans le
sens des tendances généralement accueillies par l’assemblée. Au cours de
réunions de ce genre des idées erronées peuvent être exprimées sous forme de
questions, non pas dans le but de les enseigner ni pour les imposer mais
pour les voir passer au crible de la critique si “elles en ont besoin ou
reconnues si elles sont dignes de l’être. Cependant, des rencontres de ce
genre ne devraient avoir lieu qu’en présence d’éléments avancés dans la
Vérité et capables d’expliquer, par l’Ecriture, la raison de leur position
propre et de montrer, encore mieux si possible, la ligne marquée par le
Seigneur. On pourrait peut être se demander quel avantage il peut y avoir à
procéder de cette façon ? Nous répondons que nous on avons souvent vu
l’utilité. Il est souvent difficile — parfois même impossible — d’exposer
[357]
un sujet sous une forme très simple et très directe, tout comme il est
également impossible que toutes les intelligences, bien que sans détour,
apprécient une même illustration ou embrassent un sujet avec une égale
clarté. D’où la valeur des questions et d’une grande variété dans la manière
de présenter une même vérité, tout comme le Seigneur lui-même dans ses
multiples paraboles où il propose les mêmes questions sous des aspects
différents, ce qui contribue pour beaucoup à donner du tout une idée plus
complète et plus harmonieuse. Nous avons même remarqué qu’une manière plus
grossière et plus à la bonne franquette de présenter un sujet réussit
parfois mieux à pénétrer dans les esprits qu’un style plus académique et
plus recherché: l’incompétence de l’orateur rejoint dans un certain sens, le
cheminement pénible du raisonnement et du jugement de l’auditeur.
Réjouissons nous si l’Evangile est annoncé et pénètre dans les cœurs affamés
par n’importe quel moyen, comme l’apôtre le dit d’ailleurs: “Quelques-uns
prêchent Christ par esprit de dispute ou par vaine gloire.” Nous ne pouvons
que nous réjouir que quelqu’un parvienne à la véritable connaissance de
Dieu, même si nous ne pouvions que regretter les mauvais mobiles qui y ont
conduit ou encore l’imperfection de la présentation. C’est le Seigneur, la
Vérité les frères que nous aimons et que nous voulons servir. C’est pourquoi
il convient d’être satisfaits de tout ce qui contribue au résultat désiré et
de prendre nos dispositions de manière à ne pas intervenir dans ce que nous
reconnaissons être un fait positif. Tout ceci ne veut pas dire qu’il faille
choisir et établir pour enseigner, au sein de l’assemblée des
éléments imprécis ou incompétents ni qu’une présentation peu claire atteigne
mieux son but en général. Bien au contraire. Cependant nous ne devons pas
méconnaître complètement ce qui se révèle parfois être un moyen de
bénédiction ou a reçu la consécration de l’usage par la primitive Eglise.
En
égard à notre troisième proposition : quelle que soit l’assurance que nous
puissions avoir de posséder la vérité, il ne serait pas sage de barrer la
route à toute
[358]
possibilité d’interrogation ou d’expression libre d’une manière si absolue
qu’on on arrivât à exclure tout ce qui pourrait être considéré comme de
l’erreur par celui qui préside la réunion ou par l’assemblée tout entière.
Il ne doit exister d’exclusive que sur le seul point suivant les
rassemblements des nouvelles créatures ne se font pas pour y discuter de
questions sociales, scientifiques, ou philosophiques mais uniquement
pour y étudier la révélation divine. Et dans l’étude de cette révélation
divine, l’assemblée devrait d’abord et toujours distinguer entre les
principes fondamentaux de la “doctrine de Christ (qu’aucun membre ne peut
modifier, altérer, ni consentir à voir y porter atteinte) et la discussion
de questions secondaires qui doivent s’aligner sur les doctrines de base.
Elles doivent pouvoir être examinées en tous temps au cours de réunions
spéciales. Ce qui ne veut pas dire qu’il faille sans cesse y revenir et
qu’il faille permettre à un membre de l’assemblée de tourner toutes les
réunions et tous les sujets pour retomber sur son dada particulier. Que ce
dada soit considéré et discuté une bonne fois en présence de quelqu’un qui
soit bien au courant de la Vérité ; et si l’assemblée écarte cette
proposition comme non conforme aux Ecritures, et que le promoteur de la
question ne soit malgré tout pas convaincu, qu’il s’abstienne tout au moins
d’attirer à nouveau l’attention de l’assemblée pendant un certain temps un
an peut être - après quoi il pourrait, sans risquer d’être ennuyeux,
réclamer un nouvel examen qui pourrait être consenti ou pourrait ne pas
l’être suivant que l’assemblée trouve ou ne trouve pas que le sujet on
vaille la peine.
Ce
sur quoi nous insistons c’est que, à moins qu’il n’existe une issue
quelconque, deux écueils sont à craindre. D’abord, le danger de connaître
une situation semblable à celle des églises de la chrétienté où il est
impossible de s’adresser à leurs fidèles au cours de leurs réunions, tout
moyen d’accès se trouvant minutieusement filtré. Ensuite, si quelqu’un
caresse une théorie qui en appelle à son jugement comme une vérité
d’importance — quelque fausse ou irrationnelle qu’elle puisse être —
[359]
il ne sera pas content tant qu’il n’aura pas pu exposer son idée et y
reviendra obstinément. Mais quand il aura eu une occasion raisonnable de
s’expliquer, même s’il n’est pas convaincu de son erreur, il ressentira
lui-même l’inconvenance qu’il y aurait à importuner ceux qui, après l’avoir
entendu, ont rejeté sa conception.
Quatrième proposition. Si étrange que cela puisse paraître, croître on
connaissance peut diminuer da dévotion. Nos capacités sont si menues et le
temps que nous consacrons aux choses religieuses est si limité que si notre
attention est toute tendue dans une seule direction elle s’amenuise dans les
autres domaines. Le chrétien ne doit pas être tout en tête et rien pour le
cœur, ni tout pour le cœur et rien pour la tête. “L’esprit de bon sens”
nous pousse à développer tous les fruits et toutes les vertus qui complètent
et affirment un caractère équilibré. De nos jours la tendance générale en
est au sens opposé: celui de la spécialisation. Tel ouvrier fait ceci, tel
autre fait cela en sorte que bien peu d’ouvriers connaissent à fond, et
comme autrefois, le métier qu’ils exercent La nouvelle créature doit
résister à cette tendance et “suivre avec ses pieds des voies droites” en
conséquence, de peur que, se bornant à un seul élément de grâce, elle en
arrive à négliger l’exercice d’autres facultés ou privilèges donnés par
Dieu.
Chaque être humain présente à un degré plus ou moins élevé des dispositions
au dévouement à une cause. Les facultés essentielles de l’esprit que sont la
vénération et la spiritualité appellent à leur aide les qualités de
conscience, d’espérance, d’harmonie, etc... Si nous les négligeons,
l’intérêt que nous prenons, l’amour que nous éprouvons pour la Vérité ira en
diminuant, et, au lieu que nos cœurs aillent au Seigneur, poussés par une
appréciation plus vive de son amour et par un désir plus intense de lui
plaire, de l’honorer et de le servir, il se trouvera que les qualités
d’arrière plan, prenant le pas sur les facultés essentielles, on glissera
dans le sens des philosophies à caractère strictement intellectuel qui
[360]
engendrent l’esprit de combativité, de négation, d’ambition, de
contestation et de vaine gloire. Pour cette raison, la Nouvelle Création a
besoin, non seulement qu’une réunion comporte une partie consacrée à
l’adoration à la prière et à la louange, mais encore, croyons-nous qu’un
culte particulier orienté dans le sens de l’exercice de la piété, ait lieu
chaque semaine. Au cours de cette réunion spéciale, une place serait faite
au témoignage sur le plan des expériences chrétiennes. Non pas un témoignage
consistant à revenir quelque vingt ans et plus en arrière pour raconter
l’histoire d’une première conversion,, etc... mais un témoignage récent
reflétant la condition du cœur pour le moment et pendant la semaine écoulée.
Des témoignages de ce genre sont utiles à ceux qui écoutent. Ils les
encouragent parfois en leur rappelant des expériences favorables ou les
réconfortent en leur montrant par les épreuves, les difficultés, les
perplexités, etc... des autres qu’ils ne sont pas seuls à les connaître et
parfois même à succomber.
C’est
ainsi que chacun peut pénétrer toujours plus le sens des paroles de l’apôtre
: “Ne soyez pas surpris comme d’une chose étrange qui vous arrive, de la
fournaise qui est au milieu de vous pour vous éprouver”(1
Pierre 4 : 12). Tous les enfants de Dieu connaissent des
épreuves et des difficultés. Ils apprennent de cette manière à sympathiser
avec d’autres, et, à mesure que les liens de sympathie augmentent,
l’empressement à venir en aide augmente également, de même que l’esprit
d’amour - l’esprit saint ; Ces réunions à mi-semaine peuvent se centrer sur
un texte proposé à l’assemblée du dimanche précédent. Ce texte servirait de
base et chacun noterait et signalerait les expériences de la vie s’y
rapportant au cours de la semaine. Bien sûr on peut jour après jour,
profiter des leçons et des expériences sur des plans bien différents; mais
la plupart, sans y penser, sans même les remarquer, laissent passer ces
grandes leçons et il leur faut des épreuves plus larges et plus amères alors
qu’il leur aurait suffi de prendre garde à ce que le Seigneur leur apprend
chaque jour par ses soins.
