LA NOUVELLE CRÉATION
ÉTUDE XIV
DIVERSES
OBLIGATIONS TERRESTRES
DE LA
NOUVELLE-CRÉATION
* * *
“Vous proposant ce qui est honnête devant tous les hommes.” — “Ne devez
rien à personne.” — “Prêtez sans en rien espérer.” — Courtoisie
chrétienne. — “Ne vous inquiétez pas du lendemain.” — “Christ est mon
but, Christ seulement.” — “Il est plus facile qu'un chameau entre par un
trou d'aiguille, qu'un riche n'entre dans le royaume de Dieu.” —
Assurances. — Organisations de secours mutuels, etc. — Ingérence
volontaire dans les affaires d'autrui. — “Bénir Dieu et maudire les
hommes.” — Obligations sociales. — “Honorez tous les hommes.” — La
Nouvelle-Création prendra-t-elle part à des élections publiques ? — la
Nouvelle-Créature et les réformes morales. — Usage de vêtements coûteux.
— Attendons les ornements de “gloire, d'honneur et d'immortalité”.
[638]
“RECHERCHEZ (*) CE QUI EST BIEN
DEVANT TOUS LES HOMMES”
—
Rom. 12 : 17 (Seg.) —
(*)
Référence Strong n° 4306 : “pourvoir à” — Trad.
* * *
S'il
est vrai que, selon les Écritures, les Nouvelles-Créatures sont mortes au
monde et vivantes pour Dieu par Jésus Christ notre Seigneur, néanmoins, la
métaphore s'applique entièrement à leurs espérances, aux buts et à leurs
ambitions transformés. Tandis que le nouvel entendement est encore obligé
par le moyen du corps humain, en attendant le nouveau corps à la Première
Résurrection, il doit admettre certaines responsabilités à l'égard des
autres hommes, envers le monde. De même qu'il a des responsabilités à
l'égard de la famille terrestre et envers “la maison de la foi” touchant les
choses temporelles, et que ces responsabilités, loin d'être diminuées ou
atténuées, sont augmentées par la transformation de l'entendement, ainsi en
est-il également de certains devoirs à l'égard des autres hommes.
Tous
les humains devraient observer le principe de justice, de droiture, dans
leurs relations réciproques, mais la Nouvelle-Créature, ayant reçu des
instructions spéciales à l'école de Christ sur ces principes de la Loi
divine, devrait être beaucoup plus vigilante que d'autres à exercer ces
qualités dans les affaires de la vie quotidienne. Est-il convenable, est-il
juste que tous les hommes devraient se procurer ce qui est décent et honnête
aux yeux de leurs semblables ? Assurément oui, et assurément aussi, les
responsabilités de la Nouvelle-Créature à cet égard sont plus grandes à
cause de sa position privilégiée. S'attend-on à ce que les autres hommes
soient honnêtes, sincères, intègres, honorables, généreux ? On devrait
s'attendre sûrement à ce que les enfants de Dieu le soient plus encore, et
qu'ils s'efforcent, chaque jour, d'être au niveau du modèle parfait en
pensée, en parole et en conduite.
[639]
“Ne devez rien à personne, sinon de vous aimer les uns les autres”,
telle est la loi divine exprimée par l'Apôtre (Rom.
13 : 8). Ce serait bien si tout le monde connaissait cette règle
et la suivait étroitement, et nous savons qu'au temps convenable (durant
l'Age millénaire), cette règle même sera appliquée rigoureusement.
Cependant, la Nouvelle-Création fait sienne cette règle maintenant, et si
d'autres ne l'admettent pas et ne la suivent pas, le peuple du Seigneur,
quant à lui, devrait s'y conformer sans réserve. Même à Israël naturel, la
maison des serviteurs, l'Eternel avait ordonné de prêter et non d'emprunter
(Deut.
15 : 6) s'il voulait lui être fidèle. Ce principe se recommande
lui-même à toute personne de bon jugement, comme étant l'essence même de la
sagesse — sagesse qu'il serait bon d'appliquer au monde s'il était possible
— qu'il admet mais que bien peu, soit parmi les enfants de Dieu, soit parmi
les gens du monde, essaient énergiquement de suivre comme une règle
invariable de vie.
En
d'autres termes, chaque membre de la Nouvelle-Création, en ce qui concerne
les choses terrestres, devrait vivre dans les limites de ses moyens. S'il ne
peut gagner qu'un dollar par jour, il ne devrait pas penser un instant à
dépenser davantage, sauf en cas de nécessité absolue, mais il devrait
s'adapter aux exigences de sa situation jusqu'à ce que les circonstances
deviennent plus favorables. En reconnaissant que le Seigneur prend
providentiellement soin de lui et de toutes ses affaires, il doit — après
avoir pris aussi sagement que possible toutes dispositions touchant ses
intérêts temporels, conclure que ceux-ci, aussi bien que ses affaires
spirituelles, ont été sous la surveillance divine, et que l'Eternel lui a
destiné une bénédiction en rapport avec ces conditions. En conséquence, il
devrait en être entièrement satisfait, si pénible que cela puisse être, et
il attendra avec patience que l'Eternel puisse, dans son amour et sa
sagesse, lui apporter un soulagement au temps voulu. Si son revenu est
élevé, la modération devrait être en ceci comme en toutes choses la règle de
conduite. “Que votre modération soit connue de tous les hommes”.
L'économie fait partie de l'arrangement divin, comme en ont donné l'exemple
notre Seigneur et les apôtres, en particulier lorsqu'il fit ramasser les
morceaux de pain de reste, alors qu'il avait le pouvoir de créer, de rien,
de la nourriture pour une multitude.
[640]
Nous
devrions réduire toutes les dépenses, dans la proportion même où les moyens
dont nous disposons sont limités, non seulement sans dépenser plus que ce
que nous gagnons, mais même un peu moins ; de cette manière, si peu que nous
gagnions, nous pourrions mettre un peu de côté, soit pour nos besoins
futurs, soit comme offrande au Seigneur, ou encore, comme suggère l'Apôtre,
afin que nous puissions donner à ceux qui se trouvent dans des conditions de
plus grande nécessité. Souvenons-nous toujours que la confiance en l'Éternel
implique le contentement et que ceci signifie la paix du cœur. Dans ces
conditions, le pain et l'eau, ou des pommes de terre et du sel, auront
meilleur goût et profiteront davantage qu'une nourriture plus riche prise
dans un esprit différent. La confiance impliquera toujours aussi la
gratitude et, par conséquent, l'enfant de Dieu qui profite d'une bonne
nourriture naturelle devrait constamment déborder de reconnaissance envers
le Donateur de tout Bien, en s'en remettant à sa sagesse dans toutes les
affaires de la vie. Ceci ne signifie pas qu'il faille demeurer indifférent à
toute amélioration, si la “porte” de cette amélioration et d'une plus grande
prospérité est juste, si elle est un moyen honorable d'améliorer notre
condition. Si nous trouvons une telle “porte” devant nous, nous devons
l'accepter avec gratitude comme étant ouverte par la providence divine, et
comme pouvant conduire à d'autres nouvelles leçons de notre grand
Instructeur.
L'injonction, “Ne devez rien à personne, sinon de vous aimer les uns les
autres”, implique que si à un moment quelconque, nous avons, par
inadvertance et contrairement à cette sagesse divine, contracté des dettes
envers d'autres, nous devrions par tous les moyens raisonnables et
honorables, chercher à nous en libérer, à payer nos dettes. Si, toutefois,
les dettes ont été contractées à la suite d'opérations financières (ou
commerciales : “in a business way” — Trad.), les créanciers sachant à ce
moment-là qu'ils couraient des risques plus ou moins grands, et qu'ils
couraient ces risques en vue de réaliser des bénéfices ; si, d'autre part,
les dettes résultèrent d'une faillite commerciale légale, et qu'elles
étaient devenues “illégales” — et surtout si elles avaient été contractées
avant le changement de nature, avant de devenir une Nouvelle-Créature, il ne
serait pas injuste pour la Nouvelle-Créature de se prévaloir de ce qu'on
appelle des dispositions en cas de faillite, ou de profiter de la loi qui
stipule qu'une dette ou un jugement devient nul et non avenu au bout de cinq
ans, à moins d'avoir été confirmé par le Tribunal ou par quelque engagement
personnel.
[641]
On
trouve un précédent scripturaire pour une telle façon d'agir dans la Loi
donnée à Israël-type, au sujet de la remise des dettes chaque septième année
sabbatique, et une remise plus complète encore de toutes obligations la
cinquantième année du Jubilé. Le monde a reconnu la sagesse de ces
dispositions divines, et de nombreuses nations les ont introduites dans
leurs lois civiles. Les Nouvelles-Créatures qui tirent parti de ces
dispositions terrestres, en accord avec la volonté divine, peuvent se
tranquilliser concernant de telles dettes, à moins que par la suite, la
providence de Dieu les bénisse d'une telle abondance de biens que la Règle
d'or leur dicte sans aucun doute la convenance de rembourser toutes leurs
dettes, même si les lois ne les y obligent pas.
Cependant, si la dette n'était pas de caractère commercial, mais une
obligation envers un ami, un prêt d'argent ou un crédit sur lequel l'ami
n'espérait et ne reçut aucun gain ou profit, le cas serait totalement
différent. On doit considérer que cette dette ne bénéficie d'aucune
prescription et celui qui l'a contractée devrait faire tous ses efforts pour
s'en acquitter. Cependant, comme nous l'avons déjà fait ressortir, une fois
devenue membre de la Nouvelle-Création, sous la direction du saint Esprit et
de sa Parole, les Écritures, conduite par l'esprit de sobre bon sens, aucune
Nouvelle-Créature ne devrait s'endetter, mais devrait considérer comme étant
la providence du Seigneur qu'elle vive dans les limites de ses ressources.
Cette injonction de “Ne devez rien à personne” ne s'appliquerait pas
nécessairement au fait d'hypothéquer sa propriété pour une somme inférieure
à sa valeur réelle. Ce ne serait pas là un prêt dans le sens interdit, mais
simplement le fait de vendre pour un temps une partie de sa propriété en
conservant la possibilité de la racheter de nouveau.
[642]
Les
veuves et les orphelins ne sont pas responsables des dettes du chef de
famille défunt au regard de la loi humaine comme de la loi divine. Des
marchandises vendues à un mari ou à un père le sont sous sa responsabilité
et son honnêteté personnelles, et personne d'autre ne peut avoir à répondre
de ses dettes à moins de se tenir personnellement responsable par un accord
direct ou implicite. Les dettes du chef de famille défunt avaient une
contrepartie sur son bien (sauf sur la part de la famille réservée par la
loi) ; mais cette disposition prenait fin à sa mort, à moins qu'un membre de
la famille n'assume volontairement les obligations. Nous mentionnons cette
situation parce que nous avons eu connaissance de cas où de pauvres veuves
et orphelins, se croyant obligés par la loi divine sinon par la loi humaine,
à payer les dettes du mari ou du père, sont demeurés dans la misère pendant
des années à cause de cela.
