LA NOUVELLE CREATION
ETUDE V
L’ORGANISATION
DE LA NOUVELLE CREATION
* *
*
Les “pierres vivantes” pour Le
temple spirituel —
Nouvelle Création de nom et Nouvelle Création véritable — Le “ Mystère
de Dieu” et te “ Mystère de l’iniquité” — L’organisation du Grand
Antichrist — Les Ecritures dignes de foi — Liberté au monde et à la
chrétienté — De l’ordre hors de la confusion “Au temps convenable” —
“Les fins des âges” — Le cep planté par le Père — “Les douze apôtres de
l’Agneau” — Paul successeur de Judas — Nombre des apôtres limité à douze
— La mission apostolique - Les apôtres : caractères trempés — L’apôtre
Paul “en rien inférieur ans autres apôtres” — L’inspiration des douze —
Surveillance divine sur les écrits des apôtres — “Sur cette pierre je
bâtirai mon Eglise” — Harmonie des évangiles — Les clefs de l’autorité
infaillibilité apostolique- Quelques objections considérées — “Un seul
est votre Maître” — La véritable Eglise est te “troupeau de Dieu” —
Apôtres, prophètes, évangélistes, docteurs — L’organisation prévue par
le Seigneur pour la Nouvelle Création absolument complète — Il est aussi
son surveillant — Les dons de l’esprit ont pris fin quand ils n’étaient
plus nécessaires — Unité de “la foi donnée aux saints une fois pour
toutes” — L’unité dans la force, idée antichrétienne — Evêques, Anciens,
Diacres — Ce que veut dire exactement le mot “prophète” — L’humilité
essentielle dans l’Anciennat — Autres qualifications nécessaires —
Diacres, Ministres, Serviteurs —Docteurs dans l’Eglise — Beaucoup
devraient pouvoir enseigner — “Frères, qu’il n’y en ait pas beaucoup
parmi vous qui enseignent” — “Vous n’avez pas besoin qu’on vous
enseigne” — “Celui qu’on enseigne” et “Celui qui enseigne” — Rôle de la
femme dans l’Eglise — Les femmes co-ouvrières “Qu’elle soit couverte”.
* *
*
La
Nouvelle Création n’atteignent sa perfection ou achèvement qu’à la
Première Résurrection, son organisation ne sera vraiment complète qu’à
ce moment là. L’image que nous offre la construction du temple
l’illustre bien ; Pierres vivantes, nous sommes appelés maintenant,
invités à prendre place dans le temple de gloire et, comme l’apôtre
explique (1
Pierre 2 : 5), Jésus, le représentant du Père, nous forme,
nous cisèle, nous polit, nous rend propre à prendre place dans le
glorieux Temple de l’avenir - où Dieu se rencontrera avec le monde. Dans
le temple prototypique édifié par Salomon, toutes les pierres furent
préparées d’avance dans la carrière eu vue de la place qu’elles devaient
occuper. Ainsi en est-il pour nous, tout le travail de préparation se
fait au cours de la vie présente. Dans le type les pierres, toutes
taillées, furent mises en place sans qu’on entendit le bruit du marteau.
Il en est de même pour le temple réel. Les pierres vivantes qui,
maintenant, subissent joyeusement la préparation du Seigneur, seront
complètement ordonnées sous ses directives lorsqu’elles lui seront unies
au-delà du voile, sans confusion, sans qu’il y ait besoin de mise au
point finale.
Cependant les Ecritures reconnaissent l’existence d’une unité ou parenté
entre ces pierres vivantes dans le temps de leur préparation. Elles vont
même plus loin et admettent
[219]
une organisation transitoire qui permet à chaque membre du Royaume à
venir de collaborer avec le grand Docteur et Maître Constructeur dans
l’œuvre préparatoire consistant à “s’édifier l’un l’autre sur la très sainte
foi”, à s’aider l’un l’autre dans la formation des caractères
conformément aux normes du modèle : notre Seigneur Jésus. En examinant de
prés les dispositions prises par Dieu pour le temps actuel, on peut être
surpris de découvrir quelle grande liberté le Seigneur a laissée à chaque
membre individuel de la Nouvelle Création. Mais quand on comprend que le
Seigneur recherche des adorateurs de bonne volonté, des sacrificateurs bien
disposés, poussés par amour pour Dieu et pour le Bien à sacrifier leurs vies
pour les frères et dans un esprit de collaboration avec le Maître, alors il
devient clair que la manière divine de laisser la plus grande liberté est au
fond la meilleure méthode, celle qui démontre le mieux la loyauté du cœur,
qui travaille le mieux le caractère et prouve la bonne volonté de suivre la
Loi d’Amour en compagnie des autres, faisant aux autres ce que nous
aimerions qu’ils fassent pour nous.
Une
liberté comme celle-là, tout en demeurant relative, est bien propre à servir
l’objectif que suit le Seigneur dans le temps actuel, c’est-à-dire la
sélection du petit troupeau, son perfectionnement, son instruction en vue du
Sacerdoce Royal de l’avenir. Par contre elle serait hors de propos et
insuffisante s’il s’agissait de la conversion du monde telle qu’on
l’envisage en général. C’est à cause de cette doctrine fausse, de cette
supposition d’après laquelle Dieu aurait donné mission à l’Eglise de
conquérir le monde et de lui soumettre toutes choses au cours de l’âge
actuel, que bon nombre de personnes au jugement équilibré se sont étonnées
de la simplicité de l‘organisation de l’Eglise par le Seigneur et les
apôtres. Se rendant compte qu’un tel arrangement était inadapté à la
conversion du monde, des hommes ont entrepris d’instituer une autre
organisation qu’on retrouve dans les différentes formes
ecclésiastiques de la chrétienté. Parmi celles-ci la Papauté est la plus
subtile et
[220]
la plus puissante qui soit. Le système Méthodiste Episcopal est aussi très
important quoique sur un plan supérieur. Il régit d’autres masses. C’est
l’organisation de ces deux grands ensembles qui assuré leur succès et leur
force dans “le monde chrétien”. A mesure que nous avancerons dans notre
étude nous verrons que toutes ces “Eglises” humaines sont en
elles-mêmes toutes différentes de l’Eglise que le Seigneur a établie. Leurs
moyens ne sont pas ses moyens; leurs buts ne sont pas son but. Et de même
que les cieux sont élevés au-dessus de la terre, les voies et les objectifs
de l’Eternel sont plus élevés que ceux de l’homme (Esaïe
55 : 8 et 9). Avant peu, ceux qui ont le cœur droit verront à
quel point ils ont erré en abandonnant la simplicité qui est en Christ pour
essayer d’être plus sage que Dieu dans la conduite de son œuvre. Les
résultats feront ressortir sa sagesse et la folie de l’homme.
LA NOUVELLE CREATION:
LA NOMINALE ET LA REELLE
De
même que dans le peuple typique tous étaient Israélites d’appellation mais
que bien peu étaient de “véritables israélites”,
il n’est pas étonnant de trouver, dans l’antitype, une Eglise de nom et
une Eglise véritable, une Nouvelle Création de nom et une Nouvelle Création
véritable. Depuis que le Christianisme est devenu populaire, “l’ivraie” ou
“imitation de blé” a envahi le champ,
s’efforçant de paraître pour du froment authentique. Si difficile que soit
pour l’homme, incapable de lire dans les cœurs, de faire la différence entre
le vrai et le faux, entre le froment et l’ivraie, le Seigneur nous avise
qu’il connaît les cœurs et qu’Il “connaît ceux qui lui appartiennent”. Et
même Il nous recommande de ne pas confondre les véritables brebis et les
loups en habits de brebis, les sarments qui portent de bons fruits et les
ronces et les épines qui tenteraient de se faire passer pour de vrais
sarments du véritable cep. Le Seigneur ne
[221]
permet toutefois pas d’aller au-delà de ce jugement d’ordre général qui
n’est en sorte qu’un examen libre du comportement extérieur Il dit : “Ne
jugez de rien avant le temps”. Parmi ceux en qui vous discernez de réels
sarments de la vigne n‘essayez pas de décider le temps qu’il leur faudra
pour produire des fruits mûrs. Laissons cela au Père, le Vigneron qui taille
et supprime en définitive tout sarment ou membre qui ne porte pas de fruit”.
Laissons au Vigneron le soin de tailler sa “vigne”, le soin de corriger les
membres consacrés de l’Eglise de Christ. Abandonnons lui l’autorité
d’excommunier puisque c’est lui qui a planté, qui a arrosé et favorisé la
croissance de tout sarment attaché au vrai cep. On doit retrouver le même
esprit dans les sarments ou membres que dans la vigne elle-même et il
convient d’encourager et d’aider chacun dans sa croissance. L’amour doit
présider aux relations entre sarments et ce n’est que dans la mesure où la
Parole donne des instructions précises - et pas un mot de plus — que le
sarment peut critiquer, réprimander ou faire quoi que ce soit à l’encontre
d’un autre sarment. L’esprit d’amour doit plutôt tendre à la miséricorde, à
la bonté, à la patience jusqu’aux limites mêmes indiquées par le Vigneron,
lesquelles, ainsi que nous l’avons déjà montré, sont libérales et visent à
développer le caractère en chaque sarment.
Les
organisations humaines sont bien différentes et ce dans la proportion où
elles ont ignoré ou abandonné la simplicité de l’arrangement divin. Elles
ont constitué des règlements arbitraires revenant à décider qui il faut
considérer comme membres ou sarments de la vigne et qui ne doit pas être
admis dans la communion. Elles ont fait intervenir des questions
financières, élaboré des statuts que les Ecritures n’ont pas envisagés, posé
des credo et des confessions que les Ecritures ignorent, infligé des
pénitences en cas d’infraction dont les Ecritures ne parlent pas. Elles ont
codifié l’excommunication ou retranchement, etc... ce qui est contraire à
toute autorisation donnée à la véritable Eglise qui est le Corps de Christ,
la vraie Vigne, la Nouvelle Création.
[222]
Déjà
nous avons attiré l’attention sur le fait que l’Eglise de Christ est appelée
dans les Ecritures, le Mystère de Dieu (1) parce que, contrairement à ce
qu’on attendait, l’Eglise devait être le corps messianique qui sous
la direction de son chef oint, Jésus gouvernerait et bénirait le monde. Ce
mystère ou secret, maintenant révélé aux saints fut caché au cours des âges
et des dispensations passés (Ephésiens
3 : 3 à 6). C’est le mystère de Dieu qui sera bientôt achevé
lors de l’aboutissement de la Nouvelle Création à la fin de cet Age de
l‘Evangile. Nous avons aussi fait remarquer que les Ecritures renferment
sous le vocable de Babylone un système de contrefaçon (mère et filles — les
unes plus ou moins corrompues que les autres, contrefaçons plus ou moins
grossières) qu’elles désignent sous le nom de “Mystère de
l’Iniquité”. Nous ne voulons pas dire que les fondateurs de ces systèmes de
contrefaçons les ont sciemment organisés dans le but formel de détourner le
peuple de Dieu. Il convient plutôt de se rappeler que, d’après les
Ecritures, c’est Satan qui a “trompé le monde”, faisant paraître le bien mal
et le mal bien, la lumière pour les ténèbres et les ténèbres pour La
lumière. Satan “agit maintenant dans les fils de la
rébellion”, (Esaïe
5 : 20 —
Ephésiens 2 : 2). Tout comme il offrit à Jésus de collaborer
avec lui. Il se félicite de travailler avec tous les disciples de Christ
quand il peut arriver à les séduire et à les écarter des traces du Maître.
De même qu’il tenta de persuader notre Seigneur qu’il existait de meilleurs
chemins — des chemins qui nécessiteraient moins de sacrifice personnel et
moins d’abnégation que ceux préconisés par le Père — pour aboutir tout de
même à la bénédiction de toutes les familles de la terre, ainsi, pendant
tout l’âge de l’Evangile, il s’est efforcé de convaincre tous les frères
vraiment consacrés du Seigneur qu’il valait mieux adopter ses plans et ne
pas s’en tenir d’une façon rigoureuse aux plans et aux règles du Seigneur.
Il voudrait les entraîner à se croire plus sages et notamment qu’ils
pourraient mieux servir le Seigneur par
(1)
Volume I. chapitre V.
[223]
d’autres méthodes que celles prévues dans les Ecritures. Il voudrait les
gonfler de sentiments de zèle et d’orgueil pour l’œuvre qu’ils réalisent
dans le cadre de leurs systèmes et de leurs sociétés. L’Adversaire n’eut
aucun succès auprès du Maître dont la réponse fut invariablement : “Il est
écrit”. Mais il n’en va pas de même avec ses disciples. Bon nombre, bon
nombre négligent ce qui est écrit, négligent l’exemple et les paroles du
Maître, négligent les paroles et l’exemple des apôtres, et s’évertuent à
accomplir pour Dieu ce qu’ils espèrent et croient qu’il approuvera et dont
ils pensent que cela tournera à se louange.
Comme
ils s’apercevront s’être admirablement illusionnés lorsque, bientôt, ils
verront le Royaume tel que Dieu l’a conçu dès l’origine et tel qu’il l’a
formé par sa propre action conforme à sa propre volonté. Ils découvriront
qu’il vaut mieux veiller à se laisser enseigner du Seigneur que de tenter de
l’enseigner, de réaliser son œuvre à sa manière plutôt que de travailler
pour lui d’une façon qu’il n’agrée pas. Le succès des entreprises humaines
—. la Papauté, le Méthodisme et autres dénominations, toute proportion
gardée — contribue à faire de ces systèmes des “puissances
d’égarement”.
Le
Seigneur n’est pas intervenu et n’a pas empêché la croissance de “l’ivraie”
dans le champ de blé pendant cet Age de l’Evangile. Au contraire, il
a averti son peuple que le blé et l’ivraie croîtraient ensemble jusqu’à la
“moisson”. Alors, il serait présent, il surveillerait la
séparation, rassemblerait le blé dans son grenier (la condition glorifiée)
et ferait lier l’ivraie en bottes réservées au grand temps de trouble qui
terminera l’âge et les détruira en tant qu’ivraie c’est-à-dire en tant
qu’imitation de nouvelles créatures, sans pour cela les détruire
physiquement entant qu’êtres humains. En fait “l’ivraie” est
souvent respectable, morale, de “bonnes gens” comme on dit. Même dans les
religions païennes, on rencontre aussi de la bonté, quoique moins que parmi
“l’ivraie”, laquelle se trouve avantagée du fait
[224]
d’un contact étroit avec le “blé” et du fait
aussi d’un discernement partiel de l’Esprit de Dieu.
L’apôtre Paul signale que ce Mystère de l’Iniquité (“Babylone”, Confusion,
Chrétienté) était déjà à l’œuvre parmi le peuple de Dieu de son vivant. Tant
que l’apôtre Paul et les autres apôtres vécurent son action était évidemment
réservée. Tant que les apôtres furent là, avec l’Eglise, ils purent
démasquer les faux docteurs par l’intermédiaire desquels l’Adversaire
cherchait secrètement en privé, à introduire d’infâmes hérésies susceptibles
de miner la foi des fidèles, et de les détourner de l’espérance, des
promesses et de la simplicité de l’Evangile (2
Pierre 2 : 1). L’apôtre Paul parle aussi dans un sens général de
ceux qui font métier d’iniquité et il en nomme, Hyménée et Philète et autres,
“ qui se sont détournés de la vérité” et “renversent
la foi de quelques-uns” (2
Timothée 2 : 17). Le même apôtre mit ou garde d’Eglise, par les
Anciens d’Ephèse, contre ces faux docteurs et les erreurs qu’ils
colportaient. Il dit qu’après sa mort il s’introduirait parmi eux des loups
cruels qui n’épargneraient point le troupeau (Actes
20 : 29). Ceci confirme remarquablement la prédiction du
Seigneur dans la parabole (Matthieu
13 : 25, 39). Le Seigneur marque que ces faux docteurs et
leurs fausses doctrines furent les agents de l’Adversaire qui sema l’ivraie
tout au travers du blé que lui et les apôtres avaient planté. Il dit:
“Tandis que les hommes (les serviteurs particuliers, les apôtres)
dormaient, un ennemi vint et sema de l’ivraie”.
Il ne
s’écoula pas longtemps, nous pouvons en être certains, après que les apôtres
se furent endormis, que l’esprit de rivalité conduisît pas à pas à
l’élaboration du grand système Antichrist : la Papauté, cette organisation
ainsi que nous l’avons déjà vu (1), ne s’est pas établie instantanément mais
petit à petit. Ce fut vers le quatrième siècle qu’elle commença à prendre
une autorité. Le grand Antichrist s’épanouit avec un tel succès que depuis
[225]
ce moment jusqu’à l’époque de la “Réformation” il ne fut
pratiquement plus question d’avoir la droit de se dire chrétien ou d’être
considéré comme orthodoxe et fidèle si l’on ne se ralliait pas d’une manière
ou d’une autre ce système. Tout autre n’avait plus droit d’exister si ce
n’est en cachette et s’il en a été fait des comptes-rendus ceux-ci ont
vraisemblablement été détruits. Il est très probable que les fidèles de
cette époque, tout comme ceux qui, de nos jours, marchent à la lumière de la
vérité présente, furent si insignifiants tant en nombre qu’en influence que
personne ne songea à parler d’eux devant la grande et rayonnante
organisation qu’ils s’étaient efforcés de combattre et qui s’était si
rapidement élevée aux places prépondérantes dans le temporel comme dans le
domaine spirituel.
Depuis la “Réformation” l’Adversaire s’est de nouveau signalé
en faisant dériver chaque nouveau départ (chaque nouvelle tentative pour
retrouver la vérité) en un autre antichrist, tant et si bien que nous avons
maintenant non seulement la “mère des prostituées”
des origines mais encore ses nombreuses “filles” (1). Face
à tout ceci nous ne rechercherons de l’histoire de la véritable Eglise que
ce qui s’en trouve dans le Nouveau Testament qui a été conservé comme une
chose sainte et dans son intégrité en dépit de quelques interpolations sans
importance comme dans
Jean 21 : 25 et
1 Jean 5 : 7.
Nous
attirerons l’attention sur certains faits qui prouveront que les Ecritures
ont été conservées comparativement intactes, et attesteront, en même temps,
que les nombreux systèmes qui prétendent avoir été établis par le Seigneur
et les apôtres différent essentiellement de celui qu’ils ont réellement
institué et dont le récit nous est donné dans le Nouveau Testament.
1) —
Si l’Eglise primitive avait été organisée à la manière de la Papauté ou
autres dénominations actuelles,
1)
Volume 111, pages 42, 153, 155.
[226]
les
récits qui on ont été faits eussent été tout à fait différents de ce qu’ils
sont. On y eut trouvé quelque allusion à la grande cérémonie d’installation
des apôtres dans leur fonction par notre Seigneur. Il aurait siégé tel un
Pape recevant les apôtres en robes pourpres comme cardinaux etc... Nous
aurions des déclarations nettes et précises sur l’observance du vendredi et
l’abstention de viande, etc... On parlerait d’eau bénite aspergée sur les
apôtres et les foules ainsi que du signe de la croix. On n’aurait pas oublié
Marie, la mère du Seigneur. Il aurait été donné des précisions sur sa
prétendue immaculés conception; elle aurait été présentée comme “mère de
Dieu” et Jésus lui-même lui aurait rendu hommage et aurait appris à ses
apôtres comment s’approcher de lui par elle. Il aurait été fait quelque
allusion aux “cierges”, où, quand et comment les utiliser. Il y serait parlé
de prière pour les saints, de la “messe” ; comment Pierre rencontrant des
autres disciples fut admis comme Pape, comment ils se sont prosternés devant
lui, comment il célébra la messe pour eux tous sur une simple déclaration
qu’il avait le pouvoir de recréer le Christ dans le pain pour le sacrifier
une nouvelle fois en faveur des transgressions individuelles. Il y serait
parlé du lieu où fut enterré Etienne, comment Pierre ou les autres
“bénirent” sa tombe pour qu’il reposât en “terrain consacré”,
comment il lui mirent un “cierge” en main tandis qu’ils débitaient des
prières. Nous aurions des déclarations sur les différentes ordres du clergé,
pourquoi les laïques ne doivent pas être considérés comme “frères”
mais céder le pas aux ecclésiastiques. Il serait fait mention de dignités
hiérarchiques parmi ces derniers: Révérend, Très Révérend, évêques,
archevêques, cardinaux, papes; comment parvenir à ces hautes positions où
l’on s’honore l’un l’autre, où c’est à qui est le plus grand.
Le
fait que rien de tout cela n’est même relevé par les apôtres est une toute
première évidence que les systèmes qui ont introduit, en tout ou en partie,
de tels cloisonnements dans l’Eglise, de telles autorités, de tels offices,
etc… n’ont pas été institués ni par les apôtres, ni sous
[227]
leur direction, ni par le Seigneur qui les a établis et qui a reconnu leur
travail —
Jean 15 : 16 —
Actes 1 : 2 —
Apocalypse 21 : 14 .
2) —
Et cela prouve encore que la Bible n’a pas été forgée par ces faiseurs de
religions qui auraient sûrement pas négligé de la farcir de
références et d’allusions dans le genre de celles que nous venons d’exposer.
3) —
Forts de cette évidence que de système “mère” et ses nombreuses
“filles” du jour présent n’ont pas été ni voulus ni institués par le
Seigneur et ses apôtres, mais ne sont que le résultat de multiples
déviations de la simplicité de leurs enseignements et ne sont par conséquent
que de pures institutions humaines essayant d’être plus sages que Dieu dans
la réalisation de l’œuvre divine, ayons pleine confiance dans la Parole de
notre Dieu et soyons attentifs aux plus petits détails qu’elle signale sur
ce sujet comme sur tous les autres.
Au
cours des six mille ans de l’histoire du monde jusqu’à nos jours, Dieu a
abandonné aux hommes le soin de résoudre par eux-mêmes, et en faisant de
leur mieux, les problèmes de la vie. L’homme a été créé avec des facultés
d’entendement qui le portent à honorer et à adorer son Créateur. Ces
qualités n’ont pas été absolument effacées par La chute. La “dépravation
totale” n’est pas un fait exact en général. De même que Dieu a permis aux
hommes d’exercer leurs facultés dans le sens qu’ils ont choisi, il les a
aussi laissés libres de leurs penchants sur le plan moral et
religieux. A part le cas de l’Israël historique, de l’Israël spirituel et
des influences qu’ils ont pu exercer de par de monde, Dieu a laissé celui-ci
seul, libre de faire de son mieux quant à son propre développement, etc...
Dans son ignorance et son aveuglement, l’homme est devenu la proie des
velléités de Satan et des anges déchus qui, par diverses formes de
superstitions, de fausses religions de magies, etc... ont détourné les
masses humaines de la vérité. L’apôtre explique la situation. Les hommes
dit-il, n’ont pas reconnu Dieu et ne
[228]
l’ont pas glorifié à ce titre. Ils ne lui ont manifesté aucune
reconnaissance mais se sont égarés dans leurs pensées et leur cœur
inintelligent s’est obscurci. Et Dieu les a abandonnés à eux-mêmes. Il les a
laissés choisir le chemin qu’ils préféraient. Ainsi ils finiraient par
mesurer leur degré de déchéance, laquelle deviendrait comme la
matérialisation de ce qu’est le péché et leur apprendrait combien il est
insensé de suivre les conseils qui ne viennent pas du Créateur.