[361]
Pour
donner un exemple, supposons que le centre d’intérêt de La semaine ait été “La
paix de Dieu” avec le texte : “Et que la paix de Dieu qui
surpasse toute intelligence (compréhension) garde vos cœurs” (Philippiens
4 : 7). Chaque frère, chaque sœur, pendant la semaine,
remarquera à quel point ce texte a trouvé son application dans son cas
particulier, ce qui a paru interrompre ou faire obstacle à cette paix
suprême en apportent l’inquiétude et le mécontentement. Ces expériences
réflexions, leçons, acquises par l’un et l’autre, exposées devant tous par
ceux qui le peuvent et par ceux qui le peuvent avec moins de bonheur, non
seulement rappelleraient à tous les présents leurs propres expériences
pendant la première moitié de la semaine mais pendant la deuxième moitié y
ajouteraient celles des autres. Ceci ne pourrait que contribuer à élargir le
champ des liens de sympathie déjà existant on soulignant mieux les avantages
de la paix sur la discorde, le bien qu’apporte la paix de Dieu dans le cœur,
et comment il est possible de garder cette paix au sein du tumulte, de la
confusion, du danger, des conditions sur lesquelles nous ne pouvons rien. Le
caractère d’adoration de ces réunions ne fera qu’ajouter au profit qu’on en
retirera. Quiconque se rend compte avec acuité de ses défauts personnels et
fait tout ce qu’il peut pour croître dans les grâces de l’Esprit, cherchera
à se rapprocher du Seigneur dans son désir de lui plaire et d’être animé
sans cesse par son Esprit 1).
Dans
ces réunions comme dans toutes les autres, il apparaît que l’ordre et la
méthode sont susceptibles d’apporter le plus grand bien. Non pas un ordre
qui détruise la vie et la liberté d’une réunion mais la préserve au
contraire on s’opposant à l’anarchie, au, désordre par une contrainte
aimable, sage et douce. Ainsi il faudrait que le caractère de la réunion
soit déterminé à l’avance tandis que le devoir de celui qui la dirige
consiste à La conduire
1)
Des réunions du genre
que nous décrivons en ce moment se tiennent dans des centaines d’assemblées.
Bien souvent les sujets choisis sont pris dans la Manne quotidienne.
[362]
d’une
manière raisonnablement affable vers le but fixé. Il demeure entendu que ces
réunions la ne sont pas des réunions de questions, ni des réunions pour la
discussion ou la prédication. D’autres réunions sont prévues pour cela où
tous ceux qui le désirent sont les bienvenus. Cette réunion-là a un objectif
bien défini. Pour la tenir dans sa ligne et éviter les discussions ou les
réponses de l’un à l’autre, celui qui la conduit — et qui a été choisi pour
représenter l’assemblée tout entière —doit être seul à répondre ou à faire
des remarques quand il y a nécessite. Il lui appartient de veiller à
ce que certains témoignages ne soient tellement longs qu’ils en
deviennent fatiguants, empêchent celui des autres et risquent de faire durer
la réunion plus qu’il n’est raisonnable et qu’il n’a été fixé. Tous ces
détails qui incombent à celui qui dirige, impliquent qu’il soit un Ancien
dans l’Eglise. Quiconque ne serait pas suffisamment expérimenté, risquerait,
même avec les meilleures intentions, d’être trop relâché ou trop strict en
appliquant la règle. Il pourrait frustrer la réunion du caractère qu’elle
doit revêtir par trop d’indulgence ou, heurter quelque frère ou sœur à
l’étiquette par une insuffisante correction dans le langage ou la
convenance. Oui, celui qui conduit cette réunion devrait être un Ancien ou
quelqu’un capable de l’être ce qui veut dire suffisamment avancé dans la
connaissance de la Parole et apte à enseigner pour pouvoir donner à bon
escient une parole d’encouragement, un conseil, un avis utile en réponse
aux témoignages donnés. “Une parole dite à propos, comme elle est
agréable !”, et est souvent plus utile que tout un discours.
Proverbes 15 : 23.
Bien
que, dans ce qui précède, nous ayons signalé les besoins à satisfaire par
des réunions de nature différentes et appropriées nous nous sommes surtout
arrêtés à la dernière, celle que, soit dit en passant, nous considérons
comme la plus importante de toutes, celle qui contribue le plus à la
croissance on spiritualité. Voyons maintenant quels peuvent être de bons
aménagements par rapport aux autres réunions. Celles-ci doivent s’adapter
aux
[363]
circonstances, conditions et importance du rassemblement de l’Ecclésia ou
Corps. Si l’assemblée comporte environ cinquante membres et que certains
d’entre eux soient aptes à parler en public et à exposer la Vérité d’une
manière compréhensible, nous pensons qu’une réunion avec allocution par
semaine, où l’on inviterait les amis, les voisins et d’autres, serait
profitable. Mais si personne n’est vraiment qualifié pour présenter, sur un
sujet scripturaire un discours qui se tienne, logique, raisonnable, mieux
vaut s’abstenir de tenir une réunion de ce genre. Ou alors répartir le temps
et partager la tâche entre plusieurs frères ayant quelque faible talent et
qui pourraient à tour de rôle parler sur un même sujet. Ou bien encore ces
Anciens pourraient alterner : celui-ci tel dimanche avec un texte et tel
autre le dimanche suivant; ou encore deux Anciens ce dimanche avec deux
textes différents et ainsi de suite. Il semble que les intérêts essentiels
de toute l’Eglise soient sauvegardés quand tous les frères, selon
leurs capacités, s’y trouvent mêlés avec la pensée que l’humilité et les
idées claires sur la Vérité demeurent l’essentiel et non le beau langage et
les finesses oratoires.
Mais,
à notre jugement, le genre de réunion le plus important, le plus utile aussi
après le culte d’adoration dont nous avons parlé précédemment, c’est celui
où toute la réunion des croyants a sa part sous la direction d’un président
de séance, tantôt l’un, tantôt l’autre. Pour une réunion comme celle-là on
peut proposer à la discussion soit un sujet soit un texte de l’Ecriture.
Examinant le sujet par avance, celui qui conduira la réunion pourra le
couper et le répartir entre plusieurs frères en leur faisant connaître ce
qu’ils auront à développer, si possible une semaine d’avance, de manière que
ceux-ci viennent à la réunion préparés à soumettre des idées
chacun dans le cadre qui lui aura été assigné. Ces principaux préposés à
l’examen du sujet choisi (deux peut être, six ou même d’avantage selon le
nombre des compétences dont on dispose, l’importance de l’assemblée,
l’étendue du sujet) trouveront un grand secours dans l’examen des ETUDES
[364]
et des “TOURS” avec les meilleures traductions des Bibles.
Qu’ils présentent donc la question; avec des mots à eux ou encore qu’ils
trouvent des extraits bien choisis d’articles dans les “TOURS”
ou les “ETUDES” qu’ils liront en les accompagnant de quelques
remarques appropriées.
Après
que la réunion aura commencé par la louange et la prière, celui qui préside
rappellera les sujets qui seront examinés ce jour-là. Lorsque chacun des
frères, invités à le faire aura présenté ce qu’il aura trouvé sur le sujet
qui lui a été attribué, la discussion sera ouverte devant toute l’assemblée
qui posera des questions, relèvera des expressions, soit pour soit contre ce
qui a été présenté. Si l’assemblée ne semble pas disposée à la discussion
mais a besoin qu’on s’étende davantage, le président de séance y pourvoira
par d’habiles questions. Seul, le président interviendra auprès des frères
qui auront parlé, ou essaiera de répondre et d’harmoniser leurs
déclarations. Evidemment il pourra demander à ceux qui auront fait l’exposé
de préciser leurs positions et d’expliquer plus à fond leurs raisons. Ceux
qui parleront adresseront leurs remarques au président de séance et jamais
de l’un à l’autre directement. On évitera ainsi toute question personnelle
ou raison d’altercation. Le président n’a d’autre part à prendre dans la
discussion que celle que nous avons signalée mais doit pouvoir, à la f in,
rassembler les idées principales et résumer le sujet dans son ensemble et
d’après son propre point de vue avant que la réunion ne se termine par la
louange et l’action de grâce.
Chaque point peut être complètement élucidé et le sujet suffisamment
retourné pour que chacun puisse en avoir une vue d’ensemble assez claire.
Dans le cas de sujets plus complexes, le président aurait profit à résumer
et à donner son opinion après que chaque partie de sujet aura été exposée.
Nous ne connaissons pas de formule mieux adaptée à une étude complète de la
Parole divine. Nous la considérons comme beaucoup plus profitable que la
prédication courante dans la plupart des rassemblements du peuple de Dieu.