Le
conseil que donne l'Eternel à ses enfants sur l'autre aspect de la question
est également explicite. S'ils voient leurs frères ou soeurs dans le besoin,
ils doivent leur faire du bien et leur “prêter sans en rien espérer”, sans
penser à obtenir en retour des faveurs semblables ou d'autres faveurs.
Toutefois, nous devons comprendre cette injonction de “prêter” à un frère,
en accord avec l'autre injonction que nous ne devrions pas emprunter ; par
conséquent, dans ce cas, on suppose que le frère qui emprunte dispose de
moyens et qu'il sera capable de rembourser, mais que, temporairement, il est
gêné et qu'il peut fournir une hypothèque ou des garanties au prêteur.
Cependant, un tel prêt fait pour aider un frère dans la nécessité, doit être
consenti librement et sans espoir de récompense, sans stipuler un intérêt
mais simplement le remboursement de la somme prêtée dans le délai fixé. Ce
doit être purement et simplement un arrangement, une forme d'amour
fraternel.
Si le
frère n'est pas dans une situation lui permettant de rembourser le prêt, ni
de donner des garanties pour la somme prêtée, il ne faut pas lui faire un
prêt, mais plutôt un don — dans la mesure où le donateur se sent capable
d'exercer la charité et en proportion des besoins du frère. Ce dernier
pourrait s'engager à rembourser cet argent, mais on devrait lui faire bien
comprendre qu'il s'agit d'un don, à moins que par la suite les affaires du
frère en viennent à s'améliorer grandement, et qu'il soit suffisamment à
l'aise pour rendre le don, ce qu'il aurait certainement à cœur de faire.
[643]
Même
alors, si le donateur pouvait se le permettre, il pourrait dire au frère :
“Je n'ai pas de joie à reprendre le don ; aussi, je vous prie de le
transmettre à quelqu'un d'autre que vous pouvez trouver dans le besoin, soit
maintenant, soit plus tard”. Toutefois, l'affaire serait tout à fait
différente si le frère ou toute autre personne désirait emprunter de
l'argent en vue d'étendre son affaire et avec l'intention de réaliser un
bénéfice. Prêter de l'argent dans ce cas, après avoir pris de solides
garanties et exigé un intérêt, serait tout à fait légitime, et un tel profit
ne serait nullement de l'“intérêt” dans le sens usuraire et injuste du
terme, mais serait en accord avec la recommandation du Seigneur dans sa
parabole lorsqu'il déclara : “Tu aurais donc dû placer mon argent chez les
banquiers, et quand je serais venu, j'aurais reçu ce qui est à moi avec
l'intérêt” —
Matt. 25 : 27.
En
complet accord avec ces injonctions, les Écritures nous en donnent une
autre, à laquelle on fait bien de se conformer et toujours avec profit, que
l'on soit de la Nouvelle-Création ou même du monde en général. Nous lisons :
“L'homme dépourvu de sens frappe dans la main, s'engageant comme caution
vis-à-vis de son prochain” (Prov.
17 : 18). Selon cette suggestion, il serait interdit de se
porter garant pour d'autres, d'endosser des effets de commerce, etc., pour
d'autres, et il serait sage pour tous les enfants de Dieu de suivre
prudemment cette règle. Même dans le cas le plus urgent qu'on puisse
imaginer, dans lequel il pourrait y avoir nécessité absolue de se porter
garant pour un frère, on aura soin de ne pas contracter d'obligation qu'on
ne pourrait remplir sans inconvénient grave. Si le montant de la caution ne
dépasse pas la somme que l'on serait disposé à prêter au frère, ou à lui
donner en cas de nécessité, alors il est permis de se porter garant ou de
donner sa caution, mais pas autrement — jamais au péril de son crédit
personnel, ni au risque de son affaire personnelle ou de l'appauvrissement
de sa propre famille — Comparer
Prov. 22 : 26 ;
11 : 15 ;
6 : 1 - 5.
[644]
Il
existe un genre d'emprunts et de prêts insignifiants pratiqué par bon nombre
de gens, en particulier touchant des articles de ménage, du savon, du sucre,
des baquets, des outils, etc., et qui mérite d'être examiné ici. Les
Nouvelles-Créatures, guidées par l'esprit de sobre bon sens, doivent
désapprouver dans leur cœur de tels mesquins dérangements ; elles le feront
d'autant plus si elles prennent soin de régler leurs propres affaires et
leurs propres besoins de manière à n'emprunter que très rarement dans le cas
d'absolue nécessité, maladie ou autre cas grave. Tous les saints de
l'Eternel devraient être déterminés à gêner les autres le moins possible.
Si, donc, par suite de négligence ou d'inattention, ils manquaient de beurre
lors d'un repas, ils devraient préférer s'en passer plutôt que d'ennuyer un
voisin et de donner un mauvais exemple. S'ils ne disposent que d'un fer à
repasser [ordinaire — Trad.], et ne peuvent s'en acheter un autre, ils
feront mieux de se contenter de celui qu'ils ont.
Ceux
qui règlent ainsi strictement leurs propres affaires se sentiront
naturellement plus gênés que d'autres si un voisin vient pour leur emprunter
quelque chose. Néanmoins, les enfants de Dieu doivent être des prêteurs et
non des emprunteurs, et nous conseillerions volontiers qu'en toute
modération raisonnable, ils se signalent aux autres sous ces deux aspects
qu'ils sont toujours disposés à prêter, de tout cœur, avec plaisir, bonne
volonté et avec le désir d'être agréables et de rendre service au point d'y
perdre, mais que, par contre, ils ne désirent jamais emprunter. De l'aveu de
tous, on considère de telles personnes comme de “bons voisins”, même si
elles passent ou non pour originales à cause de leur dévouement pour
l'Éternel et pour sa Parole. A la vérité, il arrive que les emprunteurs ne
rendent pas toujours ce qu'ils ont emprunté et qu'on soit gêné pour le leur
réclamer ; ou bien dans le cas d'emprunt de denrées alimentaires, qu'ils ne
les rendent jamais. Cependant, nous devons penser que s'ils ont ainsi
emprunté, consommé et n'ont pas rendu ces denrées, ils ne se présenteront
pas volontiers pour un nouvel emprunt. Si les circonstances le permettaient,
nous préférerions ne jamais leur réclamer ce que l'on nous a emprunté. Nous
considérerions plutôt que ce sont là des occasions favorables de se faire
des amis avec le “mammon des richesses injustes”, de bonnes occasions de
sacrifier des intérêts terrestres futiles pour pouvoir obtenir ainsi, sur
nos voisins, une influence morale et spirituelle plus grande.
[645]
Alors
que nous examinons ce sujet, nous pourrions en mentionner un autre qui lui
est étroitement lié d'une manière générale, savoir : l'habitude que
certaines personnes ont de visiter des amis sans y être invités, d'emprunter
ainsi le temps d'autrui. C'est un des traits du généreux esprit d'amour que
d'être hospitalier, et tous les enfants de Dieu devraient à chaque occasion
convenable, cultiver cette disposition qui plaît à l'Eternel et servira à
leur propre croissance spirituelle (Héb.
13 : 2). Ils devraient être contents de recevoir des amis, des
voisins, pour un repas ou pour une nuit, etc., selon les circonstances ; ils
auront toujours un cordial désir d'exercer l'hospitalité, qu'ils en aient
l'occasion ou non. Être hospitalier ne signifie pas faire des dépenses
folles au delà de ses moyens, ni faire mieux pour un invité que pour sa
propre famille. Cela signifie toutefois, être disposé à partager avec
d'autres ce que l'on a.
Cependant, considérons l'autre côté de la question. Les consacrés du
Seigneur, membres de la Nouvelle-Création ne devraient jamais être des
intrus. Ils devraient s'assurer qu'ils ont bien reçu une invitation positive
et cordiale avant d'accepter d'être les hôtes de quelqu'un pour un repas ou
pour une nuit. Quel bel exemple de ce bon principe nous avons dans le cas de
notre Seigneur, cheminant avec les deux disciples vers Emmaüs ! Il désirait
entrer avec eux dans leur demeure et partager leur repas du soir afin de
pouvoir leur accorder une bénédiction supplémentaire. Néanmoins, lorsqu'ils
furent arrivés, “il parut vouloir aller plus loin”, et il attendit d'être
sollicité avec instance avant de consentir à rester avec eux. Il ne
s'agissait pas d'un simulacre, pas plus que ce ne serait un simulacre de
notre part d'agir ainsi. Notre Seigneur ne serait pas resté avec eux s'ils
ne l'en avaient instamment prié, pas plus que nous ne devrions rester avec
quelqu'un qui ne nous accueillerait pas cordialement, ni séjourner plus
longtemps que ne nous le permettrait la cordialité de nos hôtes, quelles que
soient les circonstances pour nous.
[646]
L'idée qui semble prévaloir dans l'esprit de quelques-uns, à savoir qu'ils
sont libres de “s'installer” chez des parents selon la chair ou selon
l'esprit, est une grande erreur. Il n'existe aucun droit de cette nature.
Nous avons le droit de donner et d'être généreux, mais nous ne sommes pas
autorisés à demander ou à exiger de telles choses des autres. Ils ont le
droit de donner ou de refuser de donner ce qu'il leur appartient, ce dont
ils sont les économes. Jusqu'à quel point les Nouvelles-Créatures
devraient-elles permettre à des frères ou à des parents selon la chair, dans
l'erreur, de les importuner?
Cela
dépendrait des circonstances, et surtout des conditions physiques et
financières du visiteur. Cependant, par souci de justice pour lui-même comme
pour le visiteur qui n'est pas au clair sur cette question et se propose de
faire de sa visite un séjour, celui qui reçoit devrait aimablement mais
clairement dire : “Il est peut-être bon de vous prévenir que vous ne pourrez
rester avec nous que tant de temps” ; ou bien, une autre bonne manière de
procéder à l'égard de telles personnes est de leur dire tout au début de
leur visite qu'elles seront les bienvenues jusqu'à telle date, ou de les
inviter d'une façon bien définie pour un repas, ou pour un jour ou pour une
semaine, selon le cas, en indiquant ainsi clairement la durée de
l'invitation pour éviter tout malentendu. II semble absolument nécessaire
d'agir ainsi dans l'intérêt du foyer, du budget familial, de son temps, du
service du Seigneur, etc. ; cette ligne de conduite est également indiquée
et utile pour éclairer le grand nombre de personnes qui ont des conceptions
erronées sur ce point. Toutefois, il n'est pas nécessaire que nous pensions
à leur sujet, ou que nous leur parlions, ou que nous parlions d'eux, d'une
manière désobligeante. Peut-être sont-ils plus déficients sur ce point que
nous ou que d'autres, et par nature peut-être sommes nous plus déficients
qu'eux sur d'autres points. En tout cas, notre opinion à leur sujet devrait
être bienveillante, généreuse, et nous devrions d'autant plus prendre la
résolution d'éviter nous-mêmes absolument ce comportement répréhensible.