Comme
nous l’avons déjà vu, le Seigneur ne se propose pas de laisser l’humanité
dans cette condition de faiblesse et d’avilissement Par la Nouvelle Création
et le moment venu, la connaissance de l’Eternel parviendra à chaque être
humain avec pleine occasion de comprendre la vérité et d’accéder aux
bénédictions rendues centaines par la rédemption. Mais le point sur
lequel nous voulons insister c’est que si Dieu a laissé les nations païennes
à elles-mêmes, Il a aussi laissé la prétendue “chrétienté” à
elle-même. Il laisse les hommes qui ont reçu une certaine partie de la
lumière de la révélation divine, utiliser cette lumière comme ils
l’entendent — se faire la main pour apporter des améliorations au plan
divin, organiser des sociétés, etc... Ceci ne signifie pas qu’il n’ait pas
le pouvoir d’intervenir ni qu’il approuve ces plans, ces institutions plus
ou moins opposées l’une à l’autre soit sur le plan strictement humain ou sur
le plan religieux. Toutes ces tentatives constitueront un chapitre
particulier de l’expérience humaine qui deviendra bientôt une réprobation
muette pour beaucoup, lorsqu’ils s’apercevront du grand résultat du plan de
Dieu et qu’ils verront comment il a suivi rigoureusement la ligne qu’il
s’était tracée, accomplissant ses desseins, ignorant pratiquement les
conceptions des hommes, s’en servant parfois et œuvrant aussi en complète
opposition avec elles. Ainsi fit-il à la conclusion de ‘l’âge juif lorsqu’il
laissa une fraction de ce peuple persécuter et crucifier le Seigneur et ses
apôtres. De même qu’alors il y eut de “véritables Israélites” qui, par la
suite, furent bénis, relevés et rendus participants des souffrances de
Christ pour
[229]
partager ensuite sa gloire, il y a aussi, probablement, maintenant, de
“véritables Israélites” spirituels qui, à l’exemple de Paul,
seront libérés des pièges de l’Adversaire.
Un
autre point digne de remarque c’est que le Seigneur dispose d’un temps
spécial pour commencer son Royaume, un temps spécial au cours duquel la
Nouvelle Création est développée et préparée pour le service. Il semble
qu’il soit dans les intentions divines qu’une lumière particulière brillât
au commencement et à la fin de cette période. L’apôtre le donne à entendre
lorsqu’il parle de “nous, qui sommes parvenus à la fin des âges” (1
Corinthiens 10 : 11). Ce fut au cours du chevauchement
des âges juif et de l’Evangile que le Chemin, la Vérité et la Vie furent
tout d’abord manifestés; ensuite s’étendirent les “âges de ténèbres”, et
maintenant au moment du chevauchement des âges de l’Evangile et Millénial,
la lumière brille comme jamais auparavant sur les “choses
nouvelles et anciennes”. Tandis qu’il semble bien que, au début de l’âge,
ceux dont le cœur était tourné vers le Seigneur reçurent une lumière
particulière et que, maintenant aussi, ceux qui se trouvent dans les mêmes
conditions, sont favorisés par la lumière de la Vérité présente pour être
sanctifiés par elle, il ne faut pas croire qu’une même clarté était
nécessaire pour se sanctifier au cours des siècles passés dont plusieurs
furent connus sous le nom “d’âges de ténèbres”. Point n’est besoin
d’imaginer que le Seigneur soit jamais resté sans témoins quoique les pages
de l’Histoire aient pu les ignorer. Cette ignorance provenait de leur propre
obscurité, étrangers qu’ils pouvaient être à ces grands systèmes
anti-chrétiens, qu’ils désapprouvaient tout en s’y trouvant peut-être mêlés.
Ainsi l’appel du Seigneur manifeste vraiment qu’il faut attendre que bon
nombre de ses enfants soient DANS Babylone, confus et désemparés par son
sectarisme. “Elle est tombée, elle est tombée, Babylone la grande!”.
“Sortez du milieu d’elle , mon peuple, afin que vous ne participiez
point à ses péchés et que vous n’ayez point de part à ses fléaux”
Apocalypse 18 : 2, 4 .
[230]
Après
ce coup d’œil rapide sur l’Eglise et son histoire venons on à l’Eglise telle
qu’elle fut instituée à l’origine par notre Seigneur. De même qu’il n’y a
qu’un seul Esprit de l’Eternel animant ceux qui lui appartiennent
ainsi il n’y a qu’un seul chef, ou centre de l’Eglise et ce centre
est Jésus. Il convient pourtant de se rappeler que, dans toute son œuvre, le
Père eut sa large part, et qu’il affirma à maintes reprises que son œuvre
était accomplie au nom du Père et par son autorité. “Toute plante que mon
Père n’a point plantée sera déracinée” (Matthieu
15 : 13). La véritable Eglise, la Nouvelle Création, est
plantée par le Père. Notre Maître a dit: Je suis le vrai cep vous êtes les
sarments et mon Père est le vigneron. Plus tard il remarque qu’il y a une
“vigne de la terre”, une Eglise de nom, une église fausse qui n’a pas été
plantée par le Père et qui sera déracinée. Le fruit de la vraie vigne, c’est
l’Amour. Il est précieux aux yeux du Père. Mais le fruit de la vigne de la
terre, c’est l’égoïsme sous toutes ses formes. Il sera rassemblé dans le
grand pressoir de la colère de Dieu, dans le grand temps de trouble qui
terminera cet âge. —
Jean 15 : 1 à 6 —
Apocalypse 14 : 19.
Tout
scrutateur de la Bible n’a pas été sans observer que notre Seigneur et les
apôtres n’ont jamais admis de division d’ans l’Eglise et ont délibérément
ignoré tout ce qui de près ou de loin apparentait au schisme. Pour eux
l’Eglise était une et indivisible : une seule foi, un seul Seigneur, un seul
baptême. A ce point de vue on la désignait comme l’Eglise, l’Eglise de Dieu,
l’Eglise du Dieu vivant, l’Eglise de Christ, l’Eglise des premiers nés. Ses
membres étaient appelés “Frères”, “Disciples”, “Chrétiens”.
Ces noms sont indistinctement employés soit à propos de l’ensemble de
l’Eglise ou des petits rassemblements — même de deux ou de
trois — que ce soit à Jérusalem, à Antioche ou ailleurs. La variété de ces
noms et leur utilisation on général montre assez qu’aucun d’entre eux
n’était destiné à devenir un nom propre. Tous faisaient ressortir la grande
idée que notre Seigneur et ses apôtres avaient continuellement exprimée,
c’est-à-dire
[231]
que l’Eglise (Ecclésia,
assemblée, corps) des disciples du Seigneur, sont ses “élus” — pour avoir
part à sa croix, apprendre maintenant les leçons nécessaires pour lui être
associés bientôt dans la gloire.
Il
eut fallu que cette habitude fût continuée. Or, elle fut modifiée pendant
les âges de ténèbres (moyen âge). Quand l’erreur se fut développée, l’esprit
de secte s’introduisit et il s’ensuivit des désignations particulières :
Eglise de Rome, Eglise baptiste, Eglise luthérienne, Eglise d’Angleterre,
Sainte Eglise catholique, Eglise Méthodiste, Eglise chrétienne, Eglise
presbytérienne, etc... Tout ceci est charnel comme le dit l’apôtre (1
Corinthiens 3 : 3, 4). La Nouvelle Création émergeant de ces
grosses ténèbres qui ont si longtemps couvert le monde voit clair également
sur ce point. Observant l’erreur et même l’apparence du mal, non seulement
elle sort du sectarisme, mais refuse tous ces noms non scripturaux tout on
répondant volontiers aux noms bibliques.
Examinons maintenant les bases de l’unique Eglise établie par le
Seigneur.
LES DOUZE APOTRES DE L’AGNEAU
L’apôtre déclare que personne ne peut poser d’autre fondement que celui qui
a été posé: Jésus-Christ (1
Corinthiens 3 : 11). Sur ce fondement, notre Seigneur, au titre
de représentant du Père, a commencé à édifier son Eglise et, pour ce faire,
a appelé douze apôtres, non pas arbitrairement mais après réflexion de même
que les douze tribus d’Israël ne se sont pas trouvées au nombre de douze
accidentellement mais conformément au plan de Dieu. Non seulement le
Seigneur n’a pas choisi plus que ces douze pour occuper la position à
laquelle il les avait destinés, mais il n’en a jamais autorisés davantage et
l’a prouvé on remplaçant par l’apôtre Paul, Judas, qui avait découvert son
indignité de prendre rang parmi les douze.
[232]
Remarquons encore de quels soins le Seigneur a entouré les apôtres, sa
sollicitude pour Pierre, sa prière pour lui à l’heure de l’épreuve, comment
plus tard il l’appela pour paître ses brebis et ses agneaux. Notons aussi
son attitude devant Thomas qui doutait, comment il se mit en demeure de bien
lui démontrer le fait de sa résurrection. De tous les douze, il n’en perdit
aucun sinon le fils de perdition et encore la défection de celui-ci
était-elle préconnue du Seigneur et annoncée dans l’Ecriture. Il n’est pas
possible de reconnaître le choix de Matthias rapporté dans le livre des
Actes comme étant le choix du Seigneur lui-même. Sans doute était-il “un
brave homme mais il fut choisi par les onze qui n’avaient aucune autorité
pour ce faire. Ils avaient reçu ordre de demeurer à Jérusalem et d’y
attendre d’être revêtus de la puissance du Saint Esprit à la Pentecôte. Ce
fut au cours de cette attente et avant d’avoir reçu l’esprit, qu’à tort, ils
tirèrent au sort et choisirent Matthias pour prendre la place de Judas. Le
Seigneur ne les réprimanda pas de s’être mêlé de ses affaires. Il ignora
purement et simplement leur choix et, à son heure, introduisit l’apôtre Paul
en déclarant : “C’est un instrument que j’ai choisi”. Plus
tard l’apôtre écrivit lui-même qu’il avait été choisi dès le sein de an mère
pour être un serviteur particulier et qu’il n’était en rien inférieur aux
apôtres par excellence. —
Galates 1 : 15 ;
2 Corinthiens 11 : 5.
De ce
qui précède on peut voir que nous sommes tout à fait en dehors des vues de
la Papauté, de l’Eglise protestante épiscopale, de l’Eglise catholique
apostolique, des Mormons et de tous ceux qui prétendent que le nombre des
apôtres n’a pas été limité à douze et que depuis leurs jours ils ont eu des
successeurs qui ont parlé et écrit avec une autorité égale à la leur. Nous
réprouvons cette conception et notons pour preuve que le Seigneur a plus
particulièrement choisi les douze, le rappel du nombre douze dans le
domaine, sacré se rapportant à cette élection pour culminer dans l’image
symbolique de l’Eglise glorifiée dont parle
l’Apocalypse au chapitre 21 . Là, la nouvelle Jérusalem —
symbole du nouveau gouvernement
[233]
Millénial, l’Eglise, l’Epouse unie à son Seigneur — se trouve bien
délimitée. C’est une figure à propos de laquelle il est précisé que les
douze fondements de la cité sont précieux et portent les noms des “DOUZE
apôtres de l’agneau”, ni plus ni moins. Quelle meilleure preuve
pourrions-nous souhaiter qu’il n’y eut jamais plus de douze apôtres de
l’agneau et que tous les autres n’ont été comme le dit l’apôtre Paul que de
“faux apôtres”. —
2 Corinthiens 11 : 13 .
Et
quel besoin y a-t-il d’en avoir un plus grand nombre ? Ces douze ne sont-ils
pas encore avec nous, par leur témoignage, par le fruit de leurs travaux,
d’une meilleure manière que pour ceux qui furent personnellement à leur
contact pendant leur ministère. Nous possédons les comptes-rendus de leurs
actes, les paroles du Seigneur, ses miracles, etc... Leurs discours et
exposés des différents sujets de la doctrine chrétienne, dans leurs épîtres,
nous les possédons encore sous une forme des plus commodes. Et tout cela “suffit”,
explique l’apôtre, “pour que l’homme de Dieu soit accompli”.
En, une autre circonstance le même apôtre déclare: “Je vous ai annoncé
tout le conseil de Dieu sans en rien cache” Que faut-il de plus ?
—
2 Timothée 3 : 17 —
Actes 20 : 27.
Tout
aussitôt après ses quarante jours de méditation d’épreuve, par l’adversaire,
dans le désert, et après avoir décidé de son orientation notre Seigneur
commença à prêcher l’évangile du Royaume et à inviter des hommes à le suivre
qui devinrent par la suite ses disciples. Ce fut au nombre de ces disciples
qu’il choisit les apôtres (Luc
6 : 13 à 16). Tous provenaient des couches humbles de la
société. Plusieurs d’entre eux étaient pêcheurs mais tous étaient connus,
sans malveillance d’ailleurs, pour des hommes du peuple sans instruction. (Actes
4 : 13). Selon toute apparence les douze furent appelés d’entre
Les “disciples” ou partisans qui avaient épousé la cause du
Seigneur et la confessaient sans avoir pour autant abandonné leurs
occupations journalières. Les douze furent invités à s’associer au ministère
de l’Evangile et
[234]
pour cela, il nous est dit qu’ils quittèrent tout et le suivirent (Matthieu
4 : 17 à 22 ;
Marc 1 : 16 à 20 ;
3 : 12 à 19 ;
Luc 5 : 9 à 11). Les “soixante-dix” qui reçurent une mission par
la suite ne furent jamais reconnus comme apôtres. Luc rapporte un
compte-rendu traitant spécialement du choix des douze. Un instant
auparavant, dit-il, notre Seigneur se retira sur la montagne pour prier —
évidemment prendre conseil du Père au sujet de son œuvre et de ses
collaborateurs. Il passa toute la nuit en prière et quand il fut jour Il
appela auprès de lui ses disciples (en grec MATHETES, ceux qui apprennent,
les élèves) et en choisit douze parmi eux qu’il nomma Apôttes (en
grec, APOSTOLOS — envoyés). C’est ainsi que les douze furent séparés et
distincts au nombre des disciples. —
Luc 6 : 12, 13, 17.
Les
autres disciples, non choisis en vue de l’apostolat furent également bien
aimés du Seigneur et sans doute approuvèrent-ils le choix des douze
reconnaissant ce choix conforme à l’intérêt de l’œuvre en général. Il n’est
rien précisé des raisons qui guidèrent le Seigneur dans son choix mais
l’allusion dans sa prière nous a été conservée lorsqu’il dit : “Ils
étaient à toi et tu me les as donnés”, et encore : “Je n’ai
perdu aucun de ceux que tu m’as donnés si ce n’est le fils de perdition”
: Judas. Dans quel sens, à quel échelon le Père fit choix des Douze
nous importe peu. Sans doute étaient-ils tous humbles et leur basse
extraction, leurs expériences de la vie, avaient contribuée à faire d’eux,
non seulement des hommes, n’ayant pas d’eux-mêmes une idée trop avantageuse,
mais avaient trempé en eux un caractère de détermination et de persévérance
comme rien d’autre n’aurait pu le faire. Cette sélection des Douze,
lorsqu’elle se fit, au lieu d’attendre la Pentecôte (moment de
l’engendrement de l’Eglise), avait pour objectif de les rapprocher
spécialement du Seigneur, de les mêler plus intensément à son œuvre,
d’entendre son message, pour devenir, le moment arrivé, des témoins uniques
de l’œuvre de Dieu, des paroles de vie prononcées par Jésus, pour le peuple
de Dieu tout entier. —
Luc 24 : 44 à 48 —
Actes 10 : 39 à 42.
[235]
LA MISSION APOSTOLIQUE
On ne
trouve nulle part la plus petite allusion au fait que les apôtres devaient
être des seigneurs sur l’héritage de Dieu, qu’ils devaient se considérer
comme différents des autres croyants, affranchis de la loi divine ou
favorisée pour ce qui est de leur héritage éternel. Ils devaient au
contraire rappeler continuellement que “vous êtes tous frères”
et “qu’un seul est votre Maître : Christ”. Ils devaient toujours
rappeler la nécessité d’affermir sa vocation et son élection et, qu’à
moins d’obéir à la Loi d’amour et d’être humble comme de petits enfants, on
ne pourrait “entrer dans le Royaume” Ils ne
reçurent aucun titre officiel, aucune instruction leur enjoignant de porter
des vêtements différents des autres ou de prendre des attitudes
particulières. Ils devaient simplement être des exemples pour le troupeau en
sorte qu’en voyant leurs bonnes œuvres on glorifie de Père et qu’en les
imitant on imite aussi le conducteur pour parvenir à la même gloire, au même
honneur, à la même immortalité, participants de la même nature divine,
membres de la même Nouvelle Création.
Leur
mission était une mission de service. Ils avaient à servir les
autres, servir le Seigneur et déposer leurs vies pour les frères. Ces
services devaient se centrer sur la propagation de l’Evangile. Ils avaient
part à la pré-onction qui déjà s’était posée sur leur Maître, la même
onction destinée à toute la Nouvelle Création, a tout le Sacerdoce Royal et
dont le prophète parle en ces termes: “L’Esprit de l’Eternel est sur moi
parce qu’il m’a oint pour annoncer de bonnes nouvelles aux pauvres..,
pour relever ceux dont le cœur est abattu”, etc... —
Esaïe 61 : 1,2 —-
Luc 4 : 17 à 21 -—
Matthieu 10 : 5 à 8 —
Marc 3 : 14 et 15 —-
Luc 10 : 1 à 17.
Bien
qu’ils n’eurent pas directement part à cette onction avant la Pentecôte, ils
en eurent un avant-goût du fait que le Seigneur leur conféra une part de la
puissance
[236]
de son Esprit Saint lorsqu’il les envoya prêcher. Mais même en cela,
l’occasion de s’en enorgueillir leur fut ravie lorsque, plus tard, le
Seigneur en envoya soixante dix autres pour faire une œuvre semblable à la
leur et doués du même pouvoir de faire des miracles on son nom. L’œuvre
réelle des apôtres ne commença donc point, au sens propre du mot, avant
d’avoir reçu le Saint Esprit à la Pentecôte. Là ils furent l’objet d’une
manifestation spéciale de la puissance divine. Non seulement ils reçurent
l’Esprit et les dons de l’Esprit mais il leur fut attribué le pouvoir de
communiquer ces dons à d’autres. Ce pouvoir très spécial les distingua de
tous les autres dans l’Eglise. Les autres croyants étaient comptés comme
membres du corps oint de Christ, participants de son Esprit et engendrés de
cet Esprit à une nouveauté de vie, etc..., mais personne ne pouvait recevoir
un don ou signe particulier à moins qu’il ne lui soit conféré par un des
apôtres. Ces dons d’opérer des miracles, de parler en langues étrangères et
de les interpréter, etc... ne constituaient pas un empêchement ni ne
remplaçaient les fruits de l’Esprit qui devaient croître et se développer en
chacun des fidèles comme conséquence d’obéissance aux instructions divines:
croître en grâce, en connaissance et on amour. L’attribution de ces dons
qu’on pouvait recevoir tout en demeurant un airain qui résonne ou une
cymbale qui retentit désignait les apôtres comme des serviteurs
exceptionnels, des représentants du Seigneur dans la fondation de l’Eglise.
—
1 Corinthiens 12 : 7 à 10 ;
13 : 1 à 3.
En
choisissant ces apôtres et on les instruisant notre Seigneur avait en vue la
bénédiction et l’enseignement de tous ses disciples jusqu’à la fin de l’âge.
Ceci paraît évident si l’on s’en rapporte aux termes de sa prière qui marqua
la fin de son ministère et dans laquelle il dit: “J’ai fait
connaître ton nom aux hommes (apôtres) que tu m’as donnés du milieu
du monde. Ils étaient à toi et tu me les as donnés; et ils ont gardé ta
parole. Maintenant ils ont connu que tout ce que tu m’as donné vient de toi.
Car je leur ai donné les paroles (doctrines) que tu m’as données et
ils les ont reçues... C’est pour eux que
[237]
je prie. Je ne prie pas
pour le monde mais pour ceux que tu m’as donnés parce qu’ils sont à toi...
Ce n’est pas pour eux
(les apôtres) seulement que je prie, mais encore pour tous ceux qui
croiront on moi par leur parole (toute l‘Eglise de l’Evangile) afin
que tous soient un (dans le but poursuivi et dans l’amour) comme toi,
Père, tu ce en moi, et comme je suis en toi, afin qu’eux aussi soient un en
nous ; (et montrant alors le but ultime de cette élection, des apôtres
et de la Nouvelle Création tout entière, il ajouta) : pour que le monde
(aimé de Dieu bien que pécheur et racheté par le précieux sang) croie que
tu m’as envoyé” — pour racheter le monde et le rétablir . —
Jean 17 : 6 à 9, 20, 21.
Bien
que sans instruction, les apôtres étaient très assurément de forts
caractères. Grâce à l’éducation du Seigneur, leur insuffisance en fait de
sagesse à la manière du monde, fut plus que comblée par “un esprit de
bon sens”. Il n’est pas étonnant que l’Eglise primitive les ait unanimement
reconnus comme guides dans la voie du Seigneur, des “colonnes dans
l’Eglise” dont l’autorité venait immédiatement après celle du Seigneur
lui-même. Le Seigneur les avait d’ailleurs préparés à occuper cette position
de plusieurs manières.
Ils
avaient été journellement avec lui et étaient en mesure, par conséquent, de
témoigner de tout ce qui concernait son ministère, ses enseignements, ses
miracles, ses prières, sa sympathie, sa sainteté, son esprit de sacrifice
jusqu’à la mort et, pour finir, de sa résurrection. L’Eglise primitive avait
besoin de tous ces témoignages. Et non seulement l’Eglise primitive mais
encore tous ceux qui, depuis lors, ont été appelés par le Seigneur et ont
répondu à son appel, tous ceux qui ont cherché en lui un refuge et se sont
confiés aux grandes espérances centrées dans son caractère, dans sa mort
sacrificatoire, dans son exaltation suprême et dans le plan de Dieu qu’il a
pour mission d’accomplir. Tous ont eu besoin de ce témoignage personnel dans
tous ces domaines pour en recueillir une foi vivante et une puissante
consolation.
[238]
Soixante-dix autres disciples furent envoyés pour proclamer la présence du
Seigneur et la moisson de l’Age juif. Leur travail était, à beaucoup
d’égards, différent de celui des douze. A dire vérité, si le Seigneur paraît
avoir mis si fréquemment les apôtres à part, c’est pour que nous ayons, avec
l’Eglise tout entière, pleine confiance en eux. Eux seule étaient présents
avec lui lors de la dernière pâque lorsqu’il institua le mémorial de sa
mort. Eux seuls étaient avec lui en Gethsémané. Ce fut à eux qu’il se
manifesta plus particulièrement après sa résurrection. Ce fut d’eux que le
Saint Esprit se servit comme porte-parole le Jour de Pentecôte. Les onze
étaient “de Galilée” et comme certains en firent la remarque :
“Ne sont-ils pas tous Galiléens !” —
Actes 2 : 7 —
Luc 24 : 48 à 51 —
Matthieu 28 : 16 à 19 .
Bien
qu’après sa résurrection. notre Seigneur se révélât à environ cinq cents
frères, les apôtres furent mêlés à l’événement plus que d’autres. Ils
devaient être des “témoins de tout ce qu’il a fait dans le pays des Juifs
et à Jérusalem. Ils l’ont tué en le pendant au bois. Dieu l’a ressuscité le
troisième jour... et Jésus nous a ordonné de prêcher au peuple”,
etc...