[365]
Une
réunion de ce genre satisfait à tous les besoins énoncés précédemment sous
les numéros 1, 2 et 3. Pour ce qui est du premier point, ceux qui ont à
préparer une partie du sujet ont toute occasion d’exercer leurs capacités.
Le second point est également satisfait puisque chaque auditeur peut poser
ses questions, émettre ses suggestions après que le frère chargé d’envisager
telle partie de sujet en aura terminé avec elle. Quant au troisième point,
il trouve aussi sa place dans ce genre de réunion perce que le ou les sujets
de la semaine devraient être choisis de préférence par toute l’assemblée, et
non par celui qui conduit la réunion, au moins une semaine avant la mise en
discussion.
Un
membre quelconque du groupement devrait pouvoir présenter sa question ou son
sujet. L’esprit d’amour, de sympathie et de bonne considération devrait
pénétrer tout le monde au point que tout sujet acceptable puisse être
entendu comme il convient même si l’on demande à discuter d’un sujet qui
soit on apparence contraire aux idées générales de l’assemblée, tout on
demeurant dans les limites des principes fondamentaux de l’Evangile, il
convient d’accorder à celui qui propose le sujet et en demanda la discussion
un temps raisonnable pour le présenter. Il sera même le présentateur
principal à cette occasion dans un temps limité, disons à trente minutes, ou
plus ou moins suivant, l’importance du sujet et l’intérêt que le groupe y
prend. Lorsqu’il en aura terminé, la question sera discutée entre les autres
membres du groupe. On accordera quelques minutes à l’initiateur de la
question pour répondre aux objections qui lui auront été faites et le
président de séance aura le mot de la fin an clôturant la réunion.
[366]
Une
autre formule de réunion qui s’est révélée très intéressante pour l’étude de
la Parole est le Cercle béréen pour l’étude de la Bible. Ce ne sont pas des
réunions où l’on ne fait que lire mais où l’on étudie le plan divin sous
tous ses aspects, point par point. Les différents volumes des Etudes des
Ecritures traitant des sujets comme ils le font dans un ordre suivi,
constituent (avec la Bible) des livres de texte pour ces études bibliques.
Cependant, dans l’intérêt même de la réunion, il est nécessaire que celui
qui la conduit et les membres du groupe établissent une différence très
nette entre lire et étudier. Pour autant qu’il s’agisse de la lecture, il
vaudrait mieux que les amis lisent eux-mêmes chez eux. L’objet de ces études
consiste à envisager une certaine partie de sujet condensée en un ou
plusieurs paragraphes qu’on videra absolument en apportant des textes des
Ecritures, etc... Si possible chacun des présents exprimera sa pensée sur le
paragraphe considéré avant d’aller plus loin. Certains de ces “Cercles
béréens” ont passé jusqu’à un an ou deux dans l’étude d’un seul volume des
Etudes des Ecritures — et ce avec intérêt et profit.
QUE CHACUN AIT,
EN SON ESPRIT UNE CONVICTION SOLIDE
Romains 14 : 5
Tous
les esprits clairs sont heureux d’être fixés positivement, si
possible, sur chaque détail de la Vérité. Et, déclare l’apôtre, chaque
membre de l’Eglise doit s’efforcer d’y parvenir pour son propre compte,
“en son esprit”. On a tort cependant d’essayer d’appliquer cette
règle excellente mais tout individuelle à une Eglise ou assemblée dans une
étude biblique lorsqu’on voudrait obliger tout le monde à conclure
dans un sens rigoureusement pareil. Naturellement on peut souhaiter que tous
puissent “voir de leurs yeux”, mais cela n’est pas raisonnable
quand on se souvient que nous sommes tous déchus de la perfection non
seulement au physique mais encore au mental, que nos défauts se signalent
dans tous les domaines ainsi qu’en témoignent les multiples formes
[367]
des crânes des gens qu’on côtoie. Le degré d’instruction ou d’éducation
que nous avons reçu constitue d’importants facteurs lorsqu’il s’agit de
favoriser ou de mettre empêchement à une conformité de vues.
Mais
l’apôtre ne dit-il pas que nous devrions tous être unis dans une même pensée
? que nous serons tous enseignés de Dieu en sorte que nous serons tous
animés d’un esprit de bon sens ? que nous devons tous croître en grâce et en
connaissance nous édifiant l’un l’autre dans la foi ?
Tout
ceci est vrai mais cela ne veut pas dire que ce résultat soit atteint au
bout d’une réunion. Non seulement les enfants de Dieu ont des têtes
inégalement développées, des différences dans l’expérience et le savoir mais
sont, en plus, d’âges différents comme nouvelles créatures: des enfants, des
adolescents, des adultes. Il ne doit donc pas nous surprendre que, certains
soient plus lents que d’autres à comprendre, plus lents à se faire une
conviction solide en leur esprit à propos des “choses profondes de Dieu”.
Certes ils doivent tenir aux connaissances fondamentales, savoir, que
nous sonnes tous des pécheurs, que Jésus-Christ notre Chef nous a
rachetés par son sacrifice accompli au Calvaire, que nous sommes
maintenant à l’école de Christ pour y recevoir instruction et y être formés
pour le Royaume et son service, que personne n’est admis dans cette Ecole si
ce n’est par une complète consécration de son tout au Seigneur. Ces choses
là, tous doivent les voir, les reconnaître tout à fait et toujours. S’il en
était autrement on ne pourrait même pas les considérer comme “des frères –
bébés” dans la Nouvelle Création. Cependant nous avons tous besoin de
patience l’un pour l’autre, nous avons besoin qu’on supporte les
originalités de l’un et de l’autre — et par dessus tout cela amour
doit travailler à augmenter les grâces de l’Esprit à mesure que nous nous
rapprochons de sa plénitude.
[368]
Ceci
étant, toutes les questions, toutes les réponses, toutes les remarques dans
les réunions où plusieurs prennent la parole — doivent concerner
toute l’assemblée présente et non viser personnellement tel ou tels. Pour
cette raison, il faut toujours s’adresser au président de séance qui
représente tout le monde sauf si, pour plus de commodité, le président
invite celui qui a la parole à faire face à l’auditoire et à s’adresser
directement à lui. Après avoir exposé son point de vue, on doit pouvoir
entendre tranquillement le point de vue des autres sans qu’un débat
s’institue ou que le premier revienne à la charge et redise ce qu’il a déjà
dit. Après quoi, que chacun se confie au Seigneur qui guide, enseigne et
montre la vérité sans insister pour que tous voient chaque détail
comme on le voit soi-même ni même comme le plus grand nombre le voit. Voici
la règle à suivre : Sur les questions essentielles : l’unité ; sur
les questions d’importance secondaire : la charité.
Nous
admettons cependant que chaque détail dans ce qui est vrai a son importance,
que la plus petite parcelle d’erreur est néfaste et que les enfants de Dieu
doivent prier et s’efforcer d’atteindre à l’unité dans la connaissance sans
espérer y parvenir par la contrainte. L’unité d’esprit sur les principes de
base, voilà ce qui importe. Si cette unité-là existe on peut avoir confiance
que le Seigneur guidera tous ceux qu’elle anime dans toute la vérité
nécessaire pour le moment. C’est sous ce rapport que ceux qui conduisent le
troupeau du Seigneur ont le plus besoin de sagesse, d’amour, de force de
caractère et de voir clairement la Vérité, de manière qu’à la fin de chaque
réunion celui qui en a assumé la direction soit à même de résumer les idées
tirées de l’Ecriture et de laisser tous les esprits sous cette bienfaisante
influence, dans un langage clair, positif, aimable sans jamais être
dogmatique, sauf sur les questions fondamentales.
[369]
SERVICES FUNEBRES
Dans
les moments de deuil, tandis que plus ou moins de solennité s’installe parmi
ceux qui assistent aux obsèques, le corps inerte et froid, les cœurs brisés,
les larmes, le crêpe, etc... tout contribue à faire sentir que la mort n’est
pas l’amie de l’homme mais son ennemi. De telles occasions sont favorables
pour présenter la Vérité et il convient d’en tirer parti. Nombreux sont ceux
qui, intéressés maintenant à la Vérité Présente ont eu leur attention
éveillée par un discours entendu Lors d’un enterrement. Bien plus, certains
seront présents et écouteront dans une circonstance comme celle-là qui, en
tout autre temps craindraient de déplaire à leurs amis s’ils venaient à
assister ouvertement à nos réunions ordinaires. Pour cette raison nous
conseillons de profiter de ces occasions dans la plus large mesure possible.
Si le défunt est un croyant et que sa famille ne soit pas favorable, il se
peut qu’il ait exprimé un dernier souhait à l’effet qu’un représentant de
nos idées parle à la foule des assistants lors de ses funérailles. Si c’est
un enfant et que ses parents soient tous deux dans la Vérité, la question ne
se pose pas. Mais si l’un d’eux est sympathisant et l’autre pas, c’est du
père que cela dépend. Bien que la femme ait tout à fait le droit de faire
connaître son point de vue à son mari et que celui-ci doive aux suggestions
de Sa compagne une considération raisonnable, ce ne doit pourtant pas être
une raison d’éluder sa propre responsabilité vis-à-vis de Dieu en tant que
chef de famille.