“NE SOYEZ PAS EN SOUCI POUR LE
LENDEMAIN”
—
Matt. 6 : 34, 19, 20 —
La
déclaration de notre Seigneur citée ci-dessus, et cette autre déclaration
“Ne vous amassez pas des trésors sur la terre, où la teigne et la rouille
gâtent, et où les voleurs percent et dérobent ; mais amassez-vous des
trésors dans le ciel”,
[647]
ont été, pensons-nous, bien mal comprises par beaucoup de ses disciples
sérieux et fervents. Certains en ont conclu que le Seigneur voulait dire
qu'ils devaient vivre “au jour le jour” et sans se soucier aucunement de
l'avenir. Nous voyons, au contraire, que notre Père céleste ne nous a donné
aucun exemple de ce genre, qu'il pense continuellement à nous et qu'il a
disposé les saisons, les céréales, les légumes et les fruits dans leur
ordre. Nous voyons également qu'il a voulu que nous acceptions des principes
similaires et il a disposé la nature de telle manière qu'il nous faut
planter, si nous voulons par la suite manger, tisser si nous voulons nous
vêtir, et préparer d'avance l'huile qui nous éclairera la nuit. Ce même
principe s'applique à toutes les affaires de la vie, et nous devons rejeter
l'idée que notre Seigneur Jésus aurait pu avoir l'intention de s'opposer ou
de renverser cet arrangement divin tel que le manifeste toute la nature.
Alors, qu'a voulu dire notre Seigneur ? Nous répondons que, dans l'original
du premier texte, la pensée est celle-ci : “N'ayez pas de soucis exagérés
[accablants] pour le lendemain” ; “A chaque jour suffit sa peine”. Les
enfants de Dieu ne doivent pas être inquiets (“anxious”) au sujet de
l'avenir. Ils doivent “avoir du zèle, être fervents d'esprit, servir le
Seigneur” [Rom.
12 : 11]. Tout en plantant, en semant, en sarclant, et en
binant, ils doivent reconnaître par la foi que toutes leurs affaires se
trouvent sous la surveillance divine, et que Dieu a promis que toutes choses
ensemble concourront au bien de ceux qui l'aiment. Ils devraient se
convaincre si totalement des précieuses promesses que Dieu a faites de
prendre soin d'eux, que leur cœur serait entièrement libéré de toute
anxiété.
Nous
devrions reconnaître qu'il y a une grande différence entre l'insouciance et
l'anxiété. Si notre Seigneur avait été insouciant, prodigue, gaspilleur,
irréfléchi au sujet du lendemain, il n'aurait pas dit à ses disciples de
ramasser les morceaux de pain restés après le repas de la multitude. Au
contraire, il montra, par cet incident même, qu'il est convenable de songer
au repas suivant du lendemain, mais il n'y avait aucune idée d'anxiété dans
ce qu'il recommandait.
[648]
Les
disciples devaient employer ce qu'ils avaient reçu sans en gaspiller. Si,
toutefois, leurs provisions avaient été épuisées, sans qu'il y eût de leur
faute, et qu'ils n'aient eu aucun moyen de se réapprovisionner, ils devaient
se confier implicitement au Seigneur au point d'exclure toute anxiété, sans
pour cela se relâcher. On retrouve la même idée dans le cas de Joseph, en
Égypte, où sous la direction divine, il fit de grandes réserves de blé
pendant les sept années d'abondance, faisant ainsi provision pour les sept
années de famine qui devaient suivre.
Le
second texte n'implique pas non plus l'insouciance à l'égard des affaires
quotidiennes de la vie — les intérêts de la vie présente, la subsistance
convenable pour notre famille, etc. Alors que signifie-t-il ? Il veut dire
que rien de nature terrestre ne devrait devenir notre trésor — que c'est le
trésor céleste que nous devrions estimer par-dessus tous les autres. C'est
sur lui que doit se concentrer notre cœur, et c'est de lui que devrait se
nourrir constamment notre esprit ; ainsi enrichis, nous devrions avoir le
repos spirituel par la foi, confiant dans les promesses divines. Le monde ne
connaît aucune de ces excellentes et précieuses choses que les
Nouvelles-Créatures possèdent par la foi. Comme l'exprime le cantique :
“Chacun aime égoïstement ;
Christ est mon but, Christ seulement”.
En
choisissant Christ, nous choisissons non seulement la gloire, l'honneur et
l'immortalité promis à ceux qui lui appartiennent, mais nous choisissons
également les souffrances de cette vie présente, les épreuves et les
expériences promises à ceux qui marchent sur ses traces comme étant une
éducation et une préparation nécessaires aux gloires à venir. En outre, tous
ceux qui cherchent ainsi Christ, tous ceux qui ont fait une pleine
consécration d'eux-mêmes à l'Eternel, n'ont rien de nature terrestre qu'ils
puissent appeler leur propriété. Lorsqu'ils étaient de la terre, terrestres,
ils estimaient leurs intérêts terrestres comme des possessions personnelles,
mais lorsqu'ils appartinrent à l'Éternel, ils se donnèrent à lui avec tout
ce qu'ils possédaient. Maisons, terres, enfants, mari, femme, frères, sœurs,
tout fut livré, consacré à l'Éternel. Rien donc de tout cela ne peut être
désormais le trésor de la Nouvelle-Création.
[649]
Cela
ne veut pas dire qu'un homme ne peut pas aimer sa femme, ou la femme son
mari, s'apprécier grandement l'un l'autre. Cela ne signifie pas qu'ils ne
puissent pas aimer leurs enfants et apprécier hautement leurs qualités de
cœur et d'esprit. Cela ne veut pas dire non plus qu'ils ne puissent pas
aimer encore et apprécier les beautés de la Nature, ni posséder une maison
ou un animal. Mais cela veut bien dire qu'aucune de ces possessions
terrestres ne peut désormais être leur trésor, ni en aucun sens du mot
rivaliser avec le Seigneur qu'ils ont accepté comme celui qui “se distingue
entre dix mille et [dont] toute la personne est pleine de charme” — [voir
Cant. 5 : 10, 16 — Seg.].
Nous
ne devons pas aimer l'argent, le révérer, l'adorer : nous ne devons pas être
ses esclaves ou ses domestiques. Nous nous sommes soumis au Tout-Puissant
Créateur comme des fils et comme des serviteurs ; l'argent est un de ses
serviteurs et de ses instruments, et c'est ainsi que nous devrions le
considérer, nous qui sommes les économes de la somme que, dans la providence
divine, nous pouvons posséder.
Cependant, ne nous souvenons-nous pas des paroles que le Seigneur adressa au
jeune homme qui vint vers lui, disant : “Que me manque-t-il encore ?” et à
qui Jésus répondit : “Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu as, et
donne aux pauvres ; et tu auras un trésor dans le ciel ; et viens ; — et il
s'en alla tout triste, car il avait de grands biens” (Matt.
19 : 16 - 22). Cela ne nous enseigne-t-il pas qu'il est
nécessaire pour tous les enfants de Dieu de devenir pauvres ? Nous répondons
: si, en ajoutant : “Un riche entrera difficilement dans le royaume des
Cieux ...
[650]
Il
est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille (*) qu'à
un riche d'entrer dans le royaume de Dieu” (Matt.
19 : 24 — Seg.). Les riches sont tentés par les bonnes choses de
la vie présente qui tendent à attirer leur cœur et à devenir leurs idoles et
leurs trésors. De ce fait, ils sont dans une situation moins favorable à cet
égard que les pauvres qui, ne possédant que peu des biens de ce monde, ne
s'y attachent pas et sont d'autant plus disposés à entendre avec joie la
bonne nouvelle de la grâce divine, les grandes richesses que l'Eternel a en
réserve pour ses fidèles. Ce serait pourtant une erreur de supposer que
personne ne pourrait posséder les biens de ce monde sans en abuser, sans les
adorer, sans en faire des trésors. Qui n'a pas connu ou entendu parler de
pauvres gens qui, de toute évidence, adoraient la richesse, la désiraient
ardemment, luttaient constamment pour en obtenir, et étaient toujours
mécontents de ne pouvoir mettre la main sur ce que leur cœur voulait
posséder comme un trésor ?
(*)
Dans l'antiquité, les grandes villes de l'Orient avaient de grandes portes
qu'on fermait au coucher du soleil et qu'on n'avait pas le droit d’ouvrir
jusqu'au matin, de peur qu'un ennemi n'en profitât pour attaquer. Cependant,
elles avaient de petites portes qui étaient gardées par lesquelles un homme
pouvait passer et même amener avec lui son chameau en le débarrassant de sa
charge pour permettre à l’animal d'entrer en rampant sur ses genoux. On
appelait ces petites portes des “ trous d'aiguille ”. Ainsi un homme riche
peut-il rentrer dans le Royaume, mais sans être embarrassé par des richesses
ou des trésors terrestres. Il lui faut s'en débarrasser.
[651]
Tous
ceux qui viennent à l'Eternel, qu'ils soient riches ou pauvres des biens de
ce monde, doivent venir en comprenant ce qu'est une pleine consécration : un
entier sacrifice de leur cœur, de leur volonté et de tout ce qu'ils
possèdent, sinon ils ne seront pas acceptés. Le pauvre qui vient à l'Eternel
doit abandonner les idoles de son imagination et de son ambition, sa
convoitise qu'il éprouve pour la richesse terrestre qu'il n'a encore pu
obtenir. Le riche qui vient à l'Eternel doit aussi venir en abandonnant
complètement sa volonté, ses plans et ses projets terrestres auxquels il
avait jusque-là consacré ses meilleures forces : il faut qu'il sacrifie, non
seulement ce qu'il possède mais tout ce qu'il espérait, tout ce vers quoi il
tendait et tout ce qu'il ambitionnait d'obtenir — il faut que tout soit
déposé sur l'autel du Seigneur sinon il ne peut être son disciple.
Le
jeune homme riche aurait pu comprendre mieux les paroles de notre Seigneur
s'il avait été dans une meilleure disposition d'esprit, car nous croyons que
le Seigneur lui aurait expliqué le sujet plus complètement. S'il avait dit :
Seigneur, j'accepte les conditions ; je t'abandonne mon tout, à toi le
représentant de Dieu. Comment dois-je faire pour exécuter tes instructions ?
Vais-je vendre mes troupeaux, mon gros bétail, mes terres, mes maisons et
prendre ainsi la somme énorme réalisée, convoquer les pauvres, jeter
l'argent en l'air et les laisser se battre pour l'avoir, au comment
devrais-je procéder ? Donne-moi, s'il te plaît, de plus amples instructions.
Nous
pouvons imaginer le Seigneur lui disant : Tu es maintenant parvenu au point
où je désirais que tu arrives, et je vais t'expliquer mon injonction plus en
détail. Tu as maintenant consacré ton tout à Dieu, en le soumettant à sa
volonté, afin qu'il soit employé selon la compréhension de cette volonté, et
tu me demandes ce qu'est sa volonté. Je vais te le dire : Dieu veut que tu
deviennes toi-même son intendant, non simplement pour garder les biens, mais
son intendant pour le dépenser, en l'utilisant aussi bien, aussi sagement
que tu le peux. Je suggère que tu commences par retirer l'argent que tu as
en banque et de l'employer. Tu peux, si tu le veux, commencer ici par mes
apôtres et mes disciples. Réfléchis au bien que tu peux leur faire. Quand tu
auras épuisé cet argent, vends une maison au un troupeau de moutons ou de
bétail et continue ainsi à utiliser les ressources que Dieu a confiées à ton
administration : devenu son économe, il faut t'attendre à ce que, lui ayant
tout consacré, il te demande finalement de lui rendre des comptes. Alors, si
tu peux montrer que tu as employé aussi sagement et aussi complètement que
possible ce que tu lui avais consacré, tu pourras espérer entendre ses
paroles bénies : “C'est bien, bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de
ton Seigneur”.