Actes 10 : 39 à 45 ;
13 : 31 ;
1 Corinthiens 15 : 3 à 8.
L’apôtre Paul, sans être un témoin aussi direct que les onze fut quand même
un témoin de la résurrection de notre Seigneur puisqu’il lui fut donné de se
rendre compte, le temps d’un éclair, de sa glorieuse présence. Comme il le
dit lui-même ; “Après eux tous il m’est aussi apparu à moi, comme
à l’avorton (avant le temps) (1
Corinthiens 15 : 8,9). L’apôtre Paul n’avait pas plus le droit
qu’un autre de voir le Seigneur dans sa gloire avant le reste de l’Eglise,
lors de sa seconde venue, lorsque tous ses fidèles seraient changés,
seraient comme lui et le verraient tel qu’il est. Mais pour que l’apôtre
soit un Témoin il lui fut donné cette vision rapide et même des
visions et des révélations de plus qu’aux autres. Peut-être même que, de
cette manière, la lacune d’un manque de contact personnel avec le Maître
fut-elle largement comblée.
[239]
Ses
expériences spéciales ne furent pas pour son propre avantage, mais surtout,
du moins le présumons nous, pour Le bien de l’Eglise entière. Il est certain
que les expériences, les visions, les révélations, etc... accordées à
l’apôtre qui remplaça Judas, ont été plus utiles que celles de n’importe
quel autre apôtre.
Non
seulement elles lui firent connaître et apprécier “les choses
profondes de Dieu”, des choses qu’il n’est pas permis à un homme
d’exprimer (2
Corinthiens 12 : 4) mais la lumière qu’elles firent jaillir dans
l’entendement de l’apôtre s’est réfractée, par ses écrits, sur
l’Eglise, depuis lors jusqu’à maintenant.
Ce
furent ces visions et ces révélations qui permirent à l’apôtre Paul de
pénétrer la situation, d’apprécier la nouvelle dispensation, de reconnaître
avec une telle précision la longueur, la largeur, la hauteur et la
profondeur du caractère et du plan de Dieu. Et ce fut parce qu’il comprit
lui-même clairement toutes ces choses qu’il fut à même de les expliquer dans
ses discours et dans ses épîtres d’une manière telle qu’elles furent en
bénédiction pour toute la maison de la foi tout au long de l’âge. A vrai
dire, même de nos jours l’Eglise pourrait plus facilement se passer des
témoignages de tous les autres apôtres que de celui de l’apôtre Paul. Nous
sommes bien heureux cependant d’avoir le témoignage dans son entier, heureux
de l’apprécier dans son ensemble y compris les caractères nobles de la
totalité des douze. Notons les déclarations qui marquent son apostolat. Tout
d’abord les paroles du Seigneur: “Cet homme est un instrument que
j’ai choisi pour porter mon nom devant les nations, devant les rois et
devant les fils d’Israël” (Actes
9 : 15). L’affirmation personnelle de l’apôtre : “Je
vous déclare, frères, que l’Evangile qui a été annoncé par moi n’est pas de
l’homme ; car je ne l’ai ni reçu ni appris d’un homme mais par une
révélation de Jésus-Christ” (Galates
1 : 11 et 12) et encore : “Celui qui a fait de
Pierre l’apôtre des circoncis (des Juifs) a aussi fait de moi
l’apôtre des païens” (Galates
2 : 8). Non seulement son zèle pour
[240]
le Seigneur et les frères, son bon vouloir à sacrifier sa vie pour eux en
dépensant son temps et ses forces à leur service, constituent la preuve de
sa dignité à prendre rang parmi les apôtres et sur un pied d’égalité avec
eux, mais lorsque son autorité apostolique dans l’Eglise fut mise an cause
et contestée par certains, il sut défendre son ministère, invoquant la
bénédiction dont il avait été l’objet de la part du Seigneur et les
révélations qu’il lui avait données montrant par là qu’il n’était “en
rien inférieur” aux autres. —
1 Corinthiens 9 : 1 —
2 Corinthiens 11 : 5, 23 ;
12 : 1 à 7, 12 —
Galates 2 : 8 ;
3 : 5.
Il
n’entrait pas dans les intentions du Seigneur que les apôtres travaillassent
exclusivement parmi les Juifs. Les textes montrent plutôt le contraire, il
apprit aux onze que son œuvre et leur message intéressait le peuple tout
entier, qu’ils devaient demeurer à Jérusalem, y attendre d’être revêtus de
la puissance d’en-haut et ensuite de commencer à annoncer ce dont ils
avaient été les témoins “Vous recevrez une puissance, le
Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans
toute la Judée, dans la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre” (Actes
1 : 8). Ce témoignage se propagea du vivant des apôtres et
continue encore. Ils prêchent encore. Ils instruisent encore les fidèles,
les encouragent, les avertissent les réprimandent. Leur mort n’a pas
suspendu leur ministère. Ils parlent encore, ils témoignent encore, ils sont
encore des porte-paroles du Seigneur à ses disciples.
L’INSPIRATION DES APOTRES
Il
est normal d’avoir confiance dans les apôtres et de voir on eux de fidèles
témoins dont le témoignage porte le sceau de l’honnêteté puisqu’ils n’ont
recherché ni la richesse ni la gloire parmi les hommes mais ont au contraire
tout sacrifié dans leur zèle pour leur Maître ressuscité et glorifié. Leur
témoignage cependant serait, relatif s’il ne se signalait que par ce seul
côté. Mais les
[241]
Ecritures font remarquer que le Seigneur s’est servi d’eux et en a fait ses
instruments inspirés. Il les a guidés tout particulièrement dans le
témoignage, dans les doctrines, dans les coutumes. etc... qu’ils eurent pour
mission d’établir dans l’Eglise. Non seulement ils ont témoigné des choses
qu’ils ont vues et entendues mais encore des enseignements qu’ils ont reçus
par le Saint Esprit. En cela ils furent des dispensateurs fidèles. “Qu’on
nous regarde comme... des dispensateurs des mystères de Dieu” dit Paul (1
Corinthiens 4 : 1). La même idée se retrouve quand notre
Seigneur dit aux douze: “Je vous ferai pêcheurs d’hommes” et
encore “Pais mes brebis”, “Pais mes agneaux”. L’apôtre
explique que le mystère (les vérités profondes de l’Evangile au sujet du
haut appel de la Nouvelle Création, le Christ) caché au cours des âges
antérieurs est maintenant révélé à ses apôtres et prophètes par l’Esprit. Et
le but de cette révélation est de “mettre en lumière quelle est la
dispensation du mystère (sous quelles conditions il est possible d’avoir
part à la Nouvelle Création) caché de tout temps en Dieu qui a créé
toutes choses” (Ephésiens
3 : 3 à 11). Et pour ce qui est de l’Eglise, comment elle doit
être édifiée sur le fondement des apôtres et des prophètes, Jésus-Christ
étant la pierre angulaire, l’apôtre ajoute: “A cause de
cela (à cause de l’édification de l’Eglise, le temple de Dieu) moi
Paul, (je suis) le prisonnier de Christ pour vous païens”. —
Ephésiens 2 : 20, 22 ;
3 : 1.
Le
Consolateur devait “vous enseigner toutes choses et vous
rappeler tout ce que je vous ai dit” et “vous annoncer les choses à
venir, (Jean
14 : 26;
16 : 13). A un certain point de vue cette promesse était sans
doute applicable à toute l’Eglise mais elle l’était en tout premier lieu aux
apôtres. A la vérité, elle se réalise encore à l’endroit de toute l’Eglise
mais par les apôtres, leurs paroles écrites demeurent toujours les
intermédiaires par lesquels l’esprit saint nous enseigne les choses
nouvelles et anciennes. Conformément à cette promesse nous pouvons déduire
que l’inspiration apostolique revêt un triple aspect.
[242]
1)
Rafraîchissement de la mémoire leur permettant de se souvenir et de
rapporter les enseignements personnels du Maître.
2)
Direction dans l’appréciation de la vérité dans sa relation avec le divin
plan des âges.
3)
Révélation spéciale des choses à venir, des choses à propos desquelles notre
Seigneur avait dit: “J’ai encore beaucoup de choses à vous
dire mais vous ne pouvez les supporter maintenant”. —
Jean 16 : 12 .
Point
n’est besoin de supposer que le rafraîchissement de mémoire expérimenté par
les apôtres impliquait la dictée rigoureuse des mots exacts ou de l’ordre
scrupuleux dans lequel les paroles de notre Seigneur furent prononcées. Les
écrits apostoliques ne paraissent pas laisser l’impression d’avoir été
rédigés sous la dictée. Malgré tout, la promesse du Seigneur comporte en
elle-même la garantie nécessaire de l’exactitude des déclarations. Dans
chacun des quatre évangiles nous retrouvons l’histoire de la naissance et du
ministère de Jésus et pourtant, on trouve en chacun d’eux, la marque de la
personnalité de l’écrivain. Chacun, dans un style qui lui est propre,
rapporte ce qui lui a paru le plus important et, sous la direction du
Seigneur, il se trouve que ces récits différents reconstituent une histoire
aussi complète que nécessaire à la stabilisation de la foi de l’Eglise, à
l’identification de Jésus comme Messie des prophètes, à l’accomplissement
des prophéties qui le concernent ainsi que les faits saillants de sa vie et
de ses enseignements. Si l’inspiration avait été verbale (une dictée mot à
mot) il n’eut pas été nécessaire que plusieurs hommes en refassent le récit.
Par contre il est à remarquer que, bien que chaque écrivain ait pu donner
libre cours à son mode d’expression et faire son choix dans l’a relation des
événements qu’il jugeait importants, le Seigneur, par son esprit, a conduit
les choses de manière que rien de marquant ne fut omis, que tout ce qui
était utile fut fidèlement rapporté “afin que l’homme de Dieu soit
accompli et propre à toute bonne œuvre”. Il n’est pas sans intérêt de
remarquer que le récit de l’apôtre Jean complète celui des trois autres —
Matthieu, Marc et Luc et qu’il parle surtout de circonstances et d’incidents
sérieux que les autres ne relèvent pas.
[243]
La
promesse du Seigneur, de guider, par l’Esprit Saint, les apôtres et par eux
la Nouvelle Création “dans toute la vérité” implique que cette
direction serait d’un ordre général plutôt que dans un sens individuel ou
personnel. L’accomplissement de cette promesse d’après les relations qui en
sont faites, prouve à l’évidence qu’il en est ainsi. Bien que les apôtres, à
l’exception de Paul, eussent été des hommes sans manières et sans
instruction, leurs écrits n’en sont pas moins remarquables. Ils étaient
capables de “confondre la sagesse des sages”
théologiens de leur époque et depuis lors jusqu’à présent. Si éloquente que
soit l’erreur, elle ne peut tenir devant la logique des déductions tirées de
la Loi, des Prophètes et des enseignements du Seigneur. Les Docteurs de la
Loi, Juifs par excellence, furent étonnés eux-mêmes et “les
reconnurent pour avoir été avec Jésus”. Car ils avaient assimilé sa doctrine
et imité son esprit. —
Actes 4 : 5, 6, 13.
Les
épîtres apostoliques ne sont autre chose que la réunion de ces arguments
logiques basés sur les écrits inspirés de l’Ancien Testament et sur les
déclarations du Seigneur. Ceux qui, au cours de cet âge de l’Evangile, se
sont laissés conduire par le même esprit, en suivant la même argumentation
transmise par le Seigneur et par ses porte-paroles, ont abouti aux mêmes
conclusions conformes à ce qui est vrai. C’est ainsi que notre foi repose
non sur la sagesse des hommes mais sur la puissance de Dieu (1
Corinthiens 2 : 4, 5). Ces enseignements, tout aussi bien que
leur cadre historique, ne laissent pas l’impression d’avoir été dictés mot à
mot, ni que leurs auteurs furent, à leur manière, de simples secrétaires du
Seigneur, écrivant mécaniquement comme les prophètes des temps antiques (2
Pierre 1 : 21). Les idées claires des apôtres provenaient plutôt
d’un éclairement de la pensée qui les mettaient à même de voir et de
pénétrer les buts divins pour les exposer ensuite avec clarté de la même
manière que, depuis lors, les enfants de Dieu, suivant la même ligne, ont pu
croître on grâce, en connaissance et en amour pour “comprendre
avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la
hauteur de
[244]
L’amour divin et de
connaître l’amour de Christ qui surpasse toute connaissance
(toute conception humaine)”. —
Ephésiens 3 : 18, 19 .
Nous
avons toutes raisons de croire que ce qu’ils ont enseigné, tout comme leurs
compte-rendus, ont été surveillés par le Seigneur de telle sorte que les
mots impropres ont été évités et que la vérité exposée sous la forme que
nous Lui connaissons constitue vraiment une “nourriture au temps convenable”
à l’usage de la maison de la foi depuis les temps apostoliques jusqu’à nos
jours. Cette surveillance divine entourant les apôtres était sous entendue
par les paroles du Maître lorsqu’il disait: “Tout ce que vous
lierez sur la terre sera lié dans le ciel et tout ce que vous délierez sur
la terre sera délié dans le ciel” (Matthieu
18 : 18). Il ne faut pas comprendre par là que le
Seigneur ferait abstraction de ses prérogatives pour obéir aux ordres des
apôtres. Il convient plutôt de penser que ceux-ci devaient être guidés à ce
point par l’Esprit Saint, que leurs décisions dans l’Eglise sur ce qu’il
fallait considérer comme règle impérative ou facultative étaient valables,
et que l’Eglise en général devait considérer les conclusions des apôtres
comme aussi péremptoires que si elles étaient formulées par le Seigneur
lui-même.
SUR CETTE PIERRE JE BATIRAI MON
EGLISE
Dans
la même ligne de pensée, après que l’apôtre Pierre eut rendu son témoignage
que notre Seigneur était le Messie, “Jésus, reprenant la
parole, lui dit : Tu es heureux Simon, fils de Jonas ; car ce ne sont pas la
chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais c’est mon Père qui est dans les
cieux. Et moi je te dis que tu es Pierre (PETROS, une pierre, un rocher)
et que sur cette pierre (PETRA — un rocher, la grande vérité
fondamentale solide comme un roc que tu viens d’exprimer) je bâtirai mon
Eglise”. Le Seigneur lui-même est le constructeur tout comme il se
déclare aussi être le fondement. “Personne ne peut poser un autre
fondement que celui qui a
[245]
été posé: Jésus-Christ”,
(1
Corinthiens 3 : 11). Il est le grand Rocher et le fait, pour
Pierre, de le reconnaître comme tel devenait un témoignage de base, une
déclaration fondamentale de l’action principale qui souligne le plan divin.
C’est ainsi que l’apôtre Pierre l’a compris et c’est ainsi qu’il l’explique
(1
Pierre 2 : 5,6). Tous les vrais croyants consacrés, dit-il, sont
des “PIERRES vivantes” qui doivent s’approcher de
Jésus-Christ, le grand Rocher du plan de Dieu, pour former un saint temple
de Dieu en union avec lui — le fondement. Pierre, donc, déclinait toute
prétention à être la pierre fondamentale et se rangeait tout simplement
parmi toutes les autres “pierres vivantes” (Grec, LITHOS) de
l’Eglise, malgré que PETROS, rocher, veuille dire une pierre de plus grande
dimension que LITHOS et que tous les apôtres, eux aussi pierres de base,
aient dans le plan divin et dans l’ordre plus d’importance que leurs frères.
—
Apocalypse 21 : 14 .
LES CLEFS DE L’AUTORITE
Dans
le même ordre d’idées, le Seigneur dit à Pierre: “Je te donnerai
les clefs du royaume des cieux: ce que tu lieras sur la terre sera lié dans
les cieux...”. etc... Ainsi la même autorité octroyée aux apôtres dans
l’ensemble se trouva exprimée plus spécialement à l’endroit de Pierre avec
le privilège supplémentaire de détenir les clefs — avoir le pouvoir,
l’autorité d’ouvrir. Nous nous souvenons de la manière dont l’apôtre Pierre
se servit des clefs du Royaume et ouvrit l’œuvre de la nouvelle
dispensation, tout d’abord pour les Juifs à la Pentecôte et plus tard pour
les Gentils dans la maison de Corneille. Le Jour de la Pentecôte, tandis que
le Saint Esprit était répandu, nous lisons que “Pierre se
tenait avec les onze”. Il prit l’initiative, il ouvrit, les
autres suivirent et l’invitation de l’Evangile fut lancée ouvertement parmi
les Juifs. Dans le cas de Corneille le Seigneur envoya des messagers à
Pierre et, par une vision, le poussa à les suivre. Il devint ainsi
l’instrument qui ouvrit la porte de la miséricorde, de l’a liberté et du
privilège aux Gentils
[246]
afin qu’eux aussi puissent entrer et avoir part au haut appel à la Nouvelle
Création. Tout cela s’accorde avec ce que nous avons reconnu être dans les
intentions du Seigneur à propos du choix des douze apôtres. Et plus les
enfants de Dieu voient dans ces douze hommes les représentants particuliers
de la nouvelle dispensation, plus ils trouvent dans leurs paroles
l’expression vraie au sujet de la Nouvelle Création, mieux ils sont disposés
à accepter leurs déclarations et plus difficilement enclins à admettre les
enseignements qui s’opposent à leur témoignage. “S’ils ne parlent pas
ainsi, c’est parce qu’il n’y a pas de lumière en eux”. —
Esaïe 8 : 20 .
La
dernière proposition de la promesse de notre Seigneur est celle-ci : “Il
(le Saint Esprit du Père) vous montrera les choses à venir”.
Cette phrase implique une inspiration spéciale au bénéfice des apôtres et,
par voie de conséquence, une bénédiction et un éclairement du peuple de
Dieu, grâce à leurs écrits, jusqu’à la fin de cet âge. Ils devaient donc
être non seulement de saints apôtres mais encore des prophètes, des voyants
renseignant l’Eglise sur les événements à venir. Point n’est besoin de
supposer que tous les apôtres furent utilisés à un égal niveau dans tout ou
partie de ces différents modes de service. Le fait est que quelques-uns
d’entre eux furent honorés davantage non seulement dans leur mission
d’apôtres mais encore en pressentant les choses à venir. L’apôtre Paul en
signale quelques-unes : la grande apostasie dans d’Eglise; la révélation de
“l’homme de péché” ; le mystère de la Seconde venue de Christ, que nous ne
dormirons pas tous mais que nous serons tous changés; le mystère caché dans
tous les âges et dans toutes les générations, que l’Eglise, y compris les
Gentils, deviennent co-héritiers de la promesse faite à Abraham et que sa
postérité bénirait toutes les familles de la terre, etc... etc... Il annonce
encore qu’à la fin de l’âge des conditions difficiles prévaudront dans
l’Eglise, que les hommes aimeront les plaisirs plus qu’ils n’aimeront Dieu,
qu’ils auraient une forme de piété tout en reniant ce qui en fait la force,
qu’ils seraient traîtres à leurs engagements, etc...
[247]
et que des “loups ravisseurs” (hauts critiques destructeurs)
n’épargneraient pas le troupeau du Seigneur. Tous les écrits de l’apôtre
Paul sont émaillés des visions et des révélations qu’il reçut, en tant que
voyant ce qui, de son jour, était encore à venir, et qui de ce fait ne
pouvait être expliqué complètement mais qui se manifeste maintenant aux
saints par les types et les prophéties de l’Ancien Testament que l’on
saisit, grâce aux expressions de l’apôtre, parce que le temps est venu de
les comprendre.
L’apôtre Pierre, de son côté, voyant lui aussi, prédit la venue de faux
instructeurs dans l’Eglise, qui, en privé et en secret, introduiraient de
pernicieuses hérésies allant même jusqu’à nier que le Seigneur les a
rachetés. Plongeant le regard jusqu’à notre époque il prophétise que “dans
les derniers jours il y aura des moqueurs... disant: Où est la promesse de
sa Présence (celle de Christ)”. Et encore “le jour du Seigneur
viendra comme un voleur d’anis la nuit”, etc.
L’apôtre Jaques, lui aussi, prophétise sur la fin de cet âge et déclare:
“A vous maintenant, riches! Pleurez et gémissez à cause des malheurs qui
viendront sur vous. ... Vous avez amassé des trésors pour les derniers
jours”,
L’apôtre Jean fut le voyant ou prophète le plus remarquable de tous les
apôtres. Ses visions, formant le livre de l’Apocalypse, situent les choses à
venir dans un cadre très particulier.
L’INFAILLIBILITE APOSTOLIQUE
De ce
qui précède nous sommes autorisés à croire que les apôtres furent guidés par
le Seigneur et par son Esprit de telle manière que leurs déclarations
publiques étaient faites sous l’inspiration divine pour le bien de l’Eglise
et n’étaient pas moins infaillibles que celles des
[248]
prophètes sous l’a dispensation précédente. Bien que rassurés sur la
véracité de leur témoignage et sur le fait que leurs déclarations à
l’Eglise ont reçu le sceau de l’approbation divine, il est bon d’examiner
avec soin cinq circonstances différentes, mentionnées dans le Nouveau
Testament, habituellement considérées comme contraires à la pensée que les
apôtres n’ont pas erré dans leurs enseignements. Voyons-les l’une après
l’autre.
1) —
Le reniement de Pierre, immédiatement avant la crucifixion du Maître. II
n’est pas douteux que Pierre ait commis un acte répréhensible dont il
s’est d’ailleurs sincèrement repenti. Cependant nous ne devons pas
perdre de vue que bien qu’il se soit laissé aller à une action aussi
injustifiable après avoir été choisi comme apôtre, ceci se passa avant
d’avoir été oint du Saint Esprit à la Pentecôte, c’est-à-dire avant d’avoir
été investi par Dieu dans sa fonction d’apôtre au sens le plus complet. De
plus, l’infaillibilité apostolique dont nous avons parlé ne concerne que
leurs enseignements en public et leurs écrits mais n’a aucun rapport
avec les incidents et les à côtés de leurs vies puisque, sans conteste, ils
étaient aussi affectés par les imperfections de leurs vases de terre,
affectés par la chute dont tous les enfants d’Adam ont souffert. Ce que
l’apôtre en dit : “Nous possédons ce trésor dans des vases de terre”,
s’appliquait évidemment à lui-même comme aux autres apôtres, comme à tous
les membres de l’Eglise ayant reçu le même Saint Esprit. Notre participation
individuelle dans de grand œuvre de réconciliation de notre Maître
couvre ces souillures de la chair contraires à nos désirs comme Nouvelles
Créatures.
L’office apostolique pour le service du Seigneur et de l’Eglise se trouvait
tout à fait en marge des faiblesses de leur chair et leur fut confié, non
parce qu’ils étaient humainement parfaits, mais alors même qu’ils étaient au
contraire “des hommes de la même nature” que nous (Actes
14 : 15). Leur office ne leur apporta pas le rétablissement — la
perfection de leurs corps mortels — mais
[249]
seulement un nouvel entendement, une nouvelle compréhension, et le saint
esprit pour les guider. Il ne rendit pas Leurs pensées et leurs actions
parfaites mais simplement les gouvernèrent pour que les déclarations
publiques des douze fussent infaillibles — la Parole du Seigneur. C’est
d’ailleurs la forme d’infaillibilité que revendiquent les papes. Quand le
pape parle EX CATHEDRA c’est-à-dire officiellement, il est conduit par Dieu
et ne peut se tromper. Cette certitude essentielle des papes repose sur le
fait qu’ils s’estiment êtres des apôtres. Ils ne font qu’oublier que les
Ecritures enseignent qu’il n’y a que “douze apôtres de l’agneau”.