Dans
bien des petits groupes il se trouve des frères tout à fait qualifiés pour
faire un discours intéressant et profitable, tout à fait approprié aux
circonstances, sans qu’il soit besoin d’indications venant de notre part ou
de personne. Mais dans la plupart des cas il ne se trouve personne qui
puisse assumer cette charge. Pour cette raison nous donnons les indications
suffisantes pour se tirer d’affaire. Le frère qui conduira le service sera
choisi de préférence parmi des étrangers à la famille du défunt.
[370]
Cependant s’il n’y avait absolument personne Il ne saurait y avoir
d’incongruité à ce qu’un fils, un mari, un père conduisît le service. A
moins d’avoir une grande habitude du public et de connaître parfaitement le
sujet, le mieux serait d’adapter au cas particulier et aux circonstances les
réflexions qui vont suivre — d’en écrire le texte et de le lire devant
l’assistance. Ce texte, d’une écriture très lisible ou encore tapé à la
machine à écrire, sera lu plusieurs fois à haute voix avant de le faire
devant le public de manière que le débit en soit régulier, bien articulé et
aussi intelligible que possible. Nous irons même jusqu’à dire que s’il ne se
trouve absolument aucun frère susceptible de faire le nécessaire, rien ne
s’opposerait à ce qu’une sœur fasse cette lecture à la condition de porter
une coiffure quelconque sur la tête.
Voici
ce que nous proposons quant à la manière de conduire le service ainsi que le
texte d’une allocution pour les obsèques d’un frère dans le Seigneur
1)
Débuter par le chant d’un cantique choisi expressément et qu’on chantera
sans éclat : “Plus près de toi, mon Dieu”, “Le Rocher des
siècles”, “Il me conduit”. “Beaucoup donnent mais mon pour
toujours” ou d’autres encore.
2) Si
un membre de la famille faisait partie d’une église et tiendrait à ce qu’un
ecclésiastique de son choix dise quelques mots, on pourrait lui laisser lire
quelques versets de l’Ecriture sur la résurrection, faire la prière ou même
les deux. Si personne ne demande rien dans ce sens, on
passe directement de 1) à 3).
3) ESQUISSE
D’ORAISON FUNEBRE
Chers
amis. — Nous voici rassemblés pour rendre un dernier hommage à la mémoire de
notre ami et frère, et confier ses restes à la tombe: la poussière à la
poussière
[371]
et la cendre à la cendre. En dépit du fait que rien en ce bas monde ne
soit plus commun que la mort et son cortège de maladie, de douleur et
d’affliction il s’avère impossible à des êtres intelligents de prendre son
parti des déchirements des liens d’amitié, du foyer, de d’amour, des
affections de toute nature. Et la plaie demeure vive malgré que l’apôtre ait
déclaré que, comme chrétiens, nous ne nous “désolons pas comme ceux qui
n’ont pas d’espéranc ”. Que pourrait-on faire de mieux, aujourd’hui, si
non de reconsidérer cette grande espérance apportée par l’Evangile comme le
baume de Galaad capable de guérir les douleurs de la terre comme rien
d’autre ne le pourrait.
Mais
avant de voir l’espérance de l’Evangile, l’espoir d’une résurrection des
morts, l’espoir d’une vie future dans des conditions infiniment plus
heureuses que les présentes, il n’est pas hors de propos de se demander
pourquoi nous avons besoin d’une espérance comme celle-là, pourquoi la mort
ne nous est-elle pas tout simplement épargnée plutôt que de nous donner une
espérance de résurrection des morts ? Pourquoi Dieu ne nous laisse-t-il
vivre que quelques jours ou quelques années et encore gonflées de misères ?
Pourquoi sommes-nous fauchés comme l’herbe tombe et se dessèche ? Pourquoi
les liens du cœur se brisent-ils, les arrangements de foyers et de familles
sont-ils retournés par la mort, la grande ennemie de notre race qui, depuis
plus de six mille ans, a supprimé des milliards d’êtres humains, frères en
humanité, tous enfants d’Adam ? Pour les esprits qui réfléchissent, il n’est
pas de question plus palpitante.
L’incroyance affirme que n’étant au fond qu’à l’échelon animal supérieur,
nous naissons, nous vivons et nous mourons comme la bête brute et qu’il
n’existe pas de vie future. Cette perspective donne le frisson et bien
qu’incapable de prouver le contraire par une expérience personnelle, la voix
de Dieu se fait entendre qui “parle de paix par Jésus-Christ notre
Seigneur”. Le message
[372]
de paix que le Rédempteur donne à ses disciples ne nie pas les faits; il ne
prétend pas que la peine, la douleur la mort n’existent pas. Bien au
contraire. Il dit : “Je suis la résurrection et la vie”. Il affirme
que “tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa
voix et en sortiront” Que ce démenti à l’incroyance a de douces
résonances ! Il apporte l’espoir et cet espoir fait naître la paix d’autant
plus profonde que nous apprenons à mieux connaître et à nous confier en Dieu
et dans son Fils dont nous avons entendu les paroles et qui réalise les
desseins de son Père.
Mais
si l’Eternel se propose une résurrection et si cette promesse de
résurrection produit la paix, le repos, l’espérance... pourquoi Dieu a-t-Il
tout d’abord abandonné l’homme à la destruction pour dire ensuite à
l’humanité, par la résurrection et par le psalmiste (Psaume
90 : 3) “Fils des hommes, retournez !”. Pourquoi ne pas
les avoir laissés en vie ? Pourquoi ne pas avoir empêché la douleur et la
mort ? A cela nous répondons que les Ecritures - et les Ecritures seules —
expliquent les conditions actuelles. Elles seules jettent quelque lumière
sur ce sujet. Elles font connaître, qu’à l’origine, Dieu créa notre race
parfaite, absolument équilibrée, à son image et à sa ressemblance. Par la
désobéissance nos premiers parents ont déchu de cet état de noblesse sont
passés sous le coup de la sentence qui frappe le péché, c’est-à-dire la
mort. Cette décision qui frappait Adam a atteint toute sa race par les
moyens naturels. La pente du péché s’est accentué avec les générations et la
maladie, la souffrance et la mort ont suivi au même rythme.
On a
dit que le salaire du péché d’Adam consistait en une éternité de tourments;
que nous tous et l’humanité tout entière étions condamnés à ce châtiment
barbare et indescriptible pour prix du péché originel ; que seuls ceux qui
deviennent disciples de Jésus pourront échapper à l'Eternel
tourment de l’enfer. Mais, chers amis, la Parole de Dieu ne dit rien de
semblable,
[373]
rien d’aussi irrationnel, injuste et méchant. Elle dit au contraire que le
salaire du péché c’est la mort, que la vie éternelle est un don
de Dieu et que personne ne peut recouvrer ce don sans s’unir d’une
manière vitale au cher Fils de Dieu. Même le méchant à qui la vie éternelle
sera refusée ne souffrira pas éternellement. Et la déclaration de l’Ecriture
vient, très nette et très raisonnable : “Dieu détruira tous ses
méchants”
Psaume 145 : 20 .
Remarquons comme tout ceci fut précisé en termes claire à Adam lors de son
épreuve. C’est à ce moment là et dans ce lieu même qu’il faut
remonter pour retrouver la déclaration du Père céleste sur le châtiment
infligé par sa juste colère. Il avait pris toutes dispositions heureuses en
faveur de nos premiers parents en les entourant, dans le Paradis, de
nombreuses variétés d’arbres fruitiers entretenant la vie. Il ne les
éprouvait sur le chapitre de l’obéissance qu’en leur défendant de manger, de
goûter ou même de toucher d’un certain arbre entre tous. Leur désobéissance
entraîna leur expulsion du Paradis — éloignement des arbres qui conservaient
la vie, ce qui, petit à petit fut à l’origine des conditions
mortelles que nous connaissons encore, et ceci, en s’accentuant. Personne
n’ignore en effet que la moyenne de la vie de l’homme aujourd’hui est bien
inférieure à celle d’Adam qui “vécut neuf cent trente ans”.
Voici
les termes dont s’est servi le Seigneur et qui sont rapportés dans le livre
de la Genèse : “Le jour où tu en mangeras, tu mourras”. Ce
“jour” — l’apôtre Pierre l’explique — était un jour dans le cadre de
l’Eternel. “Il est une chose, bien aimés, que vous ne devez pas ignorer,
c’est que devant te Seigneur, un jour est comme mille ans”. Ce
fut dans ce “jour” qu’Adam mourut et aucun de ses enfants n’a passé
cette limite. Après qu’Adam eut perpétré son acte, la sentence prononcée par
l’Eternel démontre qu’il n’avait nullement l’intention de tourmenter sa
créature et que sa malédiction ne visait à rien de moins qu’à lui retirer
[374]
la vie avec toutes les conséquences résultant d’une condition devenue
mortelle. Voici ce que l’Eternel dit à Adam : “Tu mangeras ton pain à la
sueur de ton front jusqu’à ce que tu retournes à la poussière d’où tu
as été formé car tu es poussière et tu retourneras à la poussière”.