[652]
Consacrer notre tout à l'Éternel ne veut pas dire que tous nos biens doivent
être employés exclusivement dans l'œuvre religieuse. En qualité d'intendants
du Seigneur, nous devons constamment chercher à savoir ce qui lui plairait
et cela en tirant nos instructions de sa Parole. Elle nous apprend à le
glorifier, et en cherchant à le glorifier, nous devons nous efforcer
d'employer non seulement nos paroles et nos écrits, mais tous nos talents, y
compris notre argent ou nos biens. Puisque nous appartenons à l'Eternel,
toutes les obligations qui nous incombent le font sur le temps et les biens
que nous avons consacrés. Par exemple, être marié, c'est avoir contracté
envers sa femme l'obligation de s'occuper raisonnablement d'elle et de
pourvoir raisonnablement à ses besoins ; d'une manière semblable, des
enfants sont une hypothèque sur ce que nous possédons en argent, en temps ou
en talent.
Dieu
veut que nous acceptions ces hypothèques et que, jour après jour, nous
remplissions leurs exigences d'une manière raisonnable : nous n'oublierons
pas que nous ne devons pas gaspiller les ressources du Seigneur, mais que
nous devons chercher à en utiliser le plus possible à promouvoir la Vérité
religieuse (en répandant la bonne nouvelle de grande joie) laquelle
représente la conception la plus élevée que nous ayons des bonnes choses
pour la création gémissante. Le point que nous voulons faire ressortir,
c'est que le soin que nous prenons de la femme et des enfants, ou des
parents âgés ou d'autres qui dépendent de nous, est considéré par le
Seigneur comme un emploi convenable d'une partie de ce que nous lui avons
consacré. Toutefois, nous ne devons pas nous laisser aller à la prodigalité
ou au gaspillage dans ce domaine, car cela nous gênerait dans l'utilisation
plus directe de nos moyens à ce qui est pour nous l'œuvre la plus importante
de la vie : la proclamation de l'Évangile, la bonne nouvelle du Royaume.
[653]
Non
seulement nous ne devons pas priver nos familles des choses qui leur sont
nécessaires, mais les Écritures nous enseignent qu'il est de notre devoir
d'être prévoyant en leur faveur, d'envisager l'avenir en quelque sorte.
Écoutez le message de l'homme sage : “Va vers la fourmi, paresseux ;
considère ses voies, et deviens sage” (Prov.
6 : 6 Seg.). Nous voyons que la fourmi amoncelle une bonne
provision de nourriture pour ses jeunes fourmis à venir, et l'Apôtre nous
dit aussi que les parents doivent faire des réserves pour leurs enfants (2
Cor. 12 : 14). Il est probable que peu de personnes ont besoin
de conseils dans ce domaine-là, en raison de la disposition et de la
tendance naturelles à l'égoïsme de notre nature déchue ; les exagérations
dans le sens opposé ne seront le fait que d'un petit nombre. En
Rom. 12 : 17 et en
1 Tim. 5 : 8, l'Apôtre exprime la pensée des Écritures sur ce
sujet : “Recherchez ce qui est bien devant tous les hommes” et “Celui qui
n'a pas soin des siens est pire qu'un infidèle”.
L'idée qui ressort, c'est que tous les parents doivent donner à leur enfant
pour partir dans la vie davantage que le simple petit corps imparfait et
sujet à la mort qu'il possède à son entrée dans le monde. Ayant appelé des
enfants à l'existence, il est du devoir des parents de veiller à leur
installation raisonnable et convenable dans ce monde. Ceci comprend non
seulement les soins alimentaires et vestimentaires durant l'enfance et la
jeunesse, mais également l'instruction intellectuelle et morale à laquelle
nous avons déjà fait allusion, et tout cela implique l'épargne,
indépendamment des besoins personnels, l'épargne dans l'intérêt des enfants.
Étant donné les incertitudes de la vie, il ne semble pas que ce soit, pour
les parents, appliquer d'une manière déraisonnable l'injonction des
Écritures que de constituer une réserve pour les besoins de leur famille au
cas où ils viendraient à décéder avant la maturité des enfants.
[654]
Nous
ne pensons pas que l'Apôtre ait voulu dire que les parents devraient
chercher à amasser des fortunes pour leurs enfants au risque de les faire se
quereller à ce sujet et de se faire du tort. L'enfant né dans de bonnes
conditions et qui reçoit une instruction et une éducation raisonnables
jusqu'à sa maturité, a tout ce qu'il lui faut ; il possède en lui-même un
riche héritage, et les parents qui ont agi ainsi à l'égard de leurs enfants,
ont toute raison de croire qu'ils ont été dirigés sur ce point par l'esprit
de sobre bon sens, le saint Esprit, la disposition droite que le Seigneur
approuve, même s'ils ne laissent à leur famille aucune richesse, ou tout au
plus un abri, un foyer. De tels parents ont bien rempli leur charge
d'intendant et, à la fin, leurs enfants apprécieront sûrement
leur fidélité.
ORGANISATIONS DE SECOURS MUTUELS
Nous
vivons à une époque d'organisations, et l'on doit admettre que certaines
d'entre elles ont été et sont des institutions vraiment sages et
profitables. Les compagnies d'assurances de toute nature sont, bien entendu,
établies sur une base commerciale et non, à proprement parler,
philanthropique. Elles sont des tentatives humaines pour parer aux
incertitudes et aux difficultés de la vie présente, pour prévenir les
conséquences désastreuses que la mort peut amener dans la situation
matérielle de ceux dont l'existence dépendait du défunt. Nous n'avons pas
besoin d'entrer dans des détails au sujet des diverses sortes d'assurances,
mais nous pouvons dire tout de suite qu'il s'agit d'une affaire purement
financière, et non d'une question religieuse, que les enfants de Dieu aient
recours ou non à ces compagnies d'assurances.
Nous
avons connu des cas où nous considérons que le père de famille agit sagement
en souscrivant une police d'assurance au profit de sa femme et de ses
enfants. Cette ligne de conduite est particulièrement recommandable si la
femme n'éprouve aucune sympathie pour la Vérité Présente et pour les vues de
son mari au sujet du proche avenir, et si elle désire une assurance qui la
protège et lui apporte la tranquillité d'esprit. Si le mari partage assez
l'avis de sa femme, nous pensons qu'il ferait bien de conserver cette police
d'assurance.
[655]
Nous
ne nous faisons pas le défenseur de l'assurance, car personnellement,
l'auteur n'en a souscrit aucune. Nous faisons simplement remarquer qu'il n'y
a rien dans les Écritures qui indique ou dicte la conduite à tenir à des
Nouvelles-Créatures à ce sujet; c'est donc à chacun de juger par lui-même ce
qu'il doit faire en accord avec ses propres conditions particulières.
Selon
notre attente, la pression du grand temps de trouble [ou de détresse —
Trad.] se fera sentir sur nous bientôt, entre 1910 et 1912, pour atteindre
son point culminant à la fin des “Temps des Gentils” [ou des “Nations” —
Trad.] en Octobre 1914 (*).
(*)
Vol. II, pp. 72, 73. [“En conséquence, le point culminant du rassemblement
de forces eut lieu en automne de 1914, quand éclata la grande guerre
européenne — une étape vers le renversement de l'Empire de Satan” — Édit.].
[656]
Les
Écritures n'indiquent pas d'une manière précise à quel moment la détresse
commencera à être violente ; la chose est plutôt hypothétique. Nous
supposons qu'une détresse aussi grande, qu'une catastrophe aussi
universelle, pourrait difficilement s'accomplir en moins de trois années, et
que si, d'autre part, elle durait beaucoup plus de trois années, “nulle
chair ne serait sauvée”. Selon ces prévisions, nous pensons que lorsque la
tempête financière s'abattra sur la Chrétienté, le commerce, les banques,
les assurances et les valeurs foncières et immobilières s'effondreront
ensemble. En vérité, ce sera là un aspect critique de la détresse qui
apportera la consternation et le chagrin dans le cœur de ceux qui ne
reposaient que sur leurs trésors terrestres et non sur des trésors célestes.
Il
est très raisonnable de supposer que ce que l'on appelle les sociétés
d'assurances mutuelles tomberont avant les compagnies ordinaires parce que
les premières ne disposent pas de capital social et dépendent des
cotisations de leurs sociétaires ; or, ces cotisations deviendront d'autant
plus élevées que le nombre des sociétaires non seulement cessera de croître,
mais sous des conditions pressantes ira en diminuant. Nul doute que la
faillite de ces diverses associations brisera les espérances de beaucoup de
personnes qu'elles rendront indifférentes désormais à toutes perspectives
terrestres. Il appartient donc à chacun de décider pour lui-même quelle est
la ligne de conduite la plus sage à tenir en sa qualité d'intendant de
quelque bien ou revenu qu'il puisse posséder. Toutefois, aucun membre de la
Nouvelle-Création, dirigé et guidé par la foi en l'Éternel, n'éprouvera
quant à l'avenir une inquiétude telle que leur cœur serait rempli de frayeur
; cette classe n'accordera pas non plus à aucune protection ou assurance
d'une entreprise humaine, une confiance telle que les Nouvelles-Créatures en
dépendraient comme d'un trésor, et qu'elles auraient le cœur brisé en cas da
faillite.
Ceci
pose devant nous le problème tout entier des ordres, des sociétés, etc., et
des privilèges que possède la Nouvelle-Création vis-à-vis de ces
organisations. Est-il convenable que des Nouvelles-Créatures fassent partie
de ces sociétés ? Nous répondons que si des associations d'églises sont
purement religieuses et que des organisations ouvrières d'entraide sont, en
général, purement laïques, il y en a d'autres encore qui ont des aspects
religieux et des aspects laïques. D'après ce que nous comprenons, par
exemple les Francs-maçons, les Old-Fellows, les Chevaliers de Pythias, etc.,
accomplissent certains rites et certaines cérémonies de caractère religieux.
Qu'il soit bien entendu que nous ne poursuivons aucune campagne hostile
contre les membres de ces divers ordres, pas plus que nous ne le faisons
contre les divers systèmes religieux sectaires. Nous mettons sur le même
pied tous les systèmes qui comprennent des cérémonies et des enseignements
de caractère religieux, etc., et nous les considérons tous comme des parties
de Babylone, dont certains quartiers sont plus propres et d'autres moins
propres, mais qui tous, néanmoins, sont pleins de confusion, d'erreur,
contrairement à l'intention divine telle que la révèle l'organisation de
l'Église primitive, et aux instructions que leur ont données, par la parole
et par l'exemple, le Fondateur inspiré et ses douze apôtres.
