Calvin
et Servet
En
1912, on érigea près de Genèvre un monument portant
l'inscription suivante : — Le 27 octobre 1553 mourut sur le bûcher à
Champel, Michel Servet... — Fils respectueux et reconnaissants de
Calvin... mais condamnant une erreur qui fut celle de son siècle et
fermement attachés à la liberté de conscience... nous avons élevé ce
monument expiatoire. »
Les
disciples de Jean Calvin ont fait preuve, aux yeux de l'humanité,
des progrès qu'ils ont accomplis en dépassant de beaucoup leur
chef spirituel par leur véritable esprit chrétien, l'esprit de justice
et d'amour. Les calvinistes sont dignes, à cet égard, des félicitations
des chrétiens, catholiques et protestants qui, tous, ont réalisé des
progrès sensibles au cours des quatre derniers siècles. A notre époque,
personne n'essayerait de justifier Calvin condamnant au bûcher Michel
Servet.
Généralement
les condamnés étaient placés directement sur le bûcher : la victime,
promptement suffoquée par les flammes et la fumée, ne tardait pas à
devenir insensible à la souffrance. En ce qui concerne Michel Servet, par
un raffinement de cruauté diabolique,
on disposa le bois à une certaine distance. Il fut littéralement
brûlé vif au milieu d'atroces souffrances qui durèrent près de cinq
heures et cela au nom de Dieu, de Jésus, de la justice, de la vérité,
de l'amour, de l'esprit chrétien et de la civilisation.
Il
est remarquable que ce soit seulement maintenant que nous comprenions
qu'un homme qui manquait de l'esprit du Maître au point de mettre à mort
son frère, n'aurait pas dû être un précepteur autorisé
de la Parole de Dieu et de son esprit. C'est seulement de nos jours que
les étudiants de la Bible comprennent que notre frère Calvin n'inventa
pas la doctrine de l'élection, mais celle proclamant que tous les non-élus
seraient livrés aux tourments éternels. Nous voyons maintenant que
les termes « l'élection », « les
élus » sont des termes bibliques ; nous comprenons aussi que ceux
qui affermissent leur appel et leur élection seront glorifiés dans la
première résurrection. Nous comprenons également que les élus hériteront
avec Jésus du Royaume qui bénira tous les non-élus, « toutes
les familles de la terre » —
Gal. 3 : 29.
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