Genèse 2 : 17 ;
3 : 19 ;
2 Pierre 3 : 8 .
On
est assurément très soulagé de se rendre compte que cette doctrine terrible
des tourments éternels de l’enfer pour le premier couple et toute leur
descendance, est une doctrine fausse qui ne provient pas de la Bible mais
des “âges de ténèbres”. Dans toute la Parole de Dieu, rien ne le fait
supposer. Ecoutons plutôt l’explication qu’en donne l’apôtre Paul en tous
points conforme au récit de la Genèse. Il dit (Romains
5 : 12) : “Par un seul homme te péché est entré dans le monde
et, par le péché, la mort ; ainsi la mort s’est étendue à tous les hommes
parce que tous ont péché”. Que peut-il y avoir de plus raisonnable, de
plus convaincant, de plus satisfaisant que cette explication divine de la
mort ? — le résultat d’une offense, du péché. Mis à l’épreuve, Adam a perdu
tous ses droits et privilège en raison de sa désobéissance. Il est passé
sous le coup de cette malédiction entraînant la maladie, la souffrance, les
chagrins, les troubles et la mort. Nous-mêmes, sans qu’il soit besoin
d’aucune épreuve, (il devient inutile de nous éprouver; nous qui héritons,
par nature, des tendances et de l’état d’abaissement consécutifs au péché)
sommes frappés par cette sentence divine contre le péché: la mort. Même en
tant que race nous descendons graduellement dans la faiblesse, la maladie,
la souffrance, les tracas et dans la tombe.
Cette
explication en impose à nos jugements. Elle fait comprendre que l’enfant qui
n’a vécu qu’une heure, un jour une semaine ou un mois tombe sous le coup du
processus mortel au même titre que ceux qui vivent quelques années de plus
et se joignent personnellement à la transgression des lois de la justice.
“Je suis né dans le péché,
[375]
formé dans l’iniquité et
ma mère m’a conçu dans le péché”,
telle est la déclaration de
l’Ecriture à ce propos. “Tous ont péché et sont privés de
la gloire de Dieu”.
Et
alors, où est l’espoir ? Quel secours peut-il être apporté à
une aussi lamentable condition ? Que peut-on faire pour ceux qui souffrent
et meurent dans le monde ? Et que peut-on faire pour les quelques cinquante
mille millions d’êtres déjà descendus dans la prison de la mort? Par
nous-mêmes nous n’y pouvons très certainement rien. Six mille ans d’efforts
humains pour lutter contre la maladie, la souffrance et la mort se sont
avérés désespérément inutiles. Et ceux qui ont quelque espérance la
possèdent parce qu’ils regardent au Seigneur, au Dieu de leur salut. Il a
proposé un moyen de salut et la Bible est la révélation du grand Plan des
Ages que Dieu réalise pas à pas Le premier acte fut celui de
la rédemption du paiement de la peine à nous infligée — la peine de mort.
Jésus en acquitta le prix. “Il est mort, lui juste pour les injustes,
afin de nous amener à Dieu”. Absolument personne, parmi la race
condamnée, ne pouvait prétendre à se racheter lui-même et
comme l’annonçait le prophète: “Personne ne peut donner à Dieu le prix du
rachat”. Cependant l’extrémité où l’homme se trouvait acculé est devenue
la conjoncture de Dieu. Il envoya Jésus qui donna pour nous sa vie
intacte, sa vie “pure, innocente, séparée des pécheurs” et par
conséquent en marge de la race mourante. Cette vie, Dieu l’a acceptée tel un
prix correspondant et compensateur de la vie perdue d’Adam. Elle nous couvre
tous, nous qui sommes de la postérité d’Adam et qui n’avons pas été frappés
personnellement mais en raison “de la désobéissance d’un seul homme”.
C’est ainsi que Dieu peut demeurer juste grâce à l’obéissance de
Jésus-Christ notre Seigneur. De lui il est écrit qu’il “s’est donné
lui-même en rançon pour tous, témoignage rendu en son propre temps”.
1 Timothée 2 : 6 .
Remarquons en passant, chers amis, que notre Seigneur Jésus n’a pas
seulement racheté l’Eglise mais encore,
[376]
ainsi que l’affirme l’Ecriture : “Il est la propitiation
(satisfaction) pour nos péchés (les péchés de l’Eglise) et non
seulement pour les nôtres mais aussi pour ceux du monde entier” (1
Jean 2 : 2). Dieu merci, nous touchons ici à ce qui constitue la
base de la grande espérance qui nous rend capables de ne pas nous désoler
comme ceux qui n’ont pas d’espoir ou qui ne possèdent qu’un espoir fragile
non fondé sur l’affirmation positive dis la Parole divine.
Mais,
dira quelqu’un, voilà déjà bien longtemps que Jésus est mort. Pourquoi donc
le péché et la mort règnent-ils encore et continuent-ils à engloutir la
famille humaine ? A cela nous répondons que, pendant quatre mille ans, Dieu
a différé l’envoi du sacrifice et qu’il diffère encore la réalisation
de la bénédiction qui doit en résulter et qui s’accomplira certainement
lorsque le “moment”de Dieu sera venu. La raison
de ce délai est double, d’après l’Ecriture.
Tout
d’abord de laisser s’écouler un temps suffisant pour permettre la
multiplication de la famille humaine et le peuplement de toute la terre,
laquelle, revenue à la perfection de l’Eden, deviendra dans son ensemble le
Paradis de Dieu rétabli sur une plus grande et plus vaste échelle. Tout au
long de cette longue période les hommes font l’expérience du contact avec le
péché et la mort. Ils en retirent une grande leçon, celle de mesurer à quel
point le péché, le mal est condamnable et ne doit pas être recherché. Dés
que le moment du Seigneur sera venu —ce que nous croyons n’être plus très
lointain il accomplira sa promesse et établira son Royaume dans le monde. Ce
royaume liera Satan, mettra un terme à toutes les forces et les influences
qui tendent vers le péché et la mort et fera en sorte que la connaissance de
l’Eternel remplisse la terre. C’est de cette manière que Christ bénira le
genre humain et le relèvera pas à pas, degré par degré, jusqu’à la
perfection intégrale à laquelle il fut crée, à l’image de Dieu, en
Adam. On appelle Royaume Millénial cette ère de bénédiction.
[377]
C’est
pour sa venue que le Seigneur nous a enseigné à prier : “Que ton règne
arrive que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel”. Il faudra
ce jour de mille ans de bénédiction et de restitution pour rétablir la
justice sur toute la terre et sur une base solide, et également pour
remettre le genre humain à l’épreuve de manière à déterminer
ceux qui, par leur obéissance à Christ, seront estimés dignes de la
vie éternelle, et ceux qui, le sachant et le voulant et en raison de leur
penchant pour le péché, seront frappés de la Seconde mort, de la “destruction
éternelle hors de la présence du Seigneur et de la gloire de sa puissance”.
Ces bénédictions de l’Age Millénial ne concerneront pas seulement les seize
cent millions d’êtres qui peuplent actuellement la terre mais encore les
cinquante milliards qui ont paru et sont allés dans la tombe, la grande
prison de la mort d’où notre Seigneur Jésus les sortira ainsi qu’il le
déclare : “Je tiens les clefs de la mort et du séjour des morts”.
Apocalypse 1 : 18.
En
second lieu, le Seigneur a différé sa bénédiction à la Terre pour rassembler
et tirer de l’humanité, pendant l’Age de l’Evangile un “petit troupeau”,
une “classe élue”, des disciples, des saints. Il
recherche un “peuple particulier”, un “sacerdoce royal”,
qui doit lui être adjoint dans ce Royaume Millénial, non pas pour
avoir part, avec le reste du monde, à la restitution des prérogatives
terrestres, Si parfaites ou glorieuses soient-elles, ou encore au
rétablissement dans la condition édénique quelque agréable qu’elle fût, mais
pour connaître une faveur plus grande encore, celle d’être comme son
Seigneur, des êtres spirituels participant de la nature divine, au—dessus
des anges, des principautés et des puissances et partageant sa gloire.
Qu’elle espérance magnifique que celle-là et comme elle parle aux cœurs de
ceux qui ont entendu l’invitation, sont devenus disciples du Maître et
s’efforcent de suivre ses traces comme il nous en a donné l’exemple ! Quelle
perspective d’atteindre à cette gloire, à cet honneur, à cette
immortalité offert à l’Eglise dans la première résurrection ! Et quel
privilège de collaborer
[378]
avec le Maître à répandre la faveur divine sur toute la
création gémissante en invitant ceux qui le voudront à venir vers l’eau de
la vie pour s’y abreuver gratuitement! Alors dans le Royaume, l’Esprit et
l’Epouse diront “Viens” car il y aura alors une Epouse, les noces de
l’Agneau ayant eu lieu à la fin de l’Age de l’Evangile — “et
que celui qui veut prenne de l’eau de la vie gratuitement” (Apocalypse
22 : 17). Ces deux raisons là ne sont-elles pas une explication
valable au délai qu’apporte Dieu à la réalisation de ce qui aurait pu se
faire dès que le sacrifice rédempteur du calvaire fut accompli ? Il y a tout
lieu de se réjouir de cette disposition qui nous offre l’occasion d’être
appelés et d’affermir notre vocation et notre élection.