[657]
Nous
conseillons à la Nouvelle-Création de n'avoir absolument rien à faire avec
l'une quelconque de ces sociétés, clubs, ordres, églises à caractère
semi-religieux, mais de “Sortir du milieu d'eux, d'être séparée et de ne pas
toucher à ce qui est impur” (2
Cor. 6 : 17). Leurs possessions, leur culte, leurs
enseignements, leurs doctrines, nous sont impurs, bien qu'ils puissent ne
pas l'être à eux-mêmes. Les yeux de notre entendement ont été ouverts, et à
présent toutes choses nous apparaissent sous un jour nouveau, en sorte que
nous haïssons maintenant des choses que nous aimions autrefois, et que nous
aimons maintenant des choses qu'autrefois nous haïssions.
Mais
en ce qui concerne d'autres ordres et sociétés qui n'ont aucun caractère
religieux (ni culte, ni enseignement, ni doctrine, ni pratique) mais sont
purement et simplement des sociétés d'assurances mutuelles et dont les
signes conventionnels et les mots de passe ne sont là que pour faire
diversion, ou touchant d'autres sociétés de travailleurs, des syndicats
d'entraide mutuelle et de protection contre l'injustice et pour la défense
des salaires, nous n'avons rien à dire contre eux. Toutes ces associations
prétendent être organisées sur des bases de justice que nous ne pouvons
qu'approuver. Toutes prétendent n'avoir aucune intention de violer les lois,
humaines ou divines. C'est pourquoi nous ne voyons aucune objection qu'on
pourrait valablement faire contre elles, si pour une raison quelconque la
Nouvelle-Créature trouvait soit nécessaire, soit avantageux d'en faire
partie. Personnellement, nous choisissons de rester libre de toute
organisation humaine, et nous conseillons aux autres dans la mesure où cela
s'applique pratiquement à leur cas, de le demeurer également, unis seulement
au Seigneur et à ceux qui ont son Esprit. Cependant, nous connaissons bien
sous quelle pression les organisations ouvrières vinrent à l'existence, et
nous savons aussi que sans elles, il est fort probable que les salaires des
travailleurs seraient inférieurs à ce qu'ils sont, et que les conditions
générales des ouvriers seraient pires.
[658]
Pourtant, si nous éprouvons d'une manière générale de la sympathie pour
l'objet de ces associations, nous ne pouvons approuver toutes les méthodes
dont elles se servent parfois, car nous devons tous admettre qu'elles
emploient fréquemment la puissance de l'organisation d'une manière
tyrannique. Il faut que nous sympathisions avec le but général de leur
action, savoir : résister à l'oppression qui ne manque pas d'accompagner
l'accumulation des richesses, et aux tendances générales dans de telles
circonstances, et dans les mains des égoïstes, d'acculer les pauvres à la
résistance. Nous conseillons aux frères qui vivent dans des centres où les
organisations ouvrières sont puissantes et défendent les salaires, de
contribuer volontairement aux dépenses de l'organisation comme s'ils en
faisaient partie, et avec la même régularité, et en général d'obéir aux
ordres du syndicat sauf s'ils sont contraires à leur conscience ; si
possible, qu'ils évitent d'adhérer à ce syndicat en expliquant suffisamment
leur position au moment d'offrir leur participation aux frais de
l'organisation. Cette façon d'agir manifesterait à tous que, si l'on ne veut
pas être membre, ce n'est pas par égoïsme en vue d'éviter de prendre part
aux frais occasionnés dans la lutte de l'organisation pour de meilleures
conditions d'existence.
Si,
pourtant, l'on n'accepte leur coopération qu'à titre de membre régulier,
nous ne voyons rien dans les Écritures, ni aucune raison pour s'en abstenir,
surtout si le pain quotidien en dépend. Que dans ces conditions, ils
adhèrent donc à l'organisation, qu'ils paient ponctuellement leurs
cotisations, mais qu'ils évitent d'assister aux réunions, sauf si dans
certains cas, ils ont quelque raison de croire qu'ils pourraient prononcer
une parole à propos dans l'intérêt de l'organisation en accord avec la paix
et la justice. En cas de grève, qu'ils obéissent au mot d'ordre de cessation
du travail, mais sans prendre part à ce qui serait séditieux ou contraire
aux droits et aux libertés des autres, et qu'ils en fassent ouvertement part
aux organisateurs pour qu'ils ne pensent pas à requérir un
tel service.
L'INGÉRENCE VOLONTAIRE DANS LES
AFFAIRES D'AUTRUI
L'Apôtre réprouve sévèrement “l'ingérence dans les affaires d'autrui”, comme
étant tout à fait incompatible avec le nouvel entendement de la
Nouvelle-Création (1
Tim. 5 : 13 ;
1 Pi. 4 : 15). Un importun est celui qui s'occupe des affaires
des autres alors que, régulièrement, il n'a rien à y voir.
[659]
Même
les “enfants de ce monde” sont assez sages dans leur génération pour
discerner que, dans le court espace de temps que dure la vie, une personne
ayant assez de bon sens a bien assez de s'occuper convenablement de ses
propres affaires ; que si elle devait s'occuper suffisamment des affaires
des autres pour pouvoir les conseiller avec toute compétence et se mêler de
leurs intérêts, elle devrait sûrement négliger dans une certaine mesure ses
propres affaires. A plus forte raison, les Nouvelles-Créatures, engendrées
de l'esprit de sobre bon sens par l'Eternel, devraient-elles se rendre
compte de cette vérité, et en outre discerner qu'elles ont moins de temps
encore que le monde pour se mêler des affaires des autres, leur temps ne
leur appartenant plus, à cause de leur pleine consécration à l'Eternel, et à
son service, de leur temps, de leur talent, de leur influence, de leur tout.
Ces
Nouvelles-Créatures, même si elles manquent d'un bon sens naturel sur ce
sujet, seront contraintes à suivre la bonne voie par les injonctions des
Écritures et en se rendant compte que le temps est court pour pouvoir
accomplir le sacrifice de leur alliance. Elles devraient également se rendre
compte que la Règle d'or, la loi de la Nouvelles Création, interdit tout ce
qui a trait à l'ingérence. Il est certain qu'elles n'aimeraient pas que
d'autres s'immiscent dans leurs affaires ; aussi devraient-elles prendre
soin de faire aux autres comme elles voudraient qu'on fît à leur égard.
Néanmoins, l'Apôtre se rendait compte que le contraire de cela c'est
l'esprit général du monde, et, en conséquence, il conseille aux saints
d'étudier, de mettre en pratique et d'apprendre tous les enseignements se
rapportant à cette question. Il déclare : “Appliquez-vous à vivre
paisiblement, à faire vos propres affaires” —
1 Thess. 4 : 11 .
Cette
disposition naturelle à se soucier des affaires des autres, et de prêter la
main pour les corriger et pour enlever la paille dans l'œil d'un frère tout
en omettant d'enlever la poutre dans le sien propre, ainsi que Jésus en a
donné un exemple (Matt.
7 : 3 - 5), affecte parfois la Nouvelle-Créature et sous une
forme particulière. La Nouvelle-Créature s'imagine qu'il est de son “devoir”
de conseiller, de critiquer, d'enquêter, de réprimander, de censurer.
[660]
En
tournant la question en tous sens, elle se persuade que ce serait un péché
si elle n'agissait pas ainsi, et c'est de cette manière qu'elle devient ce
que nous pourrions appeler un importun conscient, un “touche-à-tout”,
quelqu'un dont l'indiscrétion est rendue doublement manifeste et agressive
par une conscience mal informée et mal dirigée. Ces personnes, souvent de
bonnes gens sincères, de véritables Nouvelles-Créatures, sont gênées par ce
défaut dans tout ce qu'elles essaient de faire au service du Seigneur.
Chacun devrait se prendre en main et apprendre à mettre en application les
règles de justice et d'amour déjà signalées. II devrait éduquer sa
conscience pour pouvoir distinguer entre l'amour fraternel et l'ingérence
dans les affaires d'autrui ; d'après ce que nous avons pu observer, il y
aurait pour la majorité des enfants de Dieu, aussi bien que pour le monde,
beaucoup moins de réprimandes, de reproches, de critiques et de blâmes si on
en venait à apprécier les règles de justice et d'amour comme on les trouve
associées dans la Règle d'or, et si on les appliquait aux affaires de la vie
et dans les rapports entre individus.
Il
est prudent, lorsqu'une question semble se rapporter à ce sujet, de se
demander : Est-ce que cela me regarde ? Dans nos relations avec le monde,
nous trouverons en général après un examen attentif qu'il ne nous appartient
pas de le sermonner ou de le blâmer ou de le réprimander. Nous avons été
appelés par l'Eternel et nous nous sommes détournés de la voie du monde pour
suivre le sentier étroit : voilà ce qui nous concerne. Nous devrions désirer
que le monde nous laissât tranquilles afin que nous puissions suivre le
Seigneur, et réciproquement, nous devrions laisser le monde s'occuper de ses
affaires, en ne nous adressant et en n'adressant notre message de l'Évangile
qu'à celui qui “a une oreille pour entendre”. N'ayant pas été appelé par
l'Éternel et n'ayant pas emprunté le “sentier étroit”, le monde a le droit
d'exiger que nous ne nous mêlions pas de ses affaires, comme nous-mêmes
l'exigeons des autres pour les nôtres. Ceci n'empêchera pas notre lumière de
briller, et de cette manière nous exercerons d'une manière indirecte une
influence continue sur le monde, même si nous ne nous mêlons pas des
affaires des autres par la réprimande ou de toute autre manière.
[661]
Bien
entendu, s'il s'agit d'une affaire commerciale dans laquelle nous avons des
intérêts, ce n'est pas nous ingérer dans les affaires d'autrui que de nous y
intéresser puisque ce sont les nôtres. Ce n'est pas non plus pour les
parents s'ingérer dans les affaires d'autrui que de connaître et diriger ce
qui concerne tous les intérêts de la famille et du foyer. Cependant, même
dans ce cas, on devrait prendre en considération les droits personnels de
chacun des membres de la famille et les respecter. Le mari et père, dont
l'autorité comme chef de la famille est reconnue, devrait user de cette
autorité avec une modération affectueuse et une sage considération. Il
devrait tenir compte de la personnalité de sa femme, de ses goûts et de ses
préférences, et comme elle est sa représentante elle devrait recevoir pleins
pouvoirs et pleine autorité dans son domaine spécial de maîtresse de maison
et de gardienne du foyer ; en l'absence de son mari, c'est elle qui devrait
représenter pleinement son autorité sur tout ce qui concerne toutes les
affaires de la famille. On devrait accorder également aux enfants, selon
leur âge, une mesure raisonnable d'indépendance et de liberté dans leurs
affaires, les parents n'exerçant simplement leur autorité et leur
surveillance que lorsqu'il s'agirait de l'ordre et du bien-être dans la
maison, et du développement convenable mental, moral et physique de ses
membres. On devrait apprendre de bonne heure aux enfants à ne pas se
critiquer les uns les autres, à ne pas se mêler des affaires de leurs frères
et sœurs, mais à respecter les droits des autres et à se comporter entre eux
avec bonté et générosité selon la Règle d'or.