2) En
une certaine circonstance Pierre “dissimula” — fut répréhensible parce qu’il
adoptait une attitude susceptible d’une double interprétation (Galates
2 : 11 à 14). On argue de ceci pour prouver que les apôtres
n’étaient pas infaillibles en conduite. Nous. en convenons, puisque les
apôtres eux-mêmes le reconnaissent (Actes
14 : 15) mais nous répétons qu’il ne fut pas permis à ces
faiblesses humaines d’entacher leur œuvre ni leur utilité en tant qu’apôtres
qui “ont prêché l’Evangile par le Saint Esprit envoyé du ciel” (1
Pierre 1 : 12 —
Galates 1 : 11,12), non avec la sagesse des hommes mais avec l’a
sagesse d’En-haut (1
Corinthiens 2 : 5 à 16). Cette erreur de Pierre, Dieu la
corrigea sur le champ par l’apôtre Paul qui, avec douceur mais avec fermeté
“lui résista en face parce qu’il était répréhensible”. Les deux
épîtres de Pierre établissent suffisamment qu’il accepta la remontrance et
que, par la suite, il sut vaincre sa faiblesse d’une préférence à l’égard
des Juifs. On n’y trouve aucune trace de nouvelles tergiversations à ce
sujet ni d’attiédissement dans sa fidélité envers le Seigneur.
3) On
affirme que les apôtres croyaient que le retour du Seigneur s’opérerait très
bientôt, peut être de leur vivant, et que sur ce point ils ont erré,
prouvant par là, qu’il ne faut pas trop se rapporter à leurs enseignements.
Nous répondons que le Seigneur a déclaré qu’il laissait les apôtres clans
l’incertitude sur le moment de
[250]
son retour et de l’établissement du Royaume, leur disant simplement et à
tous de veiller de manière que lorsque l’événement se produirait ils
puissent s’en apercevoir et ne soient pas dans les ténèbres comme le monde.
Lorsqu’après la résurrection du Maître, ils s’enquirent à ce sujet, il leur
fut répondu “Ce n’est pas à vous de connaître les temps ou les moments
que le Père a fixés de sa propre autorité”. Trouverons-nous donc à
redire aux apôtres à propos d’une question que le Seigneur a déclaré être
pour un temps le secret divin ? Sûrement pas. Par contre, nous trouvons que,
sous l’a direction de l’esprit à propos des “choses à venir”, les
apôtres furent très circonspects dans le choix de leurs expressions
lorsqu’ils abordèrent le sujet du moment de la seconde venue de Christ. Loin
d’attendre cet événement de leur vivant, leurs écrits laisseraient plutôt
croire le contraire.
Par
exemple, l’apôtre Pierre précise qu’il a écrit ses épîtres pour que son
témoignage accompagne l’Eglise après sa mort, ce qui prouve à l’évidence
qu’il n’espérait pas vivre jusqu’au moment de l’établissement du Royaume (2
Pierre 1 : 15). Tout en déclarant “le temps est court”
l’apôtre Paul ne prétend pas en fixer la durée. A la vérité, considéré ‘sous
l’angle d’une semaine de sept jours de mille ans — dont le septième serait
celui du Royaume — plus des quatre sixièmes du temps d’attente s’étaient
déjà écoulés et le temps était avancé. De la même manière, sur le plan
humain, lorsque le jeudi arrive, on dit : la semaine sera bientôt passée.
Paul parlai aussi du moment de son départ, qu’il était disposé à quitter
cette vie et même qu’il le souhaitait. Il remarqua que le jour du Seigneur
viendrait comme un voleur dans la nuit. Il redressa quelques fausses
conceptions sur le sujet disant : “Nous vous prions frères de ne pas vous
laisser facilement ébranler dans votre bon sens et de ne pas vous laisser
troubler soit par quelque inspiration, soit par quelque parole ou par
quelque lettre qu’on dirait venir de nous comme ai le jour du Seigneur était
déjà là. Que personne ne vous séduise d’aucune manière car il faut que
l’apostasie soit arrivée auparavant et qu’on ait vu
[251]
paraître l’homme du
péché, le fils de la perdition”
etc... “Rappelez-vous que je vous disais ces choses lorsque j’étais
encore chez vous. Et maintenant vous savez ce qui le retient, afin qu’il ne
paraisse qu’en son temps”.
4) —
On objecte que Paul qui a écrit : “Moi, Paul, je vous dis que si vous
vous faites circoncire, Christ ne vous servira de rien” (Galates
5 : 2) fit circoncire Timothée (Actes
16 : 3). Et l’on demande : N’a-t-il pas donné un faux
enseignement contredisent ses propres paroles ? Nous répondons: Non.
Timothée était juif et sa mère était juive (Actes
16 : 1). La circoncision était une coutume nationale chez les
Juifs. Elle était antérieure à la Loi de Moïse et fut encore observée
après que Christ eut “effacé l’acte (de l’alliance de la Loi) en
le clouant à la croix”. La circoncision, fut donnée à Abraham et à sa
postérité quatre cent trente ans avant que la Loi fut prescrite à la nation
d’Israël au Mont Sinaï. Pierre était l’apôtre des circoncis (c’est-à-dire
des Juifs) et Paul l’apôtre des incirconcis (c’est-à-dire des Gentils) —
Galates 2 : 7 et 8.
Son
argumentation de
Galates 5 : 2 ne s’adressait pas à des Juifs. Il s’adressait à
des Gentils qui ne désiraient et même ne pensaient à la circoncision que
parce que quelques faux docteurs jetaient la confusion dans leur esprit en
leur disant qu’ils devaient observer l’a Loi tout en acceptant Christ
ce qui aboutissait à leur faire ignorer la Nouvelle Alliance.
L’Apôtre leur fait remarquer que, se faire circoncire pour cette raison
(ou par tout autre raison analogue) équivaut à répudier l’alliance de la
Grâce et par conséquent toute l’œuvre de Christ. Il n’objectait rien au fait
que les Juifs continuassent d’observer leur coutume nationale de la
circoncision. Ceci ressort d’ailleurs de ce qu’il écrit dans sa
première lettre aux Corinthiens au chapitre 7 versets 18 et 19
et dans son comportement au sujet de Timothée. Non pas qu’il soit
indispensable que Timothée ou tout autre Juif fut
[252]
circoncis. Mais cela n’était pas incompatible et comme il avait surtout
affaire à des Juifs, cela ne pouvait qu’offrir un avantage et leur donner
confiance. Par contre nous voyons la ferme résistance de Paul lorsqu’on
proposa que Tite — un grec pur sang se fit circoncire. -—
Galates 2 : 3, 5 .
5)
L’épisode concernant Paul, rapporté au livre des
Actes chapitre 21 versets 20 à 26 , est, dit-on, contraire à la
doctrine qu’il professe et accuse des variations dans ses conceptions et ses
pratiques. On prétend que c’est en raison de son comportement équivoque à ce
moment qu’il fut emprisonné et envoyé à Rome. Cette manière de voir n’est
pas du tout soutenue par les faits et circonstances que rapportent les
Ecritures. Le récit témoigne que, dans toute cette affaire, Paul eut la
sympathie et l’approbation de tous les autres apôtres et que par dessus tout
le Seigneur ne lui retira pas sa faveur. En agissant comme il l’a fait il
suivait le conseil des autres apôtres. Un prophète l’avait averti, avant
qu’il vînt à Jérusalem (Actes
21 : 10 à 14) que des liens et la prison l’attendaient.
Obéissant à la conviction de son devoir il brava toutes ses adversités
prédites. Au cœur même de d’épreuve nous lisons que: “le
Seigneur apparut à lui et dît : Prends courage, car de même que tu as
rendu témoignage de moi dans Jérusalem, il faut aussi que tu rendes
témoignage dans Rome”. Plus tard le Seigneur lui manifeste encore sa
faveur comme on peut le lire : “Un ange du Dieu à qui j’appartiens et que
je sers m’est apparu cette nuit et m’a dit : Paul, ne crains point ; il faut
que tu comparaisses devant César et voici Dieu t’a donné tous ceux qui
naviguent avec toi”.
Actes 23 : 11 ;
27 : 23,24.
Devant tout ceci, force nous est de chercher à comprendre la conduite de
Paul dans ce cadre de la digne droite, noble et hardie qu’il a toujours
suivie dans une œuvre et un témoignage que non seulement Dieu ne désavoua
pas mais qu’il approuva pleinement. En examinant le texte de
Actes 21 : 21-27 on peut observer (verset
21)
[253]
que Paul n’a jamais dit que les convertis Juifs ne devaient pas
circoncire leurs enfants pas plus qu’il n’a jamais répudié la Loi mosaïque.
Il l’a plutôt rehaussée en dégageant les plus grandes et les plus nobles
réalités que la loi de Moïse ne faisait que pressentir par des types. Ainsi
donc, loin d’écarter Moïse il l’a exalté ainsi que la Loi puisqu’il dit :
“La Loi est juste et le commandement saint, juste et bons”. Mais il a
montré que, à cause de la Loi, la connaissance du péché s’est trouvée
accrue; que la Loi était si élevée qu’aucun homme imparfait ne pouvait
atteindre à son niveau; que Christ, en l’accomplissant, a gagné la
récompense qu’elle promettait, et que, maintenant, sous d’Alliance de la
Grâce, il offrait la vie éternelle et la bénédiction, en don, à ceux qui
ne pouvaient réaliser la loi mais qui, par la foi, acceptaient en
couverture de leurs imperfections, sa propre obéissance et son sacrifice
parfaits, pour devenir ses disciples sur le sentier de la justice.
Certaines cérémonies appartenant à la dispensation juive — les
jeûnes, la célébration des nouvelles lunes, des sabbats et des fêtes —
étaient des types des vérités spirituelles appartenant à l’âge de
l’évangile. L’apôtre expose que l’Evangile de la Nouvelle Alliance ne les
impose ni ne les défend : la Cène et le Baptême sont les seules
manifestations à caractère symbolique qui nous soient ordonnées et qui
soient nouvelles. —
Colossiens 2 : 16, 17 —
Luc 22 : 19 —
Matthieu 28 : 19 .
L’un
de ces rites symboliques juifs, la “purification”, fut observé
par Paul et les quatre Juifs dans le cas qui nous occupa. Etant Juifs ils
avaient le droit, s’ils le voulaient, non seulement de se consacrer à Dieu
en Christ mais encore d’en réaliser le symbole par cette purification.
C’est ce qu’ils firent, les hommes qui accompagnaient Paul ayant décidé,
quant à eux et en supplément de faire le vœu de s’humilier devant le
Seigneur et son peuple en se faisant raser la chevelure. Ces cérémonies
symboliques n’étaient pas gratuites. Ce qu’elles coûtaient consistait en une
“offrande”, d’argent — tant par tête, pour couvrir les dépenses du
Temple.
[254]
L’apôtre Paul n’a jamais enseigné aux Juifs qu’ils étaient libres
quant à la Loi. Au contraire, cette Loi dominait sur eux tant qu’ils
vivaient. Il montre pourtant que, si un Juif accepte Christ, “meurt
avec lui”, cela clôt les revendications de la Loi sur ce Juif qui
devient l’homme libre de Dieu en Christ (Romains
7 : 1 à 4). Par contre il a appris aux convertis d’entre les
Gentils qu’ils n’avaient jamais été assujettis à l’Alliance de la Loi juive,
et que, pour eux, pratiquer les cérémonies et les rites juifs, équivalait à
s’en remettre à ces symboles pour leur salut plutôt que de regarder et de se
confier entièrement au mérite du sacrifice de Christ. Et à cela tous les
apôtres acquiesçaient. — Voir
Actes 21 : 25 ;
15 : 20, 23 à 29.
Notre
conclusion sera que Dieu s’est merveilleusement servi des douze apôtres,
qu’il a fait d’eux des ministres tout à fait capables de dispenser sa vérité
les guidant de façon surnaturelle sur les sujets à propos desquels ils ont
écrit. Ainsi, rien de ce qui devait être utile à l’homme de Dieu ne fut omis
et les mots dont ils se sont servis dans leurs écrits d’origine ont été
choisis avec un soin et une sagesse tels que les apôtres eux-mêmes ne l’ont
pas toujours compris. Loué soit Dieu d’avoir donné à notre foi une base
aussi sûre.
LES APOTRES N’ETAIENT PAS DES
SEIGNEURS
SUR L’HERITAGE DE DIEU
Les
apôtres doivent-ils être considérés, dans un sens quelconque, comme des
Seigneurs dans l’Eglise? En d’autres termes lorsque le Seigneur et chef
de l’Eglise s’en est allé, l’un d’eux a-t-il pris la place du chef?
ou ont-ils formé ensemble une Tête composée pour prendre sa place et prendre
en mains les rênes du gouvernement ?
Ont-ils été, l’un ou l’autre d’entre eux, ce que les papes de Rome
prétendent être en tant que leurs successeurs, les vicaires ou substituts de
Christ dans l’Eglise qui est son corps?
[255]
A
l’encontre d’une hypothèse comme celle-là nous avons la déclaration nette et
précise de Paul : “Il y a un seul corps” et “un seul Seigneur”
(Ephésiens
4 : 4 et 5). Ainsi donc, parmi les différents membres du corps,
qu’elle que puisse être l’importance de certains d’entre eux, l’unique
Seigneur et chef doit être reconnu. Ce point, le Seigneur l’a aussi
établi lorsque s’adressant à la foule et à ses disciples il dit : “Les
scribes et les pharisiens aiment.., à être appelés Rabbi ; mais vous, ne
vous faites pas appeler Rabbi car un seul et votre Maître et vous êtes tous
frères” (Matthieu
23 : 1,2,6 à 8). S’adressant aux apôtres Jésus dit encore :
“Vous savez que ceux qu’on regarde comme les chefs des nations
les tyrannisent et que les grands les dominent. il n’en sera pas de même
au milieu de vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous qu’il soit
votre serviteur, et quiconque veut être le premier parmi vous qu’il soit
l’esclave de tous. Car le Fils de l’Homme est venu non pour être servi mais
pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs”. —
Marc 10:42 à 45 .
Rien
ne permet de dire que l’Eglise primitive ait jamais considéré les apôtres
comme des seigneurs dans l’Eglise pas plus que ceux-ci aient jamais assumé
une telle autorité ou dignité. Leur comportement était très éloigné de
l‘idée papale d’une seigneurie ou de celle qu’ont adopté les grands chefs
des sectes chrétiennes. Par exemple, Pierre ne s’est jamais appelé “prince
des apôtres” comme le font les catholiques d’aujourd’hui. Pas plus lui que
les autres ne se sont jamais attribué le moindre titre ni n’ont jamais reçu
l’hommage de l’Eglise. Ils se connaissaient l’un l’autre sous leur nom:
Pierre, Jean, Paul, etc... ou encore comme Frère Pierre, Frère Jean, etc...
et tous les membres de l’Eglise se saluaient de la même façon en s’appelant
frères et sœurs en Christ. (Voir
Actes 9 : 17 ;
21 : 20 -—
Romains 16 : 23 ;
1 Corinthiens 7 : 15 ;
8 : 11 —
2 Corinthiens 8 : 18 —
2 Thessaloniciens 3 : 6,15 —
Philémon 7 : 16). Il est encore écrit que le Seigneur lui-même
n’a pas eu honte de les appeler ses “frères” (Hébreux
2 : 11) tant il est loin de toute attitude dominatrice dans
l’exercice de sa véritable seigneurie ou autorité.
[256]
Ces
grands serviteurs de l’Eglise primitive ne portaient pas de robes
particulières, ni croix, ni rosaire, etc. Ils ne quêtaient pas la révérence
ni l’hommage des gens. Comme le Seigneur de leur avait appris, le plus grand
parmi eux était celui qui servait le plus. Lorsque la persécution dispersa
l’Eglise hors de Jérusalem, “les onze” y demeurèrent bravement, disposés à
faire tout ce qui se présentaient, et sachant bien qu’à l’heure de l’épreuve
l’Eglise, de loin, regarderait vers eux, à Jérusalem, pour y puiser aide et
réconfort. S’ils avaient fui toute l’Eglise aurait été déçue et frappée de
panique. Jacques périt par l’épée d’Hérode ; Pierre, promis à un même
destin, fut emprisonné et enchaîné à deux soldats (Actes
12 : 1 à 6) Paul et Silas étaient battus, jetés en prison et mis
aux fers. Paul supportait “un grand combat d’afflictions” (Actes
16 : 23, 24 —
2 Corinthiens 11 : 23, 33). Avaient-ils l’air de seigneurs et se
comportaient-ils en seigneurs ? Assurément pas.
Pierre est très explicite sur ce point lorsqu’il conseille aux anciens de
“nourrir le troupeau de Dieu”. Il ne dit pas
votre troupeau, vos gens, votre église comme bon nombre de
conducteurs religieux de nos jours, mais le troupeau de Dieu, non pas
comme Seigneur de l’héritage, mais comme modèles du troupeau, en
humilité, en fidélité, en zèle, en piété (1
Pierre 5 : 1 à 3). Paul, de son côté : “Car Dieu, ce me
semble, a fait de nous, apôtres, les derniers des hommes, des condamnés à
mort on quelque sorte, puisque nous avons été en spectacle au monde, aux
anges et aux hommes. Nous sommes fous à cause de Christ.., nous sommes
méprisés… nous souffrons la faim, la soif, la nudité, nous sommes
maltraités, errants çà et là; nous nous fatiguons à travailler de nos
propres mains ; injuriés, nous bénissons ; persécutés, nous supportons;
calomniés, nous parlons avec bonté ; nous sommes devenus comme les balayures
du monde, le rebut de tous.” (1 Corinthiens
4 : 9
[257]
à
18). En tout ceci ils ne ressemblaient pas à des seigneurs, n’est-ce pas?
S’opposant à l’idée que quelques frères nourrissaient de prendre de
l’ascendant sur l’héritage de Dieu, Paul s’adresse à eux avec ironie :
“Déjà vous êtes rassasiés, déjà vous êtes riches, sans nous
vous avez commencé à régner”. Plus loin il leur conseille de prendre le
meilleur chemin, celui de l’humilité. Il dit : “Soyez mes imitateurs”.
Et encore: “Qu’on nous regarde comme des serviteurs de Christ et
des dispensateurs des mystères de Dieu” —
1 Corinthiens 4 : 8, 16, 1 .
Le
même apôtre ajoute : “Selon que Dieu nous a jugés dignes de nous confier
l’Evangile ainsi nous parlons, non comme pour plaire à des hommes, mais pour
plaire à Dieu qui sonde nos cœurs. Jamais, en effet, nous n’avons usé de
paroles flatteuses, comme vous le savez jamais nous n’avons ou la cupidité
pour mobile, Dieu on est témoin. Nous n’avons point cherché la gloire qui
vient des hommes, ni de vous ni des autres; nous aurions pu nous produire
avec autorité comme apôtres de Christ, mais nous avons été pleins de douceur
au milieu de vous de même qu’une nourrice prend un tendre soin de ses
enfants” (1
Thessaloniciens 2 : 4 à 7). Les apôtres ne lancèrent ni bulles
ni anathèmes mais exhortèrent avec amour: “Calomniés, nous parlons avec
bonté”. “Je t’exhorte aussi cher collègue”. “Ne réprimande pas brutalement
le vieillard mais exhorte-le”.
1 Corinthiens 4 : 13 —
Philippiens 4 : 3 —
1 Timothée 5 : 1 .
L’Eglise primitive avait de l’égard pour la piété, la sagesse et la
connaissance spirituelle supérieure des apôtres. Les estimant, comme ils
l’étaient en réalité, comme des ambassadeurs spécialement choisis par le
Seigneur, les premiers chrétiens s’asseyaient à leurs pieds tels des élèves,
sans pour cela être animés d’esprits passifs ne se posant aucune question,
mais disposés au contraire à éprouver les esprits et à vérifier le
témoignage apporté (1
Jean 4 : 1 —
1 Thessaloniciens 5 : 21 —
Esaïe 8 : 20). Les apôtres, tout en les enseignant,
encourageaient cette
[258]
disposition d’esprit qui réclamait une raison pour étayer l’espérance. Ils
étaient d’ailleurs préparés pour la satisfaire, non avec des discours
persuasifs de sagesse humaine (philosophies et théories) mais par une
démonstration d’esprit et de puissance en sorte que la foi de l’Eglise
ne repose pas sur la sagesse des hommes mais sur la puissance de Dieu (1
Corinthiens 2 : 4,5). Ils ne cultivèrent pas un respect aveugle
et superstitieux destiné à rejaillir sur eux.
Ceux
de Bérée, est-il écrit, “avaient des sentiments plus nobles
que ceux de Thessalonique. Ils reçurent la parole avec beaucoup
d’empressement et examinaient chaque jour les Ecritures pour voir si ce
qu’on leur disait était conforme”. L’objectif constant des
apôtres consistait à faire remarquer que l’Evangile qu’ils annonçaient était
bien le même que, plus confusément, les anciens prophètes avaient prédit.
Mais “il leur fut révélé que ce n’était pour eux-mêmes mais pour nous
(le corps de Christ) qu’ils étaient les dispensateurs de ces choses
que vous ont annoncées maintenant ceux (les apôtres) qui vous ont
prêché l’Evangile par le Saint Esprit envoyé du ciel” (1
Pierre 1 : 10 à 12). C’était le même Evangile de vie et
d’immortalité mis en évidence par le Seigneur lui-même. C’était sa plus
grande amplification ainsi que tous les détails particuliers découverts à
l’Eglise par leur intermédiaire sous la direction de l’Esprit Saint, soit
par des révélations particulières, soit par des moyens plus ordinaires — les
deux furent employés — et tout cela en accomplissement de la promesse que le
Seigneur avait faite à ses apôtres et par eux à l’Eglise entière: “J’ai
encore beaucoup de choses à vous dire mais vous ne pouvez les porter
maintenant.”
Il
était donc normal que les Béréens sondassent les Ecritures pour se rendre
compte si le témoignage des apôtres était d’accord avec celui de la Loi et
des prophètes et avec les enseignements du Seigneur. Jésus invitait aussi à
vérifier son témoignage par comparaison avec la Loi et les prophètes. Il
disait: “Sondez les Ecritures…[259]
... car ce sont elles
qui rendent témoignage de moi”.
Tout le témoignage divin
doit être harmonieux, qu’il vienne de la Loi, des prophètes, du Seigneur ou
des apôtres. Leur accord est la preuve qu’ils sont d’inspiration divine.
Dieu merci, ce concert existe: les écrits de l’Ancien et du Nouveau
Testaments forment ce que le Seigneur appelle lui-même “la
harpe de Dieu” (Apocalypse
15 : 2). Les diverses assurances de la Loi et des prophètes sont
autant de cordes à cette harpe. Pincées par les doigts des serviteurs et
scrutateurs de la vérité divine elles produisent les sons les plus agréables
que jamais oreilles mortelles n’ont entendus. Loué soit Dieu pour le
merveilleux “cantique de Moïse et de l’Agneau” que les
témoignages des saints apôtres, des prophètes et du Seigneur Jésus lui-même,
le principal de tous, nous a appris.