Tel
est, en bref, l’exposé de la glorieuse espérance qui animait le frère dont
nous honorons aujourd’hui la mémoire. Cette espérance, il la possédait comme
une ancre dans l’âme. Elle l’a rendu capable de demeurer ferme du côté du
Seigneur et dans les rangs de ceux qui confessent le Maître et le suivent en
portant leur croix chaque jour. Il possédait de nobles qualités que sans
doute nombre d’entre vous se plaisent à reconnaître. Cependant
nous ne formulons pas notre espoir et notre joie à son sujet en supposant
qu’il fut parfait, mais parce que nous savons que Jésus-Christ était son
parfait Sauveur, qu’il se confiait en lui et que ceux qui se confient en lui
ne seront jamais confus mais sortiront vainqueurs. Sans doute notre cher
frère possédait de solides qualités que nous ferions bien d’acquérir. Mais
nous n’avons guère besoin de modèle d’ici-bas. Dieu lui-même nous a donné
son Fils en glorieux exemple et nous avons comme notre frère, à
l’imiter. Il est bon de ne pas regarder à l’un l’autre mais au modèle
parfait, à Jésus. Il est bon de passer au-dessus des imperfections
naturelles communes à tous les humains. Elles sont les conséquences de la
chute. Mais il importe de se rappeler que les disciples du Maître sont
couverts par la robe de sa justice et “acceptés dans le Bien-aimé”.
[379]
Pour
terminer, chers amis, tirons la leçon de la brièveté de la vie présente et
rappelons nous que si Dieu réserve au monde, dans l’avenir, de grandes
faveurs, nous qui avons déjà entendu parler de sa grâce et de son salut en
Jésus-Christ, jouissons de privilèges spéciaux, d’occasions particulières
et, en conséquence de responsabilités plus engagées selon notre degré de
connaissance.
Comme
l’apôtre le déclare: “Celui qui a cette espérance en Lui se
purifie comme lui-même est pur”. Si nous désirons être avec le Seigneur,
partager sa gloire et lui être associés dans son œuvre future, il est
indispensable que nos caractères soient transformés, que nos cœurs soient
changés et que nous devenions, non seulement pur de cœurs, c’est-à-dire
d’intention, de volonté, d’aspiration vers Dieu,, mais encore, dans la
mesure du possible, dans les paroles et dans les actes et pour autant qu’il
se peut que le nouvel esprit, dans les diverses circonstances, domine nos
corps altérés par la chute. Rappelons-nous encore de demeurer en Jésus,
couverts de la robe de ses mérites et de cultiver dans nos cœurs les grâces
de son Esprit. Sous ce rapport, les bonnes résolutions sont d’un puissant
secours. Dans cette circonstance particulière, dans le cours de pensées
sérieuses et pourtant auréolées de joie, prenons à nouveau celle de nous
efforcer de suivre le Maître de plus près, de faire briller davantage, par
notre vie, la lumière de sa vérité et de sa faveur. Que chaque jour que nous
vivons parmi les autres hommes, nous tâchions de les rendre meilleurs et
plus heureux. En faisant ainsi nous glorifierons Dieu dans nos corps et nos
esprits qui lui appartiennent. Amen.
4) On
pourra, après le discours, dire une prière faite soit par l’orateur lui-même
soit par quelque autre frère dans la Vérité. Il ne faut jamais inviter un
ecclésiastique quelconque à faire la prière après le discours. Car il
est à peu près certain qu’il s’adresserait aux hommes et non à Dieu et
tâcherait de détruire dans l’esprit des auditeurs le bon effet que le
discours aurait pu produire. Dans la prière on remerciera surtout l’Eternel
pour sa
[380]
faveur en Jésus-Christ. On lui demandera de bénir tous ceux qui sont
présents et plus particulièrement les membres de la famille éprouvée.
5) Le
service pourra s’achever par une ou deux strophes d’un cantique approprié
comme il a été signalé précédemment.
6)
Nous suggérons cependant que quelques mots de simple prière soient prononcés
au bord de la fosse après que le cercueil y aura été descendu.
MODIFICATION DU DISCOURS POUR
L’ADAPTER
AUX CAS PARTICULIERS
Le
texte du discours qui précède peut évidemment servir dans le cas d’une sœur.
Il suffit de substituer le mot “Sœur” au mot “Frère”. S’il
s’agit d’une personne qui n’ait pas manifesté d’attachement particulier au
Seigneur par une pleine consécration, on pourra y apporter les quelques
retouches utiles que toute personne apte à discourir en public trouvera
facilement.
S’il
s’agit d’un enfant de parents croyants ou incroyants, on pourra adapter et
parler du défunt comme “notre jeune ami, retranché du monde des vivants
alors qu’il n’était encore qu’un bourgeon, moissonné prématurément sous la
faucille de la grande faucheuse, la mort”. Si c’est un bébé, on pourra
retenir le texte : “ Retiens ta voix de gémir et tes yeux de verser des
larmes dit l’Eternel : ils reviendront du pays ennemi” (Jérémie
31 : 15-17). Dans le cas d’un tout jeune enfant, on pourra
insister sur ce fait que personne ne contestera, que les enfants en bas âge
n’ont pas pu connaître de péché qui mène à la mort et qu’ainsi la
déclaration de l’Ecriture se trouve vérifiée : c’est en raison de l’offense
d’un homme et non pas à cause de la désobéissance de tous que le péché est
entré dans le monde avec la mort pour résultante.
[381]
DÎMES, COLLECTES, ETC...
Pour
autant que nous le sachions, aucune des petites assemblées d’enfants de Dieu
de “cette doctrine” (Actes
22 : 4) n’a recours aux collectes publiques. Dés le début nous
avons opiné dans le sens d’éviter les collectes, non pas que nous pensions
qu’il y ait quoi que ce soit de mauvais dans le procédé, ni qu’aucun texte
de l’Ecriture ne le condamne, mais parce que la question, argent est devenue
si importante dans toutes les dénominations religieuses de la
chrétienté qu’à notre avis, il vaudrait mieux, pour la gloire de Dieu, de
l’ignorer complètement. Ceux qui, toute leur vie, ont été importuné par des
demandes d’argent en arrivent facilement à croire que l’œuvre de prédication
et d’enseignement se fait en grande partie dans une intention lucrative — si
pas tout à fait, du moins dans une considérable mesure.
Non
seulement les Ecritures donnent à entendre que le plus grand nombre des
disciples du Seigneur viendront pour la plupart des pauvres dans ce monde
mais notre expérience personnelle le confirme aussi. “Il n’y a pas beaucoup
de riches, de grands, de nobles mais surtout des pauvres de ce monde, riches
en foi”. Certains d’entre eux — nous en sommes persuadés — qui viennent dans
les réunions où la Vérité Présente est annoncée, remarquent très
positivement l’absence de cet esprit du monde tout préoccupé de questions
financières. Dans bien des cas, ce détail même a contribué à déterminer
certains en faveur de la Vérité. Même ceux dont les yeux s’ouvrent à la
lumière de la Vérité Présente s’animent d’un tel zèle pour sa cause et
désirent tellement faire briller leur lumière à la gloire du Seigneur, que
bien des tièdes chrétiens sont portés à se dire : Mais qu’y a-t-il ? Dans
quel but ? Quel pourcentage ou quel profit ont-ils à
[382]
essayer de nous intéresser, à nous prêter des livres et à passer leur temps
à attirer notre attention sur des sujets bibliques qu’ils présentent à leur
manière. En assistant aux réunions et en constatant l’absence des collectes
habituelles ou autres sollicitations, les nouveaux intéressés se trouvent
d’autant plus convaincus que seul, l’amour pour le Seigneur, la
Vérité et son troupeau, est à l’origine des efforts déployés pour mettre la
Vérité à leur portée. S’ils avaient quelque préjugé défavorable quant à la
Vérité, ils ne pourraient trouver dans ces manifestations de sincérité, de
bienveillance et de générosité conformes à la manière d’être divine, que des
démonstrations de l’Esprit du Seigneur, l’esprit d’amour.