Ce
conseil contre l'ingérence n'est nulle part ailleurs plus important que dans
l'Église. Par la Parole aussi bien que par le précepte et par l'exemple des
anciens, les frères devraient très rapidement apprendre qu'il n'est pas
conforme à la volonté de Dieu de se mêler des affaires d'autrui ni de se
disputer les uns les autres, mais qu'ici comme ailleurs, la règle divine est
de rigueur : “Ne dire du mal de personne”. L'ingérence dans les affaires
d'autrui (les réflexions et les conversations au sujet des affaires
personnelles des autres qui ne nous concernent pas) mène à la médisance et
au dénigrement, et engendre la colère, la malice, la haine, la querelle et
diverses œuvres de la chair et du diable comme le fait remarquer l'Apôtre (Col.
3 : 5 - 10).
[662]
C'est
souvent de cette manière qu'on sème de petites graines de médisance et que
se développent de grandes racines d'amertume qui souillent de nombreuses
personnes. Tous ceux qui possèdent le nouvel entendement (“mind”)
reconnaissent sûrement l'effet pernicieux de ce mal, et tous devraient être
des modèles dans leur foyer et dans leur voisinage. L'esprit (ou
entendement) mondain peut très bien comprendre que le meurtre et le vol sont
de mauvaises actions, mais il faut une conception plus élevée de la justice
pour apprécier l'esprit de la Loi divine qui considère la calomnie comme un
assassinat de caractère et le fait de ternir le bon renom de quelqu’un comme
un vol. Ceux qui ont l’esprit du monde saisissent la chose jusqu’à un
certain point, et leurs sentiments se trouvent exprimés par le poète :
“Celui qui vole ma bourse me vole une chose de rien ; mais celui qui vole ma
réputation, vole ce qui ne l’enrichit pas, mais m'appauvrit
en vérité”.
BÉNIR DIEU ET MAUDIRE LES HOMMES
Il
n'est pas étonnant que l'Apôtre Jacques qualifie la langue de membre qu'on
ne peut réprimer, plein de poison mortel ! Il n'est pas étonnant qu'il
déclare qu'elle est le membre de notre corps le plus difficile à gouverner !
Il n'est pas étonnant qu'il dise qu'elle enflamme le cours de la nature ! (Jacques
3). Qui n'a pas fait d'expériences dans ce domaine ? Qui ne sait
pas que la moitié au moins des difficultés de la vie est due à des langues
irrépressibles ; que des paroles irréfléchies et impétueuses ont provoqué
des guerres qui ont coûté des sommes énormes et des centaines de milliers de
vies humaines ; qu'elles sont aussi la cause de la moitié des procès, et de
plus de la moitié des querelles familiales qui ont affecté notre race durant
les six mille ans passés ?
[663]
Parlant de la langue, l'Apôtre déclare : “Par elle nous bénissons [louons]
le Seigneur et Père, et par elle nous maudissons [injurions, diffamons,
flétrissons] les hommes faits à la ressemblance de Dieu ... Mes frères, il
ne devrait pas en être ainsi” (verser
9). Le chrétien qui est parvenu simplement au point de ne pas
voler son prochain ni le tuer, mais qui l'attaque avec sa langue (en
blessant ou en tuant ou en ravissant sa réputation, sa bonne renommée) est
un chrétien qui a fait bien peu de progrès dans le droit chemin et se trouve
encore bien loin de posséder la condition requise pour entrer dans le
Royaume des cieux.
Nul
n'ignore combien il est difficile de maîtriser la langue, même après s'être
rendu compte de sa mauvaise disposition dans notre nature déchue. C'est
pourquoi nous attirons l'attention sur la seule méthode convenable pour
mettre un frein à la langue ou pour la maîtriser, savoir : par le cœur. La
Parole inspirée déclare que “De l'abondance du cœur, la bouche parle”. Cette
vérité admise implique que si nous éprouvons une grande difficulté à
maîtriser notre langue, c'est que notre cœur est loin d'être dans de bonnes
dispositions ; et que, dans la mesure où notre cœur sera droit, nous aurons
d'autant moins de peine à gouverner notre langue. Les lèvres qui parlent
constamment des autres avec mépris, manifestent la condition d'un cœur
orgueilleux, hautain, dominateur, suffisant. Les lèvres qui,
continuellement, disent du mal des autres, soit d'une manière directe soit
par insinuation, manifestent que le cœur qui les fait agir n'est pas pur,
n'est pas rempli de l'esprit d'amour du Seigneur, car “L'amour ne fait point
de mal au prochain”, même en pensée. Il “ne soupçonne pas le mal”. Il ne se
permettrait pas de soupçonner le mal chez son prochain. Il lui accordera le
bénéfice de tout doute, et présumera plutôt le bien que le mal.
L'amour de soi est d'ordinaire assez fort chez tous les humains pour
empêcher la langue de proférer des paroles contre soi-même. L'amour vrai,
désintéressé, qui aimerait le prochain comme lui-même, aurait autant de
répugnance à parler contre son prochain ou contre son frère, ou même à faire
une réflexion sur sa conduite, qu'il en aurait pour agir ainsi contre
lui-même.
[664]
Ainsi
donc, de quelque côté que nous examinions ce sujet, nous voyons que ce qui
importe avant tout pour la Nouvelle-Création, c'est de parvenir à l'amour
parfait dans notre cœur. A l'égard de Dieu, il nous stimulera à plus de
zèle, d'énergie et d'abnégation en collaborant au service divin, le service
de la Vérité ; et à l'égard des hommes, il nous stimulerait non seulement à
agir avec justice et affection, mais à penser et à parler aimablement de
tous dans toute la mesure du possible. Tel est le saint Esprit pour lequel
notre Rédempteur nous a appris à prier et à propos duquel il a déclaré que
notre Père céleste est plus disposé à nous l'accorder que des parents
terrestres ne le sont pour donner de bonnes choses à leurs enfants ; la
sincérité que l'on apporte dans nos prières pour obtenir cet esprit de
sainteté, cet esprit d'amour, implique un ardent désir et de grands efforts
pour que, dans nos pensées, nos paroles et nos actes, l'amour puisse se
répandre par tous les moyens de notre existence. C'est ainsi que nous serons
les enfants de notre Père qui est dans les cieux, et que nous serons estimés
dignes de son amour et des choses précieuses qu'il a promises et qu'il a en
réserve pour ceux qui l'aiment.
OBLIGATIONS SOCIALES
Aussi
longtemps que chaque membre de la Nouvelle-Création s'identifie avec ce
corps mortel, il a par son moyen un contact social avec des hommes
“naturels”, et certaines responsabilités sociales. Le nouvel esprit (ou
entendement — Trad.) désire naturellement et avec ardeur la communion
d'autres nouveaux esprits, et dans la proportion où il se développe dans les
grâces de la Vérité, il se trouve de plus en plus étranger aux associations
du monde, à leurs buts, à leurs ambitions, à la littérature mondaine et aux
sujets mondains de conversation. Pour beaucoup, la question se pose :
jusqu'à quel point les Nouvelles-Créatures qui se considèrent comme mortes
aux choses et aux intérêts terrestres, etc., devraient-elles maintenir leurs
relations avec leurs amis selon la chair — les non consacrés ? C'est un
sujet qui mérite l'attention réfléchie et attentive de chaque individu, car
il n'y a pas deux conditions qui soient exactement semblables, et l'on ne
peut donner un conseil qui convienne à tous les cas.
[665]
L'Apôtre nous recommande de ne pas fréquenter ceux qui agissent mal, ceux
dont la conduite est, à notre connaissance, impure, mais de rechercher la
compagnie de ceux qui sont en harmonie avec le nouvel entendement. Il est
indiscutable qu'une telle conduite sera à notre avantage parce que, d'abord,
cette fréquentation n'encouragera pas continuellement nos appétits dépravés
et nos penchants naturels à la dégradation ; ensuite, parce qu'il nous
aidera dans nos efforts à suivre l'injonction de l'Apôtre, à penser et à
parler au sujet de “tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce
qui est aimable, tout ce qui est digne de louange et à la mettre en
pratique —
Phil. 4 : 8.
Cependant, nous devrions bien entendu porter plus d'intérêt à ceux qui nous
sont attachés par les liens du sang qu'aux autres humains. Ainsi donc, si
l'Esprit du Seigneur nous conduit et nous incite à être aimables et bons
envers l'humanité en général, il semblerait que nos sentiments à l'égard de
nos parents devraient être plus profonds et, dans la mesure de nos
possibilités, nous devrions leur porter notre assistance. Néanmoins, il ne
serait pas sage, selon notre jugement, ni en harmonie avec les instructions
des Écritures, ni en accord avec les exemples qu'elles nous présentent de la
conduite du Seigneur et de celle des apôtres, que nous accordions tout
spécialement une amitié à nos parents terrestres, ou que nous les recevions
et traitions mieux, ou même aussi bien, que nous traiterions la famille de
la foi. Nous faisons ici une exception pour les proches parents qui ont des
droits sur nous en accord avec les paroles de l'Apôtre : “Si quelqu'un
n'a pas soin des siens ... il a renié sa foi” (1
Tim. 5 : 8). En général, nous devons appliquer les paroles de
l'Apôtre : “Comme nous en avons l'occasion, faisons du bien à tous, mais
surtout à ceux de la maison de la foi”. Nos parents plus éloignés
devraient venir après la maison de la foi.
[666]
L'intention évidente de notre Seigneur fut de réunir ses disciples en une
nouvelle famille, une nouvelle maison, la “maison de la foi”. C'est pourquoi
nous trouvons à plusieurs reprises l'injonction et l'encouragement à
l'amitié les uns envers les autres, à l'aide mutuelle et au rassemblement
régulier, avec la promesse que là où deux ou trois sont réunis au nom du
Seigneur il serait spécialement présent au milieu d'eux pour les bénir ; et
il leur est aussi recommandé de ne pas négliger de se réunir ensemble. La
ligne de conduite suivie par notre Seigneur fut en plein accord avec cette
recommandation d'accorder une attention spéciale à la maison de la foi, car
nous trouvons que, pour célébrer le dernier Souper de la Pâque qui devait
être observé par chaque famille séparément (Exode
12 : 1 - 21), le Seigneur se réunit avec ses douze apôtres comme
une famille séparée, séparée de toute leur parenté y compris la sienne. Nous
trouvons la même pensée dans les paroles qu'il prononça quand on l'informa
que sa mère et ses frères étaient dehors et qu'ils voulaient lui parler. Il
répondit et dit : “Qui est ma mère, et qui sont mes frères ? ...
Quiconque fera la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est
mon frère, et ma sœur, et ma mère” —
Matt. 12 : 47 - 50 .
En
suivant cet exemple divin, nous devons donc nous attendre à trouver nos
affections et nos intérêts plus particulièrement attirés vers les autres
membres du “corps de Christ”, associés dans la Nouvelle-Création. Toutefois,
il ne faut pas comprendre que cela annule dans une mesure quelconque les
convenances les plus strictes entre les sexes de la Nouvelle-Création, pas
plus que cela n'implique que le mari (ou la femme) incroyant doit être
négligé pour que temps et amitié puissent être accordés à ceux qui ont le
nouvel entendement. Au contraire, il y a obligation vis-à-vis du conjoint de
veiller à ce qu'un confort convenable, des prérogatives ou une partie de son
temps lui soient réservés. Cela ne veut pas dire pour autant qu'il faille se
soumettre à des exigences tyranniques telles qu'on ne pourrait suivre le
commandement divin : “N'abandonnons pas notre assemblée ... mais
exhortons-nous réciproquement, et cela d'autant plus que vous voyez
s'approcher le jour” —
Héb. 10 : 25 (Seg.).