Si le
témoignage du Seigneur et des apôtres doit s’accorder avec celui de la Loi
et des prophètes, nous pouvons également nous attendre à les voir rendre
témoignage aux choses nouvelles tout comme aux choses anciennes
car les prophètes ont annoncé qu’il en serait ainsi (Matthieu
13 : 35 —
Psaume 78 : 2 —
Deutéronome 18 : 15, 18 —
Daniel 12 : 9). Et c’est ce dont on peut se rendre compte. Non
seulement ils ont exposé les vérités cachées de l’ancienne prophétie mais
ils ont découvert les nouvelles révélations de la vérité.
APOTRES, PROPHETES, EVANGELISTES,
INSTRUCTEURS
Comme
on le pense généralement dans la chrétienté, le Seigneur aurait laissé, à
propos de l’organisation de l’Eglise, une structure trop sommaire pour le
but qu’Il avait assigné et Il aurait abandonné à ses enfants le soin de
s’organiser au plus sagement dans cette affaire. Bon nombre d’hommes aux
tendances d’esprit assez diverses se sont orientés vers des ordonnances plus
ou moins strictes, ce qui fait que les chrétiens, un peu partout dans le
monde, ont fonctionné sur des bases plus ou moins
[260]
rigides, chaque système arguant de ses avantages particuliers par rapport
au système voisin. Tout ceci est faux ! Il n’est pas pensable que Dieu,
ayant préconnu cette Nouvelle Création avant la fondation du monde, ait
négligé son œuvre au point de laisser son peuple fidèle sans une claire
intelligence de sa volonté, sans un arrangement propre à assurer son
bien-être. L’esprit humain se porte naturellement soit vers l’anarchie soit
vers une rigidité voisine, de l’esclavage. L’arrangement divin évite ces
deux extrêmes, trace à la Nouvelle Création une organisation d’une grande
simplicité d’où est banni tout ce qui, de près ou de loin, s’apparente à
l’esclavage. L’Ecriture rappelle à chaque chrétien : “C’est pour
la liberté que Christ nous a affranchis. Demeurez donc fermes, et ne vous
laissez pas mettre de nouveau sous le joug de la servitude”
—
Galates 5 : 1 .
Pour
exposer cet arrangement divin il faut s’en tenir rigoureusement aux textes
de la Parole et ignorer purement et simplement l’histoire ecclésiastique en
se rappelant que “l’apostasie” prédite a commencé dès les
temps apostoliques pour se développer rapidement après la mort des apôtres
et culminer tout d’abord dans l’élaboration du système papal. En prenant
peur base le récit biblique. on peut considérer en plus des exposés du
Nouveau Testament, les cérémonies de la Loi, en se rappelant toutefois que
ces figures représentaient non seulement des choses se rapportant à cet Age
de l’Evangile mais encore à l’Age Millénial. Ainsi par exemple, le Jour de
Propitiation et son cérémonial illustrait comme nous l’avons déjà vu, l’Age
de l’Evangile. Ce jour-là le Souverain Sacrificateur ne portait pas ses
vêtements de cérémonie mais ses vêtements de service ou robes de lin ce qui
démontrait qu’au cours de cet Age de l’Evangile ni le Seigneur ni l’Eglise
n’occupèrent une place de choix au regard des hommes. Leur attitude fut
toute de pureté, de justice, illustrée par les robes de lin lesquelles, au
regard de l’Eglise, symbolisaient la justice de son Seigneur et Chef. Une
fois le Jour de Propitiation passé, le Souverain Sacrificateur revêtait ses
vêtements de gloire, les-
[261]
quels figuraient la gloire, la
dignité de l’autorité de Christ et de son pouvoir pendant l’Age Millénial.
Dans cette illustration l’Eglise est unie à son Seigneur. La tête du
Souverain Sacrificateur était l’image de notre Seigneur et Maître, tandis
que son corps représentait l’Eglise. Les vêtements de gloire et d’honneur
figuraient les dignités du Sacerdoce Royal tout entier lorsque le temps de
l’exaltation sera venu. La hiérarchie papale qui prétend à tort que le
règne de Christ s’opère par voie de délégation, que les papes sont ses
représentants, que les cardinaux, les archevêques et les évêques constituent
l’Eglise dans la gloire et la puissance, tente d’exercer le pouvoir civil et
religieux dans le monde. Elle contrefait la gloire et la dignité de la
Nouvelle Création élue en faisant porter à ses ecclésiastiques des vêtements
particuliers et des ornements. Le véritable Sacerdoce Royal, lui, est encore
sous la robe de service, la robe blanche du sacrifice, attendant le
véritable Seigneur de l’Eglise et la réelle exaltation à “la gloire,
l’honneur et l’immortalité” lorsque le dernier membre des élus aura
achevé sa part dans l’œuvre du sacrifice.
C’est
le Nouveau Testament que nous devons consulter pour y trouver les directives
concernant l’organisation et les règles qui gouvernent l’Eglise pendant les
jours de son humiliation et de sacrifice. Le fait que ces règles ne se
trouvent pas rassemblées en un chapitre spécial ne doit pas nous faire
supposer qu’elles ne constituent pas, malgré tout, un système complet. Il
faut lutter contre cette habitude de jugement, cette notion courante de ce
qu’est une loi. Au titre de fils de Dieu, le Seigneur a donné à l’Eglise
une “loi parfaite de liberté” car les enfants de
Dieu “ne sont plus des serviteurs, mais des fils.” Pour cette raison les
enfants de Dieu doivent apprendre l’usage de la liberté des fils en montrant
une obéissance absolue et volontaire à la loi et aux principes d’amour.
L’apôtre se sert d’une image de la Nouvelle Création qui explique tout le
sujet, celle du corps humain dont la tête représente le Seigneur tandis que
les différents
[262]
organes et membres du corps représentent l’Eglise. Dans sa
première épître aux Corinthiens, chapitre 12 , il traite ce
sujet à fond et dans une grande simplicité. Il explique “Car, comme le
corps est un et a plusieurs membres, et comme tous les membres du corps,
malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps, ainsi en est-il de Christ
(un corps ou assemblage composé de nombreux membres). Nous avons tous
été baptisés dans un seul Esprit pour former un seul corps, soit
Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres”. L’Apôtre continue et
attire l’attention sur le fait que “le bon fonctionnement d’un corps humain
dépend dans une large mesure de l’unité, de l’harmonie et de la
collaboration de tous ses membres. Ainsi en est-il de l’Eglise ou corps de
Christ. Si un membre souffre de maladie, d’infirmité ou de malformation,
tous les membres s’en ressentent, qu’ils le veuillent ou non, et si un
membre se porte bien et fonctionne dans les meilleures conditions tous les
autres en bénéficient. Il remarque (verset
23) que nous cherchons à dissimuler ou à cacher les faiblesses,
les tares, etc... de nos organismes, que nous recherchons même à les rendre
moins apparentes voire à les supprimer et qu’il doit on être ainsi de
l’Eglise ou Corps de Christ. Les membres les plus mal partagé doivent faire
l’objet d’un soin spécial et être couverts par la charité — l’amour, “afin
qu’il n’y ait bas de division (schisme) dans le corps mais que les
membres aient également soin les uns des autres”, du plus
humble au plus estimé. —
Verset 25 .
D’ans
la ligne de ces idées essentielles, l’organisation de l’Eglise, conformément
à la volonté du Seigneur, est une organisation très complète. De même que
dans la nature, ainsi en va-t-il sous la grâce. Là où l’ensemble est entier,
point n’est besoin de tuteurs ou de barres d’appui. L’arbre forme un tout ;
sa structure se suffit à elle-même depuis la racine jusqu’à la cime, et les
branchez n’ont nul besoin d’être soutenues par de savants assemblages,
cordages, écrous, règlements imprimés et statuts. Ainsi en est-il du Corps
de Christ si bien ajusté, accordé et uni suivant les directives du Seigneur,
il ne
[263] sera pas
utile de faire appel à aucun moyen pour en garder les membres étroitement
liés les uns aux autres, pas besoin de règles, de credo ou toute autre
méthode spectaculaire. Le même Esprit sert de lien. Tant que l’esprit de vie
demeure, l’unité du corps demeure également et cette union sera forte ou
fragile selon que l’Esprit du Seigneur abondera.
L’apôtre va plus loin. Il montre que Dieu est le super intendant des
affaires de cette organisation, la Nouvelle Création, qu’Il a lui-même
conçue et inaugurée. Il dit “Vous êtes le corps de Christ,
et vous êtes ses membres, chacun pour sa part. Et Dieu a ETABLI dans
l’Eglise (Ecclésia, corps) premièrement des apôtres, secondement des
prophètes, troisièmement des docteurs; ensuite ceux qui ont le don des
miracles, puis ceux qui ont les dons de guérir, de secourir, de gouverner,
de parler diverses langues”. Ce pourrait être une pensée nouvelle — pour
ceux qui ont l’habitude de se placer eux-mêmes, en placer d’autres ou d’être
placés par d’autres dans des positions en vue, honorifiques ou de confiance
ou de service dans l’Eglise, de se rendre compte que Dieu a promis de
confier cette surveillance à ceux qui regardent vers lui afin d’être dirigés
par Sa Parole et son Esprit.
Si
cette manière de penser prenait le pas, comme il y en aurait peu qui
oseraient rechercher les positions en vue ou intrigueraient à la manière des
hommes politiques pour s’assurer les situations honorifiques! Se rendre
compte de la vigilance divine sur l’Eglise véritable c’est d’abord la
distinguer parmi les multiples systèmes religieux et c’est ensuite chercher
à connaître, avec révérence et humilité, quelle est la volonté de Dieu en
matière d’arrangements, de services et de serviteurs de cette véritable
Eglise.
L’apôtre pose l’a question “Tous sont-ils apôtres ? Tous
sont-ils prophètes ? Tous sont-ils docteurs ?” Impliquant par là même
que le nombre on serait plutôt restreint
[264]
et que celui qui répondrait à ces conditions devrait encore donner quelque
évidence d’une nomination divine, exercer son ministère, effectuer son
service, non pour complaire à l’homme, mais pour plaire au grand Maître de
l’Eglise, à son Chef et Seigneur. L’apôtre attire l’attention sur le fait
que ces différences dans l’Eglise correspondent aux différences mêmes qui
existent entre les membres d’un corps humain, que chaque membre est
nécessaire et ne doit pas être méprisé. L’œil ne peut pas dire au pied, ni à
l’oreille, ni à la main Je n’ai pas besoin de vous. Si tous étaient un seul
et même membre où serait le corps ? “Car le corps n’est pas
un seul membre mais plusieurs”.
Versets 1, 9, 14 .
A
vrai dire il n’existe plus maintenant cette même variété de membres dans
l’Eglise et comme l’apôtre le signale : “Les langues sont un signe,
non pour les croyants, mais pour ceux qui ne croient pas”. De même les
miracles. Lorsque les apôtres, qui possédaient le pouvoir de conférer ces
dons de l’Esprit furent morts, Lorsque ceux qui avaient reçu ces dons
par leur intermédiaire furent morts à leur tour, ces miracles — dons
—comme nous l’avons déjà vu, cessèrent dans l’Eglise. Mais il y subsistait
une œuvre correspondante à la portée de chacun : l’occasion de servir
le Seigneur, la Vérité et les autres membres du Corps de Christ, et cela
suivant les capacités naturelles de chacun. Ces manifestations miraculeuses
prirent fin mais l’éducation dans la vérité, dans la connaissance du
Seigneur et dans les grâces de l’Esprit les remplacèrent. Tandis que ces
dons mineurs de guérison, de parler en langues, de les interpréter, de faire
des miracles existaient au sein de l’Eglise, l’apôtre exhortait les frères à
“aspirer aux dons les meilleurs”.
Les
chrétiens ne pouvaient raisonnablement aspirer à devenir apôtres puisqu’il
n’y en avait que douze. Par contre ils pouvaient désirer devenir des
prophètes interprètes ou docteurs. “Et pourtant” ajoute
l’apôtre “je vais encore vous montrer une voie par
excellente”
[265]
(verset
31). Il s’attache à établir que, bien au-dessus de tous ces dons
et services dans l’Eglise, il y a la possession, dans une large mesure, ce
qui est un honneur, de l’esprit qui anima le Maître — l’esprit d’amour. Il
signale que le plus humble membre de l’Eglise qui a atteint à l’amour
parfait est parvenu, à la vue du Seigneur, à une position plus élevée et
plus noble que n’importe quel apôtre, prophète ou docteur qui serait “en
reste” de cette grâce suprême. Il déclare que, quels que soient les dons, si
l’amour fait défaut, tout est vide et néant pour le Seigneur. En fait, on
peut être certain que personne ne pourrait demeurer longtemps dans la
fonction d’apôtre, de prophète ou docteur dans l’Eglise — et cela avec
l’approbation du Seigneur — sans parvenir à ce stade de l’amour parfait ou
tout au moins sans chercher à y arriver. Autrement il serait entraîné vers
les ténèbres et deviendrait peut être un prédicateur de l’erreur plutôt
qu’un prédicateur de la vérité — un serviteur de Satan qui éprouverait les
frères.
Dans
sa lettre aux
Ephésiens (4:1 à 16) l’apôtre reprend cette idée de l’unité de
l’Eglise sous l’aspect d’un corps aux membres nombreux, dirigé par une seule
Tête, Jésus-Christ, et animé par un seul esprit, l’esprit d’amour. Il en
exhorte les membres à marcher d’une manière digne de leur appel dans
l’humilité, la douceur, la patience, se supportant l’un l’autre avec amour
et s’efforçant de conserver l’unité de l’esprit par le lien de la paix. Dans
ce chapitre l’apôtre précise qu’aux différents membres du corps s’ont
dévolus des services particuliers. Il établit également quel est l’objet de
ce service et dit : “Il a donné les uns comme apôtres, les
autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme
pasteurs et docteurs, pour le perfectionnement des saints en vue de
l’œuvre du ministère (pour les préparer au glorieux ministère ou service
du Royaume Millénial) et de l’édification (formation) du Corps de
Christ, jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de
la connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait à la mesure de la
stature
[266]
parfaite de Christ, afin
que... professant la vérité dans l’amour, nous croissions à tous égards en
celui qui est le chef, Christ. C’est de lui et grâce à tous les liens de son
assistance que tout le corps bien coordonné et formant un solide assemblage,
tire son accroissement selon la force qui convient à chacune de ses parties
et s’édifie lui-même dans l’amour”.
—
Ephésiens 4 : 11 à 16 .
Notons au passage l’image dont se sert l’apôtre, celle d’un corps humain
petit et non encore tout à fait épanoui. Il nous apprend que la volonté
divine est que tous les membres parviennent à un développement complet, à
une complète croissance en force — l’état d’homme fait correspondant à celui
de l’Eglise dans sa condition pleine et normale. Poussant l’allégorie
jusqu’à la fin et tout au long de l’âge actuel, il ressort que l’un
après l’autre, tous les membres se sont endormis dans l’attente de la
transcendante organisation du matin Millénial dans la première résurrection.
Cependant, d’autres ont toujours pris la relève en sorte que l’Eglise n’a
jamais fait défaut, bien qu’à toutes les époques il y ait toujours eu des
plus forts et des plus faibles. Malgré tout chaque membre s’est constamment
efforcé de faire tout ce qui était en son pouvoir pour édifier le corps et
en affermir les membres en vue de leur perfectionnement dans les grâces de
l’Esprit — “jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de
la foi”.
L’unité de la foi est désirable en elle-même. Il faut tâcher d’y parvenir
mais non dans le sens de l’unité comme on l’envisage le plus souvent.
L’unité doit se faire dans la ligne de “la foi donnée aux saints une fois
pour toutes”, dans toute sa pureté et sa simplicité, dans
la pleine liberté pour chacun d’adopter des conceptions différentes à propos
de questions d’ordre secondaire, et sans qu’aucune exclusive ne vienne
empêcher les imaginations humaines, théories diverses, etc... L’idée
d’unité, d’après l’Ecriture intéresse les principes fondamentaux de
l’Evangile
1)
Notre rédemption par le sang précieux de Christ et notre justification par
la foi dans la vertu purificatrice de ce sang.
[267]
2)
Notre consécration sanctification, mise à part pour le service du Seigneur,
de la vérité et des frères.
3) En
dehors de ces principes essentiels sur lesquels l’unité doit se faire, il ne
peut exister de communion scripturale. Sur tout autre point la liberté de
conception la plus complète doit être reconnue, tout en recherchant pour soi
et les autres l’optique du plan divin la plus poussée et la plus détaillée
qui soit. Ainsi, chaque membre du Corps de Christ, tout en gardant sa
liberté personnelle, se trouve dévoué au Chef et à tous les membres du Corps
à tel point qu’il lui plaît de tout leur sacrifier, “même la vie”.
Nous
avons déjà pris en considération l’œuvre particulière des apôtres, leur
nombre limité et comment ils continuent leur service dans l’Eglise en
servant de porte paroles du Seigneur à son peuple. Voyons maintenant les
autres services de l’Eglise, ce que l’apôtre appelle les dons du Seigneur à
l’ensemble du Corps ou Ecclésia.
Le
Seigneur a pourvu aux apôtres, prophètes, évangélistes, pasteurs et docteurs
pour le bien, tant actuel qu’éternel, de l’ensemble des siens. Il appartient
à ceux qui s’attendent à Lui pour être leur Chef, leur Instructeur, le
Conducteur de l’Eglise qui est son corps, d’observer, de rechercher, de
remarquer ses dons dans tous les domaines, de les accepter, de les utiliser,
s’ils veulent tirer profit de la bénédiction promise. Ces dons ne sont pas
imposés à l’Eglise et ceux qui les négligent lorsqu’ils leur sont offerts,
subissent une perte en conséquence. Le Seigneur les a établis dans l’Eglise
dès l’origine et a donné ainsi le modèle - type et idéal de l’arrangement de
l’Eglise. Il laisse cependant son peuple libre de suivre ce modèle et d’en
tirer tout le bien possible ; ou au contraire de l’ignorer et d’aller au
devant de difficultés et de désappointement. Nous qui désirons être conduits
et enseignés par le Seigneur, cherchons à voir comment il a établi les
différents membres dès le début, quels dons de cette espèce il a dispensé à
son peuple depuis lors.
[268]
Nous
pourrons de cette manière apprécier les dons de cette nature qui se trouvent
à notre disposition pour les utiliser à plein dans d’avenir.
L’apôtre explique qu’il est agréable au Seigneur qu’il n’existe point de
schisme dans le Corps — point de divisions, de clivages, de séparations. Si
l’on adopte des méthodes humaines, les divisions sont inévitables, sauf à
l’époque où la Papauté était triomphante alors que son système était
devenu puissant et qu’il avait recours aux dures méthodes de la persécution
à l’endroit de ceux qui n’étaient pas d’accord avec elle. Mais cette unité
là est une unité de force, une unité de contrainte, une unité
extérieure de pure forme et non pas une unité de cœur. Ceux que le Fils a
affranchis ne peuvent donner leur adhésion à des unités de ce genre dans
lesquelles la liberté individuelle se trouve anéantie. Ce qui ne va pas dans
les diverses dénominations protestantes, ce n’est pas qu’elles soient trop
libérales et se soient de ce fait fragmentées considérablement, mais plutôt
qu’elles ont gardé en assez bonne proportion l’esprit de
l’institution mère, sans en avoir la poigne dont elle se servit, il fut un
temps, pour réprimer et supprimer la liberté de pensée. Nous en surprendrons
sans doute beaucoup en disant que, loin de penser qu’il existe trop de
divisions et de subdivisions dans le genre de celles que nous trouvons de
toutes parts, l’Eglise de Christ a besoin de plus de liberté encore,
en sorte que chacun de ses membres soit libéré et indépendant de tout lien,
credo, confession, etc... d’origine humaine. Si tous les chrétiens se
tenaient dans la liberté dont le Seigneur les a affranchis (Galates
5 : 1 —
Jean 8 : 32), si chaque chrétien demeurait fermement attaché au
Seigneur et à sa Parole, on retrouverait vite l’unité originelle dont
parlent les Ecritures. Tous les véritables enfants de Dieu, tous les membres
de la Nouvelle Création se trouveraient inévitablement attirés l’un vers
l’autre, unis l’un à l’autre par les liens d’amour autrement plus solides
que ceux qui tiennent les hommes au sein de systèmes et de sociétés ayant
leur origine dans d’autres conceptions. “L’amour de Christ
nous presse” (nous tient ensemble).
2 Corinthiens 5 : 14 .
[269]
Tous
les membres de la famille, aaronique pouvaient être appelés aux services du
sacerdoce, Il y avait pourtant certaines limitations, certaines
restrictions, certaines non qualifications sous ce rapport. Il en va
de même au sujet du “Sacerdoce royal” effectif. Tous sont
sacrificateurs, tous sont membres du Corps oint. L’onction confère à
chacun la pleine autorité d’annoncer et d’enseigner la bonne nouvelle
selon qu’il est écrit : “L’esprit de Eternel est sur moi
parce qu’il m’a oint pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres et
réconforter ceux dont le cœur est abattu”, etc... Bien que
ces paroles se soient plus précisément appliquées à la Tête du Christ, de la
Nouvelle Création, du Sacerdoce Royal, elles intéressent aussi tous les
autres membres, en sorte que, dans un sens général, tout entant de Dieu
consacré à son Maître, trouve dans son onction par l’Esprit Saint,
l’autorisation et même la mission de prêcher la Parole, “d’annoncer les
vertus de celui qui nous a appelés des ténèbres à son admirable lumière”.
—
1 Pierre 2 : 9 .
De
même que les sacrificateurs typiques devaient être exempts de défauts
corporels et avoir atteint un âge déterminé, ainsi ou est-il parmi les
membres du sacerdoce Royal. Certains d’entre eux manquent des qualifications
que d’autres possèdent pour le service public. Il appartient à chacun de
s’examiner en toute modestie (Romains
12 : 3, 6) pour se rendre compte de la nature des dons que l’on
possède, ce qui conditionne le degré de responsabilité dans leur
utilisation. Pareillement il importe que tous les membres apprécient les
qualifications tant naturelles que spirituelles ainsi que les aptitudes des
autres membres, pour juger de la volonté divine en conséquence. Dans le
type, l’âge était un facteur important. Dans le cas des sacrificateurs
antitypiques, l’équivalence, pourrait se rapporter à l’expérience et au
développement du caractère. Le strabisme du type pourrait trouver son
pendant dans un manque d’acuité visuelle et de compréhension concernant
[270]
les choses spirituelles qui rendrait impropre au service public au sein de
l’Eglise. Dans le même ordre d’idées les différents défauts qui
constituaient un empêchement pour les sacrificateurs figuratifs
représenteraient les inaptitudes morales, physiques ou intellectuelles
diverses parmi les membres du Sacerdoce Royal véritable.
Mais
comme les sacrificateurs disgraciés de la nature, dans le type, jouissaient
des mêmes privilèges que les autres pour ce qui était de leur subsistance,
de leur participation aux pains de propositions, à la chair des sacrifices,
etc... ainsi en est-il dans l’antitype. Les inaptitudes qui pourraient
s’opposer à ce qu’un membre du Corps de Christ devînt un serviteur public de
l’Eglise et de la vérité, ne sauraient être un obstacle à son développement
spirituel pas plus qu’elles ne pourraient le priver du privilège commun
d’avoir part à la table spirituelle du Seigneur ni d’avoir accès au trône de
la grâce. Personne ne pouvait accéder à l’office de souverain sacrificateur
s’il présentait une malformation physique ou n’avait pas l’âge requis. De
même ceux qui servent la vérité “par la parole et la doctrine” ne
doivent pas être des novices mais des membres du Corps que la maturité de
caractère, de connaissance et de possession des fruits de l’Esprit qualifie
pour un service de cette importance. Ils doivent être considérés comme des
anciens — non pas nécessairement anciens par le nombre d’années de vie, mais
anciens dans le sens d’un esprit mûr au regard de la vérité, aptes à
conseiller et à donner aux frères un avis qui s’inspire de la Parole de
Dieu.