Tout
en nous faisant le défenseur de ce principe et en le recommandant vivement à
tous les enfants de Dieu de partout, il est de notre devoir, d’autre part,
d’attirer l’attention sur le fait que quelque misérable, ignoble ou égoïste
que nous ayons pu être lors de notre acceptation par le Seigneur et de notre
consécration à lui, nous ne pourrions demeurer dans “l’Eglise dont les noms
sont écrits dans les cieux”, avec le Seigneur, le chef de
cette Eglise, si, dans une sérieuse mesure nous ne dominions pas nos
instincts égoïstes. Nous n’ignorons pas que l’égoïsme et l’avarice sont
étrangers à l’esprit de notre Père céleste et de son Fils; et qu’ils doivent
demeurer étranger à tout ce qui concerne les enfants de Dieu —à tout ce qui
doit offrir un air de famille dont la marque essentielle est l’amour — la
bienveillance. Celui chez qui, par hérédité ou ayant connu un milieu ou une
éducation inférieurs, l’esprit de mesquinerie ou de ladrerie s’est implanté,
et qui a été accepté comme membre probatoire de la Nouvelle Création, aura
très rapidement à soutenir un combat sur ce terrain. Ainsi que l’apôtre
l’explique, l’entendement de la chair entrera en conflit avec l’entendement
de l’esprit, la nouvelle créature, et il faut que cette dernière ait le
dessus si l’on veut réellement atteindre à la position souhaitée parmi les
vainqueurs. Il faut vaincre l’esprit d’égoïsme et d’avarice et développer en
soi la bonté, la libéralité, la générosité autant dans le
[383]
cœur que dans l’action. Il se peut même qu’au moment de la mort, des
natures comme celles-là aient à lutter contre elles-mêmes mais il ne doit
pas y avoir de doute quant à la tendance générale de la pensés, de la
Nouvelle volonté. D’ailleurs ceux qui les connaissent bien se rendront
compte, d’après leur comportement si le nouvel esprit a remporté la victoire
sur l’esprit charnel et égoïste.
Notre
pensée donc sur ce chapitre des collectes et des questions financières dans
les assemblées de l’Eglise, ne va pas dans le sens de décourager le fait de
donner. Nous avons plutôt observé que ceux qui donnaient largement au
Seigneur, spontanément et de grand cœur se trouvaient les plus favorisés par
lui dans les questions spirituelles. On remarquera que nous n’interprétons
pas l’adage: “Dieu aime celui qui donne avec joie” dans le sens exclusif des
dons en espèces. Celui-ci concerne toutes les sortes de dons et de
sacrifices que le peuple de Dieu a le privilège d’offrir sur l’autel du
sacrifice et qu’il plaît au Seigneur d’agréer par les mérites du Rédempteur.
A la vérité, partout et chaque fois que la question nous a été posée:
Continuerai-je à développer mes affaires pour être à même de donner plus
largement le fruit du travail de mes mains et de mon cerveau et contribuer
ainsi à répandre la vérité ou devrai-je plutôt restreindre mon activité dans
ce sens, de manière à disposer de plus de temps et m’engager plus
directement au service de la Vérité en la publiant parmi les amis et les
voisins, etc ?... Nous avons invariablement répondu que notre
temps et notre influence au service de la Vérité ont plus de prix aux yeux
de Dieu que les dons en argent.
Si
donc quelqu’un est capable de bien présenter la Vérité et si, en même temps,
il sait aussi gagner de l’argent par des moyens honnêtes et légitimes, nous
pensons qu’il est préférable pour lui d’exercer le métier qui lui rapporte
dans une sage limite de manière à consacrer le plus possible de son temps,
de son attention et de son énergie à l’exercice de son don, plus important,
celui qui
[384]
consiste à savoir répandre la Vérité. Et ceci est également vrai pour
toutes les activités relatives à la diffusion de la Vérité par la page
imprimée, par le colportage, etc...
Les
enfants de Dieu parvenus à un certain degré de développement à la
ressemblance divine savent bien qu’il y a “plus de bonheur à donner qu’à
recevoir”. Dieu est le grand Donateur. Il donne à chaque instant. Toute la
création, dans chacun de ses compartiments est le résultat de cette
bienveillance divine. Il a donné son Fils unique et encore la vie, le
plaisir, l’avantage de lui être intimement uni. Il a donné à ses fils que
sont les anges des faveurs innombrables. Il a accordé à notre race dans la
personne de son chef Adam, la vie et tous les féconds bien-être de ce monde
lesquels, même dans la condition présente de dégradation sont quand même
merveilleux. Non seulement il nous a donné des facultés sensitives qui nous
permettent de nous rendre compte des odeurs et saveurs agréables, des
couleurs éclatantes et de leurs mélanges, etc..., mais il a encore pourvu
dans la nature et ce, avec magnificence, à la satisfaction de ces sens, dans
le fruit, dans la fleur, dans la pierre précieuse et le ciel étoilé. En tout
il a été prodigue dans ses bontés à l’égard de l’homme.
Et
lorsqu’on en vient à penser aux bienfaits que Dieu réserve au “petit
troupeau” de la Nouvelle Création ainsi qu’il le révèle dans sa Parole, on
ne peut qu’admettre qu’ils dépassent infiniment tout ce que nous aurions pu
demander ou penser. “Des choses que l’œil n’a point vues, que l’oreille
n’a point entendues, qui ne sont pas montées au cœur de l’homme mais que
Dieu réserve à ceux qui l’aiment et qu’il nous a révélées par Son Esprit”.
Ainsi donc, vouloir le bien des autres, leur donner, les aider, leur faire
du bien, tout cela fait parti de la ressemblance divine. Qu’y a-t-il
d’étonnant, par conséquent, à apprécier davantage le fait de donner que
celui de recevoir ?
[385]
Tandis que nous apprenons à estimer les choses spirituelles, que notre
communion avec le Seigneur s’intensifie et que nous partageons son esprit,
dans la proportion où son esprit d’amour, de bonté, de générosité se répand
dans nos cœurs, nous prenons plaisir, dans une proportion égale, à faire du
bien à tous les hommes et plus particulièrement à la maison de la foi.
L’amour dans nos cœurs comme dans celui du Père Céleste ne recherche pas
uniquement son propre intérêt et son bien être, mais se préoccupe
constamment de rechercher tels bienfaits qui pourraient s’étendre aussi à
d’autres, ce qui pourrait éclairer et égayer la vie des autres, ce qui
pourrait les consoler dans leurs souffrances et les aider dans leurs
besoins. En fait, c’est dans la proportion où ce nouvel esprit nous pénètre,
dans la proportion où nous nous transformons par le renouvellement de notre
esprit et que nous allons de gloire en gloire, que nous nous rendons compte
de la grande besogne que Dieu a prévue pour nous dans l’avenir, l’œuvre
divine consistant à bénir toutes les familles de la terre et d’être ses
agents dans la dispensation des bienfaits du ciel pour tous ceux qui veulent
rentrer an accord avec l’Eternel. Et ainsi les nouvelles créatures, tout on
se développant et tout en appréciant les gloires personnelles promises, en
arrivent à réfléchir davantage aux privilèges qui seront les leurs, en vertu
de leur co-héritage avec leur Seigneur, dans le relèvement de la pauvre
création gémissante, de tous ceux qui le voudront, jusqu’à la perfection
humaine compromise par la chute d’Adam, à laquelle tous participent.
Cet
esprit d’amour, ce désir de donner, d’aider les autres, nous conduit, non
seulement à un élan de générosité dans la pensée, mais encore dans le
comportement. Il nous pousse à employer notre temps et notre influence au
bien des autres de façon qu’ils se réjouissent à la lumière de la Vérité
présente tout comme nous-mêmes nous sommes réjouis. Ce même esprit nous
entraîne, si nous n’avons pas le don d’expliquer ou d’enseigner, à faire
usage du temps dont on dispose pour distribuer
[386]
des traités qu’on accompagnera d’une réflexion appropriée si brève
soit-elle. Il nous entraîne plus loin encore, si nous disposons d’argent, à
l’utiliser au service du Seigneur dans la propagation de l’Evangile. Nous
croyons que le Seigneur considère, aujourd’hui comme dans le passé, l’esprit
qui animait la pauvre veuve mettant ses deux pièces dans le trésor du
Temple. Son abnégation, traduite dans le geste de cette petite
offrande, la fit considérer par le Maître et également dans l’estimation du
Père, comme une donatrice de premier plan et selon son cœur “Elle a mis
de son nécessaire, tout ce qu’elle avait pour vivre” (Luc
21 : 4). A sa manière elle avait agi dans le même sens que le
Seigneur lui-même. Non seulement il donnait aux autres de quoi vivre mais il
donnait aussi sa vie au service des autres, jour après jour, heure après
heure jusqu’à ce que, finalement, au Calvaire, il accomplit son œuvre de la
manière la plus complète.
Nous
nous sommes demandé pourquoi le Maître n’a ni dit ni paru dire que la pauvre
veuve avait fait plus que son devoir. Puisqu’elle n’avait que deux pièces,
elle aurait pu les garder ou tout au moins en garder une pour ses besoins.
S’il s’agissait de tout autre que du Seigneur lui-même ou de l’apôtre qui a
rapporté le fait sans exprimer la moindre idée de prudence à cet égard, nous
nous sentirions tout à fait libre d’ajouter ce mot de précaution
élémentaire. Mais, à tout prendre, il en est bien peu qui ait besoin qu’on
le leur signale. Il en est bien peu à qui il faille faire remarquer
qu’il ne faut pas donner jusqu’à ce qu’il leur faut pour vivre. Il s’en
trouve peut être quelques-uns. Et nous sommes persuadés qu’il en serait
d’eux comme de la pauvre veuve : le Seigneur s’approcherait d’eux d’une
manière ou d’une autre pour suppléer à ce que nous serions tenté d’appeler
un excès de générosité. Mieux vaut faire erreur dans ce sens que dans
l’autre. “Celui-ci donne libéralement et acquiert des richesses (si
pas des richesses matérielles, au moins des richesses spirituelles) ;
celui-là épargne outre mesure (est trop prévoyant, trop, précautionneux,
trop conservateur)
[387]
et s’appauvrit
(parfois dans les biens matériels mais toujours et à coup sûr dans les biens
spirituels)”.