[667]
“HONOREZ TOUS LES HOMMES”
“Comportez-vous en hommes libres, mais usez de la liberté en serviteurs de
Dieu, sans en faire un prétexte pour le mal. Honorez tous les hommes, aimez
vos frères, craignez Dieu, honorez l'empereur”
[ou le roi — v. note Goguel et Monnier — Trad.]. “Rendez à chacun ce que
vous lui devez : l'impôt à qui vous devez l'impôt ; les taxes, à qui vous
devez les taxes ; la crainte [révérence] à qui vous devez la crainte ; le
respect, à qui vous devez du respect. N'ayez de dettes envers personne,
excepté celle de l'amour mutuel” —
1 Pi. 2 : 16, 17 ;
Rom. 13 : 7, 8 (G. et M.).
La
Nouvelle-Créature, libérée des contestations et des ambitions de la volonté
de la chair, et inspirée par les élans généreux et bienveillants du saint
Esprit, n'a aucun sujet d'orgueil ou de convoitise qui l'empêcherait
d'apprécier convenablement les bonnes qualités de cœur ou d'esprit d'autrui.
Elle devrait être heureuse de reconnaître et d'admettre sans réticence et
généreusement les droits et les revendications terrestres des autres, ayant
elle-même renoncé aux siens propres en faveur des choses spirituelles,
célestes. Ce serait donc d'une manière naturelle et très sincère qu'elle
reconnaîtrait les grands de ce monde et obéirait entièrement aux lois et à
leurs exigences, sauf si celles-ci s'opposaient aux exigences et aux
commandements célestes. De nos jours, il en est peu, si toutefois il s'en
trouve, parmi les dirigeants terrestres, qui trouveraient à redire au fait
de reconnaître un Créateur suprême et de lui obéir par-dessus tout. En
conséquence, on devrait trouver les membres de la Nouvelle-Création parmi
ceux qui respectent le plus les lois de notre époque, n'étant ni des
agitateurs, ni des querelleurs, ni des critiqueurs.
[668]
Il
est vrai qu'ils voient, même plus clairement que d'autres, des motifs de
critique ; ils discernent des imperfections dans tous les arrangements
actuels basés sur la loi de l'égoïsme. Mais ils voient également, grâce aux
yeux de leur entendement éclairé par la Parole divine, que l'agitation et la
révolution sont tout à fait impuissantes à apporter le changement
nécessaire, que si l'humanité pouvait accomplir dix fois plus que ce dont on
l'estime capable d'accomplir, ce serait encore bien loin de la perfection
que le Seigneur nous montre et qu'il nous encourage à croire qu'il réalisera
au temps convenable, sous l'administration de son Royaume ; c'est dans ces
conditions que la volonté de Dieu sera faite sur la terre comme elle est
faite au ciel.
Se
rendant compte de l'impuissance de l'effort humain, la Nouvelle-Créature a
un esprit de saine compréhension touchant les conditions présentes que les
autres, qui voient moins bien qu'eux, ne possèdent pas. Elle peut comprendre
que même la pire forme de gouvernement humain, même l'abus de pouvoir et
d'autorité la plus arbitraire pour préserver la loi et l'ordre, sont de loin
préférables au mépris de toute règle et à l'anarchie. Elle a appris aussi
que l'Éternel [le grand Jéhovah] se préoccupe de toutes ces questions, et
que le moment et les moyens qu'il aura choisis seront les seuls sages et
appropriés pour obtenir les résultats désirés. En conséquence, la
Nouvelle-Créature est patiente, joyeuse, pleine d'espoir. Ainsi que
l'exprime l'Apôtre Jacques : “Usez donc de patience, frères ... La venue du
Seigneur est proche”. —
Jacques 5 : 7, 8 . Son Royaume apportera bientôt la droiture et
la bénédiction à toute l'humanité.
La
Nouvelle-Créature prête aussi l'oreille au message du Seigneur : “Ne
t'irrite pas à cause de ceux qui font le mal” car, au temps convenable, ils
seront retranchés (Ps.
37 : 1, 2). C'est pourquoi, tandis que d'autres peuvent
considérer qu'il est important de discuter des divers aspects de la
politique, de bon gouvernement, de finances, etc., elle comprend bien, au
contraire, que Dieu a prévu la situation présente et que la décision a déjà
été prise contre les institutions égoïstes actuelles : “MENE, MENE, TEKEL,
UPHARSIN — Tu as été pesé dans la balance et tu as été trouvé léger” (Dan.
5 : 25 - 28).
[669]
Elle
discerne que le jugement de Dieu sur ce sujet, tel qu'il est exprimé dans
les Écritures, est juste et irrévocable ; aussi s'attend-elle patiemment au
Seigneur pour qu'il accomplisse les changements nécessaires conformément à
sa volonté divine et à ses bienveillantes promesses. Même si elle sent que
cette volonté signifie une grande détresse sur le monde, la
Nouvelle-Créature se repose sur les promesses divines, et “laisse dans la
main de Christ les clés du lendemain”. Elle se rend bien compte que ses
paroles ou ses idées ou ses actions ne pourraient pas changer le résultat
définitif, et son cœur repose par la foi sur la sagesse et la puissance de
Dieu. Parlant de la Nouvelle-Création dans le cadre du temps troublé
imminent, le Prophète a fort bien dit : “Elle [Sion] ne sera pas ébranlée” :
son espérance, sa confiance et sa foi sont bien établies, non sur
l'ignorance et la crédulité, mais sur la Parole de Dieu vivante et éternelle
—
Ps. 46 : 5.
Il ne
semble pas non plus à la Nouvelle-Création qu'il soit ou nécessaire ou
prudent de s'efforcer d'alarmer le monde à propos de la détresse qui
approche (*). Elle se souvient, en tout premier lieu, que l'Éternel a de
façon précise déclaré : “Aucun des méchants ne comprendra” (Dan.
12 : 10). Elle se souvient aussi que la pauvre création
gémissante a bien suffisamment de choses à supporter dans ses soucis
quotidiens, sans anticiper les tribulations prochaines qu'elle ne pourrait
conjurer, et qu'“à chaque jour suffit sa peine”. Ainsi donc, si d'une part
les Nouvelles-Créatures ne manqueront pas “d'annoncer tout le conseil de
Dieu” à ceux qui donnent toute preuve d'avoir des oreilles pour entendre,
elles agiront avec sagesse et à propos d'autre part en évitant de dépenser
leurs forces et de provoquer la colère de ceux qui n'apprécient pas
l'Éternel et sa Parole. Elles ne jetteront pas leurs perles aux pourceaux,
mais elles auront la sagesse qui vient d'en haut — premièrement pure,
ensuite paisible, modérée, traitable, pleine de miséricorde et de bons
fruits —
Jacques 3 : 17 .
(*)
Ecrit en 1904 — Trad.
[670]
Honorer les hommes, les respecter selon leur personnalité ou leur fonction,
et obéir aux lois, ne signifie pas nécessairement qu'il faille participer
avec le monde aux fonctions gouvernementales. Une loi a été proposée [(*)
Écrit en 1904 — Trad.] qui obligerait tous les hommes à voter. Quel que soit
le moment où cette loi entrera en vigueur, les Nouvelles-Créatures, qui lui
deviendront assujetties, devront s'y conformer sans murmure. En remplissant
cette obligation, elles devront user de leur meilleur jugement et voter pour
ceux qu'elles considèrent comme les candidats les plus dignes. Toutefois, en
attendant qu'on les y oblige, nous leur conseillons d'observer une stricte
neutralité en ce qui concerne la politique et de s'abstenir complètement de
voter. Voici quelles sont nos raisons :
(1)
Nous ne pourrions espérer trouver sur une liste électorale quelconque, des
personnes absolument qualifiées pour une fonction, d'après nos critériums de
jugement.
(2)
Nous ne pourrions espérer que notre vote ait, en fin de compte, une
influence appréciable quelconque sur les résultats de l'élection.
(3)
Les membres de la Nouvelle-Création qui se lancent dans la politique et ses
diverses discussions trouvent non seulement qu'ils y perdent leur temps,
mais également leurs forces et leurs ressources — lesquels sont tous
consacrés à l'Éternel, aux choses célestes, à la proclamation de la bonne
nouvelle de grande joie. En outre, leur esprit est occupé nécessairement de
ces intérêts politiques à un point tel qu'ils sont considérablement gênés
dans leurs méditations intimes sur les choses meilleures qu'est leur
communion spirituelle avec le Seigneur.
(4)
Ceux qui votent pour un homme ou pour un parti se trouvent plus ou moins
engagés à défendre les résultats de l'élection, au besoin avec le fusil et
l'épée. S'il est vrai que, sous les lois, chaque citoyen peut être appelé à
défendre par les armes les lois et les institutions sous lesquelles il vit,
néanmoins, en prenant une part active aux élections, il assume plus
particulièrement une obligation et une responsabilité morales touchant les
résultats et la ligne générale de conduite du gouvernement qu'il a ainsi
contribué à former.
[671]
La
position que nous préférons donc — celle qui est la plus honorable vis-à-vis
du Seigneur, vis-à-vis de la société et vis-à-vis de nous-mêmes — serait
celle que les Écritures indiquent : la position d'un étranger (Ps.
39 : 12 ;
1 Pi. 2 : 11). Les étrangers doivent obéir aux lois ; nous
aussi. Les étrangers doivent payer des impôts votés par les lois ; nous
aussi. Les étrangers peuvent espérer être protégés par les lois ; nous
aussi. Cependant, des étrangers ne se sentiraient pas obligés de combattre
leur propre Roi, ni à violer le serment de loyauté qu'ils considèrent comme
essentiel ; en ce qui nous concerne, nous préférerions adopter la même
position, autant que faire se peut, car ne sommes-nous pas “délivrés du
pouvoir des ténèbres et transportés dans le royaume du Fils de son amour” —
dans son état embryonnaire ? —
Col. 1 : 13.
Ne
sommes-nous pas des sujets du grand Roi ? Et tous les royaumes de ce monde
ne s'identifient-ils pas plus ou moins au “ prince de ce monde ” et à sa loi
d'égoïsme ? Ne sommes-nous pas, en conséquence, des étrangers (“strangers”)
des pèlerins ici, et dans une certaine mesure, des étrangers (“aliens”) et
des forains (“foreigners”) (*) ? Il est éminemment convenable que nous
aimions et apprécions chaque bonne loi et tous les serviteurs des lois
terrestres, que nous nous réjouissions de ce que la grande majorité des
membres de la Nouvelle-Création vivent sous les formes de gouvernement civil
les plus élevées qu'on puisse trouver dans le monde d'aujourd'hui, et que
nous appréciions cela comme une faveur et une bénédiction divines. En
conséquence, nous ne dénigrons pas non plus notre pays natal, ni ses
dirigeants et ni ses lois, mais cela ne veut pas dire qu'il nous faille
combattre pour eux avec des armes charnelles, ni que nous devrions augmenter
nos responsabilités en votant pour eux.