En
comprenant ainsi le mot Ancien on se rend compte du côté raisonnable de
l’Ecriture qui reconnaît comme “Ancien” tous ceux qui exercent un
ministère spirituel par rapport à la vérité, que ce soit le service d’un
apôtre, d’un prophète, d’un évangéliste, d’un pasteur ou d’un docteur. Pour
remplir normalement un service comme celui-là, il faut être reconnu Ancien
dans l’Eglise. C’est pour cela que les apôtres se déclaraient eux-mêmes
Anciens (1
Pierre 5 : 1 —
2 Jean 1). Quand il est question
[271]
des ministres ou serviteurs de l’Eglise et du choix dont ils étaient
l’objet, on trouve trois noms différente dans nos versions bibliques.
EVEQUES, ANCIENS, PASTEURS
Ces
trois appellations ont pourtant prêté à erreur en raison de la mauvaise
application qui en a été faite dans les églises de dénominations diverses.
Il est donc nécessaire d’expliquer que le mot évêque veut tout simplement
dire surveillant et que tout Ancien établi était reconnu surveillant
d’une activité grande ou petite. Ainsi par exemple, en une certaine occasion
l’apôtre rencontra les Anciens de l’Eglise d’Ephèse. En les quittant il leur
dit : “Prenez garde à vous-mêmes ainsi qu’à l’Eglise sur laquelle
le Saint Esprit vous a établis surveillant”
Actes 20 : 28,
Sous
la direction du Seigneur un certain nombre, parmi ces anciens, ont reçu un
plus grand champ d’action, une plus grande zone d’influence dans l’Eglise au
point qu’on peut les considérer sous l’angle plus réel de surveillants
generaux. Tels furent tous les apôtres. L’apôtre Paul en particulier eut
la haute main, la plus haute autorité de surveillance parmi les Eglises de
la gentilité c’est-à-dire en pays païens —— Asie Mineure et en Europe
méridionale. Cette position de surveillant général ne fut pas réservée aux
seuils apôtres. Dans sa providence, le Seigneur en suscita d’autres pour
servir l’Eglise au même titre — “non pour un gain sordide
mais dans une conscience pure” — dans un réel désir de servir le
Seigneur et les frères. Au début Timothée fut engagé dans ce service sous la
direction de l’apôtre Paul qu’il représenta quelquefois et qui le recommanda
à plusieurs assemblées ou Ecclésias du peuple de Dieu. Au reste, le Seigneur
était et est encore en mesure d’envoyer de tels surveillants au gré de son
choix pour le bien de son troupeau. Quant au peuple de Dieu, il devrait
[272] être tout à
fait compétent pour juger de la valeur de l’avis donné par de tels
surveillants. Ceux-ci en imposent généralement tant par leur vie, leur
manière d’agir, leur esprit d’abnégation, l’absence de tout désir de
paraître et de s’enrichir, que par leur enseignement qui soutient l’examen
de ceux qui, intelligemment, scrutent la Bible et sondent tous les jours les
Ecritures pour voir si ce qu’on leur dit est conforme à la lettre et à
l’esprit de la Parole. Comme nous l’avons déjà vu c’est ainsi que l’on
procédait à l’égard de l’enseignement des apôtres. Eux-mêmes d’ailleurs
invitaient les frères à faire ainsi, recommandant, la prudence sans verser
toutefois dans l’entêtement ou la disposition à tout critiquer.
Actes 17 : 11 .
Pour
autant que nous puissions en juger d’après l’histoire de l’Eglise, l’esprit
de rivalité et le désir d’être encensé ont rapidement pris la place de
l’esprit d’obscur dévouement et d’abnégation. D’un autre côté la crédulité
et la flatterie ont assez vite remplacé l’examen fréquent des Ecritures. Le
résultat fut que les surveillants devinrent des dictateurs, eurent petit à
petit la prétention d’égaler les apôtres, etc... jusqu’à ce que, finalement,
une rivalité se soit établie entre eux se traduisant par les appellations de
chef - évêques ou archevêques. Bientôt après l’esprit de compétition entre
archevêques aboutit à l’élévation de l’un d’entre eux à la position de pape.
Le même état d’esprit a depuis lors prévalu à un degré plus ou moins
accentué, non seulement au sein de la Papauté elle-même, mais encore parmi
ceux qui, trompés et illusionnés par son exemple, se sont écartés de la
simplicité de l’arrangement prévu à l’origine. La conséquence c’est
qu’aujourd’hui une organisation répondant à celle de l’Eglise primitive —
c’est-à-dire sans nom de secte, sans gloire, sans honneur, sans autorité de
la part de quelques-uns sur la masse, sans distinction entre clergé et
laïcs, —n’est pas considérée comme une organisation. Nous préférons
cependant nous ranger parmi ceux qu’on n’estime guère, nous en tenir
strictement à l’exemple de la primitive Eglise pour jouir dans la même
proportion des mêmes libertés et des mêmes bienfaits.
[273]
Tous
les Anciens de l’Eglise doivent, à ce titre surveiller, prendre soin de
veiller aux intérêts de Sion, les uns sur le plan local, d’autres sur un
plan plus étendu et dans un sens plus général. Chacun d’eux pouvait servir
le troupeau selon son talent et suivant ses capacités. Tel pouvait être
évangéliste si ses qualités personnelles et ses conditions de vie lui
permettaient d’aller partout prêcher la vérité aux débutants et trouver ceux
qui avaient une oreille pour entendre la Bonne Nouvelle, etc... Tel autre
pouvait servir le troupeau comme pasteur (berger) en raison de ses
qualifications particulières du point de vue social le mettant à même de
veiller sur les intérêts des enfants de Dieu, personnellement et
individuellement, les visiter chez eux, les encourager, les fortifier,
maintenir l’union entre eux et les défendre contre les loups en habit de
brebis qui mordent et dévorent. Les “Prophètes” eux aussi
avaient besoin de qualités particulières pour assurer le service auquel ils
étaient destinés.
On ne
se sert plus du mot “ rophète” aujourd’hui au sens large qu’il
revêtait dans les temps anciens. De nos jours ce mot désigne plutôt un
voyant, celui qui prédit ce qui va arriver. Strictement, un prophète est un
homme qui parle en public — un orateur. Celui à qui il est donné des
visions ou des révélations peut être un prophète dans le sens qu’il les
exprime ou les expose devant d’autres. Mais les deux idées sont différentes.
Dans le cas de Moïse et d’Aaron, Moïse était le personnage le plus important
puisqu’il était le représentant de Dieu. Aussi l’Eternel lui dit-Il:
“Vois, je te fais dieu (puissant ou supérieur) pour Pharaon ; et
Aaron sera ton prophète” — ton interprète, ton porte - paroles (Exode
7 : 1). Nous avons déjà vu que plusieurs apôtres furent des
voyants dans le sens qu’il leur fut donné une connaissance des choses à
venir. Nous remarquerons maintenant qu’ils furent presque tous prophètes
également, c’est-à-dire prédicateurs publics, en particulier les apôtres
Pierre et Paul. Mais il y en eût d’autres et an grand nombre qui parlèrent
en public et furent par conséquent des prophètes. Barnabas par exemple en
fut un. Il est encore écrit: “Jude et Silas qui étaient eux-mêmes prophètes
(orateurs publics) les exhortèrent et les fortifièrent par plusieurs
discours. -
Actes 15 : 32 .
[274]
Il
n’est pas d’exemple dans l’Ecriture où telle personne, inapte à remplir
telle ou telle mission, doive être considérée comme établie par le Seigneur
dans la condition pour laquelle elle ne se trouve pas qualifiée. Tout au
contraire, il est du devoir de chaque membre du corps de Christ de servir
les autres de tout son talent — au mieux de ses capacités — et cela
en demeurant assez modeste et assez humble, sans avoir de soi “une trop
haute opinion” mais on reconnaissant la valeur réelle des talents que
le Seigneur a accordés. L’Eglise elle-même ne doit pas reconnaître comme lui
appartenant ceux qui désirent être les plus grands sur ce point
particulier. Au contraire la modestie doit être une des qualités
essentielles pour ce qui concerne l’anciennat ou même dans tout autre
service d’une activité quelconque. Si donc deux frères également talentueux
se présentent, que l’un d’entre eux soit ambitieux ou prompt à se mettre en
avant tandis que l’autre serait modeste et effacé, l’esprit du Seigneur, qui
est un esprit de sagesse et de bon sens, enseignera au peuple de Dieu à
préférer le frère plus humble comme étant celui que le Seigneur favoriserait
et aimerait voir occuper la position prépondérante dans le service.
On
conçoit assez facilement que les “boucs” ou les brebis à caractère de
bouc du troupeau du Seigneur, aspirent à conduire et à commander, tandis que
les véritables brebis, celles qui reconnaissent la voix du Maître,
connaissent son Esprit et cherchent à faire sa volonté, acceptent docilement
que les éléments à caractère de bouc prennent la tête parmi elles. Il est
bon d’être en paix avec tous les hommes mais si, pour avoir la paix, nous
méconnaissons la Parole et l’Esprit du Seigneur, il est certain qu’il en
résultera un plus ou moins grand dommage. Il est bon d’avoir la nature
docile de la brebis, mais il est également nécessaire que les brebis aient
du
[275] CARACTERE si
elles veulent être au nombre des vainqueurs. Si elles ont du caractère,
elles se rappelleront les paroles du Grand Berger: “Mes brebis entendent
(obéissent à) ma voix.., et me suivent”. “Elles ne suivront
point un étranger... parce qu’elles ne connaissent pas la voix des
étrangers” (Jean
10 : 5, 27). Il est donc du devoir de chaque brebis d’étudier de
près l’enseignement et le comportement d’un frère avant de contribuer à
faire de lui un surveillant, soit sur le plan local soit sur un plan
d’action plus étendu. Il faut d’abord qu’il possède les réelles
qualifications d’un Ancien dans l’Eglise, qu’il ait des idées claires sur
les doctrines fondamentales de l’Evangile: la réconciliation, la rédemption
par le sang précieux de Christ, la consécration pleine et entière à
lui-même, à son message, à ses frères, à son service. Bien —sûr il faut
manifester de la charité et de la sympathie pour les plus faibles agneaux de
même qu’aux brebis faibles mentalement et moralement; mais ce serait faire
violence à l’arrangement divin que de les choisir pour en faire des
conducteurs ou anciens. Il n’y a pas lieu d’éprouver de sympathie pour les
boucs ou les loups en habits de brebis tendant à conquérir les places et
l’autorité dans l’Eglise.
Il
vaut mieux pour une Ecclésia d’être privée de tout serviteur public que
d’être conduite par un “bouc” à la langue dorée qui ne conduirait
sûrement pas “les cœurs vers l’amour de Dieu” mais dans des impasses
de séduction. Le Seigneur en a averti l’Eglise et l’apôtre en a parlé
en ces termes : “Il s’élèvera du milieu de vous des hommes qui
enseigneront des choses pernicieuses (des doctrines fausses et
d’égarement) pour entraîner les disciples après eux”. L’apôtre
précise que bon nombre les suivraient dans leurs dissolutions et que la voie
de la Vérité serait calomniée à cause d’eux. —
Actes 20 : 30 —
2 Pierre 2 : 2.
C’est
ce que nous voyons autour de nous. Bon nombre se prêchent eux-mêmes plutôt
que de prêcher l’Evangile, la Bonne Nouvelle du Royaume. Ils attirent les
disciples
[276]dans
leurs sillages et dans celui de leurs dénominations plutôt que de les
attirer pour les unir au Seigneur comme membres de son corps. Ils cherchent
à devenir des Têtes d’Eglises plutôt que de faire en sorte que tous les
membres du corps regardent au Seigneur comme à leur Tête. Nous devrions nous
détourner de tous ceux-là et les véritables brebis ne devraient pas les
encourager dans leurs chemins de traverse. L’apôtre Paul dit même qu’ils ont
une apparence de piété tout en ayant renié ce qui on fait la force (2
Timothée 3 : 5). Ils apportent une grande attention aux jours,
aux formes, aux cérémonies, aux autorités ecclésiastiques, etc... Ils sont
très estimés parmi les hommes mais sont en abomination devant Dieu, dit
l’apôtre. Non seulement les vraies brebis doivent être attentives pour
reconnaître la voix du vrai Berger et pour le suivre mais elles doivent
encore se rappeler qu’elles n’ont ni à suivre, ni à appuyer, ni à encourager
ceux qui, par égoïsme, travaillent pour eux-mêmes. Celui que l’Eglise estime
digne de sa confiance au titre d’Ancien devrait être connu depuis
suffisamment longtemps pour justifier cette confiance. C’est ce qui explique
pourquoi l’apôtre dit : “il ne faut pas que ce soit un
nouveau converti”. Un nouveau converti pourrait en effet faire tort à
l’Eglise tout comme à lui-même on s’enorgueillissant, en s’éloignant de ce
fait du Seigneur, du bon esprit et du chemin étroit qui mène au Royaume.
L’apôtre Paul (1) donne un avis explicite sur ceux qui pourraient être
reconnus par l’Eglise au titre d’anciens. Il décrit avec détail ce que
devrait être leur caractère, etc... Dans sa lettre à Timothée sur le même
sujet il confirme ses indications précédentes en des termes légèrement
différents (1
Timothée 3 : 1 à 7). S’adressant à Tite qui était aussi de toute
évidence un autre surveillant général (Tite
1 : 5 à 11) il précise leurs devoirs relativement à l’Eglise. A
propos de la même question l’apôtre Pierre s’exprime de la manière suivante
: “Voici les
(1)
Voir
1 Timothée 3 : 2 ;
5 : 17;
1 Thessaloniciens 5 : 12 ;
Jacques 5 : 14.
[277]
exhortations que j’adresse aux anciens qui s’ont parmi vous, moi ancien
comme eux… Paissez le troupeau de Dieu qui est sous votre garde... non pour
un gain sordide mais avec dévouement; non comme dominant sur ceux qui vous
sont échus en partage mais en étant les modèles du troupeau ”.
1 Pierre 5 : 1 à 3.
Les
Anciens doivent être généreux, de bonnes mœurs, n’avoir qu’une femme. S’ils
ont des enfants, on remarquera si les parents ont exercé une saine influence
sur leur propre famille. S’ils ne se sont pas occupé et ont manqué à leurs
devoirs envers leurs propres enfants, il est à présumer qu’ils soient aussi
insouciants dans leurs conseils et leurs ministères parmi les enfants de
Dieu dans l’Ecclésia, dans l’Eglise. L’ancien ne doit pas avoir deux
paroles; il ne doit être ni bruyant ni querelleur. Il doit jouir d’une bonne
réputation même parmi ceux qui n’appartiennent pas à l’Eglise, non pas que
le monde aimera jamais ni n’appréciera les saints à leur juste valeur, mais
dans le sens que le monde lui-même ne puisse rien lui reprocher qui soit
contraire à l’honnêteté, à la justice, à la moralité, à la véracité. Il
n’existe aucune limitation quant au n’ombre des anciens dans une Eglise ou
Ecclésia.
En
plus de ce qui vient d’être dit, l’Ancien doit être “apte à
l’enseignement”, c’est-à-dire qu’il doit être à même d’expliquer, d’exposer
le plan divin et par conséquent capable d’aider le troupeau de Dieu par la
parole et par la doctrine. Il n’est pas indispensable, pour être ancien, de
posséder les talents requis d’un “prophète” lequel est appelé à
parler en public. Il se peut que, dans la même Eglise, plusieurs soient à
même d’enseigner et d’être anciens, et que personne ne possède l’aisance
oratoire nécessaire pour exposer le plan divin devant un auditoire
important. Il faut faire confiance au Seigneur qui suscitera les serviteurs
nécessaires. Si aucun ne se découvre c’est probablement parce qu’il n’en est
pas besoin. Nous remarquerons ici que certaines des Ecclésias ou
assemblées parmi les plus prospères sont précisément
[278]
celles où il n’existe pas de compétence transcendante au regard de la
parole en public, mais où, par contre, l’étude biblique est de règle plutôt
qu’une exception. Les Ecritures montrent que telles était la manière de
faire dans l’Eglise primitive. Quand les premiers chrétiens se réunissaient,
l’occasion s’offrait d’une manifestation des différentes aptitudes : l’un
parlait, d’autres priaient, la plupart, si pas tous, chantaient.
L’expérience paraît établir que les groupes du peuple de Dieu qui observent
le mieux cette façon d’opérer, reçoivent les plus grandes bénédictions et
développent les caractères les mieux équilibrés. Ce que l’on entend si bien
exprimé que ce soit, ne se grave pas dans le cœur avec autant d’efficacité
que lorsqu’on y prend part soi-même comme c’est le cas dans une étude
biblique bien conduite à laquelle il faut encourager tout le monde à
participer activement.
D’autres anciens, n’ayant peut-être pas tellement d’aptitudes pour
l’enseignement, peuvent se trouver par contre tout à fait dans leur élément
dans la prière et dans les réunions de témoignage qui devraient être une
particularité des assemblées du peuple de Dieu. Celui qui possède le don
d’exhorter doit exercer ce talent là plutôt que de l’enfouir et d’essayer
d’en pratiquer un autre pour lequel il n’a aucune disposition naturelle.
L’apôtre dit : “Que celui qui exhorte, s’attache à l’exhortation”,
qu’il y consacre toutes ses possibilités. De même que celui qui enseigne
(qui a le don d’exposer clairement et de rendre la vérité accessible)
apporte toute son attention à son enseignement.
De
même que le mot évêque ou surveillant est susceptible de sens multiples,
ainsi en est-il du mot pasteur. Personne ne peut être pasteur, surveillant,
berger, s’il n’est Ancien. Le pasteur ou berger d’un troupeau est le
surveillant de ce troupeau. Les deux mots sont pratiquement synonymes. Le
Seigneur Jéhovah est notre Pasteur ou Berger au sens le plus étendu du terme
(Psaume
23 : 1). Son Fils Unique, notre Seigneur Jésus, est le grand
Berger et Evêque (surveillant) de nos âmes — pour tout le troupeau et
partout.
[279]
Les
surveillants généraux et “Pèlerins” sont tous bergers ou pasteurs:
ils s’occupent des intérêts du troupeau dans son ensemble. Chaque Ancien
local est un pasteur, berger, surveillant, sur le plan de la localité. On se
rend compte ainsi que les anciens dans l’Eglise doivent tout d’abord
présenter les qualités nécessaires qui les rendent propres à l’exercice de
l’anciennat ; ensuite leurs dispositions naturelles doivent décider de la
branche d’activité dans laquelle ils peuvent le mieux servir la cause du
Seigneur. Pour les uns, ce sera dans le cadre de l’œuvre d’évangélisation.
Pour les autres ce sera dans l’œuvre pastorale, parmi les brebis déjà
évangélisées, déjà consacrées, déjà dans la bergerie, soit localement soit
sur un champ plus vaste.
On
peut lire “Que les anciens qui dirigent bien soient jugés
dignes d’un double honneur surtout ceux qui travaillent à la prédication et
à l’enseignement” (1
Timothée 5 : 17, 18). On a fait état de cette déclaration dans
l’église nominale, pour établir une classe d’Anciens, Directeurs. Elle a
revendiqué pour tons les anciens une position de juridiction d’autorité, si
pas de dictature parmi les frères. Une telle idée de la “direction”
est contraire à tout ce que les Ecritures présentent sur ce sujet. Timothée
qui occupait la position de surveillant général, d’Ancien par conséquent,
reçut de l’apôtre le conseil suivant: “Ne réprimande pas
rudement un ancien mais exhorte comme un frère”, etc... “Il ne faut
pas qu’un serviteur du Seigneur ait des querelles; il doit, au contraire,
avoir de la condescendance pour tous”. Rien ici ne sanctionne une règle
autocratique, un usage dictatorial. La douceur, la gentillesse, la patience,
la bonté fraternelle, l’amour, doivent être les marques distinctives de ceux
qu’on reconnaît comme anciens. Ils doivent, à tous égards être les exemples
du troupeau. Si donc ils étaient d’humeur dictatoriale, leur exemple
tendrait à faire de tous les membres des dictateurs eux aussi. S’ils sont
d’un naturel fait de douceur, de patience, de gentillesse et d’amabilité, la
force de l’exemple appellera une inclination similaire. Une traduction plus
littérale du
[280]
texte sous considération laisserait plutôt à penser que l’honneur serait
rendu aux anciens on proportion de leur fidélité dans les responsabilités du
service qui sont assumé. On pourrait donc rendre ce passage comme il
suit : “Que les principaux anciens soient estimés digne d’un double honneur,
surtout ceux qui sont penchés sur le pénible travail de la prédication et de
l’enseignement.
DIACRES, MINISTRES, SERVITEURS
De
même que petit à petit on en est arrivé à mal comprendre le mot évêque qui
veut simplement dire surveillant et non seigneur ou maître, on a aussi perdu
de vue le sens du mot diacre qui signifie littéralement serviteur ou encore
ministre. L’apôtre se déclare, avec Timothée, “ministres de Dieu” (2
Corinthiens 6 : 4). Le mot traduit ici par ministres est le mot
grec DIAKONOS qui veut dire serviteurs. L’apôtre écrit encore : “Notre
capacité vient de Dieu. Il nous a aussi rendus capables d’être ministres
d’une nouvelle alliance” (2
Corinthiens 3 : 5 et 6). Ici encore le mot grec DIAKONOS est
traduit par ministres et veut dire serviteurs. En fait, l’Apôtre déclare que
lui-même et Timothée étaient des diacres (serviteurs) de Dieu et des diacres
(serviteurs) de la Nouvelle Alliance. Il en résulte que tous les véritables
anciens dans l’Eglise sont aussi des diacres ou serviteurs de Dieu, de la
vérité et de l’Eglise. Pourrait-i1 en être autrement s’ils s’ont reconnus
comme anciens ?
Nous
ne voulons pas laisser accréditer l’idée qu’il n’y aurait eu aucune
différence dans l’Eglise primitive à l’égard du service. Tout au contraire.
Ce que nous vouions faire ressortir c’est que, même les apôtres et les
prophètes, qui étaient anciens dans l’Eglise, étaient également diacres
c’est-à-dire serviteurs, ainsi que le Seigneur l’a exprimé : “Le
plus grand parmi vous sera votre Serviteur (DIAKONOS)” (Matthieu
23 : 11). Le caractère et la fidélité du serviteur doivent
déterminer du degré d’honneur et d’estime dans lequel chaque membre doit
[281]
être tenu au sein des Ecclésias de la Nouvelle Création. Il se trouvait
dans l’Eglise des serviteurs que leurs talents ne qualifiaient pas pour le
rôle d’anciens parce que moins aptes à enseigner ou insuffisamment
expérimentés. De même, en dehors des fonctions attribuées par l’Eglise, les
apôtres et les prophètes (enseignants), en diverses circonstances,
choisirent certaines personnes qui devinrent leurs serviteurs ou aides ou
encore diacres. Ainsi par exemple lorsque Paul et Barnabas œuvraient
ensemble ils eurent pendant un temps avec eux Jean Marc qui les servait, les
aidait. Lorsque Paul et Barnabas se séparèrent, Barnabas prit Jean avec lui
tandis que Paul et Silas prenaient Luc avec eux pour les servir, les aider.