Proverbes 11 : 24
Le
Seigneur n’ayant rien imposé à son peuple dans le domaine de la générosité
et ayant laissé cette question sur le cœur de ceux qui lui ont consacré
leur tout, il va de soi que cette consécration mesure leur comportement
— leur sacrifice leur abnégation. La question se pose donc à chacun de nous
individuellement : Dans quelle limite dois-je donner mon temps, mon
influence, mon argent au Seigneur ? Si cette demande est formulée par celui
ou celle qui s’est déjà pleinement consacré et est devenu une
nouvelle créature, il ne peut exister qu’une réponse : il n’a rien a
donner puisqu’il a déjà tout donné au Seigneur. S’il a gardé
quelque chose, il n’a donc pas fait consécration pleine et entière et n’a pu
être pleinement accepté du Seigneur.
Admettons que nous ayons tout donné au Seigneur, comment allons nous
déterminer ce que Dieu veut quant à la manière de remettre ce don ? A cela
nous répondons que chacun doit se considérer comme établi par le Seigneur
pour GERER son propre temps, influence, argent, etc... Chacun doit
rechercher à utiliser au mieux ce dont il dispose à la gloire du Maître. Et
puisqu’on a le privilège de recourir au trône de grâce, on peut, en cas de
doute sur l’utilisation de ses talents, demander la direction de Dieu qui
donne avec libéralité sa sagesse à qui la lui demande et sans faire de
reproches. Guidé par cette sagesse d’En-haut et selon que notre amour et
notre zèle pour le Seigneur augmente, grâce à la connaissance de la Vérité
et à la pénétration de son esprit, nous nous prendrons à donner de plus en
plus de temps, de plus en plus d’influence de plus en plus de tout ce qui
dépend de nous pour le service de la Vérité allant même jusqu’à prendre des
dispositions pour que, une fois les obligations personnelles et de famille
satisfaites, nous soyons à même d’augmenter nos offrandes et nos sacrifices.
[388]
Comme
chacun sait, Dieu avait institué chez les Juifs un système de dîme d’après
lequel le dixième du produit soit des récoltes, des troupeaux ou de
l’argent, devait être mis à part comme appartenant au Seigneur et réservé
aux usages sacrés. Mais ceci n’était qu’un arrangement valable pour “la
maison des serviteurs”. Le Seigneur a laissé “la maison des FILS”
sans aucune loi ou règlement de cette nature. Ceci implique-t-i1 qu’il
espère moins des fils que des serviteurs ? Assurément non. Le fils qui
serait moins intéressé aux affaires de son père que ne le serait un
serviteur ne serait pas digne d’être fils et perdrait certainement sa place,
remplacé par un autre qui serait davantage animé par l’esprit de filiation.
Dans le cas de la maison des fils, ce
n’est pas un dixième mais
tout qui est consacré, sacrifié, utilisé au service du Seigneur et de sa
cause, selon que les occasions paraissent ouvrir des voies possibles. Ainsi
nous avançons toujours, mettant notre vie, notre tout, au service de la
Vérité 1).
L’apôtre attire notre attention sur ce point dans au lettre aux
Philippiens (4 : 17) . Tout en les assurant que leurs dons
volontaires étaient à la fois utiles et appréciés, il ajoute : “Ce n’est
pas que je recherche les dons; mais je recherche le fruit qui abonde pour
votre compte”. Il savait que s’ils avaient été engendrés de l’esprit
saint, celui-ci porterait des fruits dans le sens des œuvres bonnes et de la
générosité. S’ils donnaient des preuves de cette générosité, c’est que leur
croissance spirituelle était certaine, ce qui intéressait surtout l’apôtre.
Il en est de même aujourd’hui. Le Seigneur nous dit que tout l’or et
l’argent lui appartiennent ainsi que tout le bétail sur les collines. Il n’a
nul besoin de nos efforts ni de notre argent, mais dans l’état actuel des
choses et parce que c’est notre avantage, que cela aide à notre
développement,
1)
Les obligations des consacrés à l’égard de leur famille et la
manière de concilier ceci avec le don de leur tout au Seigneur, est
envisagée au chapitre XIII.
[389]
il
permet que son œuvre soit le résultat des efforts concertés de tous les
siens et de tous les moyens qu’ils trouveront à mettre en œuvre pour le
glorifier.
Comme
cet arrangement est heureux! Quelles bénédictions ces dispositions n’ont
elles pas déjà rapportées au cher peuple de Dieu Nous ne doutons pas
qu’elles soient toujours présentes jusqu’à la fin de notre course en sorte
que nous jouirons tous du privilège d’engager nos talents, quels qu’ils
soient, au service du Seigneur. Après l’exemple de la pauvre veuve et de ses
deux pièces, il n’en est pas qui soient si pauvres qu’ils ne puissent
montrer à Dieu le profond désir de leur cœur. Il semble que le Seigneur
estime, comme il la d’ailleurs exprimé en un endroit que celui qui est
fidèle dans les petites choses l’est aussi dans les grandes et plus
importantes. Et c’est à ceux-là qu’il aura tendance à confier non seulement
les grandes perspectives de l’avenir mais encore les grandes occasions du
présent.
Notre
avis est donc que la question argent, autant que possible et cela tout à
fait soit laissée de côté dans les réunions générales de l’Eglise. Si la
flemme de l’Esprit de Dieu est entretenue et qu’elle brûle activement en
nous, nous nous préoccuperons de faire notre part dans l’entretien de
l’assemblée, non seulement dans les dépenses courantes de l’Eglise - le
loyer, peut être, ou tout autre dépense - mais pour porter la lumière qui a
enrichi notre âme à ceux qui sont encore assis dans les ténèbres. Nous
préconisons encore, à ce propos d’argent, de ne rien demander aux non
intéressés, bien que nous ne trouvions aucune raison de refuser ce qu’ils
pourraient nous offrir. C’est à tout le moins un geste qui marquerait leur
sympathie et qui leur vaudrait sans doute éventuellement, soit dans la vie
présente, soit dans la vie future, une faveur, une reconnaissance, de la
part de celui qui a déclaré que, même un verre d’eau froide, donné à l’un de
ses disciples en son nom ne perdrait pas sa récompense.
Matthieu 10 : 42 ;
Marc 9 : 41.
[390]
CONFIE A DIEU TA ROUTE
Confie à Dieu ta route:
Il sait ce qu’il te faut.
Jamais le moindre doute
Ne le prend en défaut.
Quand. à travers l’espace
Il guide astres et vents
Ne crois-tu pas qu’Il trace
La route à ses enfants ?
Tout chemin qu’on t’impose
Peut devenir le sien
Chaque jour il dispose
De quoiqu’autre moyen
Il vient: Tout est lumière !
Il dit : Tout est bienfait !
Nul ne met de barrière
A ce que sa main fait.
Consens à lui remettre
Le poids de ton souci
Il règne. Il est le Maître
Maintenant et ici
Captif, pendant tes veilles
De vingt soins superflus
Bientôt tu t’émerveilles
De voir qu’ils ne sont plus.
Mais peut être une crainte
Toi qui gémis encore
T’enserre en son étreinte
“Dieu néglige non sort”
Il garde l’espérance
Il prépare en secret
La seule délivrance
A quoi tu n’es pas prêt.
Bénis, ô Dieu ! nos routes
Nous les suivrons, heureux,
Car, toi qui nous écoutes
Tu les sais, tu les veux.
Chemins riants ou sombres
J’y marche pair la foi
Même au travers des ombres,
lis conduisent à toi.
[391]
SUR TOI JE ME REPOSE
1. Sur Toi je me repose,
O Jésus mon Sauveur !
Ah ! faut-il autre chose
Pour un pauvre pécheur
Conduit par ta lumière,
Gardé par ton amour,
Vers la maison du Père
Marchant de jour en jour.
2. Ma misère était grande !
Mais tu m’as pardonné ;
Sainte et vivante offrande
Pour moi tu t’es donné ;
Et de toute souillure
Par le sang de ta croix
Mon âme devient pure,
Tu l’as dit je le crois.
3. Moi-même en sacrifice
Immolé désormais,
Seigneur à ton service
Me voici pour jamais
Qu’importe ma faiblesse,
Puisque je t’appartiens !
Tu n’as point de richesse,
Qui ne soit pour les tiens.
[392]
TON DESIR SEUL
1. Combien ma peine est extrême
Qu’autrefois sans cœur chrétien,
J’ai dit fier à Jésus même : “Seul mon désir, non le tien”.
2. Puis l’ayant compris, sublime, Mort sur la croix pour mon bien,
J’ai murmuré plus intime “Mon désir avec le tien”.
3. En sentant son amour tendre Etre un sûr baume, un soutien,
J’ai concédé sans me rendre “Moins mon désir que le tien”.
4. Mais, d’une douceur exquise, D’une ampleur que n’atteint rien;
Ton amour, Christ, me maîtrise “Non mon désir, seul le tien”.