(*)
“Alien” : implique généralement l'appartenance du sujet à une obédience
politique étrangère. “Foreigner” : se dit de l'étranger par la langue ou la
culture. “Stranger” : de l'étranger par les habitudes ou la psychologie
(Dictionnaire moderne Larousse par Marrent-marie Dubois).
A la
vérité, il n'est pas toujours possible à un gouvernement d'exempter d'aller
à la guerre ceux qui s'y opposent, bien que, dans le passé, une disposition
légale très bienveillante de ce genre ait été prise pour certains qui, comme
nous-mêmes, croient que la guerre est injuste ; nous voulons parler des Amis
ou Quakers, exemptés du service militaire par des lois particulièrement
généreuses.
[672]
Nous
pouvons pourtant être requis pour le service militaire, que nous votions ou
non ; si nous étions appelés, nous serions obligés d'obéir aux pouvoirs
existants, et nous devrions considérer que la providence du Seigneur a
permis la conscription et qu'il était capable de la faire concourir à notre
bien ou à celui des autres. En pareil cas, nous ne considérerions pas comme
déplacé d'expliquer en partie la chose aux officiers compétents et de
solliciter un transfert dans un service sanitaire (médical ou hospitalier)
où nous pourrions accomplir notre part avec le plein consentement de notre
conscience ; cependant, même si nous sommes obligés de servir dans le rang
et de faire le coup de feu, nous ne devons pas nous sentir obligés de tuer
un semblable.
LA NOUVELLE-CREATURE ET LES
REFORMES MORALES
Chaque membre de la Nouvelle-Création doit, de toute nécessité, sympathiser
avec la moralité, la droiture, la pureté, la bonté de toute nature. Il
désirera non seulement la pureté du cœur, mais les progrès de celle-ci le
conduiront sûrement à être propre sur sa personne et dans ses habitudes, et
ceci comprendra non seulement la tenue extérieure, mais également sa bouche.
Cependant, il ne commettra pas ici l'erreur que commet le monde, de
considérer que ce qu'il met dans sa bouche est plus impur que les paroles
qui en sortent. La pureté du cœur conduira à la pureté et à la vérité sur
ses lèvres et, ensuite, au soin concernant ce qu'il mangera, ce qu'il boira,
comment il se vêtira, afin qu'il puisse glorifier Dieu dans son corps et
dans son esprit qui appartiennent au Seigneur. Il ne nous appartient pas
d'imposer à d'autres des entraves et des servitudes que la Parole de Dieu ne
contient pas. C'est à chaque membre de la Nouvelle-Création de se rendre
compte aussi pleinement que possible que son vœu de consécration concerne
tous les actes de sa vie. Si donc, il est enclin à la gloutonnerie ou à
l'ivrognerie ou à des habitudes quelconques de malpropreté, c'est à lui de
considérer avec soin et dans la prière si, en toutes choses, il glorifie
bien le Seigneur et emploie son influence dans toute la mesure du possible
devant ses semblables. Nous osons supposer que, parmi les
Nouvelles-Créatures, très peu d'entre elles estimeront glorifier Dieu en
mangeant ou en buvant ce qui serait de nature à gêner, à un degré
quelconque, le meilleur exercice de leurs fonctions mentales, morales et
spirituelles. La majorité d'entre elles se rendra bien compte que, même dans
les conditions les plus favorables, nos forces, nos talents et nos facultés
sont sérieusement affaiblis par la chute et qu'ils ont besoin d'être
fortifiés et non affaiblis.
[673]
USAGE DE VÊTEMENTS COUTEUX
Nous
pourrions soutenir avec beaucoup de vigueur que rien n'est trop bon pour un
véritable, fidèle et noble enfant de Dieu qui a consacré sa vie et son tout
au service divin. Nous pourrions également argumenter que, sans aucun doute,
les anges du ciel et tout ce qui fait partie du ciel sont splendides et
grandioses dans leur apparence et que, par conséquent, la splendeur
représente l'esprit divin et la volonté divine concernant les enfants de
Dieu. Si nous considérions la question de ce point de vue, nous pourrions
d'abord être enclins à dire que les membres de la Nouvelle-Création
pourraient à juste titre parer leur corps mortel d'or, de bijoux et d'atours
coûteux et à profusion ; toutefois, avant de décider en ce sens, examinons
l'autre aspect de la question, savoir : les raisons pour lesquelles les
Nouvelles-Créatures ne devraient pas parer leur corps mortel avec
prodigalité et d'une manière extravagante :
(1)
Toute parure personnelle extravagante conduit naturellement à plus ou moins
d'orgueil, et nous savons tous qu'aimer à se faire valoir, à paraître devant
les autres, constitue une tentation particulière pour notre chair déchue, et
très défavorable au développement de l'esprit de douceur et d'humilité.
C'est pourquoi, tout ce qui favoriserait l'orgueil et empêcherait le
développement de l'humilité serait contraire aux intérêts de la
Nouvelle-Création.
[674]
(2)
La grande majorité de la famille humaine est privée de toute parure
extérieure luxueuse par le fait de sa pauvreté, et aussi longtemps que ces
gens sont dirigés par l'entendement naturel, il est certain qu'ils
regarderont les riches avec envie et, en particulier, ceux qui font
ostensiblement étalage de leur richesse. L'esprit d'amour engagerait donc la
Nouvelle-Création à prendre en considération les conditions et les
sentiments des autres, afin de ne pas provoquer leur convoitise, leur envie,
etc., ni d'éveiller en eux des comparaisons susceptibles de faire paraître
plus amers leur vie et leur sort.
(3)
Chaque membre de la Nouvelle-Création a consacré son tout à l'Eternel et à
son service ; il emploie tout ce qu'il peut acquérir comme biens de ce monde
sans en abuser, mais en accord avec l'exemple de celui qui est devenu notre
Rédempteur, notre Conducteur et Seigneur. Le modèle qui nous est offert est
celui du sacrifice — non seulement de l’influence et du temps, mais aussi
des moyens, de la richesse, etc. “ Lui qui, pour vous, s'est fait pauvre, de
riche qu’il était ” [v.
2 Cor. 8 : 9 — Seg.]. En conséquence, chaque membre de la
Nouvelle-Création, dans la mesure où il apprécie son alliance et cherche à
vivre à la hauteur de ses exigences, peut trouver un meilleur emploi de
l'argent confié à son intendance que dans une parure coûteuse qui pourrait
non seulement lui faire du tort à lui-même mais susciter la jalousie des
autres. Il voudra que chaque “dollar” [ou chaque franc — Trad.] soit employé
le plus utilement possible au service de l'Eternel.
Peut-être est-il bon que nous appelions ici l'attention sur le fait que la
consécration qui ne nous permettrait pas de dépenser de l'argent pour des
bijoux ou pour des vêtements somptueux ou d'un prix exorbitant, ne serait
pas, en principe, plus fidèlement observée si, comme intendants, nous
investissions cet argent en titres, valeurs, en biens immobiliers, etc., au
lieu de le porter sur nous ou de le dépenser avec prodigalité pour orner
notre demeure. L'argent est précieux pour l'usage qu'on peut en faire, et
chaque membre de la Nouvelle-Création possédant de la richesse devrait
considérer avec soin ses responsabilités comme intendant, et employer cette
richesse sans tarder selon ce qu'il comprend être la volonté divine. Il
devrait se souvenir que toutes les tendances de la nature déchue nous
portent à l'égoïsme, et qu'en conséquence, la mentalité doit combattre cette
disposition dans la chair et à vaincre, si elle veut gagner le prix.
[675]
Si un
homme du monde aux principes élevés, qui déclare n'être pas chrétien mais
bouddhiste (si tant est qu'il ait une religion), présente la maxime que
c'est “une honte pour quelqu'un de mourir riche”, à combien plus forte
raison ce sentiment devrait-il être celui des membres de la
Nouvelle-Création. Ne serait-ce pas une honte pour eux si, après avoir
consacré leur tout à l'Eternel, ils gaspillaient avec prodigalité cet argent
consacré pour se parer outre mesure ou s'ils l'amassaient alors qu'ils
voient dans la vie tant d'occasions favorables pour employer ce talent d'une
manière profitable ! La création tout entière soupire et souffre les
douleurs de l'enfantement comme le dit l'Apôtre ; d'autre part, le Maître a
expliqué que nous avons toujours les pauvres avec nous. Sans aucun doute,
tous ceux qui ont des sentiments généreux trouveront de nombreuses occasions
de manifester en pratique leur bienveillance et leur bienfaisance selon les
conceptions du monde et dans les choses temporelles. A plus forte raison, la
Nouvelle-Création peut-elle prendre conscience des occasions favorables
d'être sage économe et de la modération qu'elle doit observer dans ses
affaires personnelles, afin de pouvoir saisir les occasions qu'elle voit
autour d'elle de dispenser les libéralités spirituelles que le Seigneur lui
a accordées d'une manière si généreuse. Par ce moyen, peut-être
pourrait-elle porter à d'autres la robe de la justice de Christ et le pain
qui descend du ciel ; par sa charge d'intendant, peut-être pourrait-elle le
plus efficacement possible proclamer les louanges de celui qui nous a
appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière, en laissant briller plus
clairement cette lumière. Sans aucun doute, c'est afin de donner à son
peuple l'occasion de servir sur ce point et de montrer sa dévotion et sa
fidélité comme économe, que le Seigneur laisse sa cause dans cet état qui
nécessite un continuel renoncement à soi-même de la part de ses consacrés,
lesquels doivent prendre leur croix et suivre celui que Dieu a envoyé pour
être notre modèle.
En
disant ceci, nous n'engageons personne à s'appauvrir au point de dépendre de
la charité des autres, en donnant son tout au service du Seigneur, sans même
réserver la semence qui produira la récolte future. Nous ne conseillons pas
non plus que les sacrifices soient poussés à un tel point que les enfants de
Dieu paraîtraient bizarres, mal vêtus, avares. Selon notre compréhension, un
vêtement convenable est celui qui est propre, approprié au milieu et aux
conditions dans lesquels on vit, discret à la vue et raisonnablement en
rapport avec les ressources dont on dispose. II est certain que les
Nouvelles-Créatures devraient être des exemples pour le monde sous ce
rapport. Elles devraient veiller à ne pas s'habiller ni essayer de
s'habiller au delà de ce que leurs ressources leur permettent, ni faire
étalage d’une richesse qu ‘elles ne possèdent pas ; en vérité, loin
d'employer la totalité de leurs ressources (salaire, revenus, etc.) pour
l'habillement et le train de vie, les enfants de Dieu doivent vivre en deçà
de leurs moyens, non seulement pour disposer d'une réserve destinée aux
besoins ordinaires de la vie, mais aussi afin qu'ils puissent être prêts à
exercer les qualités divines de bienveillance et de charité envers ceux qui
sont dans le dénuement.