Ces aides ne se considéraient pas comme les égaux des apôtres, ni comme des
égaux, en matières de service, de ceux possédant plus de talents et
d’expériences qu’eux. Ils se réjouissaient tout simplement du privilège
d’aider et de servir sous la direction de ceux en qui ils voyaient des
serviteurs de Dieu et de la vérité qualifiés et agréés Ils n’avaient pas
besoin d’être choisis par l’Eglise pour servir les apôtres. L’Eglise
choisissait ses serviteurs ou diacres et les apôtres choisissaient les
leurs. Il n’y avait là aucune contrainte. C’était une question d’option.
Jean et Luc envisagèrent sans doute qu’ils pouvaient mieux servir le
Seigneur de cette manière que d’aucune autre façon susceptible de se
présenter à eux. Ce fut donc de leur plein gré et sans la moindre réserve
qu’ils acceptèrent. Ils auraient pu refuser de la même façon s’ils avaient
cru pouvoir mieux faire en orientant leurs talents dans un sens différent.
Quoi
qu’il en soit, ce mot diacre s’applique, dans le Nouveau Testament, à
certains frères se rendant utiles au titre de serviteurs du Corps de Christ,
et honorés en conséquence, sans être aussi bien qualifiés que d’autres pour
devenir anciens. Cependant leur choix en vue d’un service spécial dans
l’Eglise implique à leur endroit la droiture dans le caractère la fidélité à
la vérité, le zèle pour le service du Seigneur et de son troupeau. Dans
l’église primitive, lorsqu’on procédait à la distribution
[282]
de nourriture, etc... aux pauvres du troupeau, tout au début, les apôtres
eux-mêmes s’en occupaient. Par la suite, lorsqu’il s’éleva des réclamations
prétendant que certains étaient négligés, les apôtres soumirent la question
à l’ensemble des croyants c’est-à-dire à l’Eglise. Ils dirent: Choisissez
parmi vous des hommes susceptibles de bien s’acquitter de cette tâche tandis
que nous continuerons à donner notre temps, nos connaissances et nos talents
au ministère de la Parole. —
Actes 6 : 2 à 5 .
On se
rappellera que sept serviteurs ou diacres furent alors choisis. Parmi eux se
trouvait Etienne qui devint plus tard le premier martyr, le premier à avoir
l’honneur de suivre les traces du Maître jusque dans la mort. Le fait, pour
Etienne, d’avoir été choisi par l’Eglise pour être un diacre, ne l’empêchait
en aucune manière d’annoncer la Parole de quelque manière que ce soit et
selon les occasions qui lui on étaient offertes. On peut se rendre compte de
la parfaite liberté qui existait dans l’Eglise primitive. L’ensemble de la
communauté chrétienne, reconnaissant les compétences de ses membres, pouvait
leur demander d’assurer un service précis. Mais tant la requête que
l’acceptation ne constituaient en aucun sens un esclavage et n’empêchait
personne d’œuvrer dans une autre voie comme l’occasion s’en présentait. Le
diacre Etienne, fidèle dans le service des tables et dans les règlements des
paiements pour le compte de la communauté, etc... fut béni du Seigneur qui
lui donna des occasions de montrer son zèle et ses capacités à prêcher
l’Evangile d’une façon plus démonstrative. Sa carrière administra la preuve
que le Seigneur le reconnaissait comme un ancien dans l’Eglise avant que les
frères ne s’en fussent rendus compte. Il n’est pas douteux que s’il avait
vécu davantage, les frères auraient également reconnu en lui les
qualifications d’un ancien capable d’exposer la vérité et l’auraient admis
comme tel.
Ce
que nous voulons faire ressortir c’est la liberté complète de chacun de
faire valoir ses talents comme il s’en sent capable, comme Evangéliste,
par désignation
[283]
directe de l’Ecclésia de la Nouvelle Création ou non. (Etienne, cependant,
n’aurait pu enseigner dans l’Eglise sans avoir été choisi par l’Eglise dans
cette intention). Cette liberté absolue de la conscience individuelle et des
dons personnels, l’absence de tout lien ou de toute autorité restrictive,
est l’un des signes distinctifs qui caractérisaient l’Eglise primitive et
que nous ferions bien d’imiter dans son esprit et dans sa manière
d’expression. Si l’Eglise a besoin d’anciens qualifiés et compétents pour
enseigner, d’évangélistes pour prêcher, elle a aussi besoin de diacres pour
assurer des services d’un ordre différent comme huissiers introducteurs,
trésoriers ou tout autre. Ce sont des serviteurs de Dieu et de l’Eglise
honorés en conséquence. Les anciens sont également des serviteurs dont le
service se place sur un plan plus élevé, celui de la parole et de la
doctrine.
DOCTEURS DANS L’EGLISE
Comme
nous venons de le voir, l’aptitude à enseigner est la qualification
nécessaire à tout ancien dans l’Eglise. Nous pourrions multiplier les
citations tirées des Ecritures pour établir que saint Paul se considérait
non seulement comme un Apôtre, comme un ancien et serviteur,
mais encore comme un docteur, un professeur qui enseigne “non avec
des discours qu’enseigne la sagesse humaine mais avec ceux qu’enseigne
l’Esprit” (1
Corinthiens 2 : 13). Il n’enseignait ni les langues, ni les
mathématiques, ni l’astronomie ni aucune autre science sinon celle qui se
rapporte à l’Evangile, à la bonne nouvelle du Seigneur. Tel est le sens du
texte que nous venons de citer et il est bon que les enfants de Dieu s’en
tiennent strictement à cela. Non seulement ceux qui enseignent et prêchent
la Parole, mais encore ceux qui écoutent, doivent ne pas perdre de vue que
ce n’est pas la sagesse de l’homme qu’il faut mettre en avant mais la
sagesse divine. Ainsi l’apôtre exhorte Timothée et lui
[284]
dit: “Prêche la parole” (2
Timothée 4 : 2). “Déclare ces choses et enseigne-les” (1
Timothée 4 : 11). “Enseigne ces choses et recommande-les”
(1
Timothée 6 : 2). Allant même plus loin, l’apôtre précise que
dans l’Eglise, non seulement les anciens mais tout le monde, doit faire en
sorte que ceux qui enseignent des doctrines fausses, des philosophies, une
“ fausse science” ne soient pas reconnus ni autorisés à enseigner
l’Eglise. Il fixe constamment que, “si quelqu’un enseigne
autrement”, etc... il convient de s’en écarter ; autrement
dit, de ne pas donner son appui à ce qui serait un Evangile différent de
celui qui a d’abord été reçu, “qui vous a été annoncé par ceux qui
vous ont prêché l’Evangile par le Saint Esprit envoyé du ciel”. —
1 Timothée 6 : 3 à 5 —
Galates 1 : 8.
Il
s’en trouve qui sont capables d’enseigner, capables d’exposer, en clair, le
plan divin dans le privé, mais qui n’ont aucun don pour parler en public,
pour “prophétiser”. Il ne faut pas décourager ceux qui ne peuvent
parler pour le Seigneur et pour sa cause que dans la conversation. Bien au
contraire, il faut les inciter à profiter de toutes les occasions qui
s’offrent à eux de s’adresser à ceux qui ont une oreille pour entendre et
leur annoncer les vertus de notre Seigneur et Roi. Ici encore il convient de
distinguer entre “enseigner et annoncer (prêcher)”(Actes
15 : 35). Prêcher c’est parler on public. L’enseignement se
distribue généralement sur un plan d’ordre plus restreint — dans un groupe
d’études bibliques ou dans une conversation particulière. Les meilleurs
prédicateurs, orateurs publics ou “prophètes” ont reconnu que
leur œuvre auprès du public se trouvait mieux mise au point lorsqu’elle
était complétée par des exposés moins académiques, devant des auditoires
moins nombreux où l’on pouvait expliquer les choses profondes de Dieu d’une
manière plus intime.
Le
don de l’évangélisation, savoir secouer les cœurs et l’es esprits des hommes
pour les inciter à rechercher la vérité, est un don particulier que tous ne
possèdent pas
[285]
aujourd’hui pas plus qu’au temps de l’Eglise primitive. Bien plus, les
conditions de vie très différentes ont plus ou moins modifié le caractère de
cette activité. De nos jours et comme conséquence d’une instruction plus
répandue, le travail d’évangélisation peut largement se faire par la page
imprimée. Nombreux sont ceux qui, actuellement, se trouvent engagés dans
cette œuvre, distribuant des tracts, en colportant les publications de
l’AURORE DU MILLENIUM. Le fait que ces évangélistes travaillent suivant les
méthodes de leur époque plutôt que d’après les méthodes du passé, ne dessert
pas plus ce genre d’activité que les voyages rapides, grâce à la vapeur et à
l’électricité, plutôt que d’aller à pied ou à dos de chameaux.
L’évangélisation consiste avant tout à présenter la vérité — le divin plan
des âges — la Parole de Dieu — la “bonne nouvelle de grande joie”. A
notre jugement toute œuvre d’évangélisation ne vaut que par cela. Il y en a
beaucoup qui possèdent le talent, les qualifications nécessaires pour
s’engager dans ce service et qui ne sont pas aptes à assurer d’autres
services que celui-là. De nombreux moissonneurs ne sont pas encore allés
dans la vigne, pour qui nous prions constamment, en sorte que le Seigneur de
la moisson les y envoie — leur donne d’entrevoir les privilèges et les
occasions de s’engager dans le ministère de l’évangélisation.
Lorsque l’évangéliste Philippe eut fait ce qu’il pouvait pour les gens de
Samarie, Pierre et Jean leur furent envoyés (Actes
8 : 14). Ainsi en va-t-il pour nos colporteurs évangélistes.
Après avoir éveillé l’esprit de leurs auditeurs ils peuvent attirer leur
attention sur les ETUDES DES ECRITURES par lesquelles ils peuvent apprendre
d’avantage sur les voies da Seigneur. De même que Pierre et Paul, Jacques et
Jean, messagers et représentants du Seigneur adressèrent des épîtres à la
maison de la foi, conduisant, conseillant et encourageant le troupeau, ainsi
la littérature de la vérité visite les amis individuellement collectivement
et régulièrement. Elle cherche à affirmer leur foi, à former et à
cristalliser leurs caractères dans la voie du Seigneur et de ses apôtres.
[286]
BEAUCOUP DEVRAIENT POUVOIR
ENSEIGNER
L’apôtre a fait à certains la remarque suivante “Vous en
effet, qui depuis longtemps (depuis que vous avez connu la vérité)
devriez être des maîtres (comme conséquence d’un manque de zèle pour le
Seigneur et d’un certain esprit de mondanité) vous avez encore besoin
qu’on vous enseigne les premiers rudiments des oracles de Dieu” (Hébreux
5 : 12). Cette déclaration implique que, en général, l’Eglise
tout entière, le sacerdoce dans son ensemble, les membres de la Nouvelle
Création, devraient être familiarisés avec la Parole de leur Père au point
d’être “toujours prêts à répondre à quiconque demande
raison de l’espérance qui est en eux” (1
Pierre 3 : 15). Nous constatons une fois de plus que, du point
de vue de l’Ecriture, l’enseignement n’est pas réservé à un clergé, que tout
membre de la Nouvelle Création est un membre du Sacerdoce Royal, donc “oint
pour annoncer” et partant valablement autorisé à faire connaître la
bonne nouvelle à ceux qui ont une oreille pour entendre — chacun de la
manière dont il se sent capable, avec exactitude et clarté. Mais ici
intervient une autre déclaration particulière faite par un autre apôtre.
“QU’IL N’Y AIT PAS PARMI VOUS UN
GRAND NOMBRE DE PERSONNES QUI SE METTENT A ENSEIGNER”
Jacques 3
Que
veut dire ceci? L’apôtre lui-même répond: “Car vous savez que nous
serons jugés plus sévèrement” —les tentations et les
responsabilités augmentent proportionnellement à mesure qu’on se signale,
qu’on devient remarquable dans le Corps de Christ. L’apôtre ne veut pas dire
qu’il ne faut “pas que personne enseigne”, mais que celui qui croit posséder
le don d’enseigner se souvienne que c’est une responsabilité “de s’avancer
comme porte parole de Dieu” — de s’assurer que rien ne soit dit qui puisse
prêter à équivoque sur le caractère et le plan divins, ce qui déshonorerait
Dieu d’une part tout en causant un certain dommage à ceux qui écouteraient
d’autre part.
Ce
serait un bien pour l’Eglise si tous reconnaissaient l’excellence de ce
conseil et obéissaient à cette sagesse d’en haut. Il y aurait sans doute
beaucoup moins d’enseignement qu’il ne s’en distribue maintenant mais
l’effet produit tant sur ceux qui enseignent que sur ceux qui écoutent
tendrait non seulement à plus de respect pour le Seigneur et la Vérité de sa
Parole mais à plus de libération quant aux erreurs ambiguës. Dans le mène
ordre d’idées, les paroles de notre Maître donnent à entendre que certains
dont les enseignements n’auront pas été absolument conformes au plan divin
seront pourtant admis dans le Royaume, mais à une position inférieure à
celle qui aurait été la leur s’ils avaient été plus scrupuleux et n’avaient
enseigné rien d’autre que le message divin. Il dit.: “Celui
qui violera d’un de ces moindres commandements et enseignera ainsi aux
hommes, sera appelé le plus petit dans le Royaume des Cieux”. —
Matthieu 5 : 19 .
[287]
“VOUS N’AVEZ PAS BESOIN QU’ON VOUS
ENSEIGNE”
“Que
l’onction que vous avez reçue de lui demeure en vous. Vous n’avez pas besoin
que quelqu’un vous enseigne mais comme son onction vous enseigne toutes
choses et qu’elle est véritable et qu’elle n’est point un mensonge, demeurez
en lui selon les enseignements qu’elle vous a donnés”.
“Pour vous, vous avez reçu l’onction de la part de celui qui est saint et
vous connaissez toutes choses”.
—
1 Jean 2 : 27,20 .
[288]
Etant
donnés les nombreux textes des Ecritures qui encouragent l’Eglise à
apprendre, à croître on grâce et en connaissance, à s’édifier mutuellement
dans la très sainte foi, à espérer que le Seigneur suscite des apôtres, des
prophètes, des évangélistes, des docteurs, etc... cette déclaration de
l’apôtre Jacques parait étrange si elle n’est pas bien comprise. Pour
quelques-uns elle a été une pierre d’achoppement. Nous sommes persuadés
cependant que le Seigneur n’a pas permis que ceux dont des cœurs se
trouvaient dans la bonne condition fussent ébranlés par elle. La note
dominante de l’Ecriture tout au contraire — règle sur règle, précepte
sur précepte — ainsi d’ailleurs que les expériences de la vie, suffisent
amplement pour convaincre toute personne réfléchie qu’il existe quelque
chose de foncièrement mauvais dans la traduction de ce passage et dans les
idées qui en ont généralement été retirées. Ceux que ce texte a embarrassés
sont surtout les suffisants, ceux que l’amour-propre conduit à préférer que
le Seigneur les traite séparément, à part de tout le reste de la Nouvelle
Création. Or, ceci contredit formellement la pensée générale des Ecritures
pour lesquelles le Corps est un dont tous les membres sont tous réunis en un
seul et tirent leur subsistance et leur force par et en relation avec les
autres membres. Ce que le Seigneur veut c’est rendre ses enfants
interdépendant l’un de l’autre, de manière à prévenir tout schisme dans le
corps. C’est pour cette raison qu’il nous a exhortés, par son apôtre, à ne
pas négliger nos assemblées et à nous rappeler qu’il lui est
particulièrement agréable de rencontrer l’Ecclésia, le corps, dans n’importe
quel endroit, même si “deux ou trois seulement” se réunissent en son
nom.
En
examinant ce texte, nous trouvons que d’apôtre combat une erreur qui
s’implantait dans son temps, une erreur grossière qui, au nom de la vérité,
au nom du christianisme, sous le couvert d’être disciples de Christ, vidait
de son sens la révélation tout entière. Ce système d’erreur, dit-il, ne fait
pas parti de la véritable Eglise ni ne relève de ses doctrines. Au
contraire, c’est l’anti-christ qui est opposé à Christ tout on se prévalant
de son
[289] nom, mettant
ainsi à la voile sous un faux pavillon. Parlant d’eux, il explique : “ils
sont sortis du milieu de nous mais ils n’étaient pas des nôtres (soit
qu’ils n’aient jamais été de véritables chrétiens ou qu’ils aient cessé de
l’être) ; car s’ils eussent été des nôtres ils seraient demeurés avec
nous”. Il dévoile leur erreur, savoir que les prophéties se rapportant
au Messie étaient figuratives et ne devaient jamais trouver
d’accomplissement dans l’humanité. Une telle conception “était la négation”
de la déclaration de l’Evangile que le Fils de Dieu avait été fait chair,
avait été oint du Saint Esprit lors de son baptême, était devenu le Messie
et nous avait rachetés.
La
pensée de l’apôtre était la suivante: celui qui est devenu vraiment
chrétien, celui qui, à quelque degré que ce soit, a compris le plan divin
doit tout d’abord admettre qu’il est un pécheur au même titre que tous les
autres hommes et qu’il a besoin d’un Sauveur; ensuite, que Jésus, le Oint a
racheté tous les êtres humains par le sacrifice de sa propre vie. Vous
n’avez pas besoin dit l’apôtre, que personne ne vous enseigne cette
vérité de base. Vous n’auriez pu être chrétiens si vous aviez ignoré
cette vérité fondamentale de la religion chrétienne — que Christ est
mort “pour vos péchés selon les Ecritures et est ressuscité pour
votre justification — et de même pour notre justification, pour notre
sanctification qui en est la conséquence, pour notre espérance de la gloire,
tout cela dépendant du fait et de la valeur du sacrifice de Christ en notre
faveur. Il explique qu’on aurait pu, avant que le Fils ne fut manifesté, se
confier et croire au Père sans croire au Fils, mais que maintenant
celui qui nie le Fils de Dieu nie également le Père et que personne ne peut
confesser le Fils de Dieu sans confesser en même temps le Père lui-même et
son dessein, lequel gravite autour du Fils qui en est l’agent exécutif.
Nous,
de même, aujourd’hui, pouvons voir exactement ce que l’apôtre a voulu dire.
Celui qui a été engendré du Saint Esprit doit d’abord avoir cru au Seigneur
Jésus
[290] qui était
l’Unique Engendré du Père ; qu’il fut fait chair qu’il était saint, innocent
et séparé des pécheurs ; qu’il se donna lui-même pour notre rançon ; que son
sacrifice fut agrée du Père ainsi qu’en témoigne sa résurrection comme Roi
de gloire et Sauveur. Sans cette foi là, personne ne pourrait recevoir le
Saint Esprit, l’onction. C’est pourquoi quiconque a reçu l’onction n’a pas
besoin qu’on perde son temps à discuter de la question de savoir si Jésus
était ou n’était pas le Fils de Dieu, s’il fut ou non le Rédempteur, s’il a
été ou non le Messie Oint qui accomplira au temps marqué par Dieu les
grandes promesses des Ecritures. Si la même onction que nous avons reçue
demeure on nous, elle nous confirmera la vérité de ces choses . “Demeurez
en lui selon les enseignements qu’elle vous a donnés”. Quiconque ne
demeure pas on lui tout comme le sarment d’une vigne — se desséchera
certainement. Mais celui qui lui reste attaché demeure également dans son
esprit et ne peut le renier.
“Quant
à vous, vous avez une onction venant de celui qui est Saint, et vous le
savez tous”
(version de Stapfer et
Diaglott). Au cours de la Dispensation juive le Saint Esprit fut représenté
par une huile sainte versée sur la tête du Souverain Sacrificateur et se
répandant sur le reste de sa personne. De même celui qui appartient
au Corps de Christ est sous l’onction, sous l’influence de l’Esprit, et là
où est l’Esprit du Seigneur il y a douceur, onctuosité, lubrification. Sa
tendance générale va dans te sens de la paix avec tout autant que cela est
possible et autant que le permet la fidélité à la justice. Il s’oppose à la
friction à la colère, à la malice, à la haine, à l’animosité. Ceux qui se
trouvent sous son influence se réjouissent d’être enseignés de l’Eternel, et
loin de se quereller à propos de son plan et de sa révélation, ils les
acceptent promptement et trouvent ainsi l’onctuosité promise, la douceur, la
paix, la joie, la sainteté de l’entendement.
Ceux
qui ont reçu l’Esprit de Dieu à cet égard et ont éprouvé la paix, la joie et
la tranquillité du cœur, savent que ces faveurs proviennent du fait que le
Seigneur
[291]
intervient en ce qui les concerne depuis qu’ils ont cru on Jésus et l’ont
accepté comme l’Oint du Seigneur. Cette onction constitue donc une preuve,
non pas seulement pour soi, mais surtout pour les autres, qu’on appartient
au Corps de Christ. Par contre, ceux qui n’éprouvent pas cette paix et cette
joie intérieures mais dont le cœur est plein de malice, d’animosité, de
haine, et se complaît dans la bisbille, la dispute, les démêlés, ne
connaissent pas cette manifestation de l’onction, la douceur qui accompagne
l’Esprit d’En-haut. A la vérité nous ne nous ressemblons pas tous, et cette
douceur peut dans les affaires courantes de la vie ne pas s’extérioriser
aussi vite chez les uns que chez d’autres. Très vite, dans l’expérience
chrétienne, cette douceur se traduira dans le cœur, démontrant ainsi que
nous avons été avec Jésus, que nous avons appris de lui et que nous
partageons son Esprit. Elle ne tardera pas ensuite à être remarquée par les
autres dans la vie quotidienne.
Comme
nous le voyons, rien dans les Ecritures ne contrarie la teneur générale de
la Parole de Dieu relativement à la nécessité des explicateurs dans le sens
d’apprendre la pensée de Dieu par leur intermédiaire. Non pas que nous
prétendions que Dieu a besoin des explicateurs et ne pourrait pas
instruire édifier les membres de la Nouvelle Création par quelque autre
moyen, mais parce que sa Parole déclare que tel est le moyen qu’il a
choisi, SA méthode pour instruire l’Eglise, le Corps de Christ, en sorte
qu’il n’y ait pas de différend dans le corps, chacun apprenant à
sympathiser, à collaborer, à aider l’autre.
Déjà
nous avons considéré que ces docteurs ou explicateurs ne doivent pas être
tenus pour infaillibles mais que ce qu’ils disent doit au contraire, être
pesé, comparé aux normes divines — à ce qu’ont dit de Seigneur et les
apôtres, les saints prophètes des âges passés qui ont parlé et écrit poussés
par l’esprit saint et dans notre intérêt à nous qui sommes parvenus à la fin
des temps. Nous en arrivons maintenant à la déclaration de l’apôtre
[292]
“Que celui à qui l’on
enseigne la Parole fasse participer celui qui enseigne en toutes bonnes
choses”
Galates 6 : 6 .
“CELUI A QUI L’ON ENSEIGNE ” ET
“ CELUI QUI ENSEIGNE”
Le
texte comme tous les autres se rapportant au même sujet, montre que Dieu
veut que l’instruction de ses enfants se fasse l’un par l’autre et que le
plus humble de son troupeau doit penser par lui-même de manière à développer
une foi individuelle aussi bien qu’un caractère personnel. Hélas! que ce
point important est généralement perdu de vue parmi ceux qui se réclament de
Christ! il est vrai que ce texte reconnaît l’existence d’un maître et des
élèves. Mais les élèves doivent se sentir libres de faire participer, de
faire connaître à celui qui les enseigne tout ce qui peut venir à leur
connaissance se rapportant au sujet en discussion, non pas pour se
substituer à celui qui enseigne mais tel un scrutateur intelligent envers
son frère également scrutateur mais plus ancien que lui. Les élèves ne
doivent pas être des machines, ils ne doivent pas avoir peur de faire
participer...; mais en posant des questions, en attirant l’attention
sur ce qui pourrait paraître être une application contestable de l’Ecriture
ou quoi encore..., ils contribuent pour leur part à maintenir le Corps de
Christ et ses enseignements dans la ligne de l’exactitude. Ils doivent être
des critiques. Au lieu de décourager les membres à agir dans ce sens, au
lieu de leur dire qu’ils ne doivent pas faire d’observations à celui qui
enseigne ni raisonner ses exposés, ils sont au contraire invités à user de
l’esprit critique, et à questionner.
Il ne
faut pas s’imaginer pourtant que le Seigneur souhaite voir se développer un
esprit de critique, une disposition à contester ou à trouver constamment à
redire. Un tel état d’esprit est non seulement contraire à l’Esprit
[293]
Saint mais il peut devenir très dangereux. Celui qui, dans un esprit de
contradiction, propose un cas hypothétique ou supposé qu’il ne croit pas
être vrai, tout simplement dans d’intention d’embarrasser celui à qui il
s’adresse ou même dans le seul but de créer un climat de controverse, etc...
travaille contre lui-même en même temps qu’il fait tort aux autres.
L’honnêteté vis à vis de tout ce qui est vrai est une condition essentielle
au progrès. Objecter à ce que l’on croit être vrai ou même soutenir pour un
temps ce que l’on croit être une erreur, “par plaisanterie” ou
pour tout autre raison, offense sûrement le Seigneur et attire quelque juste
rétribution. Combien s’en est-il trouvé qui se sont mis à “parler avec
sous-entendus” contre ce qu’ils croyaient pourtant être la Vérité et qui se
sont trouvés, embarrassés, entraînés, aveuglés pendant tout le temps qu’a
duré leur conduite équivoque! Après le Seigneur, la vérité est le bien le
plus précieux qui soit au monde. Il ne faut pas ruser avec elle. Il ne faut
pas jouer avec elle. Toute négligence dans ce domaine entraîne toujours
quelque dommage. — Voir
2 Thessaloniciens 2 : 10 et 11 .
Il
est bon de remarquer que l’expression “faire participer” peut revêtir
un sens très large et ne pas concerner seulement la participation dans les
idées, les sentiments, etc... On peut la comprendre aussi dans le sens que
celui qui est enseigné et reçoit des bienfaits spirituels peut participer
d’une manière ou d’une autre au soutien de ceux qui enseignent, en donnant
au Seigneur, aux frères, à la vérité, une partie des fruits de son travail
et de ses dons. Telle est la nature même de la sainte disposition de la
Nouvelle Création. On apprend très tôt dans l’expérience chrétienne la
signification des paroles du Maître: “Il y a plus de bonheur à donner
qu’à recevoir”. Pour cette raison tous ceux qui sont animés de cet
esprit sont heureux de donner de leurs biens matériels au service de la
vérité dans la proportion où ils reçoivent les bénédictions spirituelles.
Comment donner et avec quelle sagesse, c’est ce que nous envisagerons plus
tard dans un autre chapitre.
[294]
LA FEMME DANS L’EGLISE
Il
serait peut être plus opportun d’examiner ce sujet après avoir discuté de la
relation générale de l’homme et de la femme dans l’ordre que Dieu a voulu.
Pourtant du point de vue qui nous intéresse actuellement, il est ici à sa
place. Ce que nous en dirons par la suite corroborera, croyons-nous, ce que
nous en disons maintenant.
Rien
n’est plus clair que, dans le choix de son Ecclésia pour la Nouvelle
Création, le Seigneur ignore les sexes. Hommes et femmes sont baptisés et
deviennent membres du “seul Corps” dont Jésus est la Tête. Les uns et
les autres sont donc également susceptibles d’avoir part à la Première
Résurrection, à Sa gloire, à son honneur et à son immortalité sous la
condition générale “Si nous souffrons avec lui nous régnerons aussi avec
lui”. Le Seigneur et les apôtres n’ont pas eu des termes spéciaux pour
parler de l’un ou de l’autre. C’est pourquoi toute limitation à l’égard de
la femme, pour ce qui concerne le caractère et l’œuvre d’extension du
service de d’Evangile, doit se comprendre comme se rapportant simplement au
temps présent, tandis que nous sommes encore dans la chair, sans y voir ni
supposer une préférence divine pour les hommes. Nous allons essayer de
montrer que les distinctions entre les sexes se trouvent plutôt dans la
ligne du symbolisme ou de la typologie. L’homme représente, symbolise,
Jésus-Christ le Chef de l’Eglise, tandis que la femme figure l’Eglise,
l’Epouse, soumise au chef que Dieu lui a donné.
L’amour de notre Seigneur pour sa mère, pour Marthe et Marie et autres
“saintes femmes qui le servirent”, ressort à l’évidence des
récits évangéliques indépendamment de l’affirmation que Jésus les “aimait” (Jean
11 : 5). Cependant lorsqu’il choisit ses douze apôtres et plus
tard les “soixante-dix”, il ne choisit aucune femme. On ne
peut croire qu’il fut là question d’un oubli, car, tout au long des seize
siècles précédents, les femmes appartenant
[295]
à la tribu de Lévi, furent toujours tenues à l’écart de toute fonction
publique. On ne peut pas non plus expliquer la chose en supposant que les
femmes se trouvant au nombre des amis de notre Seigneur n’étaient pas
suffisamment instruites puisque ceux qui furent choisis étaient connus pour
des “hommes du peuple sans instruction”. Force nous est donc
de conclure que, dans la pensée divine, seuls parmi les “frères” les hommes
devaient être choisis pour être les serviteurs publics spéciaux et les
ambassadeurs de l’Evangile. Ici nous remarquerons que l’arrangement divin
est à d’inverse de la méthode suivie par le Grand Adversaire qui, tout en
étant prêt à se servir de l’un ou l’autre sexe pour perpétrer son œuvre, a
toujours trouvé dans la femme son représentant le plus efficace.
La
première femme fut le premier instrument dont se servit Satan: un instrument
de réussite en vérité puisqu’il perdit le premier homme et plongea toute la
race dans le péché et la mort. Les sorcières du passé, les médiums spirites,
la “science chrétienne” de notre époque sont autant de
confirmations que l’œuvre de Satan se traduit dans les faits par les femmes
presque autant que l’œuvre de Dieu fait intervenir des hommes. De plus la
méthode divine va à l’encontre de la tendance naturelle qu’ont les hommes à
estimer particulièrement les femmes dans les questions religieuses accordant
volontiers au beau sexe plus de pureté, de spiritualité, de communion avec
Dieu. Cette tendance se signale tant dans les annales du passé que dans
celles du présent. En Egypte, c’était la déesse Isis. Il y avait également
la déesse assyrienne Astarté, la déesse grecque Diane et Junon et Vénus et
Bellone sans compter la Mariolâtrie qui, depuis des siècles et encore
maintenant compte énormément pour plus des deux tiers de ceux qui se
réclament de Christ en dépit de la plus expresse démonstration que c’est
l’homme qui doit parler et représenter le Seigneur dans son Eglise.
[296]
En
dehors de cette signification symbolique, la Paroles de Dieu n’apporte
aucune autre raison de distinguer entre les sexes et nos suppositions à ce
sujet peuvent être ou ne pas être correctes. D’après nous cependant certains
types de femmes parmi les plus nobles présentent quelques tendances du cœur
et de l’esprit qui ne les désignent pas pour tenir des services religieux
publics. Par exemple, par nature, et fort heureusement, la femme est animée
du désir de plaire, d’être l’objet d’approbation et de félicitations. Cette
qualité est d’un prix inestimable à la maison. C’est à elle qu’on doit une
table appétissante et une maison agréable à habiter toute différente des
chambres des vieilles bonnes ou des vieux célibataires. La vraie femme est
heureuse de s’occuper à rendre sa famille heureuse. Elle est heureuse quand
les siens apprécient ses efforts culinaires et autres et le lui disent. Il
est bien certain qu’il ne faut jamais ni contester les louanges qu’elle
mérite et qui lui sont dues, que sa nature demande et qui sont
indispensables à sa santé et à son épanouissement.
Mais
si la femme quitte sa sphère — déjà si vaste et si importante par elle-même
que le poète a eu raison de dire “La main qui tient le berceau est
celle qui gouverne le monde” — si elle affronte le public au titre de
conférencier, professeur ou écrivain, elle se place dans une situation
critique. En effet, certaines particularités de son sexe — nous en avons
déjà mentionné une — qui tendent à faire d’elle une vraie femme, attirante
pour de vrais hommes, concourraient, dans des conditions contraires a la
nature, à altérer sa féminité en lui donnant des allures masculines. La
nature a imposé aux sexes leurs mesures et leurs limites, non seulement dans
les contours physiques et la chevelure, mais aussi dans les qualités du cœur
et de la tête, adaptant l’un à l’autre avec un tel bonheur que si l’on
ignorait ses lois, on irait finalement à l’encontre de son propre avantage,
quelque bénéfiques que les changements puissent apparaître pour un temps.
[297]
Le
désir de Louanges que la nature a si généreusement accordé à la femme et
qui, bien exercé, lui est si utile dans la tenue du foyer et de la famille,
lui devient presque à coup sûr un piège si elle vient à se trouver devant un
public, dont elle recherchera l’approbation, soit de l’Eglise, soit du
monde. Vouloir briller, vouloir paraître plus sage ou plus capable que
d’autres, est le danger qui guette tous ceux qui affrontent un public. Il
n’est pas douteux que ce sentiment ait fait trébucher des hommes qui,
s’enorgueillissant, sont tombés dans le piège que leur tendait l’Adversaire.
Or, le fond de caractère de la femme la rend particulièrement vulnérable sur
ce chapitre. Dans son désir de paraître, non seulement elle tomberait
elle-même mais elle en ferait tomber d’autres. En s’écartant de la droite
ligne, l’Adversaire apporterait nécessairement une huile falsifiée dont la
fausse lumière pourrait conduire à l’écart du chemin du Seigneur. Ainsi
l’avertissement de l’apôtre: “Mes frères, qu’il n’y ait pas parmi vous un
grand nombre de personnes qui se mettent à enseigner, car vous savez que
nous serons jugés plus sévèrement” (Jacques
3 : 1) aurait d’autant plus sa raison d’être s’il s’adressait à
des sœurs. A la vérité le danger serait si réel qu’aucun élément féminin n’a
été établi en vue de l’instruction des autres et que l’apôtre a écrit :
“Je ne permet pas à la femme d’enseigner, ni de prendre de l’autorité sur
l’homme ; mais elle doit demeurer dans le silence”. —
1 Timothée 2 : 11, 12
Cette
déclaration péremptoire et précise ne peut cependant pas vouloir dire que
les sœurs de la Nouvelle Création ne peuvent jamais apporter de bénédiction
en racontant les vérités bibliques. Le même apôtre parle dans les meilleurs
termes de saintes femmes de son époque qui aident dans le ministère.
Il parle par exemple de Priscille et de son mari comme “compagnons d’œuvre”
ou co-ouvriers” (Romains
16 : 3). C’est plus que simplement pourvoir aux besoins de
l’apôtre en le recevant dans leur maison. Ils l’aidaient dans son travail,
non seulement pour faire des tentes mais surtout dans l’œuvre principale du
ministère de l’Evangile. Plus loin (verset
6) il mentionne les services de Marie “qui a pris
beaucoup de peine pour nous”. Sans doute n’était-elle pas une
[298]
compagne d’œuvre. Les services qu’elle rendit à l’apôtre et qu’il se plaît
à reconnaître étaient des services d’ordre personnel — laver son linge peut
être ou raccommoder ses vêtements. Le service de Priscille, au contraire,
est du même ordre que celui d’Urbain (verset
9). Le fait que le nom d’Aquilas vient après celui de sa femme
tendrait à établir que, des deux, la femme était la plus active.
Tryphène et Tryphoise (verset
12) qui “travaillent pour le Seigneur” étaient
deux autres sœurs dont les noms sont parvenus jusqu’à nous.
Toute
interprétation des paroles de l’apôtre qui aboutirait à contester aux sœurs
l’occasion de “travailler pour le Seigneur” ne
serait pas exacte. C’est dans les rassemblements de l’Eglise (deux ou trois
ou plus) en vue d’un culte de louange et d’édification mutuelle que les
sœurs doivent s’effacer et ne pas essayer de prendre la direction ou se
mettre à enseigner. C’est cela qui constituerait une usurpation de
l’autorité sur l’homme, sur qui, tant par la loi de nature que par le
commandement, le Seigneur a placé la responsabilité de l’orientation des
différents ministères, sans doute pour de bonnes raisons, que nous les
admettions ou non.
Les
restrictions qu’apporte l’apôtre concernent de toute évidence les réunions
du genre de celles décrites en
1 Corinthiens 14. Les sœurs assistaient à ces réunions et
avaient part aux bénédictions qu’on en retire. Elles s’unissaient aux chants
et cantiques spirituels ainsi qu’aux prières faîtes par l’un ou l’autre.
L’apôtre voulait avant tout inculquer la nécessité d’introduire un certain
ordre dans les rassemblements en sorte qu’ils soient profitables pour tous
au maximum. Il insiste pour que pas plus qu’un ne parle ou prophétise à la
fois et que tous les autres écoutent ; et même que dans une assemblée pas
plus que deux ou trois ne parlent de manière qu’il n’y a pais trop d’idées
émises au cours d’une même réunion. De même celui qui parlait en langue
étrangère devait attendre que quelqu’autre fût à même de l’interpréter.
[299]
Les
femmes ne devaient pas parler dans les réunions de ce genre. Mais, à la
maison, en dehors des lieux de rassemblements, elles pouvaient “interroger
leurs maris”. Elles pouvaient exposer leurs conceptions ou poser des
questions par l’intermédiaire des frères (hommes) qu’elles connaissaient le
mieux leurs maris, si possible, ou les frères avec qui elles conversaient
sur le chemin du retour du lieu de réunion à la maison, etc... A la
maison ici, veut dire au sein de la famille ou entre amis La
pensée qui se dégage paraît donc être la suivante: Que les femmes posent
leurs questions par les hommes de leurs connaissances. L’apôtre précise :
“Il ne leur est pas permis d’y parler ; mais qu’elles soient
soumises selon que le dit aussi la loi”. —
1 Corinthiens 14 : 34 à 36 .
De
toute évidence il se trouvait dans l’Eglise de Corinthe des partisans de
l’idée des “droits de la femme”prétextant que,
dans l’Eglise, les deux sexes avaient des droits identiques. Non seulement
l’apôtre réfute cette idée mais il réprimande leur audace tendant à
introduire des habitudes non admises dans les autres communautés du peuple
de Dieu. Il dit : “Est-ce de chez vous que la parole (message) de
Dieu est sorti ? Ou est-ce A vous seuls qu’elle est parvenue
(venant d’ailleurs) ? Si quelqu’un croit être prophète ou inspiré, qu’il
reconnaisse que ce que je vous écris est un commandement du Seigneur”
— et non pas l’expression de mon opinion personnelle ou de mon propre
caprice. Nous donc aussi, tout comme les Corinthiens, pouvons avoir notre
propre jugement sur cette question, mais avons à nous soumettre à ce que dit
l’apôtre comme étant le commandement du Seigneur. Et que si quelqu’un
conteste le bien fondé de l’apôtre à ce propos qu’il soit conséquent avec
lui-même et rejette l’apôtre totalement.
Il
est bon, ici, d’attirer l’attention sur les paroles de l’Apôtre lorsqu’il
parle des dons accordés par le Seigneur à l’Eglise à la Pentecôte. Il dit :
“Et il a donné les uns comme apôtres, les autres comme
prophètes, les autres
[300]
comme évangélistes, les
autres comme pasteurs et docteurs, pour le perfectionnement des saints en
vue de l’œuvre du ministère et de l’édification du Corps de Christ”
(Ephésiens
4 : 11 et 12). Dans le grec, l’article indique le genre :
masculin, féminin ou neutre. Ce texte est donc excellent pour décider dans
quel sens particulier le Seigneur a, par le Saint Esprit, déterminé le genre
des serviteurs actifs donnés à son Eglise. Que remarque-t-on dans le texte
ci-dessus et quel genre marque le texte grec ? La réponse est que l’article
tous (pluriel, accus, masculin) se trouve devant les mots
apôtres, prophètes, évangélistes, pasteurs et qu’il n’y a pas d’article
devant le mot docteurs qui, selon toute apparence concerne les “aides”
(1
Corinthiens 12 : 28 - D) ou que l’on peut encore comprendre
comme se rapportant à des apôtres-hommes, prophètes-hommes,
évangélistes-hommes, pasteurs-hommes, tous étant docteurs.
Remarquons cependant que le fait, pour une sœur, d’attirer l’attention de
l’assemblée sur ce qu’ont dit le Seigneur ou les apôtres à propos d’un sujet
en discussion et sans exposer ses idées personnelles, ne peut être considéré
comme un acte d’enseignement, ni une prise d’autorité sur l’homme. Elle ne
fait, en ce cas, que rappeler les paroles d’instructeurs reconnus et
autorisés. De même, pour une sœur, le fait de se référer ou de lire à
d’autres, tel livre ou tel autre de nos publications sur les Ecritures, ne
peut être assimilé à un enseignement provenant d’elle-même mais plutôt de
l’auteur du livre considéré. Comme on peut le voir la méthode suivie par te
Seigneur sauvegarde son troupeau en même temps quelle pourvoie amplement à
ses besoins.
Il
est possible que tous obéissent au commandement divin mais, très
certainement, personne n’en saisira la portée s’il ne réalise que, dans le
mode d’expression biblique, la femme représente l’Eglise, et l’homme
représente le Seigneur, le Chef ou Maître de l’Eglise (Voir
Ephésiens 5 : 23 —
1 Corinthiens 11 : 3). Comme l’Eglise ne doit pas essayer
d’instruire le Seigneur, la femme, qui
[301]
figure l’Eglise, ne doit pas assumer le rôle d’instructrice vis à vis de
l’homme qui, lui, représente le Seigneur. Cette idée, une fois acquise,
aucune sœur ne doit se sentir diminuée et aucun frère ne doit se rengorger.
Tous auront plutôt à la pensée que le Seigneur est l’unique docteur, que les
frères doivent se garder d’exprimer une sagesse de leur cru mais simplement
présenter aux autres ce que le Maître donne comme vérité. Appliquons ainsi
ce passage de l’Ecriture (1
Timothée 2 : 11, 12) au Seigneur et à l’Eglise : “Que
l’Eglise écoute l’instruction en silence, avec une entière soumission. Je ne
permets pas à une église d’enseigner ni de prendre de l’autorité sur Christ
mais elle doit demeurer dans le silence”.
“QU’ELLE SOIT COUVERTE”
Déjà
nous avons indiqué (1) que le Souverain Sacrificateur représentant Christ,
le Souverain Sacrificateur de notre profession, — revêtu de ses vêtements
sacerdotaux, avait seul le droit d’aller la tête découverte. Les autres
sacrificateurs figurant l’Eglise, le “Sacerdoce Royal”
devaient avoir la tête couverte par des “bonnets” Ce type
enseigne exactement ce que nous venons de voir. Dans les assemblées de la
Nouvelle Création, le Seigneur, le Souverain Sacrificateur antitypique, est
représenté par les frères, tandis que l’Eglise ou Sacerdoce Royal est
représentée par les sœurs lesquelles, comme le précise l’apôtre, doivent de
même porter une coiffure. La signification est la même et marque le service
de l’Eglise à son Seigneur. C’est ce que détaille l’apôtre en
1 Corinthiens 11 : 3 à 7,10 à 15 .
On a
prétendu que, puisque l’apôtre présente la longue chevelure de la femme
comme une coiffure que lui aurait donnée la nature cela n’allait pas plus
loin. Or, le
verset 6 pose un principe contraire. L’apôtre a voulu exprimer
que, non seulement les femmes devraient laisser croître leur
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chevelure comme la nature l’a voulu mais que, de plus, elles doivent porter
une coiffure, laquelle, d’après le
verset 10 , a une valeur de SIGNE, de reconnaissance symbolique
d’être soumise à l’acceptation de l’autorité de l’homme, tout comme l’Eglise
entière est soumise à la loi de Christ. Le
verset 5 paraît dès l’abord contredire à l’exigence que les
femmes gardent le silence dans les Ecclésias. Nous pensons toutefois que si,
dans le service général de l’Eglise, l’élément féminin ne doit jouer aucun
rôle public, dans les réunions plus fermées de prières et de témoignages et
non dans un but d’enseignement doctrinal, il ne saurait y avoir d’objection
à ce que les sœurs y participent la tète couverte.
A ce
propos qui vise à perpétuer la coutume chez les sœurs de se couvrir la tête,
l’apôtre le recommande mais ne le présente pas comme un commandement divin.
Il ajoute au contraire “Si quelqu’un se plaît à contester (sur cette
question) nous n’avons pas une telle coutume (une règle positive dans
l’Eglise)”. Ce n’est pas un sujet de première importance, bien que toutes
celles qui cherchent à faire la volonté de Dieu devraient ne pas négliger ce
détail plus que d’autres, dès l’instant qu’elles en discernent la propriété
en tant que symbole. Les mots “à cause des anges” paraissent
faire allusion. aux anciens choisis, qui représentent le Seigneur, la
Tête dans les Ecclésias.
Apocalypse 2 : 1.
Pour
nous résumer nous suggérons que l’interprétation la plus libérale possible
soit donnée aux paroles inspirées de l’apôtre relativement à l’étendue de la
liberté des sœurs dans les affaires de l’Eglise. Voici quel est, à notre
jugement, ce qui en ressort:
1)
— Les sœurs jouissent de la même liberté que les frères dans ce qui
concerne l’élection des serviteurs de l’Eglise, Anciens et Diacres.
[303]
2)
Les sœurs ne peuvent être anciens ou instructeurs dans l’Eglise parce que
l’apôtre déclare: “Je ne permets pas à la femme d’enseigner” (1
Timothée 2 : 12). Cependant il ne faut pas interpréter cette
restriction dans le sens d’empêcher les sœurs de prendre part aux réunions
ne revêtant pas un caractère de prédication telles les réunions de prières
et de témoignages, d’études béréennes, etc... parce que l’apôtre dit que si
une sœur prie ou prophétise (parle) elle doit le faire la tête couverte
reconnaissant par là que le Seigneur, le Grand Docteur, est particulièrement
représenté dans la personne des frères (1
Corinthiens 11 : 5, 7, 10). Une participation comme celle-là n’a
pas besoin d’être considérée comme un enseignement. Les frères eux-mêmes, à
ce moment, n’enseignent pas non plus. Comme le dit l’apôtre: “Tous sont-ils
docteurs ?”. Non. Les docteurs ou Anciens sont choisis spécialement et
toujours parmi les hommes. —
Ephésiens 4 : 11 —
2 Timothée 2 : 24 —
1 Corinthiens 12 : 28, 29.
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